Ma vie a changé le jour où je suis partie vivre à Los Angeles. Hébergée par l’énigmatique Simon, j’ai donc fait ma rentrée en première à Albany High ! Et très vite, les choses se sont corsées ! Je suis tombée follement amoureuse du plus beau garçon du lycée, j’ai été aveuglée par la jalousie, j’ai failli perdre ma seule amie à LA et ensuite, j’ai dû résoudre le mystère Sarah Drake. Mais, chut… Je ne vous en dis pas plus, tout est dans mon journal !
Violet Fontaine
La note de l’éditeur : Il est rare d’éditer les écrits d’un auteur aussi jeune, 17 ans à peine. Mais la lecture de ce journal pas comme les autres, introspectif et plein de suspens, nous a convaincus de l’urgence de le publier.
Et retrouvez Violet sur son blog : www.violetsdiary.com
12,90 € TTC France www.fleuruseditions.com
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Avertissement de l’éditeur :
Par respect pour la vie privée des protagonistes de ce livre, certains noms, adresses e-mail et appellations de lieux ont été modifiés. Pour servir au mieux l’histoire et par souci de garder un rythme constant, nous avons choisi avec Violet – au prix de discussions acharnées – de couper certains passages de son journal.
Quelques mots sur l’auteur :
Violet Fontaine a 17 ans et Journal de Los Angeles, basé sur des faits réels, est son premier roman. Elle est née et a grandi à Paris seule avec sa mère, jusqu’à l’âge de 16 ans où elle est partie étudier à Albany High School, un des lycées les plus réputés de la cité des anges. Elle est curieuse, gourmande et impulsive, adore écrire, et peut faire du shopping jusqu’à la nuit tombée. Pour célébrer la publication de son journal intime, elle a décidé de tenir un blog sur sa vie à Los Angeles dès septembre 2011 ! Retrouvez-le à l’adresse suivante : www.violetsdiary.com
Ă€ N. Violet Fontaine
H-10 avant la rentrée ! Lundi 6 septembre 2010
Rien ne va plus ! Une heure que je devrais être dans les bras de Morphée, mais toujours impossible de mettre la main sur ces satanées ballerines. Je sais bien qu’il fait encore chaud à cette période de l’année, la preuve, les vilains coups de soleil sur mes épaules, attrapés pas plus tard que ce week-end en me baladant avec Simon sur la plage, mais je ne vais quand même pas faire ma rentrée en tongs ! L’idée était quand même de me coucher tôt, pour avoir l’air détendue, reposée et fraîche le lendemain. Avoir la pêche, quoi ! Et pfffiou, la journée est passée en accéléré, et voilà que je me retrouve à quatre pattes dans ma chambre, espérant mettre la main sur une paire de chaussures que je n’ai peut-être même pas emportée dans ma valise ! OK, je crois qu’il est officiellement temps de commencer à paniquer. Si ça continue, le cauchemar que je fais chaque année avant la rentrée, mon pire cauchemar, celui d’arriver au lycée en chaussons, va finir par se réaliser. Respire, Violet, respire, tu vas finir par les retrouver. Tu n’as pas le choix de toute façon. Ce qui aurait déjà été un drame si j’étais encore à Descartes serait une véritable tragédie dans un nouveau lycée à 13
l’autre bout du monde. Imaginez un peu : « Tiens, regarde la petite Française, la nouvelle, elle est en pantoufles ! Tu crois qu’ils se promènent tous en chaussons en France ? On aurait dû la prévenir qu’aux États-Unis, les gens portent des chaussures pour aller en cours ! Elle est trop bizarre cette fille, mieux vaut l’éviter ! » Et après ça, je serais sans aucun doute étiquetée toute l’année – que dis-je, à vie ! Violet, la fille en pantoufles ou Violet, la fille en chaussettes, ou que sais-je d’autre encore. Et ce ne serait même pas la peine d’espérer pouvoir me faire de nouveaux amis après une telle bourde ! Il faut dire aussi que j’ai tellement mal dormi ces dernières nuits… Je me demande comment j’arrive encore à tenir debout. Le stress de la rentrée, je l’ai toujours eu, ce n’est pas nouveau. Espérer être dans une classe sympa, avec mes copines, me demander quel sera mon emploi du temps, s’il ne sera pas trop chargé, tout ça, je connais. Prier pour que je n’aie plus jamais affaire à une enseignante comme Mme Telhier, la prof d’arts plastiques de mon collège, qui, pendant quatre années durant, m’a répété que j’étais née avec deux mains gauches et que je serais incapable de dessiner même si ma vie en dépendait, j’ai l’habitude. Mais cette rentrée-là est tellement plus… tellement plus… impressionnante, monumentale, capitale… Et j’ai beau l’avoir voulue de tout mon cœur à l’époque, là, tout de suite, à quelques heures de franchir les portes de mon nouveau lycée, je ne sais plus où j’en suis. Était-ce vraiment une bonne idée de vouloir venir faire mon année de première à l’autre bout du monde ? Mais revenons à nos moutons, enfin plutôt à mes ballerines. Cela ne change pas grand-chose au problème, mais ce n’est quand même pas ma faute tout ça. C’est Simon ! 14
OK, OK, ce n’est pas à cause de lui que je ne retrouve pas mes chaussures, mais c’est lui qui m’a sortie du lit ce matin pour me proposer une promenade sur la plage. Ensuite, on est allé faire un brunch chez Tusk, son café préféré à Los Angeles. C’est un endroit vaste et lumineux, avec un petit jardin à l’arrière décoré de lampions et de petits palmiers adorables. De la terrasse, on peut admirer la vue sur Santa Monica, le quartier où j’habite désormais ! Aujourd’hui, il y avait un monde fou car c’était « Labour Day ». C’est un jour férié, équivalent de la fête du travail en France. Ici, on ne la célèbre pas le 1er mai mais le premier lundi de septembre. J’avais prévu de passer la matinée à lire mon livre à la plage et essayer de me détendre avant de m’atteler aux derniers préparatifs de la rentrée, mais son idée m’a paru bien plus alléchante. Et puis Simon a été si gentil avec moi depuis que je suis arrivée que je n’ai pas osé refuser. Et bien sûr je n’ai pas regretté. Les œufs brouillés chez Tusk sont à tomber par terre ! Comme quoi, il n’y a pas que les pains au chocolat dans la vie ! Sans parler de leurs jus de fruits… Le carotte-orange-gingembre est une pure merveille, et définitivement mon préféré… Bon, OK, je n’ai goûté que celui-là, mais il est tellement délicieux ! Pendant le brunch, Simon a soudain eu l’air de penser que je ne pouvais pas décemment entrer en première, enfin plutôt en junior year 1, comme on dit ici, sans un nouveau sac de cours à mon bras. Il m’a soutenu avoir lu dans un magazine que ce type d’achat était une sorte de rituel de passage faisant partie des étapes nécessaires à une bonne rentrée. Un nouveau sac qui contiendra toute ma vie, mes 1. Junior year : troisième des quatre années de lycée aux États-Unis, équivalent de la première en France.
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cahiers, mes affaires, et qui marquera un nouveau départ. Je ne sais pas où Simon a trouvé cet article, mais il devrait en être distribué une copie à tous les parents du monde. J’ai ouvert la bouche pour protester, mais je me suis finalement ravisée. Je n’allais quand même pas le contrarier, et faire mentir une théorie aussi pleine de bon sens ! Nous nous sommes donc mis en route pour Rodeo Drive et ses luxueuses boutiques. Cela changeait de celles du mall 1 où j’ai souvent traîné mes guêtres pendant les vacances pour occuper mes journées solitaires, n’ayant encore fait aucune connaissance dans ma nouvelle ville. Admirer les vitrines, toutes plus belles les unes que les autres, me donnait le tournis, mais Simon, qui marchait d’un pas décidé, m’a entraînée avec lui à travers les grandes portes dorées d’un magasin si somptueux que j’ai craint un instant de salir la moquette. Il y avait même une sorte de majordome à l’entrée, affublé d’un uniforme, dont la seule fonction était apparemment d’ouvrir la porte aux clients et de leur souhaiter la bienvenue. Sur les étagères, des dizaines de sacs plus jolis les uns que les autres, je n’allais jamais pouvoir me décider ! Je me sentais même un peu mal à l’aise face à tant de beauté et de luxe, mais Simon, lui, avait l’air d’un poisson dans l’eau. Je me demande s’il fait souvent du shopping dans ce genre d’endroit… Une vendeuse vêtue d’un tailleur noir élégant s’est approchée de nous avec un grand sourire. Il lui a murmuré quelques mots et cinq minutes plus tard, elle est réapparue avec la plus merveilleuse de toutes les besaces. Assez grande pour contenir tous mes cours, d’une couleur camel magnifique, des zips et des pochettes ultra-pratiques et une 1. Mall : centre commercial.
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grande lanière pour la porter en bandoulière. Le tout couronné d’une odeur de cuir absolument enivrante. Coup de foudre immédiat. En un coup d’œil, Simon a compris que l’on avait trouvé the one. Et voilà, c’était fait. Le plus naturellement du monde, il s’est éclipsé vers la caisse, besace sous le bras, et le temps de dire ouf, nous étions dehors, Simon à fouiller dans ses poches pour trouver les clés de sa voiture, et moi à essayer de trouver mes mots pour le remercier. – Je ne sais pas quoi dire, Simon. Ce sac est magnifique, je le garderai toute ma vie. Merci, merci beaucoup ! Il a répondu d’un air dégagé : – S’il te plaît, c’est ça qui compte ! Je n’ai pas eu le temps de voir l’étiquette, mais j’ose à peine imaginer le prix que cette besace a dû coûter… et Simon qui se comporte comme s’il faisait ça tous les jours… C’est dingue ! Depuis mon arrivée fin juillet, je ne peux pas m’empêcher de me dire que si Simon avait une fille, elle serait la plus chanceuse de toute la planète. Mais, après tout, qui me dit qu’il n’a pas d’enfants ? Il est vrai que depuis que j’ai déposé mes valises chez lui et pris mes quartiers dans la chambre d’amis de sa maison ultradesign, je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’apprendre à le connaître. Tout ce que je sais, c’est qu’il n’a pas hésité une seconde quand maman lui a demandé de m’héberger pendant mon année aux États-Unis et qu’il se met en quatre pour me faire plaisir. La semaine dernière, il m’a même emmenée faire le tour de la ville pour trouver un supermarché vendant mes céréales préférées ! Plus tard, j’ai eu maman au téléphone. Je m’attendais à une avalanche de questions plus rébarbatives les unes que 17
les autres, et m’apprêtais déjà à lui rappeler que je n’ai plus cinq ans et qu’elle n’a pas à connaître tous les détails de ma vie, ni à savoir ce que je mange à chaque repas, surtout maintenant que je vis à dix mille kilomètres de Paris. Mais, à ma grande surprise, elle avait « juste » envie de me tenir son discours « spécial rentrée » et de me donner une liste exhaustive de ses instructions. Je les connais déjà par cœur, mais forcément, cette année, elle est passée à la vitesse supérieure. – Tu vas constater beaucoup de changements par rapport au lycée Descartes. N’oublie pas que c’est à toi de t’adapter, et d’accepter que les choses ne fonctionnent pas de la même manière aux États-Unis. Cela risque d’être un peu difficile au début, mais tu verras, tu t’habitueras vite. De toute manière, je ne me fais aucun souci pour toi, tu te feras des amis en un rien de temps ! Elle a ensuite poursuivi sur les règles à respecter, avec, entre autres, l’interdiction de sortie en semaine après vingtdeux heures, celle de monter en voiture avec des gens que je ne connais pas, la nécessité de me donner à fond dès les premières semaines de l’année pour me maintenir à niveau, et ne créer aucun problème à Simon déjà tellement généreux de m’accepter chez lui. Jusque-là, je m’étais contentée de ponctuer son monologue par des « Oui, oui, Maman », mais en entendant le nom de Simon, j’ai sauté sur l’occasion et essayé d’assouvir ma curiosité. Sans aucun succès, malheureusement, comme lors de mes tentatives précédentes. J’ai beau la cuisiner sur le sujet, maman reste vague sur tout, même sur l’endroit où elle a rencontré ce « vieil ami parti vivre à Los Angeles dans sa jeunesse ». Et pourquoi n’ai-je jamais entendu parler de lui avant ? C’est comme s’il était apparu 18
dans sa vie, enfin, notre vie, le jour où elle a enfin accepté de me laisser partir en échange à Albany High School. Et de toute évidence, ce n’est encore pas aujourd’hui que je vais en apprendre plus. Et maintenant, il est vingt-trois heures seize et je viens à peine de jeter un œil à la carte du lycée. Soyons honnête, les chances que je puisse trouver la classe C23 du premier coup, demain matin – sans l’aide d’un ange gardien ou d’un plan ultra-détaillé – sont plutôt minimes, et je n’ai vraiment pas envie d’arriver en retard dès le premier cours. Les impressions de départ comptent, et j’ai bien l’intention de prouver que je suis faite pour la vie à l’américaine ! Mais je n’arrive toujours pas à mettre ma tenue au point. J’ai choisi ma jupe évasée bleu marine qui arrive juste audessus du genou et a des petits boutons dorés – ils lui donnent un petit côté marin que j’adore – et ma chemise blanche préférée. Un look classique et ultra-simple pour essayer d’être dans le ton parmi mes camarades de classe. Le problème, maintenant, c’est de choisir des chaussures qui compléteront l’ensemble si je n’arrive pas à remettre la main sur… Ah ! Les voilà ! Évidemment, j’ai cherché ces fichues ballerines pendant des heures et mis ma chambre sens dessus dessous alors qu’elles étaient juste sous mon nez depuis le début ! Bon, il ne me reste plus qu’à chasser les mille et une questions qui passent et repassent en boucle dans ma tête et arriver enfin à m’endormir. Et si je ne m’y plaisais pas du tout, moi qui rêvais de partir étudier aux États-Unis depuis toutes ces années ? Et si je n’arrivais pas à retrouver une amie comme Lou ? Et si je ne comprenais rien en cours, bien que je sois bilingue ? Et si, et si… Haaaa ! Violet, arrête, tu vas te rendre folle ! 19
En posant enfin la tête sur l’oreiller, avant de laisser mes yeux se fermer pour de bon, une dernière image me vient à l’esprit : Lou, ma jolie Lou, sa mine douce et souriante, ses fossettes et ses longs cheveux bruns épais et bouclés, Lou, ma meilleure amie. Je nous revois, assises dans la cour du lycée, prenant le soleil à l’interclasse, deux semaines avant la fin de l’année scolaire. Si j’avais su que c’était une des dernières fois que je la voyais avant mon départ si précipité… Je me demande ce qu’elle fait, ce à quoi elle pense en ce moment même… Hmmm, une idée me passe par la tête. Il doit être un peu plus de huit heures à Paris, mardi matin, je pourrais peut-être essayer de la joindre sur Skype pour me donner un peu d’énergie positive avant la rentrée… Non, non, ce n’est pas sérieux du tout, il faut que je dorme. Extinction des feux, ma petite Violet, une grosse journée t’attend demain !
E-mail de loulou@emailme.com à violetfontaine@myemail.com le mercredi 8 septembre à 8 h 21 Sujet : Raconte !!!!! Coucou ma belle, Alors, cette rentrée ? Raconte-moi tout !!! Comment ça s’est passé ? J’ai tellement hâte de tout savoir sur ta nouvelle vie… Ici, rien de neuf. On prend les mêmes et on recommence… Mais sans toi, cette année va être beaucoup moins drôle ! Tu me manques déjà ! Ta Lou.