L'élevage des reines

Page 1


élevage

DES REINES L’ÉLEVAGE

Fert les cahiers de l

Toutes les races | Entretenir son élevage | Tous les produits | Soigner et prévenir les maladies

Sommaire

Connaître la reine

Pas de reines sans mâles !

La reproduction naturelle de la colonie .

Quelle race choisir ?

LAPRÉPARATIONDESCOLONIES . . 21

Le choix des colonies «souches» ou sélection

La sélection d’abeilles nettoyeuses ou «test de nettoyage» .

.22

.24

La conservation des reines souches26

La stimulation et la préparation des colonies éleveuses .

zones de rassemblement de mâles

et l’introduction

des reines

de l’essaim

.34

33 Les cupules

Les cadres porte-barrettes .

.36

L’aiguille de greffage ou «picking»37

Les autres accessoires .

PRODUIRESESREINES

. .38

Produire moins de 20 reines par an41

Produire de 20 à 200 reines par an43

Produire plus de 200 reines par an . 45

Les incubateurs et couveuses à reines

L’introduction des cellules royales . 192

L’introduction des reines vierges . . 193

L’introduction des reines fécondées 194

L’introduction des reines de valeur 195

Le remérage d’une ruche bourdonneuse .

Le stockage en banques à reines . . 198 LAPRODUCTION

Les paquets d’abeilles ou essaims nus

Les

Les abeilles destinées à la vente

Le

© 2014, Éditions Rustica, Paris © 2008, Éditions Rustica/fleR, Paris

Dépôt légal : mars 2014

ISBN : 978-2-8153-0564-8 N° d’éditeur : 49856

Connaître et choisir sa reine

Chaque colonie comporte une seule reine, entourée de dizaines de milliers d’ouvrières auxquelles s’ajoutent, à la belle saison, quelques centaines ou milliers de mâles.

Du cercle polaire au cap de Bonne-Espérance, différentes races d’abeilles vivent et sont élevées par les apiculteurs. La plupart de ces races furent introduites sur tous les continents au cours de la période des colonisations.

Connaître la reine

➧➧ Une anatomie particulière

La reine est plus grosse et plus longue que l’ouvrière. La taille de son thorax l’empêche de passer au travers des grilles à reine utilisées par l’apiculteur. Ses pattes antérieures sont dépourvues de corbeilles à pollen. Contrairement aux ouvrières, son aiguillon recourbé n’a pas d’ardillons et lui interdit de piquer. Elle est dépourvue de glandes cirières, et ne possède pas non plus de glandes productrices de gelée royale.

➧➧

La mère de toute la colonie

Les apiculteurs attachent une grande importance à la présence de la reine, et ils ont de bonnes raisons pour cela. Mère de chaque individu de la colonie, elle vit plusieurs années quand les ouvrières ne subsistent que quelques semaines en période de récolte. Elle pourvoit au perpétuel remplacement de celles-ci, assurant ainsi la pérennité de la colonie et lui évitant une disparition certaine et rapide. Elle est également porteuse des caractères génétiques de chacune des ouvrières. C’est de la reine (et des mâles qui l’ont fécondée) que dépendent les principaux caractères recherchés par les apiculteurs : production de miel, résistance aux maladies et aux périodes de disette, essaimage réduit, douceur, comportement de butinage, etc.

➧➧ Une présence indispensable

L’absence de reine cause une importante perturbation parmi les ouvrières, dont le comportement devient rapidement différent. En effet, grâce à ses sécrétions phéromonales qui régulent l’essaimage et empêchent le développement des ouvrières pondeuses, la reine est à l’origine de la cohésion de la colonie.

L’ANATOMIE DE LA REINE

● De découvertes en découvertes…

Il y a plus de deux mille ans, les premières observations connues sur les abeilles faisaient déjà l’objet de comptes-rendus divergents. Malgré une succession de découvertes, l’apiculture reste encore aujourd’hui assez «primitive», proche de la chasse et de la cueillette : on utilise toujours la fumée comme par le passé, ce dont témoignent les fresques préhistoriques !

384-322 av. J.C. Le philosophe grec Aristote décrit la colonie d’abeilles comme dirigée par un «roi», qu’il appelle aussi «dictateur» ou «reine».

1568Le Silésien Nicol Jacob décrit la faculté étonnante d’une colonie orpheline ayant à sa disposition des œufs ou du jeune couvain d’élever une reine.

1609Charles Butler, apiculteur anglais, met en évidence le fait que la colonie d’abeilles est gérée par une monarchie féminine.

1612Adam Théophile Guillaume Schirach, pasteur et célèbre apiculteur allemand, démontre que la reine est élevée à partir de la même larve que l’ouvrière. C’est également lui qui utilise les premiers nuclei de fécondation.

1745Charles Bonnet, naturaliste suisse, décrit le phénomène de la parthénogenèse chez l’abeille.

1802François Huber, naturaliste suisse, aveugle travaillant avec le concours de sa femme et de son secrétaire, démontre que la reine est fécondée en vol. Il est également le premier à transférer une larve d’ouvrière dans une cellule royale.

1835Johann Dzierzon, célèbre apiculteur polonais, observe deux races d’abeilles, la ligustica (jaune) et la silesia (noire). Il démontre que les mâles sont issus d’œufs non fécondés. Il pense que la reine est fécondée par un seul mâle : ce n’est que cent cinquante ans plus tard que le rôle de plusieurs mâles est prouvé.

1853Lorenzo Lorraine Langstroth vulgarise la méthode du remérage en greffant une cellule royale naturelle dans un essaim orphelin.

1883Henry Alley invente la technique du «starter fermé», encore utilisée aujourd’hui.

1925Apparaissent les premières expéditions de reines d’Italie vers les États-Unis.

1926Adrien Perret-Maisonneuve est certainement le père des méthodes d’élevage artificiel des reines en Europe. Il vulgarise des techniques d’élevage encore partiellement pratiquées aujourd’hui, comme le greffage et le starter-finisseur.

1927Gilbert M. Doolittle développe le transfert d’une jeune larve d’ouvrière âgée de 12 à 24 heures : la méthode dite du «greffage» est née. Nous utilisons presque tous aujourd’hui la méthode qui porte son nom.

1928Robert Evans Snodgrass décrit les éléments qui permettront par la suite de développer l’insémination artificielle.

1929Lloyd R. Watson développe les premières inséminations artificielles sur les reines.

1969Harry Cloake vulgarise la méthode du «starter-finisseur».

Pas de reines sans mâles !

➧➧ L’anatomie

Les mâles sont issus d’œufs non fécondés. Ils sont haploïdes, c’est-à-dire qu’ils n’ont que la moitié du nombre de chromosomes qu’ont les reines. Pesant 230 mg, ils sont plus gros que les ouvrières (100 mg), mais moins que la reine (250 mg). Dépourvue de dard et de corbeilles à pollen, leur anatomie est uniquement adaptée à la fécondation. Les mâles volent vite afin d’atteindre les reines pour s’accoupler. Leur durée de vie varie d’un mois en début de saison à deux mois en fin de saison.

➧➧

Leur rôle : féconder les reines

Au nombre de 1 000 à 1 500, les mâles sont tolérés dans la ruche uniquement en période de fécondation. Dès l’automne, ils sont chassés de la ruche par les ouvrières et meurent de faim. Leurs seules activités consistent à se nourrir et à se reproduire. Ils sont fertiles à partir du 15e jour environ, suivant la température extérieure, et cela pendant une période avoisinant trois semaines. À partir du 6e jour, les jeunes mâles sortent quelques minutes pour effectuer un vol d’orientation. Au 10e jour, si la météo le permet, ils font des sorties d’une dizaine de minutes. À partir du 12 e jour, ils s’absentent une demi-heure et vont jusqu’aux congrégations de mâles où ont lieu les fécondations. Les mâles qui ont l’honneur de féconder une reine perdent leurs organes reproducteurs et meurent.

➧➧ Ne les négligez pas !

Autrefois, les apiculteurs «confirmés» avaient pour habitude de détruire les mâles. On trouvait même

DU MÂLE ADULTE

des pièges dans le commerce, à placer à l’entrée des ruches afin de piéger ces bouches «inutiles». Aujourd’hui, il en va tout autrement. Pour l’éleveur de reines, l’importance de la population de mâles reste l’une de ses principales préoccupations, tout comme le sont les fleurs pour le producteur de miel. La production de reines de qualité doit être accompagnée d’un élevage de mâles. En fait, les mâles n’influent pas négativement sur la récolte car ils contribuent à maintenir le couvain à bonne température au cours des heures les plus fraîches, libérant ainsi des butineuses. Tout

apiculteur reconnaît maintenant leur utilité, et l’ancienne tradition qui consistait à détruire leur couvain ou à les piéger est abandonnée. La méthode de lutte biologique contre le varroa par destruction systématique du couvain de mâles aurait pu poser à la longue de sérieux problèmes si elle s’était généralisée.

Plus d’infos

Alire :

Breeding Super Bees, Steve Taber, éditions Root.

Aconsulter : www.dave-cushman.net/bee/droneraise.html : site en anglais sur l’élevage des mâles.

La reproduction naturelle de la colonie

Les abeilles ont plus de 50 millions d’années. Elles vivent et se reproduisent très bien sans l’homme.

La multiplication des colonies d’abeilles se fait par l’essaimage. Au printemps, lorsque les conditions sont favorables, une partie de la population suit la reine pour créer une nouvelle colonie. Cet essaim reste bien souvent suspendu à une branche quelques heures avant que les éclaireuses ne trouvent une cavité. C’est là que l’apiculteur débutant intervient ; ainsi commence une longue histoire d’observation et de satisfaction. Les ouvrières restantes devenues orphelines élèveront une nouvelle reine à partir des jeunes larves. Parfois, elles construisent plusieurs cellules royales. Certaines reines vierges quitteront la ruche avec une poignée d’abeilles pour former des essaims dits «essaims secondaires» ou «essaims de misère».

Essaim naturel suspendu à une branche.

Quelle race choisir ?

L’apiculture moderne, soucieuse de produire à un coût toujours moindre, oblige les apiculteurs professionnels à faire des observations sur le comportement de l’abeille et à établir des comparaisons entre différentes races géographiques.

De nos jours, suite à l’intervention de l’homme, Apis mellifera se rencontre du cercle arctique jusqu’au cap de Bonne-Espérance. En Europe, de plus en plus d’apiculteurs pratiquent l’élevage et la sélection des reines, la plupart à partir de races étrangères ou de croisements, mais, depuis quelques années, de plus en plus en sélectionnant les races locales.

À noter

Dans les critères de sélection, nous retiendrons par ordre décroissant : la production de miel, la fertilité des reines durant au moins une saison, la résistance aux maladies, la douceur, l’aptitude au bon hivernage, la propension à l’essaimage.

Abeille caucasienne (A. m. caucasica) sur une fleur de sédum.

● Les principales races utilisées par les apiculteurs professionnels

RaceOrigine

Longueur de Couleur la langue (mm)

Apis mellifera mellifera Europe de l’Ouest6,05 à 6,35 Noire (l’abeille dite locale en Europe)et du Nord

A. mellifera ligustica Italie6,50Jaune

A. mellifera caucasica Géorgie7,20Grise à beige

A. mellifera carnica Péninsule des Balkans6,6Grise

A. mellifera adansonii Afrique sub-saharienne5,68Jaune cuivré

A. mellifera iberiensis Espagne au sud d’une ligne Barcelone-Burgos6,44Noire

➧➧ Apis mellifera mellifera

(abeille noire, abeille locale, abeille du pays…)

C’est certainement l’abeille la plus utilisée en France et en Espagne. Son aire naturelle de répartition s’étend de l’Atlantique à l’Oural, et jusqu’au nord de la Scandinavie. En Russie, elle hiverne jusqu’à –50°C.

Il existe de nombreux écotypes de l’abeille noire et des différences importantes dans les séquences d’ADN parmi toutes ces mellifera. Lorsqu’elle n’est pas trop «polluée» génétiquement par d’autres races d’importation et que l’environnement n’est pas trop dégradé, elle est remarquablement bien adaptée à sa région.

L’une des plus célèbres est peut-être l’abeille «Primorsky Krai». Des colons russes l’ont introduite dans l’extrême sud-est du pays. Isolée, et en contact avec Apis cerana (l’abeille porteuse du varroa) depuis plus de cent cinquante ans, elle a su s’acclimater et développer une résistance aux parasites. Introduite au Canada en 1997, elle fait aujourd’hui l’objet d’un travail de sélection afin d’augmenter sa production de miel tout en diminuant son agressivité.

● Ses qualités : la rusticité, la résistance aux maladies malgré une sensibilité aux mycoses, une bonne aptitude à l’hivernage, une bonne capacité d’adaptation. Dans certaines régions de l’ouest de la France aux hivers assez longs, et après quelques années d’adaptation, elle peut survivre avec le varroa sans traitement particulier. Idéale pour l’apiculture extensive, elle ne demande à l’apiculteur qu’un minimum de temps de travail à la ruche.

● Ses défauts : une propension à l’essaimage chez certains écotypes, une mauvaise tenue de cadre, une agressivité fréquente, une langue relativement courte (6,05 à 6,35 mm) réduisant ses performances pour la pollinisation des légumineuses et sur miellée d’acacia ou de luzerne, par exemple. Il a été remarqué qu’elle acceptait difficilement les remérages durant les fortes miellées de tournesol ou de lavande.

➧➧

Apis mellifera ligustica

(abeille italienne, abeille jaune)

Pure ou croisée, c’est certainement l’abeille la plus répandue aujourd’hui chez les apiculteurs des principaux pays producteurs actuels. Par exemple, elle représente 75 % du cheptel australien contre 11 % de caucasica et 1 % de carnica. En France, seulement 20 % des apiculteurs l’ont choisie, mais elle intervient dans des croisements pour près de 40 %. Introduite en Chine depuis une vingtaine d’années, elle remplace petit à petit l’abeille locale Apis cerana pour atteindre aujourd’hui 60 % du cheptel. Les pays d’Asie du Sud-Est qui produisent beaucoup de gelée royale utilisent également cette race une fois sélectionnée. En 1950, Israël a com-

Abeille noire (A. m. mellifera) butinant une fleur de sarrasin.

mencé le remplacement systématique de l’abeille indigène Apis mellifera syriaca par l’abeille italienne, ce qui a permis de doubler les récoltes tout en facilitant les conditions de travail. Parmi toutes les races d’Europe, elle a la plus petite aire de répartition naturelle avec les Alpes et la Méditerranée pour frontières.

● Ses qualités : la douceur, l’abondance de couvain (c’est une abeille idéale pour la production de paquets d’abeilles), un développement du couvain très précoce.

Les ouvrières sont de race Apis mellifera caucasica, tandis que la reine introduite est issue de croisement.

● Ses défauts : elle se révèle pillarde, sensible aux maladies et à la dérive, et hiverne difficilement en dehors des zones méditerranéennes. Croisée avec des mâles noirs (Apis m. mellifera), elle donne souvent une descendance très agressive.

➧➧ Apis mellifera caucasica

(abeille grise)

Originaire des montagnes du Caucase, cette abeille possède énormément de qualités. Ce n’est pas une abeille «spectaculaire», mais en fin de saison elle totalise souvent une récolte honorable pour un minimum d’entretien.

C’est généralement une abeille de couleur grise, avec une pilosité importante. Mais, la couleur n’étant pas un critère déterminant, on trouvera des caucasiennes presque jaunes au sud-est de sa région d’origine, que l’Arménien Gerstacker classa dans Apis mellifera remipes. La longévité et le développement de la caucasienne sont légèrement supérieurs à ceux des autres races.

● Ses qualités : la douceur, un cycle biologique plus précoce que celui de l’abeille noire, une langue longue (7 mm) donc plus performante sur

l’acacia ou la luzerne. C’est une excellente récolteuse de propolis (pouvant aussi être considéré comme un défaut), ayant une bonne aptitude à l’hivernage.

● Ses défauts : une forte utilisation de propolis rendant souvent difficiles les visites, surtout pour ceux qui n’ouvrent pas leurs ruches régulièrement, une sensibilité à la nosémose.

➧➧

Apis

mellifera carnica (abeille carniolienne)

Cette race est très proche de la ligustica malgré leurs différences biologiques révélées par l’analyse ADN. Elle ressemble par sa couleur à l’abeille caucasienne, les mâles étant noirs avec des soies grises, mais elle a les ailes plus longues et un corps plus petit. C’est sa pilosité importante qui lui donne cette couleur grise. Certains n’hésitent pas à l’appeler l’italienne grise bien qu’on en trouve de couleur cuir.

Le berceau de la carnica s’étend des Alpes à la mer Noire. Elle se rencontre de la Slovénie jusqu’en Ukraine. Des écotypes de carnica, comme la rodopica en Bulgarie, font l’objet d’une

conservation farouche. Elle est sélectionnée depuis plus d’un siècle en Allemagne. C’est la deuxième race la plus utilisée par les apiculteurs professionnels à travers le monde.

● Ses qualités : sa remarquable douceur, son adaptation à tous les climats. Elle butine sur toutes les miellées ainsi que le miellat, se développe rapidement au printemps, hiverne bien avec un arrêt de couvain de six mois en zone de montagne, et stocke ses provisions près du couvain. Le rythme de ponte de la reine est fonction des apports de nectar. C’est l’abeille la moins sensible à la dérive. Elle propolise peu et est peu sensible aux maladies du couvain.

L’apparition des ouvrières pondeuses s’observe seulement après trente jours d’orphelinage, alors que chez les autres races elle survient à vingt jours en moyenne, ce qui en fait une abeille plus facile à travailler et rend les cas de ruches d’ouvrières pondeuses plus rares.

● Ses défauts : une tendance exagérée à l’essaimage si elle est conduite comme les autres races et au pillage en période de disette, c’est pourquoi beaucoup d’éleveurs la délaissent. Elle construit moins bien que les autres races décrites précédemment, ce qui pose problème aux producteurs de miel en section. Elle récolte moins de pollen que la caucasienne et la noire. Les reines vierges carnica sont plus longues que les autres races à effectuer leur vol de fécondation.

À noter

Avec cette race, le sens du croisement n’est pas indifférent. Les mâles carnica croisés avec d’autres races donnent d’excellents résultats, par contre le croisement de reines carnica avec des mâles noirs produit des abeilles très essaimeuses et le croisement avec ligustica peut dans certains cas se révéler agressif.

➧➧ Apis mellifera sahariensis

(abeille saharienne)

Les immigrants juifs auraient apporté cette abeille du Proche-Orient il y a plus de deux mille ans et l’environnement climatique et végétal des oasis aurait entraîné l’évolution de ce que l’on définit aujourd’hui comme l’abeille sahariensis.

Très rustique, elle a su s’adapter à des températures oscillant de 0 à 50°C à une altitude de 700 m environ.

De couleur assez différente suivant les oasis, elle varie du jaune cuivre au brun foncé. Elle est légèrement plus petite que l’abeille italienne. Les mâles sahariensis sont souvent utilisés dans les croisements, c’est le cas pour l’hybride Buckfast.

● Ses qualités : un très bon hivernage, la douceur, une langue très longue (7,5 à 8 mm), une aire de butinage étendue (plus de 5 km), un couvain compact.

● Ses défauts : elle est particulièrement essaimeuse. Cependant, ce problème se maîtrise dès la première génération, dans le cas de croisements de sahariensis avec une autre race. Elle tient mal le cadre.

➧➧ Apis mellifera cecropia et macedonica

(abeilles grecques)

Ces deux populations sont géographiquement en contact sans qu’il y ait échange de gènes. Cecropia se rencontre du Péloponnèse à l’Épire, et macedonica de l’Attique jusqu’en Serbie, Bulgarie et Ukraine du Sud.

C’est une abeille particulièrement bien adaptée à la flore et au climat méditerranéens. Macedonica est une abeille noire, plus petite que cecropia, et son abdomen est plus fin que chez toutes les autres races européennes. Par contre, cecropia est de la taille de carnica, avec un indice cubital

supérieur à celui de toutes les races européennes, comparable à celui d’Apis cerana.

● Ses qualités : peu essaimeuse, très féconde, douce, un couvain compact.

● Ses défauts : une construction irrégulière des rayons, une propolisation importante, une sensibilité à la nosémose.

➧➧ Les croisements

● Pourquoi des croisements ?

La plupart des races précédemment décrites sont utilisées dans des croisements. Le croisement, ou hybridation, permet d’augmenter très nettement les rendements pour ce qui est de la première génération, mais également des défauts comme l’agressivité et l’essaimage.

À savoir

Un croisement se définit par la reine, puis par les mâles. Ainsi, caucasica x ligustica signifie que la reine est caucasica et les mâles ligustica.

● Les précautions

Attention à ne pas croiser tout et n’importe quoi! Une des particularités des croisements est d’élever

Ouvrière issue d’un croisement ligustica x mellifera.

beaucoup plus de mâles que les races pures. Ce qui entraîne une «pollution génétique» dans le secteur concerné et exige un piégeage des mâles dans le cas de fécondations dirigées. De plus, certains croisements obtenus ont un comportement indésirable. Par exemple, les races carnica et ligustica, naturellement douces, peuvent développer des comportements agressifs une fois croisées. L’exemple le plus connu est le mélange de l’abeille africaine adansonii avec l’abeille créole du Brésil, ayant engendré la célèbre «abeille africanisée» ou «abeille tueuse».

Il faut savoir également qu’on obtient des résultats de comportement très différents suivant le sens du croisement. Par exemple une colonie ayant une reine issue d’une souche caucasica x ligustica sera beaucoup plus rustique en hivernage qu’une colonie ayant une reine issue d’une souche ligustica x caucasica.

Attention

Actuellement, l’hyper-sélection est remise en cause. Il semble qu’avec l’abeille surdévelopper un caractère génétique joue le plus souvent au détriment d’un autre caractère. La recherche du meilleur croisement a en effet entraîné beaucoup d’erreurs, notamment celle de l’abeille africanisée. En plus de ces résultats catastrophiques, l’importation en vue de croisements avec des races exotiques est à l’origine de l’introduction de maladies, virus et parasites.

● Faire le bon choix

Le croisement le plus réputé de nos jours est incontestablement l’abeille «Buckfast». Cette «hybridation» réalisée par le frère Adam au sud de l’Angleterre renferme essentiellement les caractères des abeilles ligustica et mellifera. Ce croisement a été enrichi par la suite avec des abeilles sahariensis et carnica. En France, 15 %

● Types d’abeilles obtenues après croisement (le mélange de gènes lors de la méiose donne soit une race, soit une autre)

Mâles mellifera

Reine mellifera

Ouvrières 100 % mellifera

Mâles 100 % mellifera

Reine caucasica

Ouvrières 50 % caucasica

Ouvrières 50 % mellifera

Mâles 100 % caucasica

Mâles ligustica

Ouvrières 50 % mellifera

Ouvrières 50 % ligustica

Mâles 100 % mellifera

Ouvrières 50 % caucasica

Ouvrières 50 % ligustica

Mâles 100 % caucasica

(résultat : caucaso-noire) (résultat : caucasite)

Reine ligustica

Ouvrières 50 % ligustica

Ouvrières 50 % mellifera

Mâles 100 % ligustica

Ouvrières 100 % ligustica

Mâles 100 % ligustica

Mâles caucasica

Ouvrières 50 % mellifera

Ouvrières 50 % caucasica

Mâles 100 % mellifera

Ouvrières 100 % caucasica

Mâles 100 % caucasica

Ouvrières 50 % ligustica

Ouvrières 50 % caucasica

Mâles 100 % ligustica

(résultat : italo-caucasienne)

Reine caucasica

Ouvrières 25 % caucasica

Ouvrières 25 % caucasica

Ouvrières 75 % caucasica x ligustica

Ouvrières 25 % ligustica

Ouvrières 50 % mellifera

Mâles 50 % caucasica

Mâles 50 % ligustica

Ouvrières 75 % ligustica

Mâles 50 % caucasica

Mâles 50 % ligustica

(résultat : reine dite T.H.) (résultat : reine dite T.H.)

environ des apiculteurs utilisent l’abeille Buckfast dans leur exploitation, essentiellement dans l’est et le nord de l’Hexagone. Il semble qu’elle soit appréciée aussi pour une apiculture de loisir. La Buckfast a été comparée à la carnica, avec une récolte identique pour ces deux types d’abeilles. Néanmoins, on constate un hivernage beaucoup plus facile avec la carnica, mais un essaimage plus facile à maîtriser avec la Buckfast.

Ouvrières 25 % ligustica

Mâles 50 % caucasica

Mâles 50 % ligustica

(résultat : reine dite T.H.)

En France, 55 % des apiculteurs professionnels ont choisi de travailler avec des croisements, de caucasica et ligustica pour la plupart. Quand ils n’utilisent pas des reines ligustica importées de Chine, les producteurs de gelée royale élèvent le produit de caucasica x ligustica ou ligustica x caucasica. Quant aux producteurs de miel situés en zone de montagne ou de bocage, ils adoptent de plus en plus le croisement caucasica x mellifera, qui reste facile à élever et semble donner une abeille polyvalente. Le produit du croisement Buckfast x mellifera donne de bons résultats sur les miellées de culture comme le tournesol, avec un comportement se rapprochant d’un croisement trois voies (caucasica x ligustica) x mellifera. Les apiculteurs australiens, qui travaillent avec des croisements, ont observé des remérages incontrôlés de l’ordre de 66 % chez ligustica, de 17 % seulement pour les croisements ligustica x caucasica, et pratiquement nuls pour les croisements caucasica x ligustica.

DES REINES L’ÉLEVAGE

Tout apiculteur en herbe ou professionnel doit régulièrement remplacer les reines de ses ruches. Cet ouvrage présente toutes les étapes de leur élevage : le choix de la race, le matériel, les différentes méthodes, l’introduction et l’utilisation des reines, la commercialisation, la production de gelée royale… mais aussi les productions complémentaires comme l’élevage de mâles ou la production de paquets d’abeilles.

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.