

Bonjour à toi, amoureux des chevaux, et bienvenue dans le monde fabuleux de l’éthologie équine !
Tu te demandes peut-être ce que cela signifie ?
Eh bien, l’éthologie est la science qui étudie les comportements des animaux dans leur milieu naturel. Et lorsque nous parlons de l’éthologie équine, nous nous concentrons sur nos amis les chevaux et les poneys. Les chercheurs qui pratiquent l’éthologie s’appellent des éthologues. Au fil des pages, j’utiliserai le mot « cheval » mais sache que tout ce que je te raconte est également valable pour nos chers poneys.
Grâce à l’éthologie, nous pouvons apprendre à les écouter et à comprendre leurs signaux. Cela nous aide à établir une belle relation avec eux. Alors, prépare-toi à explorer le langage secret des chevaux et à devenir un véritable ami équin. Allons-y !
Tu l’as sans doute remarqué, les chevaux ne parlent pas la même langue que nous. Ils parlent d’ailleurs très rarement et lorsqu’ils le font, on dit qu’ils hennissent. Pour autant, le cheval est capable de s’exprimer de multiples façons à travers des mouvements subtils ou encore sa posture. Par exemple, as-tu déjà observé ses oreilles ? Elles te racontent beaucoup de choses sur son humeur. Si elles sont plaquées en arrière, tu dois faire attention car il n’est probablement pas content.
Mais en réalité, le cheval a de nombreuses autres façons de te montrer qu’il est heureux ou qu’au contraire quelque chose ne lui plait pas. Pendant de nombreuses années, nous ne le savions pas. Pourquoi ? Car nous n’avions jamais pris le temps de les observer dans leur habitat naturel. Désormais, de nombreux chercheurs sur les chevaux, hommes et femmes, se sont penchés sur le sujet et c’est là que l’éthologie équine est devenue populaire. Pouvoir décoder chaque signal émis par les chevaux nous permet de pouvoir les écouter, les comprendre, mais surtout de pouvoir communiquer avec eux ! Comprendre comment ils se comportent dans leur habitat naturel mais aussi dans leur vie entourée d’humains est un point clef pour développer une belle relation avec eux.
Prenons le temps d’y réfléchir un peu : lorsque tu es avec tes ami(e)s, tu peux t’amuser, car vous pouvez parler et rire ensemble. Cela est aussi possible avec ton cheval à travers le langage de ton corps, les expressions de ton visage, tes mains, ton odeur et même ta voix ! Ton cheval, lui, communiquera avec toi grâce à son corps, et tout particulièrement avec ses yeux, ses naseaux, ses oreilles, sa queue, mais aussi sa posture générale.
Es-tu prêt à comprendre comment fonctionne le cheval ? C’est parti !
Pour comprendre ton cheval, tu dois d’abord savoir quelle est son origine et comment il a évolué. Il y a bien longtemps, cet animal était complètement différent de celui que tu connais. Petit, sans sabots et vivant dans la forêt, il était bien loin de l’être majestueux qu’il est devenu. Mais son évolution a un impact direct sur le comportement qu’il a aujourd’hui.
Son évolution
Pour comprendre le cheval actuel et ses réactions, tu dois d’abord savoir comment il en est arrivé là. Il y a très longtemps, environ 55 millions d’années, l’ancêtre du cheval n’était pas plus grand qu’un renard ! Il n’avait pas de sabots, mais des doigts, tout comme toi, sauf que lui n’en avait que 4. Il vivait principalement dans la forêt et, de ce fait, mangeait surtout des arbustes. Au cours des années, la terre a changé, les forêts sont devenues plus rares et l’animal s’est retrouvé dans de grandes plaines. Dans ces grandes étendues d’herbe sans arbres, il était facilement repérable. Le sol était également plus dur. Pour pouvoir échapper aux prédateurs, le cheval a donc évolué. Ses doigts se sont progressivement changés en sabots, et ses petites pattes en de grands membres qui lui permettent de courir vite. Eh oui, il a beaucoup changé, et ce, entre autres car c’est une proie.
C’est pour cela qu’au cours de l’évolution il s’est transformé en un animal puissant, rapide et agile sur tous les terrains. Mais cela l’oblige aussi à toujours être attentif à son entourage et à ses prédateurs.
Sais-tu comment différencier facilement une proie d’un prédateur chez les mammifères ?
Un prédateur a les deux yeux sur le devant de sa tête, comme toi. Une proie a un œil de chaque côté de sa tête, ce qui lui permet d’avoir un grand angle de vision. Cela est très important dans ta communication avec ton cheval, donc nous y reviendrons en détail un peu plus loin dans ce livre.
Lorsque le cheval a peur, il peut avoir deux réactions : se battre ou fuir. Son premier réflexe est souvent de fuir. C’est pour cela que tu dois toujours faire attention à ton entourage et à toi-même lorsque tu es avec ton cheval. Le fait qu’il soit une proie est d’ailleurs une des raisons pour laquelle il vit en groupe. À plusieurs, il est plus facile de détecter des prédateurs et de les combattre. Mais on reparlera de ce point-là un peu plus tard.
Le fait que le cheval soit une proie a également un autre impact très important. Il faudra toujours que tu t’en rappelles lorsque tu observes ton cheval : il peut cacher sa douleur
Dans le règne animal, les animaux qui sont blessés ont plus de risques de se faire chasser par les prédateurs. Il est donc important qu’une proie masque sa douleur. Si le cheval apparaît fort, alors il y a des chances que le prédateur passe son chemin afin de trouver
une autre proie, affaiblie. Ainsi, quand tu regardes ton cheval, il pourra te paraître en pleine forme. Pour autant, grâce à d’autres signes beaucoup plus subtils, tu te rendras compte qu’en réalité, quelque chose ne va pas. Et c’est comme ça que tu pourras améliorer ta relation avec lui.
Il faut également savoir que le cheval est un animal grégaire . Cela veut dire qu’il vit
en troupeau. D’ailleurs, chez le cheval, cela s’appelle un « harem ». Dans la nature, il est très rare de voir un cheval seul. Cela s’explique encore par le fait que c’est une proie. Seul, il est difficile pour le cheval de combattre un prédateur. À plusieurs, l’esprit d’équipe fait la force du harem ! D’ailleurs au sein de celui-ci, chacun a un rôle bien précis. Il est souvent dit que c’est un étalon (cheval mâle) qui dirige le troupeau, mais en réalité, c’est plus compliqué que cela.
Un harem est en général composé d’un étalon, de 2 à 4 juments et de poulains âgés jusqu’à leurs 3 ans. Les jeunes quitteront souvent le groupe entre 2 et 3 ans afin de créer leur propre harem pour les mâles, ou de rejoindre un autre harem pour les femelles. Le chef du harem est souvent une jument ! Eh oui, on dit qu’elle est la dominante. Être dominante, ce n’est pas une mince affaire. Son rôle est de faire respecter les règles au sein du harem et d’assurer une bonne communication. En cas d’attaque de prédateur, c’est là que l’étalon entre en jeu. C’est lui qui doit protéger le harem alors que la jument dominante, elle, organise la défense et guidera les jeunes à l’abri.
Le cheval a ce qu’on appelle des « besoins physiologiques ». Ce sont des besoins qui doivent être respectés, pour qu’il puisse survivre et être bien dans sa peau.
Il y en a trois principaux qu’on appelle les 3F : Forages, Freedom, Friends. Ce sont des mots anglais que l’on peut traduire par : « fourrage », « liberté », « amis ». Voyons ensemble dans ce chapitre pourquoi ils sont aussi importants.
L’alimentation
La dominante a également un autre rôle très important : trouver la nourriture adéquate à son harem. Dans la nature, les chevaux sont faits pour manger entre 16 et 20 heures par jour ! Eh oui, ils mangent bien plus que toi ! Ils peuvent parcourir plus de 15 kilomètres par jour pour trouver à manger et à boire.
Leur alimentation est surtout à base d’herbe, de plantes, mais aussi de branchages. C’est pour cela que souvent, tu pourras observer ton cheval essayer d’attraper les branches des arbres. D’ailleurs, le cheval domestique est très gourmand : si dans son pré il y a un pommier, il se fera un plaisir de toutes les manger. Mais attention, cela peut lui donner mal au ventre. On appelle ça une colique. La colique peut être très grave, il faut donc toujours surveiller son alimentation.
Si tu veux respecter ses besoins alimentaires, tu devras donc lui fournir des fourrages en continu. Ce qu’on appelle fourrage , c’est tous les aliments contenant de la fibre en
grande quantité comme l’herbe, le foin ou encore l’enrubanné. Cela lui permettra d’être en meilleure santé et surtout de meilleure humeur. En effet, un cheval qui n’a pas accès à des fibres en continu peut développer ce qu’on appelle des « ulcères gastriques » ou encore une « acidose intestinale ». Les ulcères gastriques sont des lésions (blessures) dans l’estomac qui peuvent lui faire très mal. Si ton cheval en a, il pourra alors être de mauvaise humeur et essayer de te mordre. L’acidose intestinale est un peu plus complexe. Ton cheval est fait pour manger des fibres. Elles sont digérées en grande partie dans son gros intestin grâce à des micro-organismes qu’on appelle son
« microbiote ». Si le cheval ne mange pas assez de fibres, son microbiote sera déséquilibré et de mauvaises bactéries arriveront. Ton cheval pourra alors être fatigué, stressé ou de mauvaise humeur.
Une bonne relation avec ton cheval passe aussi par sa nourriture !
Comme tu l’as lu précédemment, dans la nature, le cheval doit beaucoup marcher pour trouver à manger. Il mangera donc toute la journée, mais en petite quantité à chaque fois. Le cheval a besoin de marcher