Moyen age feuill bd

Page 1


Cet ouvrage a été publié à l’occasion de Quoi de neuf au Moyen Âge ?, une exposition de la Cité des sciences et de l’industrie en coproduction avec l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), présentée du 11 octobre 2016 au 7 août 2017.

Ce livre a été réalisé grâce à la collaboration de l’Inrap, qui en a assuré la validation scientifique. Les éditeurs et l’auteur tiennent à remercier chaleureusement et tout particulièrement Sandrine Bachmeyer, éditrice des publications grand public, Isabelle Catteddu, commissaire scientifique de l’exposition, Laurent Beuchet et Vincent Carpentier, archéologues, ainsi que Valérie Bureau, éditrice de l’iconothèque.

Les éditeurs remercient Évelyne Hiard (Universcience) pour sa précieuse collaboration, ainsi que Virginie Grandval. Merci également à Zoé Bellée et Aude Hardy. © 2016, Fleurus Éditions/Établissement public du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l’industrie, Paris. Dépôt légal : octobre 2016 ISBN : 978-2-215-15761-8 MDS : 592338 N° d’édition : J16137 Achevé d’imprimer en septembre 2016 sur les presses de l’imprimerie GraphyCems (Espagne). Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. www.fleuruseditions.com Édition : Florence Soufflet (Universcience) et Sarah Hamon Recherche iconographique : Florence Chanez et Claire Jullion (Universcience) Direction artistique : Armelle Riva Mise en page : Florie Cadilhac Fabrication : Florence Bellot et Thierry Dubus

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 2

02/08/2016 11:02


Sommaire Moyen Âge et idées reçues ...........................................4 Vous avez dit Moyen Âge ? ..........................................6 Sous la truelle des archéologues ..................................6 Une population métissée ..............................................8 Une reine dans un sarcophage ...................................10 Unis par la foi ...............................................................12 Une vie à la campagne.................................................14 Une agriculture en progrès ..........................................16 Veaux, vaches, cochons ...............................................18 Un calendrier bien rempli ...........................................20 Au menu .......................................................................22 Des paysages façonnés par les hommes ............................24 Tourne, joli moulin ! ....................................................26 La vie au monastère .....................................................28 Quoi de neuf, docteur ? ...............................................30 Vivre en ville ................................................................32 En mouvement .............................................................34 Quelles foires ! .............................................................36 Des artisans aux multiples talents .............................38 Des vaisseaux de pierre et de verre .............................40 La vie de château ........................................................42 L’épopée des chevaliers ..............................................44 Entre guerres et tournois .............................................46 Faites vos jeux ! ...........................................................48 Parles-tu médiéval ? .....................................................50 Visite le Moyen Âge .....................................................52 Index .............................................................................54 Crédits photographiques .............................................55

Les mots surlignés font l’objet d’une définition dans le lexique, que tu trouveras sous le rabat à la fin du livre.

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 3

01/09/2016 16:25


Moyen Âge et idées reçues

Connais-tu l’expression « On se croirait au Moyen Âge » ? Elle n’est guère flatteuse, puisqu’elle sous-entend que le Moyen Âge est une période sombre et arriérée. Une idée reçue parmi toutes celles dont le Moyen Âge est victime.

Le Moyen Âge

Les seigneurs

invasions barbares,

châteaux forts

vivaient dans des

a COMMENCÉ après les qui ont ravagé l’Europe

Les châteaux forts en pierre n’apparaissent pas avant le XIe siècle. Les résidences des plus riches étaient en réalité très variées : fort en bois, manoir, château en pierre, palais en ville…

Les Barbares n’ont pas réduit l’Empire romain en cendres, comme on le prétend. Il y a eu, bien sûr, des batailles et des pillages, en Gaule notamment, mais l’arrivée de nouvelles populations (comme celle des Francs) s’est effectuée sur plusieurs siècles.

Les gens

Les gens

étaient petits

étaient sales

Les baignoires n’existaient guère que chez les riches, mais les paysans se lavaient dans les rivières, et les habitants des villes, dans les étuves (bains publics). Peignes, épingles à cheveux, cuvettes, ou encore bassines étaient des objets de toilette répandus.

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 4

C’était plus vrai pour les paysans que pour les seigneurs : question d’alimentation ! Les femmes mesuraient en moyenne un peu moins de 1,60 m (contre 1,63 m de nos jours), et les hommes, un peu moins de 1,70 m (contre 1,75 m aujourd’hui).

4

02/08/2016 11:02


LES CHEVALIERS

COMBATTAIENT LES

DRAGONS Le dragon est un animal monstrueux né de l’imagination des hommes de l’Antiquité. Au Moyen Âge, le dragon est devenu le symbole du diable, du mal absolu, et il a souvent été représenté dans les peintures ou les sculptures. Mais les dragons n’ont jamais existé.

LES PAYSANS MOURAIENT DE FAIM

La plupart du temps, les paysans mangeaient à leur faim, car l’agriculture et l’élevage avaient connu d’importants progrès. Mais il arrivait que des accidents climatiques entraînent de mauvaises récoltes et, donc, des disettes (manque de nourriture). Les paysans souffraient plutôt de carences, notamment en vitamines.

LES PRINCESSES

IL Y AVAIT LA GUERRE

MENAIENT

TOUT LE TEMPS

LA BELLE VIE

xe

Dès le siècle, la guerre a été très réglementée par l’Église, qui défendait aux chevaliers de s’attaquer aux paysans et de combattre pendant plusieurs périodes de l’année (avant Noël et pendant le Carême, et du jeudi au dimanche pendant les autres périodes de l’année).

5

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 5

Dans les romans seulement… Comme dans la plupart des sociétés anciennes, les femmes occupaient un rang inférieur à celui des hommes. Toutefois, elles gagnèrent quelques droits nouveaux au Moyen Âge, notamment celui de dire « oui » ellesmêmes à leur mariage.

02/08/2016 11:02


Sous la truelle des archéologues Été comme hiver, les archéologues cherchent des indices du passé enfouis dans la terre. Comment voient-ils le Moyen Âge apparaître sous le godet des pelles mécaniques et sous leurs truelles ?

Les détectives du passé

Les archéologues sont comme des détectives menant leurs enquêtes dans le passé. Leur but ? Reconstituer la vie des hommes et des femmes, de la préhistoire jusqu’à nos jours. Comment ? En exhumant des indices, les vestiges, de manière méthodique par la fouille. Monnaies perdues ou bijoux déposés dans une tombe, débris de murs ou graines brûlées, ossements humains ou d’animaux, poteries, outils en pierre ou en métal… Tout les intéresse !

Avant les travaux

Chaque année en France, des routes, des voies ferrées, des parkings ou des immeubles sont construits. En creusant le sol, ces aménagements risquent de détruire à jamais des vestiges enfouis. La loi prévoit que les archéologues explorent les terrains avant le début des travaux pour recueillir et étudier les traces du passé. On parle alors d’archéologie préventive. Pinceau et outils de dentiste font partie de la panoplie des archéologues, surtout quand il s’agit de fouiller des vestiges aussi petits que des perles de collier.

Rencontre

Spécialiste des poteries, le céramologue adore faire des puzzles en 3D.

6

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 6

Isabelle Catteddu est une archéologue spécialiste du premier Moyen Âge. Elle travaille à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Elle étudie plus particulièrement les habitats dans les campagnes entre le Ve et le XIe siècle, ainsi que les relations des hommes avec leur environnement. Son métier est très diversifié : un jour sur le terrain avec une truelle et un pinceau, le jour suivant en laboratoire, à étudier des fragments de céramique et à dessiner des plans. Isabelle collabore avec de nombreux autres spécialistes pour « faire parler » les vestiges. Sur un chantier de fouille, elle aime beaucoup le moment du « décapage », quand la pelle mécanique enlève les couches de terre agricole et qu’apparaissent les traces des vestiges. Les archéologues sont alors les premiers à les voir, après ceux qui les ont construits ou abandonnés. Un moment magique !

02/08/2016 11:02


De nombreuses fouilles se déroulent au cœur des villes, comme ici à Guingamp. Véritables millefeuilles, la plupart des villes abritent dans leur sous-sol des vestiges du Moyen Âge.

Des milliers de sites

Ces trente dernières années, les archéologues ont fouillé des milliers de sites partout en France. Ils ont pu faire des recherches sur de très grandes surfaces et découvrir des vestiges jusqu’alors difficiles à déceler, comme des fossés ou des empreintes de poteaux en bois.

Un nouveau Moyen Âge

Avant, notre connaissance du Moyen Âge reposait seulement sur les travaux des historiens, qui étudient les textes et les grands monuments (cathédrales, châteaux, abbayes). Aujourd’hui, les archéologues savent eux aussi des choses sur le Moyen Âge. Et d’après eux, cette période peut être divisée en deux parties : le premier Moyen Âge, qui s’étend du Ve au XIe siècle, et le second, qui va du XIIe au XVIe siècle. Entre ces deux périodes, la vie des hommes et des femmes a connu bien des transformations.

Aujourd’hui, en France, la majorité des archéologues travaillent dans le cadre de l’archéologie préventive. Mais il existe aussi des chantiers de fouilles ouverts quelques mois par an, plusieurs années de suite : c’est l’archéologie programmée.

7

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 7

02/08/2016 11:02


Au menu Que mange-t-on au Moyen Âge selon que l’on est seigneur ou paysan ?

Le pain quotidien

Au rayon fruits

Au rayon légumes

Chères épices

Les céréales permettent de fabriquer du pain, mais aussi des galettes et des bouillies. Les plus riches préfèrent le pain de froment, les moins riches, le pain de méteil (mélange de blé et de seigle). De grosses tranches de pain, des tranchoirs, servent d’assiettes. Même les pains ratés, mal levés ou mal cuits, trouvent preneurs en ville, car ils sont vendus moins cher.

Pommes, poires, cerises, ou encore prunes sont régulièrement consommées. Framboises, fraises des bois, mûres et noix poussent à l’état sauvage et sont cueillies en lisière des forêts. Les amandes, les pignons, les abricots et les figues, rapportés d’Orient, s’acclimatent bien dans le sud de la France.

Les légumes constituent les ingrédients principaux des potages, c’est-à-dire des plats cuits dans un pot. Chez les paysans, choux, betteraves, carottes, salades, bettes, poireaux et radis sont couramment cultivés, en plus des oignons, de l’ail et des légumes graines, comme les fèves (féveroles). Des plantes aromatiques comme la sauge, le persil ou la sarriette agrémentent les plats. Dans le potager du seigneur, des plantes venues d’Orient font leur apparition, comme l’artichaut et l’aubergine. Mais les aristocrates privilégient la viande aux légumes, ce qui leur cause parfois des problèmes de santé (diabète ou crise de goutte).

Si l’emploi d’aromates et d’épices en cuisine remonte aux Romains, le Moyen Âge en découvre de nouveaux en Orient, pendant les croisades. Cannelle, clou de girofle, cumin, safran et noix de muscade s’ajoutent ainsi au gingembre, au poivre, à l’anis et au pavot. Le prix très élevé des épices en réserve l’usage aux riches.

Au Moyen Âge, les carottes ne sont pas orange, mais blanches.

Le sucre, appelé “sel indien", n’est guère employé en cuisine au Moyen Âge, en raison de son prix exorbitant. Il sert plutôt de médicament. C’est le miel qui est utilisé pour sucrer les pâtisseries.

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 22

22

02/08/2016 11:03


La main à la pâte régime alimentaire

Voici la recette d’une soupe aux légumes et à l’épeautre typique du Moyen Âge.

Les premiers livres de cuisine n’apparaissent pas avant le XIIIe siècle en France. Ils nous renseignent sur les habitudes alimentaires des seigneurs, mais pas sur celles des gens sans fortune. L’archéologie joue donc un rôle important dans la connaissance de l’alimentation au Moyen Âge, notamment celle des paysans, grâce à l’étude des restes de nourriture retrouvés lors des fouilles.

Au marché, achète 2 navets, 1 oignon, 2 carottes, 1 bulbe de fenouil et 1 botte de persil. Lave, épluche et coupe les légumes en petits morceaux. Munis-toi d’une grande casserole, verses-y 1 litre d’eau froide et 150 grammes de petit épeautre (tu en trouveras facilement en magasin biologique). Ajoute des aromates : thym,

laurier-sauce, romarin… et un peu de sel. Fais cuire pendant 30 minutes à petit bouillon. Verse les morceaux de légumes dans la casserole et prolonge la cuisson de 30 minutes. Si besoin, ajoute un peu d’eau. Une fois les grains d’épeautre et les légumes moelleux, éteins le feu et verse la soupe dans un saladier. Agrémente de persil fraîchement haché. Bon appétit !

Pour accompagner les repas, vin et cervoise (bière) tiennent le haut du pavé. Le premier est produit grâce à la vigne, tandis que la seconde est fabriquée à partir de céréales.

Pendant longtemps, le mot « pomme », du latin pomum, a servi à désigner tous les fruits. Ainsi, jusqu’au XVIe siècle, disait-on « pommes d’orange » pour les oranges. De nos jours, ne parle-t-on pas encore de « pommes de terre » et de « pommes de pin » ?

ne ches.

Au cours d’un banquet, sucré et salé sont mélangés, et il n’est pas rare de terminer par le fromage, réputé faciliter la digestion.

23

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 23

02/08/2016 11:03


Quoi de neuf, docteur ? Au Moyen Âge, le meilleur moyen de guérir reste encore de ne pas tomber malade…

Dangereuses premières années

Au Moyen Âge, près d’un enfant sur deux meurt avant l’âge de cinq ans (cela restera le cas jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et l’invention de la vaccination). L’espérance de vie ne dépasse guère quarante ans, et peu de gens atteignent la cinquantaine.

Petits bobos et gros maux

La plupart des gens souffrent de caries, car leur hygiène dentaire laisse à désirer. Les paysans ont les os solides, signe d’une activité physique importante, ce qui ne les empêche pas de développer de l’arthrose, une maladie des articulations. Les fractures ne sont pas rares, mais généralement correctement soignées. Des carences alimentaires entraînent des troubles de la croissance. Au rayon des maladies graves, on trouve fréquemment la tuberculose (infection pulmonaire), mais la peste reste la plus mortelle. Entre 1346 et 1353, elle fait plus de vingt-cinq millions de victimes en Europe.

Pour les opérations qui nécessitent d’ouvrir le corps, le médecin laisse sa place au chirurgien. Celui-ci apprend son métier auprès d’un maître expérimenté, mais il ne suit pas d’enseignement à l’université.

comment le sait-on ? L’étude des tombes et des squelettes humains, spécialité de l’anthropologue, apporte beaucoup d’informations aux archéologues sur la santé des populations. Les os et les dents gardent les traces de certaines maladies et des fractures ; il est parfois possible d’en extraire de l’ADN pour trouver des liens familiaux entre plusieurs sépultures. Dans les cimetières médiévaux, il arrive de retrouver des individus présentant de lourds handicaps (jambes coupées, main manquante, déformation du dos…) mais qui ont vécu jusqu’à un âge avancé, signe qu’ils ont été aidés par leurs proches au cours de leur vie. Des prothèses (par exemple, une fourche en fer remplaçant une main) ont même été découvertes.

Côme et Damien sont les saints patrons des médecins.

30

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 30

02/08/2016 11:04


Le vin, aromatisé avec des épices ou des herbes, fait partie des remèdes habituellement préconisés pour le traitement de nombreuses maladies.

Les lépreux, affligés d’une maladie qui les défigure, sont tenus d’annoncer leur arrivée dans un lieu en faisant tinter une clochette ou une crécelle. Ils vivent à l’écart de la société.

La santé par les plantes

Les hôpitaux

Cultivées dans les jardins, les plantes médicinales, appelées « simples », constituent les remèdes les plus courants : sauge, menthe, romarin, fenugrec, iris, rue des jardins… En ville, l’apothicaire, ancêtre du pharmacien, prépare des médicaments plus coûteux à base d’épices. Les gens demandent l’aide des saints de la religion chrétienne : saint Roch contre la peste, sainte Lucie contre la cécité, sainte Apolline contre les douleurs dentaires… Enfin, ils portent couramment des amulettes (objets protecteurs).

Appelés « hôtels-Dieu », ou « maisons-Dieu », les hôpitaux accueillent les malades, les infirmes, les vieillards et les orphelins. Tenus par des religieux, ils offrent, à défaut de médicaments efficaces, des repas chauds et des draps propres. La première école de médecine est fondée au IXe siècle en Italie. D’abord réservé aux religieux, l’enseignement s’ouvre ensuite aux laïcs qui, à partir du XIIe siècle, installent des cabinets en ville.

Étudier des sépultures et des squelettes constitue le travail quotidien de l’anthropologue.

31

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 31

02/08/2016 11:04


La vie de château À partir du XIe siècle, le pouvoir des seigneurs se manifeste dans la construction de tours et de châteaux dont l’archéologie révèle la diversité.

Il n’existe pas un seul type de résidence seigneuriale, mais une grande variété, car les seigneurs n’ont pas tous le même pouvoir ni la même richesse. Entre le XIIe et le XVe siècle, parallélement aux châteaux, on trouve ainsi de nombreuses maisons fortes, des résidences de plain-pied en bois ou en pierre protégées par une enceinte.

Un premier Moyen Âge sans châteaux ?

Châteaux de bois

Au début du Moyen Âge, seul le roi a le droit de construire des forteresses. Les élites vivent dans des maisons non fortifiées, souvent en terre et en bois, mais qui peuvent être très confortables et richement décorées. Les objets dont ils s’entourent expriment leur richesse : vaisselle en verre et en métal, fourrures, armes, jeux d’échecs…

À partir du Xe siècle, le pouvoir royal s’affaiblit au profit des seigneurs. Ces derniers s’attribuent des domaines plus ou moins grands sur lesquels ils exercent eux-mêmes l’autorité. Les plus puissants commencent à construire des châteaux où ils habitent avec leurs proches, rendent la justice et reçoivent les impôts qu’ils prélèvent sur les populations. Ces premiers châteaux, en bois, sont établis sur une hauteur naturelle ou artificielle (la motte), qui reçoit une tour. Entourés de fossés et d’une palissade, ils s’organisent autour d’une ou de plusieurs cours, où se trouvent la maison du seigneur, des dépendances, un four, une chapelle et des ateliers.

Ces armes, découvertes dans une résidence en bois du XIe siècle à Pineuilh (Gironde), permettent aux archéologues de confirmer que l’occupant était un chevalier.

42

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 42

02/08/2016 11:04


Châteaux de pierre

Les châteaux en pierre, édifiés surtout à partir du XII e siècle, bénéficient des progrès de l’art de la fortification. Tour-porte, pont-levis, tours d’angle, hourds et mâchicoulis protègent la résidence d’éventuelles attaques. Malgré ces préoccupations d’ordre militaire, la recherche du confort n’est pas exclue. Les aménagements comptent des fenêtres vitrées, des cheminées, des cuisines séparées et des latrines (toilettes).

Situé dans l’Aisne, au nord de Soissons, le château de Coucy a été construit entre 1225 et 1242 par le seigneur Enguerrand III. C’était l’un des plus grands châteaux fortifiés du royaume, destiné à rivaliser avec ceux du roi de France. Le donjon cylindrique mesurait trente et un mètres de diamètre pour cinquante quatre mètres de hauteur. En partie démantelé pendant la Révolution de 1789, le site a subi de graves dommages en 1917, lors de la Première Guerre mondiale.

L’un des plus anciens donjons de France est celui de Loches (Indre-et-Loire), construit par le comte d’Anjou Foulques Nerra vers l’an mil, il mesure trente six mètres de haut. Au Moyen Âge, on trouve un château tous les trente kilomètres environ.

Les hourds en bois constituent des avancées en haut des tours ou des remparts, depuis lesquels on peut lancer des projectiles. Les mâchicoulis exercent la même fonction, mais ils sont en pierre.

43

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 43

02/08/2016 11:04


L’épopée des chevaliers Le Moyen Âge, c’est bien sûr l’époque des chevaliers. Tout le Moyen Âge ? Non ! Car ce n’est qu’au début du Xe siècle que ces professionnels de la guerre font leur apparition.

Des combattants à cheval

La chevalerie apparaît aux alentours de l’an mil, quand les seigneurs se répartissent entre eux le pouvoir. Souvent rivaux, ils ont besoin de soldats pour se défendre, et les meilleurs sont les chevaliers, ceux qui combattent à cheval. Peu à peu, ceux-ci se dotent d’un armement distinctif : l’écu (bouclier), l’épée, le haubert (cotte de mailles), le heaume (casque), la lance.

Les valeurs chevaleresques

L’Église cherche à contrôler la violence des chevaliers en leur confiant la mission de protéger les clercs et les paysans, et de partir en croisade. Elle leur interdit également de combattre du jeudi au lundi matin, et durant certains mois de l’année. Enfin, elle incite les chevaliers à faire preuve de qualités morales conformes à la religion chrétienne : vaillance, générosité, loyauté, sens de l’honneur, fidélité.

Une élite

Au milieu du XIe siècle, une nouvelle technique de combat est mise au point : la « charge lance couchée » (elle consiste à fermement tenir la lance calée sous le bras avec la paume de la main tournée vers le ciel, pour que l’arme reste droite). En chargeant au galop, les chevaliers cherchent à désarçonner leurs ennemis. Seuls les chevaliers pratiquent cette technique, ce qui leur donne une grande supériorité sur les autres soldats. Ils deviennent alors la « crème » des guerriers, l’élite. Leur prestige donne aux nobles (princes et seigneurs) l’envie d’être eux-mêmes chevaliers, au point qu’à partir du XIIIe siècle, l’accès à la chevalerie se ferme aux non-nobles.

44

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 44

02/08/2016 11:04


Le parcours du combatTANT Entrer en chevalerie implique de suivre un parcours de plusieurs années. Vers l’âge de sept ans, le garçon qui se destine au métier des armes commence son apprentissage : monter à cheval, manier des armes factices (en bois), dresser des chiens pour la chasse, s’exercer aux bonnes manières. Il apprend parfois à lire et à écrire. Vers quatorze ans, l’adolescent quitte sa famille pour la cour d’un seigneur, où il va compléter son éducation. Il assiste un chevalier plus âgé en tant que page, puis écuyer (celui qui porte l’écu, le bouclier). Il l’aide à mettre son armure, prépare ses armes et s’occupe de son cheval. Enfin, entre dix-huit et vingt-trois ans, le jeune homme devient chevalier au cours de la cérémonie de l’adoubement. Ses armes (lance, écu, épée et éperons) lui sont officiellement remises par le seigneur. À la fin du Moyen Âge, l’adoubement se transforme en récompense et n’intervient qu’à la fin de la carrière d’un chevalier particulièrement vaillant.

Voici l’équipement caractéristique d’un chevalier au XIIe siècle :

Heaume fermé Il enveloppe bien la tête, mais empêche le chevalier de voir correctement.

Camail Ce col en mailles métalliques protège le cou.

Haubert La cotte de mailles est un assemblage de fins anneaux qui exige près de deux cents heures de travail d’un forgeron ; pesant une dizaine de kilos, elle coûte autant que douze bœufs.

Écu Le bouclier adopte diverses dimensions au cours du Moyen Âge.

Épée Elle est suspendue à la taille par un baudrier.

Lance Elle mesure près de trois mètres au XIIe siècle et dépasse les quatre mètres au cours du XIVe siècle.

Chausses Elles protègent les pieds. Les éperons sont utiles lors des combats à cheval.

45

BAT_MOYENAGE_PAO_2807.indd 45

02/08/2016 11:04


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.