LejournaldeRoxaneVernetauSénégal
qui n peu à l’écart, u e, ll fi e it et p itrine. « Il y a cette isées sur sa po o cr s n ai m s le t, l’une reste assise, gardons fixemen re s u o n s u o n Très vite, urions. Je me so s u o n s u o n , fin puis l’autre. En al français parce m le ar p e ll E e. le rapproche d’ell se. Il est diffici as cl en e lé al qu’elle n’est pas mains et les fesses les cinq r les me de parcourir su de l’école. Elle t en ar p sé la i u kilomètres q murmure : ti t’appelles ? — Comment toi ? — Roxane. Et — Rosalie. »
aste… Laterre estv ,Inde,Cuba : nam,Sénégal tiê V e, is en rcourent NewYork,V collection pa tte ce e d os ions, les jeuneshér e ces destinat urchacuned po t, e … de . lemon journalillustré tiennentleur
l Le journa rnet au e V e n a x o de R 8e
À partir de 8 ans
l a g e n e S rat • Zaü
Isabelle Leb
MANGO JEUNESSE
TQT_CV NEW-SENEGAL.indd 1
29/03/11 16:26
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:18
Page 4
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:18
Page 5
L’Afrique ! La lumière m’aveugle. Je plisse les yeux. Enfin, je suis en Afrique ! Le continent des éléphants, des zèbres et des girafes… Nous sommes à l’aéroport Léopold-Sédar-Senghor, à Dakar, au Sénégal. C’est l’un des plus grands, l’un des plus beaux d’Afrique. Le commandant de bord nous l’annonce à l’atterrissage. J’étouffe un bâillement et soupire. Nous descendons de l’avion. Une apparition nous sourit : des petits garçons basanés, droits comme des I, se bousculent. Ils ne marchent pas, ils dansent. Je relève la tête juste à temps pour serrer la main que l’un d’eux me tend : – Bienvénue au Sénégal… Nous z’allons prendre bien soin dé vous…
5
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:18
Page 6
Les gens se précipitent pour saisir nos bagages. Ils tournent et tournent autour de nous comme une ronde. Je m’accroche à ma valise, de peur qu’on ne me la vole. – Laissez-les tranquilles ! Depuis de longues secondes, j’entends des chuchotements de plus en plus furibonds, « Allez-vous-en ! », « Ils n’ont pas besoin de porteurs… », accompagnés de sourds bruissements, comme ceux des moustiques avant de piquer. Mamadou Cissé est là. Nous l’avons d’emblée reconnu. Il s’est habillé exactement comme sur la dernière photo qu’il nous a envoyée. Cela fait bientôt trois ans que mes parents correspondent avec sa famille et lui envoient un peu d’argent pour nourrir ses enfants. C’est l’oncle Théo, missionnaire au Sénégal, qui nous a donné son adresse. C’est une famille vraiment pauvre, mais Mamadou Cissé vous donnerait tout. Le mois dernier, pour mes onze ans, il m’a envoyé un joli boubou. Et dire que, souvent, ses enfants n’ont pas de quoi manger ! Cela ne l’a pas empêché d’insister pour qu’on vienne les voir. Et nous voilà !
6
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:18
Page 7
Notre hôte tente, à grands mouvements de bras, d’éloigner une bande de jeunes. D’un geste, il renvoie les premiers pousse-pousse qui se pressent autour de nous. Lui d’ordinaire si aimable dans ses lettres hausse le ton. Il est bien sévère. Je ne l’aurais jamais imaginé ainsi. Je tends l’oreille, un vol d’une trentaine de mots m’assaille : « grivèlerie », « maraudeurs », « fripons », « chenapans », « baston », « voleurs » et bien d’autres que j’ai oubliés aujourd’hui… Il nous explique qu’ici les bagagistes se transforment vite en voleurs. Pas le temps de m’accrocher à ma valise que déjà notre hôte nous entraîne dans sa vieille voiture bâchée. En route pour sa maison… Au bout de l’allée, changement d’atmosphère : les odeurs, la chaleur, les couleurs s’entassent partout, sous mes cheveux, derrière mon front, sous mes yeux, je les sens qui se sont amoncelées au petit bonheur la chance dans les moindres recoins de ma peau. Des sensations neuves, inattendues. Le vent chargé de bruits a des parfums d’épices et des parfums de fleurs…
7
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:18
Page 8
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:18
Page 9
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:18
Page 10
Bienvénue ! Je crois bien que je me suis endormie pendant le voyage. Je ne sais même pas quand la voiture s’est arrêtée. Nous attend déjà le plus étrange et le plus joyeux des spectacles : des youyous, des battements de mains, des bienvénue !
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:18
Page 11
Surprise, je me réveille. On croirait un jour de fête. Des enfants partout, des femmes en boubous multicolores. Ils sont comme habillés de lumière ! Tous trépignent, sautent. Ils dansent, dansent au risque de nous renverser mille fois. Il y a des petites cases en bois, jaunes ou bleues, comme des maisons de poupées, mais aussi de grandes maisons en terre battue, pleines de trous. Mamadou Cissé nous explique que la seule maison à étage appartient au chef de quartier. Les gens doivent être habitués à vivre dehors. D’ailleurs, le quartier grouille de monde. Aujourd’hui, nous en sommes l’attraction. Il en faut peu pour les mettre tous de bonne humeur !
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
11:04
Page 12
Il y a cette petite fille, un peu à l’écart, qui reste assise, les mains croisées sur sa poitrine. Elle a sur les genoux une couverture colorée. Les yeux me piquent. J’essaie de les maintenir ouverts. Je suis fatiguée. Certains essaient de me caresser les cheveux, de toucher mes mains, mais je reste un peu crispée. Je me demande pour quelles personnalités considérables ils prennent de tels égards. J’imagine que tu es comme moi avant mon arrivée en Afrique, que tu n’as pas connu un quartier entier où les gens viennent te saluer comme si tu étais le Premier ministre. Je n’ai d’abord rien compris. Les gens sont si nombreux. Je ne vois qu’un grand désordre. Je suis noyée dans cette foule et j’ai peur d’y perdre papa ou maman. Alors, il faut que je te dise : quand tu arrives ici, une certaine appréhension
12
TQT_SENEGAL-int
18/04/06
9:19
Page 13
te gagne. C’est si facile de décevoir… Bientôt, Mamadou Cissé nous prend tous les trois par l’épaule et nous glisse à l’oreille le sens de cette agitation : c’est ainsi que les Africains accueillent les visiteurs. Je suis un peu effrayée, mais je leur souris gentiment pour leur faire plaisir. J’ai l’impression qu’ils se ressemblent tous. Je ne reconnais même plus Mamadou Cissé. Chacun se dépêche de nous donner son nom : – Ze suis Mendy, z’ai quatre ans – Moi ze suis Fatou, z’ai cinq ans. – Moi ze suis Pantaléon, z’ai huit ans et ze vais à l’école primaire… T’as pas un stylo pour moi ? Fascinée, je les écoute à peine. Gentil Pantaléon, je comprends bien sa demande. Quand on va chez les gens, il est poli de leur apporter un cadeau. Mais que puis-je faire ? Ils sont trop nombreux. Impossible de satisfaire tout le monde. Voyant qu’avec moi ils perdent leur temps, ils se détournent et vont chercher leur bonheur ailleurs.
13