5 histoires
Suivre un premier cours de formation des aspirants détectives, traquer un malfaiteur dans la campagne anglaise, mener l’enquête sur le meurtre d’une chauve-souris et sur son étrange propriétaire, sauver un jeune garçon retenu prisonnier dans un jeu virtuel, partir à la recherche d’un père disparu…
à partir de 9 ans Dans ce livre : • Cinq histoires courtes autour d’une passion, les détectives.
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• Cinq genres pour passer du rire à l’angoisse.
• Des auteurs confirmés qui entraînent le lecteur dans des aventures palpitantes : Jean-François Halté, Victoire Labauge, Olivier Mau, Thomas Scotto, Emmanuel Viau.
Illustration : Dominique Rousseau. Mise en couleur : Laurence Busca.
Tout devient possible avec Z’AZIMUT !
5 histoires de détectives
de détectives
5 histoiresde détectives
4,95 €
www.fleuruseditions.com
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Sommaire Le disparu du Pont-Neuf d’Olivier Mau illustré par Dominique Rousseau
Partie de cache-cache dans le Surrey de Victoire Labauge illustré par Marc Bourgne
La treizième règle de Thomas Scotto illustré par Bruno Bazile
Le Mangeur de tête de Jean-François Halté illustré par Victor de la Fuente
Mortelle Sidonie d’Emmanuel Viau illustré par André Benn
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Le disparu du Pont-Neuf d’Olivier Mau illustré par Dominique Rousseau
- 1 ous pensez peut-être que les détectives, les vrais, ça n’existe pas. Ou alors seulement aux États-Unis, dans les livres de poche, et encore… Vous vous imaginez sûrement qu’un détective porte un chapeau de feutre, un petit carnet sur lequel il prend des notes et, bien sûr, un revolver. Sans compter la secrétaire, jolie comme pas possible, et amoureuse de son patron qui n’a pas de quoi la payer quand tombe la fin du mois.
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Moi aussi, je pensais la même chose. Jusqu’à la semaine dernière… Il a fallu que je vérifie dans les pages jaunes et que je décroche le téléphone. – Agence Périgot ! Qui demandez-vous ? Je répondis que je ne voulais personne en particulier, mais que j’avais une affaire grave à résoudre. – Je vois… De quel ordre, votre affaire ? – Quelque chose de personnel, ai-je précisé. Et plutôt dramatique. Elle éclata de rire. Comme je vous le dis. Elle prit même sa collègue à témoin, je l’ai bien entendu. – De personnel ? répéta-t-elle dans un hoquet. Bien sûr ! Comme tout le monde ! Mais encore ? Adultère ? Espionnage ? Enlèvement ? – Un meurtre. Là, elle a cessé de rire. Ce fut assez immédiat. – Qu’est-ce que vous avez dit ? – Quelqu’un est mort. C’est paru dans le journal. – Ah oui ? Dans ce cas, je vous conseille de téléphoner à la police. Nous ne traitons pas les homicides. – L’ennui, martelai-je d’une voix grave, c’est que je ne peux pas appeler la police. Il y eut un blanc. – Vous avez eu des ennuis avec la justice ? J’étais sûr qu’entre-temps, elle avait branché le haut-parleur à l’intention de sa collègue. La curiosité l’avait emportée… 8
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Le disparu du Pont-Neuf
– De quel meurtre parlez-vous ? ajouta-t-elle. Je vous écoute. – C’est assez compliqué. En fait, j’aimerais expliquer l’affaire à quelqu’un de compétent. Immédiatement, j’ai bien senti qu’elle était offusquée. Comme si je lui donnais l’impression qu’elle n’était pas qualifiée et puis, dommage pour elle, elle n’entendrait pas la suite de mon histoire. – Nos détectives sont très occupés, répliquat-elle d’une voix sèche. Ils sont tous en ligne. Je lui dis que je pouvais attendre. Elle répondit d’un air contraint qu’elle allait voir ce qu’elle pouvait faire pour moi. Mais je doutais que quiconque puisse m’aider. Si j’avais composé le numéro de l’agence Périgot, c’est que je n’avais pas d’autre solution. C’était ma dernière chance. Une voix à l’accent slave m’arracha de mes pensées : – Allô ? Ici le détective Mosconi. C’est quoi, cette histoire ? Le type devait avoir la cinquantaine. Le genre d’homme à ne pas se laisser marcher sur les pieds. J’ai simplement expliqué que je voulais prendre rendez-vous. À cause des écoutes téléphoniques, je préférais ne pas en dire plus. – Et sans vouloir vous vexer, grogna-t-il, vous avez quel âge ? – Douze ans. Mais je ne vois pas ce que ça change. Vous feriez mieux de me prendre au sérieux. Le type a certainement posé les pieds sur son 9
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bureau, s’est basculé en arrière et a soufflé un grand coup vers le plafond. – Je ne suis pas une garderie, dit-il enfin. L’envie me prit de raccrocher. Mais je n’avais pas le choix. – Regardez Le Parisien de mercredi dernier, page 8. Je vous rappelle dans un quart d’heure. Ensuite, j’ai raccroché. J’avais fait l’erreur du siècle.
- 2 L’après-midi même, à seize heures précises, j’attendais comme prévu dans un café du quartier des Halles à Paris. Je scrutais la foule et essayais d’imaginer l’allure de mon détective. Je dévisageais les passants en faisant des pronostics. Un froid soleil de décembre arrosait timidement la place et j’en étais à mon deuxième Coca lorsque quelqu’un posa sa main sur mon épaule. – Alexis ? demanda-t-il. Le type n’avait rien de spécial. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais presque déçu. Taille moyenne, visage quelconque, blouson et pantalon de velours. Rien à voir avec Humphrey Bogart et son légendaire imperméable. Il a tiré une chaise et s’est assis près de moi. – Je te préviens, déclara-t-il en allumant une cigarette avec un briquet tempête, je n’ai pas de temps à perdre. 10
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Il posa devant lui Le Parisien, avec l’article bien en vue souligné au marqueur fluorescent. – Alors ? continua-t-il sans me regarder. – Ce n’est pas si simple. – Je m’en doute. C’est bien pour ça que je me suis déplacé. J’espère que ton affaire en vaudra la peine. Il fit signe au serveur et commanda une bière d’un ton sec. – Tu n’as qu’à commencer par le début, d’accord ? Il en avait de bonnes, le détective. Le début, ce n’était pas facile. C’était même particulièrement compliqué… et la raison pour laquelle j’avais besoin de lui. Je fixai l’article que je connaissais par cœur. La semaine précédente, on avait repêché un corps dans la Seine, sous le Pont-Neuf. Un homme d’une trentaine d’années dont on ne connaissait pas encore l’identité. La dépouille avait séjourné si longtemps dans l’eau qu’il était pour l’instant difficile d’être précis. Tout ce que je savais, c’était qu’à la lecture de l’article, mon père avait blêmi. Ensuite, il m’avait collé chez ma mère et depuis, plus de nouvelles… Le type surprit le regard que je lui jetai à la dérobée. C’est ainsi que je vis ses yeux. Petits et perçants. Rien de bon, à première vue. – Mon père a disparu, balbutiai-je. Il sourit. Ses dents étaient gâtées. – D’habitude, ricana-t-il, ce sont les enfants qui 11
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disparaissent. Quel est le rapport avec ce cadavre ? Pourquoi as-tu parlé d’un meurtre ? Des corps, au cas où tu ne serais pas au courant, on en repêche souvent. Et celui-là, ça faisait deux mois qu’il était dans la flotte ! – Comment le savez-vous ? Ce n’est pas écrit dans le journal ! Il parut presque gêné, mais se reprit aussitôt : – Tu vois, petit, on ne dit pas tout à la presse. Quelquefois, pour les besoins d’une enquête, on tait certaines informations. Tu piges ? Je n’aimais pas trop le ton sur lequel il s’adressait à moi. Il semblait crispé, tendu, quasi menaçant. Le serveur posa une bière sur la table. Le détective retourna alors prestement le journal, comme s’il était embarrassé que quelqu’un d’autre puisse le remarquer. – Je ne suis pas sûr d’avoir assez pour vous payer, ajoutai-je pour gagner du temps. Je n’étais plus du tout persuadé de vouloir lui expliquer mon affaire. Quelque chose, dans son attitude, me poussait à la méfiance. Quelque chose d’indéfinissable. – Ne t’occupe pas de ça, enchaîna-t-il. Dis-moi plutôt ce que tu as à voir avec ce meur… enfin, cette histoire. – Écoutez, je crois que vous devriez laisser tomber. Je vais me débrouiller autrement… Il se raidit et cessa soudain de dissimuler ses intentions malveillantes. Il planta un sale regard droit dans le mien. Et enfin, je compris ce qui n’al12
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lait pas : ce type n’avait pas d’accent. Ce n’était pas à lui que j’avais parlé au téléphone. – Te débrouiller autrement ? grinça-t-il dans un mauvais sourire. Ah non, pas du tout. Maintenant, il va falloir tout me dire. Et d’abord, où est ton père ? – Finalement, il vaut mieux que j’appelle la police, soufflai-je en me levant. Il a posé la main sur mon bras en serrant fort. – La police, déclara-t-il en brandissant une carte tricolore, ça tombe bien, c’est moi !
- 3 Ce que j’ai peut-être oublié de vous dire, c’est que je ne suis pas du genre à me laisser faire. Je tiens peut-être cela de mon père. Un vrai aventurier. Toujours est-il que pour m’impressionner, malgré mon âge, il faut se lever de bonne heure. Mais quand j’ai vu la carte, puis la crosse du pistolet qui dépassait de sous la veste, mon cœur a fait un bond. Et moi aussi. Alors je ne sais pas ce qui m’a pris, moi qui n’avais rien à me reprocher, mais j’ai détalé comme un lapin. La table se renversa, j’entendis fulminer derrière moi et, avant que le feu ne passe au rouge, j’avais traversé la rue, slalomant entre les voitures qui pilaient pour m’éviter. Un vrai bazar ! Les gens s’invectivaient, klaxonnaient à tout rompre, tandis que j’atteignais le trottoir d’en face. 13
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Je ne me retournai pas pour voir si j’étais suivi. Je savais que c’était le cas. Le soi-disant détective était à mes trousses. C’est tout juste si je ne sentais pas son souffle. Ses pas claquaient méchamment sur la chaussée. Les passants s’arrêtaient pour nous regarder cavaler ; mais, mètre après mètre, je gagnais du terrain. J’ai rejoint le Forum et j’ai plongé par les escalators qui s’enfoncent dans les entrailles des galeries marchandes. À chaque instant, je m’attendais à ce qu’il se mette à hurler quelque chose du genre : « Police ! Arrêtez cet enfant ! », mais j’avais sans doute vu trop de films. Il ne disait rien. Il se contentait de me coller au train, décidé, tenace.
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