Édition et iconographie : Françoise Ancey Direction artistique : Isabelle Mayer, Armelle Riva et Laurent Deshayes Mise en page : François Egret pour Amulette Fabrication : Tatiana Fache et Thierry Dubus Film : Les grands jours du siècle, Europe Images international © Une production Gaumont 1999 Prémastéring : Studio DVDPartners Un grand merci à Camille Ledeux pour ses relectures très précieuses ! © 2012 Fleurus Éditions Dépôt légal : octobre 2012 ISBN : 978 2 215 10802 3 Code MDS : 591435 N° d’édition : M 12 155 1re édition Photogravure : Turquoise Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie Proost, Belgique. Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.
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Petit mode d’emploi… « Chaque communiste doit assimiler cette vérité : le pouvoir est au bout du fusil. » Mao
Un texte introductif ouvre la double page sur le thème abordé.
Le Grand Timonier
Mao Zedong (1893-1976) Initiateur de la révolution communiste en Chine, le héros de la Longue Marche marque profondément son pays en le dirigeant d’une poigne de fer. Fondateur d’un État moderne, Mao est aussi un dirigeant totalitaire, responsable de millions de morts.
En 1966, les jeunes gardes rouges profitent d’une pause pour s’imprégner des paroles de Mao, écrites dans le Petit Livre rouge.
Maître de la Chine
L ’ H I STO I R E
Le 1er octobre 1949, Mao proclame à Pékin l’avènement de la République populaire de Chine. Il s’adresse à la foule depuis le balcon de la porte de la Paix céleste, entre l’ancienne cité impériale et la place Tien An Men. C’est le point final d’une bataille sans merci menée depuis une vingtaine d’années contre Tchang Kaï-chek, le chef du parti nationaliste. Leur trêve, scellée entre 1937 et 1945 pour s’allier face à l’envahisseur nippon, a volé en éclat, dès la capitulation japonaise. Après 4 ans de lutte, l’Armée populaire de libération de Mao remporte la victoire. Le communisme chinois est au pouvoir : Tchang Kaï-chek se réfugie à Formose (aujourd’hui Taïwan) sous la protection de la flotte américaine.
Une autre révolution
La Constitution de 1954 définit la Chine comme « un État démocratique populaire, conduit par la classe ouvrière et fondé sur l’alliance des ouvriers et des paysans. » Le processus de collectivisation* est en marche. Longtemps proche de l’URSS, Mao rompt avec le modèle soviétique pour chercher une voie chinoise originale. Président du Conseil puis de la République, il met en place en 1958 sa politique du « Grand Bond en avant » en exigeant des 500 millions de paysans leur participation à l’industrialisation forcenée du pays. Son objectif utopique est de dépasser la production industrielle britannique en 15 ans. Le résultat est désastreux. La Chine souffre bientôt de la plus grande famine du siècle qui tue près de 30 millions de Chinois. Écarté de la présidence de la République en 1959, Mao reste à la tête du parti et prépare sa revanche.
Une très longue marche vers le pouvoir
En 1966, Mao reprend l’initiative avec l’appui de la jeunesse et de l’armée qui forment les gardes rouges. C’est la Révolution culturelle qui remet violemment en cause la société chinoise. Au début, ces étudiants, pour la plupart, reçoivent une totale liberté d’action. Dans toutes les régions de la Chine, ils se déversent par trains entiers et répandent les idées de Mao, compilées dans le Petit Livre rouge (voir encadré). Mais les jeunes gardes malmènent, humilient et emprisonnent les cadres du parti, intellectuels, paysans enrichis, enseignants, et adversaires politiques du Grand Timonier. Fin stratège, Mao remet de l’ordre dans un pays au bord de la guerre civile en freinant les violences des gardes rouges et en les faisant arrêter par l’armée dès 1967. Il redevient ainsi le maître absolu de la Chine.
Affiche de propagande*, pendant la Révolution culturelle. « Allons vaillamment de l’avant, en suivant de près le président Mao, notre grand dirigeant ! »
Une frise déroulée sur l’ensemble du livre, apporte des informations en rapport avec la double page.
Fils de paysan aisé, aide bibliothécaire à l’université de Pékin, Mao, 28 ans, converti au marxisme*, participe à la fondation du Parti communiste en 1921 et devient membre du Comité central. À la tête d’une petite armée, il mène dès la fin des années 1920 une guerre civile contre les troupes nationalistes de Tchang Kaï-chek. Le rapport des forces lui est défavorable. Il doit renoncer et bat en retraite en 1934. Avec plus de 100 000 hommes, il traverse la Chine du sud au nord, en effectuant un long crochet par le sud-ouest, avant de se réfugier dans le Shanxi, une province montagneuse isolée du Nord-Ouest, position stratégique favorable. C’est la Longue Marche qui dure plus d’une année. Après un parcours de près de 10 000 km, les soldats de Mao échappent aux troupes de Tchang Kaï-chek. Ils ne sont plus que 20 000 survivants à l’automne 1935, mais Mao a gagné à sa cause les paysans des régions traversées.
LE PETIT LIVRE ROUGE Recueil de citations du président Mao, ce petit carnet est diffusé à plus d’un milliard d’exemplaires dans le pays. Tous les Chinois sont censés le posséder et en connaître des passages par cœur. Le nom de Petit Livre rouge, attribué aux pensées de Mao en Occident, n’a jamais été utilisé en Chine. Mao, en route pour le Shanxi, en 1935.
Des légendes permettent de replacer les documents dans leur contexte.
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1956 Suite à de vives tensions, Mao tente une timide libéralisation et lance la « campagne des Cent Fleurs ». Il encourage chacun à juger les défauts du régime avant de se raviser, dès février 1957, et de réprimer ceux qui se sont livrés à la critique publique.
Mars 1959 Grande manifestation populaire au Tibet où la foule demande l’indépendance. Accusé d’avoir organisé ce mouvement anti-chinois, le dalaï lama est contraint de s’exiler : il installe le siège de son gouvernement dans le nord de l’Inde. Il y est toujours.
26 octobre 1971 Admission de la Chine à l’Organisation des Nations unies. Pékin obtient le siège détenu depuis 1949 par Taïwan.
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9 décembre 1976 Atteint de la maladie de Parkinson, Mao meurt à 82 ans sans avoir désigné de successeur. Une année plus tard, le XIe Congrès du parti proclame officiellement la fin de la Révolution culturelle.
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Des encadrés proposent un éclairage particulier sur un thème précis.
Les pictogrammes de la frise aident à identifier la nature de l’information :
Politique
Militaire
Mort naturelle
Culture
Musique
Sciences et industries
Sciences et techniques
Le savais-tu ?
Religion
Droit de vote
Économie
Records
Architecture
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Crimes et morts accidentelles
Répression
Animaux
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Sommaire 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40
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Lénine Benito Mussolini Explorateurs et aventuriers Mustafa Kemal Les scientifiques Staline Les génies des arts plastiques Mohandas Gandhi Franklin Delano Roosevelt Les inventeurs du quotidien Adolf Hitler Hommes et femmes de lettres Winston Churchill Combattantes et pionnières David Ben Gourion Les grandes figures spirituelles Mao Zedong Les icônes
42 44 46 48 50 52 54 56 58 60 62 64 66 68 70 72 74 76
Gamal Abdel Nasser Rock et pop stars Kwame Nkrumah Les génies du cinéma Charles de Gaulle John Fitzgerald Kennedy Les rebelles Martin Luther King Les grands sportifs Indira Gandhi Pol Pot Les entrepreneurs du siècle Yasser Arafat Mikhaïl Gorbatchev Ils ont soigné l’humanité ! Nelson Mandela Les personnages fictifs Lexique
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Explorateurs et aventuriers Scientifiques, écrivains voyageurs, conquérants des airs, des cimes inviolées, des terres inhospitalières, des profondeurs ou de l’espace, ces hommes et ces femmes ont repoussé les limites de la connaissance de notre planète. Alexandra David-Neel (1868-1969) Charles Lindbergh (1902-1974)
L ’ H ISTO I R E
Le 20 mai 1927, Charles Lindbergh quitte New York pour un projet fou : le premier vol New York-Paris sans escale. Il est seul à bord du Spirit of Saint Louis, un monoplan de 1 025 kg qu’il a allégé en n’emportant ni radio ni parachute. Après avoir parcouru 5 800 km au-dessus de l’Atlantique et lutté contre le sommeil, il arrive après 33 h 27 min et se pose sur l’aéroport du Bourget devant 200 000 personnes en liesse. L’aigle solitaire entre dans la légende. Mais celle-ci va se noircir. En 1932, après l’enlèvement et l’assassinat de son fils de 18 mois, Lindbergh sombre dans le désespoir. Puis il refuse l’intervention américaine dans la Seconde Guerre mondiale et se laisse séduire par les nazis. Il change de position dès l’attaque de Pearl Harbour en 1941 et assure alors de nombreuses missions dans le Pacifique.
Cantatrice professionnelle, écrivain, Alexandra David-Neel étudie les langues orientales avant de partir pour un voyage de 18 mois en Chine, en Inde et au Japon. Elle y reste 14 ans. Dans l’État du Sikkim, dans l’Himalaya, elle rencontre le jeune moine tibétain Aphur Yongden et l’adopte. Tous deux se retirent dans un monastère près de la frontière du Tibet où ils tentent de rentrer sans autorisation. Après un premier échec, ils repartent. Le 28 janvier 1924, déguisée en mendiante et le visage enduit de suie, elle est la première femme occidentale à entrer dans Lhassa, la capitale du Tibet, alors interdite aux étrangers. À son retour en Europe, elle est accueillie comme une héroïne !
Roald Amundsen (1872-1928) et Robert Scott (1868-1912) Au début du XXe siècle, deux rivaux, le Norvégien Roald Amundsen et le Britannique Robert Falcon Scott, partent chacun de leur côté à la conquête du pôle Sud. Le Scandinave, qui s’inspire des techniques de survie des Esquimaux, avec ses vêtements en peau de phoque et ses traîneaux à chiens, plante son drapeau le premier le 14 décembre 1911. Pour l’équipe de Scott, l’expédition est un calvaire. Lorsqu’ils arrivent le 16 janvier 1912, leur déception est immense. Amundsen les a précédés et leur a laissé un mot : « Avec mes meilleurs vœux, je vous souhaite un bon retour ! » Et celui-ci sera terrible. Deux hommes succomberont au retour, trois mourront, gelés, sous la tente en mars. Le corps de Scott ne sera retrouvé qu’en novembre.
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25 juillet 1909 Le Français Louis Blériot est le premier à traverser la Manche en avion : il relie Calais (France) à Douvres (Angleterre) en 37 min ! Le journal anglais Daily Mail lui remet la récompense de 25 000 francs-or promise au pilote capable de réaliser cet exploit.
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3 juin 1950 Pour la première fois de l’histoire, un sommet himalayen à plus de “8 000 m” d’altitude, l’Annapurna, est gravi par les Français Maurice Herzog et Louis Lachenal. Herzog en revient avec les doigts et les orteils gelés, mais lui et son ami sont devenus de véritables héros !
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Les Piccard L’aventure est inscrite dans les gènes de cette famille suisse. En 1932, Auguste Piccard, né en 1884, s’élève à 16 201 m avec son ballon, le FNRS 1, pour le premier vol dans la stratosphère. Son génie créatif et son physique inspireront d’ailleurs son voisin bruxellois Hergé, quand il imaginera le professeur Tournesol. En 1960, son fils Jacques, à bord du bathyscaphe Trieste, conçu par le père, atteint avec l’Américain Don Walsh le point le plus profond de l’océan dans la fosse des Mariannes : 10 916 m, l’Everest sous-marin ! Un exploit presque unique, car seul James Cameron, le réalisateur américain d’Avatar, est descendu aussi bas le 26 mars 2012 ! Et le petit-fils Bertrand poursuit la tradition familiale en effectuant en 1999 le premier tour du monde en ballon sans escale !
Edmund Hillary (1919-2008) 29 mai 1953. Le sherpa népalais Tenzing Norgay et l’alpiniste néo-zélandais Edmund Hillary viennent d’atteindre le sommet de l’Everest, à 8 850 m, avec une expédition britannique. Le rêve de centaines d’alpinistes est enfin vaincu ! « Il n’y eut soudain plus rien autour de moi que l’espace dans toutes les directions. Nous étions debout sur l’Everest. » Après 15 minutes sur le toit du monde, au cœur du massif de l’Himalaya, les deux hommes repartent vers les camps intermédiaires où les attendent 350 porteurs, 21 sherpas et 11 autres alpinistes. Hillary s’implique par la suite beaucoup pour le peuple sherpa en soutenant la construction d’écoles et d’hôpitaux.
Neil Armstrong (1930) et Edwin Aldrin (1930) 21 juillet 1969, 21 h 17 (heure française) : Neil Armstrong pose le pied sur la Lune et s’exclame : « C’est un petit pas pour l’homme mais un bond de géant pour l’humanité. » Quelques minutes plus tard, Edwin Aldrin le rejoint et plante le drapeau américain dans le sol lunaire. Apollo 11 reste 22 heures sur la Lune avant de repartir vers la Terre. La bataille de l’espace qui oppose les États-Unis à l’URSS vient d’être remportée par les Américains. C’est un triomphe ! Modeste, Armstrong retrouve l’anonymat en devenant responsable des activités aéronautiques de la Nasa, puis professeur de l’université de Cincinnati.
1952 Pour expérimenter les conditions de survie en mer, le médecin Alain Bombard traverse l’Atlantique en solitaire sur un canot. Pendant 65 jours, il se nourrit de plancton et boit de l’eau de mer, de pluie ou extraite des poissons qu’il presse !
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12 avril 1961 Le Soviétique Youri Gagarine est le premier homme à voler dans l’espace à bord de la capsule Vostok 1. Il effectue un tour complet de la Terre à 28 000 km/h en 108 min. Ce vol historique lui vaut une célébrité planétaire ! Sept ans plus tard, il se tue dans le crash de son avion de chasse.
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Les génies des arts plastiques Peintres ou architectes, ils ont révolutionné les arts au XXe siècle. Leurs œuvres engagées, politiques ou poétiques ont aussi contribué à leur manière à changer le monde.
Le Corbusier (1887-1965)
L ’ H IS T O IR E
Architecte, urbaniste, peintre, sculpteur, créateur de meubles et de tapisseries, Le Corbusier se passionne pour tous les moyens d’expression. Après avoir longtemps construit des villas commandées par de riches mécènes, il s’intéresse aux problèmes de l’urbanisme et particulièrement à ceux de l’habitat collectif. Le symbole de ses édifices multifonctions est l’immeuble de la Cité radieuse, à Marseille, surnommée par les Phocéens « La maison du fada ». Comme un village vertical, cet immense bâtiment abrite des appartements, des bureaux, un hôtel, des magasins, mais aussi un gymnase et une école.
Pablo Picasso (1881-1973) Inspiré par Cézanne et par l’art africain, Picasso bouleverse l’histoire de la peinture avec l’aventure cubiste initiée avec Georges Braque. En 1907, sa toile Les Demoiselles d’Avignon fait scandale : les techniques de collage, les décompositions géométriques et les couleurs fascinent les amateurs d’art éclairés, mais révoltent le plus grand nombre. Militant de gauche, proche des républicains espagnols, il réalise une œuvre artistique et politique majeure avec Guernica : il représente ce petit village basque dévasté par les bombes de l’aviation allemande à la demande de Franco. Fécond et productif, Picasso, qui est aussi sculpteur, céramiste et graveur, peut créer plusieurs œuvres par jour. Son héritage comporte plus de 60 000 pièces. « En peinture, on peut tout essayer. On a le droit même. À condition de ne jamais recommencer. »
Salvador Dalí (1904-1989) Artiste excentrique, Salvador Dalí est l’une des figures emblématiques du mouvement surréaliste* et l’auteur d’une œuvre très diverse, où les mondes réels et irréels se côtoient sans cesse. Adorant se donner en spectacle, il n’hésite pas à faire de la publicité pour le chocolat et se montre capable de déclarations parfaitement immodestes : « Les événements les plus importants qui puissent arriver à un peintre contemporain sont au nombre de deux : 1. Être espagnol ; 2. S’appeler Gala Salvador Dalí [Gala est sa muse et sa femme]. Ces deux choses me sont arrivées à moi. Comme mon propre nom de Salvador l’indique, je suis destiné à rien de moins que sauver la peinture moderne de la paresse et du chaos. »
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Années 1910 Marcel Duchamp utilise sans les transformer des objets du quotidien, roues de bicyclettes, porte-bouteilles, urinoirs… Selon le plasticien, ils sont considérés comme des œuvres d’art, car ils ont été choisis ainsi par les artistes.
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1959 Œuvre de l’architecte Frank Lloyd Wright, le musée Guggenheim de New York rompt la monotonie rectiligne de Manhattan avec un édifice rond où les œuvres sont exposées le long d’une spirale de 400 m sous une coupole de verre.
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Frida Kahlo (1907-1954) En 1925, cette jeune Mexicaine est victime d’un terrible accident de bus. Sa colonne vertébrale est brisée. Sanglée dans des corsets, elle lutte contre la douleur par la peinture où elle dévoile sa vie à travers de nombreux autoportraits et des œuvres naïves. « Je n’ai jamais peint mes rêves, j’ai peint ma réalité. » Convalescente, elle rencontre Diego Rivera, surnommé « le Picasso du Nouveau Monde », et vit avec lui une relation tumultueuse pendant 29 ans. Jusqu’à sa mort, Frida Kahlo continue de peindre les blessures de son corps meurtri et laisse une œuvre forte et colorée qu’André Breton, le pape du mouvement surréaliste, compare à « un ruban noué autour d’une bombe ».
Keith Haring (1958-1990) Comme Jean-Michel Basquiat, ce peintre américain fait entrer le graffiti dans le monde de l’art. Les plus grandes galeries exposent ses peintures et sculpturestotems. Avant sa mort brutale du sida, il peint ses personnages, silhouettes et symboles (croix, cœurs, triangles) sur ses toiles, mais aussi les murs ou les corps. En 1986, il ouvre un magasin à New York pour y commercialiser ses œuvres reproduites sur des tee-shirts, des cartes postales ou des verres.
Andy Warhol (1928-1987) Dessinateur de mode et de publicité, inspiré par l’univers de la bande dessinée, ce fils d’émigrés tchèques devient la figure de proue du « pop art », un art inspiré par la société de consommation américaine des années 1960. Dès 1962, il réalise des toiles représentant des billets de banque, des boîtes de conserve Campbell’s Soup, des bouteilles de Coca Cola, mais aussi des portraits d’Elvis Presley, de Marilyn Monroe, Mao ou encore Mohammed Ali. Incroyable créateur, il réalise également des films et fonde la Factory, un lieu de fête et de création qui accueille de nombreux artistes marginaux de New York.
21 avril 1960 Créée au cœur du Brésil dans une zone déserte, par l’urbaniste Lúcio Costa et l’architecte Oscar Niemeyer, Brasília est inaugurée ! Complètement révolutionnaire par ses édifices et son plan, la nouvelle capitale a la forme d’un avion.
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1988 Après 3 ans de travaux, l’architecte américain d’origine chinoise Yan Pei-Ming livre la pyramide de la cour centrale du Louvre. Elle est formée de 603 losanges et 70 triangles de verre transparent.
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« Nous voulons que cet État et ce Reich perdurent des millénaires. » Hitler
Adolf Hitler (1889-1945) Étudiant médiocre, peintre raté, agitateur politique marginal, Adolf Hitler devient un homme d’État extraordinairement populaire et plonge l’Europe entière dans le chaos.
L ’ H ISTO I R E
Un dictateur élu Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier du Reich par le vieux maréchal Paul von Hindenburg, président de la République. Son Parti national-socialiste (nazi) est devenu la première force du pays, marqué par l’instabilité ministérielle et la crise économique : 2 millions de chômeurs, début 1929, 6 millions dans l’hiver 1931-1932. Cinq ans plus tôt, les nazis n’avaient pourtant recueilli que 2,6 % des suffrages. Les hommes politiques conservateurs, les banquiers et les grands industriels, qui ont porté Hitler au pouvoir, veulent se servir du ”Führer” (guide), pour enrayer la menace communiste et ils n’imaginent pas un seul instant qu’Hitler réalisera exactement ce qu’il a annoncé dans son ouvrage Mein Kampf. À la mort du président allemand, en août 1934, Hitler est à la fois chef de l’État, du gouvernement et du Parti nazi. La machine démoniaque est déjà lancée.
Le culte de la personnalité En quelques années, Hitler est devenu le héros d’une Allemagne à la recherche de l’homme providentiel, capable de lui rendre son prestige après le désastre de la Première Guerre mondiale et l’humiliation du traité de Versailles. Sous l’autorité de Goebbels, le tout-puissant ministère de la Propagande* présente Hitler comme un chef de guerre capable de redonner des frontières plus larges à la grande Allemagne. Doué d’une éloquence peu commune, Hitler met en scène des spectacles voués à son culte qui trouvent leur apogée lors des congrès annuels du Parti nazi à Nuremberg entre 1933 et 1945 et lors des Jeux olympiques de Berlin en 1936. Pendant une semaine, les défilés parfaitement ordonnés ou les étendards aux croix gammées exaltent la discipline du régime et l’union sans faille entre le peuple allemand et son Führer tout-puissant.
Parade d’Hitler, lors du congrès de Nuremberg, en 1938.
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Novembre 1923 Hitler tente de prendre le pouvoir à Munich lors du putsch de la brasserie. Arrêté, il est emprisonné dans la forteresse de Landsberg où il dicte à son secrétaire, Rudolf Hess, Mein Kampf (Mon combat), un livre à la fois autobiographique et véritable programme politique.
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Avril 1933 Création de la Gestapo, la police politique du Parti national socialiste, par Goering. Elle sera réorganisée par Himmler en 1936. Ses méthodes atroces basées sur la torture font régner la terreur dans les pays occupés.
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LES CAMPS DE CONCENTRATION Construits dès 1933 pour interner les opposants politiques des nazis, les homosexuels ou les asociaux, ces camps de travail prolifèrent après le début de la guerre pour enfermer les résistants de toute l’Europe. Après 1942, les nazis construisent six camps de la mort où sont gazés les déportés dès leur arrivée : Belzec, Chelmno, Sobibor, Treblinka, Auschwitz-Birkenau et Majdanek qui abritent aussi des unités de travail.
La chute
« Notre espace, c’est l’Europe. Celui qui la conquerra marquera de son empreinte le siècle à venir. Nous sommes désignés pour cette tâche. » Hitler, 1933
Le persécuteur
De 1939 à 1942, Hitler remporte une série de victoires sur tous les fronts. Seule l’Angleterre (voir p. 30-31) parvient à résister aux attaques de la puissante Wehrmacht. Le 22 juin 1941, Hitler rompt le traité de non-agression signé avec Staline et attaque l’Union soviétique. En quelques mois, les forces allemandes sont devant Moscou, mais elles doivent bientôt reculer devant l’Armée rouge. C’est le tournant de la guerre. Le 8 novembre 1942, les forces anglo-américaines débarquent au Maroc et en Algérie, et pendant l’hiver 19421943, l’armée allemande subit un désastre à Stalingrad face aux Russes. Affaibli par les attaques des Alliés et les résistances intérieures, le Reich ne va plus cesser de se disloquer jusqu’au suicide d’Hitler et la chute de Berlin en mai 1945.
Dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler, les juifs souffrent de brimades quotidiennes : leurs livres sont brûlés, leurs magasins boycottés, et ils sont peu à peu exclus de la société. À partir de 1935, les lois de Nuremberg privent les juifs de la citoyenneté allemande et leur interdit d’épouser ou de fréquenter des « Aryens », les « citoyens de race pure ». Le sinistre processus continue. En 1939, les juifs de Pologne sont parqués dans des ghettos, des quartiers dont ils ne peuvent sortir. Trois ans plus tard, le 20 janvier 1942, à Wannsee, le nazi Reinhard Heydrich rationalise la mise en œuvre de la « Solution finale de la question juive » qui officialise l’extermination des juifs d’Europe. Mais la Shoah* avait pourtant déjà commencé lors de l’invasion en Pologne, en 1939, puis de manière systématique sur le front de l’Est dès juin 1941. Près de 800 000 juifs de l’Est sont fusillés par les Einsatzgruppen en 6 mois principalement en Ukraine, en Biélorussie, et dans les pays Baltes. Les historiens estiment qu’au total, de 1939 à 1945, le nombre de victimes juives du régime nazi oscille entre 5 et 6 millions. Femmes et enfants juifs, tous ici ont été déportés dans le plus grand camp d’extermination du Troisième Reich : Auschwitz.
9-10 novembre 1938 Lors de la Nuit de cristal, les nazis agressent les juifs, pillent leurs entreprises et incendient plus de 1 000 synagogues. Hitler ne songe pas encore à leur extermination, juste à les déporter à Madagascar…
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30 avril 1945 Deux jours avant la prise totale de Berlin par les Russes, Adolf Hitler et sa maîtresse Eva Braun se suicident dans leur bunker. Leurs cadavres, probablement brûlés, ne seront jamais retrouvés.
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« Chaque communiste doit assimiler cette vérité : le pouvoir est au bout du fusil. » Mao
Mao Zedong (1893-1976) Initiateur de la révolution communiste en Chine, le héros de la Longue Marche marque profondément son pays en le dirigeant d’une poigne de fer. Fondateur d’un État moderne, Mao est aussi un dirigeant totalitaire, responsable de millions de morts.
Maître de la Chine Le 1er octobre 1949, Mao proclame à Pékin l’avènement de la
L ’ H ISTO I R E
République populaire de Chine. Il s’adresse à la foule depuis le balcon de la porte de la Paix céleste, entre l’ancienne cité impériale et la place Tien An Men. C’est le point final d’une bataille sans merci menée depuis une vingtaine d’années contre Tchang Kaï-chek, le chef du parti nationaliste. Leur trêve, scellée entre 1937 et 1945 pour s’allier face à l’envahisseur nippon, a volé en éclat, dès la capitulation japonaise. Après 4 ans de lutte, l’Armée populaire de libération de Mao remporte la victoire. Le communisme chinois est au pouvoir : Tchang Kaï-chek se réfugie à Formose (aujourd’hui Taïwan) sous la protection de la flotte américaine.
Une très longue marche vers le pouvoir Fils de paysan aisé, aide bibliothécaire à l’université de Pékin, Mao, 28 ans, converti au marxisme*, participe à la fondation du Parti communiste en 1921 et devient membre du Comité central. À la tête d’une petite armée, il mène dès la fin des années 1920 une guerre civile contre les troupes nationalistes de Tchang Kaï-chek. Le rapport des forces lui est défavorable. Il doit renoncer et bat en retraite en 1934. Avec plus de 100 000 hommes, il traverse la Chine du sud au nord, en effectuant un long crochet par le sud-ouest, avant de se réfugier dans le Shanxi, une province montagneuse isolée du Nord-Ouest, position stratégique favorable. C’est la Longue Marche qui dure plus d’une année. Après un parcours de près de 10 000 km, les soldats de Mao échappent aux troupes de Tchang Kaï-chek. Ils ne sont plus que 20 000 survivants à l’automne 1935, mais Mao a gagné à sa cause les paysans des régions traversées.
LE PETIT LIVRE ROUGE Recueil de citations du président Mao, ce petit carnet est diffusé à plus d’un milliard d’exemplaires dans le pays. Tous les Chinois sont censés le posséder et en connaître des passages par cœur. Le nom de Petit Livre rouge, attribué aux pensées de Mao en Occident, n’a jamais été utilisé en Chine. Mao, en route pour le Shanxi, en 1935.
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1956 Suite à de vives tensions, Mao tente une timide libéralisation et lance la « campagne des Cent Fleurs ». Il encourage chacun à juger les défauts du régime avant de se raviser, dès février 1957, et de réprimer ceux qui se sont livrés à la critique publique.
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Mars 1959 Grande manifestation populaire au Tibet où la foule demande l’indépendance. Accusé d’avoir organisé ce mouvement anti-chinois, le dalaï lama est contraint de s’exiler : il installe le siège de son gouvernement dans le nord de l’Inde. Il y est toujours.
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Le Grand Timonier
Une autre révolution
La Constitution de 1954 définit la Chine comme « un État démocratique populaire, conduit par la classe ouvrière et fondé sur l’alliance des ouvriers et des paysans. » Le processus de collectivisation* est en marche. Longtemps proche de l’URSS, Mao rompt avec le modèle soviétique pour chercher une voie chinoise originale. Président du Conseil puis de la République, il met en place en 1958 sa politique du « Grand Bond en avant » en exigeant des 500 millions de paysans leur participation à l’industrialisation forcenée du pays. Son objectif utopique est de dépasser la production industrielle britannique en 15 ans. Le résultat est désastreux. La Chine souffre bientôt de la plus grande famine du siècle qui tue près de 30 millions de Chinois. Écarté de la présidence de la République en 1959, Mao reste à la tête du parti et prépare sa revanche. En 1966, les jeunes gardes rouges profitent d’une pause pour s’imprégner des paroles de Mao, écrites dans le Petit Livre rouge.
26 octobre 1971 Admission de la Chine à l’Organisation des Nations unies. Pékin obtient le siège détenu depuis 1949 par Taïwan.
En 1966, Mao reprend l’initiative avec l’appui de la jeunesse et de l’armée qui forment les gardes rouges. C’est la Révolution culturelle qui remet violemment en cause la société chinoise. Au début, ces étudiants, pour la plupart, reçoivent une totale liberté d’action. Dans toutes les régions de la Chine, ils se déversent par trains entiers et répandent les idées de Mao, compilées dans le Petit Livre rouge (voir encadré). Mais les jeunes gardes malmènent, humilient et emprisonnent les cadres du parti, intellectuels, paysans enrichis, enseignants, et adversaires politiques du Grand Timonier. Fin stratège, Mao remet de l’ordre dans un pays au bord de la guerre civile en freinant les violences des gardes rouges et en les faisant arrêter par l’armée dès 1967. Il redevient ainsi le maître absolu de la Chine.
Affiche de propagande*, pendant la Révolution culturelle. « Allons vaillamment de l’avant, en suivant de près le président Mao, notre grand dirigeant ! »
9 décembre 1976 Atteint de la maladie de Parkinson, Mao meurt à 82 ans sans avoir désigné de successeur. Une année plus tard, le XIe Congrès du parti proclame officiellement la fin de la Révolution culturelle.
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