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Interview du Président
from Guide Osiris 2023
by FFVoile
JEAN-LUC DENéCHAU PRéSIDENT DE LA FF VOILE
Propos recueillis par Didier Ravon.
élu à la présidence de la Fédération Française de Voile en mars 2021, longtemps à la tête de la commission centrale d’arbitrage, Jean-Luc Denéchau connait les jauges et les données techniques utilisées. Il a toujours prôné le contrat de confiance entre coureurs, organisateurs et arbitres.
Pouvez-vous nous faire un bref bilan de l’année écoulée, tant sur les résultats sportifs de nos champions, que sur la pratique loisir qui semble-t-il a explosé cette année ?
Jean-Luc Denéchau (JLD) : Sur le plan de la haute performance, nous avons eu des résultats que l’on peut qualifier d’historiques, j’en veux pour preuve les quatre podiums mondiaux 2022 dans les dix séries olympiques. Il y a longtemps que ça n’était pas arrivé. Même si nous sommes un peu passés à côté de notre Championnat du monde IQFoil à Brest, nos jeunes que nous préparons pour les JO de 2028, ont été très brillants… et ont chatouillé celles et ceux qui préparent les Jeux Olympiques de Paris 2024 qui se dérouleront à Marseille. Les performances de Matisse Pacaud et Lucie de Gennes, champions d’Europe et du monde junior de 470 et au pied du podium au mondial sénior (4e) en sont l’une des preuves ! Concernant les pratiques sportives et l’aspect licences annuelles, on a retrouvé notre niveau de 2019 avec une progression de plus de 19 %. La pratique « adultes », est en progression de 15 %, mais nous n’avons pas encore totalement retrouvé les chiffres d’avant Covid, même si la courbe s’oriente dans le bon sens. Il y a une vraie dynamique dans notre sport, en particulier dans le domaine du loisir et de l’enseignement (les passeports). Nous faisons encore une très belle saison d’été et année 2022 (+ 11 %). Cela prouve que le « Sport voile » trouve un très bel écho chez nos concitoyens, ne serait-ce que par la bonne image qu’il véhicule (sport extérieur, détente, besoin de se ressourcer, lien avec l’environnement…).
Et le programme « La mer est à vous » permettant à des jeunes de se former aux métiers de la mer et de la voile ?
JLD: C’est un joli succès. On a vingt clubs qui sont maintenant dans le programme… Et ce sont plus de 200 jeunes formés qui sont en passe de trouver un emploi dans le domaine maritime. C’est un programme auquel je suis attaché et qui démontre le rôle et l’utilité de notre sport dans le domaine social et professionnel. Les voyants sont au vert.
Venons-en à Osiris en forte progression encore cette année. De plus en plus de régatiers utilisent ce système de temps compensé, que ce soit pour des régates de clubs (5c, 5b) ou de grandes classiques françaises comme le Spi Ouest France. OSIRIS attire de nombreux coureurs de très bon niveau. Vous l’expliquez comment ?
JLD : Mon sentiment, c’est qu’avec Osiris les gens ont envie de sobriété pour employer un mot à la mode… et Osiris répond à cette attente. Plusieurs systèmes de temps compensé co-existent, et ils ne s’opposent pas. Tous les utilisateurs de ces systèmes sont des pratiquants adhérents de notre mouvement. C’est aux organisateurs de
Les gens ont envie de sobriété, et Osiris répond “ à cette attente. ”
compétitions et aux participants de choisir. Le plus important est d’utiliser un système de handicap adapté aux concurrents que l’on accueille sur la compétition que l’on organise. Je constate toutefois qu’OSIRIS réussit habilement à allier simplicité et précision, dans une gamme de prix abordable. C’est probablement une des clés de sa réussite actuelle. Dans tous les cas, les utilisateurs semblent y trouver leur compte. C’est une jauge éprouvée, développée et optimisée par un centre de calcul professionnel et compétent d’une part, et par l’action quotidienne de bénévoles sur le terrain d’autre part. Ce travail qui marie le calcul et le constat de performances fait probablement d’OSIRIS l’un des meilleurs systèmes de temps compensé du monde. J’en profite pour saluer le formidable travail des membres de la commission OSIRIS et du Centre de Calcul qui œuvrent sous la coordination de Daniel Pillons (Président de la commission OSIRIS) au service de nos licenciés et pour leur plus grand plaisir.
On note que les régates en solo ou en équipage réduit sont en vogue. Est-ce dû à une évolution des pratiques où il devient difficile de réunir un équipage nombreux, ou alors « l’effet » Vendée Globe et Route du Rhum ?
JLD : Je pense que c’est un ensemble de facteurs… Et qui a été accéléré par la crise Covid. Depuis quelques années, les propriétaires-skippers peinent à trouver des équipages. De plus, l’évolution des carènes des bateaux a permis le développement des équipages réduits, tout en limitant l’impact sur la performance… Et régater en solo ou en double, dans l’imaginaire des gens, ne doit certainement pas être anodin. C’est pour moi quelque chose de sociétal qu’il est nécessaire d’accompagner et de développer, ce sera bon pour notre sport et pour l’industrie du nautisme. Il ne faut pour autant pas délaisser la pratique en équipage et s’attacher à trouver les leviers pour favoriser cette pratique. Avec le Pôle Course du Yacht Club de France (ex UNCL) c’est une ambition que nous partageons. J’espère que nous pourrons travailler de concert sur ce sujet. Les modes de fonctionnement évoluent avec les générations. Notre sport n’y échappe pas. Il est absolument nécessaire de s’adapter pour continuer à accueillir et fédérer le plus grand nombre de pratiquants et permettre à la voile de se développer et de rayonner en France comme à l’étranger. n