Palestine. La paix maintenant

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La paix maintenant !

Mission

F. G . T. B .

en

IsraĂŤl

et

en

Palestine


CO LO P H O N Editeur responsable André Mordant rue Haute 42, 1000 Bruxelles juin 2005 Photos Céline Moreau Françoise Vermeersch Pierre Vermeire Mise en page Aanzet / Making Magazines

Photo de couverture: à Jaffa, le ‘centre de coexistence’ de Na’amat, organisation de femmes de la Histadrout, réunit des enfants juifs et arabes chrétiens et musulmans.

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■ M i s s i o n F. G . T. B . e n I s r a ë l e t e n P a l e s t i n e■

La paix maintenant! Que pouvons nous faire pour la Palestine? Cette question est à l’origine de la mission syndicale dont nous rendons compte dans cette brochure. Il faut être deux pour faire la paix. C’est pourquoi nous avons voulu rencontrer tant le syndicat israélien Histadrout que le syndicat palestinien PGFTU. Tous deux sont en effet conscients de ce que l’amélioration de la condition des travailleurs qu’ils représentent passe par l’établissement d’une paix juste. Nous les remercions de leur accueil et de leur collaboration. Nos remerciements vont aussi aux responsables régionaux de l’O.I.T. et de l’Autorité Palestinienne qui ont accepté de répondre à nos questions. Merci aussi à l’Ambassade d’Israël à Bruxelles ainsi qu’à l’Association Belgo-palestinienne qui nous ont aidés dans l’organisation de la mission.

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Montée de la pauvreté

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Les dépenses militaires d’Israël pèsent sur le social. Un tiers des Israéliens vivraient dès à présent sous le seuil de pauvreté et leurs allocations de chômage, qui furent parmi les plus élevées du monde, sont désormais supprimées après trois ou six mois. Mais c’est évidemment en Palestine que la situation est la plus dramatique. Plus de 60 % de la population y vit sous le seuil de pauvreté et la moitié des jeunes y sont réduits à l’inactivité. D’où ce cri d’alarme lancé par l’O.I.T.: “l’oisiveté des jeunes confrontés à l’occupation militaire est un terreau sur lequel prospèrent l’extrémisme et la violence”.

Renforcer les liens entre syndicats israélien et palestinien

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Les fonds que nous pourrons dégager au niveau syndical serviront dès lors à aider les travailleurs Palestiniens. Notre service international planche sur des projets concrets, permettant d’optimaliser l’argent disponible. Mais notre volonté est aussi d’apporter notre (petite) pierre au processus de paix, en favorisant les contacts entre Histadrout et le PGFTU et en dénonçant une politique qui conduit Israéliens et Palestiniens au désastre.

Ce mur, qui coupe les paysans de leurs terres, les enfants de leurs écoles, les malades des hôpitaux, rend intolérable la vie des Palestiniens.

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260.000 ouvriers palestiniens interdits de travail en Israël

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A la deuxième Intifada, Israël a renvoyé les 260.000 ouvriers palestiniens qui y travaillaient et, pour les remplacer, a fait appel à des migrants de l’autre bout du monde. Une situation que dénonce Histadrout. Au prix de plusieurs heures de marche à travers les montagnes pour déjouer les barrages, des milliers de Palestiniens continuent à travailler en Israël. Mais ils le font en clandestins, à des salaires bradés, sans protection sociale et en prenant chaque jour le risque de se faire arrêter. Le renvoi des ouvriers palestiniens est une première cause de la montée de la pauvreté. Les difficultés de circulation, des hommes et des marchandises, qui rendent quasi impossibles toute activité économique, en sont une autre.

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Intolérable mur

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Les restrictions de déplacement découlent de la présence des 150 colonies israéliennes implantées au cœur de la Palestine. Ces colonies disposent en effet de routes interdites aux Palestiniens qui doivent faire d’importants détours pour les contourner. La construction de la “clôture de séparation” aggrave encore une situation déjà dramatique.

Des forces de paix existent des deux côtés du mur. Nous devons les soutenir. La paix passe aussi par le développement. Avec l’aide de l’O.I.T., l’Autorité Palestinienne a mis en place un Fonds pour l’emploi et la protection sociale. Relayant la demande du PGFTU, nous lançons donc un appel à la Belgique et à la communauté internationale pour qu’elle contribue à l’alimentation de ce Fonds. André Mordant, Président Xavier Verboven, Secrétaire Général

Deux fois plus haute que le mur de Berlin, cette clôture est censée empêcher l’entrée des terroristes qui se font sauter dans des villes israéliennes. Mais elle empiète largement sur le territoire palestinien, a entraîné la destruction de dizaines de milliers d’oliviers et coupé en deux des familles. Ce mur, qui rend intolérable la vie des Palestiniens risque d’être le terreau d’un renouveau d’extrémisme.

Les Palestiniens qui veulent rejoindre leurs champs ou leurs usines, aller à l’école ou à l’hôpital se heurtent aux 700 check-points installés par l’Etat israéliens. Des heures d’attente sont nécessaires, sans même savoir si le passage sera autorisé ou non. Ces attentes dans des couloirs grillagés sont une humiliation quotidienne pour ceux qui les subissent.

Deux fois plus haut que le mur de Berlin, le mur censé empêcher l’entrée des terroristes, empiète largement sur le territoire palestinien.

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Bon à savoir

Chronologie d’un conflit ■

1928 – 1939: troubles entre Palestiniens arabes et immigrants juifs.

1947: plan des Nations-Unies de partage de la Palestine, refusé par les Arabes.

1948 – 1949: création de l’Etat d’Israël et première guerre israélo-arabe. Israël repousse ses frontières au-delà de la ligne de partage; la Cisjordanie est intégrée à la Jordanie, Gaza à l’Egypte.

1956: deuxième guerre (canal de Suez).

1959: création du Fatah palestinien.

1964: création de l’O.L.P., l’Organisation de Libération de la Palestine dont Y. Arafat prendra la présidence en 1965. Son but: faire de la libération de la Palestine l’œuvre des palestiniens eux-mêmes plutôt que des régimes arabes. Expulsée de Jordanie en 1971, l’O.L.P. s’installe au Liban qu’elle devra quitter en 1983 (Israël a alors envahi le Liban en proie à la guerre civile depuis 1975; l’armée israélienne, sous le commandement de Sharon, laisse perpétrer le massacre des camps de Sabra et Chatila).

1967: à l’issue de la guerre des Six jours, Israël occupe la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem Est ainsi que le Sinaï (Egypte) et le plateau du Golan (Syrie).

1973: offensive égyptienne et syrienne pour récupérer les territoires occupés (guerre du Kippour).

1977: Israël réunifie Jérusalem, par l’annexion de Jérusalem-Est.

1987 – 1991: première Intifada (révolte des pierres) dans les territoires occupés par Israël.

1988: Yasser Arafat reconnaît, devant l’O.N.U., l’existence de l’Etat d’Israël.

1993: accords de paix d’Oslo qui prévoient une solution ‘par étapes’: retrait partiel des troupes israéliennes, découpage de la Cisjordanie en zones autonomes, semiautonomes et restant sous autorité palestinienne; élection d’une Autorité nationale palestinienne; la question de Jérusalem-Est est reportée.

1995: Arafat est élu président de l’Autorité.

2000: échec des pourparlers de Taba – début de la seconde Intifada

2002: Israël entame la construction d’une ‘clôture de défense’ (le mur)

2003: Etat-Unis, Europe, Russie et O.N.U. adoptent la ‘feuille de route’ qui, dans sa première phase, exige des Palestiniens le démantèlement des ‘infrastructures terroristes’ et ‘des efforts visibles’ pour mettre fin aux attentats et des Israéliens le gel des implantations, la destruction des colonies construites depuis 2001, la fin des destructions de maisons et le retrait ‘progressif’ des troupes.

Vue sur Jérusalem avec, à l’avant-plan, la mosquée Omar et son dôme doré.

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Reportage Bon à savoir

SAM E D I

Nous arrivons à Tel Aviv en fin d’après-midi. Contrairement à ce qu’on nous avait dit, la sortie de l’aéroport Ben Gourion se fait quasiment sans contrôles. A l’hôtel, un curieux ascenseur attire notre attention. Une Juive française nous explique: “c’est l’ascenseur du shabbat. Comme les juifs orthodoxes ne peuvent pas pousser sur un bouton qui déclenche un mécanisme, cet ascenseur s’arrête à chaque étage”. Elle ajoute, acide: “comme ça, ils ne doivent pas monter à pied. C’est un accommodement avec le ciel”. Un exemple – mineur – de la tension qui existe entre les juifs orthodoxes et le reste de la société israélienne. ■■■

Tel Aviv: entre plage et attentats

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Il fait chaud, la mer et le ciel sont bleus et il règne sur la plage une atmosphère de vacances. Les enfants mangent des glaces, les jeunes écoutent de la musique tonitruante. Un dancing à la façade ravagée fait tâche au milieu des autres établissements: un attentat vient d’y être perpétré. Il a tué plusieurs jeunes gens. Des hommes armés fouillent, plus ou moins sérieusement, les clients qui se présentent. Le rappel de la violence assombrit la plage…

Tel Aviv affectionne les immeubles-tours aux formes inusitées.

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Israël-Palestine: plus petits que la Belgique ■

Israël s’étend sur 21.000 km2 (la Belgique en compte 30.000) et compte 6 millions d’habitants.

La Palestine (Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est) s’étend sur 7.000 km2 et compte 3,5 millions d’habitants.

La minuscule bande de Gaza (365 km2), dont Israël devrait évacuer ses troupes cet été, est habitée par 1.200.000 Palestiniens et 7.000 colons.

D I MAN C H E Nous faisons connaissance avec le traducteur que nous envoie la Histadrout, un jeune juif venu de France. Il porte kippa et papillotes, mange exclusivement kasher et se passera plus d’une fois de dîner, nos hôtes israéliens étant moins orthodoxes que lui. Il est gentil, ouvert aux laïcs et veut la paix. Mais il défend les colonies et ses affirmations sont parfois surprenantes, comme quand il nous explique que les Palestiniens dépendent des Israéliens pour leur approvisionnement en eau. La réalité est en effet bien différente: les colonies se sont accaparées des nappes phréatiques de Cisjordanie et interdisent aux palestiniens de creuser des puits dans la partie du territoire qui surplombe Israël. ■■■

Na’amat où enfants juifs, chrétiens et musulmans apprennent à se connaître

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A 10 heures, départ pour Jaffa. Nous sommes attendus à Mayon Ashalom, une des maisons de Na’amat, mouvement de femmes affilié à la Histadrout. Mayon Ashalom est un jardin d’enfants qui accueille des israéliens de différentes confessions: 50 % de juifs et 50 % d’arabes, musulmans et chrétiens. C’est “un centre de coexistence où l’on apprend le hébreu et l’arabe et où on célèbre toutes les fêtes religieuses.” nous dit sa directrice, qui ajoute “c’est plus facile ici qu’avec les politiciens”. Mais si les enfants jouent ensemble sans problèmes, le conflit ne se fait pas oublier: nous sommes reçus dans une chambre blindée pourvue de masques à gaz, construite pendant la guerre du Golfe.

Les jardins d’enfants ne sont qu’une des activités de Na’amat, qui possède aussi des centres juridiques et dont l’objectif est l’amélioration du statut de la femme et la lutte contre la violence. En Israël, dit notre interlocutrice, “50 % des travailleurs sont des femmes. Mais le ministre des Finances, Netanyahu entend freiner leur accès à l’emploi”. C’est la première fois, mais pas la dernière, que nous entendrons dire pis que pendre de sa politique “de régression sociale”. ■■■

La Histadrout, de moins en moins puissance économique, de plus en plus syndicat

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Au siège central de la Histadrout, rencontre avec Nawaf Massalha, responsable du département international, qui nous explique la perte d’influence de ce qui fut une pivot de l’Etat mais dont le rôle se réduit peu à peu à celui d’un syndicat tel que nous le concevons en Belgique: “Faute d’avoir pris à temps les mesures de rationalisation indispensables, nous avons perdu nos entreprises – 23 % de l’industrie nous appartenait – mais aussi nos hôpitaux et nos assurances médicales et retraites. Nous avons aussi perdu beaucoup d’affiliés: leur nombre est passé de 2,5 millions à 800.000”. “Ca ne nous empêche pas d’agir. Nous avons fait une grève générale contre les municipalités qui n’avaient plus payé les salaires depuis 6 mois et les enseignants, dont 4.500 vont être licenciés, feront vraisemblablement de même. Le salaire minimum est de 700 $. Nous en revendiquons 1.000.


Mayon Ashalom: un jardin d’enfants qui accueille des israéliens juifs et arabes, musulmans et chrétiens. On y apprend la coexistence pacifique.

“Le pays compte 10 % de chômeurs. Nos allocations, les plus élevées du monde après les pays scandinaves, ont été réduites et sont supprimées après 3 mois, 6 pour les plus âgés. C’est la politique de Netanyahou: qui ne travaille pas n’a droit à rien”.

“Nous avons de bonnes relations avec les Palestiniens et la semaine dernière, à Bruxelles, sous l’égide de G. Ryder, président de la Confédération Internationale des Syndicats Libres, nous avons confirmé l’accord de 1995 avec le syndicat palestinien PGFTU.

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“Ce sont les travailleurs qui payent le prix du conflit et s’il n’y a pas de solution équitable et juste, la situation ne s’arrangera pas”.

Le Gouvernement a renvoyé les Palestiniens et fait venir 300.000 migrants

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“Pendant la période des accords d’Oslo, Israël a connu une croissance annuelle de 5 à 6 %. Depuis la seconde Intifada, rien ne va plus. “Le Gouvernement a fait venir 200.000 à 300.000 migrants pour prendre la place des Palestiniens et même des Israéliens. Ils viennent de Chine, de Turquie, des Philippines… avec des contrats temporaires. Nous souhaitons quant à nous le retour des ouvriers palestiniens.

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“Nous voulons un Etat palestinien”

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Un responsable du syndicat de la fonction publique qui, en passant, traite Sharon de fou, ajoute “Dans un pays frappé par le terrorisme, nous n’avons pas honte de dire que nous voulons un Etat palestinien. Mais de leur côté, les syndicats palestiniens doivent dire qu’ils sont pour la paix. Et ne pas se contenter de le dire tout bas”.

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Tel-Ashomer, le plus grand hôpital du Moyen-Orient

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La journée se poursuit par la visite “du plus grand hôpital du Moyen-Orient, Tel-Ashomer qui compte 2.000 lits” et plus particulièrement de son centre de traumatologie, aux technologies de pointe, et de sa maternité qui a la particularité d’abriter un hôtel. Il est vrai que les jeunes mamans doivent quitter l’hôpital deux jours après l’accouchement, trois s’il s’agit d’une césarienne. Quoique Israël dépende largement des lois religieuses, l’avortement est autorisé, du moins dans les cas jugés socialement difficiles. En sortant, nous croisons un jeune homme qui s’engouffre dans l’hôpital l’air triomphant, un gigantesque bouquet de fleurs à la main. Pas de doute: il est papa! Universalité des sentiments humains…

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LU N D I Nous partons pour Kyriat Gat et l’usine textile Polgat. L’entreprise a connu plus d’un revers, suite aux problèmes de Mark & Spencer qui était son principal client d’abord, de la concurrence chinoise, “25 à 30 % en dessous de nos coûts” ensuite. L’entreprise a délocalisé sa production de costumes pour hommes en Jordanie et en Chine. Mais la direction se veut optimiste et parle d’un “redéploiement vers l’Europe et son marché chic mais qui achète moins”. Ce qui nous surprend quelque peu… ■■■

Kyriat Gat frappée par la crise du textile

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Kyriat Gat a occupé 3.000 travailleurs dans le textile. Il en reste 900 et le chômage est élevé. Ce n’est pas exceptionnel: “En dix ans, nous explique un syndicaliste, le textile a perdu 40.000 emplois, près de 60 % du total”.

Ensuite, départ pour Sderot où nous sommes attendus à Osen, un fabricant d’aliments casher (40 % des israéliens mangeraient exclusivement casher). Familiale jusqu’en 1995, l’entreprise est maintenant intégrée dans le groupe Nestlé qui détient 53 % de son capital. ■■■

Les morts de la 2ème Intifada ■

4075 palestiniens dont 880 enfants et 270 femmes

1113 israéliens dont 322 soldats, 213 colons et 113 enfants Source: MIFTAH, période Septembre 2000/mai 2005 (le chiffre de l’agence israélienne Guysen, 1062 morts israéliens, est inférieur)

Que cessent les tirs palestiniens sur Sderot!

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Le choix de Sderot ne doit rien au hasard: frontalière de la bande de Gaza, la ville subit des tirs de mortiers palestiniens. Les membres du conseil municipal que nous rencontrons au local syndical – ils nous ont sacrifié leur participation au concours biblique mondial en cours – n’ont qu’une idée: dénoncer “les tirs de mortier des palestiniens qu’ils effectuent quand les enfants sont sur la route de l’école”. Ces tirs ont fait cinq victimes, trois enfants et deux adultes.

Nos interlocuteurs sont indignés. Amers aussi: “jusqu’à la deuxième Intifada, il y avait des travailleurs palestiniens dans toutes les usines et nos relations étaient amicales. Ca ne compte pas pour eux?” Savent-ils qu’il y a aussi des morts en Palestine, et bien plus qu’en Israël? Oui. Car “quand il y a la guerre, aucun côté n’est tout à fait blanc”. Mais ils estiment qu’euxmêmes “ne font que riposter. Nous sommes désolés pour les pertes qu’ils ont chez eux, mais ils devraient respecter le dernier accord de cessez-le-feu. Le Gouvernement israélien doit les désarmer. Sinon, quand ça leur chante, en prenant le café du matin, ils décideront de tirer sur Sderod”. Les habitants de Sderod n’ont finalement qu’une exigence, modeste: que les palestiniens mettent fin aux tirs de mortier “qui tuent nos enfants et font fuir les investisseurs, alors que notre région compte déjà 18 % de chômeurs”. ■■■

“Prêts à rendre des territoires mais…”

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Dans ce local syndical où trône un portrait de Sharon, le responsable local de la Histadrout nous dit “être un partisan de la paix, ce qui n’est pas le cas de tous ici”. Il se dit “prêt à rendre des territoires” mais défend le mur: “ils ne nous ont pas laissé le choix avec leurs bombes vivantes et ça fait moins de dégâts qu’entrer chez eux avec des chars. S’il y avait la même chose en Belgique, votre Gouvernement agirait peut-être de même. “S’il y a la paix, on pourra détruire le mur. Nous sommes conscients qu’à long terme il peut augmenter la haine. Mais ça vaut la peine d’empêcher nos enfants d’exploser sous nos yeux”.

L’usine textile de Kyriat Gat peine à résister à la concurrence chinoise.

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MAR D I Après une rencontre à l’Ambassade de Belgique à Tel Aviv, qui évalue à un tiers le nombre d’Israéliens vivant sous le seuil de pauvreté, nous partons pour Jérusalem où nous attend Khaled Doudine, représentant de l’Organisation Internationale du Travail, l’O.I.T. pour la Palestine. Il trace un tableau peu réjouissant de la situation: ■■■

Rencontre avec le représentant de l’O.I.T.

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“54 % des habitants de Cisjordanie sont sans emploi et c’est encore pire à Gaza car ici des illégaux franchissent les clôtures pour trouver du travail, ce qui n’est pas possible à Gaza. Sharon prévoit le retrait de Gaza au mois d’août mais si on n’y crée pas d’emplois, ça ne sert à rien. La violence augmentera. La violence vient de la pauvreté, du manque de liberté, de la difficulté de se déplacer. Les destructions sont massives, des centaines de familles sont sans toit et l’aide internationale a dû aller, par priorité, à l’aide d’urgence, pas au développement. On ne peut rien bâtir dans ce climat. Dès qu’il y a un problème, le capital s’échappe”. Kh. Doudine, qui souligne le caractère représentatif du syndicat P.G.F.T.U. “qui compte 285.000 adhérents” évoque aussi “le côté négatif du retrait de Gaza: le Gouvernement israélien dit qu’à partir de 2008 plus aucun travailleur palestinien ne sera toléré en Israël. Ce qui est contraire aux Accords d’Oslo qui prévoyaient 50.000 emplois. “L’O.I.T. va souligner la responsabilité d’Israël dans la détérioration de la situation éco-

Notre interprète palestinienne vit à Jérusalem. Son mari, qui n’a pas reçu l’autorisation de s’y domicilier, doit franchir le mur illégalement pour la rejoindre.

nomique en Palestine résultant de la clôture des frontières et proposer une solution en trois piliers: 1/3 des travailleurs palestiniens en Israël, 1/3 sur place dans les activités existantes et 1/3 dans des activités à créer”.

“Si tu veux parler de la paix sur tes propres bases, les autres aussi en parlent sur leurs propres bases. La seule référence valable, c’est les résolutions de l’O.N.U., qui veulent le respect des frontières d’avant 1967”.

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“Pas besoin de faire une guerre mondiale pour ça: la plupart des pays ont atteint un haut degré de civilisation. Mais si l’Etat d’Israël était complètement isolé, ça le ferait peut-être réfléchir”.

“C’est clair que le mur est illégal”

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“C’est clair que le mur est illégal, dit-il encore. Mais quelles suites la communauté internationale a-t-elle donné à ce constat? Juifs et Palestiniens croient qu’ils ont droit historique sur cette terre. Mais les Juifs sont plus soutenus que les Palestiniens.

Bon à savoir

Kh. Doudine conclut: “Je ne suis pas optimiste. Mais je n’ai jamais perdu l’espoir”.

Des slogans fleurissent sur le mur. Ici, une allusion au Ghetto de Varsovie.

Le mur La ‘clôture de défense’ en construction et qui devrait s’étendre sur 670 km est un mur de béton (un grillage parfois) de 8 à 9 mètres de haut, hérissé de tours de guet et de tir et entouré d’une zone de sécurité qui peut faire jusqu’à 100 mètres de large. Son tracé suit rarement la ‘ligne verte’ (la ligne d’armistice de 1949): il empiète largement sur les terres palestiniennes et sa construction a déjà entraîné l’arrachage de 150.000 oliviers. Comme les colons refusent d’être ‘du mauvais côté’ du mur, son parcours est parfois curieux et enferme des villages palestiniens dans de véritables goulots. A Jérusalem, la ‘clôture’ est 2,5 fois plus haute que le mur de Berlin.

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Premier contact avec le mur

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Pour notre premier contact avec le mur, notre guide palestinienne nous emmène sur une route réservée aux colons. Elle nous demande de ne pas nous attarder: c’est dangereux. Elle tient toutefois à nous montrer l’hôtel qui appartenait à sa famille. Il est en Cisjordanie, sa maison est située de l’autre côté du mur, à Jérusalem. La famille en a donc perdu la propriété: un habitant arabe de Jérusalem ne peut plus avoir de propriétés en Cisjordanie… Ce n’est pas son seul problème: quoique mariée depuis huit ans à un Cisjordanien, celui-ci n’a toujours pas reçu l’autorisation de s’installer à Jérusalem. Alors, il la rejoint illégalement, prenant chaque fois le risque de se faire arrêter…

Bon à savoir

62 % des Palestiniens et un quart des Israéliens sous le seuil de pauvreté Les statistiques, dans la région, sont ce qu’elles sont… Les chiffres cités dans ce reportage (et qui diffèrent parfois selon les sources) doivent donc être pris comme des approximations mais l’image qu’ils donnent de la situation reste correcte. Un communiqué du B.I.T. du 27 mai 2005 fait état d’un taux de chômage global de 26 % (40 % pour les 15-24 ans) et d’un taux d’emploi particulièrement faible: moins de la moitié des hommes et 10 % seulement des femmes en âge de travailler ont un emploi. La C.I.S.L., de son côté, affirme que “75 % des travailleurs palestiniens sont actuellement sans travail ou ne peuvent se rendre à leur travail en raison des restrictions sécuritaires et 62 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté”. Toujours selon la C.I.S.L., en Israël, plus de 10 % des hommes et environ 13 % des femmes sont au chômage et plus d’un quart des Israéliens vit en dessous du seuil de pauvreté.

Nous quittons la route des colons et longeons le mur, derrière lequel se pressent des femmes et des enfants candidats au passage. Ce qu’ils font dès que les soldats ont le dos tourné, sans vraiment se cacher. Parfois ça marche, parfois pas, sans qu’on sache pourquoi. ■■■

Les ultras de la paix

Rencontre avec les pacifistes israéliens.

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Retour au centre de Jérusalem à la recherche d’un discret – sécurité oblige – espace de rencontre pour les mouvements alternatifs, ouvert tant à la poésie qu’aux rencontres homosexuelles, aux féministes qu’aux pacifistes. Ces ultras de la paix sont pour la fin de l’occupation et pour le droit de retour des Palestiniens chassés de leurs terres en 1948; ils veulent faire de Jérusalem la capitale des deux nations; ils veulent l’évacuation des implantations (les colonies) et des droits égaux pour les Arabes israéliens. Fort isolés dans la société israélienne, surtout depuis la 2ème Intifada, ils sont contents d’avoir lu, dans une récente étude, qu’ils représenteraient 15 % de la population. Ils demandent des sanctions collectives contre Israël et même le boycott de ses produits “jusqu’à ce que l’occupation se termine”, font des réunions d’information à domicile, diffusent du matériel d’information d’autant plus indispensable que “le Gouvernement a réussi à faire croire à la population que tout ce qui se passe en Cisjordanie c’est pour sa sécurité. Le mur est le mission FGTB | 10

clou final et beaucoup croient sincèrement qu’ainsi Israéliens et Palestiniens pourront tranquillement vivre leur propre vie”. Ils sont minoritaires mais d’un courage sans faille, tel le groupe de Jeff Halper qui s’affronte aux bulldozers qui détruisent des maisons palestiniennes. Les permis de bâtir demandés par les arabe israéliens aux autorités de Jérusalem sont en effet systématiquement refusés ou retardés des années durant. Les maisons de ceux qui construisent quand même – il faut bien vivre quelque part – sont démolies. Ils cherchent le dialogue avec les Palestiniens – et plus encore les Palestiniennes – mais, avec le bouclage des Territoires, ce n’est pas facile.

Ils ne pensent pas grand bien de la Histadrout “une organisation sioniste qui a participé à la création de l’Etat” mais reconnaissent qu’on y trouve “des gens biens”. Ils sont alter-mondialistes et estiment que les Forums sociaux ont un rôle à jouer pour la paix dans la région. Ils voudraient que l’Europe mette fin à la clause de “nation privilégiée” qui la lie à Israël et que la Banque Mondiale cesse d’accorder des prêts pour des contrats liés à la construction du mur.


M E RC R E D I Nous quittons Jérusalem pour Ramallah où nous attend le Ministre de l’Emploi, Hassan Abu Lebdeh. Voyage sans histoire: nous passons les chek-point quasi sans nous en rendre en compte. Mais, en quelques dizaines de minutes, nous avons changé d’univers et sommes entrés dans le premier cercle de l’enfer. ■■■

600.000 Palestiniens en font vivre 3.600.000

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Le Ministre de l’Autorité palestinienne nous reçoit dans son bureau aux murs blancs ornés d’une photo d’Arafat. Il nous parle d’emblée de l’importance du chômage: 21 % en Cisjordanie, 29 % à Gaza “si vous y allez, vous verrez, les gens y vivent comme au Moyen-Age”. Il évoque la dégradation de la situation “600.000 personnes en font vivre 3.600.000, 1 pour 6; avant l’Intifada, le rapport était de 1 pour 4. Or, il n’y a pas d’assurances sociales, ni médicales: les chômeurs n’ont rien. L’Autorité essaye de les aider mais ses ressources sont limitées et elle ne peut pas faire grand chose”. Il évoque spontanément “la souffrance des travailleuses, qui manquent de droits et ont moins de salaire que les hommes. 16 % des travailleurs palestiniens sont des femmes et souffrent d’une double discrimination: peu d’emplois leur sont accessibles et, à cause du chômage, des postes qui leur étaient traditionnellement réservés sont maintenant occupés par des hommes”.

gnent de la violence des combats. Le bâtiment qui abritait les bureaux d’Arafat a été reconstruit. “Avec l’aide de l’Union Européenne”. Une précision que nous entendrons plus d’une fois. ■■■

La route interdite aux Palestiniens

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A 10 h 30, nous partons pour Naplouse. Notre chauffeur et son car étant munis des autorisations requises, nous empruntons la route réservée aux Israéliens qui met Naplouse à une heure de Ramallah. Nous passons un barrage sans encombre. Après une demi heure de route, nous croisons un camion palestinien chargé de conduites d’eau qui a été arrêté au check-point. Il nous souhaite d’avoir plus de chance que lui. Mais nous ne franchissons pas l’obstacle et notre chauffeur fait demi-tour pour rejoindre la route palestinienne qui met Naplouse à deux heures de Ramallah.

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Notre car doit faire demi-tour

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Notre chauffeur veut franchir l’imposant check-point de Naplouse pour nous conduire là nous sommes attendus: le siége du syndicat PGFTU. Il dispose des autorisations mais se heurte au veto des soldats justifié par le mot qui ne souffre aucune contestation: sécurité. Nous sortons donc les valises du car et franchissons à pied les 200 mètres de route contrôlés par les militaires israéliens qui pointent leurs fusils sur la foule. Car il y a foule. Et si, grâce à nos passeports belges, nous franchissons rapidement la ligne, en empruntant la route, les Palestiniens sont moins bien traités, ils sont parqués dans d’étroits couloirs grillagés où ils attendent pendant des heures. S’ils ont de la chance, ils passent. Sinon ils sont refoulés. C’est comme à la loterie, on gagne ou on perd. Sans raison apparente. Les Israéliens ont coupé des milliers d’oliviers, seule richesse de ces terres arides.

Elle court à travers des collines rocailleuses, à l’herbe rare, jaunie par la sécheresse. Des troupeaux de chèvres broutent on ne sait trop quoi et, ça et là, des boqueteaux d’oliviers humanisent le paysage. De temps en temps, on croise de misérables campements de nomades. Soudain, spectacle de désolation: les Israéliens ont coupé des centaines d’oliviers dont il ne reste que les souches. Pourquoi? “Pour faire partir les nomades” me dit-on.

Bon à savoir

Aux syndicats européens il demande “d’essayer de convaincre la Histadrout de laisser les Palestiniens travailler en Israël (ce à quoi elle nous a dit être favorable ndlr) et de renforcer le processus de paix”. De la F.G.T.B., il souhaite une aide pour la création de centres professionnels pour ouvriers qualifiés, entre autres à Jérusalem. ■■■

Le tombeau de Yasser Arafat

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Passage obligé à Ramallah, capitale de substitution de la Palestine, le tombeau de Yasser Arafat, un monument sobre mais porteur d’histoire, situé dans une cour intérieure de la Mukata qui, des années durant, fut son bureau, sa résidence et sa prison. Dévastées, les maisons des alentours témoi-

Le Palestinian General Federation of Trade Union, (syndicat PGFTU) Le PGTFU est le seul syndicat palestinien (il y en a trois) affilié à la Confédération Internationale des Syndicats Libres (C.I.S.L.) dont font également partie le syndicat israélien Histadrout et la F.G.T.B. Le PGTFU s’est depuis toujours engagé pour la paix et a été la première organisation palestinienne à soutenir les Accords d’Oslo. En avril 2005, sous l’égide de la C.I.S.L., une rencontre a eu lieu à Bruxelles entre le P.G.F.T.U. et la Histadrout qui ont “décidé d’avancer diligemment vers la finalisation d’un accord conjoint de coopération (portant sur des questions-clés comme) l’accès des travailleurs palestiniens à l’emploi en Israël, des fonds de secours pour les travailleurs palestiniens, une action pour prévenir et résoudre les cas d’exploitation de travailleurs palestiniens”.

“Les deux organisations ont réitéré leur engagement envers la ‘Feuille de route’ pour l’établissement d’une paix globale entre Israël et la Palestine, fondée sur l’existence de deux Etats souverains, indépendants et viables”.

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Le barrage franchi, nous sommes accueillis par les responsables du syndicat qui ne se faisaient donc aucune illusion sur la possibilité d’arriver jusqu’à leur local dans notre car d’origine. Ils sont accueillants, organisés (plutôt stakhanovistes!) et remarquablement calmes. Plus calmes que la plupart d’entre nous scandalisés par les brimades infligées à tout un peuple. A tous les coups, ce sont nos hôtes palestiniens qui nous conseillent de suivre, sans les contester, les instructions des soldats israéliens. ■■■

“Dans ces conditions, l’action syndicale est difficile. Nous essayons d’aider les familles, manger est la première priorité, mais nos moyens sont limités. Nous avons organisé une manifestation à Ramallah pour réclamer plus de liberté syndicale, début mai, nous avons organisé un congrès mais, les déplacements étant interdits, nous avons du le faire en simultané, à Ramallah et Gaza”. ■■■

“Aidez-nous à débloquer les fonds qui nous appartiennent”

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“On ne peut pas vendre notre huile à Gaza, qui doit en importer d’Espagne”

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C’est ensuite la rencontre avec une délégation du P.G.F.T.U., conduite par son secrétaire général, Shaher Sae’d. Il était parmi les manifestants qui ont voulu empêcher Sharon de pénétrer dans la mosquée Al Aqsa: “2.000 martyrs, dont 300 enfants. C’est l’origine de la deuxième Intifada. Les Israéliens ont interdit de séjour les 260.000 Palestiniens qui travaillaient en Israël. Ils ont placé 700 à 1.000 checkpoint: aucun mot ne peut décrire cette situation.” “Quoiqu’on fasse, il faut l’accord des Israéliens. Le Ministre de l’Education a devant lui un militaire israélien qui lui dit quoi faire pour l’enseignement des palestiniens. Les soldats fouillent même parfois nos Ministres. “Le chômage explose. 430.000 Palestiniens demandent du travail et 900.000 vivent sous le seuil de pauvreté. A Naplouse, 2.800 travailleurs vivaient du tourisme, il en reste 170. La plupart des restaurants sont fermés”.

Shaher Sae’d nous demande de les aider à récupérer les fonds qui leur appartiennent mais dont le transfert est bloqué par les Israéliens, sous prétexte qu’ils pourraient alimenter le terrorisme. Ces fonds proviennent de l’argent que des Palestiniens qui ont trouvé un emploi en Arabie Saoudite destinent à leur famille et de dons de l’Arabie Saoudite pour les travailleurs qui assurent la survie de plus de 10 ou 15 personnes. “Nous nous portons garants de ce que ces fonds iront effectivement aux familles qui en ont besoin pour leur survie” ajoute Shaher Sae’d. La F.G.T.B. a évidemment entendu cette demande et a déjà entrepris les démarches nécessaires auprès de la C.I.S.L., de la C.E.S., du Gouvernement belge et de la Commission européenne. ■■■

Lois jordaniennes, lois égyptiennes…

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Le textile occupait 400.000 personnes. Il en reste 60.000 “alors, on fait travailler les ouvriers par tournantes pour que tous aient un peu de revenus”.

Fathi Naser, juriste du PGFTU, nous rappelle qu’avant 1967, la Cisjordanie dépendait de la Jordanie et de ses lois et Gaza de l’Egypte. Pas possible de changer ces lois (dont certaines issues de l’empire ottoman) pendant l’occupation israélienne.

“Ici, on n’a pas grand-chose, reprend Saher Sae’d, seulement des olives. Mais on ne peut pas vendre notre huile à Gaza, qui doit en importer d’Espagne. Les Israéliens ont coupé 250.000 oliviers. L’origine des plus anciens remontait à la période romaine. Rien ne peut sortir de Gaza: les habitants doivent donner leurs fraises et leurs fleurs à manger aux ânes”.

Dès sa mise en place, l’Autorité s’est attelée à la rédaction de lois palestiniennes mais “la plupart d’entre elles ne sont toujours pas appliquées. Il n’y a par ailleurs toujours pas d’assurance chômage, ni d’assurance médicale mais le congé de maternité a été porté de 42 à 75 jours. Quant à la proposition de loi sur les syndicats, certains de ses aspects ne conviennent absolument pas au PGFTU”.

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10 % de syndiquées. Mais le P.G.F.T.U. veut 20 % de travailleuses dans ses instances

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16 à 17 % des travailleurs palestiniens sont des femmes, qui représentent 10 % de l’effectif syndical. Mais, lors de son congrès de (re)constitution de mai, le P.G.F.T.U. a décidé de prévoir au moins 20 % de femmes dans ses instances (c’est mieux qu’à la F.G.T.B., où il est question de 33 % mais où les femmes représentent 40 % des effectifs!). Plusieurs femmes syndicalistes participent au débat. Mais nous avons aussi eu quelques “propos volés” dans les couloirs ou lors des repas. Exemples: Question: “La situation des femmes dans les pays musulmans n’est jamais facile. Vous ne craignez pas que ce soit encore plus difficile (“more difficult”) si le Hamas gagne en influence?” Réponse: “more, more, more, more difficult!”. Une militante explique combien les pressions pour lui faire porter le voile s’accentuent et combien devoir le porter constituerait pour elle un drame. Les filles palestiniennes vont à l’école autant que les garçons. “Plus” dit notre traducteur, étudiant à l’Université de Naplouse où, dit-il, “les filles sont majoritaires”. “C’est vrai, rétorque une militante. La seconde Intifada a fait reculer la scolarité des filles mais plus dans les collèges qu’à l’université”. A la sortie des cours, nous constatons que les étudiantes portent presque toutes le voile et des tenues islamistes. Des cinq femmes syndicalistes autour de la table, trois – les plus âgées – ne portent pas le voile et deux – les plus jeunes – le portent mais sans l’accompagner d’une tenue islamiste. Le Hamas, nous dit-on, “utilise le côté religieux pour attirer l’attention des femmes”. Et nos interlocutrices voient, avec angoisse, réapparaître des coutumes ancestrales, comme le mariage de filles de 14 ans. A Bethléem, Mona nous parlera aussi de la contraception inexistante, de l’avortement puni de 7 mois à 3 ans de prison; de mères de dix enfants ou plus…


Bon à savoir

Jérusalem Sous mandat britannique depuis 1922, en 1948, Jérusalem est partagée entre Israël et la Jordanie qui obtient la vieille ville, (les quartiers arabes de l’Est) où se trouvent le mur juif des lamentations, vestige du temple de Salomon, le tombeau du Christ et la Coupole du rocher, le plus ancien monument de l’Islam. Israël prend le contrôle de Jérusalem-Est en 1967 et l’annexe en 1980 (‘réunification’ de la ville). Les Palestiniens (28 % de la population de Jérusalem au moment de l’annexion) ont une croissance démographique très supérieure aux Israéliens. Israël entend néanmoins maintenir le ratio actuel (28/72) en limitant le nombre de Palestiniens vivant à Jérusalem-Est (notamment en refusant d’accorder des permis de construire) et en ‘judaïsant’ la vielle ville par l’implantation de colonies. Au camp de réfugié d’Asquar, une mère nous montre la photo de ses deux fils, tués par balle sur l’esplanade des mosquées.

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Dans Naplouse dévastée

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Le vieux Naplouse est une ville plusieurs fois millénaire. C’est là qu’est le puits de Jacob, où Jésus rencontra la Samaritaine. Dans le vieux Naplouse, les enfants demandent à être photographiés, avec le V de la victoire.

déclenche les rires: “c’est ainsi que les israéliens frappent à la porte: ils mettent une bombe”. Nous entendrons souvent ces rires de dérision, ponctuant leurs terribles histoires. C’est dans la vielle ville, aussi, que nous rencontrons des combattants du Hamas, peu rassurants avec leurs fusils pointés et l’air de ne pas vraiment apprécier notre présence. Mais nos guides calment le jeu. ■■■

“Nous sommes contre les attentats-suicides”

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Nous sommes ensuite reçus par le Gouverneur de Naplouse, Mahmoud Aloul qui parle pauvreté et violence:

Nos hôtes ont tenu à nous faire visiter cette ville dont ils sont fiers. Mais, ce qui n’aurait dû être qu’un agréable voyage dans une histoire dans laquelle la nôtre plonge ses racines, se transforme rapidement en plongée dans l’horreur. Car malgré les jeux et le rire des enfants, omniprésents, tout rappelle la guerre: les maisons détruites, les bidons remplis de béton, fichés à l’entrée de ruelles “pour empêcher le passage des chars”, les plaques commémoratives des “martyrs” qui ornent beaucoup trop de maisons (toutes les victimes du conflit sont appelés “martyrs”). Mais il y a aussi de magnifiques bains turcs, vieux de plus de trois siècles, et une fabrique d’épices qu’on peine à quitter… Un trou, gros comme deux poings, dans une porte en fer, entraîne cette remarque qui

“Nous sommes contre les attentats-suicides, nous réprouvons l’assassinat de civils. Pendant les premières années du processus de paix, nous sommes parvenus à endiguer les violences extrémistes et racistes. Mais l’assassinat de Rabin a enrayé le processus. “Les check-points rendent la vie impossible. Les étudiants parviennent difficilement à Naplouse, la plus grande université de Cisjordanie, les enseignants ne savent plus se rendre dans les écoles, ni les malades gagner l’hôpital: tout le monde sait qu’il y a eu des morts avec ça.

porté de la dynamite pour la faire exploser en Israël; une étudiante a fait de même après la mort de son fiancé. A ceux qui s’étonnent qu’il n’y ait pas plus de réactions aux innombrables vexations il répond: “Il y a quatre ans, j’ai perdu mon enfant, tué d’une balle dans la tête. Et j’ai peur que ceux qui me restent, mon fils ou ma fille, fassent quelque chose contre les Israéliens. On veut que nos enfants vivent. On essaye de limiter les réactions et de ne pas confondre défense du pays et terrorisme”. “Dans ce conflit, dit-il, il y a un fort, Israël, et un faible, la Palestine.Une troisième partie est indispensable, pour éviter que le fort impose ses positions aux faibles. Mais cette troisième partie, ce sont les Etats-Unis, alors…” Il souhaite donc que “l’Europe joue un rôle plus important pour le respect de la “Feuille de route” car si rien ne change, si Israël poursuit la colonisation, maintient ses check-point, continue à construire le mur, la paix sera de plus en plus en danger. “Il y a 60 % de chômeurs à Naplouse qui, de capitale économique est devenue capitale de la pauvreté”.

“Ces cinq dernières années, nous avons connu des périodes de couvre-feu dépassant parfois cent jours. Les soldats israéliens entraient à Naplouse et tiraient en l’air. Ils ont tué un garçon de 14 ans ainsi. Le jour suivant, ils ont tiré sur l’enterrement et il y a eu deux blessés. Le frère du tué, Chahid, a mission FGTB | 13


J E U D I ■■■

Elections syndicales à la municipalité

devenir ce qu’il est: étudiant à l’université et, plus encore, un être humain qui vous conquiert par sa douceur et gentillesse.

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Aux camps (il y en a deux), où vivent 18.000 réfugiés, nous sommes accueillis par les chants de bienvenue des petits enfants d’un centre organisé par des familles. Le tour du camp nous permet de mieux comprendre les propos de Waseen: les ruelles entre les maisons de fortune sont tellement étroites qu’à certains endroits il faut se mettre de biais pour passer. Sur une maison, un étudiant – les examens approchent – a placardé “ne pas déranger svp”. Mais il nous entend et sort nous saluer.

Les travailleurs palestiniens de la municipalité de Naplouse font la file devant le bureau de vote des élections syndicales.

Après une nuit traversée de coups de feu, visite éclair à la municipalité de Naplouse où le PGFTU organise des élections syndicales et où une file s’est formée devant le bureau de vote. Le syndicat fait ce qu’il peut: il “forme les travailleurs pour qu’ils soient capables de défendre leurs droits devant le Ministre du Travail mais comme 70 % des familles sont sous le seuil de pauvreté, on essaie aussi de donner des aides alimentaires. Ce n’est pas bien, ça touche la dignité des gens, il vaudrait mieux leur donner du travail mais c’est impossible dans le contexte actuel” ■■■

Le camp de réfugiés d’Asqar

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Notre jeune interprète, Waseen Elbeshawe, vit au camp d’Asqar: sa famille est originaire de Jaffa, qu’elle a dû quitter en 1948 et a trouvé refuge dans un des camps installés par l’UNRWA, l’organisme des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens. Un organisme prévu à titre temporaire mais toujours bien présent aujourd’hui: son bâtiment et son hôpital marquent l’entrée du camp d’Asqar Waseen nous dit combien la vie dans ce camp est difficile, en raison de la promiscuité: “on est les uns sur les autres, on entend tout ce que font les voisins”. Quelle force morale il a fallu à ce jeune homme pour mission FGTB | 14

Un peu plus loin, nous nous arrêtons devant la plaque commémorative de deux “martyrs”, tués pour avoir lancé des pierres à la mosquée Al Aqsa lors de la visite de Sharon. Une femme âgée sort de la maison et nous dit “ce sont mes deux fils”. Elle nous montre leur photo et ajoute qu’elle est fière qu’ils soient morts pour la Palestine. Que pourraitelle dire d’autre, qui n’aggraverait son chagrin? ■■■

Mal en point: la fabrique d’huile de Naplouse

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Construite en 1953 avec le concours des Hollandais, la fabrique d’huile de Naplouse, qui occupait 500 ouvriers, n’en compte plus

aujourd’hui que 80. Elle est relativement vétuste – avec des machines d’origine belge – mais surtout l’huile qui imprègne le sol y rend les déplacements quelque peu périlleux. Le directeur nous explique les difficultés qu’il rencontre: “ce sont les soldats qui décident de laisser passer nos produits ou non. Parfois, les camions restent bloqués 3 jours à un check-point. Chaque soldat se prend pour un Ministre de la Défense. “Les prix ici, sont pratiquement les mêmes qu’en Israël car on doit y acheter jusqu’à notre eau. Alors, les salaires doivent être plus élevés qu’en Jordanie ou en Egypte où il nous est devenu fort difficile de vendre nos produits. Et pour exporter en Israël, il faut que ce soit casher, ce qui ne nous est guère accessible. Si nous voulons emprunter, on nous demande 17 % d’intérêt”. Le directeur voudrait une aide de l’Europe mais ajoute qu’il faudrait y mettre une condition: que les femmes atteignent 10 % et les handicapés 1 % de l’effectif. C’est, nous diton, prévu par une de nouvelles lois palestiniennes fort peu appliquées. Nous quittons Naplouse avec émotion, dans les mêmes conditions qu’à l’arrivée: nos amis palestiniens ne peuvent franchir le check-point, nous traversons la zone de sécurité à pied et remontons la file de palestiniens attendant l’autorisation de passer.

Aux camps d’Asqar, nous sommes accueillis par les chants de bienvenue des petits enfants.


Israël a installé plusieurs centaines de check-points dans les Territoires occupés: pour circuler d’une ville à l’autre, les Palestiniens attendent des heures l’autorisation de passer qui leur sera accordée ou refusée selon l’humeur des soldats.

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“J’ai dû déménager de l’autre côté du mur”

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En route pour Jérusalem-Est, avec un nouveau guide-traducteur, Paul Bawalsa, palestinien de Jérusalem, chrétien, fier de l’être. En chemin, il nous montre kibboutz et colonies. Construites sur des hauteurs, les colonies sont bâties en forme de forteresse et dominent les vallées où se trouvent les villages palestiniens. Arrivé au mur, il nous montre son ancienne maison: “elle était de l’autre côté du mur. C’était trop difficile pour travailler et j’ai dû déménager de l’autre côté. Beaucoup ont dû faire comme moi et les prix ont grimpé: je payais 500 $ de loyer, maintenant, j’en paye 1.000”. Notre car est arrêté (il ne semble pourtant pas y avoir de check-point). Un soldat monte, discute avec Paul Bawalsa et fait des difficultés pour nous laisser passer. Il est noir, c’est d’évidence un Fallacha, Ethiopien que les Israéliens ont sauvés de la famine en raison de leur origine juive. Paul commente “cet homme est ici depuis quelques années. Mais il peut m’empêcher de circuler dans ce qui est depuis toujours ma patrie”.

Paul a 68 ans et une retraite qui ne lui permet pas de vivre. Nous nous intéressons à ces horaires de travail. Mais c’est de non-travail qu’il nous parle: “Depuis janvier, j’ai eu quatre groupes, 28 jours de travail. Le suivant est prévu pour août”. ■■■

L’Intifada a porté un coup terrible au tourisme

professeur de mathématique. Chaque jour, en raison des barrages, il me faut 4 heures pour me rendre à l’école et 4 heures pour en revenir. Le soir, dans l’illégalité, je travaille dans ce bar de Jérusalem: j’habite la Cisjordanie et je ne peut pas venir travailler à Jérusalem. Je risque évidemment d’être arrêté”.

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L’Intifada a porté un coup terrible au tourisme à Jérusalem et notre hôtel vient d’ailleurs de rouvrir, après une fermeture de quatre ans. Mais, pour Paul, un autre élément entre en ligne de compte: les guides arabes accrédités – 300, pour 5.000 Israéliens – ne sont pas les premiers servis. Notre guide nous emmène dans la vieille ville. Des jeunes gens vêtus de sweets rouges ont pris place au dessus du Mur des Lamentations par où commence notre périple. Des scouts? Non. Des jeunes qui appartiennent à un corps de volontaires de la sécurité. Tous brandissent des fusils. Dans la vieille ville, nous croisons aussi des colons-shériffs, colt à la ceinture. Le soir, dans un bar, nous rencontrons un serveur qui nous parle de sa vie: “je suis mission FGTB | 15


VE N D R E D I ■■■

Nous n’irons pas à Gaza

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Nous ne connaîtrons pas le deuxième cercle de l’enfer palestinien. Nous étions attendus dans la bande de Gaza mais, après nous les avoir accordées, les autorités israéliennes nous ont retiré les autorisations requises: pour raison de sécurité. Nous devions pourtant nous rendre à Gaza en délégation restreinte, dans une voiture de l’O.I.T. La semaine de notre séjour était, il est vrai, quelque peu agitée. En cause: les multiples célébrations israéliennes dont celle de la création de l’Etat d’Israël. Un jour que les palestiniens célèbrent à leur façon sous le nom de naqba, la catastrophe. ■■■

Avec le PGFTU de Bethléem

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kels de cotisation, parce qu’ils n’ont même pas de quoi manger. C’est notre devoir. On est aidés par les syndicats scandinaves, la C.I.S.L., l’O.I.T. 70 % du peuple palestinien vit des aides qui viennent de l’étranger et beaucoup comptent sur l’UNWRA pour la farine et l’huile. Les familles essayent d’économiser mais ce n’est pas possible. Si le réfrigérateur tombe en panne, on ne peut pas le remplacer.”. ■■■

“Nous ne sommes pas morts mais…”

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“Il y a 30.000 ouvriers à Bethléem, dont 15.000 travaillent illégalement en Israël. Comme la ville est encerclée par le mur, ils vont par la montagne. Ils partent de chez eux à 4 heures du matin et rentrent à 20 heures. S’ils sont pris, ils peuvent être emprisonnés ou battus. Moi-même, j’étudie le droit et j’ai toutes les peines à arriver à l’Université. “Les patrons israéliens en profitent. Certains ne payent pas le salaire dû, d’autres payent avec un chèque que les Palestiniens ne peuvent pas aller toucher à la banque … Les autres touchent 100 à 250 $ par mois, il n’y a pas de salaires conventionnels à respecter pour des illégaux. La vie est chère ici car on achète tout à Israël, l’eau, l’électricité, les fruits et légumes, la farine, le pétrole…

Au siège du syndicat PGFTU: “Si la place est petite, le cœur est grand.”

En route pour Bethléem. Une colonie-forteresse, en construction, domine le paysage: c’est là que devraient s’installer les colons qui devraient quitter Gaza. Le mur traverse le paysage. A l’entrée de la vieille cité, une inscription “Warsaw 1943”. L’insurrection du Ghetto de Varsovie… Nous sommes reçus dans un minuscule local par les responsables du PGFTU de la région “mais, si la place est petite le cœur est grand”. Le secrétaire, Mahmoud Abuh Odeh, évoque la polémique entre ceux qui veulent unifier les syndicats palestiniens – il y en a trois – et ceux qui défendent le pluralisme. Mais surtout, il parle de la difficulté de l’action syndicale dans une région où l’on peine à survivre: “On essaye d’enregistrer les chômeurs, de les aider à survivre, de faire face à leurs problèmes de santé. On aide même ceux qui ne sont pas capables de payer les 40 schemission FGTB | 16

“Le chômage, à Bethléem est important. Avec le mur, les patrons ne savent plus faire venir les matières nécessaires. Le mur a entraîné des confiscations de terres et coupé l’accès aux agriculteurs. 90 % des ouvriers du tourisme sont sans travail, les hôtels sont fermés. Il n’y a pas de solution: on ne peut pas obliger les touristes à venir ni les hôtels à rester ouverts sans clients. Une carrière qui occupait 500 personnes n’en a conservé que 30: le mur a rendu les déplacements trop coûteux. Avant, elle exportait des pierres en Israël et en Jordanie. Le tissage se meurt de la concurrence chinoise qui, m’a-t-on dit, fait même souffrir l’Europe. Une chemise d’ici coûte 10 $, une chemise chinoise 2 $. Les gens ont une vie difficile et achètent à 2 $. Israël aussi est touchée. Elle a importé de Chine les drapeaux de sa fête d’indépendance. “C’est ça la vie ici. Nous ne sommes pas morts mais…”

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L’eau, c’est pour les colonies

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L’agriculture souffre de la sècheresse: “l’eau, c’est pour les colonies. Même les familles manquent d’eau: il y a souvent des coupures, dont une a duré 20 jours”. En Palestine comme en Israël, les maisons sont alimentées en eau chaude par des réservoirs placés sur les toits, chauffés par le soleil. A Bethléem, ils servaient d’eau courante pendant les coupures. Des soldats “tiraient dessus pour s’amuser”. Mais, dit Paul avec son habituel humour tragique “à quelque chose malheur est bon car les commerçants, qui n’en vendaient guère jusqu’alors, ont pu remplacer les réservoirs détruits”. On parle aussi violence, et processus de paix: “Quand ils entendent le mot paix , les Palestiniens aimeraient qu’on leur explique ce que c’est, dit Mahmoud Abuh Odeh, ils sont dans un tunnel et ne voient aucune lueur. “Le soir, on entend parler de paix; le matin, quand on passe un contrôle, c’est autre chose. On avait des permis pour passer Noël à Jérusalem. Mais les soldats ont bloqué le passage. Quand on leur a dit on peut, on l’a vu à la T.V., ils ont répondu adressez vous à celui que vous avez vu à la T.V. Même Abou Mazen a besoin d’un permis pour se déplacer alors, vous imaginez, un simple Palestinien. ■■■

“Se faire sauter dans un restaurant est contraire à notre mentalité”

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“Se faire sauter dans un restaurant est contraire à notre mentalité. Comme tous les peuples, les Palestiniens aspirent à la vie, pas à la mort. “Le monde dit arrêtez à quelqu’un qui se fait sauter mais si les avions nous bombardent, si les chars entrent dans la ville, personne ne proteste”. “On se trouvait tous les deux dans ce bureau quand une fusée est passée à côté de la fenêtre, dit Mona Joubran. Ca tirait de partout, on s’était mis sous les tables, et le propriétaire a reçu une balle dans l’œil. Un camp de réfugiés, ici à côté, a été complètement détruit. Les Palestiniens tiraient avec des fusils, les Israéliens avec des obus”.


Bon à savoir

400.000 colons La colonisation de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est a commencé en 1967. Les premières colonies (‘implantations’ pour les Israéliens) ont été construites dans des endroits stratégiques pour la défense d’Israël mais depuis, sous l’influence des milieux ultra-orthodoxes (qui croient que Dieu a donné la totalité de la Palestine aux Juifs) elles ont essaimé un peu partout. Colonie israélienne sur les collines qui dominent Bethléem.

On compterait aujourd’hui quelque 400.000 colons, répartis dans 150 colonies, bâties le plus souvent sur des terres confisquées On accède aux colonies par des routes réservées aux colons et protégées par l’armée israélienne. D’où un morcellement du territoire palestinien et les difficultés de déplacement qui étaient le lot des Palestiniens avant même la construction du mur.

“Je suis contre les attentats reprend Mahmoud Abuh Odeh, d’ailleurs, ils sont contreproductifs. Mais une des filles qui s’est fait sauter avait perdu toute sa famille et n’a pas voulu vivre seule. Que faire contre ça?

Sur la plage ensoleillée, des jeunes gens rient, jouent aux ballons… Les mêmes que nous avons croisés la veille, déguisés en soldats, dirigeant leurs fusils sur les Palestiniens se présentant au check-points?

“On dirait que le monde croit que les palestiniens ont la bombe atomique. Et l’Union Européenne n’arrive pas à dire non à Bush. L’avenir, pour nous, c’est un tunnel sans fin. Le peuple israélien voudrait la paix pouvoir se promener et prendre des vacances en paix. Pour nous, la paix, c’est pouvoir se procurer son pain”.

La sortie d’Israël par l’aérodrome Ben Gourion, samedi, s’avère plus longue et difficile que l’entrée. Les fouilles et interrogatoires sont longs. Un pot de miel acheté à Beth-

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Retour à Tel Aviv

léem est regardé par transparence avec méfiance. Méfiance aussi vis-à-vis des écharpes palestiniennes offertes par le P.G.F.T.U. Mais tout finit par s’arranger. Le voyage est fini. Le plus important va pouvoir commencer: définir des projets concrets d’aide aux Palestiniens, en concertation avec la Histadrout. Hélène Van de Schoor

Départ de Jérusalem en passant par la Porte de Jaffa avant de repartir à Tel Aviv.

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Vendredi soir, nous retournons à Tel Aviv. Un autre monde nous y attend: les immeublestours, les restaurant animés, les grands boulevards où l’on peut tout acheter. Les passants sont souriants, aimables, se coupent en quatre pour m’indiquer mon chemin. Sur la route qui longe la mer, deux mendiants: un très vieux monsieur, amputé des deux jambes, et un homme allongé sous des journaux. Nous n’en avions pas vu en Palestine. mission FGTB | 17


O NT

PARTI C I PÉ

À

LA

M I SS I O N

CO N D U ITE

John Colpaert, Benjamin Deman, Anne Demelenne, Cécile Drion, Guy Fays, Baudouin Ferrant, Guy Heyrman, Robert Manchon, Catherine Michiels, Bart Van Malderen, Céline Moreau, Michel Simon, Françoise Vermeersch, Hélène Van de Schoor et Pierre Vermeire.

Sources · la presse · le Larousse · les dossier “Palestine” et “Une économie asphyxiées” de l’Association · Belgo-Palestinienne · le livre d’Alain Gresh “Israël-Palestine, vérités sur un conflit” (Fayard).

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PAR

R U DY

D E

L E E UW

Située au cœur de l’antique cité de Naplouse, la fabrique d’épices est une des dernières activités qui y a survécu.



■ M i s s i o n F. G . T. B . e n I s r a ë l e t e n P a l e s t i n e ■


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