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Mobilité et travail adapté
from Syndicats #3 - 2020
by FGTB
Un parcours du combattant pour les travailleurs des ETA
23 zoning sud
Les dernières enquêtes fédérales sur la mobilité qui portent sur les modes de déplacement entre le domicile et le lieu de travail des travailleurs font apparaître de fortes différences régionales. Les Wallons passent pour les mauvais élèves de la classe : 83 % des trajets domicile travail des Wallons se font en voiture particulière contre un peu plus de 67 % pour les Flamands. Les Bruxellois quant à eux ont moins besoin de la voiture et signent donc le meilleur score.
La question de la mobilité est cependant plus complexe qu’on ne le pense. Il ne s’agit pas simplement de l’attachement des Belges à leur voiture et pas uniquement des embouteillages sur les autoroutes qui mènent à la Capitale ou aux grandes villes fournisseuses d’emploi.
Les choix de mobilité dépendent aussi de l’offre de transports publics, de leur fréquence, de leur ponctualité, de la durée des trajets à distance égale, de l’urbanisation, de l’étalement du territoire et de l’habitat, de la concentration des entreprises et de leur taille, de la distance domicile-travail, etc.
Et il se fait que la Wallonie est plutôt mal desservie sur toute une série de facteurs.
Pire encore pour les travailleurs des ETA Si pour les travailleurs « ordinaires » c’est difficile, que dire des travailleurs des entreprises de travail adapté ? Ils ne sont en tout et pour tout qu’un petit 10.000 en Wallonie, mais leurs problèmes de mobilité sont plus aigus que pour les autres. Ces travailleurs souffrent soit d’un handicap physique qui limite le recours à certains moyens de transport et parfois même les transports en commun pour les personnes à mobilité réduite. Soit certains souffrent d’une légère déficience mentale qui limite aussi leurs possibilités, par exemple conduire une voiture. Il faut ajouter qu’avec un salaire moyen de 12 €/heure, acheter et entretenir une voiture n’est pas accessible à tous et les interventions personnelles de l’AVIQ (l’organisme wallon qui s’occupe de la santé et notamment des personnes handicapées) sont plutôt maigres.
Ajoutons-y les problèmes des transports publics. Zones mal desservies. Horaires et fréquences des bus incompatibles avec le travail. Temps de trajets interminables.
Les enquêtes mobilité qui ciblent les travailleurs des ETA montrent que 63 % d’entre eux se rendent au travail en voiture mais pas nécessairement comme conducteurs (cela peut être un membre de la famille qui les conduit), 8 % font du covoiturage (contre 3,1 % des wallons). 18 % recourent aux transports publics (5 % train, 13 % TMB) soit bien plus que la moyenne wallonne qui
Pas évident pour tous les transports en commun
est de 8 %. Les autres vont travailler à moto, en vélo (très peu), ou à pied. Les transports organisés par l’employeur (TCE) sont quasi inexistants.
Se déplacer durablement participe à limiter le réchauffement climatique mais leur faciliter la mobilité tout en en réduisant le coût, peut considérablement améliorer la qualité de vie des travailleurs du secteur. C’est pourquoi la cellule mobilité de la FGTB wallonne et la Centrale Générale - FGTB qui s’occupe des ETA ont organisé plusieurs journées de réflexion sur le thème de la mobilité avec des délégués pour élaborer un cahier de revendications.
Les revendications retenues s’adressent tantôt au secteur, tantôt au politique qui tient les cordons de la bourse de l’AVIQ et la maîtrise des mesures fiscales. Voici les principales.
1. Transport collectif organisé • Permettre aux travailleurs des ETA de covoiturer sur base informelle et de profiter de l’avantage fiscal. • Mettre en place une navette si l’entreprise n’est pas desservie par les transports en commun.
2. Vélo • Rencontrer l’AVIQ sur les questions de mobilité afin de pouvoir bénéficier d’un budget ou de budgets résiduaires. • Négocier une convention sectorielle sur le vélo et par exemple revendiquer une indemnité vélo (voire une indemnité marche à pied) sans perdre l’abonnement social.
3. Transports en commun • Rendre gratuits les transports en commun pour les travailleurs des ETA notamment via des conventions tiers payant avec la SNCB (80 % de l’abonnement social, 20 % État.) • Aménager les horaires afin de pouvoir utiliser les TC et éviter les pertes de salaires (retards, etc.) et améliorer la ponctualité.