Fight against climat blindness

Page 1

fight against climate blindness


table des matières 1. Mot de Rudy De Leuuw et Anne Demelenne

3

2. Introduction

5

3. Dérèglements climatiques, une réalité qui nous concerne tous, aujourd’hui et demain

7

4. Changements climatiques: un combat syndical

11

4.1. La FGTB, au cœur de l’action

4.1.1. Positions de la FGTB

12

4.1.2. Acquis de l’action de la FGTB

14

4.1.2.1. La FGTB fédérale

14

4.1.2.2. La FGTB wallonne

18

4.1.2.3. La FGTB flamande

22

4.1.2.4. La FGTB Bruxelles

26

4.2. Positions et revendications de la Confédération syndicale internationale 4.3. Positions et revendications de la Confédération européenne des syndicats

2

12

30 31

5. Et demain? Revendications de la FGTB

33

6. Conclusion

37


1. mot du Président et de la secrétaire générale Le syndicalisme n’est pas simplement l’organisation d’un rapport de force entre travailleurs et employeurs. L’opinion publique a souvent le sentiment que l’action des syndicats se limite à défendre les acquis des travailleurs, des allocataires sociaux et des plus défavorisés. Mais elle va bien au-delà. L’action de la FGTB repose avant tout sur un projet de société plus égalitaire, plus harmonieuse, plus solidaire, qui cherche l’intérêt général. Or, les dangers liés aux dérèglements climatiques, qui touchent souvent les plus fragilisés d’entre nous, mettent en péril ce projet de société plus égalitaire. C’est pourquoi la FGTB fait de la lutte contre les dérèglements climatiques une de ses priorités d’action. Un processus naturel aux conséquences éminement sociales est enclenché. Et il ne fera qu’augmenter dans les années à venir. Les causes sont dues aux activités humaines principalement dans nos pays dits « développés », basés sur le modèle capitaliste de sur-productivisme et de sur-consumérisme. L’économie de marché est en effet responsable de ces dérèglements car elle est basée sur la concurrence et l’accumulation. Les décisions de production ne sont pas prises en fonction de leur utilité sociale et de l’écologie, mais des seuls profits à courts termes. Pour la FGTB, il faut oser remettre en question un modèle qui est arrivé au bout de ses incohérences. Il importe aussi d’éviter que les pays en développement succombent à l’appel des sirènes du tout au profit et reproduisent ce schéma en faillite. En outre, étant donné le caractère non soutenable de notre développement économique, de nos comportements, de nos manières d’appréhender notre rapport à la nature, notre société ne peut être considérée comme un modèle qui assure le bien être des populations. Ainsi, la lutte contre la dégradation environnementale et les changements climatiques doit être menée à bien en tenant pleinement compte de l’objectif syndical: atteindre la justice sociale, par le travail décent et l’égalité de genre. Cette justice sociale ne pourra être rencontrée que dans le cadre d’une stratégie de transition socialement juste. Il s’agit de passer de nos modes actuels de productions et de consommations à une alternative durable à faibles émissions de carbone. Pour la FGTB, mettre en concurrence le social et l’environnement serait la pire des erreurs. En effet, les trois piliers du développement durable (économie – environnement – social), constituent un équilibre non exclusif, avec l’environnemental comme base, l’économique comme moyen et, surtout, le social comme but. Les changements climatiques, dont les conséquences sont sources d’inégalités majeures, menacent les droits humains.A ce titre, ils expliquent et légitimisent résolument le combat syndical.

anne demelenne Secrétaire générale

Rudy de leeUW Président

3


4


2. introduction La présente brochure développe quatre parties: • La première partie essaye de démontrer à quel point les changements climatiques nous concernent tous, mais touchent surtout les plus fragiles d’entre nous. Elle tente également de couper l’herbe sous le pied des quelques désormais rares climatologues sceptiques, qui continuent à nier l’évidence des dérèglements climatiques. • Le second volet démontre à quel point la problématique des changements climatiques est éminemment syndicale, par les inégalités qu’elle engendre, les tensions qu’elle provoque, les changements de modèle de société que ses réponses appellent. • Le troisième aspect développé plus loin veut montrer comment la FGTB a fait de ce combat une priorité dans son action au quotidien. Cela vaut pour le niveau fédéral de l’organisation mais aussi pour ses ailes régionales. Cette préoccupation climatique est aussi portée au sein de la Confédération syndicale internationale (CSI) et de la Confédération européenne des syndicats (CES). • Enfin, le dernier volet a pour objectif de dresser la liste des revendications que la FGTB portera dans les semaines à venir, notamment dans le cadre des négociations au sein des Nations Unies, mais aussi au niveau belge.

5


6


3. dérèglements climatiques une réalité qui nous concerne tous, aujourd’hui et demain Les dérèglements climatiques sont une réalité. On lutte désormais contre leur accélération exponentielle et ses multiples conséquences. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC)1 est unanime: la température de la Terre a déjà augmenté de 0,74°C depuis la fin des années 1800. A première vue, ce réchauffement ne paraît pas important. Il intervient pourtant à une vitesse telle qu’il n’a pas d’équivalent depuis plus de 10.000 ans. Le tableau ci-dessous reprend l’augmentation des températures durant ces mille dernières années2.

Les mêmes experts du GIEC affirment que la responsabilité des activités humaines dans ce processus est avérée, en tout cas pour ce qui est des cinquante dernières années. Selon le GIEC, une augmentation supérieure à 2°C de la température de la terre aura des conséquences irrémédiables.

les conséquences environnementales Dans le Nord de l’Europe, les précipitations se sont accrues de 10 à 40%, alors qu’au Sud la sécheresse a crû de 20%. Le niveau des mers monte tandis que la banquise s’amincit et que les glaciers reculent en altitude. Une recrudescence des raz de marée, inondations, tempêtes, glissements de terrain et incendies de forêts est prévisible dans l’ensemble du continent européen. En ce qui concerne l’impact sur les côtes belges, il est prévu une augmentation du niveau des océans de 14 à 93 centimètres. Même dans l’hypothèse d’une réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre, le niveau des mers continuerait de monter durant les siècles à venir à l’échelle du globe, avec une augmentation de quatre à huit mètres d’ici l’an 3000, suite à la fonte des glaces continentales et à la dilatation des masses d’eau océanique due à l’accroissement de la température. 1. Composé de près de plus de 2.000 experts en climatologie à travers le monde et chargé par les Nations Unies d’étudier la question des changements climatiques. 2. Source: GIEC, Technical Summary, pages 28-29.

7


les conséquences économiques L’ancien économiste en chef de la banque mondiale, Nicholas Stern a, avec son équipe, et à la demande du gouvernement britannique, analysé les coûts des changements climatiques. Le rapport sorti en novembre 20063 a démontré qu’en l’absence de mesures, le PIB mondial reculerait de 5% à 20% par an dans le pire des cas. A titre de comparaison, en 2009, en pleine crise financière, le PIB européen a reculé de 5.8%.

les conséquences sociales Quand la terre chauffe, la fièvre frappe d’abord les plus démunis: • 262 millions de personnes ont été annuellement affectés par des désastres climatiques sur la période allant de 2000 à 2004. Avec toutes les conséquences que cela a sur les flux migratoires. Plus de 98% d’entre elles vivent dans des pays en développement; • on estime que près d’un milliard de personnes se verront obligées de quitter leur domicile d’ici 2050 en raison des changements climatiques, de la dégradation environnementale et des conflits qui en résultent, les femmes étant affectées au premier chef; • l’ouragan Katrina a démontré à quel point, même dans l’hémisphère Nord, les structures sociales et économiques sont vulnérables par rapport à la nature et à quel point les humains sont fragiles et inégaux face aux conséquences directes des dérèglements climatiques; • la désertification continue à avancer et menace les moyens de subsistance d’un milliard de personnes4. Alors bien entendu, les pays du Sud (Bangladesh, Inde, Madagascar, Mozambique, …) sont les premiers concernés par les conséquences des changements climatiques, mais nos contrées ne seront pas épargnées non plus: • impact sur la santé avec l’augmentation des décès dus aux vagues de chaleur (20.000 à 30.000 décès dans nos contrées suite à la vague de chaleur de 2003), apparition de nouvelles maladies (malaria par exemple) ou encore augmentation de maladies telle que celle de Lyme5; • augmentation des prix, en particulier ceux de l’énergie due à l’exploitation et à la raréfaction des matières premières; • diminution du pouvoir d’achat des plus défavorisés liée à l’augmentation des prix des matières premières; • risques de délocalisations; • ... D’après un rapport de l’OCDE, co-rédigé par des experts issus des milieux universitaires et du secteur privé, les changements climatiques et l’urbanisation pourraient entraîner un triplement du nombre de personnes exposées à des inondations côtières dans le monde d’ici 20706. Cela signifie donc que 150 millions de personnes environ pourraient être exposées à des inondations côtières d’ici à 2070, contre 40 millions actuellement. L’impact financier passerait quant à lui à 35 000 milliards USD d’ici 2070, contre 3.000 milliards aujourd’hui.

3. Stern Review Report on the Economics of Climate Change, 2006. http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/+/http://www.hm-treasury.gov.uk/stern_ review_report.htm 4. Discours d’Achim Steiner, directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement, 17 juin 2010. 5. Maladie bactérienne véhiculée par les tiques qui peut à terme directement ou indirectement affecter la plupart des organes humains, de manière aiguë et/ou chronique avec des effets différents selon les organes et les patients, et finalement conduire à des handicaps physiques et mentaux. 6. Source: Ranking port cities with high exposure and vulnerability to climate extremes, Nicholls et al. 2007, OECD, Paris.

8


Tableau: Les 15 pays dont la population sera la plus affectée par les changements en 2070.

L’impact des dérèglements climatiques sur la disponibilité et la qualité de l’eau intensifiera les problèmes actuels de gestion de l’eau et requiert également des investissements considérables. Par exemple, la diminution des ressources en eau augmente le chômage, qui, à son tour, contribue aux flux migratoires qui vide les campagnes de leur main d’œuvre et aggrave la crise économique des zones rurales. Le schéma ci-dessous donne un aperçu des conséquences des changements climatiques en fonction de l’évolution des températures.

Tableau: Projection des impacts du changement climatique7.

7. Sources: Revue Stern, 2008, http://grida.no/publications/rr/food%2Dcrisis/

9


10


4. changements climatiques un combat syndical Toutes les activités humaines (industrie, transports, logement, services, …) ont un impact important sur les émissions de gaz à effet de serre, et donc sur le climat. Les travailleurs et leurs familles contribuent donc aux émissions de gaz à effet de serre: via leurs déplacements, leurs systèmes de chauffage ou leurs activités professionnelles. Ils souffrent également des pertes de qualité de vie liées aux nuisances sonores, à la pollution liée au trafic, … Le travailleur est un double acteur dans la lutte contre les dérèglements climatiques. Il est à la fois acteur de production et acteur de consommation: • Acteur de production. C’est lui qui connait le mieux l’outil de travail, il doit pouvoir à ce titre faire part de cette expérience pour rendre les modes de production plus durable. • Acteur de consommation. Le travailleur est consommateur. Ses modes et ses choix de consommation ont également une influence importante dans la lutte contre les dérèglements climatiques. Pour le monde syndical, le changement climatique soulève d’importantes questions liées à l’emploi, à la justice sociale, à l’équité et aux droits de l’homme. Des questions qui traversent les frontières et les générations. Dans certains secteurs, l’emploi est mis en opposition avec l’environnement. La crainte existe dans le monde du travail de perdre son emploi sous couvert de protection de l’environnement. Tout l’enjeu pour la FGTB est de parvenir à concilier préservation de l’environnement et du climat tout en préservant l’emploi de qualité. Pour la FGTB, traiter de l’environnement et du climat, c’est traiter de ses répercussions sociétales et syndicales. Une étude réalisée par un consortium composé de: Syndex, la Confédération Euorpéenne des Syndicats, , la SDA, les instituts allemand Wuppertal institute et espagnol Istas, conclut globalement que même un changement climatique modéré affectera l’activité économique et l’emploi en Europe8. Certaines régions et secteurs économiques sont particulièrement vulnérables. Les mesures permettant à l’Union européenne de réduire ses émissions de CO2 d’environ 40% en 2030 ne détruisent pas d’emplois globalement mais induisent des modifications substantielles de l’offre et de la demande d’emplois et de qualifications au sein et entre les secteurs: de la production d’énergie, du transport, des industries de l’acier et du ciment, du bâtiment/construction. L’enjeu est donc double: il s’agit de stabiliser le climat, tout en garantissant la protection des travailleurs. Au rang des défis rencontrés par les syndicats dans la lutte contre les changements climatiques, il faut épingler: • la reconversion des travailleurs. Elle passera par une révision de nos modes de consommation et de production, par une réduction du temps de travail (avec baisse des cadences et embauche compensatoire), par une extension radicale du secteur public dans le logement et les transports; • la hausse de l’efficacité énergétique9 et le passage aux énergies renouvelables et durables (ils doivent être planifiés et réalisés); • l’énergie, qui doit être placée sous statut public. Et ne plus se trouver aux mains de monopoles financiers; • la recherche, qui doit être refinancée et libérée de la tutelle de l’industrie; • une revalorisation du rôle des services publics dans la cohésion sociale ainsi que davantage de poids à rendre à l’Etat; • l’importance du dialogue social, qui réclame que le monde du travail soit associé à l’ensemble des décisions. 8. http://www.etuc.org/a/3675 9. L’efficacité énergétique vise à minimiser la consommation d’énergie pour un service rendu identique. Elle a pour but une réduction de l’énergie consommée. Cela permet de réduire les coûts écologiques, économiques et sociaux liés à la production et à la consommation d’énergie

11


Les dérèglements climatiques ajoutent des barrières supplémentaires au développement. Ils aggravent des situations économiques et sociales déjà critiques. Ils contribuent donc de la sorte au cercle vicieux de la pauvreté. Il est fondamental que les syndicats apportent leurs réponses et proposent leur modèle de société. Parce que l’urgence climatique l’impose. Mais aussi parce que, sinon, d’autres s’en chargeront à leur place, au détriment des travailleurs.

4.1. la fgtb au cœur de l’action 4.1.1. Positions de la fgtb La FGTB a fait du changement climatique une de ses priorités d’action, comme cela a été rappelé lors du Congrès statutaire de juin 2010. Le climat, c’est aussi notre affaire, celle de nos 1.500.000 affiliés et des citoyens, car nous avons les deux pieds sur terre et les deux mains plongées dans la réalité. Nous connaissons bien notre terrain d’action, à savoir le monde du travail. Pour la FGTB, les raisons de la crise climatique sont à rechercher dans la faillite d’un modèle. La crise financière et climatique, et la crise sociale qui en résulte, trouvent leur origine dans les effets pervers d’une société dominée par l’idéologie capitaliste non régulée. Le modèle capitaliste est arrivé au bout de ses incohérences et de sa logique des « marchés ». Même un économiste tel que Nicolas Stern10 reconnaît que le changement climatique « est un échec sans précédent du marché ». Le modèle capitaliste, dans le « sur productivisme » et le « sur consumérisme » qu’il entraîne, est la cause du renforcement des changements climatiques. L’économie de marché est responsable du réchauffement parce qu’elle est basée sur la concurrence et l’accumulation à court terme. Les décisions de production ne sont pas prises en fonction de leur utilité sociale et de l’écologie, mais en fonction des profits, à court terme. C’est pourquoi, pour la FGTB, les réponses à la crise climatique sont à trouver dans un changement radical de modèle. Il est essentiel de tendre désormais vers un modèle durable, juste et solidaire. L’emploi, le revenu, la redistribution des richesses, le pouvoir d’achat, l’égalité des genres, la cohésion sociale et la lutte contre la pauvreté doivent être au cœur des stratégies de lutte contre les changements climatiques. La mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques doit s’opérer dans une logique de justice sociale. Dés lors, nous réclamons une transition juste vers une économie pauvre en émission de carbone ! La transition juste est une revendication portée par le mouvement syndical au niveau international (via la Confédération syndicale internationale), européen (via la Confédération européenne des syndicats) et, bien entendu, belge. Elle vise à assurer un cheminement progressif vers une société plus durable, tournée vers une économie plus respectueuse de l’environnement, qui doit promouvoir le travail décent.

Le travail décent Les hommes et les femmes doivent pouvoir accéder à un travail décent et productif dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité humaine. Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail - leurs aspirations à accéder à un emploi et à une juste rémunération, à jouir de droits, de moyens d‘expression et de reconnaissance, de justice et d’égalité entre les sexes. Ces diverses dimensions du travail décent sont les fondements de la paix dans les communautés et la société. Le travail décent est au coeur des efforts menés pour éradiquer la pauvreté, il est un moyen de parvenir à un développement durable, équitable et fédérateur. (Définition de l’OIT)11 10. Stern Review Report on the Economics of Climate Change. Idem 11. Source: http://www.ilo.org/global/About_the_ILO/Mainpillars/WhatisDecentWork/index.htm

12


Mettre en œuvre des programmes de transition juste implique concrètement: • d’établir d’importants plans d’investissement pour développer une politique industrielle et économique durable à long terme en vue de maintenir et de créer de l’emploi décent; • de réaliser des études nationales, régionales et sectorielles sur les mesures liées à la lutte contre les dérèglements climatiques. L’impact de ces politiques sur l’emploi et les marchés du travail doit être systématiquement analysé, en concertation avec les interlocuteurs sociaux; • de protéger celles et ceux qui travaillent dans des secteurs à risque. Cette transition doit comprendre des politiques pour promouvoir des technologies propres et économes, le développement d’un entrepreneuriat socialement responsable, tout en assurant la création de perspectives d’emplois alternatifs et la diversification économique; • d’obtenir un engagement des gouvernements à consulter et encourager la participation officielle des syndicats. Cette implication des syndicats est essentielle pour assurer une transition efficace et effective vers une société durable prenant en compte l’intérêt des travailleurs; • de mettre sur pied et de renforcer des programmes d’apprentissage des technologies dites « propres » à destination des étudiants et des travailleurs (via la formation); • d’assurer une protection sociale forte. Le sentiment de vulnérabilité constitue une source légitime de réticence aux changements. Il faut assurer la protection des travailleurs. Par ailleurs, une transition juste offre l’opportunité de faire disparaître des inégalités entre femmes et hommes, a fortiori au travail. Cette transition pourrait être l’opportunité d’assurer, pour les femmes comme pour les hommes, une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Il faudra aussi maintenir les emplois dans les secteurs à haute consommation en énergie. Nous devons en effet nous assurer que la transition vers un autre modèle de croissance aille de pair avec le maintien du volume de l’emploi. La promotion d’emplois décents et verts, le développement de l’innovation, la pérennité de systèmes de protection sociale et le déploiement de technologies à faibles émissions de carbone seront essentiels pour garantir la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un rapport publié par le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation internationale du travail (OIT), la Confédération syndicale internationale (CSI) et l’Organisation internationale des employeurs (OIE) intitulé « Green jobs: towards decent work in a sustainable, low carbon economy »12 (« Emplois verts: vers un travail décent dans un monde durable et à faible production en carbone ») nous offre un regard global sur les opportunités et les défis pour avoir des emplois plus verts. Les conclusions du document insistent sur le fait qu’il existe déjà plusieurs millions d’emplois verts dans les pays industrialisés, émergents et en développement. Le rapport recense un potentiel de 2,3 millions d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables et environ 4 millions d’emplois verts directs dans le domaine de l’amélioration de l’efficience énergétique des bâtiments aux Etats-Unis et dans l’UE. Il souligne aussi les opportunités considérables de création d’emplois verts dans le secteur des transports. Pour la FGTB, un processus de transition équitable réussi offre donc un énorme potentiel de création d’emplois verts et de travail décent. Il fournirait de nouvelles possibilités d’emplois verts afin d’anticiper les éventuelles pertes de l’activité économique, d’emploi et de revenus dans certains secteurs et régions et de protéger les plus vulnérables.

12. Le rapport définit les « emplois verts » comme des emplois qui réduisent l’impact environnemental des entreprises et des secteurs économiques (à terme, à des niveaux qui sont durables). Les « emplois verts » sont ceux en agriculture, dans l’industrie, les services et l’administration qui contribuent à la préservation ou à la restauration de la qualité de l’environnement. Les emplois verts se retrouvent dans de nombreux secteurs de l’économie (de l’énergie au recyclage en passant par l’agriculture, le bâtiment et le transport). Ils contribuent à réduire la consommation en énergie, en matières premières et en eau à travers des stratégies à haute efficacité, « dé-carboniser » l’économie et réduire les émissions de GES, pour minimiser (ou éviter complètement) toutes formes de déchets ou de pollution, et pour protéger et restaurer les écosystèmes et la biodiversité.

13


4.1.2. acquis de l’action de la fgtb L’action de la FGTB dans la lutte contre les changements climatiques se situe à plusieurs niveaux: • la FGTB exerce une influence sur les questions de politique climatique aux différents niveaux de concertation où elle a une tribune ou des représentants; • la FGTB, en tant qu’organisation de masse, joue également un rôle didactique. Dans ce cadre, elle mène campagne auprès de ses membres pour les sensibiliser à cette problématique du développement durable et des changements climatiques. Elle s’attèle également à traduire en revendications concrètes l’aspiration générale à une meilleure qualité de vie, y compris (voire surtout) pour les générations futures qui hériteront de notre planète.

4.1.2.1. la fgtb fédérale Sur la scène internationale La FGTB s’est montrée très active sur la thématique du changement climatique, tant au niveau fédéral qu’au niveau international. Elle a poursuivi sa participation aux activités croissantes du groupe de travail développement durable de la Confédération européenne des syndicats (CES) et du groupe de travail de la Confédération syndicale internationale (CSI) en la matière. Depuis fin 2008, la CSI est reconnue comme observateur officiel et est à ce titre partie prenante des négociations. La FGTB participe activement depuis quelques années aux réunions de l’ONU visant à conclure un accord contraignant pour la période qui suivra celle du Protocole de Kyoto (notamment à Bali, à Poznan et à Bonn). Pour rappel, ce protocole fixe les objectifs de réductions d’émissions de CO2 au niveau mondial pour la période 2008-2012 et vient à échéance fin 2012, raison pour laquelle il est impératif d’élaborer un nouvel accord pour l’avenir. Si Copenhague a été un échec, la conférence des Nations Unies sur le climat de l’année suivante, en 2010 à Cancun, s’est, elle, conclue sur double succès: non seulement le processus de négociation sur le climat a été relancé (il était dans le coma suite au Sommet de Copenhague) mais la revendication syndicale d’assurer une transition juste vers une société pauvre en carbone a été intégrée dans l’accord. C’est une grande victoire pour le mouvement syndical, et la FGTB y a grandement contribué. http://www.ituc-csi.org/climate-change.html

Au niveau européen La FGTB participe activement à l’élaboration de stratégies et de revendications de la Confédération européenne des syndicats (CES), notamment en matière de développement durable et de politiques climatiques. • En ce qui concerne les politiques climatiques, l’ambition du mouvement syndical européen est de contribuer à ce que soient rencontrés, notamment au travers des politiques industrielles, à la fois les défis du changement climatique et de la crise économique, tout en réduisant les inégalités sociales. C’est dans cet esprit que la CES a élaboré ses revendications: lancer une initiative européenne pour une croissance durable; • donner la priorité à l’efficacité énergétique (dans le secteur du logement et celui des industries); • mettre en place de nouvelles politiques industrielles européennes durables; • mettre en place des mesures pour éviter les conséquences sociales négatives de la hausse des prix de l’énergie, la priorité étant de réduire les besoins énergétiques, notamment en investissant dans l’efficience énergétique des logements à caractère social et la fourniture d’alternatives économes en énergie et peu coûteuses; • assurer à tous les Européens l’accès universel aux services énergétiques essentiels, notamment par le biais de tarifs sociaux de l’énergie. C’était une demande de la FGTB qui a été reprise par le mouvement syndical européen. http://www.etuc.org/r/749

14


15


La mobilisation En 2009, une forte délégation FGTB était présente à Copenhague: près de 85 personnes au total, dont plus de 25 jeunes, des délégués, des secrétaires fédéraux et régionaux. Cette délégation a pris part à la manifestation en faveur du Climat organisée le 12 décembre à Copenhague et qui a rassemblé plus de 100.000 personnes. Depuis 2008, la FGTB est également membre de la Coalition climat La Coalition climat est une plate-forme qui rassemble, outre les trois syndicats belges, quelque 80 associations (de développement, de protection de l’environnement, …). Elle a pour objectif d’organiser la mobilisation citoyenne autour de la question climatique et de faire comprendre aux responsables politiques l’importance de lutter contre les changements climatiques, notamment en assurant une transition juste pour les travailleurs et pour les plus démunis. Le 29 aout 2009, plus de 12.000 participants ont répondu à l’appel de Nick Balthazar et la Coalition Climat et sont venus danser pour le climat sur la plage d’Ostende. Un vidéo-clip The Big Ask, intitulé ‘Dance for the Climate’, a été réalisé. Le clip a été traduit en une vingtaine de langues (Bulgare, Hindi, Portugais, Chinois, …). A la veille de la conférence de Copenhague (décembre 2009), la Coalition climat a organisé une manifestation à Bruxelles qui a rassemblé près de 15.000 personnes, dont une délégation de la FGTB. En 2010, la Coalition a organisé à la veille de la conférence de Cancun une action « Chantons pour le Climat » ainsi qu’une manifestation à Bruxelles. En 2011, la mobilisation de la Coalition s’organise autour de « En route pour Durban, 20.000 km pour sauver le climat »: manifestation, séminaire sur la transition juste ont été organisés. http://www.coalitionclimat.be

Les victoires « belges » Outre l’intégration dans l’accord de Cancun de la transition juste, la FGTB mène également le combat en Belgique. Dés 2004, la FGTB en appelait à la mise sur pied d’une Alliance emploi-environnement, à l’instar de ce qui s’est fait en Allemagne sous l’impulsion du DGB, le syndicat allemand (objectif de rénover 300.000 habitations et de créer 200.000 emplois). Pour financer cette Alliance emploi-environnement, la FGTB demandait, entre autres, la création d’un prêt à taux zéro pour les particuliers. Cette revendication s’est matérialisée par la création du Fonds de réduction du coût global de l’énergie (FRCE): 150 millions d’euros disponibles (sous forme d’obligations) pour octroyer des prêts à des particuliers à tarifs préférentiels en vue de financer des travaux économiseurs d’énergie. Ce fonds cible en priorité les ménages les plus démunis. Le FRCE existe depuis 2006. Il a connu à la fois des problèmes de visibilités et de mise en œuvre pratique sur le terrain. Fin 2009, neuf entités locales ont conclu des accords de partenariats avec ce fonds. Les trois accords de Gouvernement au niveau régional prévoient le recours au dispositif FRCE. La FGTB a également été une des premières à exiger une contribution des producteurs d’énergie nucléaire, qui dégagent des bénéfices substantiels puisque certaines centrales nucléaires sont déjà amorties. Selon la FGTB, le montant des bénéfices engrangés s’élève à plus 1 milliard d’€ par an ! Ce montant, indu, doit servir à soulager la facture énergétique des ménages (qui ont financé les centrales nucléaires) et à investir dans des programmes d’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et de réduction des émissions de CO2. Le gouvernement fédéral a, en partie, entendu cette revendication et a imposé une taxe de 250 millions aux producteurs d’énergie nucléaire (pour 2008 et 2009). Depuis 2010, une taxe est également perçue, son montant est déterminé par un comité de suivi, composé des interlocuteurs sociaux, des producteurs d’électricité et de la Banque Nationale. La FGTB est membre du comité technique portant sur les mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto13. 13. Principe: les pays industrialisés payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions dans des nations moins riches et sont récompensés par l’octroi de crédits pouvant être utilisés pour atteindre leurs propres objectifs de réduction d’émissions. En contrepartie, les pays receveurs bénéficient gratuitement de technologies avancées qui permettent à leurs usines ou leurs installations générant de l’électricité d’opérer de manière plus efficace d’un point de vue énergétique.

16


Ce Comité se réunit pour identifier des projets dans des pays en développement pouvant être conclu dans le cadre de ces mécanismes de flexibilité. Grâce à l’action de la FGTB (et de la CSC) des critères de qualité sociale, en plus de ceux environnementaux, ont été intégrés pour opérer la sélection de ces projets. La liste des critères repose sur: • le respect des principes des lignes directrices de l’OCDE pour les multinationales, les huit conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT)14, ainsi que la Convention 155 relative à la santé et la sécurité au travail et la Convention 169 relative aux populations indigènes et tribales; • la durabilité sociale, qui comprend l’emploi (nombre d’emplois créés, développement des compétences, qualité de l’emploi), l’équité et l’accès aux services publics essentiels dont les services énergétiques; • l’implication des organisations syndicales dans la procédure d’approbation des projets.

L’action au sein des conseils consultatifs Au sein du Conseil fédéral du développement durable (CFDD), la FGTB a aussi participé à plusieurs avis en lien avec les politiques climatiques, où elle a insisté, comme toujours, sur la dimension sociale. Un avis a été rédigé en mars 2009 sur le rapport d’évaluation du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC). Ce rapport recommande, entre autres, de limiter l’augmentation de la température mondiale de maximum 2°C. Dans son avis, le CFDD soutient les recommandations de ce rapport d’évaluation. En vue du Sommet climatique de Copenhague, le CFDD, avec la participation active de la FGTB, a présenté au Ministre du climat du Gouvernement fédéral ses revendications en matière de lutte contre le changement climatique. La FGTB, avec les autres organisations syndicales, n’a pas manqué d’insister sur l’importance de développer une transition juste pour les travailleurs vers une société bas carbone. Enfin, la FGTB a également participé à la rédaction d’un avis sur un verdissement de la fiscalité dans le cadre du développement durable, reprenant dix critères dans lequel ce verdissement devrait s’opérer. Depuis 2006, la FGTB a ainsi collaboré à l’élaboration d’une quarantaine d’avis du CFDD dans lesquels des avancées ont pu être engrangées d’un point de vue syndical, portant sur la stratégie de développement durable, sur la politique énergétique en lien avec le climat, sur les normes et politiques de produits, sur la recherche et les indicateurs en matière de développement durable, sur les relations internationales en matière de développement durable, … http://www.cfdd.be

Au Conseil central de l’économie, la FGTB a participé aux travaux sur la demande d’avis de la Ministre Milquet sur les conditions propices à l’émergence des emplois verts, sur les questions relatives aux restructurations, aux nouvelles compétences requises, aux besoins de formation continue, aux répercussions santé/sécurité, aux pénuries d’emploi dans les filières vertes et à l’intégration de cette thématique dans la stratégie de Lisbonne post 2010. Un premier avis sur le sujet a été remis en juillet 2009. Cet avis définissait un cadre général et fixait un cadre de travail. Les travaux ont repris ensuite et un second avis avec des lignes directrices, notamment sur l’importance de la formation et de l’innovation, a été remis en mars 2010. La FGTB s’est prononcée dans cet avis pour une définition large du concept d’emploi vert: un concept « qui englobe tous les nouveaux emplois dans un secteur dont l’empreinte écologique est inférieure à la moyenne, qui contribue à l’amélioration des performances globales, même si ce n’est que d’une façon marginale ». Par ailleurs, « plutôt que remplacer les emplois existants par des emplois verts complètement différents, c’est le contenu des emplois, la façon dont on travaille, et les aptitudes des travailleurs qui vont devoir changer »15.

14. - La convention (nº 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948; - La convention (nº 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949; - La convention (nº 29) sur le travail forcé, 1930; - La convention (nº 105) sur l’abolition du travail forcé, 1957; - La convention (nº 138) sur l’âge minimum, 1973; - La convention (nº 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999; - La convention (nº 100) sur l’égalité de rémunération, 1951; - La convention (nº 111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958. 15. « Green Jobs:Towards Decent Work in a Sustainable, Low-Carbon World ».Rapport conjoint Programme des Nations Unies pour l’environnement(PNUE), l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Organisation internationale des employeurs, (OIE) et la Confédération syndicale internationale (CSI).2008.

17


Le § 8 de ce second avis résume à lui seul toute la philosophie de l’avis: « Les Conseils soulignent que, pour être pleinement réussie, une telle évolution postule, d’une part, l’existence d’entreprises économiquement compétitives et, d’autre part, une transition socialement juste. Ce n’est que si les entreprises sont compétitives et qu’elles peuvent agir dans un environnement international sainement concurrentiel qu’elles seront en mesure d’opérer leur indispensable mutation écologique. Par ailleurs, ce n’est que si, dans le cadre du système de protection sociale existant qui est le nôtre, les travailleurs se préparent, en même temps, correctement aux changements professionnels imposés par les technologies et les processus propres que cette mutation sera socialement acceptée »16. http://www.ccecrb.fgov.be/

4.1.2.2. la fgtb wallonne Introduction La transition juste a fait l’objet d’un engagement historique pour la FGTB wallonne lors de son congrès statutaire des 11 et 12 mai 2010. Il s’agit maintenant de l’opérationnaliser à travers les différentes politiques économiques, sociales, énergétiques et environnementales mises en œuvre par la Wallonie. La juste transition passe par le développement des emplois verts, l’amélioration de l’efficience énergétique dans les transports, l’industrie et le logement ainsi que par le développement de nouvelles sources d’approvisionnement énergétique par le biais du renouvelable. On parle de « verdissement » de l’économie. Il concerne tous les secteurs - y compris les secteurs économiques implantés de longue date -, tous les modes de production et tous les emplois. Des initiatives très concrètes, associant délégations syndicales et directions, montrent le chemin de la transition. Pour la FGTB wallonne, il s’agit bien d’une transition vers un modèle de développement qui met au cœur de son ambition les solidarités: entre travailleurs européens, avec les travailleurs du Sud et envers les futurs travailleurs. Outre la création de comités sectoriels qui travailleraient à la reconversion des travailleurs concernés, la FGTB wallonne plaide pour la constitution d’un fonds européen de la juste transition économique qui finance la formation des travailleurs, le développement de nouvelles technologies propres, l’aide aux entreprises innovantes créatrices d’emplois, l’apprentissage de nouveaux métiers, … Ce fonds serait alimenté par une taxe carbone perçue aux frontières de l’Europe, qui toucherait principalement les pays ne respectant pas le même niveau d’exigence. Il serait assorti d’un droit de tirage bénéficiant aux Etats ou aux régions, moyennant la présentation de projets économiques plus respectueux de l’environnement. Une partie de cette taxe devrait également alimenter le fonds de convergence sociale et écologique en faveur des pays du Sud. La FGTB wallonne a, par ailleurs, développé des positions politiques concrètes, orienté un certain nombre d’initiatives politiques dans une voie à la fois plus sociale et plus verte et mis en place, depuis de nombreuses années déjà, des outils de formation et de sensibilisation des représentants des travailleurs et de ses militants.

La cellule RISE RISE, le Réseau intersyndical de sensibilisation à l’environnement17, a été créé conjointement par la FGTB et la CSC pour venir en appui aux délégués syndicaux sur les questions environnementales. Soutenu par la Région wallonne depuis 1996, RISE est un important dispositif d’accompagnement des représentants des travailleurs sur des thèmes tels que les déchets, les économies d’énergie, le climat, l’éco-consommation ou encore la gestion environnementale des entreprises. Autant d’engagements syndicaux essentiels pour améliorer les conditions de travail et assurer le bien-être des générations actuelles et futures. Les activités menées par RISE visent à stimuler la concertation sociale en environnement dans les entreprises, à renforcer la capacité d’intervention des délégués syndicaux sur ces questions et à sensibiliser les travailleurs et leurs représentants à l’environnement. Pour ce faire, différents outils ont été développés pour rencontrer ces objectifs parmi lesquels: des formations destinées aux représentants syndicaux en entreprise, des émissions TV, une journée d’étude en 2010 sur l’emploi et l’environnement, un forum intersyndical en 2008 sur les enjeux croisés de l’emploi et du changement climatique, des expériences-pilotes dans différentes entreprises ou dans des sous-secteurs, la publication de brochures thématiques, la mise en ligne d’une lettre d’information électronique, etc. 16. Cf http://www.ccecrb.fgov.be/txt/fr/doc10-470.pdf (en français). 17. www.rise.be

18


19


La cellule Mobilité Une politique de mobilité s’inscrit à part entière dans celle de la transition juste car elle doit se fonder sur les principes d’équité, d’accessibilité, de sécurité et de prévention contre les pollutions. La poursuite d’une politique de mobilité du « tout à la route », développée au cours des années 60 et 70, conduit à une impasse sur tous les fronts du développement durable. Pourtant, la route continue à gagner des parts de marché: une réorientation des choix modaux s’impose d’urgence. La problématique du déplacement des travailleurs entre le domicile et le lieu de travail constitue un des leviers sur lesquels il convient d’agir. Les syndicats se veulent porteurs de projets et d’actions visant à développer des plans de transports d’entreprises et/ou de zones d’activités. On est donc bien devant un réel défi pour les organisations syndicales. Elles doivent apporter des éléments de réponses dans une perspective de concertation sociale, en permettant de tenir réellement compte des besoins et des aspirations des travailleurs et en allégeant les contraintes liées à la mobilité, avec la possibilité réelle d’utiliser d’autres modes de transports. C’est dans cette optique que la FGTB wallonne s’est dotée, depuis 2002, en collaboration avec le CEPAG18 (Centre d’éducation populaire André Genot) et en partenariat avec la CSC wallonne, d’une cellule mobilité, dans le cadre d’une convention avec la Région wallonne. Son rôle est de stimuler la concertation et la négociation sociales sur la thématique des déplacements et de renforcer la capacité d’intervention des délégués syndicaux sur ces questions. La cellule organise également des formations destinées aux délégués sur le terrain, réalise des publications et un travail de sensibilisation par le biais de la presse syndicale. Elle prend activement part à l’organisation de la Semaine annuelle de la mobilité.

Prises de position et acquis de la FGTB wallonne La FGTB wallonne, en tant que partenaire social, exerce un certain nombre de mandats au niveau de la concertation sociale wallonne et réalise un important travail de lobbying auprès des décideurs politiques et des élus. Thierry Bodson, Secrétaire général de la FGTB wallonne assume actuellement la présidence du Conseil économique et social de la Wallonie (CESW) pour la période 2011-2013. Les analyses et revendications de la FGTB wallonne en matière de lutte contre le changement climatique et de juste transition sont, par ailleurs, portées dans les différentes commissions du Conseil dont, plus spécifiquement, les commissions « Energie », « Mobilité – Aménagement du territoire » (MAT), « Conservation de la nature-Environnement-Ruralité-Agriculture” (CERA) » mais également la commission « Economie, Investissements, Politiques industrielles et sectorielles, Tourisme et Commerce extérieur », notamment via le débat sur la fiscalité verte. La FGTB est également membre du Conseil wallon de l’Environnement pour le développement durable (CWEDD) et de la Commission régionale d’aménagement du territoire (CRAT). En matière d’énergie et de contribution à l’objectif 20-20-20 défini par l’Union européenne (20% de la consommation d’énergie en 2020 de source renouvelable, 20% de réduction des émissions de CO2 et 20% d’économie d’énergie), la FGTB wallonne poursuit une réflexion sur la politique énergétique de la Wallonie dans ses différentes dimensions, auxquelles elle ajoute celle de la justice sociale. Le dossier est complexe car il fait intervenir toute une série de dispositifs dont les accords de branche, le système ETS (Emission trading system) ou les certificats verts. La FGTB wallonne est particulièrement attentive à ce que les différents mécanismes mis en place soient transparents, soumis à la concertation sociale et créateurs d’emplois. Elle entend veiller, en effet, à ce que ceux-ci ne créent pas d’effets d’aubaine pour les entreprises qui utiliseraient l’argent public pour réaliser des investissements de toute façon programmés ou qui délocaliseraient leurs activités vers des pays où les normes environnementales et sociales sont moindres au lieu de réduire effectivement leurs émissions polluantes. Il est clair également que le développement des emplois verts doit s’accompagner d’une politique de formation à ces nouveaux métiers, tant pour les travailleurs amenés à évoluer ou à se reconvertir qu’au niveau des différentes filières de l’enseignement.

18. www.cepag.be

20


Lutte contre la précarité énergétique La FGTB wallonne s’engage également au niveau de la lutte contre la précarité énergétique. A ce titre, elle assure la vice-présidence du RWADé (Réseau wallon d’accès durable à l’énergie) qui se préoccupe de trouver des solutions permettant de garantir non seulement l’accès à l’énergie pour tous mais de développer les outils institutionnels permettant la maîtrise de cet accès. Entre autres actions, le RWAdé a pour mission d’informer les citoyens afin de renforcer leur capacité de participation aux politiques énergétiques. La FGTB wallonne et le RWADé réclament en particulier la sortie du système des compteurs à budget. Installés à la demande d’un fournisseur chez les clients en défaut de paiement, ils permettent au consommateur de prépayer ses consommations au moyen d’une carte à puce, selon le même principe que les cartes de téléphone. Ce système s’avère, dans les faits, socialement inefficaces car une grande partie des ménages concernés en viennent à se couper euxmêmes l’électricité. En outre, il représente un coût important, qui est répercuté sur l’ensemble des consommateurs.

Accès des ménages modestes aux mesures de l’Alliance emploi-environnement pour l’amélioration de l’efficacité énergétique du logement La FGTB wallonne a également participé activement aux débats relatifs à la première Alliance emploi-environnement récemment lancée par le Ministre wallon de l’Energie et de l’Environnement, Jean-Marc Nollet, dans le domaine de la rénovation énergétique des bâtiments. Les alliances emploi-environnement s’inscrivent dans le cadre du Plan Marshall 2. Vert. Elles visent à: • soutenir un nouveau modèle de développement économique, durable et solidaire qui constitue une opportunité en matière d’emploi, de développement économique et de réponse aux défis environnementaux; • positionner la Wallonie comme un modèle du développement durable au niveau européen, tout en créant des emplois peu ou pas délocalisables. Près de la moitié du parc de logements wallon a été construit avant 1945 et nécessite impérativement des investissements pour en améliorer l’efficacité énergétique. L’Alliance emploi-environnement représente donc une initiative nécessaire tant sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique que de la création d’emplois dans le domaine de la construction. Néanmoins, outre le fait que la rénovation concerne moins de 2% de l’ensemble des logements privés wallons sous cette législature , la principale critique de la FGTB à l’égard du plan concerne le risque que l’argent public ne serve à financer des travaux qui pourraient être réalisés aisément sur fonds propres par certains ménages aisés. Une des revendications prioritaires est, par conséquent, que l’accès aux dispositifs de prêts à taux zéro et aux subventions prévues par l’Alliance soit ouvert en priorité aux ménages à revenus modestes et en difficulté de paiement de leur facture énergétique. Il s’agit, pour ce faire, de développer des synergies entre le « guichet unique » prévu par l’Alliance et les différents services sociaux et les CPAS.

Des énergies renouvelables au service du progrès social Un autre chantier politique de la FGTB wallonne en faveur à la fois du climat et de l’environnement concerne le système des certificats verts mis en place en 2002 par la Wallonie en vue d’atteindre ses objectifs de 20% d’énergie de source renouvelable dans la consommation finale d’énergie en 2020. L’avantage du mécanisme des certificats négociables est essentiellement la possibilité pour le législateur d’imposer au final un certain pourcentage d’électricité renouvelable sur la part totale de l’électricité consommée. Dans les grandes lignes, le système des certificats verts fonctionne sur la base d’un mécanisme de marché régulé basé sur l’offre et la demande. S’il a relativement prouvé son efficacité en termes de développement de la production d’énergie renouvelable, il n’en reste pas moins qu’il est en grande partie géré par des intérêts privés tentés de s’orienter vers des technologies les moins coûteuses afin de générer un retour sur investissement rapide. La facture liée au développement de l’énergie verte n’est, de surcroît, payée ni par Electrabel, ni par les entreprises les plus polluantes ou qui consomment le plus d’électricité, mais bien par les ménages. Bien que la Déclaration de politique régionale pour 2009-2014 prévoie explicitement de promouvoir la production décentralisée d’électricité verte en encourageant la participation citoyenne dans la production d’énergie renouvelable, par exemple via des coopératives citoyennes, le secteur privé continue à dominer largement, voire de manière croissante.

21


La FGTB wallonne entend encourager le développement de la production décentralisée d’électricité renouvelable afin de rompre le monopole d’Electrabel à tous les niveaux de la production énergétique et de renforcer le poids des citoyens dans un contexte de marché libéralisé. Se pose également la question de l’opportunité, à côté de l’initiative citoyenne, d’accroître l’initiative publique dans le domaine des énergies renouvelables, ce qui permettrait de concilier de manière plus volontariste protection de l’environnement et intérêt général.

4.1.2.3. La FGTB flamande Prise de position interne

La FGTB flamande travaille depuis deux décennies sur la politique énergétique et environnementale. Elle s’investit de plus en plus à développer une vaste vision à long terme sur la politique de l’énergie et la problématique climatique ainsi que sur les mesures nécessaires pour combattre ces problèmes. Les économies d’énergie et l’efficacité énergétique doivent avoir la priorité absolue. C’est en effet la manière la moins coûteuse pour s’attaquer aux changements climatiques et la meilleure voie pour faire baisser la facture énergétique et soutenir le pouvoir d’achat des ménages. La FGTB flamande souhaite réfléchir aux systèmes futurs de production d’énergie, plus particulièrement à la lumière du changement climatique, de l’épuisement des énergies fossiles et du débat nucléaire. Si nous voulons tendre vers l’objectif de 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050, d’importants investissements devront être opérés. Mais si nous agissons de manière intelligente, il y aura d’importants avantages au niveau de l’innovation, de l’économie, de la sécurité d’approvisionnement, de l’emploi et de l’environnement. Une question importante qui se pose: qui payera ces investissements et qui en recueillera les bénéfices? A court terme également il faudra adapter la politique en matière d’énergies renouvelables (électricité comme chaleur). Les pouvoirs publics devront faire des choix clairs. L’énergie renouvelable comprend un éventail de technologies (éoliennes sur terre ou en mer, combustion ou fermentation de biomasses et de déchets, panneaux solaires photovoltaïques, chauffe-eau solaires, etc. Ces technologies présentent d’importantes différences quant au soutien dont elles ont besoin pour rentabiliser les investissements, quant à la rapidité avec laquelle elles diminuent au niveau de leurs prix, quant au profit que la Flandre peut en tirer dans le domaine de l’innovation, de l’économie, de la sécurité d’approvisionnement, l’emploi et l’environnement. Les différents régimes de soutien aux énergies renouvelables qui existent en Belgique et en Flandre doivent assurer une redistribution équitable des charges et des profits et produire un maximum d’énergie renouvelable au moindre prix (sauf si un coût plus élevé est justifié, par exemple création d’emplois). La FGTB flamande organise le débat avec ses permanents syndicaux et ses délégués pour les intéresser davantage à la problématique et à la définition de notre vision.

Influencer le monde politique et réseautage

La FGTB flamande suit de près la politique menée par le gouvernement flamand. Un canal important pour lez faire: les conseils consultatifs stratégiques du gouvernement flamand et du Parlement flamand, à savoir le Conseil social et économique de la Flandre (SERV) et le Conseil de l’environnement et de la Nature de la Flandre (Minaraad). Voici quelques lignes de force d’avis récents émis:

Politique climatique Le “Minaraad” émet des avis dans la perspective des conférences annuelles de l’ONU sur le climat. Dans l’avis émis à l’occasion de la conférence de Cancún, le Minaraad souligne que l’Union européenne devrait réaliser des avancées substantielles au niveau d’un ensemble bien balancé de décisions dans la perspective d’un nouvel accord global dont le projet devrait être prêt pour la 17e conférence climatique de Durban (Afrique du Sud, 2011). En ce qui concerne la politique européenne, le Conseil a examiné la demande de l’Union européenne de relever l’objectif de la réduction des émissions de CO2 de 20 à 30%. Le Conseil considère que les Etats membres doivent, à la lumière des objectifs de réduction à long terme et dans l’intérêt propre de l’Europe, se préparer à un renforcement de l’objectif de réduction avancé l’UE. Le Conseil estime qu’il est essentiel d’investir dans le développement de technologies vertes si l’on veut évoluer vers une société pauvre en carbone et renforcer la position de l’UE dans un marché technologique mondial en pleine croissance.

22


La Commission européenne prépare un rapport dans lequel elle examine les possibilités de passer à un système énergétique indépendant des combustibles fossiles. Le Conseil a demandé à l’Etat belge de faire le même exercice et d’élaborer une vision à long terme concernant la transition vers une société pauvre en carbone.

Utilisation rationnelle de l’Energie (URE) D’après le SERV et le Minaraad, la politique d’URE se doit d’être ambitieuse parce que les bénéfices sont largement supérieurs aux charges. Cette politique doit procéder d’une vision à long terme sur l’efficacité énergétique dans les bâtiments, les entreprises et le secteur du transport. En vue de concrétiser la stratégie en matière d’efficacité énergétique, il faut renforcer les capacités de gouvernement. A cet égard, il est essentiel de disposer d’une administration de l’énergie renforcée, d’une approche intégrée englobant les différents domaines et niveaux politiques et de procédures de concertation et d’évaluation décentes. La politique en matière d’efficacité énergétique consiste dans une large mesure à remplacer les dépenses pour la consommation d’énergie par des investissements lies à l’énergie que l’on pourra récupérer complètement au bout d’un certain temps. Les investissements initiaux appellent d’importants budgets (publics et privés), ce qui n’est pas faisable pour certains groupes. Les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer pour attirer des investissements, en octroyant dans une première phase des aides financières et en imposant ensuite des obligations du type objectifs de prestations énergétiques. Le régime flamand d’aides financières aux ménages et aux entreprises désireux de faire des investissements en URE (isolation des toits et des murs, chauffe-eau solaires, vitres à haut rendement) doit tenir compte des aspects sociaux. Les mesures susceptibles de bénéficier d’aides financières doivent être taillées à la mesure des revenus modestes également. Les aides doivent être limitées au montant maximum pour éviter que les revenus élevés bénéficient d’un avantage disproportionné. Les primes accordées aux groupes vulnérables doivent s’inscrire dans le cadre d’une approche intégrale de la qualité de l’habitat et de l’efficacité énergétique. Il faut d’urgence ouvrir le débat sur le financement de la politique d’URE et sur la promotion des énergies renouvelables.

Énergies renouvelables (ER) Le SERV a publié un rapport circonstancié sur les énergies renouvelables. La première partie tente de donner une réponse à des questions du type: Qu’est-ce qu’une énergie renouvelable? Pourquoi recourir à des énergies renouvelables? Quel est le développement des technologies dans le domaine des ER? Comment intégrer les ER dans le système énergétique? La deuxième partie décrit la politique en matière d’ER aux différents niveaux: international, européen, fédéral, flamand et local. Elle contient également une amorce d’évaluation de la politique en matière d’ER. Ce rapport servira de base à un avis que les conseils consultatifs émettront à l’intention du gouvernement flamand. Le SERV et le Minaraad ont émis des avis dans lesquels ils approfondissent des aspects spécifiques de la politique en matière d’ER. Ainsi, ils commentent les plans du gouvernement flamand visant à soutenir de grands investissements dans la production de chaleur à partir de biomasses, d’injection de biogaz et de réseaux de chaleur résiduelle. Les conseils considèrent que la “chaleur verte” (combinée à l’exploitation de chaleur résiduelle) constitue un important pilier de la politique en matière d’ER, à côté de l’électricité verte et de l’infrastructure de réseau et de stockage. Ils consacrent également une attention à la politique d’accompagnement industriel. Ainsi, le SERV a étudié un régime d’octroi d’aides aux entreprises qui procèdent à des investissements écologiques en Région flamande.

Influencer les mesures politiques dans des dossiers concrets Les mesures politiques sont également influencées dans des dossiers concrets. Ainsi, la section régionale de la FGTB d’Anvers a été un des initiateurs d’une campagne contre la construction d’une nouvelle centrale électrique au charbon dans le port d’Anvers.

23


Recherche d’alliances pour la lutte écologique La FGTB flamande collabore avec un certain nombre de partenaires dans le cadre d’un réseau d’organisations de la société civile. Le point de départ est la crise du système. Nous sommes confrontés à une crise financière et économique et à une grave crise environnementale bien plus ancienne: le changement climatique risque de devenir irrévocable et la pénurie de matières premières s’aggrave. Et puis, il y a aussi une crise sociale: aussi bien la pauvreté que la richesse s’accroît. De plus, ces crises sont provoquées par le même système socio-économique. C’est dans ce contexte que des personnes de la société civile progressiste (syndicats, mouvement écologiste, mouvements tiers-mondialistes, universités, secteur culturel et médias) ont uni leurs efforts. Ce réseau veut se faire une idée précise d’une société sociale et durable en 2050 et œuvrer à créer une plateforme plus grande favorable à cette vision. Tous les thèmes importants sont abordés: le climat, l’énergie, le travail, l’impôt, l’environnement, la problématique Nord-Sud, la culture, … De plus, les participants poursuivent l’objectif d’échanger leurs connaissances et d’influencer la politique suivie par les pouvoirs publics et les entreprises.

Formation, soutien et action L’équipe environnementale de la FGTB flamande soutient et forme les militants et les délégués dans le domaine de l’environnement et de l’énergie. L’équipe soutient les délégations syndicales et les élus de la FGTB au conseil d’entreprise (CE) et au comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT) en vue de mettre en place et de renforcer une action structurelle en matière d’environnement et d’énergie dans leur entreprise. L’équipe peut aider la concertation sociale dans l’entreprise et participer à la préparation des réunions du CPPT et du CE ou y participer à titre d’expert. Avec la délégation syndicale, le CPPT et le CE, elle peut développer des campagnes et des actions (de sensibilisation). Elle aide également les délégués et les militants à analyser les documents de leur entreprise relatifs à la problématique de l’environnement et de l’énergie. Ainsi, elle trie les informations importantes du permis d’environnement, du rapport annuel du coordinateur environnemental et du rapport annuel intégral sur l’environnement. Enfin, l’équipe participe également à la solution de questions concrètes posées au niveau des entreprises et oriente si besoin les délégués ou les militants vers des experts. Parallèlement, l’équipe développe des modules de formation et dispense des formations qui peuvent prendre la forme de formations toutes prêtes ou de formations sur mesure. L’équipe alimente également les formations élaborées par d’autres articulations et services de la FGTB flamande. L’équipe environnementale écrit des articles pour la presse syndicale et pour le site internet, elle rédige des brochures et publie un calendrier en vue de soutenir l’action et le travail syndical. Enfin, elle constitue des dossiers de fond comme par exemple le dossier “L’amiante et ses substituts”. L’équipe collabore également à la protection de l’environnement au sein de la FGTB. Elle organise également des campagnes. Ainsi, cette année, elle organise une ‘semaine du climat’ à l’occasion de la conférence des NU sur le changement climatique qui a lieu cette année à Durban (COP 17). A plusieurs endroits en Flandre, des activités et des actions sont organisées en rapport avec la problématique du climat. La FGTB flamande fait partie d’associations ayant pour objectif la diffusion d’informations, la formation, le débat et l’action, tant sur le plan national qu’international. La FGTB flamande collabore depuis 25 ans avec le mouvement écologique et avec les deux autres organisations syndicales représentatives belges dans le cadre de l’a.s.b.l. ‘Arbeid en Milieu’ (Travail et Environnement). Cette a.s.b.l. développe des modules de formation qu’elle met à la disposition de ses propres formateurs et des services de formation des organisations syndicales. Elle organise aussi de nombreuses activités d’information à l’intention des militants syndicaux et écologistes. Par l’intermédiaire de cette a.s.b.l., la FGTB flamande participe au projet ‘greening the workplace’, projet “tiré” par la Confédération européenne des syndicats (CES) et la TUC anglaise. En 2011, la campagne annuelle ‘11.11.11’ – l’association coupole du mouvement Nord-Sud flamand – axe son action sur la problématique climatique. La campagne entend informer et sensibiliser la population et inciter le monde politique à développer une politique climatique progressiste qui tienne compte également des intérêts du Sud. Mais la campagne présente également un modèle d’action permettant à des groupes mais aussi à des citoyens individuels de prendre toutes sortes d’initiatives concrètes. Le modèle est avant tout destiné aux ménages, aux quartiers et aux associations. La FGTB flamande a traduit ce modèle d’action en un modèle basé sur la réalité des entreprises. Ainsi, les délégations syndicales peuvent en faire usage dans les entreprises et dans le cadre de la concertation sociale au niveau de l’entreprise.

24


25


4.1.2.4. la fgtb bruxelles Introduction Dans une Région où vivent plus d’un million d’habitants et qui accueille chaque jour près de 350 000 navetteurs, la maîtrise de la qualité de l’air représente sans conteste un enjeu crucial, puisqu’il s’agit de permettre à la Région de Bruxelles-Capitale de respecter ses engagements internationaux en la matière (notamment le protocole de Kyoto) mais aussi, et surtout, d’assurer à tous ceux qui y vivent et y travaillent un environnement de qualité. Intégrer la dimension environnementale dans la prise de décision économique et sociale peut, en outre, constituer une condition de viabilité des emplois, voire même un levier important de création et de développement de nouveaux emplois difficilement délocalisables. A cet égard, nous sommes persuadés que les représentants des travailleurs et leurs organisations syndicales disposent d’atouts particuliers pour contribuer à la sensibilisation à l’environnement et au développement durable au sein des entreprises ou institutions. La FGTB de Bruxelles revendique auprès du pouvoir régional une politique de développement économique et social s’inscrivant dans les principes du développement durable. A Bruxelles, Région essentiellement tertiaire, les émissions de gaz à effet de serre sont essentiellement liées au chauffage (67%) et, dans une moindre mesure, au trafic automobile (18%). C’est pourquoi, la FGTB de Bruxelles s’est principalement attelée à développer son action syndicale et politique dans le domaine de la rénovation énergétique du logement et dans la sensibilisation de ses militants aux enjeux environnementaux.

Alliance Emploi-Environnement, axe construction durable Plusieurs études montrent que dans le seul secteur du logement à Bruxelles, il existe un important potentiel de réduction des gaz à effet de serre économiquement rentable. Le bâti bruxellois, c’est-à-dire les logements, les entreprises et les bâtiments publics est vieillissant. Sa vétusté et sa faible efficacité énergétique ont pour conséquence une facture énergétique annuelle de près de 2 milliards d’euros qui ne cesse de s’alourdir pour les ménages, les entreprises bruxelloises et les services collectifs. C’est pourquoi, depuis 2004, la FGTB revendique la mise sur pied d’un plan ambitieux de rénovation énergétique du bâti basé sur une Alliance emploi-environnement. Au regard des enjeux environnementaux et sociaux auxquels nous sommes confrontés, la construction/ rénovation représente, en effet, un secteur porteur, tant en terme de création d’emploi et d’activités économiques qu’en termes de réponses aux défis climatiques et énergétiques. La forte mobilisation de la FGTB autour de l’expérience allemande a finalement porté ses fruits au lendemain des élections régionales de 2009. Le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a inscrit dans son Accord de législature, le principe d’une Alliance emploi-environnement. Le Gouvernement bruxellois a décidé d’en faire un axe central de la législature. Il a en effet prévu d’utiliser ce mécanisme original afin de mobiliser l’ensemble des acteurs régionaux autour de quelques domaines répondant à des enjeux importants sur le plan environnemental et susceptibles d’apporter une amélioration durable de l’emploi dans la Région (construction, gestion des déchets, eau, dépollution des sols, …). Dès lors, dès le début de la législature, le Gouvernement a pris l’initiative de réunir les interlocuteurs sociaux afin d’élaborer un Pacte de croissance urbaine durable devant permettre la mobilisation du secteur privé et des secteurs professionnels à Bruxelles pour l’emploi et la formation professionnelle. L’Alliance emploi-environnement constitue l’un des cinq domaines prioritaires identifiés dans ce Pacte. Le 10 décembre 2009, le gouvernement régional a lancé un 1er processus participatif d’élaboration d’une Alliance emploi-environnement dans le domaine de la construction durable, identifié comme le secteur prioritaire, d’autres axes devant être déclinés dans les années à venir. La phase d’élaboration de cette Alliance s’est achevée en octobre 2010. Les travaux d’élaboration ont été menés dans huit ateliers. Ces ateliers, constitués d’opérateurs tant publics que privés ont identifié d’une part les besoins des acteurs en lien avec la thématique de l’atelier et, d’autre part, les solutions concrètes à mettre en œuvre pour combler ces besoins. Cette phase a débouché sur l’identification de quarante-quatre actions concrètes parmi lesquelles l’élaboration de modules de formation spécifiques à la construction durable, la mise en réseau des acteurs, la labellisation… Ses actions concrètes sont à présent en phase d’implémentation.

26


Afin de transformer cette Alliance en réussite, la FGTB de Bruxelles est attentive à garantir le bon fonctionnement de la concertation sociale tout au long du processus. Elle veille tout particulièrement à la mise en œuvre de mesures favorisant une réduction de la facture énergétique des ménages les plus précarisés, avec une attention spécifique pour les locataires. Elle souhaite, enfin, que des mesures d’encadrement et de régulation du secteur soient prévues, afin d’endiguer le phénomène de concurrence déloyale fréquent dans le secteur de la construction. Ce phénomène, qui pèse sur les conditions de travail est en effet intense en Région bruxelloise, où la pénibilité intrinsèque du secteur est accompagnée de pressions particulièrement fortes: sous-traitances, détachements de travailleurs, travail irrégulier, usage abusif de sans-papiers…

Le réseau intersyndical BRISE Le Réseau Intersyndical Bruxellois pour l’environnement a été créé en 2006 par la FGTB Bruxelles, la CSC et la CGSLB pour mener en front commun un projet syndical en faveur de l’environnement. BRISE s’appuie sur l’expérience acquise par les syndicats en Région wallonne (RISE) et en Région flamande (DUA), mais en insistant sur la spécificité du paysage socio-économique de la Région de Bruxelles-Capitale. L’objectif général consiste à intégrer la dimension environnementale dans les pratiques syndicales, dans la perspective de développer également des emplois dans les secteurs favorables tant à la santé des travailleurs qu’à l’environnement. Les missions du réseau sont triples: 1. sensibiliser et former les représentants des travailleurs ainsi que les cadres syndicaux aux problèmes environnementaux posés dans leur entreprise et aux solutions durables à y apporter; 2. développer des compétences syndicales en donnant les moyens d’analyse et d’intervention nécessaires à la négociation avec les employeurs via des mesures et des plans d’action concrets; 3. élaborer, proposer et promouvoir, au niveau sectoriel et intersectoriel, auprès des autorités compétentes, des mesures d’aide économique, d’emploi et de formation professionnelle: • qui contribuent à une meilleure intégration des entreprises dans l’environnement urbain, qui constitue une des conditions du maintien et du développement de l’emploi existant; • qui soutiennent le déploiement d’activités nouvelles, créatrices d’emploi (en particulier pour les faiblement qualifiés), et utiles écologiquement, notamment dans l’éco-construction ou l’éco-rénovation, le traitement des déchets, l’assainissement de sols, le transport des marchandises, ou encore l’utilisation rationnelle de l’énergie. Des actions sont menées sous différentes formes. Chaque année, un thème est choisi et approfondi: les déplacements travail-travail (personnes et marchandises en milieu urbain), l’alimentation durable, la gestion environnementale en entreprise, la transition économique, … • Les formations ont pour objectifs de développer des espaces de réflexion et de débat, de sensibiliser et de former les délégués mais aussi de leur transmettre des informations et des outils pertinents et concrets pour qu’ils puissent intégrer les préoccupations environnementales dans leur action syndicale. • Les forums organisés chaque année sont l’aboutissement des formations. • Le groupe KYOTO regroupe une quinzaine de délégués de différents secteurs. Ils sont issus des trois organisations syndicales, passionnés et convaincus de la nécessité de mener des actions environnementales dans leur entreprise. Le groupe est avant tout un outil interactif de réflexion, d’action et de soutien. Il élabore également des fiches d’actions syndicales à destination des autres délégués syndicaux. • Les publications: des brochures thématiques (la pollution intérieure, les systèmes de climatisation sur les lieux de travail) sont réalisées afin de mettre à disposition des délégués syndicaux un outil pratique et adapté à leurs préoccupations dans les entreprises. Le réseau Brise s’est également engagé, en collaboration avec le bureau d’études de la FGTB de Bruxelles, dans une réflexion sur la transition économique. Cette réflexion est menée de manière transversale dans des séminaires intersyndicaux, lors des forums et au sein du groupe Kyoto.

27


La transition vers un développement égalitaire, juste et durable La FGTB mène depuis le congrès 2010 une réflexion sur la transition économique: Comment organiser une transition économique équitable à Bruxelles? Quels sont ses enjeux, ses objectifs et les modalités de sa mise en œuvre? La crise actuelle met en lumière le caractère ‘insoutenable’ du capitalisme financiarisé et mondialisé, tant au plan financier, qu’aux plans économique, social et environnemental. A moyen et à long terme, une nouvelle crise se profile, aux conséquences potentiellement très graves pour le devenir de l’humanité: la crise écologique. Le monde du travail est donc désormais confronté à un double défi: socio-économique & environnemental. Il s’agit, pour lui, tout à la fois, d’empêcher les ravages sociaux de l’économie capitaliste et ses effets dévastateurs sur l’environnement, qui mettent en péril le devenir même de la planète. Il nous faut construire un nouveau modèle de développement, juste et durable, attentif non seulement aux aspects sociaux du développement économique mais encore à ses aspects environnementaux. Un préalable indispensable à cette évolution est de garantir à tous les travailleurs les conditions d’une transition juste, qui préserve le volume global d’emplois. Pour la FGTB de Bruxelles, la ville durable doit être sociale. Son objectif est clair: « que l’habitant vive mieux ». Le gouvernement régional bruxellois, dans son accord de majorité 2009-2014, a manifesté son intention d’adopter, dès le début de la législature, un nouveau Plan régional de développement, désormais dénommé Plan régional de développement durable (PRDD). L’objectif annoncé est d’impliquer les acteurs publics et privés et de mobiliser les « forces vives » régionales en faveur d’un développement régional durable au service des Bruxellois. La FGTB de Bruxelles a demandé et obtenu du gouvernement que le PRDD soit complété par la conclusion préalable d’un Pacte de croissance urbaine durable (PCUD), entre les autorités publiques et les interlocuteurs sociaux. Signé le 29 avril 2011, ce Pacte doit encore être traduit dans les faits. Le PCUD n’est pas un plan de développement mais un ensemble d’engagements contractuels qui portent sur le devenir socio-économique de Bruxelles. Pour l’essentiel, gouvernement, employeurs et syndicats ont ainsi convenu: 1. des défis de la croissance urbaine durable; 2. des quinze mesures transversales à prendre pour lever une série de frein à la croissance durable et renforcer les synergies; 3. des cinq domaines d’action prioritaires: • l’environnement; • le développement international; • le commerce et l’Horeca; • le non-marchand, la fonction publique et les services de proximité; • les secteurs innovants.

28


29


4.2. Positions et revendications de la confédération syndicale internationale La Confédération syndicale internationale (CSI) défend aujourd’hui les intérêts de 175 millions de travailleurs au sein de 305 organisations affiliées nationales dans 151 pays et territoires. La CSI a vu le jour lors de son Congrès de fondation qui s’est tenu à Vienne du 1er au 3 novembre 2006. Elle rassemble les organisations précédemment affiliées à la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) et à la Confédération mondiale du travail (CMT). La CSI n’est pas en reste en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques. Lors de son dernier Congrès international à Vancouver en juin 2010, la CSI a fait de la lutte contre les changements climatiques une de ses priorités d’actions dans les années à venir. Elle a d’ailleurs lors de ce Congrès adopté une résolution « la lutte contre le changement climatique à travers le développement durable et une transition juste »19. Pour la Confédération syndicale internationale, la crise climatique a pour origine un modèle injuste du point de vue social, insoutenable du point de vue environnemental et inefficace d’un point de vue économique, incapable de fournir du travail décent et une vie décente à des millions de personnes. Pour le mouvement syndical, il est clair que l’on ne peut avoir de politiques climatiques valables que si elles comportent un volet social fort ! La CSI entend promouvoir une approche intégrée du développement durable et de la lutte contre les changements climatiques. Une approche qui passe par une transition juste qui regroupe le progrès social, la protection de l’environnement et les besoins économiques. Cette transition doit s’opérer dans un cadre de gouvernance démocratique mondiale, au sein duquel les droits syndicaux et les autres droits humains seront respectés et l’égalité de genre réalisée. La CSI rappelle que la crise du changement climatique est une occasion unique de transition sociale, coordonnée au niveau mondial pour améliorer à la fois l’environnement, l’emploi et le bien être matériel et humain. La Confédération syndicale internationale (CSI) a été reconnue par les Nations Unies en novembre 2008 comme « Formal Constituency » (« Observateur officiel »). A ce titre, elle participe activement aux négociations onusiennes sur le Climat (Conference of Parties – COP). Cela signifie que la représentation syndicale est assurée durant les négociations (comme celles de la Cop15, par exemple) et que des contributions syndicales peuvent être faites, oralement, durant les sessions plénières et, par écrit, auprès du Secrétariat des Nations Unies. C’est grâce à son action auprès des différentes délégations présentes à Cancun, dont celle de la Belgique, qui présidait alors le Conseil de l’Union européenne qu’ont été intégrées les revendications de transition juste et de travail décent dans l’accord de Cancun en décembre 2010 (COP17): “The Conference of Parties realizes that addressing climate change requires a paradigm shift towards building a lowcarbon society that offers substantial opportunities and ensures continued high growth and sustainable development, based on innovative technologies and more sustainable production and consumption and lifestyles, while ensuring a just transition of the workforce that creates decent work and quality jobs; “

De la sorte, la transition juste, et, par là, l’attention à accorder aux travailleurs du monde entier, a été acté par l’ensemble des 193 pays membres des Nations Unies. Pour les syndicats du monde entier, cette victoire représente une référence que l’on peut faire valoir au niveau national et local pour que nos représentants mettent en œuvre les moyens nécessaires pour assurer cette transition juste vers une société pauvre en carbone. Lors de son conseil général du 2 au 4 février 2011, la CSI a adopté une seconde résolution sur le climat: « les syndicats, le changement climatique et le processus de Rio+20 »20. Cette résolution en appelle à une ferme mobilisation des syndicats et de la société civile au cours de l’année 2011 pour faire sortir les gouvernements de leur « zone de confort » et accroître les engagements. 19. Voir http://www.ituc-csi.org 20. http://www.ituc-csi.org/8eme-conseil-general-resolution,8494.html

30


4.3. Positions et revendications de la confédération européenne des syndicats La Confédération européenne des syndicats (CES) a également fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité. Les défis liés aux changements climatiques sont multiples: • réduire les émissions de CO2 dans le cadre du changement climatique. Si nous voulons y parvenir, nous aurons besoin d’instruments de régulation mondiale, d’investissements nouveaux et de nouvelles négociations sociales. Dans le cas contraire, les marchés continueront de s’accroître sur une base essentiellement financière; • prendre en compte la problématique de l’emploi en s’assurant de la possibilité de véritables transitions sociales professionnelles s’appuyant, d’une part, sur les partenaires sociaux et, d’autre part, sur l’information et la participation des travailleurs au processus de décision. La CES a adopté de nombreuses résolutions pour faire part de ses revendications sur le climat21: • résolution sur un New Deal durable pour l’Europe et dans la perspective du sommet de Cancún, Bruxelles, 1314/10/2010; • “Le changement climatique, les nouvelles politiques industrielles et les sorties de crise “, Bruxelles, 2021/10/2009; • position de la CES sur le paquet « changement climatique et énergie », Bruxelles, 04-05/03/2008. Le mouvement syndical européen se prononce en faveur d’un accord international ambitieux et exhaustif, visant à limiter la hausse globale des températures à deux degrés maximum. Cet accord devrait respecter le scénario fixé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui prévoit la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 25 à 40% d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990 dans les pays industrialisés. En ce qui concerne la contribution financière que l’Union européenne devra apporter pour résoudre le problème et donc les instruments financiers de solidarité, la CES demande la création d’un fonds international et d’un fonds européen pour le développement des technologies à faible émission de carbone, ainsi que de technologies basées sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables dans les pays en développement. De plus, la CES revendique la mise en place d’une politique de l’emploi basée sur la protection sociale, la promotion du travail décent et les services publics. Elle demande également l’amélioration de la gouvernance européenne par la mise en œuvre de politiques communautaires renforcées en matière industrielle et de recherche. Dans ce contexte, l’Europe doit favoriser des initiatives globales cordonnées en matière de recherche et développement, de partage des connaissances scientifiques, de développement et de dissémination des technologies vertes à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, la CES en appelle à une politique industrielle bas carbone européenne, s’appuyant sur une stratégie de coordination industrielle communautaire permettant de dépasser les divisions intra-européennes et les effets pervers des exigences de profitabilité à court terme des investissements industriels. Pour atteindre ces objectifs, cette stratégie européenne bas carbone doit être basée sur une transition s’appuyant sur les principes de transition juste. La CES est également à l’origine de nombreuses études sur la question des changements climatiques et de leurs impacts sur l’emploi et les travailleurs en Europe. Citons à titre d’exemple: « Les dérèglements climatiques, les nouvelles politiques industrielles et les sorties de crise »22. Cette étude montre clairement qu’il est nécessaire de considérer l’emploi dans toutes ses dimensions. Il y a des opportunités de création d’emploi dans des secteurs comme ceux liés aux énergies renouvelables, mais aussi dans le domaine de l’efficacité énergétique, en particulier dans le secteur du bâtiment. Cette étude démontre que tous les secteurs et tous les emplois sont concernés par cette transformation. Pour la CES, l’intégration de la dimension sociale doit être très forte dans les politiques européennes qui contribuent au développement des stratégies industrielles qui répondent aux exigences d’une économie bas carbone et aux aspirations sociales des travailleurs. Il faut faire en sorte que cette croissance verte de demain contribue au maintien et à la création d’emplois de qualité et au progrès social. La CES est également très active au sein de la Confédération syndicale internationale sur les questions climatiques. Elle participe aux délégations syndicales présentes aux Conférence climatique des Nations Unies.

21. Détails et infos: http://www.etuc.org/r/788 22. À consulter sur http://www.etuc.org/a/7585

31


32


5. et demain? les revendications de la fgtb La FGTB est consciente que la transition vers une économie à faible émission de gaz à effet de serre représente un défi colossal. Le Congrès statutaire de juin 2010 « La solidarité contre les inégalités » a consacré un chapitre entier à la problématique des dérèglements climatiques, des impacts sur les travailleurs et les plus démunis et sur l’urgence de prendre des mesures sociales pour trouver des solutions justes et durables. Les principales revendications de la FGTB, exprimées notamment lors de ce Congrès sont: • une transition juste vers une économie pauvre en carbone; • un accord international équitable, ambitieux et contraignant sur le changement climatique; • un cadre politique sur une transition juste visant à réduire les gaz à effet de serre et la dépendance envers les combustibles fossiles; • une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) nécessaire pour limiter à un maximum de 2°C l’augmentation mondiale de la température, limite au-delà de laquelle les répercussions sur la planète et la vie humaine seront irréversibles; • le soutien au scénario du GIEC qui vise à réduire les émissions mondiales de GES à 85% d’ici 2050, et qui met en exergue la nécessité de cibles intermédiaires pour que cet objectif soit atteint, incluant une réduction correspondante d’au moins 25% à 40% dans les pays industrialisés d’ici 2020, par rapport aux émissions de 1990; • une pleine participation institutionnelle des syndicats par le dialogue social à la mise en œuvre de mesures de transition juste sur le lieu de travail, aux niveaux sectoriel, national et international; • la sensibilisation des responsables publics et de l’opinion publique en général à l’importance des mesures de transition juste; • l’amélioration des compétences, la formation professionnelle et d’autres mesures destinées à réengager les travailleurs qui perdent leur emploi dans tous les secteurs; • un processus de transformation de chaque secteur économique en secteur d’activité durable; • une protection sociale adéquate, des investissements dans les technologies à faible intensité de carbone; • des politiques industrielles et de recherches coordonnées à l’échelle européenne; • la mise en place d’une gouvernance mondiale transparente, démocratique et efficace dans la transition vers une économie à faibles émissions de carbone et permettant une gestion efficace des ressources; • l’opportunité en matière d’égalité de genre que représente la création des emplois verts en formant et en encourageant des femmes à rentrer dans ce secteur; • la mise en place d’une régulation des marchés du carbone. La spéculation financière dans l’achat ou la vente d’émissions de CO2 porte préjudice à un réel et insurmontable besoin de réduire les émissions de carbone et doit dès lors être évitée. Dans les entreprises, les représentants syndicaux mènent des actions de sensiblisation auprès de leurs affiliés et font pression sur les employeurs pour qu’ils développent des stratégies plus respectueuses du climat. Tout lieu de travail doit être plus « durable ». Les syndicats ont prouvé qu’ils pouvaient induire le changement progressivement dans le domaine des conditions de travail, de la sécurité et de l’égalité. L’efficacité de l’action syndicale serait grandement renforcée par une disposition prévoyant des droits plus fondamentaux aux travailleurs en matière de protection de la santé et de l’environnement sur le lieu de travail.

33


Les autorités doivent assurer un rôle central dans la lutte contre les changements climatiques. Des services publics de qualité et un leadership du secteur public doivent être au cœur d’une réponse globale au changement climatique. Il faut souligner le rôle capital des services publics dans les secteurs clés comme l’éducation, la santé et le transport. C’est aussi le cas pour l’accès à l’énergie pour couvrir les besoins de base. Ces services sont essentiels pour contribuer à des politiques climatiques plus justes et plus efficaces. Ainsi, par exemple, la réduction des émissions de GES sera facilitée par l’augmentation de l’offre des transports en commun qui, par la même occasion, facilitera la mobilité des plus fragiles économiquement. L’efficacité énergétique des bâtiments en Belgique est équivalente à celle de la Grèce ou du Portugal. Mais le climat est différent. Des études démontrent que l’efficacité énergétique des bâtiments belges pourrait être améliorée de 30%. Nous en appelons à une intensification des efforts dans les domaines des économies d’énergies et de la gestion de la demande d’énergie. Ces mesures, en plus de leur efficacité en termes de réductions des émissions, pourraient créer de nouveaux emplois. Il s’agirait de remplacer des énergies généralement importées par des technologies et services à faible consommation, produits localement. En tant que représentants de millions de travailleurs à travers le monde, les syndicats constituent une part non négligeable de la solution. Conscients de nos responsabilités vis-à-vis des travailleurs, des citoyens et des générations futures, nous avons initié des actions qui s’inscrivent dans une démarche des trois piliers du développement durable: économique, environnementale et sociale. A tous les niveaux -international, régional, national, sectoriel, en entreprise- les syndicats se sont engagés dans des actions qui vont dans le sens d’une société plus équitable, plus durable et plus respectueuse des droits de l’homme et du travailleur. Il est essentiel d’institutionnaliser le dialogue social pour mettre en œuvre les mesures d’accompagnement nécessaires aux travailleurs en vue d’une transition vers cette nouvelle économie.

34


35


36


6. conclusion Qualité de l’environnement, défense des travailleurs et justice sociale sont donc indissociables. Le défi pour nous FGTB est alors de trouver l’équilibre entre préservation de l’environnement et justice sociale. Il s’agit d’assurer aujourd’hui et demain un avenir à tous les habitants de cette planète. Lorsque les transitions sont mal gérées, ce sont les travailleurs, et a fortiori les plus fragiles économiquement , qui paient les pots cassés. Nous insistons donc sur le fait qu’il faut soutenir les travailleurs, y compris les plus vulnérables, durant le processus de transition. Nous n’acceptons pas que des travailleurs soient laissés sur le carreau à cause d’une gestion basée sur le profit. Des solutions durables existent. Nous n’acceptons pas que certains souffrent et meurent à cause des dérèglements climatiques. Les politiques climatiques offrent la possibilité de corriger et de reconstruire les économies ruinées par l’appat du gain. Pour la FGTB, il s’agit de changer de cap en créant des filières durables d’emplois décents, qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre. La justice climatique, la défense des droits des travailleurs et la protection sociale forment un tout indissociable. Un renforcement du rôle des services publics, une fiscalité qui pèse davantage sur le capital et sur la pollution plutôt que sur le travail, et la recherche de l’efficacité énergétique sont des sources d’emplois durables. Ne ratons pas cette opportunité et montons dans le train d’une transition juste, vers une société bas carbone. Nous, FGTB, syndicat progressiste, nous avons l’ambition et la volonté de changer le monde. Pour le rendre plus juste, plus solidaire, en associant lutte contre les inégalités et protection de l’environnement.

37


Notes

38


39


Pour plus d’infos: FGTB Rue Haute 42 | 1000 Bruxelles Tel. +32 2 506 82 11 | Fax +32 2 506 82 29 infos@fgtb.be | www.fgtb.be Toute reprise ou reproduction totale ou partielle du texte de cette brochure n’est autorisée que moyennant mention explicite des sources. Editeur responsable: Rudy De Leeuw © novembre 2011 Deze brochure is ook beschikbaar in het Nederlands www.abvv.be/brochures D/2011/1262/25 Design by www.ramdam.be


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.