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Syndicats #1 JANVIER 2022
AG INSURANCE - ON EMPÊCHE LES DÉLÉGUÉS DE FAIRE LEUR TRAVAIL
Une entrave grave aux libertés syndicales Depuis plusieurs semaines, le climat social est extrêmement tendu chez AG Insurance. Les discussions avec la direction concernant plusieurs points essentiels (notamment en matière de charge de travail et d’organisation du télétravail) sont dans une impasse. Intimidations envers les délégués, tentatives d’empêcher la communication syndicale, rejet total de toutes les propositions, remise en question d’engagements convenus en bureau de conciliation, … La direction mène une politique profondément antisyndicale. Au-delà de cela, les travailleurs sont également mis sous pression pour signer des accords individuels et sont menacés en cas de participation aux actions syndicales. Trois journées d’actions ont déjà eu lieu en décembre et celles-ci ont été largement suivies ou soutenues par le personnel, malgré les tentatives de sabotage de la direction.
C
e conflit est emblématique à plusieurs niveaux et dépasse le cadre-même de l’entreprise. Il révèle la dégradation des conditions de travail dans le secteur des finances et démontre également à quel point les libertés syndicales sont fragiles et peuvent être menacées. Dans ce contexte difficile, les délégués d’AG Insurance font preuve d’une solidarité et d’une détermination exemplaires. Nous nous sommes entretenus avec deux d’entre eux : Karel Meganck et Chris Wauman. Vous avez tenu trois actions en moins d’un mois dans un contexte de crise du covid et avec des conditions de travail bouleversées. Comment cela s’est-il passé ? Karel Meganck : En temps normal, lors d’une action de grève, les délégués se tenaient aux portes de l’entreprise avec un piquet de grève. Le personnel qui se rendait sur le lieu de travail constatait qu’il ne pouvait pas rentrer. Ceux qui étaient volontaires pour travailler se faisaient enregistrer comme tels mais bien souvent, ils avaient tout de même de la sympathie pour l’action. La situation à présent est complètement différente, avec les mesures sanitaires et le télétravail généralisé. Il y a très peu de travailleurs qui se rendent encore physiquement sur le lieu de travail. Avec une action comme celle sur le site de Charleroi en décembre (qui emploie environ 400 travailleurs), où 100 travailleurs se sont effectivement portés grévistes, on peut qualifier cela de gros succès dans le contexte dans lequel nous nous trouvons. De nombreuses autres personnes ont également participé à l’action en travaillant d’une façon différente que d’habitude (notamment en ne prenant pas les appels téléphoniques durant un certain laps de temps dans certains services). Cela démontre un soutien clair du personnel envers nos revendications.
Chris Wauman : Bien évidemment, la direction a essayé de minimiser la réussite de nos actions en disant qu’il n’y avait pas beaucoup de grévistes. La perception diffère fortement dans leurs yeux et dans les nôtres… Ils ont tout de même tenté de casser le mouvement en approchant individuellement les travailleurs pour les mettre sous pression. Certains travailleurs ont subi des menaces s’ils prenaient part à l’action ou la soutenaient. La direction a par exemple contacté un par un les travailleurs qui refusaient de prendre le téléphone. Il leur a été demandé de reprendre immédiatement les appels car sinon ils ne percevraient pas leur salaire et seraient licenciés… Cette mise sous pression des travailleurs, c’est un phénomène nouveau ? Karel : Dans le monde des finances, nous n’avons pas si souvent que cela des actions de grève. Dans le passé il y a déjà eu des conflits mais le personnel n’était pas mis sous pression pour éviter qu’il ne participe à l’action. Chris : On a vu apparaître les premières formes de mise sous pression du personnel dans le cadre de la problématique du télétravail. Ce que nous revendiquons, c’est la signature d’une CCT pour encadrer le télétravail structurel ‘post Corona’ pour l’ensemble des travailleurs. Au lieu de cela, la direction a décidé de mettre en place une policy télétravail et d’approcher individuellement les travailleurs pour leur faire signer des avenants de contrats. Le discours de la direction était de dire : ou bien vous signez la nouvelle policy télétravail ou bien vous n’avez plus accès au télétravail. Zéro jour de télétravail ou trois jours de télétravail aux conditions proposées par la direction.