Notre regard, leur regard

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Projets syndicaux de la FGTB avec les syndicats en Amérique Latine, en Afrique et en Asie

➤ Fonctionnement • contraintes • défis • interactions • échanges • enrichissement ➤

Notre regard, leur regard


L’Indice de Gini

Parmi les informations chiffrées sur les pays, nous indiquons l’indice de Gini. Cet indice donne une idée de la répartition des richesses au sein d’un pays. Une répartition idéale (même niveau de richesses pour tout le monde) se traduirait par le chiffre 0. Une répartition située à l’extrême inverse se traduirait par le chiffre 100. Donc, dans un pays affichant, par exemple, un indice de Gini de 58, la répartition des richesses est plus inégale que dans un pays dont l’indice de Gini est égal à 33 (cas de la Belgique).

L’Indice de Développement Humain

Le IDH (Indice de Développement Humain) propose un classement basé sur trois critères: la santé (espérance de vie), la scolarité et les conditions de vie. Le n°1 de ce classement a le niveau le plus élevé (Norvège), le n° 177, le plus bas (Niger).

Le Produit Intérieur Brut par habitant

Le produit intérieur brut (PIB) est un indicateur économique qui mésure le niveau de production par an d’un pays. Le PIB par habitant, quand à lui, sert d’indicateur du niveau de vie en donnant une valeur indicative du pouvoir d’achat.

GREENLAND (DENMARK)

ICELAND

ALASKA (U.S.A.)

SWEDEN FINLAND

NORWAY

1 BELARUS 2 LITHUANIA 3 LATVIA 4 ESTONIA 5 SLOVAKIA 5' CZECH REP. 6 BELGIUM 7 NETHERLANDS 8 LUXEMBURG 9 SWITZERLAND 10 AUSTRIA 11 HUNGARY 12 ALBANIA 13 MOLDOVA

CANADA

RUSSIA

4

EUROPE

3 DENMARK

U-K IRLAND

7 6

2

5'

8

FRANCE

11

ROMANIA EX. YUG. ITALY

SPAIN

UKRAINE

5

10

9

1

POLAND

GERMANY

KAZAKHSTAN

13

BULGARIA

12

14

GREECE

PORTUGAL

CYPRUS

MOROCCO

SYRIA 4

AFGHANISTAN

1

Benin

VENEZUELA 1

COLOMBIA

p.22 ➤

3

3

Palestine

CAMEROON

6

ETHIOPIA

CENTRAL AFRICAN REPUBLIC

CONGO

GABON

ZAIRE

TANZANIA

➤ ANGOLA 10 ZAMBIA BOLIVIA

URUGUAY

CHILE

12

p.8 ➤ AFRICA

ARGENTINA

AMERICA 1 GUYANA 2 SURINAME 3 FRENCH GUIANA 4 EL SALVADOR

1 GAMBIA 2 GUINEA-BISSAU 3 SIERRA LEONE 4 TOGO 5 BENIN 6 EQU. GUI. 7 RWANDA 8 BURUNDI 9 DJIBOUTI 10 MALAWI 11 ZIMBABWE 12 SWAZILAND 13 LESOTHO

Malawi

MADAGASCAR BOTSWANA

Afrique du Sud

p.30

PHILIPPINES

VIETNAM

SOUTH AFRICA

13

12 M A L A Y S I A 11

I

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N

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S

I

A

NEW GUINEA

p.10

MOZAMBIQUE

11 NAMIBIA PARAGUAY

Inde

SRÏ LANKA

Kenya p.12 Rwanda p.14

SOMALIA KENYA

7 8

PERU BRAZIL

p.28

13

9

NIGERIA

4

République démocratique du Congo p.16

TAIWAN BIRMANIE

10

BURKINA FASO 5

9

INDIA

YEMEN

SUDAN

GUINEA

LIBERIA 2

ECUADOR

Pérou

CHAD

SENEGAL 1 2

p.18 ➤

8

7

OMAN

NIGER

UGANDA

p.24 ➤

MAURITANIA MALI

HONDURAS 4 NICARAGUA

Colombie

PORTO RICO

GUATEMALA

COSTA RICA PANAMA

p.26

DE AN AIL TH

HAITI JAMAICA

Cuba

6

OS LA

BELIZE

REP. SANTO DOMINGO

5 SAUDI ARABIA

p.31

JAPAN

SOUTH KOREA

CHINA

TIBET (CHINA)

PAKISTAN

EGYPT

LIBYA

IVORY COAST

CUBA

MOROCCO (SAHARA OCCIDENTAL)

Chine

NORTH KOREA

TADJIKISTAN

IRAN

IRAQ

32

GHANA

MEXICO

15

KIRGHISTAN

TURKMENISTAN

ALGERIA

UZBEKISTAN

TURKEY

UNITED STATES OF AMERICA TUNISIA

MONGOLIA 16

ASIA-OCEANIA 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

KUWEÎT JORDANIA ISRAËL LEBANON QATAR UN. ARAB EMIRATES BANGLADESH NEPAL BHOUTAN KAMPUCHEA SINGAPOR BRUNEI HONG KONG ARMENIA AZEBAIJAN GEORGIA

Dans cette brochure, nous vous informons sur les projets que la FGTB fédérale et ses Centrales mènent directement avec les syndicats dans le Sud et qui sont partiellement subsidiés par le ministère de la coopération belge. Bien entendu nous sommes bien conscients qu’au sein de notre syndicat, et par extension au sein du mouvement socialiste, il y a d’autres initiatives qui existent: cela va des (inter) régionales et des sections qui travaillent via les ONG FOS (www.fos-solsoc.be) ou Solsoc (www.solsoc.be) ou via d’autres subsides publics régionaux; jusqu’à l’organisation par nos délégués d’envoi ou d’achat des lits d’hôpitaux et d’ordinateurs pour Cuba. Impossible de les mentionner tous ici, mais nous en sommes d’autant plus fiers, chaque initiative contribue à notre rêve d’un contre-pouvoir syndical.

AUSTRALIA

NOUVELLEZELANDE TASMANIA


Homme/Femme Afin de ne pas rendre les textes inutilement longs, quand nous faisons référence à des personnes, à des fonctions, etc. nous utilisons toujours la forme masculine. Naturellement ces termes peuvent se référer à des hommes comme à des femmes! Edit. resp Rudy De Leeuw, rue Haute, n°42. 1000 Bruxelles Mise en page Stefan Loeckx / Quasi Coordination du projet Koen de Visscher © Avril 2008. La reprise ou reproduction entière ou partielle du texte et des illustrations de la présente brochure ne peut se faire qu’en mentionnant clairement la source. Depuis 2003, la FGTB, via son asbl “IFSI”, est reconnue comme un des acteurs essentiels de la coopération au développement belge. Cela signifie que nous recevons des moyens financiers des autorités belges (85 %). Ensemble avec notre propre contribution de 15%, nous lançons des projets aux quatre coins du monde. Le service Coopération Syndicale avec le Sud de la FGTB fédérale coordonne les projets. Vous pouvez nous contacter au n° de téléphone 02 289 08 61 ou par e-mail: projetsSud@fgtb.be


Syndicale Samenwerking met het Zuiden | Coop茅ration Syndicale avec le Sud Trade Union Cooperation with the South | Cooperaci贸n Sindical con el Sur ISVI-IFSI | Hoogstraat 42 Rue Haute | Brussel 1000 Bruxelles Tel. +32 2 289.08.60 | fax: +32 2 550.14.09 | www.abvv.be


La solidarité n’a pas de frontières

L

es syndicats sont nés du sentiment que l’on est beaucoup plus forts ensemble que seuls. Ils ont grandi, nourris d’un profond esprit de solidarité entre collègues de travail, mais aussi à l’égard des collègues de l’autre bout du monde. La FGTB soutient les syndicats du Sud afin qu’ils puissent se prendre eux-mêmes en mains. Nous n’allons pas nous mettre à organiser les travailleurs de ces pays. Ils doivent s’organiser eux-mêmes car, là-bas comme ici, tout part de la base. Ceci dit, la FGTB et ses centrales professionnelles soutiennent effectivement les syndicats du Sud: nous tentons de renforcer leurs organisations, nous leur faisons des suggestions, partageons nos expériences, examinons ensemble comment atteindre des résultats concrets. Depuis de nombreuses années, le capitalisme a pris une envergure internationale et tente de monter les salariés des différents pays et régions, les uns contre les autres. Les salariés du Sud – Amérique Latine, Asie et Afrique – constituent souvent des victimes faciles pour le capitalisme international. Pour faire face aux fédérations d’employeurs, très bien organisées à l’échelle mondiale, et depuis longtemps, les syndicats doivent aussi s’organiser internationalement afin de former un contre-pouvoir solide. C’est pourquoi la FGTB et ses centrales professionnelles, avec la collaboration d’un grand nombre de sections locales et (inter)régionales, soutiennent les travailleurs du Sud dans leurs efforts pour se rassembler et faire bloc contre le capitalisme global. Nous le faisons du fond du cœur parce que le cœur d’un syndicaliste bat toujours au rythme de la solidarité avec tous ceux qui sont opprimés, exploités et rabaissés. La FGTB fut à la base de la création de la CES (Confédération Européenne des Syndicats) et de la CISL (Confédération Internationale des Syndicats Libres). Grâce à son dynamisme et aux bonnes relations qu’elle entretenait avec les syndicats du monde entier, la CISL fut transformée, il y a deux ans, en CSI (Confédération Syndicale Internationale). De cette façon, nous avons un grand syndicat coupole, non seulement au niveau européen, mais également au niveau mondial. Cette brochure vous donne une vue d’ensemble de nos activités. Vous y découvrirez comment nous travaillons au Kenya, au Malawi, au Bénin, au Rwanda, au Congo, en Colombie, à Cuba, au Pérou, en Zambie, en Afrique du Sud, en Palestine et en Inde. Et comment, en Chine, nous examinons les opportunités à la lumière du respect des droits de l’Homme. Nous y décrivons aussi la façon dont les pays africains combattent la contamination par le VIH/sida. La discrimination et les problèmes sociaux et financiers que cette contamination entraîne dans son sillage, ainsi que le tort qu’elle cause au développement, sont incalculables. Des syndicalistes qui, chaque semaine, enterrent des camarades n’ont d’autre choix que de se battre et d’entreprendre des actions contre ce virus. Vous découvrirez, par ailleurs, comment nous soutenons nos partenaires d’Amérique Latine pour qu’ils soient plus forts face à la violence anti-syndicale, de quelle façon, au Pérou, ces partenaires tentent de se décentraliser, ou encore, comment sont approchés les problèmes de sécurité et de santé. Et vous découvrirez quel type de coup de main nous pouvons donner aux syndicats de Cuba. Ces pages vous présentent aussi un aperçu du travail que nous effectuons dans des pays tels que le Rwanda et le Congo. Des pays qui ont été ravagés par des conflits et où les syndicats peuvent à présent reprendre leur travail – grandement nécessaire. Enfin, vous verrez qu’au Bénin, nous appuyons les organisations de travailleurs qui se sont développées sur le marché du travail informel et doivent se battre pour obtenir un minimum de sécurité. Par ailleurs, nous vous expliquons la façon dont nous voyons et concrétisons nos collaborations. Les défis sont immenses, mais passionnants. Pour les relever, il ne s’agit pas de foncer, tête baissée, à l’aventure! Notre approche est toujours la plus structurée, durable et professionnelle possible. Et, de temps à autre, nous n’hésitons pas à rectifier le tir, comme ce fut le cas en Inde. Cette brochure vous donnera, nous l’espérons, une meilleure vision du rôle que, tous ensemble, nous pouvons encore jouer dans le monde. Que cela puisse inciter chacun de vous à mettre la main à la pâte au sein de son entreprise, son quartier ou sa région!

Anne Demelenne Secrétaire Générale FGTB

Rudy De Leeuw Président FGTB

Colombia


Notre combat est commun: plus les syndicats du Sud ➤ seront puissants, plus nous serons forts. La FGTB est très active dans le Sud; vous soutenez de nombreuses organisations en Afrique, en Amérique Latine et en Asie. Pourquoi la FGTB s’occupe-t-elle de cela? N’est-ce pas plutôt la vocation des ONG et des organismes qui s’occupent du développement? Il y a deux grandes raisons. D’abord, le mouvement syndical a toujours été un mouvement international. Ce n’est pas seulement une tradition, c’est l’évidence même pour nous. Nous sommes convaincus que le Nord ne peut pas laisser tomber le Sud et qu’il s’agit, finalement, d’un combat global, non pas entre le Nord et le Sud, mais entre les classes sociales, entre riches et pauvres, entre l’émancipation des travailleurs et leur exploitation… En tant que FGTB nous avons, dès le départ, été impliqués dans la CES (Confédération Européenne des Syndicats) et la CISL (Confédération Internationale des Syndicats Libres). Lorsqu’au lendemain de la guerre, cette collaboration a démarré, c’était pour œuvrer à l’échelle internationale. Notre motivation relève de la dignité humaine. Voilà la première raison de notre présence dans le Sud. Les hommes ont droit au travail, et à un travail digne. C’est dans ce but que nous agissons. Et la deuxième raison? Délocalisation, exploitation, horaires irréguliers, contrats d’un jour (quand il y a un contrat!), travail dans un secteur informel…voilà de quoi est faite la dure réalité du Sud. Nous nous devons de lutter contre cela et d’aider les travailleurs du Sud à revendiquer leurs droits. D’une certaine façon, nous y avons aussi un intérêt personnel car, en renforçant les syndicats du Sud, nous nous renforçons aussi. Nous perdons des emplois ici parce que les gens de là-bas se font exploiter. Donc, s’ils reçoivent plus et si leurs conditions de travail s’améliorent, c’est bon pour nous également. C’est

Daniel Van Daele

pourquoi il est important qu’un contre-pouvoir syndical naisse dans le Sud. Nous pourrons ainsi renforcer les travailleurs partout dans le monde et faire face à «the race to the bottom». N’est-ce pas difficile de tout organiser d’ici? Mais nous n’organisons pas les travailleurs du Sud nous-mêmes! Cela ne serait pas possible, d’ailleurs, il faut que cela vienne d’eux-mêmes, de la base. Nous leur donnons un coup de pouce pour les aider à atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. Nous n’allons pas leur dire ce qu’ils ont à faire. Nous ne pouvons que les soutenir et tenter de renforcer leurs actions et leur organisation. Grâce à notre

exemple: il n’y a pas si longtemps, j’étais au Rwanda et la situation m’a fort touché personnellement. Dans ce pays, nous orientons surtout notre travail sur la sécurité et la santé. On y voit, en effet, des gens contraints de travailler dans des conditions très dangereuses, sans le moindre équipement de base (gants, chaussures, casques…). On peut faire quelque chose à cet égard, on peut mener des actions. Mais la sécurité est en jeu dans d’autres circonstances également. Prenez le cas des femmes qui travaillent dans les plantations de thé. Elles emmènent souvent leur plus jeune enfant à la cueillette des feuilles de thé car elles ne peuvent pas le laisser seul. Cet enfant, elles le

Voilà la première raison de notre présence dans le Sud. Les hommes ont droit au travail, et à un travail digne. C’est dans ce but que nous agissons. expérience, nous pouvons intervenir ici et là et suggérer d’éventuelles alternatives. En fait, nous importons notre longue expérience et examinons ensemble les moyens d’arriver à quelque chose. Généralement, ce ne sont ni les rêves, ni les objectifs qui leur manquent, mais nous avons tout de même plus d’expérience sur les possibilités de concrétiser ces rêves. C’est important aussi, la manière dont on agit pour atteindre un but. En Belgique, nous sommes puissants – ils nous citent d’ailleurs souvent en exemple - dès lors, cela suppose que nous aidions aussi les autres. Ceci dit, les travailleurs du Sud doivent se prendre en mains, nous ne pouvons pas le faire à leur place. Souvent, dans le Sud, les syndicats mènent des actions qui, chez nous, ne seraient pas nécessairement associées à une activité syndicale… D’accord mais laissez-moi vous donner un

portent sur le dos, ce qui les freine dans leur travail; il leur est impossible d’abattre autant de boulot que si elles étaient seules. Parfois, un enfant un peu plus âgé accompagne et garde le bébé au bord du champ de thé… au lieu d’aller à l’école. Comment résoudre ce problème, me direz-vous? En créant une crèche. La solution est assez simple. Si 200 femmes donnent chacune 10 cents, elles pourront peut-être engager des baby-sitters pour s’occuper des plus petits. Du coup, elles seront plus productives, gagneront plus d’argent et pourront progresser dans leur emploi. Et les enfants plus âgés pourront aller à l’école pour assurer leur avenir. Chez nous, c’est ainsi que les choses se sont passées dans le temps et que les mutuelles sont nées. Parce que l’on est plus forts ensemble que seuls et que la solidarité permet de résoudre les problèmes.


Certains des pays où vous êtes actifs, comme le Rwanda ou le Congo, ont été déchirés par la guerre. Comment arrivezvous à rassembler les travailleurs? Nous avons constaté, dans la région des Grands Lacs, qu’il y avait beaucoup moins de désaccords et de conflits lorsque les syndicats entretenaient des contacts mutuels. Au Congo, alors que le pays était divisé, les syndicats ont continué à communiquer entre eux et même avec les syndicats des pays voisins, malgré les conflits frontaliers et les guerres civiles. Finalement, ils partageaient un objectif commun et fonctionnaient de façon similaire. Les syndicats sont ouverts à tous les travailleurs, quelles que soient leur origine ethnique, leurs croyances, leur sexe ou leurs préférences sexuelles… Quelles sont les priorités dans le Sud? Beaucoup de nos partenaires travaillent sur le plan de la sécurité et de la santé, qui sont des aspects indispensables. Mais ce qui est hautement nécessaire aussi à l’échelle mondiale, c’est que la représentativité syndicale soit élargie. Nous devons faire en sorte que les syndicats soient plus représentatifs. Ils sont encore trop souvent dispersés, ne représentant qu’une entreprise, par exemple. Nous devons, dès lors, introduire de plus grandes structures et des liens de coopération. Nous devons repérer les bons éléments et essayer de les rendre plus forts au sein de leur organisation. Les employeurs en ont également besoin: lorsque leur entreprise grandit, il leur faut des représentants du personnel, avec qui discuter. C’est incontournable car une entreprise fonctionne aussi grâce aux hommes, l’argent ne fait pas tout. C’est pourquoi nous croyons que le développement économique génère

naturellement une forte croissance syndicale. Les travailleurs veulent leur part du gâteau et, pour avoir une chance de l’obtenir, ils doivent créer les conditions voulues. Ce qui implique aussi, dans l’Afrique subsaharienne, d’agir ensemble contre le terrible problème du sida. Et au plus tôt, au mieux, je suppose? Naturellement, nous essayons d’agir pour que les choses bougent vraiment. Mais ce qui est important, c’est le fait d’agir ensemble, dans une optique structurelle et plutôt à moyen terme. Nous voulons nous attaquer aux causes de la pauvreté et de l’exploitation, et pas aux symptômes. Nous ne faisons pas la charité. Bien sûr, il peut arriver que nous intervenions sous forme de secours d’urgence, lorsque des circonstances exceptionnelles l’imposent. Nous avons aidé nos partenaires après les tsunamis, par exemple, et au Pérou, les syndicalistes de la construction ont aidé leurs concitoyens, après le tremblement de terre. Mais notre but premier, c’est l’émancipation des personnes, pas l’aide d’urgence. Nous partons du principe qu’il vaut mieux apprendre aux gens à pêcher que de leur donner du poisson. A plus long terme, les résultats sont bien meilleurs. Et si nous donnons parfois des ordinateurs, ce n’est pas pour le plaisir de donner des ordinateurs! Ce geste s’inscrit dans le cadre de notre projet: nous voulons donner aux syndicalistes les moyens d’effacer les grandes distances et de rester en contact les uns avec les autres. Outre une meilleure gestion de l’administration syndicale, l’informatique leur permet aussi ainsi d’inventorier ce qui se passe en matière de CCT (conventions collectives de travail), de législation et de jurisprudence, ou encore, d’assurer un meilleur suivi des applications sur le terrain.

Nous devons travailler dans une optique durable et oser investir sur le long terme. Toujours en concertation car c’est le seul moyen de tenir compte de toutes les sensibilités. Bien sûr, lorsqu’on implique les gens dans la prise de décision, l’obtention de résultats prend généralement plus de temps: les choses vont plus lentement quand elles remontent de la base. Mais cela signifie aussi, le plus souvent, que les résultats obtenus sont durables, qu’ils ne sont pas réduits à néant en quelques années du fait que les gens n’ont pas compris ce qu’ils faisaient. Vous êtes optimiste? Bien sûr que je suis optimiste! Vous savez pourquoi? Parce que les gens du Sud sont optimistes. Le défaitisme n’a jamais mené à rien, il faut être optimiste. Chaque fois que vous avez conclu une CCT, vous savez que vous avez remporté une petite victoire. Parce que chaque fois qu’il y a un peu plus de solidarité, il y a un peu moins d’injustice. Cela vous rapproche de votre but, et renforce votre optimisme. Si les gens du Sud y croient, nous n’avons aucune raison d’en douter. Dans un contexte de société globale, il est important que le mouvement syndical soit, lui aussi, global. Il faut qu’à terme, le réseau syndical que nous bâtissons soit aussi global que le réseau constitué par le capital international. Mais il y a encore du pain sur la planche. Le combat pour un monde plus juste n’est pas encore gagné, ni ici, ni dans le Sud. Nous devons le poursuivre, jour après jour. La lutte continue!

Daniel Van Daele est Secrétaire fédéral de la FGTB. A ce titre, il supervise les activités de collaboration internationale de la FGTB et, en particulier, les relations avec l’Afrique francophone.

Daniel Van Daele



Le sida est aussi un problème syndical Une communauté, ou un pays, ne peut se développer si sa population est décimée par la maladie et si les bras les plus solides - sa force de travail - sont les premiers à disparaître, laissant derrière eux des enfants sans ressources. Cela fait des années que l’Afrique est confrontée au VIH et au sida. Avec, pour conséquence, un énorme recul économique et social dont les premières victimes sont évidemment les plus faibles: les travailleurs, les enfants des malades et les orphelins. Les travailleurs sont licenciés parce qu’ils ne sont plus assez productifs. Après avoir perdu la santé, ils perdent leurs revenus. Dans une communauté qui se décompose parce que le grand nombre de décès parmi les jeunes adultes désorganise son économie, il est difficile de défendre ses droits. En Afrique, les syndicats sont confrontés au manque de continuité, à la discrimination, à l’insécurité et aux drames familiaux. Les entreprises ne trouvent plus de personnel qualifié et perdent leur capital d’expérience et de compétence. Plus de la moitié des Africains contaminés par le VIH appartiennent à la tranche de population la plus active, celle âgée de 25 à 49 ans. Les syndicats doivent impérativement être au premier rang dans le combat contre ce fléau qui mine le tissu social et désorganise toute l’économie. La prévention à l’égard du VIH

et du sida, et les soins aux personnes qui en sont victimes, s’imposent comme une priorité. Un dixième de la population mondiale vit en Afrique mais 68% des personnes séropositives dans le monde sont des Africains. Quelque 90% des enfants contaminés par le VIH proviennent d’Afrique. Et le nombre d’orphelins du sida est estimé à 11,4 millions. L’organisation spécialisée des Nations Unies, l’ONUSIDA, a calculé qu’en 2007, l’Afrique a connu 2,5 millions de nouvelles contaminations par le VIH. Ce qui porte le total mondial de personnes touchées par le virus à 33 millions. En Afrique du Sud, 16% de la population est contaminée, soit une personne sur six (en Belgique, on parle d’une personne contaminée sur deux cents à cinq cents). Au sud du Sahara, le sida est la première cause de mortalité. Sur les 2,1 millions d’adultes et d’enfants décédés des suites du sida dans le monde en 2007, 1,6 millions vivaient en Afrique. Les femmes sont les plus atteintes en Afrique (61% des personnes contaminées) et, souvent, elles ont été victimes de violences sexuelles. Certaines limites semblent toutefois atteintes. Selon l’ONUSIDA, le pourcentage de contamination ne devrait plus vraiment augmenter, sauf, légèrement, au Mozambique. Des rapports

➤ récents sont quelque peu optimistes quant aux comportements à risque; de plus en plus de jeunes gens sont conscients du danger, ils ont moins de partenaires ou se protègent mieux et plus qu’auparavant. Toutefois, l’ONUSIDA signale l’augmentation de comportements à risque dans plusieurs pays, tels que le Rwanda, l’Ouganda et le Cameroun, par exemple. Quoi qu’il en soit, il n’y a guère de raisons de se réjouir. Alors qu’en 2005, l’ONUSIDA envisageait trois scénarios possibles pour la problématique du VIH et du sida, elle estime aujourd’hui que seule une réaction énergique permettrait d’éviter jusqu’à 43 millions de nouvelles contaminations dans les vingt ans à venir. Et dans le meilleur des cas, à l’avenir, un Africain sur vingt devrait être contaminé! Le sida renforce dramatiquement toutes les inégalités socio-économiques. Ceux qui possèdent le moins sont les plus vulnérables et ont le moins de chances de pouvoir bénéficier d’un bon traitement, à un prix abordable. Les syndicats du Sud se mobilisent de plus en plus contre ces inégalités, y compris dans la sphère professionnelle, avec l’aide des travailleurs eux-mêmes. Nos activités en Afrique du Sud sont, pour une bonne part, basées sur ce combat.

Sida


Colombia


OF THE CONGO

Brazzaville Pointe-Noire ANGOLA

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(Cabinda)

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(St. Helena)

BURUNDI Lake Tanganyika

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O c e aLes n pays africains bientôt St. Helena

ZAMBIA Lusaka

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en réseau contre le sida

Zanziba

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Lake Nyasa Lubumbashi MALAWI Kitwe Lilongwe Cidade de Nacala

St. Helena (U.K.)

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Channel BOTSWANA Bassas Windhoek On ne peut empêcher le VIH et le sida de franchir la porte d’une entreprise, d’un pays. Le da India Europa Walvis Bay KALAHARI (FRANCE) icorn Capr Island Tropic ofne problème peut, dès lors, être traité que par une approche transfrontalière. Nos partenaiD E S E R T NAMIBIA (FRANCE) res d’Afrique ont donc tout intérêt à s’entraider en échangeant expériences et techniques Gaborone Pretoria entre collègues. C’est pourquoi le SETCa (le Syndicat des Employés, Techniciens et Cadres de Maputo Johannesburg la FGTB) va, au cours des cinq années à venir, aider un réseau d’organisations syndicales de Mbabane 16 pays d’Afrique à échanger leurs expériences afin d’être plus forts ensemble. SWAZILAND SOUTH DES

e 1:51,400,000

Le projet a tout d’abord été concrétisé par la conclusion d’accords-cadres auprès des entrel Equal-Area Projection prises implantées dans plusieurs pays. Certaines chaînes de supermarchés sud-africaines,

800 Kilometers par exemple, sont actives dans toute la région, mais mènent une politique différente dans

chaque pays. L’objectif est de montrer le ‘bon exemple’ via ces entreprises internationales 800 Miles et de donner ainsi aux entreprises locales des modèles susceptibles de les inspirer.

dary representation is cessarily authoritative. 20

C’est ainsi que le réseau examinera en commun la formation des ‘peer educators’ (voir page ci-contre). Il fera également tout pour qu’un0 maximum de gens se fasse dépister sur base20 volontaire. Mais les résultats des dépistages resteront-ils confidentiels? Les salariés ne se feront-ils pas directement renvoyés s’ils sont positifs? Tout cela sera tenu à l’oeil. D’autres objectifs sont également au programme: une assurance-santé plus efficace, plus de soins et une meilleure diffusion des médicaments freinant l’évolution du sida.

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Les pays les plus solidement organisés, dotés d’une grande expérience dans l’action syndicale relative à la problématique du VIH – comme l’Afrique du Sud – peuvent donner un coup de main aux «débutants» tels que le Kenya. Le centre de notre réseau se trouve en Capeest Town Zambie, où est également installé le bureau régional d’UNI-Africa. La Zambie durement touchée: 17% de ses habitants sont, en effet, séropositifs.

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AFRICA Zambie

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• 752.614 km2 (22,8 fois la Belgique) Port Elizabeth • 11,5 millions d’habitants (un peu plus qu’en Belgique) • Capitale: Lusaka • Bruxelles - Lusaka: 7721 km I n d i a n • Langue officielle: anglais (et 70 langues locales) • Indice de développement humain: 161e (Belgique 17e) • Indice de Gini: 42,1 (Belgique 33) 40 • Indice de pauvreté: 90 (Belgique 17) • PIB par habitant: 1000 $ (Belgique 33.000 $) • Espérance de vie: 39 ans • Population illettrée: 20% • % personnes qui vivent avec moins de 2 dollars par jour: 87,4% Les pays africains anglophones rejoindront le réseau, à savoir le Kenya, le Lesotho, l’Afrique du Sud, la Zambie , le Zimbabwe et le Malawi.

Partenaires Le partenaire UNI-Africa regroupe les syndicats du secteur des services dans les pays concernés. UNI-Africa est la division africaine de l’UNI (Union Network International, la fédération mondiale des syndicats du secteur des services). www.union-network.org

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Kilometers dente»,800 explique Lieven Vanhoutte, de la Centrale Générale. «Tous les samedis, les syndiqués se réunissent pour enterrer des amis et des collaborateurs, morts de cette maladie. Face à cela, 800 Miles impossible de rester longtemps les bras croisés.»

Boundary representation is not necessarily authoritative.

En Afrique du Sud, les mineurs et les ouvriers du bâtiment sont réunis dans un même syn20 0 avec des ‘peer educators’ (voir dicat: le National Union of Mineworkers (NUM), qui travaille plus loin). Ces derniers sont souvent eux-mêmes contaminés et malades. Ils savent donc très bien s’y prendre pour parler aux autres de ce fléau. Toutefois, le recours aux ‘peer educators’ pose un problème par rapport à la continuité. Sur les 350 ‘peer educators’ formés dans le cadre de notre projet sud-africain, 250 seulement sont encore actifs. Contaminés par le VIH, ces éducateurs meurent jeunes. A peine un tiers d’entre eux survivra longtemps mais la plupart n’atteignent pas les 35 ans. Il en résulte que la formation des ‘peer educators’ coûte cher et requiert un travail intensif et constant.

«En Afrique du Sud, le risque de contamination par le VIH est quatre fois plus élevé pour les femmes que pour les hommes.» Les patrons africains sont très sensibles au problème du sida, qui leur cause des pertes lorsque le personnel qu’ils ont formé décède rapidement. C’est la raison pour laquelle certains ‘peer educators’ sont payés par les employeurs et peuvent travailler librement dans les entreprises. C’est aussi une façon directe pour le syndicat d’avoir un pied dans la place et de pouvoir démarrer d’autres activités syndicales. La réalité sud-africaine rend les campagnes d’information très complexes: les dépliants et brochures doivent être traduits et imprimés en 16 langues, sans quoi les gens ne peuvent les lire et le but n’est pas atteint. Non seulement les ouvriers proviennent de tout le pays mais les usines et les mines attirent de plus en plus des travailleurs d’autres régions d’Afrique. L’Afrique du Sud est parmi les pays qui ont le plus investi dans la prévention du sida et des préservatifs sont distribués gratuitement en tous lieux. Pourtant, les chiffres de contamination par le VIH y sont parmi les plus élevés au monde. Près d’un cinquième de la population est contaminé.

Afrique du Sud

Beaucoup de mineurs d’Afrique du Sud vivent loin de chez eux durant des mois. Ils viennent souvent travailler à des centaines de kilomètres de leur région natale et ils logent dans des baraquements sommaires, près des mines ou des chantiers. Aux alentours de ces campe-Cape Town ments-dortoirs, surgissent toujours d’autres campements: ceux des travailleurs du sexe. d’étonnant donc si le syndicat s’occupe ici de la problématique du sida. ScaleRien1:51,400,000

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«Tous les samedis, nous enterrons des camarades.»

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Afrique du Sud

Lilongwe

ZAMBIA Lusaka

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KALAHARI DESERT

Gaborone

Pretoria

Maputo

Johannesburg Mbabane SWAZILAND SOUTH O ra Maseru ng e Durban AFRICA LESOTHO Port Elizabeth

Afrique du Sud

Indi

• 1.219.000 km2 (37 fois la Belgique) • 44 millions d’habitants (4,4 fois la Belgique) • Capitale administrative: Pretoria • Bruxelles – Johannesburg: 8871 km • L angues 20 officielles: anglais, afrikaans, zoulou, 40 xhosa, .... • I ndice de développement humain: 120e (Belgique 17e) • Indice de Gini: 57,8 (Belgique 33) • Indice de pauvreté: 47 (Belgique 13) • PIB par habitant: 10.960 $ (Belgique 33.000 $) • Espérance de vie: 47-49 ans (Belgique 75-81) • Population contaminée par le sida: 18,8 % (Belgique 0,3%) • Population illettrée: 13,6% • % personnes qui vivent avec moins de 2 dollars par jour: 34,1%:

Nos partenaires Le NUM (National Union of Mineworkers – l’Union nationale des mineurs) est le partenaire de la Centrale Générale de la FGTB. Le NUM regroupe aussi bien des mineurs que des ouvriers du bâtiment. La plus grande partie des affiliés a été recrutée dans la région des sites miniers. Avec ses 270.536 membres, le NUM est la plus grosse centrale professionnelle de COSATU. http://www.num.org.za/ Un projet est également en cours avec le SACTWU (South African Clothing and Textile Workers Union – Union sud-africaine des travailleurs de la confection et du textile) qui a conclu un accord de partenariat avec la Centrale Textile-Vêtements-Diamant de la FGTB. Le SACTWU regroupe, lui, 110.216 membres et est la plus importante centrale professionnelle du secteur en Afrique du Sud. www.sactwu.org.za • www.sactwuaidsproject.org.za


Peer educators

L’éducation par les pairs Le recours aux ‘peer educators’ a fait ses preuves comme méthode de sensibilisation à la prévention et au traitement du sida. L’expression ‘peer educator’ peut se traduire par ‘éducateurs semblables’. Ces éducateurs savent de quoi ils parlent et leur démarche rencontre un meilleur accueil parce qu’ils sont parmi leurs semblables, souvent eux-mêmes séropositifs. L’idée de base est que personne ne vient, sourcils froncés et doigt tendu, pour faire des discours moralisateurs et dire aux gens ce qu’ils font - ou ont fait - de mal. Cette méthode a déjà été utilisée auparavant pour aider les toxicomanes à se libérer de leur dépendance. Les personnes appartenant à des groupes à risque ne se font pas juger. Au contraire, les ‘peer educators’ qui leur parlent sont dans la même galère et c’est pourquoi, d’ailleurs, ils peuvent être considérés comme des exemples. Celui qui est montré du doigt (ou qui en a le sentiment) sera sur la défensive et s’éloignera rapidement de ceux ‘qui ont toujours raison’, à savoir ici, le riche blanc, le médecin diplômé, ou la lointaine organisation internationale. Tout comme les ‘peer educators’, les formateurs sont issus du groupe de leurs interlocuteurs. Ils sont, dès lors, en mesure d’utiliser de meilleurs arguments et d’inspirer plus rapidement confiance. Ils connaissent bien la culture interne au

groupe et savent comment la faire évoluer. Il n’empêche que les ‘peer educators’ doivent souvent prendre beaucoup de précautions et faire de grands détours avant d’aborder un thème qui est encore tabou. Dans le cas de la prévention du sida, une enquête révèle que 33% des personnes accompagnées par des ‘peer educators’ utilisent un préservatif. Les éducateurs sont formés dans le but de modifier les habitudes, les croyances irrationnelles (superstitions, magie…) ainsi que les préjugés. Ni nos spécialistes, ni nos beaux dépliants occidentaux ne sont d’aucun secours si une partie de la population – mais aussi les détenteurs du pouvoir - croient - ou veulent faire croire - que le sida est avant tout une punition des dieux ou une invention des blancs. Les gens du pays sont donc les mieux placés pour contrer ces idées fausses. Les ‘peer educators’ sont recrutés dans la communauté de la région, au sein de l’entreprise ou du syndicat. Ils contribuent eux-mêmes à l’établissement du programme et y travaillent après avoir suivi une formation. La tâche est plus aisée s’ils s’intéressent également à d’autres organisations actives, par exemple, dans les soins de santé ou le développement, ou à un syndicat, comme dans notre cas. Ces éducateurs sont rémunérés, pas assez toutefois pour en vivre. La plupart d’entre eux considèrent d’ailleurs cette activité comme un service à la communauté.


Equator

0

São Tomé Annobón

Malawi

Brazzaville

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(Cabinda)

Ascension

Hôtels, droits des femmes et VIH/sida (St. Helena)

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(EQUA. GUI.)

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CONGO

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EQUATORIAL GUINEA

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Mt. Kilimanjaro Lake (highest point in Victoria Africa, 5895 m) Bujumbura Mombasa BURUNDI Lake Dodoma Zanzibar Tanganyika

TANZANIA

(U.K.)

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IB

40

COMOROS

Moroni

ANGOLA Mayotte Atlantic (admin. by France, claimed by Comoros) Lubango Le Malawi est un pays pauvre d’Afrique australe, dont les habitants vivent essentiellement ZAMBIA Blantyre Namibe Lusaka de l’agriculture. Son progresse par à coups et le tourisme Juan de Nova Island Ma O développement c e a n St.économique Helena (FRANCE) Z ambe (St. Helena) z constitue actuellement l’un de ses principaux secteurs de croissance. L’horeca et le secteur i Toamas MOZAMBIQUE Harare hôtelier devraient, par conséquent, jouer un rôle important dans son développement. A Beira Mozambique ZIMBABWE Dans un pays comme le Malawi, il est encore plus malaisé que chez nous d’organiser le Channel BOTSWANA Bassas Windhoek secteur des hôtels et restaurants. Travail au noir, horaires non réglementaires, flexibilité, da India Europa MADAGA Walvis Bay KALAHARI (FRANCE) orn Capric of Island Tropic bas salaires, etc. y sont monnaie courante. Les travailleurs de l’horeca sont dispersés NAMIBIA dans DESERT (FRANCE) Gaborone Pretoria de petites entreprises à travers tout le pays et, à moins d’être un touriste en 4X4, ce n’est Maputo pas une sinécure de les atteindre. Suite aux attentats du 9 septembre 2001, une crise éclata Johannesburg Mbabane Malawi dans le secteur émergent du tourisme. Les avions atterrissaient presque à vide et les hôtels SWAZILAND SOUTH O ra ng 2 Maseru faisaient faillite. Quant aux salariés concernés, il n’avaient quasi aucuns droits. Certes, le • 94.000 la Belgique) e km (2,9 foisDurban AFRICA LESOTHO Malawi s’est doté d’un cadre législatif mais il n’est guère facile de le faire respecter. Pas de • 13,6 millions d’habitants (1,3 fois la Belgique) client, pas de travail, c’était aussi simple que cela. Cape Town • Capitale: Lilongwe Cette crise s’est superposée aux problèmes récurrents typiques du secteur. Les femmes ne Port Elizabeth sont pasScale considérées comme égales aux hommes. De plus, leur serviabilité et leur amabi• Bruxelles – Lilongwe: 7800 km 1:51,400,000 lité en font des proies faciles pour l’exploitation sexuelle et la violence. Et pas seulement • Langues officielles: chichewa (57%) et anglais Azimuthal Equal-Area Projection Indian Ocean dans le chef des patrons d’ailleurs. Car lorsque s’ouvrent des hôtels, la prostitution n’est • Indice de développement humain: 164e 0 800 Kilometers jamais bien loin. Les salariés y ont également recours, notamment parce qu’ils restent 0 (Belgique 17e) 800eux. MilesEt le sida fait des ravages: une personne sur quatre souvent longtemps loin de chez representation is • Indice de Gini: 50,3 (Belgique 33) au MalawiBoundary est séropositive ou malade du sida et les chiffres sont encore plus dramatiques not necessarily authoritative. pour les femmes travaillant dans le secteur du tourisme. • PIB par habitant: 600 $ (Belgique 33.000 $) 20 20 40 0 En dépit de nombreuses campagnes d’information, beaucoup de gens ignorent toujours ce • Espérance de vie: 42,9 ans (Belgique 75-81 ans) qu’est vraiment le sida et parlent de sorcellerie ou de machinations occidentales. L’une des • Population illettrée: 37% missions du syndicat consiste donc à informer ses membres et les autres travailleurs sur la • % personnes qui vivent avec moins de 2 dollars par réalité du VIH et du sida, et sur la législation. Le syndicat oriente aussi ses efforts vers le recrutement de membres, la conclusion de CCT, l’information relative aux droits des femmes. jour: 53% NA

20

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Dar es Salaam

Lake Nyasa Lubumbashi MALAWI Kitwe Lilongwe Cidade de Nacala

St. Helena

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PortoNovo

GR

Yamoussoukro LIBERIA Abidjan

Travail de volontaires Le travail syndical au Malawi est dur et se fait, la plupart du temps, sous forme volontaire; les gens luttent contre l’exploitation en dehors des heures de travail, après une longue journée de 12 heures. D’un travail sous-payé, vers un non-payé. Dans le secteur de l’hôtellerie, de l’horeca, les syndicalistes ne travaillent pas tous ensemble, ils sont souvent dispersés dans le pays. Le syndicat envoie des propagandistes pour informer les travailleurs sur la législation et sur le syndicat. Ils répondent à la question: que peut faire syndicat pour vous? Mais les syndicalistes ne sont pas toujours reçus dans les hôtels par des hôtesses accueillantes et un cocktail de bienvenue… Selon la législation, les citoyens ont droit à l’information. Aujourd’hui le syndicat s’est installé dans les trois plus importantes villes et travaille avec des propagandistes à temps partiel de façon à assurer plus de stabilité dans le fonctionnement. Le Secrétaire générale est la seule salariée du syndicat. Toutes les conventions collectives de travail (CCT) sont négociées et signées par elle.

10 Malawi


Sida et VIH au Malawi (en % de la population) Sud: 24% Centre: 17% Nord: 18,9% Dans les villes: 22,5% A la campagne: 10,7%

Partenaires Notre partenaire au Malawi est le ‘Hotel Food Processing and Catering Workers Union’ (HFPCWU). Ce syndicat travaille naturellement en étroite collaboration avec la Centrale Alimentation – Horeca - Services (Horval) de la FGTB. Le HFPCWU est l’une des 30 centrales du ‘Malawi Congress of Trade Unions’ (MCTU).

Les partenaires syndicaux se trouvent parfois au terme d’une étude approfondie, et parfois tout autrement. Lors d’une visite syndicale internationale au Malawi, le chef coq d’un hôtel s’entretint avec un délégué. Ce chef coq, qui avait luimême créé un syndicat, lui exposa les problèmes et les défis qui se posaient au Malawi. Pour notre délégué, tout cela était parfaitement identifiable. Ce fut une longue conversation qui se solda, finalement, par l’appui de la Centrale Alimentation – Horeca –Services de la FGTB au syndicat de l’hôtellerie et de l’alimentation du Malawi. Le hasard fait parfois bien les choses.

La campagne au Malawi a connu un démarrage foudroyant, avec une augmentation du nombre d’affiliés de 100% en un an. Chapeau! Malheureusement, au cours de la troisième année, le syndicat a perdu les trois quarts de ses membres. En cause: la situation économique. Les hôtels tombent en faillite, cessent leurs activités, s’installent dans d’autres régions… Les licenciements vont bon train tandis que le sida décime les rangs des travailleurs du secteur. Par ailleurs, lorsqu’un délégué est particulièrement bon, il ne tarde pas à être promu… ou licencié… et le travail est à reprendre à zéro. Il ne reste qu’à contrebalancer cette rotation élevée par des campagnes permanentes.

Malawi 11


Nouakchott

EQUATORIAL GUINEA

Equator

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Mt. Kilimanjaro Lake (highest point in Victoria Africa, 5895 m) Bujumbura Mombasa BURUNDI Lake Dodoma Zanzibar Tanganyika

TANZANIA Lake Nyasa

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KENYA Nairobi

Kigali

partout dans le monde. Au Kenya, le Syndicat du Métal a fait de ce problème l’un de ses prinLuanda cipaux axes de lutte. Le milieu de travail convient parfaitement pour démarrer les actions de prévention et de soins avec, au départ, la formation des membres du syndicat professionnel. th Lubumbashi St. Helena

ETHIOPIA

Pointe-Noire Kinshasa ANGOLA Les malades du sida et les personnes confrontées au virus VIH sont victimes deKananga discriminations (Cabinda) Mbuji-Mayi Ascension

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Lutter sur les lieux de travail contre la discrimination à l’égard des victimes du sida Gulf of Guinea

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Ogbomoso e nu Ibadan Be Lomé Lagos Monrovia Accra Yamoussoukro PortoLIBERIA CAMEROON Novo Abidjan Douala Malabo

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(lowest point in Africa, -155 m)

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Glorioso Islands (FRANCE)

Mayotte Kitwe A t l a nDans t i cun pays comme le Kenya, si lourdement touché parANGOLA Cidade (admin. by France, le VIH (voir encadré), il peut sem- Lilongwe de Nacala claimed by Comoros) Lubango Kenya bler évident que les syndicats mènent desNamibe actions à cet égard. Pourtant, cela ne ZAMBIA s’est pas Tromelin Island Blantyre (FRANCE) Lusaka de Nova Island Mahajanga O c e afaitndu jourSt.au 2Juan lendemain, en raison, notamment, du brassage de différents mouvements Helena (FRANCE) • 582.650 km (17,6 fois la Belgique) Zamb (St. Helena) ezi Toamasina sociaux. La religion, par exemple, est extrêmement présente, y compris dans les rangs des MOZAMBIQUE • 36,9 millions d’habitants (3,6 fois la Belgique) Port Harare syndiqués, ce qui nuit à une approche rationnelle de la problématique du VIH. Antananarivo Beira Mozambique ZIMBABWE Louis • Capitale:Channel Nairobi 20 L’un des facteurs déterminants de l’efficacité du traitement réside dansBOTSWANA la ponctualité avec St. Denis Bassas MAURITIUS Windhoek da India MADAGASCAR Reunion laquelle il est suivi. Or, il s’agit là d’une notionWalvis étrangère C’est pour• Bruxelles - Kigali: Europa6554 km Bay à la culture africaine. KALAHAR I (FRANCE) (FRANCE) Island Tropic of Capricorn ESERT NAMIBIA quoi l’usine s’avère finalement être le meilleur endroit pour organiser laD prise de médica(FRANCE)anglais, swahili (et quelque 70 • L angue officielle: Gaborone Pretoria ments à heures fixes. Et ce, d’autant que l’on peut y espérer un effet domino en matière Maputo langues locales) Johannesburg d’information et de prévention. La première favorise l’autre, non seulement au travail Mbabane SWAZILAND • Indice de développement humain: 154e (Belgique 17e) SOUTH mais aussi à la maison et dans le cercle des proches et des amis. O ra Maseru ng e Durban • Indice de Gini: 42.5 (Belgique 33) AFRICA LESOTHO Le syndicat tente également de fixer des accords relatifs aux traitements et à la prévention • Indice de pauvreté: 63 (Belgique 13) dans le cadre des CCT. Avec pas mal de succès car, en Cape fin deTown compte, les employeurs y ont • PIB par habitant: 1050 $ (Belgique 33.000 $) Port Elizabeth tout intérêt. Comme en Afrique du Sud, ils soutiennent les efforts de lutte contre le sida et • Espérance de vie: 50 ans (Belgique 75-81 ans) e 1:51,400,000 le VIH car ces fléaux leur font perdre beaucoup trop de travailleurs qualifiés. Quoi qu’il en opulation contaminée par le Sida: 6,1% soit, il s’agit d’en finir avec l’ancienne forme de ‘prévention’ (toujours en usage) consistant Equal-Area Projection I n• Pd ian Ocean pour l’employeur à mettre le ou la malade à la porte et à l’abandonner à son sort. 800 Kilometers (Belgique 0,3%) Le projet mené avec le syndicat du métal kenyan, le KEWU, porte sur la problématique du 800 Miles • Population illettrée: 15% sida au travail, la mise en confiance des travailleurs, l’organisation des soins et surtout, 40 ary representation is • % personnes qui vivent avec moins de 2 dollars la conclusion d’accords sans ambiguïté. En effet, les travailleurs craignent de perdre leur essarily authoritative. par emploi si un test devait révéler0 leur séropositivité. Ils craignent, en 60 20 20 outre, que cette infor40 jour: 58,3% mation personnelle ne se répande comme une traînée de poudre avec, pour conséquence, 803xxxAI (R02109) 3-08 le risque d’être également montrés du doigt en dehors de l’usine et même de se retrouver ment touchée. C’est-à-dire des hommes et des femcomplètement exclus de la société. mes qui, en temps normal, sont dans la force de l’âge et soutiennent l’économie de toute la communauté. Le projet accorde aussi beaucoup d’attention à la formation des membres du syndicat en Chaque année, plus de 150 000 personnes décèmatière de communication, techniques de négociation, législation du travail, recrutement dent des suites directes ou indirectes du sida. Le de membres et, enfin, VIH et sida. VIH et le sida sont la première cause de mortalité Ce qui est parfois difficile pour nous, en Belgique, c’est d’avoir une vision correcte de la adulte au Kenya. situation en Afrique et de la façon dont les choses se passent afin de pouvoir évaluer l’impact de la culture et autres différences. Ainsi, nous étions en visite dans une entreprise où tout semblait aller pour le mieux. C’était vraiment un cas exemplaire et pourtant, quelques jours à peine après notre visite, tous les délégués syndicaux ont été licenciés. Le législateur Créé en 1959, le Kenya Engineering Workers’ Union (le synkenyan interdit de telles pratiques mais il lui est très difficile de faire respecter la loi. dicat kenyan du métal) regroupe dix divisions réparties sur Si un procès leur est intenté, les employeurs déploient tous leurs talents pour acheter les six zones géographiques. Dix secrétaires de division à temps juges. Les entreprises réussissent souvent à faire reporter les jugements aux calendes grecpartiel et cinq secrétaires provinciaux assurent la permaques. Et ce sont naturellement les travailleurs qui en font les frais. Ils sont d’autant plus facinence. Le KEWU compte plus de 5.000 affiliés; il est membre lement victimes que l’employeur n’a aucune difficulté à les remplacer: aux portes de l’usine, du COTU (K) qui regroupe 26 centrales professionnelles et des milliers d’autres sont prêts à venir travailler, au besoin pour un salaire moindre, et avec représente, au total, quelque 500.000 affiliés, soit environ moins de protection. Tant que cette situation perdurera, le syndicat restera très fragile. le tiers de la main d’œuvre officielle du pays. Au Kenya, plus d’un million et demi d’adultes et d’enfants sont contaminés par le VIH. La majowww.cotu-kenya.org rité d’entre eux ont entre 15 et 49 ans, et, parmi eux, la tranche d’âge des 20-29 ans est lourdeNA

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Notre partenaire

12 Kenya


Petit lexique de la lutte contre le sida La prévention VIH/sida a développé ses propres techniques et son jargon. Vous pourrez découvrir ailleurs la manière dont nous travaillons avec des ‘peer educators’. Toutefois, ce n’est pas la seule méthode pratiquée, notamment, par les syndicats.

ABC En anglais, l’ABC de la prévention sida se traduit par A comme ‘Abstinence’, B comme ‘Be Faithfull’ (sois fidèle) et C comme Condomise (diffusion de préservatifs). Un concept qui reste fort occidental et inspiré des valeurs chrétiennes. De plus, sous la pression des organisations chrétiennes fondamentalistes, le gouvernement américain tente toujours plus de réduire la promotion et la distribution de préservatifs.

VCCT - Voluntary Confidential Counseling and Testing Il est indispensable qu’un maximum de personnes fassent le test de dépistage si l’on veut pouvoir disposer d’une vue globale de la situation. Mais la réalité à cet égard est bien délicate. Lorsque la séropositivité d’une personne est découverte, celle-ci est souvent repoussée et mal considérée. Sa vie de famille et son foyer sont perturbés et enfin, elle risque de perdre son emploi. Il est donc capital que les tests soient faits volontairement et que leurs résultats restent strictement confidentiels. Pour convaincre les ouvriers qu’il en sera ainsi, il faut nécessairement que le dépistage soit organisé par un organisme qui jouit de leur confiance et défend leurs intérêts (tel un syndicat).

HBC – Home Based Care Il y a peu de lits d’hôpitaux en Afrique et une bonne partie des soins qui doivent être donnés aux patients peuvent l’être à domicile. Ces soins à domicile constituent dès lors une des priorités. Les personnes vivant dans l’entourage du malade reçoivent une formation leur permettant de donner les soins de base et d’offrir leur soutien. Les ‘Home Based Care’ constituent l’une des pierres angulaires des actions que nous mettons sur pied en collaboration avec le syndicat du textile sud-africain, le SACTWU, qui joua un rôle de pionnier à cet égard. Le syndicat organise à l’intention de militants volontaires des formations intensives leur permettant de prodiguer des soins à domicile aux malades et à leur famille.


NIGER

Il ne restait plus que le bâtiment! EQUATORIAL GUINEA

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800 Miles Nonante pour cent des travailleurs urbains appartiennent au secteur informel et vivent de 40 Boundary representation is Dans les campagnes, le secteur informel petits commerces: c’est le règne de la débrouille. not necessarily authoritative. représente quasi cent pour cent de l’économie. Ce type de travail n’est ni réglementé, ni 20 0 assuré et laisse la porte ouverte à toutes sortes d’abus. Les gens vivent au jour le jour, sans savoir ce que leur réserve le lendemain. Et personne, évidemment, ne parle jamais de vacances, ni de sécurité sociale, de sécurité du travail ou encore de congé de maladie. 0

Ce groupe de population est très fragile. Les ouvriers, en position de faiblesse vis-à-vis de leur employeur, sont exploités et vivent dans la misère. «Si nous voulons combattre la pauvreté, nous devons d’abord agir au niveau du secteur informel pour le ‘formaliser’, lui donner un statut et le faire respecter», estime-t-on à la Cestrar. Beaucoup d’entreprises formelles recourent également à de la main-d’œuvre informelle; et c’est à ce niveau que le syndicat veut agir en priorité. Cette situation se rencontre en particulier dans les plantations de thé, les usines de traitement du thé et la construction. Les ouvriers ‘informels’ qu’on qualifierait ici de travailleurs ‘au noir’ se voient attribuer les places les plus dangereuses dans les usines, là où la poussière de thé attaque violemment les voies respiratoires, dans les plantations, là où les pieds sont le plus exposés aux blessures. Nous menons également des campagnes en faveur de la sécurité et de la santé sur les chantiers de construction. On construit beaucoup au Rwanda mais dans des conditions généralement révoltantes. Les gens sont engagés sans aucune expérience et ce salaire leur est indispensable. Beaucoup de femmes travaillent dans la construction et, lorsqu’elles sont enceintes, elles doivent prester jusqu’au dernier jour de la grossesse. Payés à la journée, les ouvriers du bâtiment ne connaissent pas leurs droits et sont comme un jouet entre les mains des patrons. Et s’ils tentent de protester, c’est bien simple, ils peuvent rester chez eux!

L

Kigali Mt. Kilimanjar Lake (highest point in Victoria Africa, 5895 m) Bujumbura Mombasa BURUNDI Lake Dodoma Zanzibar Tanganyika

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Dar es Salaam

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(FRANCE) Rwanda Zambezi MOZAMBIQUE 2 Harare • 25.000 km (0,7 fois la Belgique) Mozambique Beira ZIMBABWE Channel • 1 0 millions d’habitants (autant qu’en BOTSWANA Bassas Windhoek da India

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«Après le génocide, nous avons dû recommencer à expliquer le syndicalisme etScale c’est1:51,400,000 ce que nous faisons encore aujourd’hui.»

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Juan de Nova Isla

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Europa MA KALAHARI (FRANCE) Belgique) Island DESERT (FRANCE) Gaborone • Capitale: Kigali Pretoria Maputo Johannesburg • Bruxelles - Kigali:Mbabane 6400 km SWAZILAND SOUTH ra • L angues Oofficielles: kinyarwanda, Maseru ng e Durban AFRICA français et anglais LESOTHO e Cape Town • I ndice de développement humain: 161 Port Elizabeth e (Belgique 17 ) • Indice de Gini: 45,1 (Belgique 33) Indian Oce • P IB par habitant: 1300 $ (Belgique 33.000 $) • Espérance de vie: 45 ans (Belgique 75-81) 40 3,1% •20P opulation contaminée par le sida: (Belgique 0,3%) • Population illettrée: 30% •% personnes qui vivent avec moins de 2 dollars par jour: 83,7%

Walvis Bay

14 Rwanda

RWANDA

DEM. REP. Bukavu OF THE CONGO

Capricorn1985 et a donc pu se reconstituer Tropic ofdepuis La Cestrar, notre partenaire au Rwanda, existe après le génocide. En tant que syndicat multi-ethnique, la Centrale a trouvé sa place dans la nouvelle société en développement. La Cestrar a d’ailleurs brillamment gagné les dernières élections sociales au Rwanda.

Kampala

Kisangani

Brazzaville Seules demeuraient quelques infrastructures. Beaucoup de militants étaient morts ou Pointe-Noire Kinshasa avaient disparu. «Les documents avaient brûlé mais le bâtiment tenait encore debout, et ANGOLA (Cabinda) Ascension nous avions toujours notre nom.» (St. Voilà à peu près ce qui restait du syndicat Cestrar (CenHelena) Luanda trale des Syndicats des Travailleurs du Rwanda) après le génocide de 1994.

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UGANDA

Congo

REP. OF THE CONGO

Annobón

Lorsque des centaines de milliers de personnes ont été tuées, il est difficile de tourner la (U.K.) A tdel ce a massacre n t i c sont encore visibles dans la vie quotipage. Aujourd’hui encore, les traces dienne de la communauté. Bien sûr, après ‘les événements’, il y a eu d’abord d’autres prioNamibe O c e a n St. Helena rités que la remise en route du syndicat. Mais, assez(St. rapidement toutefois, quelques-uns Helena) des survivants qui avaient connu le syndicat ont repris le flambeau. Et cela sans être payés au départ, puisqu’ils n’avaient ni affiliés, ni revenus. 20

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Notre partenaire La Cestrar (Centrale des Syndicats des Travailleurs du Rwanda) est le syndicat le plus représentatif du pays. Il est issu de l’ancien syndicat unique mais depuis l’avènement du multi-partisme en 1991, il est libre et indépendant. Entre 2003 et 2005, avec l’appui de la FGTB fédérale, le syndicat a franchi une nouvelle étape en se décentralisant dans les régions de Cyangugu, Butare, Gysenyi, Byumba et Gitarama. Il se trouve ainsi beaucoup plus près des salariés dans presque tout le pays. www.cestrar.org

Le Rwanda est un des pays les plus pauvres de la planète. 60% de la population vit officiellement avec moins d’un dollar par jour et 87% avec moins de deux dollars par jour. L’espérance moyenne de vie est de 45 ans et un tiers de la population est sous-alimenté.


En quoi consiste le renforcement des capacités? «Il s’agit essentiellement de formation mais c’est aussi beaucoup plus large», explique Africain Biraboneye. «Pensez par exemple, à la sécurité et à la santé, nos membres ne doivent pas seulement connaître la législation, les risques au niveau de la sécurité, les libertés et les droits syndicaux, etc. Ils doivent aussi pouvoir rédiger des pamphlets, réaliser des affiches et les placer de façon à informer le personnel et à lui exposer les dangers au travail.»

«Mes débuts de syndicaliste remontent à 1999. Je travaillais dans une usine de thé. J’étais chef de service, une sorte de chef d’équipe, et je voyais défiler chez moi tous les gens qui avaient quelque chose à demander. Que de problèmes personnels! L’un voulait ceci, l’autre cela… Il m’a semblé qu’il serait plus intéressant que les ouvriers se réunissent et puissent, ensemble, exposer leurs griefs, exigences et suggestions à la direction du personnel. J’ai écrit une lettre au patron. Il est possible que ma fonction de chef ait influencé sa réaction mais, quoi qu’il en soit, le management a approuvé mon idée. La direction y était d’autant plus favorable qu’elle espérait ainsi être débarrassée des nombreuses plaintes émanant des travailleurs. Elle trouvait cela beaucoup plus efficace que de traiter chaque problème séparément. C’est ainsi que nous sommes arrivés à créer un syndicat sans rencontrer trop d’opposition de la part du management, qui le considérait plutôt comme un bon outil de gestion du personnel. Par la suite, lorsque nous avons mené des actions pour une augmentation salariale, ils ont naturellement compris qu’ils s’étaient trompés.» Africain Biraboneye, coordinateur du projet

«Ils doivent pouvoir expliquer comment les choses doivent se passer et ce qui pourrait être amélioré. C’est ainsi que nous pouvons recruter des membres. Et plus nous recrutons de membres, plus nous disposons d’argent, grâce aux cotisations, et plus nous pouvons agir, informer et offrir davantage de formations à nos militants. Ce n’est pas une question d’argent en soi mais nous voulons pouvoir nous débrouiller par nous-mêmes. L’appui financier de la FGTB est très important mais, à terme, nous voulons devenir indépendants.» «L’arrivée de nouveaux membres et militants se traduit aussi par l’apport de nouvelles connaissances et idées. Chaque expérience est une occasion d’apprendre, de faire mieux la fois suivante. Et nous tirons également un grand profit de l’expérience de nos camarades à l’étranger, via les échanges internationaux et les formations proposées dans le cadre du projet de la FGTB. Nous découvrons chez vous comment structurer et faire fonctionner un syndicat. Tous ces aspects constituent des exemples de renforcement des capacités.»

Former par les cercles d’étude Donner des formations dans un pays où le congé syndical payé n’existe pas, où les frais de déplacement ne sont pas remboursés, où les locaux de réunion manquent. Comment faire? Au Rwanda, pour former les gens en santé et sécurité au travail, on a recours à la méthode des cercles d’étude qui leur permet de transmettre eux-mêmes leurs connaissances. Le but est de provoquer un effet boule de neige avec l’information et la sensibilisation. Ces cercles d’étude réunissent de cinq à vingt personnes la plupart du temps le soir ou le week-end. Les règles du jeu sont simples: il n’y a ni formateur, ni animateur. Il y a bien un responsable mais celui-ci ne dirige pas le cercle. Tout le monde apporte sa contribution au groupe, prend part au débat, chacun doit tenir compte de chacun. Il s’agit de recueillir les expériences de tous et que chacun puisse profiter de l’expérience de l’autre. Le point principal se situe dans la recherche de solutions pour des problèmes déterminés qui surviennent tous les jours au travail. Une session dure facilement deux à trois heures, un cycle peut compter jusqu’à vingt de ces sessions. La technique est populaire parce qu’elle permet aux gens d’apprendre de chacun rapidement et de s’organiser localement, sans devoir se déplacer. Cette méthode est bon marché et facile à organiser. En outre, elle peut être utilisée à différents niveaux, de la sorte sont également formés des formateurs. Les membres des comités de santé et sécurité ainsi que les militants de base sont ainsi préparés pour leurs tâches. Le niveau s’adapte aux participants.

Rwanda 15


Sahara

A

R

A

Niamey

N'Djamena

Kano

SUDAN

CÔTE D'IVOIRE

GHANA Vo lta TOGO

Ogbomoso e nu Ibadan Be Lomé Lagos Monrovia Yamoussoukro Accra PortoLIBERIA CAMEROON Novo Abidjan Douala Malabo EQUATORIAL GUINEA

Gulf of Guinea SAO TOME AND PRINCIPE

CONGO

Les salariés du secteur public sont confrontés au même problème que celui qui touche la grande majorité des Congolais: leur salaireSneosuffit les deux bouts. «Selon u tpas h à joindre St. Helena mais actuellement, les sal’accord existant, nous devrions gagner 208 dollars par mois,(U.K.) A t avec l a nuntcoût i cde la vie estimé par les Nations laires tournent autour de 100 dollars et cela, Namibe Unies à 300 dollars… en 1995!» Ocean

BASIN

Kinshasa

Harare

Notre partenaire: le Cossep

ZIMBABWE

Walvis Bay

Windhoek

NAMIBIA

D Sa

BOTSWANA KALAHARI DESERT

Blantyre

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Juan (FR

MOZAMBIQUE

Beira Mozambi

Channe

Bassas da India (FRANCE)

Pretoria Le Cossep – Conseil Gaborone Syndical des Services Publics et PriMaputo Johannesburg vés – est une organisation qui compteMbabane 28.000 membres: SWAZILAND SOUTH fonctionnaires, médecins, O enseignants, magistrats et ra Maseru ng e Durban journalistes. La Centrale Générale des Services Publics AFRICA LESOTHO (CGSP) entretient depuis toujours des rapports amicaux et syndicaux avec les syndicats du secteur public du Congo. Cape Town Port Elizabeth Depuis 2003 surtout, la plus grande attention a été accordée à la formation, soutenue par le Service public fédéral I n ded i des Affaires étrangères dans le cadre d’un vaste projet pacification de la Région des Grands Lacs par l’instauration du dialogue social. Et, en 2007, la CGSP a renforcé son soutien en concluant un accord de partenariat assorti d’un projet courant jusqu’en 2011. 20 40

Euro Islan (FRAN

ER T

16 République démocratique du Congo

ezi

DES

«Nous menons des négociations paritaires mais de 20 nous butons toujours sur le problème 0 notre faible représentativité. Nous pouvons bien négocier des accords sociaux sur un salaire minimum, mais une fois cet accord conclu, s’il n’est pas appliqué, nous sommes trop peu nombreux pour en forcer l’exécution. C’est une question de rapport de force, et ceci avec l’implication des femmes. Nous manquons aussi de traditions en matière de négociation. Les négociations n’existaient pas chez nous; auparavant, on se battait. Et souvent contre une puissance militaire. Nous voulons aujourd’hui établir une sorte de code pour un dialogue social. Nous voulons créer une structure et, parallèlement, apprendre à négocier et dialoguer. Montrer que l’on peut également agir de cette façon.»

ZAMBIA Lusaka Zamb

IB

Boundary representation is not necessarily authoritative.

TANZANIA

Lake Nyasa Lubumbashi MALAWI Kitwe Lilongwe Cidade de Nacala

ANGOLA Lubango

KENYA Nairobi

Kigali Mt. K Lake (high Victoria Afric Bujumbura Mo BURUNDI Lake Dodoma Zan Tanganyika

Luanda

M

2008 est une année pilote. «Nous Scale faisons 1:51,400,000 le tour des onze provinces pour expliquer notre structure. Je vais devoir parcourir un grand nombre de kilomètres», explique Jean-Pierre Azimuthal Projection Kimbuya. «Mais l’essentiel, c’est de bâtir Equal-Area une organisation durable. Nous voulons changer 0 800 Kilometers d’approche. Nous devons former une base solide afin de pouvoir continuer à construire sur 0 800 Miles ce que nous aurons réalisé.» 40

Kananga Mbuji-Mayi

NA

Selon les Nations Unies, 61% de la population congolaise est sous-alimentée.

RWANDA

DEM. REP. Bukavu OF THE CONGO

St. Helena

Tropic of Capricorn

Kampala

Kisangani

(St. Helena)

Lancé en collaboration avec la CGSP, le projet congolais s’est donné pour priorité d’attaquer ces problèmes, c’est-à-dire, avant tout, de répondre au besoin de formation et de mettre en 20 place une structure efficace en créant des sections locales dans les onze provinces du pays.

UGANDA

Congo

Ascension

(St. Helena)

Juba

Bangui

REP. OF THE CONGO

L

Addis Ababa

ETHIOP

CENTRAL AFRICAN REPUBLIC

Yaoundé

Un pays plongé pendant cinq ans dans la guerre civile n’offre certainement pas le terrain Libreville São Tomé idéal à un climat social paisible. En République démocratique du Congo, les syndicats pré- GABON Annobón (EQUA. GUI.) parent le démarrage d’un dialogue social. «Durant toute la guerre civile, alors que le pays était coupé en deux camps, voire plus parfois, nous sommes restés en contact les uns avecPointe-Noire les Brazzaville autres» expliquent les syndicalistes du Cossep. «Entre nous, il n’y avait pas de problème». ANGOLA (Cabinda) Equator

0

Moundou

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Freetown SIERRA LEONE

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Même pendant la guerre civile, nous avons continué à nous parler. NIGERIA Abuja

Lac'Assal

(lowest point in Africa, -155 m)

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Ouagadougou BENIN

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BURKINA FASO

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République démocratique du Congo Dakar

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Tombouctou

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20

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Tropic of Cancer

«Chez nous, les syndicats doivent souvent accomplir des tâches qui reviennent normalement à d’autres. Ainsi avons-nous décidé d’expliquer nous-mêmes à la population en quoi consistait la nouvelle Constitution.»

an O


Jean-Pierre KIMBUYA (République démocratique du Congo) «J’ai eu la chance, grâce aux sacrifices de ma famille, de faire des études. Je suis aujourd’hui ingénieur et professeur en technologie et connaissances des matériaux. La RDC a besoin de personnes formées mais pourtant, jusqu’à aujourd’hui, le pays a maltraité son enseignement et ses enseignants. Je connais très bien ce qu’endurent les familles pour payer un minerval, la quasi obligation de favoriser la scolarisation du garçon au détriment de sa sœur, la misère des salaires des enseignants, l’inexistence de locaux, de livres, etc. Se rendre à l’école est déjà une aventure, sans chaussures, sans nourriture, et parfois la peur au ventre quand les rebelles saccagent le peu disponible. «Très tôt, je me suis révolté contre ces conditions de vie et de travail. Je le devais à mes parents, je le dois à mes camarades de lutte. J’ai été fort influencé par Enos BAVELA, un homme qui a choisi de vivre debout et à qui on l’a fait chèrement payer. A lui et à sa famille, je suis reconnaissant pour ce qu’il m’a appris. Il n’a jamais cessé d’animer et d’être animé par la flamme syndicale. Enos a payé

son engagement de sa vie. Oui, la démocratie a un prix. Oui, la paix se construit et la liberté se conquiert. Rien n’est donné et sans la solidarité des travailleurs, je ne serais sans doute plus là pour vous témoigner ma fierté d’être syndicaliste. J’ai été arrêté, roué de coups, jeté en prison et dernièrement encore j’ai échappé à une tentative d’enlèvement.» «Aujourd’hui, nous avons largement participé au processus démocratique qui a vu pour la première fois depuis 40 ans la tenue de véritables élections libres dans notre pays. Avec notre expérience et notre sens de la responsabilité, ensemble avec nos délégués et nos militants, nous mettons en place les structures indispensables à l’établissement du dialogue social. Mais nous le savons, le nécessaire respect de chacun passe par une vigilance de tous les instants et à tous les niveaux car la démocratie est fragile. Même si la vie est rude, elle a désormais le goût inestimable de la liberté.»

Colombia 17


(El Aaiún)

LIB

Western Sahara Tropic of Cancer

20

Bénin

Nouadhibou

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La sécurité et la santé, comme ici, au dix-neuvième siècle Freetown SIERRA LEONE

BURKINA FASO

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Ouagadougou BENIN

CÔTE D'IVOIRE

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Kano

GHANA Vo lta TOGO

NIGERIA Abuja

Ogbomoso e nu Ibadan Be Lomé Le Bénin est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique Occidentale. Le revenu moyen y est Lagos Monrovia Yamoussoukro Accra Portoà peine supérieur à 1 dollar par jour. La plupart des gens gagnent ce maigre revenu dans LIBERIA CAMEROON Novo Abidjan Douala le secteur informel, une économie de survie où, jour après jour, chacun essaie de gratter Malabo EQUATORIAL GUINEA

quelques sous pour arriver à manger. Ce n’est pas le genre de pays où l’on envisagerait directement une association avec des syndicats. Et pourtant le besoin d’un tel rapproche0 ment est bien réel.

Gulf of Guinea

Equator

Lors de la fondation du bureau des femmes de la FGTB, en 2000, des contacts avaient eu lieu avec les syndicats du Bénin. Par la suite, ceux-ci nous ont sporadiquement tenu au courant de leurs projets et besoins. Peu à peu, nous avons resserré les liens et, depuis quelques années, nous soutenons un projet relatif à la nouvelle loi sur la famille au Bénin. Ascension

(St. Helena)

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Dakar SENEGAL Banjul Bamako THE GAMBIA Bissau GUINEA-BISSAU GUINEA Conakry

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SAO TOME AND PRINCIPE

Moundou

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Bangui

Yaoundé REP. OF THE CONGO

Libreville GABON

Bénin 2Annobón • 110.000 km(EQUA. (3,5 GUI.) fois la Belgique) O • 8 millions d’habitants (0,8 foisBrazzaville la Belgique) Pointe-Noire Kinsh • Capitale: Porto-Novo ANGOLA (Cabinda) • Bruxelles – Porto-Novo: 5000 km Luanda • Langue officielle: français • I ndice de développement humain: 163e São Tomé

NA

Cette nouvelle loi accorde davantage de droits aux femmes, notamment au niveau de l’héritage et de la gestion des moyens financiers. C’est une grande nouveauté pour le Bénin, où S o u t h St. Helena tous les leviers du pouvoir étaient traditionnellement entre les mains des hommes. Aussi, (U.K.) (Belgique 17e) même si la loi existe bel et bien, tout le monde n’en connaît pas encore la portée ni le ANGO A t l a n t i c • I ndice de Gini: 36,5 (Belgique 33) contenu exact. Lubango Namibe33.000 $) • P IB par habitant: 1100 $ (Belgique O cNousenous a n St. Helena Près de 90% des personnes actives dans le secteur informel sont des femmes. • E spérance de vie: 53,4 ans (Belgique 75-81 ans) (St. Helena) rendons notamment sur des marchés où vendeurs, coiffeuses, garagistes et commerçants • P opulation illettrée: 65 % se livrent à toutes sortes de petites affaires. Des séances d’information relatives à la nou•% personnes qui vivent avec moins de 2 dollars velle loi sont organisées sur ces marchés. Cette loi20a, en effet, un impact direct sur la proWindho blématique du travail: les femmes du secteur informel peuvent désormais gérer les fruits par jour: 33% Walvis Bay corn Capri de leur labeur de façon plus autonome. Petit à petit, cette nouvelle se répand et lesTropic fem-of NAMIB mes commencent à s’organiser. M

IB

DES

est comparable avec celle des travailleurs à domicile de nos contrées au 19e siècle. Les syndicats ont toujours agi contre l’exploitation, l’insécurité au travail et le principe du ‘chacun pour soi’. Il en va de même au Bénin.

Lorsque nous donnons un coup de main à la création d’un atelier où sept couturières travaillent en coopérative et que ces femmes peuvent ainsi mieux contrôler les prix, n’est-ce Scale 1:51,400,000 pas plus profitable que lorsqu’elles se faisaient mutuellement concurrence? La situation Azimuthal Equal-Area Projection

Notre partenaire

Quiconque a visité Cotonou, connaît les fameux 0‘taxis-motos’, 800 Kilometers des vélomoteurs utilisés comme taxis qui plongent 0 toute la ville 800 Miles 40 dans les effluves d’une essence vendue illégalement. L’Interrégionale Boundary representation is wallonne soutient un projet visant à enseigner le code la route authoritative. notde necessarily aux chauffeurs et à les aider à améliorer leur sécurité de base. 20 Le projet prévoit, par exemple, d’examiner les moteurs et d’équiper tous les chauffeurs d’un casque adéquat.

Notre partenaire est la CSA, la Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin. Créée en 1991, la CSA regroupe aujourd’hui 118 syndicats. Ceux-ci défendent le pluralisme et l’indépendance à l’égard des partis politiques. Les syndicats sont habituellement organisés par0 entreprise et non par secteur, ce qui explique leur grand nombre. Ils consacrent la plus grande partie de leurs moyens à la sécurité et à la santé au travail.

«Actuellement, personne ne s’oppose vraiment à nous. La sécurité et la santé sont des thèmes dont tout le monde se trouve bien. Lorsque nous serons plus forts et imposerons d’autres exigences, il en ira tout autrement.» Robert Yavohedji, coordinateur du projet au Bénin 18 Bénin

ER T

Il peut sembler étonnant de voir un syndicat s’occuper de ce qu’on appellerait chez nous de ‘petits indépendants’. Mais c’est vraiment pour nous le meilleur moyen d’aider ces gens. Car nos campagnes d’information à l’occasion de cette nouvelle loi nous donnent également l’opportunité d’aborder d’autres sujets importants.

Cape Town


Travail au magasin Le secteur informel

En Afrique, la plupart des gens travaillent dans le secteur ‘informel’. Ils tentent de survivre avec de petits commerces de fruits, de légumes, voire, à l’occasion, de sacs en plastique, lames de rasoir ou autres petits objets: tout peut s’acheter le long des routes et des rues. Ces vendeurs ne sont pas organisés; ils doivent faire face à une distribution mieux structurée et ne disposent d’aucune protection. Leur recette du jour est dépensée le jour même pour acheter de quoi manger.

Le partage d’expérience en matière de sécurité

Que faisons-nous dans un pays tel que le Bénin? En première instance, nous avons affaire à un pays qui compte peu d’entreprises structurées. Comme il suffit de 5 membres pour créer un syndicat, il y règne un très grand morcellement et la plupart des syndicats ne sont pas suffisamment puissants pour pouvoir faire la grève. Ce qui ne les empêche pas de mettre les bouchées doubles pour créer des comités de sécurité et de santé. Nous travaillons sur un projet relatif à la sécurité et à la santé qui concerne plusieurs secteurs: chimie, construction, ciment, alimentation et textile. Il s’agit d’informer les travailleurs sur leurs droits et sur la législation et de les rendre conscients des dangers. Tout employeur est tenu de mettre le matériel de sécurité à la disposition du personnel et de garantir le respect des réglementations à cet égard. Ce principe syndical est immuable et s’applique également au Bénin. En tant que FGTB, nous donnons aux syndicats du Bénin des moyens pour les aider à progresser. Car, en fin de compte, il s’agit souvent de vies humaines. Ici, nous trouvons évident et utile de porter un casque au travail, mais les ouvriers qui travaillent par une chaleur torride n’en pensent pas nécessairement autant! Les choses ne sont pas toujours aussi simples. Nous aidons nos partenaires à planifier des actions en gardant une approche réaliste. De temps en temps, nous leur envoyons des experts syndicaux de Belgique pour partager davantage encore notre expérience. Par exemple, pour expliquer de manière simple et accessible comment nous réalisons des affichettes de sécurité, organisons des campagnes, etc.

«J’avais déjà participé à une assemblée où l’on nous avait expliqué la nouvelle loi sur la famille. Je m’étais dit: c’est ça, cause toujours. Une loi favorable aux femmes… à d’autres! Et voilà que vous nous racontez la même chose. Cette fois, je ne suis pas loin de penser qu’avec ces blancs là, à côté, cela pourrait bien être vrai. Pour ma génération, cela ne changera peut-être plus grand-chose mais pour nos enfants, c’est une bonne nouvelle.» Une femme âgée sur le marché de Cotonou

Bénin 19


Freddy Pulecio (Colombie)

L’exil / L’expatriation est pire que la prison

«J’étais porte-parole depuis 8 ans de l’USO, le syndicat du pétrole en Colombie. C’était il y a dix ans, et maintenant je vis à Bruxelles. J’ai subi des menaces, j’ai passé un an et demi en prison mais ma punition la plus dure, c’est d’être loin de chez moi. Il y avait 23 plaintes à mon encontre. A certains procès, des gens venaient témoigner contre moi et, le jour suivant, ces mêmes personnes revenaient mais sous un autre nom. Avec, de nouveau, un dossier à charge. J’ai été condamné en 1994 et jeté en prison où je suis resté un an et demi. Ils inventaient n’importe quoi pour m’accuser. Les autorités nous traitaient de terroristes car l’industrie pétrolière, le commerce de la drogue et les pouvoirs publics avaient des intérêts communs, qui n’étaient pas ceux des travailleurs. La prison était très dure à vivre. En ville, je pouvais encore échapper à des violences ou des menaces par toutes sortes de moyens: faire un détour, changer d’itinéraire tous le jours pour aller au travail, entrer par des portes différentes, varier l’heure de départ… Mais en prison, c’est impossible, ils savent exactement où vous êtes, 24 heures sur 24.

Les plaintes se poursuivaient mais j’ai tout de même été libéré au bout d’un an et demi. Ils avaient sans doute leurs raisons. J’habitais et travaillais à Barranca, le berceau et le centre de l’industrie pétrolière en Colombie. Ma famille et mes camarades de l’USO n’avaient cessé de me soutenir et ce, malgré la peur qui les tenaillait car vous savez comme il est dangereux de prendre de tels risques en Colombie. Lorsque je suis revenu à Barranca, après mon séjour en prison, j’ai couru de réels dangers. Ils sont venus me dire que ma tête était mise à prix, qu’ils me tueraient. Nous sommes habitués à combattre très durement mais un tel avertissement résonnait comme un glas. C’est alors que j’ai fui le pays. Pour la France d’abord, puis la Belgique. En Europe, j’ai trouvé à me loger chez des camarades syndicalistes. Nous voulions aider les gens qui étaient dans la même situation que moi en Colombie mais nous sommes arrivés à la conclusion que faire sortir tout le monde du pays clandestinement ne serait pas d’un grand secours. Je vivais avec cette frustration d’avoir dû quitter le pays à

Robert Yehouenou (Bénin) Mon propre vélomoteur...

“Nous représentons les chauffeurs de taxi-moto depuis une éternité. Ces vélomoteurs roulent partout, dans tout Cotonou, la capitale du Bénin. On les appelle ‘Zemidjan’, ce qui signifie ‘emmène-moi’ en langue locale. Personnellement, je travaillais dans la construction, mais j’ai perdu mon emploi et je me suis dit: je ferais mieux de me lancer avec un taxi-moto.

20

➤ cause d’une mafia, d’une vraie mafia. Si tout le monde devait s’enfuir, alors cette mafia aurait gagné et cela en serait fini de toute forme de syndicalisme. Nous devions organiser une formation syndicale afin de pouvoir soutenir les gens là-bas, former de nouvelles générations et maintenir le syndicat en état de fonctionnement. Si nous ne le faisions pas, toute la direction syndicale allait se retrouver en Europe au bout de quelques années et nous n’aurions plus de syndicat en Colombie. C’est ainsi qu’en Belgique, je suis parti en quête de solidarité, mon projet de formation sous le bras. J’avais retrouvé un but, je pouvais me bagarrer. Heureusement car l’exil est vraiment ce qui a été le plus dur pour moi. En prison, j’avais des amis, des compañeros, qui venaient me rendre visite. Je voyais ma famille aussi, et mes enfants. Ici, je n’avais plus rien, ni personne. En 2006, au bout de douze ans, j’ai enfin gagné mon procès. Je vais rentrer. Je m’y prépare, mentalement et physiquement.

C’est ainsi que j’ai commencé. Au fil des ans, tout un système s’est mis en place. La plupart des gens n’ont pas l’argent nécessaire pour acheter un vélomoteur, aussi certains propriétaires louent-ils des vélomoteurs aux chauffeurs. 80 % des chauffeurs roulent sur un vélomoteur loué, les propriétaires en ayant généralement quelques-uns. Les vingt % de chauffeurs restants roulent sur leur propre engin.

Les conditions de ces locations sont injustes, je l’ai compris dès le début: il faut payer 2.000 CFA (3 euros) par jour pour un moteur à deux temps, et jusqu’à 10.000 CFA (15 euros) pour un moteur à quatre temps. Si vous tenez le coup 18 mois, la moto est à vous. Mais la plupart des chauffeurs n’y arrivent pas et accumulent des retards de paiement. Quant aux propriétaires, ils trouvent mille et une raisons


fallacieuses de prétendre que le chauffeur n’a pas respecté son engagement. On peut toujours trouver quelque chose. Et puis, il faut beaucoup rouler pour tenir le coup. Le prix d’une petite course est d’environ 15 CFA et peut grimper jusqu’à 200 ou 300 CFA (0,3 – 0,5 euro) maximum. Avec cela, il faut rembourser la moto et nourrir sa famille. Notre syndicat veut agir à ce niveau. Nous voulons donner un peu plus de sécurité aux gens, veiller à ce qu’ils ne se retrouvent pas, en quelque sorte, esclaves de leur dette. Nous avons fait en sorte que tous ceux du syndicat roulent avec une chemise jaune, afin qu’on puisse les reconnaître. Nous louons les vélomoteurs à de meilleures

conditions, avec une assurance, et nous nous donnons un mal fou pour garantir la sécurité, pour que les chauffeurs portent un casque. Ces efforts commencent à nous réussir. Nous pouvons difficilement suivre la demande car beaucoup de personnes veulent nous rejoindre. Les chauffeurs se rendent bien compte que chez nous, c’est mieux, plus sûr et plus honnête. Actuellement, 5.000 des quelque 105.000 Zemidjan du Bénin sont affiliés à notre syndicat. Mais cela demande beaucoup d’énergie. Je suis moi-même chauffeur de taxi-moto et j’ai deux autres vélomoteurs utilisés par d’autres chauffeurs. A côté de cela, je fais tout le travail syndical, j’assiste

Eugène Mulenda

mes hommes en cas d’accident, par exemple. Ou je vais au tribunal lorsqu’il y a un conflit entre un chauffeur et un propriétaire. Dans ces conditions, une demi-journée est vite passée et je dois ensuite commencer mon propre travail. Tout cela me passionne. Je connais le métier, donc je sais ce qui est nécessaire. Je pense aussi que l’on m’a choisi comme secrétaire parce que je faisais les choses ‘autrement’. Si quelqu’un de chez nous a un accident grave, je vais chercher la famille. Je veille à ce que des proches soient près du blessé, je vais prévenir sa femme… Je sais ce dont les gens ont besoin dans ces moments et je tâche de le leur donner.

(République démocratique du Congo)

«C’était plus fort que moi.»

«J’étais déjà comme ça à l’école secondaire. Lorsqu’en 1980, les enseignants ont fait grève parce qu’ils n’avaient pas été payés depuis des mois, je les ai soutenus. J’ai lancé une action de solidarité. J’avais dix-huit ans et ce genre d’initiative n’était pas sans danger à l’époque de Mobutu. Mais j’estimais que je devais le faire et nous nous sommes retrouvés à l’école, face à face avec un cordon de policiers. Vous pouvez imaginer que ma famille n’était pas très heureuse de tout cela, d’autant plus que c’était également dangereux pour elle. ‘Te rends-tu compte que tu pourrais en mourir d’un instant à l’autre?’ disait ma mère.» «C’était plus fort que moi. Je suis parti étudier la médecine à l’université et, avant même que je ne m’en rende compte, j’étais devenu porte-parole. C’était à l’occasion d’un problème d’examen: le prof nous avait promis un certain système

d’épreuve et, au moment même, le système a été modifié contrairement à ce qui avait été convenu. J’ai spontanément démarré une action : personne ne devait remettre son examen avant que nous n’ayons trouvé un accord. Mais vous savez comment les choses se passent, il y en a toujours qui ont peur… Certains ont donc passé l’examen. Je me suis retrouvé avec un beau zéro sur vingt et ceux qui avaient remis leur copie ont eu des très beaux points. Des points qui récompensaient plus leur soumission que leurs connaissances.» «Cet incident ne m’a pas empêché de devenir radiologue et, lorsque j’ai commencé à travailler à l’hôpital, ma ‘petite manie’ m’a repris: je trouvais que nous n’étions pas suffisamment unis et que nos intérêts n’étaient pas assez défendus. C’était une clinique privée, tenue par des religieuses et ces revendications ne furent pas trop bien accueillies.

Nous nous sommes battus pour négocier la mise en place d’une structure: un travail typiquement syndical mais au profit de médecins. Cela nous a réussi. Notre syndicat a tellement fait parler de lui que je travaille à présent dans le syndicat coupole du personnel de l’Etat.» «Je retrouve dans mes activités de radiologue l’aspect social du travail syndical. Il s’agit aussi de reconnaître et d’admettre des problèmes, puis de les résoudre. J’ai vu souffrir des malades parce que des médecins avaient manqué de tact en leur expliquant une maladie grave. Il faut toujours rechercher des issues ensemble, en faisant preuve d’une grande capacité d’écoute. Finalement, des deux côtés – comme médecins et comme syndicalistes – ce que nous devons faire, c’est redonner espoir aux gens et ne jamais laisser cet espoir partir à la dérive.»

21


(NETH.)

Barranquilla Cartagena

Netherlands Antilles (NETH.)

Panama

Valencia Barquisimeto

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Le syndicat, un lieu de rencontre

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Pérou CHILE • 1,3 millions de km2 • 2 9 millions d’habitants (presque trois Santiago

Resistencia

(CHILE)

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(lowest point in South America and the Western Hemisphere, -105 m)

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Pôrto Alegre Salto

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fois plus qu’en Belgique) ARGENTINA • Capitale: Lima • Bruxelles – Lima: 10.500 km • Langue: espagnol • I ndice de Développement Humain: 87e (Belgique: 17e) Scale 1:35,000,000 • Indice de Gini: 54.6 Strait of Magellan Azimuthal Equal-Area Projection • P IB par habitant: 6600 USD (Belgique: 33.000) • Espérance de vie: 70 ans • Taux d’analphabétisme: 12% • Taux de pauvreté: 60% (CHILE)

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(highest point in South America, 6962 m)

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La campagne pour la sécurité et la santé au Pérou vise quatre groupes cibles: les ouvriers, les employeurs, la communauté et les familles des ouvriers. Des ateliers sont organisés pour les épouses des travailleurs afin qu’elles puissent stimuler leur mari à faire plus attention à la sécurité au travail. Les familles peuvent non seulement exercer une pression sur les travailleurs, mais aussi sur l’opinion publique et partant, sur les responsables politiques.

A

li Ríoaya Uc

La sécurité et la santé sont des points cruciaux pour les ouvriers péruviens de la construction. Beaucoup d’efforts sont réalisés dans ce sens mais comment évaluer les résultats et comment convaincre les gens du problème lorsqu’on ne dispose pas de chiffres? Un des grands axes d’action de la FTCCP consiste à récolter les chiffres des accidents de travail dans la construction et à inviter les ouvriers à signaler ces accidents. Il existe désormais une ligne téléphonique spéciale à cet effet. En l’absence de statistiques officielles, les syndicats les établiront eux-mêmes.

South Pacific Ocean

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PERU

Dans les villes de province du Pérou, le local du syndicat est souvent le seul bâtiment de la ville à disposer d’une infrastructure d’accueil: une petite salle, et une pièce munie d’une table pour les réunions. C’est pourquoi le bâtiment du syndicat est aussi le lieu d’une foule d’activités sociales au sein du quartier ou de la ville. Toutes sortes d’associations y sont représentées. Certains collaborateurs qui habitent loin de leur lieu de travail logent même parfois dans les bâtiments du syndicat. Toute cette vie sociale autour du syndicat a pour conséquence que la salle est souvent trop petite lorsqu’on mobilise les gens pour l’une ou l’autre action. Il arrive même qu’un marché de l’emploi se constitue autour des bâtiments. Au Pérou, les travailleurs sont encore souvent choisis par ‘le patron’, comme chez nous, dans le temps: ils sont tirés du rang, un à un, devant l’entrée du chantier. Nous travaillons là-bas avec les ouvriers du secteur de la construction et ce n’est guère facile de rassembler des travailleurs vraiment professionnels dans ce secteur. En effet, la plupart des ouvriers sont des journaliers, en quête d’un emploi chaque jour, ou parfois, engagés pour la durée d’un chantier. A vrai dire, il s’agit souvent de petits cultivateurs qui bricolent dans la construction en dehors des périodes de récolte et autres travaux agricoles. Cette situation ne favorise pas une grande solidarité entre les travailleurs mais, lorsqu’en août 2007, un tremblement de terre coûta la vie à plus de 300 personnes et fit de nombreux sans abri, le syndicat organisa avec succès des camps de construction pour reconstruire les maisons plus solidement. Les ouvriers de la construction sont fiers de ce que les maisons qu’ils construisent résistent mieux aux tremblements de terre qui surviennent régulièrement. Le Pérou compte presque trois fois plus d’habitants que la Belgique mais son territoire est quarante fois plus vaste. Environ la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, soit dix pour cent de plus qu’en 1985. Les années nonante se sont caractérisées par le régime néolibéral dur de Fujimori. Certains ont même parlé de dictature… ce qui est certain, en tout cas, c’est que tout dialogue social fut supprimé. Depuis dix ans déjà, il n’y avait plus eu de négociations relatives à une CCT (convention collective de travail) dans le secteur de la construction. Ce régime a pris fin avec l’arrivée au pouvoir des présidents Toledo et Garcia après 2000. Ces derniers ont tenté de décentraliser le pays afin que Lima ne soit plus le seul lieu où tout commence et prend fin. Cette tendance a également gagné les syndicats qui essaient, depuis, de s’établir dans l’ensemble du pays.

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Nos partenaires

FTCCP La FTCCP (Federación de Trabajadores en Construcción Civil del Perú - Fédération des travailleurs de la construction civile au Pérou) compte 57 syndicats péruviens de la construction. Elle regroupe 10% des quelque 370.000 ouvriers de la construction du pays. CGTP La CGTP, ou ‘Confederación General de Trabajadores del Perú’ est une Confédération rassemblant 29 centrales professionnelles, dont la FTCCP. La CGTP réunit 1.5 millions de travailleurs sous le même toit et ses 25 filiales sont réparties dans tout le pays. Outre les centrales professionnelles, elle regroupe aussi 85 syndicats d’entreprise qui lui sont directement affiliés. Jusqu’en 2006, la FGTB a soutenu la CGTP dans sa décentralisation, notamment au niveau des divisions interprofessionnelles du Sud, Ica, Cuzco et Arequipa. Cette collaboration reprendra en 2009 avec le soutien de l’Interrégionale de Bruxelles de la FGTB.

Stanley Falkland Islands (Islas Malvinas) (administered by U.K., claimed by ARGENTINA)


Sécurité Un effet domino pour la sécurité Dans un pays où il faut se battre pour trouver un travail, où la misère est partout et où nombre d’emplois sont mal structurés et échappent à tout contrôle, il est souvent difficile d’imposer des mesures de sécurité suffisantes sur les chantiers. Tout comme ici, les employeurs sont obligés de prévoir des mesures de sécurité suffisantes. Et tout comme ici, les ouvriers doivent porter un casque, des vêtements adaptés et un harnais de sécurité. En principe, car ces ouvriers ne sont absolument pas au courant. Lorsqu’on a le choix entre un travail dangereux et l’absence de tout revenu, le choix est vite fait, et le risque l’emporte. La sécurité n’est pas une priorité sur les chantiers péruviens et le moins que l’on puisse dire c’est que les contrôles ne sont pas très efficaces. La corruption est un problème largement répandu. Et que peut-on espérer si les amendes sont trop réduites en regard du bénéfice rapporté par un travail non sécurisé? Le syndicat essaie de remédier à cette situation, notamment en présentant des propositions de loi et en insistant très fort sur la sécurité et la santé. C’est un thème que personne ne peut contester et qui donne au syndicat l’opportunité de se renforcer. Soutenue par l’expérience de la Centrale Générale de la FGTB, la FTCCP a élaboré une campagne qui explique clairement aux ouvriers quelles sont les obligations de l’employeur. L’action commence auprès des grands consortiums internationaux et la FTCCP espère créer de la sorte un effet domino vers les employeurs et chantiers de moindre importance. Notre intention est de mener ces actions en faveur de la sécurité et de la santé dans dix villes du Pérou et, à terme, de créer des secrétariats décentralisés dédiés à la sécurité et à la santé. Nous espérons ainsi que, d’ici quatre ans, la moitié des entreprises respecteront la législation. S’il y en a plus, tant mieux naturellement, car cela marquerait un solide bond en avant!

Segurito

“Nous avons commencé par créer un petit personnage pour notre campagne: il s’appelle Segurito. C’est une vraie réussite car les gens y sont très sensibles. Segurito, nous le faisons vivre sous la forme d’une personne habillée comme le travailleur, avec des gants de travail, des chaussures de sécurité, un casque et une salopette; il fait toujours beaucoup d’effet. Nous distribuons des affiches également. Récemment, Segurito a participé à un cortège organisé par le ministère de l’emploi et nous avons eu tous les médias et la télévision. Il suscite beaucoup de sympathie et est aussi reconnu sur les chantiers. Il nous ouvre d’ailleurs déjà des portes auprès des ouvriers alors que nous venons à peine de commencer.” Pérou 23


SOUTH AMERICA 80

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Quand les syndicalistes se déplacent en ville, ils se font accompagner d’un garde du corps, pistolet en joue, dans une voiture blindée. Les syndicats ont la vie dure en Colombie.

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La Colombie est connue pour vivre sous le règne de la violence: les milices privées et les carBR PERU tels de la drogue y prospèrent, la guérilla divise le pays et le néolibéralisme a les coudées Lima MATO GRO A Cusco franches. En 2006, 70 militants syndicaux ont été assassinés; au total, depuis 1990, ils sont S o u t h N PLATEA Lago Trinidad D Titicaca Colombie 4.000 à avoir subi ce sort. C E S La Paz Pacific 2 • 1.038.000 kmArequipa (32 fois la Belgique) BOLIVIA Cochabamba Santa Cruz En Colombie, les syndicalistes sont systématiquement menacés, enlevés ou arrêtés sans O c e a n • 4 4,4 millions d’habitants (4,4Sucre fois plus Arica raison. Et si le nombre d’assassinats diminue, la violence perdure. Il n’est pas toujours éviPotosí qu’en Belgique) Iquique Cam dent de distinguer les groupes militaires officiels des autres. Les paramilitaires ont récemGra 20 • Capitale:Bogota ment reçu un statut légal mais travaillent souvent avec un ramassis obscur de diverses PARAGUAY milices privées. Antofagasta rn ico Salta • Bruxelles – Bogota: 8800 km pr Ca Asunc Tropic of San Miguel • Langue: espagnol de Tucumán Cette situation rend le travail syndical très risqué et passionnel. La Colombie est un des Isla San Ambrosio e (CHILE) • I ndice de Développement Humain: 75Resistencia Isla San Félix derniers pays d’Amérique Latine où l’extrême droite est encore au pouvoir et, par consé(CHILE) CHILE ) (Belgique:Cerro 17eAconcagua quent, il est difficile de distinguer l’engagement syndical de l’idéologie et de la politique. P Santa Fe Tout cela excite les passions et les discours tonitruants, qui nous rappellent ceux de Daens Salto • Indice de Gini: 58.6 (Belgique:Córdoba 33) Mendoza ou d’Anseele, y font partie du quotidien. Rosario Valparaíso URUG ARCHIPIÉLAGO • P IB par habitant: 8.600 USD (Belgique: Santiago JUAN FERNÁNDEZ Buenos Aires (CHILE) La Plata M 33.000 USD) Bien que le droit de grève soit inscrit dans la constitution, il est, en pratique, solidement Concepción • Espérance de vie: 72 ans ARGENTINA bridé par le gouvernement. C’est ainsi que dans le secteur du pétrole étant considéré comMar de Bahía Blanca me service public essentiel, les grèves y sont interdites. • Analphabétisme: 7 % Carlos de • Chômage: 11Puerto % Montt San Bariloche Lorsque le syndicat du pétrole, l’USO, appela à la grève en avril 2004, 248 syndicalistes furent • Pauvreté: 49 % licenciés par l’entreprise publique Ecopetrol. Sans la moindre concertation, les journées40de travail avaient été allongées, le salaire des heures supplémentaires diminué, une plus granComodoro Rivadavia de flexibilité et une série de limites aux conventions collectives de travail avaient été imposées. Le nombre de travailleurs concernés par une convention collective de travail menaçait Laguna del Carbón CUT (Central Unitaria de Trabajadores de Colombia) de baisser de quelque 30%. L’USO gagna la grève et parvint à sécuriser les principales CCT. La Colombie est riche en matières premières. Pourtant, 60% des familles vivent sous le seuil de pauvreté, ou à la limite. La répartition des richesses est pour le moins inégale. 52 % des revenus reviennent à 20% de la population et plus de la moitié du pays (53%) est entre les mains d’à peine 2% des propriétaires terriens.

Nos partenaires USO (Union Sindical Obrera – Union Syndicale des Ouvriers) L’USO est le syndicat du pétrole de Colombie. Un original. Car presque tous les autres syndicats (727 au total) sont de petites associations, organisées par entreprise. L’USO, pour sa part, réunit les travailleurs du secteur du pétrole, une matière première très importante et stratégique pour la Colombie. L’Union compte 5.400 membres dont la majorité (3.000) travaille dans l’entreprise publique ECOPETROL. L’USO est un syndicat très militant. Il a exigé la nationalisation de l’industrie pétrolière dans les années 40, entraînant la création d’Ecopetrol. Et aujourd’hui encore, le combat contre la privatisation est son objectif principal. www.usofrenteobrero.org L’USO est soutenue par la Centrale Générale de la FGTB.

24 Colombie

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(highest point in South America, 6962 m)

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Strait of Río La CUT est l’association coupole des 727Gallegos syndicats deellan CoMag lombie.500Forte de plus de 500.000 membres, c’est la coupole Kilometers Punta Arenas 500 représentative Miles syndicale la plus du pays. L’USO est affiliée Ushuaia Boundary representation is à la CUT et les deux organisations collaborent pour assurer not necessarily authoritative. Cape Horn la formation des cadres et des80 membres. Elles essaient de faire progresser les choses ensemble par la négociation et d’unir leurs forces pour la mobilisation des travailleurs. Et elles s’impliquent aussi dans la lutte pour un meilleur respect des droits de l’Homme. Par l’intermédiaire d’un projet de collaboration avec l’interrégionale flamande de la FGTB, nous allons encore augmenter notre soutien aux camarades colombiens. En effet, un nouveau projet dans le secteur horticole démarrera en 2009. Pour en savoir plus à ce sujet, jetez un petit coup d’œil sur notre site.

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Veiligheid

Formation, formation, formation Les syndicats colombiens sont ambitieux. Ce qu’ils veulent surtout, c’est un changement de régime politique. Dans un pays pareil, tout est politique, y compris, par exemple, une demande visant à faire apporter des améliorations techniques à des installations pétrolières obsolètes. Du coup, même les plus petites avancées sont parfois difficiles à revendiquer car les pouvoirs publics interprètent tout mouvement comme une atteinte au régime. La formation fait la force des syndicats car elle dote les collaborateurs et militants d’une instruction supérieure au niveau moyen de scolarité en Colombie. Toutefois, l’organisation et la formation des cadres pourraient encore être améliorées. L’organisation générale du travail syndical est une chose difficile partout, et plus encore en Colombie. Si les syndicats colombiens veulent continuer à jouer un rôle à l’avenir, ils doivent rapidement se moderniser. Concrètement, nous essayons de donner une formation générale aux 150 cadres volontaires de l’USO. Cette formation porte sur la capacité à diriger ainsi que sur diverses compétences utiles à l’organisation des travailleurs dans l’ensemble du secteur: une bonne gestion des sections, une communication claire à l’égard des sièges principaux, etc. D’ici 2011, la formation de base des cadres sera normalement terminée. Cela devrait se traduire par une augmentation du nombre de membres (jusqu’à 50% des travailleurs du secteur).

“Mon travail au syndicat n’est pas tellement dangereux car je travaille au service formation. Je n’ai donc pas vraiment d’occupation politique visible, c’est bien plus dangereux pour les gens qui défendent nos points de vue. Je cours plutôt des risques par mes activités auprès du Mouvement pour la Paix. Nous voulons nous opposer aux grands conflits en amenant tout le monde autour de la table et en tentant d’arriver à une solution par la négociation plutôt que par les bombes. Nous avons beaucoup de problèmes et je sais que mon pays est considéré comme «un cas désespéré». Mais il y a beaucoup de choses à faire. Nous travaillons dur, sans jamais renoncer. Ce qui est surtout nécessaire, c’est du courage politique, de la part des autres pays également, afin de pouvoir lutter contre la pauvreté et la spirale de la violence.» Alexandra Bermúdez Osorio (Colombie) Colombie 25


CENTRAL AMERICA AND THE CARIBBEAN 80

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Entre mondialisation néolibérale et mondialisation sociale, Cuba a faitMson choix pour privii SALVADOR légier encore et toujours la socialisation des richesses et c’est en cela queddlele EL rôle du syndicat NICARAGUA Am Managua eri au sein de la république socialiste cubaine est essentiel. ca Lago de San San Salvador Miguel Choluteca León

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Cuba Caribbean Sea • 110.860 km2 (3,5 fois la Belgique) • 11 ,4 millions d’habitants (1,2 fois

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Le pouvoir d’achat est un axe d’action important pour les syndicats dans le Cuba d’aujourd’hui. Les articles produits localement restent encore abordables pour le Cubain moyen. Mais, en raison de l’embargo américain, les produits importés sont très chers. De plus, ils doivent être payés en devise forte (jusqu’il y a peu, le dollar, et à présent, le Peso Cubano Convertible – CUC). Cette obligation s’applique même à des produits tels que du shampoing, de la mayonnaise, des olives, de l’essence ou un lecteur CD… Heureusement, les Cubains peuvent encore profiter d’un bon cigare et d’un verre de rhum en écoutant de la salsa sur un lecteur de cassettes… Toutefois, le salaire, payé en pesos locaux, ne représente quasi plus rien, une fois changé en dollars ou CUC. Et bien que la tendance au paiement – partiel – du salaire en CUC se confirme, il y a encore du pain sur la planche. Quant au secteur touristique florissant où les devises fortes circulent couramment sous le manteau, il crée de nouvelles inégalités parmi les Cubains. A cela, enfin, s’ajoute le flot de dollars en provenance de Miami.

80

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Les réformes économiques agencées dans le pays font que le travail syndical se trouve modifié. L’axe nouveau d’une recherche de productivité dans la création de richesses, de part l’arrivée de capitaux étrangers, fait que l’organisation syndicale intervient pour garantir les conditions de travail. L’éloignement, sans parler d’annulation, du fonctionnement réglementé du système économique en appelle à des techniques de négociations collectives et la mise en place d’un rapport de force. Boundary representation is not necessarily authoritative.

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Cuba tient sa revanche, et même si des disparités existent le principe moteur de situer Lambert Conformal Conic Projection, standard parallels 9˚N and 17˚N l’Homme au centre du développement du pays demeure.

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la Belgique) • Capitale: La Habane COSTA RICA • Bruxelles – La Habane: 8000 km • Langue PANAMA officielle: espagnol S • I ndice de développement humain: 51 (Belgique:17e) • Indice de Gini: 30 (Belgique: 33) C O L O M B • P IB par habitant: 4100 USD (Belgique 33.000) • E spérance de vie: 77 ans • Population illettrée: 0% Nicaragua

De fait, une réforme constitutionnelle en 1992 introduit des notions nouvelles, comme l’ouverture à l’investissement étranger, la captation des devises ainsi qu’une réorganisation du secteur public et une réglementation de l’emploi indépendant. L’ouverture au N otourisme rth et la dépénalisation de la détention de dollars vont conduire à enrayer la chutePéconomique acific Ocean et d’ailleurs, dès 1994, une reprise s’amorce.

Cayos Miskitos

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Nos partenaires

Nos partenaires cubains sont le syndicat coupole, Central de Trabajadores de Cuba (CTC) et le syndicat du métal, Sindicato Nacional de Trabajadores de la Industria Metalúrgica (SNTM). Avec ses 62.600 ouvriers, le secteur du métal est l’un des plus grands du pays. Le SNTM représente 98% de ces ouvriers et compte 966 sections d’entreprise. Il dispose de 70 bureaux syndicaux permanents et couvre quatre secteurs: l’industrie du métal, l’industrie mécanique, le recyclage et l’industrie automobile. La Centrale du métal de la FGTB est à Cuba depuis 2003 et depuis 2006, la centrale des métallurgistes de Wallonie et de Bruxelles (MWB) intensifie sa collaboration.

Le syndicat du métal cubain compte 33% de membres féminins et on y rencontre beaucoup de femmes dans des fonctions dirigeantes. Par ailleurs, les syndicats à Cuba sont organisés par industrie ou par secteur, sans subdivisions entre ouvriers, employés et cadres.

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Cuba s’extirpe lentement de la crise profonde où l’a plongé la perte des liensMEXICO commerciaux privilégiés de l’ex-bloc de l’Est. La dégradation du niveau de vie des Cubains atteint des les seuils sans précédent entre 1990 et 1993, avec son lot de carences alimentaires dans Belmopan BELIZE produits de première nécessité et des ruptures dans l’approvisionnement énergétique. SI ER RA crise, et l’île se trouve L’embargo, imposé par les Etats-Unis depuis 1962, amplifie cette GUATEMALA MA DR E confrontée à elle-même.

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Un nouveau rôle pour les syndicats: ouverture et revanche

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Face au dollar, un syndicalisme solidaire Les syndicats cubains sont bien structurés et disposent de cadres et de militants nombreux et très bien formés. Les centres de formation des syndicats cubains forment d’ailleurs des syndicalistes en provenance de toute l’Amérique latine. Les syndicats étrangers ou occidentaux n’ont donc pas grand-chose à leur apporter. D’autant que la situation est entièrement différente et que la fierté nationale à l’égard de leur système ne permettrait pas n’importe quelle intervention: les syndicats cubains savent parfaitement où ils vont et où ils veulent aller. Par conséquent, la collaboration avec ces syndicats ne s’inscrit absolument pas dans le schéma du ‘syndicat du Nord’ expliquant ce qu’il faut faire au ‘syndicat du Sud’. Naturellement, il y a des points de convergence et nous pouvons nous renforcer mutuellement, ne fût-ce que par l’échange de compétences spécifiques. Par exemple, les dirigeants syndicaux doivent faire face à une internationalisation de leur propre économie. Une évolution récente dans l’économie cubaine, à savoir l’arrivée d’entreprises mixtes de plus en plus nombreuses, est à l’origine d’une demande de notre partenaire. Voilà un terrain que nous connaissons bien: les techniques de négociations collectives. La crainte évidente pour le partenaire: un découplage entre croissance économique et progrès social. La première étape de notre projet fut surtout d’apporter une aide logistique en raison des difficultés émanant de l’embargo qui impose le paiement en devise étrangère pour s’approvisionner. Par ce biais, nous voulons proposer au syndicat, des ressources matérielles lui permettant d’organiser des formations. L’objectif fut d’amener et améliorer les conditions des centres de formation par la rénovation des locaux, l’acquisition du mobilier, du matériel informatique et didactique. Nous soutenons également la formation d’autres manières, telle que l’achat d’un minibus dédié au transport des participants, par exemple. En outre, nous soutenons les investissements destinés à augmenter la production de la ferme syndicale qui fournit tous les produits alimentaires nécessaires aux repas des syndicalistes durant les cours. Ensuite un programme de formation intégrale des dirigeants de base fut mis sur pied. Ce qui est visé, c’est le renforcement de l’action syndicale au niveau des entreprises, en améliorant la communication et en assurant une meilleure formation des responsables syndicaux à tous les niveaux. Parallèlement, l’amélioration des infrastructures existantes continuait ainsi que la multiplication de nouvelles écoles de formation afin de les rendre accessibles à tous sur l’ensemble du territoire. Enfin, depuis 2007, l’accent est principalement mis sur la santé et la sécurité au travail et, dans ce cadre, nous contribuons au développement d’un matériel de sensibilisation et ajoutons des modules spécifiques au cycle de formation.

«Le poids régional et international de Cuba s’affirme de plus en plus. Il suffit de constater les alliances conclues récemment entre Cuba et l’Amérique latine pour voir que le leadership de la mondialisation sociale est bien au Sud. Paradoxalement l’isolation cubaine est aujourd’hui le meilleur garant de son ouverture sur le restant du monde, aidée en cela par le retour en grâce de la gauche dans la région. C’est l’effet «boomerang» de la solidarité comme juste retour des choses, une formidable revanche, une sorte d’effet papillon idéologique de plus de justice sociale et de fraternité. Ce blocus est devenu un véritable bouclier contre l’impérialisme…» Nico Cue, Secrétaire Général MWB

«L’internationalisme cubain, ce n’est pas donner ce que l’on a de trop mais partager ce que l’on a.» Kenia Serrano, députée, membre de la Commission des Relations Extérieures de l’Assemblée Nationale de Cuba

«Cuba n’est ni l’Enfer, ni le Paradis, mais nous aspirons au Paradis.» Elio Rodriguez, ambassadeur de Cuba en Belgique

Cuba 27


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La PGFTU (The Palestine General Federation of TradeDjibouti DJIBOUTI Unions) est une fédération regroupant 12 syndicatsE YsectoHargeysa riels. Elle compte au total 318.052 membres. L Addis Ababa http://www.pgftu.org/En/ Prov. Nile

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L qui G n’EestRmême I A pas un pays, mais un “territoire”, et dont Laayoune Que faire d’un syndicat dans unA pays (El Aaiún) les données doivent être glanées à gauche et à droite car aucun atlas, ni site officiel, en tient L I Bn’Y A Western Sahara encore compte? Que faire des intérêts de la classe ouvrière dans un pays toujours en grande Tropic of pour partie occupé? Regarder vers l’avenir et tout préparer quand le moment sera venu. Al Jawf Cance r

S Aun territoire H quasi A en état Rde guerre Aa Il n’est pas évident de démarrer un projet en Palestine: MAURITANIA sa propre dynamique. Le choix du projet était donc délicat, d’autant que les syndicats étaient Nouakchott à peine éclos. La FGTB et ses centrales professionnelles ont opté pour une collaboration avec NIGER Tombouctou la PGFTU (The Palestine General Federation of Trade Unions). C’est, en effet, le seul syndicat à Agadez s’être déclaré démocratique et indépendant de la politique, bien qu’il soit issu de la mouvanMALI SENEGAL CHAD er ce du Fatah de Yasser absolument couper clairement le cordon ombilical Nig Arafat. Il lui fallait Niamey Zinder BURKINA Bamako pour s’assumer comme syndicat FASOentièrement indépendant.

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GREECE

Caspian Sea AZER. Baku

GEO. Tbilisi ARM. Yerevan

Ankara

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Athens

Sicily

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MOROCCO

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GUINEA Le contexte n’est évidemment pas rose pour un mouvement syndical en Palestine. Certes, de BENIN NIGERIA gros investissements européens étaient prévus par les accords d’Oslo. OnMoundou pensait que l’écoGHANA Abuja Freetown CÔTE olt TOGO Ogbomoso nomie s’épanouirait comme Vjamais auparavant mais, en réalité, ce fut l’inverse. Quelques IERRA LEONE e a D'IVOIRE enu Ibadan Admin. ETHIOPIA CENTRAL entreprises sont bien arrivées en provenance d’Israël maisBc’étaient des usines très polluan-AFRICAN Lomé Line Lagos Monrovia SO Yamoussoukro Accra REPUBLIC La Centrale Générale de la FGTB a, via le FOS, conclu tes, qui ne pouvaient plus rester en Israël en raison de la législation environnementale. PaPortoJuba LIBERIA CAMEROON Bangui Novo Abidjan Douala un partenariat avec le syndicat sectoriel de la pétrochirallèlement, la frontière fut fermée entre la Palestine et Israël, entraînant pour de nombreux Malabo salariés palestiniens l’impossibilitéEQUATORIAL de se rendre à leur travail enYaoundé Israël, où l’on accueillait C O Nà G O mie affilié à la PGFTU. Quant à la FGTB Fédérale, elle s’est GUINEA UGANDA Congo Gulf of Guinea engagée à fournir une aide supplémentaire à la PGFTU présent de nouvelles ressources humaines provenant d’autres pays. Sans parler de l’étrangleMoga Kampala SAO TOME KENYA Kisangani REP. OF Equator à partir de 2009. Les préparatifs d’un nouveau projet ont ment économique et de l’humiliationAND quePRINCIPE représentent pourLibreville les travailleurs palestiniens, les THE Nairobi São Tomé BASIN déjà démarré. nombreux contrôles lors du passage du mur. GABON CONGO RWANDA Kigali In Mt. Kilimanjaro Annobón Lake DEM. REP. Bukavu (highest point in (EQUA. GUI.) Victoria Africa, 5895 m) La PGFTU a décidé de tourner le dos au passé et de regarder vers l’avenir avec un certain Bujumbura Brazzaville OF THE CONGO O Mombasa BURUNDI optimisme. Après la mort de Yasser Arafat, le syndicat a tenu un congrès quiKinshasa a débouché sur Pointe-Noire Kananga Lake Dodoma ANGOLAil faut aussi se préparer en le constat suivant: il ne suffit pas de lutter contre l’occupation, Zanzibar Tanganyika (Cabinda) Ascension Dar es TANZANIA interne à cet événement tant attendu: la naissance d’un véritable Etat palestinien. La PGFTU Mbuji-Mayi (St. Helena) Salaam Luanda désire à la fois s’organiser en fonction des syndicats sectoriels, créés à partir des syndicats d’entreprise, et mettre sur pied un grand syndicat indépendant et démocratique. Lake

South

COMOROS Nyasa Lubumbashi Moroni MALAWI Mayotte Kitwe Lilongwe Cidade (admin. by France, de Nacala claimed by Comoros)

St. Helena

Malgré la situation, (U.K.) le syndicalisme est assez répandu en Palestine, notamment, sans doute,

A t en l araison n tde icertains c avantages octroyés aux affiliés (une assurance maladieANGOLA bon marché, par Lubango

ZAMBIA Lusaka Zamb

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Harare

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exemple). Environ la moitié des travailleurs enregistrés sont syndiqués. Mais il y a un gros proNamibe O blème c ed’aorganisation n St.élémentaire. C’est pourquoi un premier projet s’attache à établir une gesHelena Helena) tion administrative(St. efficace des affiliations pour savoir qui sont les membres et combien sontils exactement, et avoir une vision claire de leur situation en entreprise. Quand les problèmes réels seront identifiés,on pourra chercher de bonnes solutions et poursuivre la croissance. IB

DES

ER T

La législation palestinienne du travail est très rigide. Comme la Palestine veut encourager les investissements étrangers, les exigences salariales sont taboues. La seule législation qui bouge un peu concerne la santé et la sécurité. Conséquence de cette situation, les problèmes de santé et de sécurité Cape Town servent d’arguments dans les discussions salariales. Lorsque les conditions de travail sont malsaines et dangereuses, on abandonne le travail, pour Scale 1:51,400,000 le reprendre ensuite, dans les mêmes conditions, mais avec un salaire plus élevé. Cette situation est devenue tellement répandue qu’une sérieuse poliuthal Equal-Area Projection tique de prévention s’impose d’urgence. 800 Kilometers

Beira Mozambique

Pretoria

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Toamasina

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Channel

BOTSWANA

Walvissusceptibles Bay En Palestine, d’assurer unK DA EL SA EHRATR I corn mettre sur pied des structures syndicales Capridevons Tropic of nous NAMIBIA fonctionnement optimal lorsque, la paix venue, le pays sera un Etat pleinement souverain. Gaborone

Juan de Nova Island (FRANCE)

MOZAMBIQUE

ZIMBABWE

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Windhoek

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Bassas da India (FRANCE)

Europa Island (FRANCE)

MADAGAS

Maputo

Johannesburg Mbabane SWAZILAND SOUTH O ra Maseru ng e Durban AFRICA LESOTHO Port Elizabeth

Indian Ocean

800 Miles

Boundary representation is not necessarily 28authoritative. Palestine 20

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20

40

80



Comment choisissez-vous vos projets, vos partenaires?

➤ “Il y a encore tellement de choses à faire dans le monde qu’il est souvent cornélien de choisir par quoi et avec qui commencer. Toute une série d’éléments peuvent influencer le choix final: des opportunités, des rencontres de hasard, un sujet d’actualité brûlant, l’existence d’un lien profond, des réglementations publiques ou, tout simplement, une question de sous. Toutes ces raisons ont leur valeur, tant que l’on fait ce que l’on pense devoir faire», déclare le Secrétaire fédéral Eddy Van Lancker. “Et puis, nous portons une grande responsabilité. Les projets que nous lançons sont financés à 85% par la DGCD, la Direction Générale de la Coopération au Développement. Ces subsides publics sont l’argent des impôts, l’argent de tous. Quant au solde de 15%, il provient des contributions des membres de la FGTB. Nous sommes, dès lors, particulièrement responsables à l’égard de nos membres, de tous nos affiliés qui ont décidé de faire preuve de solidarité. La prudence est donc toujours de mise. Nous ne partons pas à l’aventure. La plupart du temps, nous choisissons des organisations que nous connaissons déjà quelque peu. Elles sont presque toujours membres de la CSI, la Confédération Syndicale Internationale, ce qui nous donne tout de même une garantie de sérieux: il ne s’agit pas de n’importe quel syndicat. Comme la rotation du personnel est souvent assez rapide dans le Sud, il est difficile, pour ces organisations, d’établir une continuité et de récolter assez d’argent pour payer des salaires mais, via la confédération internationale, nous avons une vision plus structurée de nos partenaires potentiels.

Décidez-vous ici du mode de réalisation des projets? La DGCD nous impose un cadre rigoureux de contrôles, mesures et critères afin d’éviter que l’argent ne soit gaspillé. Il y a des méthodes et des procédures à suivre et cela demande de gros efforts. Toutefois, ces exigences sont compréhen30 Eddy Van Lancker

sibles: nous devons pouvoir justifier les dépenses et présenter des résultats. Cela influence en partie le choix des projets et des partenariats mais, par ailleurs, la FGTB a aussi ses priorités: nous choisissons des partenaires qui peuvent s’identifier avec notre idéal syndical de contre-pouvoir, au sein du réseau de la CSI, la Confédération Syndicale Internationale. Nous recherchons aussi pour nos projets des pays et des thèmes qui interpellent nos membres. Enfin, notre choix privilégie aussi les interventions relevant des domaines les mieux maîtrisés par la FGTB: le fonctionnement de base décentralisé, la longue expérience du dialogue social, une structure forte pour la prise de décision démocratique en interne… En même temps, nous désirons travailler en contact étroit avec nos partenaires locaux du Sud, qui appréhendent bien mieux leur situation que nous et savent ce qu’ils doivent faire. Nous pouvons certes leur donner un petit coup de main mais c’est eux qui agissent et sont responsables des actions qu’ils entreprennent; la façon dont nous choisissons les projets résulte toujours d’un assentiment collectif. Le projet doit être durable et permettre une transparence absolue. Ce n’est pas toujours simple mais c’est indispensable.

Comment pouvez-vous savoir si ce que vous faites est efficace? Les critères d’évaluation posent parfois un problème de contenu. Vous devez rendre vos objectifs et résultats quantifiables et vous devez mesurer ce que vous faites, alors que les aspects vraiment importants ne sont pas souvent mesurables. Il est évident qu’on ne doit pas gaspiller l’argent mais les résultats ne peuvent pas toujours être traduits en chiffres. Dans de nombreux cas, il s’agit de mettre en route des processus difficiles à quantifier dans un premier temps. Il faut replacer notre travail dans un perspective historique: bien souvent, les graines que l’on sème ne donnent de résultats tangibles qu’après quelques années. Parfois cela dure même un peu plus longtemps mais nous privilégions toujours les résultats structurels, assortis d’un effet à long terme sur l’émancipation des travailleurs, plutôt que les politiques au jour le jour. Eddy Van Lancker est Secrétaire fédéral de la FGTB. A ce titre, il supervise les activités de collaboration internationale de la FGTB, et, plus particulièrement, les relations avec l’Amérique Latine.

Rectifier en Inde

Ce problème de priorité s’est posé en Inde où nous avons travaillé quelque temps avec le SETCa dans le secteur informatique, parce que l’évolution de ce secteur en Inde a un impact sur le secteur d’ici. Songez à toute la problématique de l’outsourcing. Cette collaboration a donné lieu à des échanges très intéressants au cours des dernières années. Mais à présent, la Coopération au développement belge estime que ce secteur, quelque peu privilégié, n’est pas une priorité. Les besoins sont plus aigus et urgents pour d’autres secteurs de travailleurs, selon la DGCD. Nous pouvons comprendre cette position et nous devons en tenir compte. C’est ainsi qu’il nous faut, de temps à autre, rectifier notre tir. Le SETCa, Syndicat des Employés, Techniciens et Cadres de la FGTB, démarre un nouveau projet en Inde dès 2009. Le but est de mieux organiser les travailleurs des petits commerces, en commençant par Bangalore et Delhi comme régions pilotes. Notre partenaire est UNICOME, Union for Commerce Sector Employee’s. Pour suivre l’évolution du projet, jetez un coup d’œil sur notre site.


Exercice d’équilibre en Chine En ce qui nous concerne, nous voyons toute une série de dossiers où nous devrions pouvoir intervenir mais qui exigent une préparation longue et complexe. Prenez le cas de la Chine, par exemple. La Chine est une puissance mondiale en devenir mais reste un terrain inconnu pour nous, même si des entreprises belges y sont actives. Dans l’actualité, la Chine est souvent présentée sous un jour négatif, voire menaçant… On parle de morts dans les mines, d’expulsions de migrants, de bas salaires, de délocalisation, de viol des droits de l’Homme… L’unique syndicat chinois, l’ACFTU compte autant de membres que tous les syndicats du monde réunis mais leur affiliation va de pair avec celle au parti communiste. Cela nous pose un problème car l’indépendance est un critère important pour la FGTB. Ceci dit, l’ACFTU est bien le seul syndicat au monde à avoir pu imposer une représentation syndicale au sein de la chaîne Wall Mart, la chaîne américaine de grands magasins, mondialement réputée pour son attitude résolument anti-syndicale. C’est tout de même, forcément, une bonne chose pour les salariés chinois. Nous constatons aussi d’autres évolutions

positives, beaucoup de choses se passent là-bas. De plus, nous n’allons pas, en tant que travailleurs, nous dresser contre des travailleurs chinois. Mais dans le même temps, nous recevons des informations évoquant la présence de briseurs de grève, ou la déportation en camps de travail de personnes socialement engagées. Des faits évidemment inacceptables pour la FGTB. En fait, nous ne connaissons pas cet univers. Nous ne connaissons ni la vision, ni l’opinion des travailleurs chinois. Et nos membres se posent toujours plus de questions à leur sujet. Cette situation nous préoccupe car nous n’aimons pas rester ainsi, sans rien faire. Les projets communs sont souvent la seule manière d’apprendre à connaître une situation de l’intérieur. C’est pour cette raison que nous examinons la possibilité de démarrer un projet d’information avec l’ACFTU. Mais cela sera un exercice d’équilibre difficile entre les priorités de la DGCD (dont les subsides nous sont absolument nécessaires), celles de la FGTB et la faisabilité sur le terrain, sans parler de la grande différence culturelle, de la langue, etc.


La gestion des projets

Une équipe, une organisation et une source d’inspiration

Les projets de la FGTB sont gérés par notre service fédéral Coopération Syndicale avec le Sud, via l’asbl IFSI. «Nous centralisons la gestion des dossiers mais l’objectif est bien que chacune des centrales et des interrégionales participe à nos efforts. Car nous voulons absolument que ces projets soient proches de nos collaborateurs», explique Eddy Van Lancker. Les centrales professionnelles ont pris la bonne habitude, lorsqu’elles soutiennent des projets, de privilégier les rapprochements avec des organisations analogues: une centrale textile, par exemple, cherchera à collaborer avec une centrale textile plutôt qu’avec le syndicat d’un autre secteur. Lorsqu’on est dans le même domaine, on peut s’apprendre mutuellement plus de choses, on est confronté aux mêmes questions, les liens et la confiance s’établissent plus naturellement. Pour nos militants, ici en Belgique, c’est d’ailleurs plus facile d’adhérer à un projet de collaboration avec le Sud lorsqu’il s’inscrit dans un cadre commun. Et le principe fonctionne dans les deux sens: le militantisme latinoaméricain, par exemple, est une bonne source d’inspiration pour nous aussi. «Au niveau fédéral, nous avons des gestionnaires de projet professionnels formés spécialement pour gérer ces projets et programmes. Ces gestionnaires de projet prennent les contacts internationaux et vont sur le terrain car il est capital d’apprendre à connaître les gens avec lesquels on travaille. Il faut savoir dans quelles conditions, ils vivent et à quelles difficultés ils sont confrontés dans l’exécution du projet. De plus, c’est assez compliqué techniquement de gérer tous ces dossiers.»

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Nous établissons des plans à long terme avec nos partenaires, souvent sur cinq ans, pour définir une stratégie claire et réaliste. Ensuite, un plan d’activités est précisé pour chaque année, assorti d’un budget. Le contrôle et la gestion requièrent beaucoup de compétences, des concertations suivies avec les partenaires et de bonnes méthodes et procédures. L’époque où le Nord paternaliste concevait lui-même ses projets entre quatre murs est bien révolue. La FGTB prône résolument un mode de fonctionnement participatif dans le respect et la compréhension mutuels. Cela ralentit parfois le processus mais, en contrepartie, tout le monde est derrière le projet qui bénéficie ainsi d’une base plus large. Quant à la mise en œuvre dans le pays même, elle est entre les mains des syndicats du Sud et de leurs membres. La vision du monde de nos propres militants s’élargit considérablement aussi. Les rencontres avec d’autres syndicalistes ouvrent les yeux et l’esprit. C’est d’ailleurs un aspect intéressant de notre travail: il traite souvent de problèmes, au départ fort éloignés de nos préoccupations, qui deviennent très proches lorsqu’on y est confronté et qu’on fait la connaissance des personnes qui en sont victimes. Le fait de travailler ensemble rend ces réalités lointaines très concrètes et permet de savoir exactement de quoi il retourne. On peut mettre un visage sur les problèmes. Et souvent, ceux-ci ne sont pas aussi différents des nôtres qu’on pourrait le croire. Les sous-traitants, par exemple, ont les mêmes problèmes en Colombie qu’ici. Nous avons besoin de ces collaborations pour en prendre conscience. Et c’est ainsi qu’à terme, nous pourrons former un contre-pouvoir.


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