Syndicats n°9 de 2015

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N°09 • BIMENSUEL • 70ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

15 MAI 2015 • Éd. LIÈGE

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Les parts de gâteau de plus en plus inégales

Ce que l’on appelle «la crise» est moins un ralentissement de la croissance du gâteau qu’un partage de plus en plus inégalitaire de ce gâteau. C’est que démontre le nouveau baromètre socio-économique de la FGTB qui fait l’état des lieux de notre économie sur base de données objectives puisées aux meilleures sources officielles.

Notre dossier en pages 8 & 9

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ne de mirE

RENDEZ-VOUS LE

4 juIN 2015

10h30 PLACE SAINT-JE

NON à lA POLITIQUE

- Ne pas jeter

Les femmes disent

sur la voie publique!

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1000 Bruxelles

du gouvernement

Michel

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La société civile s’oppose à l’accord transatlantique

MONDE

Rana Plaza, deux ans déjà

Rue Haute 42,

Les femmes en ligne de mire

Les femmes en lig

e : Rudy De Leeuw.

Le gouvernement s’invite à domicile

TTIP

ACTION

Editeur responsabl

CHÔMAGE

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RÉGIONS

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

NAMUR

Cette annonce s’adresse aux travailleuses et travailleurs des salons de

COIFFURE La FGTB de Namur organise une soirée d’information pour toutes les personnes qui sont employées dans ce secteur, que vous soyez affilié(e)s à la FGTB ou que n’ayez pas de syndicat. Au programme de la soirée: tout ce que vous voulez savoir sur vos droits au travail, vos avantages spécifiques, les risques pour la santé avec les produits utilisés, les problèmes musculo-squelettiques, la valorisation de la formation, et toutes les questions que vous avez envie de poser à des syndicalistes qui s’occupent de votre métier… bienvenue à toutes et à tous!

Cette séance d’information se déroulera le Lundi 8 juin 2015 à 18h rue DEWEZ n°40 (4ème étage) - 5000 Namur

LUXEMBOURG

FERMETURE DE NOTRE PERMANENCE DE NEUFCHATEAU

Pour les inscriptions, merci de prendre contact avec Christine LAMBLOT, 081.64.99.71 ou christine.lamblot@accg.be

Pour des raisons organisationnelle mais aussi compte tenu du faible taux de fréquentation, nous avons décidé de fermer, à partir du 1er juin 2015, notre permanence du mercredi matin à Neufchâteau. Nos collaborateurs du service chômage de Libramont se tiennent à la disposition de nos affiliés.

Si vous ne savez pas venir mais que vous désirez recevoir notre documentation, vous pouvez également prendre contact avec nous.

Adresse: Rue Fonteny Maroy n°13 061/53.01.70 - 061/53.01.79.

Des sandwichs et boissons seront servis gratuitement à tout le monde

Horaires d’ouverture: Lundi: de 8h30 à 12h et de 13h30 à 16h30 Mardi: de 8h30 à 12h et de 13h30 à 16h30 Mercredi: de 8h30 à 12h00 Jeudi: de 8h30 à 12h et de 13h30 à 18h Vendredi: de 8h30 à 12h Nous remercions nos affiliés de leur compréhension ainsi que de la confiance qu’ils nous témoignent.


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SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

BRUXELLES

A

l’occasion de la Fête du 1er mai 2015, Philippe VAN MUYLDER, secrétaire général de la FGTB Bruxelles, est notamment revenu sur la mort de milliers d’êtres humains, depuis 2010, en Méditerranée, dans le canal de Sicile:

«Parmi ces personnes, a-t-il déclaré, nombreuses sont celles qui voulaient échapper à la guerre civile en Syrie, aux conflits de la corne de l’Afrique ou encore à la crise irakienne: des réfugiés, de potentiels demandeurs d’asile. D’autres étaient des migrants économiques, qui avaient «l’outrecuidance» de vouloir échapper à la pauvreté. Les passeurs criminels, les trafiquants d’êtres humains n’ont cure de ces subtiles distinctions juridiques. La mort non plus, qui les gomme une fois pour toutes1. Après la tragédie la plus meurtrière, le naufrage du dimanche19 avril, qui a coûté la vie à des centaines de migrants au large des côtes libyennes, les dirigeants de l’Union européenne se sont réunis le jeudi 23, en Sommet extraordinaire. A cette occasion, nous qui ne nous résignons pas à la transformation de la Méditerranée en un vaste cimetière avons décidé d’écrire au premier ministre pour l’inviter à promouvoir la mise en œuvre des principes d’humanité et de solidarité constituant le socle des valeurs de l’Union. Car nous pensons, avec beaucoup d’autres: le Ciré, la Ligue des droits de l’homme, le MOC, Médecins du Monde, …, que pour n’avoir pas de sang sur les mains, ce n’est pas un plan d’urgence sécuritaire et répressif que doit adopter l’Europe, mais un plan d’urgence d’accueil, s’inscrivant dans un autre paradigme de sa politique migratoire. Oui, la Belgique a le devoir de plaider pour que l’Europe prenne le chemin de la mise en place d’une véritable politique commune en matière d’immigration, fondée sur des canaux réguliers et sûrs et sur une vision partagée du rapport à établir entre main-d’œuvre étrangère et marché du travail communautaire. Oui, l’Europe doit immédiatement mettre en place un plan de sauvetage en mer, à l’instar de ce que fut Mare Nostrum; elle doit mettre fin aux actions de Frontex, dont le mandat n’est pas de sauver des migrants et des réfugiés en détresse, mais de les surveiller et de les renvoyer dans leur pays d’origine ; elle doit, aussi, cesser de laisser la gestion des migrations aux seuls pays limitrophes, comme l’Italie, qui ont aujourd’hui des responsabilités d’accueil totalement disproportionnées. Rien de tout cela n’a été décidé lors du Sommet européen du 23 avril qui restera inscrit dans l’Histoire - Jean-Claude Juncker lui-même le concède du bout des lèvres - comme un échec honteux et dangereux.» (1) Cf. Marta Dassu, La Stampa, 20 avril 2015.

La FGTB remercie

pour son soutien à la fête du 1er mai


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RÉGIONS

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

CENTRE

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WALLONIE PICARDE

MONS

PERMANENCES FISCALES EXERCICE 2015 – REVENUS 2014 UNIQUEMENT SUR RENDEZ-VOUS LA FGTB RÉGIONALE DE MONS-BORINAGE VOUS PROPOSE SON AIDE POUR REMPLIR VOTRE DÉCLARATION D’IMPÔTS AINSI QUE POUR CALCULER GRATUITEMENT VOS IMPÔTS SUR ORDINATEUR. QUAND? Les jeudis 4 , 11, 18 et 25 juin 2015 de 8h00 à 12h00 et de 13h00 à 16h00. Les mardis 26 mai et 2 juin 2015 de 8h00 à 12h00 et de 13h00 à 16h00.

OÙ? à la FGTB Mons-Borinage, Service Comptabilité, rue Lamir 18-20 - 7000 Mons Afin de remplir correctement votre déclaration, il est indispensable que vous soyez muni(e) des documents ci-après: • La déclaration à compléter, • La note de calcul de l’exercice précédent (dernier extrait de rôle IPP), • Les relevés des salaires, indemnités, allocations de chômage, maladie, pensions, … perçus en 2014, attestation relative aux congés payés, • Les attestations de prêt et/ou assurances-vie délivrées par l’organisme prêteur et/ ou assureur, • L’avertissement extrait de rôle pour les revenus immobiliers (habitations ou terrains), • L’attestation de frais de garde d’enfants (0 à 12 ans).

INTERESSE(E)? CONTACTEZ-NOUS AU 065/32.38.44 OU 065/32.38.41

Antoing >ƵŶ ϬϵŚϬϬ–ϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬ–ϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

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Bizet >ƵŶ Fermé DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ Fermé :ĞƵ Fermé sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ

Comines >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ Fermé DĞƌ Fermé :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

Dottignies >ƵŶ Fermé DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ

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FGTB Wallonie Picarde

Attention Du 1er juillet au 31 août 2015 Horaires d’été !!!

Herseaux >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ Fermé :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

Lessines >ƵŶ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĂƌ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ DĞƌ ϭϰŚϬϬͲϭϳŚϬϬ :ĞƵ ϬϵŚϬϬͲϭϮŚϬϬ sĞŶ Fermé

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RÉGIONS

LIÈGE - HUY - WAREMME

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PERMANENCES FISCALES FGTB

ATTENTION! Déclaration via Tax-on-Web - Etre en possession de votre carte d’identité et de son code Pin Quand? • Du 18 au 22 mai 2015 de 9h à 12h • Du 15 au 19 juin de 9h à 12h • Du 26 au 29 mai 2015 de 9h à 12h • Du 22 au 26 juin de 9h à 12h • Du 1 au 5 juin 2015 de 9h à 12h • Du 29 au 30 juin 2015 de 9h à 12h • Du 8 au 12 juin 2015 de 9h à 12 Où? Au 5ième étage (Salle Nicolas STASSART) de la FGTB, Pont aux Lions 23/5 à Verviers

PRIERE DE VOUS MUNIR DE TOUS LES DOCUMENTS NECESSAIRES (LISTE DISPONIBLE A L’ACCUEIL DE LA FGTB VERVIERS - AU REZ-DE-CHAUSSEE)

CAFÉ POLITIQUE Luxleaks - Swissleaks Quelle justice fiscale ? Marco VAN HEES Essayiste - Député fédéral PTB

éditeur responsable : André FREDERIC, rue Crapaurue, 7-4800 VERVIERS

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SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

Lundi 18 mai 2015 à 20H00 Brasserie «C POPULAIRE», crapaurue 7 - 4800 VERVIERS


ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

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Guidées par un sens accru de la provocation ou une certaine volonté de plaire aux riches, les récentes déclarations gouvernementales au sujet des contrôles à domicile des chômeurs – des fraudeurs! – ne sont pas très nobles. Bart Tommelein, Chevalier blanc de la lutte contre la fraude sociale, enverra ses sbires aux portes des chômeurs, pour s’assurer qu’ils ne touchent pas plus que ce à quoi ils ont droit. Et le cas échéant, pour récupérer au passage les quelques centaines d’euros indûment tombés dans l’escarcelle du vil fraudeur. On se doit d’être clair : la FGTB ne soutient pas la fraude sociale. La fraude est un délit, et nous la condamnons. Une fois encore, l’on s’étonne que de nouvelles mesures soient dirigées vers les catégories les plus précarisées, les plus stigmatisées du pays. Une fois encore, on ne touche pas aux riches. Une fois encore, on n’envoie pas des contrôleurs dans les multinationales, chez les pontes de la finance, dans les banques, pour récupérer des milliards. Non, on va chez les chômeurs. ’évasion fiscale révélée par l’affaire Swissleaks a fait perdre 6 milliards d’euros aux finances publiques. Cette «optimisation fiscale» était, elle, parfaitement légale. Les sommes dont il est question sont infiniment supérieures à celles qui pourraient être récupérées par les intrusions chez les chômeurs, sans priver quiconque de son repas ou de son toit. Mais quand le pot aux roses fut découvert, le gouvernement s’est tu dans toutes les langues. Certes, s’attaquer au «petit» chômeur fraudeur, c’est plus facile que de toucher à la machine financière. Moins loin, aussi, que les paradis où se cachent les capitaux.

L

Quant à l’application de ces «visites à domicile», on est en droit de s’interroger. Qui sera contrôlé? Sur quelle base? Et la vie privée dans tout ça? Comment différencier un cas de fraude avéré d’un cas «limite» ou d’une erreur de déclaration? Des éclaircissements sont nécessaires. Bart Tommelein, Secrétaire d’Etat à la lutte contre la fraude sociale, est à l’origine du retour des contrôles à domicile – rappelons qu’ils avaient été supprimés voici 15 ans. Interrogé par la presse à de nombreuses reprises ces derniers jours, il ne voit pas le problème. La vie privée serait bel et bien sauvegardée. Toutes proportions gardées : car bien que les chômeurs contrôlés devront effectivement approuver par écrit la visite de leur domicile, un refus serait suivi d’une sollicitation du juge d‘instruction, qui tranchera…

La fraude existe, oui, mais les contrôles aussi Lorsque l’on évoque la fraude sociale, on pense en premier à ces chômeurs déclarés comme «isolés» qui en réalité vivent en couple, ou en cohabitation. De gens domiciliés à deux endroits différents alors qu’ils vivent effectivement ensemble, mais qui peuvent ainsi toucher les allocation au taux le

plus élevé. Nous ne nous voilons pas la face: ce type de fraude existe. Toutefois, les contrôles aussi. La lutte contre la fraude sociale est efficace, et dispose déjà de nombreux moyens d’action. Les données fournies par le chômeur sont confrontées à celles qui figurent dans le Registre national ou les registres de la Banque carrefour de la Sécurité sociale: domiciliations, éventuelles périodes de travail ou de maladie, situation familiale… D’éventuelles différences entre la déclaration initiale et les données officielles amènent à des contrôles plus poussés, où le chômeur sera amené à se justifier. L’ONEM fonctionne alors sur base de convocations et d’entretiens avec les personnes concernées. Un système qui fait ses preuves puisque, chaque année, des cas de fausses déclarations ou d’erreurs sont mis à jour et sanctionnés. La mesure du gouvernement Michel n’a donc d’autre but que la stigmatisation des demandeurs d’emploi! Qui sera suspecté de fraude et donc contrôlé chez lui? Si l’on en croit Bart Tommelein, encore, il faudra de sérieux indices avant d’en arriver là. La visite à domicile résultera d’informations précises. Une consommation d’eau ou d’électricité étrange, par exemple. Les fournisseurs d’énergie seront sollicités pour signaler des adresses présentant de niveaux de consommation «bas» ou nuls, alors qu’une ou des personne(s) y sont domiciliées. Là encore, on fouille dans la vie des gens pour analyser et juger leur mode de vie sur base de chiffres…

Individualiser les droits Le débat de ces derniers jours aura eu au moins un côté positif: il remet en question le statut de cohabitant et rappelle notre revendication sur l’individualisation des droits sociaux. Dans notre système actuel, être au chômage et «officiellement» en couple, c’est

signer pour une diminution drastique de ses revenus. Un concept discutable. La sécurité sociale est une assurance, pour laquelle on cotise pendant ses années de travail, dans le but d’obtenir un revenu de remplacement en cas de pépin. Aujourd’hui, selon un modèle qui ne correspond plus aux réalités actuelles, deux personnes qui ont cotisé de la même manière, si elles perdent leur emploi, ne recevront pas la même indemnité, et ce en fonction de leur situation familiale. On tombe de l’assurance à l’ «assistance». Comme si le chômeur cohabitant pouvait se contenter de peu, du minimum vital, peu importe qu’il ait cotisé autant que l’isolé. Si les droits sociaux étaient individualisés, le mariage, le concubinage ou la cohabitation n’auraient pas d’influence sur le montant de l’allocation. Un homme victime d’une restructuration ne verrait pas son allocation de chômage divisée par deux parce que sa femme travaille. Et les cas de «fraude» disparaitraient, naturellement. Aucun autre type d’assurance ne prend en compte la situation financière du ménage entier pour déterminer les indemnités perçues par l’assuré. Il est temps de repenser ce système. Cette revendication est partagée par de nombreux acteurs sociaux et associations. Du côté des Femmes prévoyantes socialistes, voici des années que l’on défend ce point de vue.(1) «En Belgique, la sé-

curité sociale s’est créée autour de la famille, et non de l’individu. Ce modèle repose sur une vision traditionnelle de la famille, où le mari travaille et ramène de l’argent, et où les enfants et l’épouse bénéficient de droits dérivés, l’épouse restant à la maison pour s’occuper des enfants. Ce modèle a été conçu selon les besoins et les réalités de l’époque où la Sécurité Sociale a été créée, au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Mais ce modèle est aujourd’hui dépassé et ne correspond plus à la réalité. Il renforce la dépendance financière des femmes envers leur mari et ne favorise pas l’égalité entre les femmes et les hommes. (…) Selon nous, c’est en cotisant que l’on devrait se créer un droit à la Sécurité Sociale, et tous les cotisants devraient avoir les mêmes droits. Actuellement, deux personnes qui travaillent le même nombre d’années, qui gagnent le même salaire et qui cotisent donc de la même façon ne sont pas également traitées en fonction de leur situation familiale: si elles se retrouvent au chômage, elles recevront des allocations différentes si l’une est isolée et l’autre cohabitante. C’est injuste et, en plus, cette injustice a des effets pervers. En effet, elle pousse certaines familles à se domicilier à deux endroits différents afin de bénéficier de deux allocations à taux isolé.» (1)Femmes Prévoyantes Socialistes, Individualisation des droits, ça veut dire quoi? – FPS – 2013

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Traquer les chômeurs à leurs portes… et la vie privée dans tout ça?

> TÉMOIGNAGE

Cohabitantes… sans se connaître Repérer la fraude, pourquoi pas, mais il sera également nécessaire d’apporter des réponses aux gens qui vivent des situations particulières. Le statut de cohabitant pose des problèmes à une époque où le modèle familial a largement évolué. Les couples se testent, gardent leur logement respectif tout en ne vivant que dans un seul, paient deux loyers, jouent la sécurité. Les jeunes vivent en colocation avec des inconnus, des étudiants partagent des maisons pour limiter leurs frais… Est-il logique que ces gens voient leurs droits et moyens financiers mis en commun? Les cas «limite» existent et le système ne leur convient pas. Témoignage de Marie, Bruxelles, colocataire et «fraudeuse». Marie loue une maison dans la région de Bruxelles, sous un régime très en vogue, budget oblige, chez les jeunes: la colocation. Chacun sa chambre, chacun sa part de la maison, chacun sa popotte et ses factures de téléphone, mais le loyer est coupé en deux (ou plus). Chaque colocataire signe un bail différent avec le propriétaire. Marie, alors au chômage, partage la maison avec une autre jeune femme, arrivée en second dans l’habitation. Elle n’a pas pensé une seule seconde que celle-ci viendrait changer sa situation personnelle, et n’a pas fait de déclaration à l’ONEM. Le contrôle n’a pas tardé. «On était cohabitantes aux yeux de la loi, et dès lors je ne

pouvais plus prétendre à mon statut d’isolée pour toucher mon allocation de chômage. Du moins tant que la maison n’était pas «sous-numérotée».» Menaces, avertissements, vent de panique chez Marie, elle s’adresse alors à son syndicat, pour être défendue. La surprise sera de taille. «Comme ma «cohabitante» n’avait pas de revenus et que ses parents ne touchaient plus d’allocations familiales pour elle, je devais donc prendre le statut de «cohabitante avec charge de famille ». L’effet est rétroactif, l’ONEM allait donc devoir me verser une somme…» Ironie du sort, Marie la fraudeuse se retrouve avec une personne à charge et des revenus augmentés. Aujourd’hui, le cas est toujours en attente. Marie a trouvé un boulot. «Je n’ai pas vraiment résolu mon problème, j’ai trouvé du travail

et je suis sans nouvelles de l’ONEM depuis deux mois. La loi sur la cohabitation n’est pas claire. Sont cohabitantes deux personnes qui vivent ensemble et règlent ensemble les questions du ménage. Ce n’est pas le cas de deux colocataires qui ne se connaissent pas ou d’un chômeur qui vit dans une maison avec chambres d’étudiants!»


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

> ACTION DU 4 JUIN

Les femmes en ligne de mire La FGTB constate que les mesures d’austérité du gouvernement actuel toucheront sévèrement les femmes. Les défis sont grands dans toutes les matières: chômage, réduction de moitié de la garantie de revenus pour les travailleurs à temps partiel, démantèlement des systèmes de fin de carrière, crédit-temps, pensions, hausses de prix pour les services publics… ous avons déjà dénoncé cette politique d’austérité à plusieurs reprises. Les mots ne suffisant pas, il est désormais temps de passer à l’action. Nous souhaitons nous montrer, et nous faire entendre, davantage et proposer de nouvelles mesures pour améliorer le sort des femmes.

N

C’est pourquoi, nous mènerons le 4 juin une action autour de 3 thèmes: • Non… aux mesures d’austérité du gouvernement actuel qui toucheront sévèrement les femmes • Oui… à de nouvelles mesures pour un meilleur équilibre entre travail et vie privée • Oui… à une sécurité sociale forte et à une fiscalité plus juste envers les femmes

Les femmes en ligne de mirE RENDEZ-VOUS LE 4 juIN 2015

Nous nous rassemblerons à 10h30 sur la place Saint-Jean à Bruxelles, au pied de la statue de Gabrielle Petit, héroïne de la résistance de la Première Guerre Mondiale. Des animations, de la musique, des discours et des témoignages de femmes sont prévus avant, pendant et après la manifestation. La fin est prévue vers 14h00 à la Tour des Finances.

10h30 PLACE SAINT-JEAN à bruXELLES Les femmes disent NON à lA POLITIQUE

Dress code: rouge et noir Vous trouverez plus d’informations sur le parcours exact de la manifestation sur notre site Internet et notre page Facebook.

DE dESTRUCTION MASSIVE du gouvernement Michel

Nous appelons tout le monde à participer à la manifestation le 4 juin afin de faire entendre notre voix, haut et fort. Les hommes sont bien entendu les bienvenus pour renforcer cette action fédérale. Le combat contre les discriminations envers les femmes est un combat syndical qui nous concerne tous, hommes comme femmes.

Editeur responsable : Rudy De Leeuw. Rue Haute 42, 1000 Bruxelles - Ne pas jeter sur la voie publique!

Programme

Black-out sur l’emploi des jeunes Les mesures à l’encontre des jeunes ne cessent de s’accumuler: limitation des allocations d’insertion dans le temps, suppression des allocations d’insertion pour les plus de 24 ans et les moins de 21 ans sans diplôme, flexibilisation accrue des jobs étudiants… Par contre, le gouvernement ne formule aucune proposition quant à l’avenir des jeunes. Et ce n’est pas faute d’avoir été interpellé par eux, à plusieurs reprises et encore le 12 mai dernier à Bruxelles. Le 11 mars, les jeunes FGTB ont rencontré une représentante du cabinet du Ministre Peeters et sont repartis bredouille. A la question : «pouvez-vous nous citer une seule

mesure qui ait créé des emplois de manière significative ces dernières années?», aucune réponse n’a été donnée. Et pour cause: il n’y en a pas! Les jeunes FGTB ne se sont pas laissés abattre. Ils sont revenu le 12 mai à Bruxelles, accompagnés cette fois des jeunes CSC et de plusieurs organisations de jeunesse,

pour se rappeler au bon souvenir du gouvernement Michel. Un gouvernement qui s’entête mais une opposition s’organise. Les Jeunes FGTB espèrent que l’opposition fera cause commune pour abroger la loi qui limite l’accès aux allocations d’insertion. «Limiter les allocations d’insertion,

c’est le prototype de la mesure politique bête et méchante. C’est décourager le jeune de faire des études de plus de 4 ans…et encore, s’il a fait un parcours sans faute avant ! Doublez une année en pri-

maire, faites des études brillantes par la suite, et c’est foutu. Vous en prenez pour perpète chez papa et maman», rappelle Angela Sciacchitano, responsable des Jeunes FGTB. Mais, précise la responsable Jeunes FGTB, notre principale revendication «n’est pas d’avoir droit à des

allocations de chômage, mais bien d’avoir des perspectives d’avenir donc des créations d’emplois!». Plus globalement, dans la lignée de la stratégie MR/N-VA, les Jeunes FGTB craignent que les réductions de cotisations ONSS patronales, qui devraient être appliquées sur l’emploi des jeunes, soient le cheval de Troie d’une mesure beaucoup plus perverse: limiter leurs droits sociaux à l’avenir. «En effet, en diminuant la cotisa-

tion patronale liée à nos salaires, le gouvernement s’offre l’argument qui pourra, demain, justifier qu’on réduise l’ouverture de nos droits à la sécu. Regardez, c’est ce qui ce passe avec les jobs étudiants» continue Angela Sciacchitano. «Les réductions de cotisations

ONSS sont un leurre en termes de créations d’emplois. Cela représente 11,5 milliards d’euros en 2014. Un manque à gagner pour la sécurité sociale dont l’enveloppe n’a fait qu’exploser durant les 10 dernières années. Pendant ce tempslà, le chômage des jeunes connaît également une courbe croissante inquiétante. Cherchez l’erreur.»

conclut Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB. C’est la raison pour laquelle la FGTB et la CSC ont décidé d’éclairer les lanternes du gouvernement ce 12 mai à Bruxelles et dans tout le pays. Les jeunes ont besoin d’emplois. Des emplois de qualité.

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles Nicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44 Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11 E-Mail: syndicats@fgtb.be Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45 Service abonnements: 02/506.82.11


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La société civile s’oppose au traité de libre-échange entre l’UE et les USA (TTIP) L’opposition au traité de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis est de plus en plus grande. Les simples citoyens ne sont pas demandeurs de davantage de libre-échange entre les continents et craignent à juste titre les conséquences sociales et écologiques ainsi que l’impact sur le bien-être en Europe. n avril, des milliers de manifestants faisaient entendre leur voix à Bruxelles. Le lundi 4 mai, syndicats, mutualités, organisations de défense des consommateurs et organisations Nord-Sud, se réunissaient pour une conférence sur le TTIP.

E

Les négociations sur le traité commercial entre les USA et l’Europe durent depuis plusieurs années déjà. Le TTIP, Transatlantic Trade and Investment Partnership est un partenariat transatlantique de commerce et d’investissement. Les partisans de ce partenariat affirment que plus de libre échange profitera largement à la croissance économique et créera massivement des emplois. Les opposants au traité de leur côté craignent la dérégulation du marché de l’emploi et des normes de sécurité, une perte croissante du contrôle démocratique de l’économie. L’accord CETA (Accord économique et commercial global) avec le Canada et TISA (Accord sur le commerce des services) sont deux traités comparables au TTIP.

Croissance Le fait que le TTIP profitera à l’expansion économique semble logique. Moins de barrières entre les continents, c’est en effet un point positif pour le commerce. Très souvent, on renvoie à une augmentation de la croissance de 0,5% du produit national brut pour les pays participants. Mais ce chiffre est peu impressionnant et ne fait absolument pas le poids face aux risques possibles. De nombreuses études scientifiques indiquent une perte au lieu d’une création d’emploi. «Plusieurs

études réfutent les effets positifs sur l’emploi et la croissance promis par la Commission européenne», explique Philippe Van Muylder (FGTB de Bruxelles). «Certaines

études prévoient pour notre pays, une perte nette de dizaine de milliers d’emplois et une perte de revenu de 4.800 euros par travailleur entre aujourd’hui et 2025. De plus, le TTIP place les travailleurs européens et américains dans une zone de libre-échange avec une rude concurrence.» Les parties intéressées dans ce traité (cf. www.transatlantictrade. org) sont notamment les multinationales Citigroup, FedEx, Ford, General Electric, JP Morgan Chase, UPS,… Il est clair que les PME ne se porteront pas mieux avec le TTIP. Certaines organisations patronales – surtout celles de défense des PME – ont déjà elles-mêmes souligné les risques.

Moins de règles «Le principal but est de réduire les coûts pour les entreprises et

de supprimer les entraves régulatoires», explique Monique Goyens de l’organisation européenne de défense des consommateurs. «Les partisans du TTIP nient les

conséquences négatives pour les normes européennes sociales, écologiques et en matière de sécurité alimentaire. Mais l’harmonisation des normes vers le haut, des deux côtés de l’Océan, est par définition impossible.» De plus, l’Europe, avec 28 Etats membres, est divisée par

pays participants approuveront le TTIP sans vraiment savoir ce qui se trouve dans les textes. «Les

parlementaires ne sont en effet pas des spécialistes», explique Lora Verheecke du Corporate Europe Observatory (un organisme de surveillance européen). «Pour eux, il

est très difficile de connaître la matière en profondeur.» Pourquoi cette concertation doitelle se passer dans le secret? Les négociateurs dans l’Union européenne et aux Etats-Unis savent que la population n’est pas favorable à cet accord de libre-échange et préfèrent donc informer le moins possible les citoyens. Il y a lieu de se poser des questions à propos des interlocuteurs qui sont autour de la table dans ces

Une concertation secrète Quand les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ont négocié début des années 90 sur l’Accord de libre-échange nord-américain (NAFTA ou ALENA en français), la concertation a été tout aussi secrète. Le gouvernement américain est légalement tenu de consulter le Labor Advisory Committee (LAC, conseil consultatif du travail) pour toute législation liée au commerce. Cette consultation a eu lieu, mais seulement un jour (le 8 septembre 1992) avant la date d’échéance pour la remise de l’avis de ce conseil. L’avis du LAC a suivi quelques jours plus tard et disait en substance ceci: le conseil consultatif du travail estime que tel qu’il est actuellement établi, l’ALENA n’est pas dans l’intérêt économique des USA et que, lorsqu’il entrera en vigueur, il aggravera les lourds problèmes économiques et sociaux du pays. […] L’accord doit être rejeté par le Parlement. (NAFTA – The Report of the Labor Advisory Committee, 16 septembre 1992). A noter que cet accord a malgré tout été approuvé.

Entre 1950 et 2000, moins de 50 litiges entre l’Etat et les investisseurs ont été réglés. En 2011, 450 cas ISDS étaient connus, ayant très souvent d’énormes bénéfices pour les entreprises transnationales comme conséquence. Des affaires juridiques peuvent être intentées sur la base d’accords bilatéraux entre deux pays, mais aussi sur la base de grands traités commerciaux comme le TTIP, l’accord NAFTA ou CETA.

Le traité commercial est comparable au Cheval de Troie. C’est un Traité qui détériorera notre économie de l’intérieur. rapport aux Etats-Unis. Moins de règles peuvent en principe mener à plus d’emplois, mais ce sont justement ces règles qui protègent tous les employeurs européens et les consommateurs contre les effets pervers d’un marché qui s’est brusquement libéralisé. Ivo Mechels de Test-Achats cite un exemple très illustrateur. «Dans

l’UE, pour les produits cosmétiques, plus de 1300 substances chimiques sont interdites, aux Etats-Unis, ce chiffre n’est que de onze». «Croire qu’il est possible de combler ce fossé sans porter un coup aux normes de l’Union européenne, c’est faire preuve de naïveté.» Parallèlement, la tendance actuelle est au détricotage des principes démocratiques, et cela fait peur. La concertation s’organise en cachette, les interlocuteurs qui sont autour de la table sont issus du monde des entreprises et les multinationales peuvent amener des pays devant le juge quand leurs bénéfices sont mis en danger.

Concertation secrète La concertation sur le TTIP se déroule dans le plus grand secret. La population est à peine informée de ce qui se négocie entre les parties européenne et américaine. Pour les parlements nationaux, c’est la même chose. On considère que les parlements nationaux des

négociations. Durant la concertation, les acteurs du monde des affaires (très souvent des multinationales) sont consultés. Les lobbyistes sont pour ainsi dire ceux qui rédigent les textes de loi finaux. Les groupes d’intérêt, qui ne sont pas élus démocratiquement, ont très vite leur mot à dire dans le processus législatif.

Des tribunaux privés Un des éléments les plus antidémocratiques du TTIP concerne sans aucun doute le règlement des litiges entre les pouvoirs publics et les investisseurs par des tribunaux privés. Les tribunaux ISDS (Investor-State Dispute Settlement) ou tribunaux de règlement des différends entre investisseurs et Etats, sont composés de juges et avocats provenant d’un groupe sélect de bureaux d’avocats. Ces tribunaux sont repris dans la plupart des accords de libre-échange afin de protéger au mieux les investisseurs étrangers – et leurs bénéfices – contre les mesures régulatrices du pays d’accueil. Selon le principe ISDS, les entreprises transnationales peuvent citer des pouvoirs publics à comparaître devant les tribunaux si elles estiment que la législation nationale du pays constitue une entrave pour leurs bénéfices (actuels ou futurs). La réglementation sur la protection de l’environnement, les conditions de vie au travail, la sécurité alimentaire, etc. peuvent être contestées et annulées si le

En 2010, l’entreprise spécialisée dans les produits du tabac Philip Morris citait l’Uruguay et l’Australie à comparaître devant le Centre International de Règlement des Différends relatifs aux Investissements (ICSID) parce qu’ils imposaient des règles anti-tabac plus strictes. Ainsi, une grande partie de l’emballage des cigarettes devait reprendre des mises en garde pour la santé. Philip Morris a demandé des millions de dollars de dommages et intérêts. En 2013, le groupe gazier et pétrolier Lone Pine Resources réclamait 250 millions de dollars d’indemnités au Canada. La province du Québec avait suspendu les droits de forage pour le pétrole ou le gaz de schiste. Cette interdiction avait été décidée parce que les pouvoirs publics voulaient d’abord analyser les risques pour la santé et l’environnement. Le groupe énergétique suédois Vattenfall s’est attaqué aux pouvoirs publics allemands. En 2011, après le drame à Fukushima, l’Allemagne avait décidé de réduire progressivement son énergie nucléaire. Il va de soi qu’une telle démarche se fait au détriment des bénéfices des groupes énergétiques. Vattenfall aurait exigé jusqu’à 5 milliards d’euros de dommages et intérêts.

tribunal estime qu’il doit en aller ainsi. Les pays peuvent être condamnés à payer d’énormes indemnités (voir encadré).

l’inverse, un petit groupe d’élites minoritaires engrangera de plantureux bénéfices au détriment des petits consommateurs et des travailleurs.

«La Commission européenne a

fait savoir qu’elle souhaitait modifier la procédure ISDS,» explique Marc Maes de 11.11.11., «mais elle ne souhaite pas toucher au principe même de ce tribunal. «Les investisseurs étrangers pourront toujours attaquer les pouvoirs publics devant des tribunaux privés antidémocratiques. Pour nous, c’est totalement inacceptable.» La FGTB se rallie totalement à la coalition des organisations de la société civile. Le TTIP aura des conséquences néfastes pour le marché de l’emploi européen, pour notre législation environnementale, pour les règles qui s’appliquent aux médicaments, la sécurité alimentaire etc. A

Nous exigeons la suspension des négociations du TTIP sur la base du mandat actuel. Les négociations ne pourront reprendre que dans des balises clairement définies, comme l’exclusion du régime des tribunaux ISDS. La coalition de la société civile demande un premier signal politique clair avec le rejet de l’accord CETA, accord de commerce avec le Canada (accord pour lequel les négociations sont déjà terminées). Nous demandons à nos politiques de rejeter cet accord commercial et d’investissement. Cet accord pourrait encore être soumis au Parlement cette année pour ratification.


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> ACHACT

Rana Plaza: deux ans déjà La large mobilisation citoyenne qui a eu lieu un peu partout dans le monde à l’occasion de la commémoration des 2 ans de l’effondrement du Rana Plaza a eu un impact positif. Quelques jours plus tard, des enseignes de mode ont versé 3,3 millions de dollars supplémentaires dans le fonds d’indemnisation des victimes et de leurs familles. Malgré cette avancée significative, il manque toujours 2,7 millions de dollars, sur les 30 millions nécessaires, pour indemniser intégralement toutes les victimes. ace à l’inexistence d’un modèle d’indemnisation approprié pour les victimes d’accidents du travail au Bangladesh, les organisations syndicales locales et internationales et la Clean Clothes Campaign ont, avec certaines enseignes et l’Organisation internationale du travail, mis en place un fonds d’indemnisation, financé par les contributions des enseignes qui s’approvisionnent au Bangladesh. 30 millions de dollars sont nécessaires pour couvrir l’intégralité des indemnisations destinées aux quelque 5.000 ayants droit. Deux ans après l’effondrement, et malgré les versements supplémentaires effectués par plusieurs enseignes, il manque encore 2,7 millions de dollars dans le fonds d’indemnisation. Sans cet argent, les victimes ne peuvent percevoir le solde de l’indemnité à laquelle ils ont droit. Si la plupart des enseignes qui reconnaissent s’être approvisionnées au Rana Plaza ont contribué, la très large majorité d’entre elles n’ont pas versé un montant suffisant pour garantir l’indemnisation intégrale des victimes. Seuls Primark et Loblaw ont contribué de manière suffisante. Les autres telles que Benetton, Mango, C&A, Camaïeu, Zara (Inditex) ou Wal Mart ont contribué de manière notoirement insuffisante. achACT et la Clean Clothes Campaign les appellent à combler ce trou immédiatement.

F

Un système de traçabilité des vêtements Le 24 avril dernier, la FGTB et tous les partenaires sociaux s’associaient à achACT, OXFAM-Solidarité, OXFAM-Magasins du monde, le CNCD-11.11.11 pour mener une action symbolique à Liège, et ainsi célébrer un triste anniversaire: les

2 ans de l’effondrement du Rana Plaza. Une centaine de participants ont tenté de trouver leur chemin les yeux bandés sur une esplanade où gisaient des victimes de l’effondrement du Rana Plaza. Représentant les consommateurs, ils étaient à la recherche d’informations sur les conditions de travail de celles et ceux qui fabriquent leurs vêtements. Une façon de dénoncer le manque de transparence des marques sur le sujet. achACT et son homologue néerlandophone, la Schone Kleren

Des résultats, mais un cadre politique courageux est nécessaire

Campagne, ont rencontré le même jour le Ministre de l’économie et des consommateurs, Kris Peeters, lui apportant des propositions concrètes pour une mise en place d’une traçabilité publique des lieux d’approvisionnement des vêtements. De même, ils ont proposé de contraindre les enseignes et marques à un devoir de vigilance en matière de respect des droits humains dans leurs filières d’approvisionnement.

Des actions partout dans le monde • À Londres, les façades des grandes enseignes de modes n’ayant pas encore ou trop peu participé au fonds d’indemnisation, comme Zara, Mango, Benetton… ont été marquées d’un autocollant «Rana Plaza 24 avril 2013: 1138

travailleurs tués par la cupidité des entreprises». Des militants ont également organisé une manifestation devant et dans plusieurs magasins de la célèbre Oxford Street; • En France, à Paris, les militants d’Éthique sur l’Etiquette ont surgi à une vingtaine à midi pile devant l’entrée principale de Benetton. Ils y ont subitement

déployé une large photo de l’immeuble effondré en avril 2013; • En Allemagne, à Berlin, des activistes ont fait un sitting à l’intérieur du magasin Benetton. En Suisse, à Zurich ils ont également manifesté devant l’enseigne italienne et à Neuchâtel une trentaine de militants de La Marche mondiale des femmes ont manifesté leur droit à avoir des «habits propres» via un flashmob remarqué; • Au Bangladesh, à Daka, là où avait eu lieu l’effondrement, des centaines d’enfants orphelins de parents victimes du Rana Plaza se sont rassemblés pour demander aux marques clientes du Bangladesh ainsi qu’au gouvernement de prendre des engagements pour que cela ne se produise plus jamais; • Aux Etats-Unis aussi de nombreuses actions et manifestations ont eu lieu devant les devantures des enseignes qui n’ont pas encore ou pas encore suffisamment contribué au fonds d’indemnisation, telles que Benetton, Mango, Zara (Inditex) ou Wal Mart.

Au cours des deux années écoulées depuis l’effondrement du Rana Plaza, la mobilisation citoyenne a eu un impact. Un Accord sur les inspections d’usines est mis en œuvre au Bangladesh et les victimes ont reçu une partie de leurs indemnités. Mais la mobilisation citoyenne ne peut pas tout. Aux politiques de prendre le relais et de construire le cadre pour prévenir de nouvelles catastrophes, garantir la justice aux victimes, protéger les droits de ceux et celles qui fabriquent nos vêtements, garantir la transparence sur les conditions de travail et sanctionner la responsabilité des entreprises européennes. Depuis l’effondrement du Rana Plaza, plus de 200 enseignes et marques d’habillement ont signé l’Accord sur la sécurité des bâtiments au Bangladesh avec les organisations syndicales du Bangladesh et internationales. C’est un programme concret qui contient la mise en œuvre d’une inspection efficace de la sécurité des bâtiments, la rénovation des bâtiments, la garantie de l’emploi et des revenus des travailleurs en cas de fermeture d’usine. L’Accord est juridiquement contraignant et s’applique à l’ensemble des fournisseurs des enseignes signataires. L’Accord couvre 1500 usines (sur 3600 au Bangladesh) et 2 millions de travailleurs (sur 4 millions) dont 80% sont des femmes. 1250 usines ont été inspectées et 950 plans correctifs ont été adoptés. 19 bâtiments ont dû être évacués, parmi lesquels 9 ont déjà ré-ouvert suite à leur mise en conformité, et plus de 110 usines sont en dans un état lamentable et nécessitent des mesures immédiates de réno-

vations.

Seules 6 entreprises belges ont signé l’Accord, un nombre insuffisant! Malgré les appels répétés d’achACT, de la Schone Kleren Campagne et des organisations syndicales, et un appel lancé sous l’égide du Ministère fédéral de l’Economie, la majorité des entreprises belges rechignent à signer cet accord pourtant indispensable pour garantir la sécurité des travailleurs de l’habillement. Des marques internationales qui rechignent à indemniser correctement les victimes du Rana Plaza, des enseignes belges de mode qui refusent de signer l’Accord sur la sécurité des bâtiments au Bangladesh, des consommateurs qui recherchent des vêtements fabriqués dans le respect des droits des travailleurs mais qui n’ont pas accès à l’information… Voilà autant de défis qui nécessitent quelques paquets de seconde de courage politique.

Plus d’info: http://www.achact.be


UNION BELGE DU TRANSPORT

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Action réussie contre les gaz toxiques dans les conteneurs Le mardi 28 avril, Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail, les organisations syndicales ont organisé un peu partout dans le monde des actions pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. L’UBT n’a pas manqué ce rendez-vous important! Gaz toxiques dans les conteneurs: danger! Claire Clarke, «senior section assistant inland transport» auprès de la Fédération internationale des travailleurs du transport (ITF), était présente à notre action: «Annuel-

lement les gaz toxiques dans les conteneurs font des dizaines de victimes parmi les travailleurs. En effet, les travailleurs qui entrent en contact avec des conteneurs risquent d’être confrontés à la présence de gaz toxiques. Environ un conteneur sur cinq qui sont acheminés dans les ports contient des gaz toxiques. 95% des conteneurs portent une étiquette insuffisante ou ne sont tout simplement pas labellisés. Les gaz peuvent provenir d’une fumigation active ou d’une fumigation passive. En cas de fumigation active, des gaz sont injectés dans le conteneur, par exemple pour retarder le mû-

Regardez le é reportage film r de l’action su . www.tinyurl es com/toxicgas

rissement des fruits pendant le transport. Un exemple de fumigation passive : les gaz dégagés par la colle des chaussures transportées par milliers de paires dans un conteneur. Le travailleur exposé à des concentrations trop élevées de gaz toxiques risque d’avoir de graves problèmes de santé. Mais mêmes de petites doses peuvent avoir un impact sur la santé qui se traduit par des maux de tête, l’irritation des yeux, le vertige, etc. Rappelons enfin que ces gaz sont souvent incolores et inodores».

une action avec la collaboration de l’ITF. Le but de l’action organisée devant la Gare du Nord à Bruxelles était de montrer les dangers d’une exposition à des gaz toxiques. Des dizaines de militants des Groupes professionnels de l’UBT «Ports» et «Transport routier & Logistique» ont conjugué leurs efforts pour simuler les conséquences dramatiques possibles d’un contact avec les gaz toxiques d’un conteneur. En effet, en cas d’étiquette absente, incomplète ou endommagée, toute personne qui ouvre ou pénètre dans un conteneur sans se douter de rien, court un très grand danger. Les militants qui dans le cadre de l’action ouvraient un conteneur, étaient immédiatement pris d’un malaise. Heu-

Que savez-vous des gaz toxiques? Cela fait des années que l’UBT mène campagne contre les gaz toxiques dans les conteneurs. En 2010, grâce à l’UBT, une convention collective a été conclue dans le secteur du transport et de la logistique. Elle prévoit notamment que les employeurs doivent informer convenablement les travailleurs ET prendre toutes les mesures nécessaires. Vous trouverez plus de détails sur le site www.gaztoxiques.be. Mais êtes-vous bien informé au sujet des gaz toxiques? Pour le savoir, faites le test sur http://gaztoxiques. be/testez-vos-connaissances-en-matiere-de-gaz .

reusement, leurs collègues étaient prêts pour leur venir à la rescousse. A l’occasion de cette action, des milliers de navetteurs ont reçu un tract décrivant brièvement les

dangers des gaz toxiques contenus dans les conteneurs. Bon nombre de voyageurs sont d’ailleurs venus jeter un coup d’œil!

Les chauffeurs, les ouvriers logistiques, les dockers, … ont intérêt à se montrer prudents. On peut entrer en contact avec des conteneurs un peu partout: dans les ports, sur les routes, dans les entreprises logistiques, dans les centres de distribution; lors du chargement et du déchargement des conteneurs, ou en cas d’accidents avec un conteneur. Et les conséquences peuvent être désastreuses. Par conséquent, des mesures et des procédures de précaution très claires s’imposent. Avant tout, il doit être indiqué clairement que le conteneur contient des gaz toxiques. Les Groupes professionnels des Ports et du Transport routier & Logistique ont organisé ensemble

> NAVIGATION INTERIEURE

ACTION CONTRE VIKING RIVER CRUISES Le 24 mars 2015, le syndicat néerlandais Nautilus International a organisé une action de protestation à Amsterdam et a lancé un appel à Viking River Cruises pour arrêter l'attaque de 13% sur les conditions de travail de ses travailleurs. Des syndicats de toute l'Europe, y compris l'UBT, affiliés à la Fédération européenne des Travailleurs du Transport (ETF), étaient présents au «baptême» d'un nombre de nouveaux navires de Viking River Cruises pour renforcer ce message. Les invités de Viking River Cruises étaient informés de la décision unilatérale de cet employeur de ne plus payer les conditions de travail en francs

suisses comme convenu, mais en euro. Avec cela Viking River Cruises a fait un bénéfice extra de 13%, alors que l'entreprise fait déjà de bonnes affaires. Sans aucune concertation préalable avec le personnel ou leur syndicat Nautilus International Viking River Cruises a modifié les conditions de travail et refusé par la suite de parler des conséquences. Pire encore, les travailleurs qui posaient des questions à ce sujet à la direction ont été licenciés! Nautilus International continue à inciter l'employeur à la concertation normale sur l'application des conditions de travail et la représentation syndicale. Le syndicat insiste sur la rentrée des travailleurs récemment licenciés. L'UBT reste à la disposition pour forcer l'employeur à mener des pourparlers via des actions de solidarité.

Ivan VICTOR Secrétaire fédéral


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DOSSIER

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LE PROJET D’ACCO

Baromètre socio-économiqu Comme chaque année, la FGTB a publié son baromètre socio-économique. Une occasion de faire le point sur l’état de l’économie sur base de données objectives puisées aux meilleures sources : OCDE, FMI, Commission européenne, Eurostat, BNB, Bureau du Plan, Statbel… La Baromètre n’est cependant pas un opuscule économique: c’est avant tout une analyse de l’évolution économique basée sur des données incontestables et avec le recul nécessaire pour porter un jugement sur la politique économique mise en œuvre.

Les constats 1. Les politiques anti-crise ne marchent pas Cela fait 7 ans que la crise a éclaté et on n’en voit pas la fin malgré les politiques menées en Europe pour y faire face: la croissance reste molle et très insuffisante pour résorber le chômage. Le pouvoir d’achat est en berne, la consommation stagnante au point de frôler les risques de déflation. Les politiques d’austérité n’ont pas réussi à réduire les dettes souveraines (provoquées pour rappel par la crise financière due aux banques privées).

Vous pouvez télécharger une version PDF du Baromètre socio-économique FGTB 2015 (37 pages) sur notre site: www.fgtb.be/ publications

Le problème étant que cette richesse est de moins en moins bien répartie: les inégalité de revenu augmentent. Car si au début la crise a affecté tous les revenus, y compris les plus élevés, ces derniers ont vite rattrapé le retard et capté l’essentiel de l’augmentation de la richesse. Ce qui ne fait que confirmer une tendance lourde qui se vérifie sur les 30 dernières années. La Belgique est et reste un pays riche. Les Belges sont même parmi les plus riches du monde avec un patrimoine moyen de 300.000 $ soit 240.000e par adulte. Le Belge moyen ne roule pourtant pas sur l’or. Selon les derniers chiffres du SPF Economie, le revenu net imposable des Belges atteignait en moyenne 16.651 euros en 2012, soit 1.387e par mois - avant impôt... Ce revenu moyen cache d’importantes disparités et ne prend pas en compte le patrimoine mais uniquement le revenu imposable. Si on tient compte du patrimoine, la photo prend une autre dimension: • La moitié des ménages belges détiennent à peine 10% du patrimoine total • Les 10% les plus riches possèdent 44% du patrimoine • Les 5% les plus riches détiennent 32% du patrimoine • Le 1% le plus riche dispose de 12,37% du patrimoine

Conclusion 1° Si crise il y a, elle est structurelle, c’est-à-dire qu’en plus des chocs conjoncturels, elle est liée à la répartition de plus en plus inégalitaire des revenus. 2° Ce n’est pas étonnant que les politiques d’austérité et de modération des revenus ne fonctionnent pas pour juguler la crise vu que l’essentiel des richesses produites est capté par une minorité qui accumule mais ne réinjecte pas dans l’économie. Tandis que la population voit sa capacité de consommation réduite et sa situation se précariser. 3° Ce n’est pas en accentuant encore ces inégalités que l’on va résoudre les problèmes. Après les grands économistes comme Krugman et Stiglitz, plusieurs organismes internationaux (FMI, OCDE) ont fait le constat que les effets des politiques d’austérité ont été sous-estimés et qu’il va falloir réinjecter de l’argent dans l’économie via la consommation et les investissement.

2. Plus riches mais moins égaux On constate cependant que malgré la crise persistante, la richesse globale n’a pas cessé d’augmenter.

Source: CSB, universiteit Antwerpen, De verdeling van de vermogens in België, Mei 2014 Les riches sont donc devenus plus riches malgré «la crise». A l’opposé, le taux de risque de pauvreté de 15 % n’a plus bougé depuis des années. On voit par contre se réduire la part des «classes moyennes» telles que définies sur base des revenus (entre 70% et 150 % du revenu médian)

La part des «classes moyennes» (entre 70% et 150 % du revenu médian) se réduit.

Malgré cela, tant au niveau européen qu’au niveau belge, on s’accroche aux politiques de restrictions budgétaires et de modération des revenus du travail ou de remplacement qui se sont avérées contreproductives. Cette politique ne concerne pas que les pouvoirs publics et leurs politiques de revenus ou leurs politiques fiscales mais aussi les employeurs. Ensemble, ils poussent à la modération salariale, à la flexibilisation-précarisation du travail, à la réduction des dépenses de protection sociale, à la réduction de la voilure des services publics (fournisseur & consommateur de biens et services, pourvoyeur d’emplois et investisseur).


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ORD INTERPROFESSIONNEL

ue FGTB 2015 Inverser la vapeur Vu que la baisse du pouvoir d’achat renforce la dépression économique il est clair qu’il faut inverser la tendance.

1°) rétablir le lien entre l’évolution des salaires et les gains de productivité. Depuis les années ’80, les gains de productivité ont augmenté plus que les salaires. 2°) Mettre un terme aux politiques de modération salariale et faire porter les efforts d’amélioration de la compétitivité sur les véritables facteurs qui la déterminent: innovation, R&D, entraves administratives, investissement et dynamisme entrepreneurial).

3°) Rétablir un juste équilibre entre taxation du capital et taxation du travail. • La fiscalité sur le capital particulièrement avantageuse. La Belgique se distingue par un des taux d’imposition moyen sur les bénéfices des entreprises Le taux implicite de l’impôt des sociétés (ce qu’elles paient vraiment compte tenu des déductions fiscales au lieu des 34% théoriques) n’est que de 20% (en baisse de 4 % par rapport à 2000). • Les largesses publiques octroyées aux entreprises ne servent ni la compétitivité, ni l’emploi Plutôt que d’investir directement, les pouvoirs publics préfèrent redistribuer des fonds publics aux entreprises privées. Dans le même esprit, des fonds prélevés sur la sécurité sociale financent également des réductions de cotisations supposées aussi favoriser l’emploi. Cependant on constate qu’il y a un parallélisme flagrant entre l’évolution des subsides publics aux entreprises et l’évolution des dividendes distribués aux actionnaires. Cela contribue à augmenter la richesse financière, d’autre part largement épargnée par l’impôt. De 1996 à 2013 (et après) on constate que les subsides salariaux ont augmenté de 9,5 milliards et les dividendes nets de 13,9 milliards (voir graphique ci-dessous). Sur cette même période, les dividendes ont progressé deux fois plus que les salaires mais aussi presque deux fois plus que les investissements pourtant indispensables à la compétitivité des entreprises et à l’emploi.

Evolution des subventions publiques aux entreprises 1996 – 2013 1996 - 2013 SALAIRES

DIFFÉRENCE EN MILLIARDS

4°) Améliorer le pouvoir d’achat de la population par une réforme fiscale juste et réellement progressive.

DIVIDENDES

5°) Mettre fin au détricotage de la protection sociale et au contraire la renforcer.

La fausse hypothèque des pensions légales Nos pensions sont parmi les plus basses d’Europe en terme de taux de remplacement. C’est pourquoi FGTB propose de porter le taux de 60% à 75% des salaires de référence. Contrairement aux allégations courantes, une telle revendication n’hypothèque en rien les pensions des générations futures. La charge est tout à fait supportable. 1°) parce qu’une vraie réforme fiscale juste permettrait de dégager des moyens de financement complémentaire ou de répartir autrement la charge des pensions légales par répartition que sur les seuls revenus du travail. 2°) parce que le Produit Intérieur Brut augmente plus vite que la charge supplémentaire attendue des pensions. Le PIB prévu en 2060 sera doublé par rapport à notre PIB d’aujourd’hui. Même si la charge du vieillissement est multiplié par 2,7, le solde sera encore égal à 2 fois la part du PIB restante.

LA MARGE POUR FINANCER LE VIEILLISSEMENT AUGMENTE

2014

2060

COÛT DU VIEILLISSEMENT PIB = = 100 MILLIARDS 390 MILLIARDS

290 MILLIARDS

COÛT DU VIEILLISSEMENT = 266 MILLIARDS

X

2

RÉDUCTIONS DE COTISATIONS PATRONALES ET SUBSIDES SALARIAUX

+178%

+290%

+13,86%

+9,56%

Source: BNB – Compte Nationaux – Sociétés non-financières

Pourquoi ils n’a i m pas les syndica ent ts

Selon l’OCDE, syndicalisatioil y a une corrélation évid n et une meill en eure redistrib te entre le taux de ution des rich esses.

PIB = 840 MILLIARDS

Source: FMI

580 MILLIARDS

+89%


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> 12 MILLIARDS DE CADEAUX AUX ENTREPRISES

> POINT DE VUE

De meilleurs emplois, de meilleurs salaires, voilà pourquoi nous ruons dans les brancards otre prospérité se porte bien, mais jamais encore les richesses n’ont été réparties de manière aussi inéquitable. Vous pourrez le constater en lisant le baromètre socioéconomique de la FGTB dont il est question dans ce journal.

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Que sommes-nous si de moins en moins de riches ont toujours plus tandis que de plus en plus de gens ordinaires se retrouvent sur le carreau? Rien du tout. Cette inégalité croissante est la raison pour laquelle avec notre syndicat, nous ruons dans les brancards. Pour des impôts équitables. Pour plus d’emplois et des emplois de qualité. Pour une bonne protection sociale. Parce que c’est par ce biais que nous voulons atteindre l’égalité des droits et l’égalité des chances, y compris pour ceux qui sont en difficulté. Nous sommes écœurés de savoir que 10 pour cent de la population dispose de près de la moitié de nos richesses. Aujourd’hui, cette différence extrême est facilitée par le gouvernement de droite, des riches et des patrons. Il y arrive à l’aide d’économies aveugles. Mais le saut d’index creuse lui aussi le gouffre. On a pris un gros morceau dans nos salaires, nos allocations sociales et nos pensions, pour toujours. Pour quatre des secteurs que nous représentons, nos travailleurs le sentirons passer dès le mois de mai. Et le gouffre sera encore agrandi par le fait du gel des salaires. Effectivement, gel des salaires. Parce que quelques miettes qui pourront tomber de la table l’année prochaine, on ne peut décemment pas appeler ça une marge salariale. Pendant ce temps, de l’autre côté du miroir, les employeurs sont toujours couverts de cadeaux. Ou plus exactement les actionnaires. 12 milliards de diminution de charges et de réduction de cotisations. Dans la mesure où aucune contrepartie n’est exigée, nous appelons cela des cadeaux. Et étant donné que ceux-ci ne créent aucun emploi, nous disons que ce sont des cadeaux scandaleux. Ils augmentent encore des bénéfices déjà plantureux. Et tout comme le saut d’index, le gel des salaires ou les économies aveugles, ils ne font que creuser davantage le gouffre entre les grosses fortunes et les petits revenus. Nous combattons ces politiques de riches. Nous nous opposons toujours, sur tous les fronts. Notre combat implique aussi que nous démarrons les négociations pour les nouvelles conventions collectives de travail dans nos secteurs. Avec toujours les mêmes objectifs, soyons clairs. Nous voulons des accords sectoriels qui mettent un frein aux restrictions et au détricotage social. Les patrons ont tout fait pour nous faire avaler un saut d’index et le gel des salaires, nous exigeons une sérieuse correction dans les secteurs. Il n’y a pas de liberté de négocier, or dans de nombreux secteurs, la marge bénéficiaire est plus que suffisante pour permettre de donner aux travailleurs ce à quoi ils ont droit. Nous voulons de nouvelles CCT qui améliorent les salaires, qui génèrent plus d’emplois et la sécurité d’emploi, des CCT qui respectent encore nos prépensions, des CCT qui donnent au travail une dimension humaine et qui le rende supportable. C’est pour cela, et pas pour moins, que nous ruons dans les brancards.

(8 mai 2015)

Où sont les emplois? Pour les entreprises, les cadeaux pleuvent: diminution des cotisations à l’ONSS, non versement d’une partie du précompte professionnel, réductions diverses de cotisations pour les groupes cibles. Des cadeaux pour un total de 12 milliards, sans compter le saut d’index ni le gel des salaires. Et tout cela sans la moindre obligation de créer des emplois. Mais pour les patrons, ce n’est pas assez, ils continuent de se plaindre que le travail coûte trop cher en Belgique. Pour la Centrale Générale-FGTB, il est urgent de rétablir la vérité. C’est ce qu’elle fait notamment en informant ses délégués au Conseil d’Entreprise lors de journées d’études. 2 milliards de cadeaux. C’est la bagatelle que les entreprises engrangent au travers d’une longue liste de mesures avantageuses pour les patrons. On parle de cadeaux parce qu’effectivement, les employeurs bénéficient de ces aides sans la moindre contrepartie ni la moindre obligation en matière d’emploi.

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Des patrons plutôt discrets La liste des mesures avantageuses est longue. Sur le site www.autravail.be, on en recense plus de 120 ! Malheureusement, les patrons ne sont pas très bavards à ce propos et lorsqu’ils parlent du coût de la main-d’œuvre, ils oublient toujours de parler des réductions dont ils bénéficient. Pourtant, cette information, ils sont supposés la remettre à vos délégués au sein du Conseil d’Entreprise. Une information essentielle pour avoir le reflet fidèle de la réalité. Cette information permet aussi de savoir si des emplois ont été créés grâce à ces diminutions – ce qui est rarement le cas - et surtout, de savoir ce que font les entreprises avec ces gains.

UN VOL RESTE UN VOL

de nuit, ce type de travail prend de l’ampleur. Pour les patrons, c’est le double jackpot puisque d’une part, les machines tournent plus longtemps et d’autre part le coût salarial est moins élevé.

Pour une fiscalité juste Si on continue comme ça, bientôt toutes les entreprises vont nous faire travailler la nuit. Nous devons réagir et penser à l’avenir de nos enfants. Beccet Oztekin, délégué dans le nettoyage.

Effets pervers En outre, toutes ces aides ont parfois des effets pervers. C’est notamment le cas des aides dont les entreprises bénéficient pour le travail en équipe et de nuit. Prenons l’exemple révélateur des blanchisseries. Il y a 10 ans de cela, le travail de nuit n’existait pratiquement pas dans le secteur. Aujourd’hui, à cause des réductions dont les employeurs bénéficient sur le travail en équipe et

La question des cadeaux aux entreprises est essentielle alors que les négociations au sein des secteurs démarrent et que les employeurs ont clairement annoncé leur intention de se faire offrir le tax shift par le gouvernement. Soi-disant pour créer des emplois, mais toujours pas question d’y associer la moindre obligation d’emplois. Pour la Centrale Générale-FGTB, il est grand temps de mettre en œuvre une fiscalité juste et courageuse, qui ira enfin prendre l’argent là où il se trouve et qui permettra au pays de repartir sur des bases plus saines. Et que l’on ne nous dise pas que c’est impossible, l’Autriche vient juste de choisir cette option par le biais d’un tax shift de 5 milliards d’euros qui fait payer aux plus riches et qui donne aux plus bas revenus. C’est quand même pas si compliqué que ça!

tour ? A q u i le m i c e o is- c

Pétrole, ciment, imprimerie et coiffure, les premiers frappés Cela fait plusieurs mois déjà que nous nous insurgeons avec force contre le saut d’index. Le gouvernement fait la sourde oreille. Et à présent, ce sont les travailleurs qui commencent à en ressentir les effets. Et pour cause, depuis mai, le saut d’index est notamment devenu une réalité pour quatre secteurs de la Centrale Générale-FGTB. in avril, le gouvernement fédéral a approuvé un saut d’index de 2 %. Sous les applaudissements des employeurs. Cela signifie que les salaires seront gelés jusqu’à ce que l’index augmente de 2 %. En d’autres termes, le coût de la vie augmentera de 2 % mais nos salaires ne suivront pas. Les systèmes d’indexation des salaires varient en fonction des secteurs. Pour certains, l’indexation se fait tous les mois, pour d’autres, tous les trimestres ou encore une fois par an. D’autres secteurs utilisent l’indice pivot. Cela signifie que les salaires sont indexés lorsque l’indice augmente par exemple de 0,5 %, 1 % ou 2 %.

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Paul Lootens Président

Car force est de constater que ce système ne crée pas d’emplois, il sert uniquement à subsidier les bénéfices des actionnaires.

Béatrice Schwind, déléguée dans les titres-services: «Je suis tellement choquée. On donne des cadeaux aux employeurs sur le dos des travailleurs. Et on ne voit rien sur notre fiche de paie. Le plus grave, c’est justement ce côté caché des cadeaux aux entreprises»

Mais quel que soit le système d’application, tôt ou tard, le saut d’index aura lieu pour tout le monde, quel que soit le secteur. Vous aussi, au final, vous perdrez 2 %. Pour la Centrale Générale-FGTB, quatre secteurs sont touchés en mai. Les travailleurs de l’industrie graphique tout comme ceux de

la coiffure et des soins de beauté ont directement vu leur indexation de 2 % leur passer sous le nez. Pour ceux de l’industrie du pétrole et des fabriques de ciment, il ne s’agit ‘que’ de 0,18 %. Mais pour eux aussi, cela va se poursuivre jusqu’à atteindre les 2 %. Le saut d’index est donc désormais devenu réalité. Prenons l’exemple d’un imprimeur de l’industrie graphique qui travaille dans un système de 3 équipes. Il perdra 65 euros par mois. Pour un an, en tenant compte de la prime de fin d’année, cela représente plus de 900 euros perdus. Pour nous, c’est un vol.

Coiffure et soins de beauté (CP 314)

2% (l’indice pivot aurait dû être dépassé en avril)

16.000 travailleurs

Industrie graphique (CP 130)

2% (l’indice pivot aurait dû être dépassé en avril)

8.200 travailleurs

Industrie du pétrole (CP 117)

0,18% (indexation mensuelle)

1.500 travailleurs

Fabrique ciment (CP 106.01)

0,18% (indexation mensuelle)

1.000 travailleurs


SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

Du cahier de revendications à l’accord, comment en arrive-t-on là? Les négociations pour de nouvelles conventions collectives de travail dans les secteurs démarrent. De nouveaux accords doivent être conclus pour 2015 et 2016. Un exercice qui s’annonce difficile vu le contexte actuel. Or, il est indispensable d’améliorer les salaires et les conditions de travail dans vos secteurs. Nous reviendrons à chaque parution de votre journal Syndicats sur l’évolution des négociations dans les différents secteurs de la Centrale Générale-FGTB. Mais cette semaine, nous plantons le décor. Dans chaque secteur, nos délégués établissent un cahier de revendications. Ils définissent ensemble quelles augmentations salariales ils veulent obtenir et quelles conditions de travail ils veulent améliorer. Ils sont les mieux placés pour cela puisqu’ils connaissent les préoccupations des travailleurs. Ils connaissent aussi la situation économique dans leur secteur et ils en tiennent compte.

Les délégués à la manœuvre Tout d’abord, les délégués préparent dans leur section régionale un cahier de reven-

dications, avec leur secrétaire syndical. Ensuite, un conseil syndical est organisé au cours duquel les délégués de toutes les sections définissent les revendications finales. Dans pratiquement tous les secteurs, on met tout en œuvre pour déposer un cahier de revendications commun avec les autres syndicats. Cela ne fait que renforcer la force syndicale durant les négociations. Enfin, les négociations avec les employeurs débutent. Celles-ci sont menées pour le syndicat par les secrétaires syndicaux, avec le secrétaire fédéral comme porte-parole. Les délégués sont régulièrement tenus au courant de l’état d’avancement. Jusqu’à ce qu’un accord soit finalement atteint. Le conseil syndical se réunit à nouveau puisque ce sont les délégués qui jugent le résultat final. S’ils l’acceptent, il y a un accord et il est transposé en CCT.

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Et s’il n’y a pas d’accord? Ces négociations peuvent durer des semaines, dans certains cas même des mois. Vu le contexte actuel, ce sera certainement le cas. Si les choses n’avancent pas, si les employeurs ne répondent pas suffisamment aux exigences des syndicats, il y a des troubles sociaux et des actions. Les travailleurs élèvent la voix pour donner plus de force à leurs revendications. Notre syndicat entend bien laisser sa chance à la concertation sociale, mais nous n’accepterons pas que les travailleurs sortent bredouilles de ces négociations. Si vous désirez connaître le cahier de revendications de votre secteur ou suivre l’évolution des négociations sectorielles, surfez régulièrement sur notre site: www.accg.be.

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> SECTEUR DE LA CONSTRUCTION

La validation des compétences, un outil efficace Nombreux sont les travailleurs de la construction a acquérir des compétences professionnelles tout au long de leur carrière. C’est ainsi que certains deviennent de vrais spécialistes dans leur domaine. Mais il n’est pas toujours facile de valoriser et de mettre en avant ces compétences professionnelles. C’est là que la validation des compétences intervient. La validation des compétences est un nouveau procédé permettant de faire reconnaitre officiellement les compétences acquises durant la carrière. C’est une reconnaissance officielle de vos compétences par les employeurs, accessible à toute personne âgée de plus de 18 ans.

Un titre reconnu Après une inscription gratuite au sein de l’un des 10 centres de validation des compétences, vous pourrez présenter une épreuve durant laquelle vous serez mis en situation professionnelle pendant une demi-journée. Durant cette mise en situation, des professionnels aguerris du secteur vérifieront si

vous possédez les compétences professionnelles requises. Au terme de votre épreuve de validation, vous recevrez un titre de compétence. Ce titre officiel, reconnu par les gouvernements francophones, vous permettra de valoriser et de mettre en avant vos compétences professionnelles auprès d’un employeur en Belgique ou en Europe, au Forem et chez Actiris ou auprès d’un opérateur de formation professionnelle pour économiser jusqu’à un an de formation.

Un outil qui marche? Depuis la création de la validation des compétences, plus de 20.167 titres de compétences ont été délivrés, avec un taux de réussite de 72,4%. Plusieurs métiers et compétences peuvent être reconnus officiellement comme par exemple la pose de pierres naturelles, la réalisation de coffrage traditionnel ou encore la réalisation de travaux de terrassement.

Plus d’infos? Pour en savoir plus, vous pouvez en parler avec votre délégué de la Centrale GénéraleFGTB ou vous rendre dans l’un des 10 centres de validation des compétences présents en Wallonie et à Bruxelles ou directement sur le site internet (www.validationdescompetences.be). Vous pouvez aussi les contacter par téléphone: 0800 555 66 ou au 02 690 87 24 (Bruxelles). Pour la Wallonie, formez le 0800 90 133 ou le 02 690 87 24.

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MÉTAL

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

> POINT DE VUE

Chômeur, fraudeur, la rime riche C ’est un petit matin blême, dans ces cas-là ils sont tous blêmes. La sonnette résonne. Jeanne (prénom d’emprunt) quitte sa petite table de cuisine, sa tartine, son café fumant et les corn-flakes du gamin qui traîne dans la salle de bain. Elle répond à ce «dring-dring» aussi impératif qu’inattendu. Derrière la porte qui vient de s’ouvrir, un monsieur propre sur lui, comme on dit. Peut-être un peu gêné, allez savoir.

«Bonjour Madame. Je viens de

l’ONEm. Je sais que vous êtes chômeuse. Vous avez déclaré vivre seule avec votre fils. Mais nous nous pensons que vous vivez aussi avec Jacques X, lui aussi chômeur. Si c’est le cas, votre situation est irrégulière, puisque vous nous avez déclaré vivre seule. Nous avons remarqué que vous consommez plus de gaz et d’électricité qu’une personne seule avec un enfant ne le fait normalement. Je vais donc entrer chez vous pour contrôler.» Et le Monsieur propre sur lui, peut-être pas très fier de ce qu’il fait (allez savoir), de commencer

à inspecter la chambre, la salle de bain d’où le gamin est sorti éberlué, les armoires…, les choses de la vie, les choses à soi. Jeanne, chômeuse, pleure doucement devant sa vie mise à nu. Il y a un an et demi, elle a perdu son job de réassortisseuse sur une des lignes de la grande multinationale qui l’employait. Elle a couru de place en place, de petite annonce en petite annonce, de suggestion de l’ONEm en exigence de l’ONEm, pour trouver autre chose. A 45 ans? Rien. «Madame, ce n’est pas possible». Qu’est-ce qu’elle l’a entendu, ça. Elle a une vie amoureuse, Jeanne, c’est vrai. Ça ne me regarde pas. Ça ne nous regarde pas. Le chômage est si dur, lui fautil la solitude? C’est du pathos, ça? Hélas non… Depuis l’année 2000, les visites domiciliaires de ce type, visites qui ont toujours existé, devaient être précédées d’un avertissement préalable d’une dizaine de jours. Le chômeur suspecté ne pouvait pas être inquiété avant. C’est un vieux principe démocratique, celui-là qui veut que le suspect soit averti. Le criminel ne pourra voir débouler la police chez lui que

si elle est munie d’un mandat de perquisition. Lequel est dûment délivré par un juge d’instruction qui, en principe, ne le fait pas à la légère et se fonde sur des éléments précis. Trop de kilowatts? Ben l’Onem peut surgir, et fouiller dans l’intimité.

On le cible. Mais on laissera la bande de SwissLeaks laisser s’évaporer 6 milliards d’euros aux six cents diables, soi-disant en toute légalité. On laissera les diamantaires anversois estimer eux-mêmes ce qu’ils devront, au bout du compte, payer au fisc.

L’idée est celle de Bart Tommelein, chargé dans le gouvernement Michel de la lutte contre la fraude sociale. Ce n’est même pas un NVA, il n’est que VLD… Et au moins il est franc: il faut supprimer les dix jours d’avertissement, dit-il en substance, parce que ces dix jours pourraient permettre au chômeur de dissimuler les traces de sa fraude…

La fraude, bien sûr, est inacceptable. Jamais la FGTB, dans son ensemble, n’a cautionné quelque fraude que ce soit, qu’elle soit fiscale ou sociale. Mais les droits sociaux sont un droit individuel. Chacun doit pouvoir avoir le même accès aux prestations de sécurité sociale quelle que soit la façon dont il construit sa vie, seul ou en couple. Qu’est-ce que c’est que cette notion de cohabitant si ce n’est, au bout du compte, la (re) construction officielle de l’inégalité entre hommes et femmes?

Chômeur, fraudeur. Pour ce gouvernement, la rime est riche. Celui qui perd son emploi ne devient pas seulement un sans-emploi: on le considère a priori comme un profiteur, qui se complaît dans son statut d’assisté. Comme un fraudeur, donc, puisqu’il veut rester dans ce statut. Comme un paria. Comme un moins qu’un rien. Dommage peut-être qu’il soit belge, on pourrait lui offrir un billet pour Lampedusa.

On pourrait se dire, c’est vrai, que le Tommelein est simplement en train de se construire une image d’homme dur, intransigeant, qui plaira à son électorat forcément de droite. Pour lui, un chômeur de plus, un chômeur de moins, c’est de toute façon hors de son électorat. Donc, rien, juste une

statistique. Mais ce n’est pas qu’un coup de pub sur le dos des plus faibles. Ce qu’il veut, ce n’est pas sa seule volonté, c’est celle du gouvernement tout entier, qui le soutient dans son projet. Pendant qu’ils chassent le petit gibier, le gros prospère. Ce qui les encombre, c’est le monde du travail, qu’ils ne veulent même pas voir. Un exemple? Vendredi 8 mai, Charles Michel est venu visiter une usine à Spa. Il y avait 50 travailleurs qui protestaient et voulaient le rencontrer et, pourquoi pas, dialoguer avec lui. Il a choisi d’entrer par une porte de service. Pourquoi se frotter à eux? Travailleurs, chômeurs? Michel et les siens ont fait une croix dessus

Nico Cué Secrétaire général

Ces politiques d’austérité sont une erreur colossale!

S

d’expertise en soudure pour tout le groupe) et qu’on permet aux gens de travailler dans de bonnes conditions, ce que ce gouvernement MRNVA ne semble pas décidé à faire!»

ept ans déjà que les travailleurs payent les pots cassés d’une crise qui n’est pas la

leur! Toutes les démonstrations sont faites prouvant que les politiques d’austérité, loin d’assurer les bases d’un redémarrage, tendent à empirer la situation, très loin de sauver notre économie. Elément à ne pas négliger: la détérioration du partage des richesses qui, plus encore que le ralentissement de la croissance, creuse le fossé entre quelques nantis et l’écrasante majorité de tous les autres qui rament. La moitié des ménages belges ne détient plus désormais que 10% du patrimoine total, alors que 6% des plus riches se partagent plus de 45% des avoirs!

Et pendant ce temps-là, le gouvernement Michel persiste et signe sur le saut d’index, le rallongement de la carrière et, entre autres joyeusetés, les coupes sombres dans les systèmes de crédit-temps. Inacceptable pour 3 délégués que nous avons rencontrés cette semaine, tous trois venant de provinces différentes et de secteurs différents. Pour Dominique Kalkman, qui conduit la délégation Métallos FGTB chez CMI en région liégeoise,

Pour Patrice Busiau, président de délégation MWB-FGTB chez Valeo Vision dans le Hainaut-occidental, «travailler pour un groupe interna-

«l’argument du coût de la main-

d’œuvre ne tient pas la route en tant qu’élément à part entière dans l’analyse de la compétitivité. En effet, la part de la main-d’œuvre représente à peine 10% du prix final d’un produit sortant des ateliers de CMI. C’est principalement sur les investissements et renouvellements machines, sur l’innovation qu’il convient de mettre le paquet car faute d’un outil performant et entretenu au meilleur niveau, même en faisant sauter l’index à répétition, même en travaillant 10 ans de plus, nous ne pourrons plus batailler avec la concurrence! On est compétitif lorsqu’on est les meilleurs (ce que nos travailleurs sont. Ce n’est pas pour rien que notre site va devenir un centre

tional et dont le siège est à l’étranger engendre également son lot de frustrations. Lorsqu’on est bénéficiaires depuis des années - comme nous le sommes sur le site belge, il n’est pas facile de voir l’entièreté des résultats engrangés filer vers Paris et d’attendre le bon vouloir de la direction-mère pour des engagements CDI nécessaires et justifiés

ou des investissements qui collent parfaitement avec les réalités de terrain. Quant aux décisions de ce gouvernement des droites poussant encore un cran plus loin les mesures austéritaires, comment voulez-vous que nos travailleurs comprennent qu’on bloque leur salaire et qu’on allonge leur temps de travail au nom de la compétitivité alors que depuis 2007, ce sont chaque année plus de 40 milliards d’euros qui sont redistribués aux actionnaires dans ce pays!».1 Et il n’y a pas que les sociétés de production pour dénoncer l’absurdité de cette course effrénée à la compétitivité. Chez Touring où Danny Bogaert défend nos couleurs en tant que principal, la pilule passe mal également. Troisième entreprise de notre échantillon à être bénéficiaire et troisième entreprise où les travailleurs, comme partout ailleurs sont condamnés par ce gouvernement à travailler plus longtemps pour moins chers. «Les travailleurs n’ont pas à payer

le prix fort de la course aveugle à la réduction des coûts. Les directions d’entreprises devraient être plus critiques sur la pertinence de leurs choix et orientation. Elles devraient en tout cas beaucoup plus écouter le terrain avant de se lancer dans tel ou tel investissement, tel ou tel arrêt ou développement d’activité.

On insiste trop souvent et à tort sur le coût du travail en Belgique; on ne revient que trop rarement sur le coût des erreurs stratégiques du banc patronal.» Pas l’ombre d’un doute. La motivation de Dominique, Patrice et Danny à défendre l’intérêt des travailleurs qu’ils représentent est plus forte que jamais et leur mobilisation contre les mesures du Gouvernement Michel attaquant les travailleurs dans leur poche et leur temps de vie ne faiblira pas de sitôt! (1) Chiffres 2013, 51,1 milliards de dividendes soit 95,07% des bénéfices générés!


ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

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Unissons-nous contre la dictature du profit! Colloque organisé par le Centre Wallon de Formation sur le Traité transatlantique américaine. Philippe LAMBERTS l’a martelé à plusieurs reprises: ces exemples ne sont pas du tout exagérés. C’est ce qui nous attend si nous ne constituons pas très vite un front de résistance. Le timing est serré mais pas impossible: la bataille au Parlement européen débutera dès le dépôt du projet de traité de libre-échange avec le Canada. Il s’agit d’un traité du même acabit que le TTIP qui devrait si les débats au Parlement sont ambitieux ouvrir les yeux des Européens sur les ravages qu’engendrerait le traité transatlantique.

30 délégués FGTB HORVAL se sont réunis le 24 avril dernier pour assister au 3ème colloque du Centre Wallon de Formation qui abordait cette fois-ci le thème du Traité transatlantique (connu également sous le vocable TTIP).

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Cet accord commercial en cours de négociation entre l’Union européenne et les Etats-Unis prévoyant la création d’une zone de libre-échange transatlantique et qui n’a jusqu’ici pas fait les gros titres dans les médias, reste pour une large majorité de la population une énigme. Les organisateurs de ce colloque avaient donc la lourde de tâche de rendre ce sujet méconnu et a priori fastidieux accessible à tous. Le défi a été relevé et avec succès. L’interaction entre les délégués présents dans la salle et les invités l’a prouvé. Afin d’aborder ce sujet, le Centre Wallon de Formation avait convié deux invités de choix qui sillonnent la Belgique en vue de jeter un regard critique et néanmoins très objectif sur les dangers de la conclusion d’un tel traité: Philippe LAMBERTS (député européen ECOLO et Co-Président du Groupe des Verts au Parlement européen) qui a ouvert les hostilités suivi de Bruno PONCELET (formateur au Cepag). Philippe LAMBERTS a rappelé le cadre politique: les deux gros «blocs» demandeurs de la création d’une «méga» zone de libreéchange entre l’UE et les USA sont «Business Europe» la super fédération des entreprises européennes qui ne représente que les toutes grosses firmes et la Chambre américaine du commerce. Tout le monde aura donc compris que les intérêts sociaux sont à mille lieues des préoccupations de ces deux mastodontes. Le crédo du TTIP repose sur deux piliers très bancals: «plus de commerce engendre forcément plus de croissance» et «plus de croissance fait automa-

tiquement baisser le chômage et donc les salaires auront tendance à augmenter». Pas besoin d’être un éminent économiste pour déceler la faille dans ces deux affirmations. Petits exemples : on consomme du lait belge en Allemagne et du lait allemand en Belgique. Bien que ces deux pays font du commerce entre eux, la croissance des pro-

ducteurs de lait belge a-t-elle pour autant explosé? Les Etats-Unis ont connu au premier trimestre 2014 une croissance de 5% mais le chômage a baissé dans les mêmes proportions seulement par l’intervention des autorités américaines qui ont «bidouillé» les statistiques (exclusion des chômeurs en fin de droit des chiffres officiels). Et les salaires n’ont jamais subi autant de pression à la baisse. Le grand principe du traité transatlantique est de «supprimer les barrières non tarifaires au commerce». Pas évident de s’y retrouver dans ce principe. La traduction en bon français fait froid dans le dos : il s’agit d’abroger toutes les normes sociales, environnementales, fiscales et de santé qui pourraient restreindre les échanges entre l’UE et les Etats-Unis. Tout profit donc pour les multinationales mais gros danger pour les consommateurs que nous sommes! Si on laisse faire, on trouvera bientôt du poulet lavé au chlore et du bœuf aux hormones dans les rayons de nos supermarchés. En vertu de la logique du TTIP, pourquoi ce qui est autorisé aux Etats-Unis ne le serait pas en Europe? Tirons vers le bas toutes les normes de protection des consommateurs et subordonnons toute notre législation au profit ….inquiétant, non? L’enseignement et la santé n’échapperont pas non plus à cette logique: une société américaine de gestion hospitalière veut s’installer en Belgique? Accueillons-la à bras ouverts et goutons aux joies de la politique de santé à la sauce

Bruno PONCELET qui «baigne» dans le monde syndical depuis de nombreuses années a tenu à focaliser son intervention sur les risques du TTIP sur les secteurs qui ressortent des compétences de la FGTB HORVAL. Ainsi, l’agriculture deviendrait un «business» comme un autre totalement exempté de normes sanitaires. L’industrie alimentaire ferait donc des économies dans ses coûts de production et le prix de l’alimentation pour les consommateurs pourrait baisser mais au détriment de la qualité et surtout de notre santé. Les scandales alimentaires «trusteraient» (pour prendre un terme cher au TTIP) donc la une de nos journaux. Même si a priori on ne voit pas comment les secteurs des titres-services et des aides familiales pourraient eux aussi subir les conséquences néfastes d’un futur TTIP, ils ne sont pas à l’abri. Un traité transatlantique affaiblirait les pouvoirs publics et ferait fondre les finances publiques comme neige au soleil. Bruno PONCELET a rappelé que depuis la première grande mobilisation médiatisée contre le TTIP en décembre 2013, les lignes commencent à bouger. Lentement mais sûrement. La guerre de communication progresse et nous commençons à engendrer des victoires. Les parlementaires européens qui portent des œillères ou qui se sont laissés duper par les lobbyings proTTIP pourraient changer d’avis si nous relayons avec force les arguments citoyens et syndicaux. Nous avons jusque novembre 2015 pour élargir la mobilisation et convaincre nos voisins, amis, collègues, représentants politiques des méfaits du TTIP.

La qualité des interventions des invités et la dynamique du colloque (entrecoupé de petits séquences vidéos didactiques) a permis au Centre Wallon de Formation de remplir sa mission: intéresser et surtout conscientiser nos délégués au Traité transatlantique. Comme les 130 délégués présents qui sont sortis du colloque convaincus de la nécessité de la mobilisation, nous devons tous l’être. Le traité n’est pas encore signé et les prochains mois seront déterminants. La mobilisation de tous les citoyens au travers de l’Europe entière sera nécessaire pour ramener à la raison les parlementaires européens tentés par l’approbation du TTIP. Une chance est réelle d’empêcher ce traité. Il en va du bienêtre de tous. Chacun est concerné. Les débats sur le sujet s’intensifient ces dernières semaines : le monde associatif et le monde syndical se

mobilisent ainsi qu’une partie du monde patronal. Les PME ont tout à perdre avec le TTIP. La FGTB HORVAL a déjà fort à faire en luttant contre les mesures du Gouvernement Michel mais elle n’abandonnera pas la bataille sur le front du TTIP. Ce combat, éminemment important, ne doit pas être perdu. La pression doit être mise sur les parlementaires européens pour qu’ils n’ouvrent pas la boîte de Pandore et vendent notre âme aux Américains. Entendons-nous bien, il n’est pas question d’être contre le commerce avec les USA mais celui-ci doit se faire dans un cadre réglementé. Le profit à tous crins n’a jamais bénéficié aux citoyens et aux travailleurs. Est-il encore nécessaire de rappeler ici les ravages de la crise financière et ses conséquences?

TRAVAILLER DANS L’HORECA PEUT NUIRE GRAVEMENT

Dans le cadre de la politique de droite du gouvernement fédéral, une politique de détérioration sociale, plusieurs lois seront modifiées dans les mois à venir. Cela aura un impact considérable sur le secteur de l’horeca et également des répercussions sur votre emploi. Dans les prochaines éditions de Syndicats, nous traiterons ces aspects, un par un, dans notre série «Travailler dans l’horeca peut nuire gravement», afin de vous informer clairement!

Désormais, vous pouvez retrouver dans le menu principal de notre site web horval.be un lien «international» qui vous dirigera vers les actions/projets pour plus d’infos.


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EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

> POINT DE VUE

> SECTEUR FINANCES

Que font les robots de notre sécurité sociale?

Assurer l’avenir du secteur en Belgique et celui des travailleurs est primordial

On a pu le lire récemment dans les journaux et sur de nombreux sites web: la Chine vient de développer un robot qui, à première vue, est à peine dissociable d’un être humain. Pour l’instant, il ne marche pas mais il a l’air plus vrai que nature. Comment le travailleur, et notre système social, peuvent-ils garder pied dans un monde fait de telles technologies? Travail et revenu Dans une publication récente, le service public fédéral Sécurité sociale faisait un constat édifiant: depuis 2005, le risque de pauvreté des Belges peu qualifiés entre 18 et 64 ans a augmenté de pas moins de 10% et s’élève à 27,3%. Pour les autres, la situation est restée stable. Cette hausse s’explique par le fait que les personnes peu qualifiées rencontrent plus de difficultés à trouver un emploi. Cette tendance se fera également sentir dans le segment intermédiaire des travailleurs. Les évolutions technologiques en sont l’une des causes. Les exemples sont bien connus: les programmes informatiques et les automates qui s’accaparent les fonctions aux guichets dans le secteur financier. Dans le secteur des soins aussi, on examine les possibilités d’automatiser par exemple le transport des patients. Dans le commerce, tout le monde connaît désormais les caisses de self-scanning. Nous risquons de glisser vers un pays à deux vitesses: ceux qui disposent d’une formation et de connaissances de qualité gagneront de plus en plus, tandis que les autres rencontreront de plus en plus de difficultés. Le groupe intermédiaire disparaîtra.

Uber et consorts L’impact de la technologie (il ne s’agit pas que de robots) se fait sentir non seulement parce qu’elle remplace certains emplois, mais aussi parce qu’elle fait glisser les emplois «réguliers» et «normaux» en marge du marché du travail. L’exemple le plus connu est celui de l’américain Uber, qui permet aux utilisateurs d’entrer en contact, à l’aide de leur smartphone, avec un conducteur de voiture disposé à les emmener moyennant paiement. Ceci, cependant, sans que ces prestations soient soumises à l’impôt, sans règles de sécurité… et évidemment, sans salaire minimum ou durée de travail maximum. Le chauffeur de taxi honnête est de la revue. Ce phénomène ne se limite d’ailleurs pas au secteur des taxis, de telles initiatives voient également le

jour dans l’horeca (hôtels, repas). Cela ne rapporte rien, ou presque, en termes de cotisations de sécurité sociale.

Et la sécurité sociale? Comme syndicat progressiste, nous ne pouvons nous opposer aux progrès technologiques, au contraire: de telles avancées ont le potentiel d’améliorer la vie des gens et de profiter à l’environnement. Mais il y a des risques, pour les travailleurs individuels, ainsi que pour la sécurité sociale. Ainsi, la facilité avec laquelle la technologie peut remplacer l’être humain met sous pression les salaires et la sécurité d’emploi des travailleurs peu ou moyennement qualifiés. Ce phénomène engendre à son tour une baisse des rentrées pour la sécurité sociale, financée à concurrence de 66% par les cotisations sur le travail. Le travail pourra-t-il encore porter une telle responsabilité à l’avenir?

Impôt sur le capital Voilà précisément un aspect trop peu abordé dans le débat relatif à l’impôt sur le capital et au «taxshift». Car, dans un contexte où le travail est sous pression (technologique), il est important de veiller à une base d’imposition saine pour garder notre sécurité sociale intacte. Actuellement, le débat se cantonne trop à la question de savoir qui, des employeurs ou des travailleurs, profiterait individuellement d’un éventuel abaissement des charges sur le travail. En ce qui concerne le SETCa, le financement de la sécurité sociale, dont chacun profite tôt ou tard, doit être placé au centre des discussions relatives à l’impôt sur le(s) (revenus du) capital. La sécurité sociale doit en permanence s’adapter à l’avenir, évoluer en fonction de nouveaux besoins, il en a toujours été ainsi. C’est également le cas maintenant. Dès lors, si l’on évoque la nécessité de faire glisser les charges sur le travail vers d’autres sources, il faut aussi oser dire que les rentrées issues de ce glissement doivent aller au financement complémentaire de la sécurité sociale.

Afin de diminuer les coûts, les entreprises du secteur finances ne cessent de réduire les effectifs et augmentent la charge de travail. D’après un article paru récemment dans le journal Le Soir: les employés des banques seraient parmi les plus exposés au burn-out. Un travailleur sur 5 connaîtrait une pression trop forte au quotidien. Les conséquences de la crise ont été lourdes et se font encore et toujours ressentir… L’heure est au bilan: entretien avec Pia Desmet et Jean-Michel Cappoen. Depuis la crise financière, différentes mesures ont été mises en place pour réglementer le secteur financier et éviter qu’un tel chaos ne se reproduise… Pia Desmet: «Réorganiser le

contrôle du secteur bancaire était nécessaire... Aujourd’hui, il est exercé conjointement par la banque nationale (BNB) et par la FSMA, l’autorité des services et des marchés financiers. Il s’agit de ne pas répéter les erreurs et les dérives du passé, de limiter la spéculation et de renforcer la protection de l’épargne. De telles mesures permettent un meilleur encadrement, elles doivent donc être maintenues voire renforcées.» Jean-Michel Cappoen: «Le SETCa

continuera - comme il l’a toujours fait – à dénoncer les dérives financières. Nous plaidons aussi pour une formation accrue du personnel concernant les règles MiFID (la directive européenne qui vise à assurer des pratiques saines et offrir une meilleure protection aux investisseurs). D’autre part, nous sommes également très attentifs aux objectifs commerciaux qui sont imposés au personnel. Les objectifs édictés par le management ne doivent pas être en contradiction avec ces règles...» A travers ces mesures visant à réguler le secteur, certains employeurs ont vu l’opportunité d’augmenter la pression sur les emplois et de trancher dans les coûts de fonctionnement. P.D.: «Le prétexte idéal. Depuis

2010, nous avons enregistré une perte de 16.466 emplois. Le ca-

ractère international du secteur financier, la globalisation économique, les évolutions technologiques et les nouvelles formes d’organisations de travail sont des facteurs qui influencent directement l’emploi. Les prévisions pour les années à venir ne laissent pas entrevoir d’amélioration: à l’horizon 2015-2016, le secteur (au sens large) n’occuperait plus que 55.000 personnes...» J-M C.: «Dans les entreprises, les conditions de travail se détériorent: les effectifs diminuent tandis que la charge de travail et la flexibilité augmentent. Pour faire toujours plus d’économies, certains employeurs vont jusqu’à remettre en cause les conventions relatives aux conditions de travail et de rémunération, qui ont été négociées auparavant. Le maintien de l’emploi et d’emplois de qualité constitue notre grand défi pour les 4 prochaines années.» Régulièrement pointé du doigt, le secteur finances a été éclaboussé

Erwin De Deyn, Président du SETCa

J-M C: «Que ce soit dans les mé-

dias, dans les discours politiques ou ceux du grand public, le secteur bancaire est perçu comme étant le grand coupable des difficultés de notre société. Le personnel souffre d’une situation dont il n’est nullement responsable et qui émane du management. Après avoir subi lourdement les conséquences de la crise, les travailleurs doivent aujourd’hui faire face à une mauvaise image et à des critiques incessantes sur le secteur dans lequel ils évoluent.» P.D.: «Le secteur financier est indis-

pensable: sans lui, l’économie est au point mort. Assurer l’avenir du secteur en Belgique est donc primordial. Pour ce faire, il faut continuer à maintenir et renforcer les mesures permettant d’éviter les dérives financières et de mettre en place des pratiques saines.»

Contribuer concrètement à la lutte contre le cancer Pour la 5e année consécutive, le SETCa participe à l’initiative «1000 kilometer tegen kanker» (1000 kilomètres contre le cancer). Par sa participation, le SETCa rapporte 5000 euros à la recherche dans le cadre de la lutte contre le cancer.

Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa

par de nombreux scandales. Une image négative semble lui coller à la peau. Comment les travailleurs vivent-ils cette situation?

Erwin De Deyn, président du SETCa, roulera cette fois encore pour 125 kilomètres. Il souligne que cette lutte est également l’affaire des syndicats:

«Au travail, chacun est tôt ou tard confronté aux

conséquences du cancer. Comme syndicat, nous devons y prêter attention.» Le SETCa n’est malheureusement pas épargné lui non plus. «Plusieurs collègues sont eux aussi tou-

chés, directement ou indirectement par le cancer. Par notre participation, nous voulons leur apporter tout notre soutien et contribuer concrètement à la lutte contre le cancer ».


EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

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> SECTEUR INDUSTRIE

Le secteur doit continuer à évoluer à travers des réponses sociales et durables L’industrie s’est profondément transformée ces dernières années. Avec l’automatisation et l’évolution de la technologie, les méthodes de travail ont évolué. La crise économique a également laissé des traces en termes d’emplois: certains sous-secteurs et entreprises clés ont été particulièrement touchés. Les défis à venir seront nombreux… Comme nous l’expliquent Anita Van Hoof et Claude Roufosse, l’industrie est à l’aube d’une ère nouvelle. Ces 4 dernières années, on a beaucoup entendu parler dans les médias de restructurations et fermetures d’entreprises industrielles.

construire un avenir durable pour les travailleurs.»

en tenir compte et y apporter des réponses socialement responsables et durables pour le secteur. » C.R.: «L’innovation technologique

est partout et nous devons avancer avec elle. De même, les énergies renouvelables, les matériaux durables, les transports publics et le secteur de la construction sont autant d’activités vers lesquelles les secteurs industriels doivent s’ouvrir plus encore. Les entreprises doivent investir dans de nouveaux emplois, couvrant des

Anita Van Hoof: «Certains sec-

teurs comme la sidérurgie et le textile ont subi de lourds revers. Dans d’autres, la situation est restée plus stable. Les chiffres liés à l’emploi ont même progressé dans l’industrie alimentaire et dans une moindre mesure dans la chimie et l’industrie pétrolière.» Claude Roufosse: «Depuis tou-

Quelles sont les solutions pour y parvenir d’après vous?

jours, l’industrie est au cœur de l’actualité. Il s’agit d’un secteur clé pour le développement de l’économie, pour les finances publiques, pour la prospérité et pour le bien-être. Nous devons mettre en œuvre les moyens nécessaires à la sauvegarde de l’emploi dans les différents secteurs industriels et

A.V.H.: «Le secteur doit continuer à évoluer. L’industrie à l’avenir ne ressemblera plus du tout à celle que nous avons connu hier et que nous connaissons aujourd’hui. Ces changements ont un impact sur les travailleurs, sur leurs conditions de travail et sur l’emploi. Nous devons

Blocages administratifs en cascade dans les soins de santé: des centaines d’emploi en jeu Les retards administratifs se multiplient au SPF Santé publique et au cabinet de la ministre De Block pour un nombre croissant de professions des soins de santé. Et la liste s’allonge un peu plus chaque mois, vu le laxisme de la Ministre fédérale de la Santé dans la gestion de ces dossiers. Pour le SETCa, on est désormais face à une situation d’urgence pour des centaines de travailleurs, qui ne peuvent plus exercer leur profession… La tension sociale risque de monter d’un cran dans le secteur si la Ministre n’apporte pas de réponse concrète et concertée sur ces dossiers déposés par les organisations syndicales depuis de nombreuses semaines. formations complémentaires pour pouPas de visa pour les aidesvoir continuer à exercer. soignants La profession d’aide-soignant dans un hôpital ou une maison de repos demande un «visa», en plus du diplôme adéquat. Celui-ci était délivré jusqu’ici par le SPF Santé publique. A partir de 2016, ce sont les Communautés qui assumeront cette compétence dans le cadre de la 6e Réforme de l’Etat. 2015 devait être une année de transition. Mais plusieurs centaines de dossiers d’étudiants diplômés en 2014 ou de travailleurs en fonction attendent encore leur visa. Or, sans ce document, les aides-soignants ne peuvent pas exercer leur métier… bien que la demande soit forte!

Un agrément en attente pour technologues en imagerie médicale et les laborantins Depuis décembre 2014, les travailleurs du secteur de l’imagerie médicale et les technologues de laboratoire médical doivent obligatoirement posséder un «agrément» pour pouvoir exercer leur profession… . Même ceux qui comptent de très nombreuses années de pratique professionnelle ! Ici aussi, des centaines de dossiers sont en attente d’une décision qui peut porter sur un agrément définitif ou provisoire. Dans ce dernier cas, les intéressés devraient suivre des

Les organisations syndicales ontelles un rôle à jouer à ce niveau? A.V.H.: «Bien sûr! L’évolution du secteur industriel doit bien évidemment se faire pas à pas, dans le respect de la concertation sociale. Face à ces changements, il est nécessaire de mettre en place un dialogue et une réflexion sur les conséquences directes pour les travailleurs (comme l’organisation du travail, l’ergonomie, la sécurité au travail, etc.). C.R.: «Un point d’attention réside

aussi dans la formation des travailleurs. Nous voulons travailler à la mise en place d’un socle commun minimum dans tous les secteurs de l’industrie, en accordant une

attention particulière au droit individuel à la formation. La représentativité des cadres de l’industrie et la défense de leurs intérêts, au même titre que les autres travailleurs, constitue également une de nos priorités. De nombreux cadres restent encore et toujours exclus de l’application de nombreuses CCT, en particulier dans le secteur de l’industrie. Nous voulons changer la donne également à ce niveau.»

Saut d’index: en mai, le Gouvernement diminue déjà votre pouvoir d’achat La loi réglant le saut d’index est entrée en vigueur fin avril. Pour bon nombre d’employés, cela signifie une perte immédiate. Au moins 150.000 travailleurs de nos secteurs perdent du pouvoir d’achat. Une mesure antisociale, qui n’est pas favorable à l’économie. Le doute n’est plus permis: ce Gouvernement vise bel et bien votre pouvoir d’achat. On peut à nouveau le constater avec le saut d’index, qui est entré en vigueur le 1er mai… juste à temps pour les employeurs, car un certain nombre d’indexations salariales étaient prévues en mai. Pour les secteurs suivis par le SETCa, la mesure concerne pas moins de 147.876 travailleurs. Leur salaire ne sera donc pas adapté, ou pas totalement, au coût de la vie et leur pouvoir d’achat diminuera: CP

Nom

Nombre de travailleurs

CP 130

Imprimerie, arts graphiques et journaux

8.265

Aucune

2%

CP 202

Commerce de détail alimentaire

53.117

aucune

1%

Et ce n’est pas fini… Bien d’autres dossiers s’accumulent sur le bureau de la Ministre depuis des mois sans qu’une suite digne y soit donnée: l’actualisation et l’implantation d’une nouvelle classification de fonction dans les secteurs fédéraux de la santé, l’adaptation de la formation des infirmiers dans le cadre de la Directive européenne et le repositionnement des fonctions soignantes,... Que dire également de la réforme du financement des hôpitaux, dernièrement annoncée par la Ministre sans aucune concertation avec les interlocuteurs sociaux! Les organisations syndicales ont encore récemment interpellé la Ministre sur toutes ces problématiques. Nous avons demandé des rencontres avec le cabinet, une méthodologie, un timing… Et le moins que l’on puisse dire c’est que la réponse tardive de la Ministre était évasive et peu convaincante ! Le SETCa ne peut en aucune manière accepter cette absence de considération des travailleurs de la santé et de leurs représentants et les conséquences fâcheuses que les travailleurs doivent subir découlant directement de cette attitude.

besoins sociaux importants et dans la recherche et le développement.»

Indexation effective en mai

Indexation s’il n’y avait pas eu de saut d’index

CP 216

Employés de notaires

7.122

0,33%

0,38%

CP 224

Employés des métaux non-ferreux

2.620

0,01%

0,19%

CP 308

Sociétés de prêts hypothécaires, d’épargne et de capitalisation

4.005

0,11%

0,29%

CP 309

Sociétés de bourse

1.298

0,1094%

0,2884%

CP 310

Banques

56.008

0,11%

0,29%

CP 314

Coiffure et soins de beauté

15.441

aucune

2%

Total

Il s’agit ici des commissions paritaires où le SETCa représente les travailleurs. Mais bien d’autres travailleurs seront également concernés, notamment dans les commissions paritaires des ouvriers!

Le saut d’index: combien, pour qui, quand? Avec l’indexation automatique des salaires, sur base du prix d’un panier type de produits et de service de consommation courante, on calcule «l’indice santé». Quand ce dernier fluctue, vos salaires sont ajustés en conséquence. Mais à cause du saut d’index, chacun va perdre 2% de pouvoir d’achat. Que ce soit

147.876

au travers d’un grand «saut» pour ceux dont le mécanisme fonctionne à partir d’un indice pivot ou par petits sauts pour ceux qui ont une indexation à date fixe par exemple. Le «saut d’index» restera d’application jusqu’à ce que chaque travailleur et chaque allocataire ait vu son pouvoir d’achat diminuer de 2%. Pour la plupart des travailleurs concernés, ce n’est donc que le premier d’une longue série de sauts. Mais le saut d’index est aussi une bombe à retardement: n’oubliez pas que votre pécule de vacances et votre prime de fin d’année régressent aussi. Et comme votre pension dépend de votre salaire au cours de votre carrière, votre pension s’en ressentira également.


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°09 • 15 MAI 2015

> ÉDITO

L’Etat contre l’Etat N otre pays n’a vraiment pas usurpé sa réputation de surréalisme. Dernier épisode de cette saga: la modification annoncée de la loi sur les entreprises publiques, prélude à leur prochaine ou future privatisation. A l’initiative du très libéral Alexander De Croo, en charge des entreprises publiques, le gouvernement Michel entend mettre fin à l’obligation de l’Etat de conserver 50% + une part de ses participations dans les entreprises publiques. C’est donc pour ainsi dire un cas unique dans les annales où un ministre propose de saborder son ministère puisque s’il n’y a plus d’entreprises publiques, la charge de M. De Croo n’a plus lieu d’être, même si en l’occurrence ce n’est pas un drame en soi.

Les bijoux de famille au clou Ce qui est dramatique c’est qu’au nom du principe libéral selon lequel l’Etat n’a pas vocation d’entreprendre, et bien qu’impécunieux, il devrait se défaire d’entreprises publiques qui lui rapportent de l’argent (400 millions pour Belgacom et Bpost) pour en tirer un bénéfice unique mais hélas non renouvelable. C’est ce que l’on appelle dans les milieux d’affaires un «one shot» et dans les Marolles apporter ses bijoux de famille à «ma tante» ou si l’on préfère «les mettre au clou».

Ainsi, un gouvernement qui incarne l’Etat et devrait à ce titre veiller aux intérêts de ce dernier, s’applique au contraire à dilapider ses biens et à réduire ses ressources, à miner la puissance publique en lui enlevant des instruments de contrôle, en l’occurrence dans un secteur clé comme les télécommunications, auquel par ailleurs on prédit un avenir radieux. Car Proximus est loin d’être un canard boiteux. Mais puisque c’est une entreprise qui marche bien, on peut imaginer la frustration des milieux d’affaires qui ne peuvent tirer profit des 50% de parts que détient l’Etat. Ce n’est certes pas la première fois qu’un gouvernement déleste l’Etat du contrôle de secteurs stratégiques: nos banques sont déjà sous contrôle étranger français ou néerlandais. Notre énergie, même quand elle est produite chez nous, procure des bénéfices à nos voisins européens. Grâce aux intérêts notionnels, notre pays est un paradis fiscal pour les multinationales qui peut être n’auraient pas déménagé leur coffre-fort chez nous mais qui de toute façon ne nous rapportent rien si ce n’est quelques emplois partiels pour garder la permanence de sièges boîte-aux-lettres.

Deux poids deux mesures Autre paradoxe qui nous relie aux Magritte et autres surréalistes: le gouvernement préfère accorder la priorité à la lutte contre la fraude sociale en sachant pertinemment qu’il n’en recouvrera que des clopinettes. Par contre il valide et renforce les avantages fiscaux accordés aux diamantaires alors qu’un seul dossier d’évasion fiscale révélé en 2013 faisait apparaître une fraude portant sur 3 milliards d’euros et qui se serait conclue par une transaction – c’est-à-dire un accord amiable – pourtant sur une redressement fiscal de 150 millions pour solde de tout compte. La conclusion étant qu’une poignée de fonctionnaires de l’inspection spéciale des impôts investiguant sur un seul dossier pourrait rapporter plus aux caisses de l’Etat qu’une armée de contrôleurs de l’ONEm œuvrant une année entière pour débusquer d’hypothétiques fraudeurs supplémentaires à l’assurance chômage qui auraient par miracle échappé aux contrôles déjà sévères. Et c’est pourtant du côté de l’administration fiscale que le gouvernement préfère dégarnir les effectifs. Mieux encore : contre l’avis de son administration fiscale, le gouvernement s’apprête

à mettre en place un système forfaitaire de taxation du secteur diamantaire qui ferait d’Anvers un petit Monaco dans l’Etat belge. Les petits fraudeurs sont traqués. Les moyens et gros se voient accorder une chance à travers les multiples DLU: déclarations libératoires uniques leur permettant de rapatrier leur argent sale et de se voir absous de toutes poursuites ultérieures. Et les très gros n’ont même pas besoin de frauder : optimisation fiscale, intérêts notionnels et exonération des plus-values leur permettent de se rire du fisc. On croirait assister au remake de «les Misérables», où Jean Valjean se voit condamner au bagne pour le vol d’un pain. On ne peut en effet s’empêcher de penser qu’il y a là une justice de classe qui criminalise les petites infractions à la loi attribuées au bas peuple, mais

Prudent au volant ? Félicitations !

www.pv.be

Rudy De Leeuw Président

qui fait preuve de la plus grande mansuétude lorsqu’il s’agit de criminalité en col blanc au nom d’une communauté implicite d’intérêts voire d’une certaine complicité. C’est le deux poids deux mesures: le respect de la vie privée pour les uns, l’humiliation des visites domiciliaires pour les autres. L’obligation de motifs sérieux pour lever le secret bancaire pour les uns, le «data mining» c’està-dire le croisement de données pour les autres. L’individualisation des droits fiscaux – et le quotient conjugal - contre la modulation familiale des droits sociaux. Etc. Etc. Plus que jamais, il s’avère que «selon que vous serez puissant

ou misérable, les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir».

Marc Goblet Secrétaire général


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