N°16 • BIMENSUEL • 70ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles
02 OCTOBRE 2015 • Éd. LIÈGE
SALAIRES, STATUTS, CHÔMAGE, PENSIONS, ETC.
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Ce que le gouvernement vous
réserve
encore Dossier en pages 8 & 9 Le 7 octobre, date anniversaire de la conclusion de l’accord du gouvernement Michel, la FGTB organise une grande manifestation en front commun syndical à Bruxelles pour protester contre les mesures de recul social et d’austérité prises jusqu’ici. Et pour réclamer un changement de cap.
ASILE
Info ou intox? Le point sur les rumeurs Page 3
CLIMAT
Pas d’emplois sur une planète morte Page 4
ÉGALITÉ
Où en est-on en termes de genre? Page 5
PAUVRETÉ
Les CPAS croulent sous les demandes Page 6
MERCREDI 7 OCTOBRE BRUXELLES 11H GARE DU NORD
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RÉGIONS
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
NAMUR
Information aux Affiliés du SETCa Namur
NAMUR
Modification des heures d’OUVERTURE de nos bureaux A partir du 19 Octobre prochain, nous vous informons que nos heures d’ouverture seront les suivantes: Du Lundi au jeudi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 16h30 Le vendredi: bureaux accessibles uniquement de 8h30 à 12h30 Nous vous rappelons que les consultations juridiques se font uniquement sur rendez-vous pris par téléphone au 081/64.99.80 Nos secrétaires juridiques pourront vous recevoir sur rdv: Le lundi: de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 16h30 (dernier rdv à 15h00) Le mardi, le jeudi et le vendredi: de 8h30 à 12h30 (dernier rdv à 11h45) Le mercredi: de 13h30 à 16h30 (dernier rdv à 15h00) Pour tout complément d’information, n’hésitez pas à nous contacter ou à consulter notre site internet http://www.setca-namur.org/
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BRUXELLES
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
Allocation universelle: fin de la sécurité sociale? L e débat sur l’allocation universelle (ou «revenu inconditionnel» ou encore «revenu de base») est d’une actualité criante, aujourd’hui, en Europe. Deux expériences «grandeur nature» sont d’ailleurs en cours, mettant en œuvre des formules différentes, à Utrecht (Pays-Bas) et dans une des plus grandes Régions de Finlande. L’allocation universelle fait, en outre, partie du programme de certains partis politiques, comme Podemos, en Espagne. En Belgique, la proposition est portée depuis fort longtemps par un certain nombre d’intellectuels (comme le philosophe Philippe VAN PARIJS, de l’UCL) et d’acteurs politiques (comme Philippe DEFEYT, Ecolo, président du CPAS de Namur). Un réseau transeuropéen : Basic Income, s’est même constitué, pour porter l’idée à travers plusieurs pays.
En Europe, il existe plusieurs approches du revenu inconditionnel, selon qu’elles sont portées par des coalitions conservatrices ou des associations progressistes. Mais, quoi qu’il en soit, la faisabilité d’un tel dispositif pose de nombreuses questions, notamment (mais pas seulement) d’ordre budgétaire. Qu’il soit fixé à 500e (proposition de Ph. VAN PARIJS) ou à 1000e (revenu testé en Finlande), comment financer la mise en place d’un tel revenu inconditionnel? Doit-il remplacer toutes les allocations sociales de l’Etat-providence? Une «taxe sur les millionnaires» serait-elle suffisante pour le financer? Pour comprendre le(s) débat(s) autour de l’allocation universelle, Syndicats s’est adressé à François Perl, Directeur Général du Service des indemnités de l’Inami et à Mateo Alaluf, sociologue de l’ULB, bien connu de nos militants, qui se sont l’un et l’autre abondamment penchés sur cette question. Syndicats: Comment résumer la notion d’allocation universelle, dans l’acception dominante de celle-ci en Belgique? Mateo Alaluf: L’allocation universelle consiste à verser un revenu fixe et inconditionnel à toute personne, en remplacement total ou partiel des prestations sociales (revenu d’insertion [RIS], allocations de chômage, d’invalidité, pensions, allocations familiales…), à l’exception cependant, disent ses promoteurs, de l’assurance-maladie. A noter: cette allocation est cumulable avec d’autres types de revenus. Si cette définition est claire de prime abord, elle revêt, en réalité, pour ceux qui s’en réclament, des contenus très différents. Ainsi, le dispositif mis en œuvre par la ville d’Utrecht est très éloigné, dans les faits, de ce principe d’allocation universelle, alors que celui de la Finlande, encore en voie d’élaboration, paraît y correspondre. Bref, le flou qui entoure cette idée rend le débat particulièrement difficile. François Perl: Selon ses principaux promoteurs, l’allocation universelle, en Belgique, se développerait sous la forme d’un revenu garanti de 500e, qui remplacerait une partie des prestations de sécurité sociale, à l’exception des soins de santé. Elle serait financée via une réforme fiscale et les économies générées dans la sécurité sociale par la suppression des allocations les plus basses. Syndicats: En quoi l’allocation universelle se substitue-t-elle au rôle de l’Etat-providence? Et comment en seraient modifiés les mécanismes de solidarité sociale? François Perl: L’allocation universelle et l’Etat-providence répondent, en réalité, à deux logiques fort différentes. L’allocation universelle vise à offrir à tous les citoyens, un montant mensuel forfaitaire, octroyé
sans conditions de revenus et sans examen de la situation sociale de l’individu. L’Etatprovidence avait pour objet initial d’offrir une sécurité sociale aux travailleurs et à leurs familles mais il s’est progressivement élargi à toutes les catégories de la population, fonctionnant comme une assurance sociale intervenant tout au long de la vie en fonction des risques sociaux et des besoins des individus (maladie, chômage, vieillesse). Contrairement à l’allocation universelle, l’Etat-providence poursuit une fonction de redistribution solidaire des richesses. L’allocation universelle rompt en partie ce principe de solidarité, en octroyant un revenu de remplacement à des individus sans qu’il y ait de nécessité sociale à cette prestation. C’est toute la différence entre un revenu de remplacement et un revenu inconditionnel. En tant que telle, l’idée de «distribuer» un revenu inconditionnel à tous les citoyens n’a rien de mauvais en soi. Je ne sais pas qui pourrait trouver à redire au principe d’un «chèque» mensuel de 500e. Le problème, c’est que dans son acception courante, en Belgique et ailleurs en Europe, l‘allocation est vue comme un modèle alternatif à la sécurité sociale. Sa mise en pratique aurait probablement pour conséquence de diminuer l’équilibre actuel de la sécurité sociale et de redistribuer des prestations, actuellement octroyées aux bas revenus, vers des catégories de revenus supérieures, ce qui n’est pas, à proprement parler, un mécanisme de solidarité, comme chacun peut bien le comprendre… Mateo Alaluf: A l’échelle de la société, à moins de supposer l’existence miraculeuse d’une source de richesses, les revenus qui sont distribués proviennent nécessairement du travail collectif. En réalité, on ne peut ponctionner la sphère de l’économie productive pour subventionner un revenu universel d’un montant élevé: un revenu universel ne peut être que modeste. Une allocation modeste ne peut assurer l’indépendance économique des bénéficiaires. Ceux-ci seraient donc contraints d’accepter un travail à n’importe quel prix pour ‘arrondir’ leur allocation. Il en résulterait une dégradation du marché du travail et la prolifération de «boulots» mal payés, à côté d’emplois compétitifs dans le secteur marchand. Le revenu inconditionnel contribuerait ainsi à institutionnaliser, selon les termes de Robert Castel, «le précariat». Une telle allocation permettrait à l’Etat, en accord avec la doxa libérale, de se désengager de la politique sociale et d’attribuer aux groupes les plus fragiles, en contrepartie du bénéfice d’un revenu de base modeste, l’entière responsabilité de leur sort! A terme, un tel système entraînerait le développement des systèmes d’assurance privés pour celles et ceux qui ont les moyens d’épargner et…la privatisation des pensions et des soins de santé. La sécurité sociale se fonde sur une redistribution solidaire de moyens, en vertu de droits et en tenant compte de la situation sociale des bénéficiaires. En supprimant toute condition, l’allocation universelle substitue au principe de solidarité, un principe d’ «égalité des chances». La répartition solidaire des revenus qui repose sur des droits sociaux découlant de la participation de tous au travail nécessaire (sécurité sociale) s’oppose à la responsabilité de l’individu, bénéficiaire d’une rente et de ce fait supposé capable de gérer sa vie en toute autonomie (allocation universelle). La répartition égalitaire d’une allocation s’oppose donc très nettement à la redistribution solidaire de la sécurité sociale
et constitue une rupture brutale vis-à-vis du principe de solidarité. Syndicats: Les différentes propositions de financement de l’allocation universelle sont-elles crédibles?
Mateo Alaluf: Dans un livre récent, Liber, un revenu de liberté pour tous, Marc de Basquiat et Gaspard Koenig proposent une allocation universelle de 450e par adulte et 225e par enfant. Ils envisagent son financement par un impôt uniforme de 23% sur tous les revenus, en lieu et place de tous les impôts actuels. Les gagnants d’un tel système seraient les entreprises, en raison de la suppression de l’impôt sur les sociétés, ainsi que les ménages aux revenus les plus élevés, en raison du remplacement de l’impôt progressif sur les revenus par un prélèvement à taux uniforme. Les perdants seraient les allocataires sociaux (le montant qu’ils perçoivent se situe en Belgique, à quelques exceptions près, entre 500 et 1700e), ainsi que tous les bas et moyens revenus. Un tel système, qui procurerait «moins de paperasse et de complexité» aurait essentiellement pour effet d’augmenter considérablement les inégalités! Il s’agit certes, ici, d’un exemple parmi bien d’autres. Mais dans tous les cas, lorsqu’elles sont «crédibles», les propositions de financement d’une allocation universelle ont toutes comme conséquence une considérable régression sociale. François Perl: Pour ma part, je ne trouve
pas ces propositions très crédibles. Si on prend celles de Van Parijs et de Defeyt, une allocation universelle de 500 euros par mois coûterait 54 milliards d’e, sur base annuelle, à l’Etat fédéral. Les propositions de financement qui les accompagnent ne parviennent pas à atteindre ce montant. Le total des prestations de sécurité sociale (hors soins de santé) s’élève à 44 milliards d’euros. Il faudrait donc trouver au minimum 10 milliards d’euros supplémentaires pour financer ces propositions, en partant de l’hypothèse la plus simple, à savoir substituer l’allocation universelle à la sécurité sociale, hypothèse radicale que ni Defeyt, ni Van Parijs ne proposent. Bref, en poursuivant dans cette voie et dans le contexte budgétaire actuel, l’allocation universelle ne pourrait se réaliser, en Belgique, qu’en réduisant considérablement les prestations de sécurité sociale. Avec un écueil majeur: de nombreux pensionnés, invalides ou chômeurs, se retrouveraient avec des allocations inférieures à celles qu’ils perçoivent actuellement. Le débat autour de cette question ne doit pas être proscrit, bien entendu, mais il faut être conscient que la manière dont il est mené en Belgique peut déforcer considérablement les principes qui sous-tendent le maintien d’une sécurité sociale forte et solidaire. En considérant, une fois pour toutes, que l’allocation universelle et la sécurité sociale sont deux politiques différentes, ce débat gagnerait sans aucun doute en efficacité et en sérénité...
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RÉGIONS
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
CHARLEROI-SUD HAINAUT
Atelier Reiki
Tout nouveau, tout chaud chez Taboo: cette année, on pense à notre bien-être et on part à la découverte du Reiki avec Geoffrey Peyrusson, praticien et maître-enseignant. En japonais, Rei veut dire «universel» et Ki renvoie à l’énergie vitale qui circule en nous et autour de nous. Chaque mois, Geoffrey nous proposera des soins «énergétiques» et individuels, au cours duquel il va canaliser cette énergie universelle et la (re)mettre en contact avec notre force vitale.
WALLONIE PICARDE
Le reiki permet de rééquilibrer les énergies, d’harmoniser les chakras et d’aider à libérer des émotions refoulées qui créent le mal-être et la maladie (mal-à-dire). C’est aussi un super outil de lutte contre le stress. Puis une séance de Reiki, c’est avant tout une pause, un moment de relaxation que tu t’accordes avec toi et rien que toi… et ça, en soi, c’est déjà énorme. Curieus(e)? Contacte-nous et inscris-toi Centre de jeunes Taboo 8, rue Basslé – 6000 Charleroi 0475/55.90.44 071/64.13.07 taboo@brutele.be www.cjtaboo.be
Attention – Changements d’horaire! Chers affiliés, Nous vous informons que les heures d’ouverture de nos bureaux de Comines et Herseaux sont désormais les suivantes: Comines: Lundi Jeudi
De 9h00 à 12h00 De 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 16h30
Herseau : Lundi Mercredi Jeudi
De 9h00 à 12h00 De 14h00 à 17h00 De 9h00 à 12h00
De même, à partir du 7 octobre, les heures d’ouverture de notre bureau d’Ellezelles seront: Ellezelles: Mercredi Jeudi
De 9h à 12h De 14h à 17h
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RÉGIONS
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
LIÈGE - HUY - WAREMME
Nous sommes tous des réfugiés La réponse de la FGTB Liège-Huy-Waremme face à l’enjeu de société des migrants Cher-e-s Camarades, En tant que progressistes, nous ne pouvons occulter l’enjeu de société que représente l’arrivée de nombreux migrants. C’est une opportunité de marquer notre solidarité avec des citoyens du monde victimes de la guerre et des extrémismes de la géopolitique. Une dynamique de solidarité et d’entraide doit se mettre en place dans tout le pays, dans toute l’Europe. Cette solidarité est actuellement portée, assumée et dispensée bien plus par les citoyens, que par les forces politiques au pouvoir. Et le monde syndical dans tout cela? Pour éviter que cette «crise» ne devienne une opération caritative émotionnelle ou plus grave un marché où entreprises et vautours s’alimentent des meilleurs morceaux, nous avons le devoir de contribuer à structurer les réponses aux besoins de ces personnes en exil et en souffrance. Ne pouvant plus faire face à l’afflux actuel, Fedasil - vidée de sa substance et de ses moyens par une politique d’austérité qui sous-finance les missions publiques - est aujourd’hui en négociation pour sous-traiter l’organisation de l’hébergement des personnes à de nouveaux types de partenaires. On peut dès lors s’interroger sur ce qu’il adviendra de la qualité de l’accueil, de l’accompagnement social et sur les conditions de travail au sein de ces nouveaux «centres». Nous devons être attentifs à toutes les dérives potentiellement pressenties. En tant que syndicat de gauche, il est absolument nécessaire que nous nous inscrivions dans une démarche de solidarité structurée en impliquant les multiples forces de notre organisation et de nos réseaux. En outre, il est impératif de ne pas mettre en concurrence les démunis, les exclus - avec ou sans papiers - mais bien de lutter ensemble pour défendre une vie décente pour tous, nos valeurs démocratiques ainsi que des services publics forts!
Dans cet esprit collectif, nous avons retenu en priorité 6 axes de solidarité que la FGTB Liège-Huy-Waremme va déployer (sous réserve d’identification de besoins supplémentaires): 1. Permanences d’information dans nos locaux, dans les centres d’accueil et organisation d’animations «Casser les rumeurs»: informer, former, animer afin d’accueillir les migrants et de lutter contre les préjugés hostiles à leur égard; 2. Processus d’intégration par la structuration par des cours de français/langue étrangère au sein de nos réseaux, par les délégués, le monde associatif progressiste et tous les autres militants qui désirent s’inscrire dans la démarche; 3. Parrainage par des délégués qui seraient à même d’aider, de renseigner et d’encadrer les réfugiés ou autres personnes en difficulté. Notamment pour les démarches administratives, les démarches de recherche de logement, etc., ou simplement un relais d’orientation vers les services adaptés; 4. Mise en place d’évènements conviviaux créateurs de lien et d’intégration pour mettre en relation les citoyens, les réfugiés, etc.; 5. Logement: interpellation des pouvoirs publics pour la mise à disposition de lieux de logement et de vie transitoire; 6. Interpellation politique pour que les services publics soient financés à hauteur des enjeux. Nous avons besoin de vous!! Nous faisons appel à vous!! Si vous souhaitez rejoindre la dynamique, apporter votre pierre à la construction d’un monde solidaire, devenir militant parrain d’un réfugié, etc. Contactez: Sidi KATUMWA 04/221.96.20 – sidi.katumwa@fgtb.be. Merci déjà d’y contribuer et de diffuser dans vos réseaux militants. Bien fraternellement.
Jean-François RAMQUET, Secrétaire régional.
LA CENTRALE GENERALE F.G.T.B. Section LIEGE-HUY-WAREMME - Place St Paul, 13, 4000 LIEGE
Avis aux travailleurs de la construction paiement des cartes prime fidelité Le paiement des timbres fidélité couvrant la période du 1/7/2014 au 30/6/2015 s’effectuera par versement sur votre compte bancaire par la Centrale Nationale à partir du 27 octobre 2015. Pour faciliter l’organisation du paiement, nous vous invitons à nous transmettre, à partir du 1er octobre 2015 (le)s document(s) reçu(s) de l’OPOC, après y avoir indiqué votre numéro de compte bancaire, soit par la poste, à nos guichets, à nos permanences ou auprès de nos sectionnaires. Nous vous rappelons que nos guichets sont ouverts place St Paul, 13 à Liège, tous les jours de 9h à 11h30 et de 13h30 à 16h30 ainsi que les samedis 3, 10, 24 et 31 octobre 2015 de 9h à 11h. Nos bureaux seront fermés le samedi 17 octobre 2015 et le lundi 2 novembre 2015. Les cartes peuvent également être rentrées lors de nos permanences extérieures qui seront organisées suivant le calendrier ci-dessous: - HUY: au local de la F.G.T.B. rue l’Apleit, 12. Tous les lundis du mois de 13h30 à 16h30. - WAREMME: au local de la F.G.T.B. rue du Baloir, 5. Tous les JEUDIS 10, 17 et 24 octobre 2014 de 16h à 17h. A partir du 1er octobre 2015 aux jours habituels et heures d’ouverture dans les permanences reprises ci-dessous:
J.SCHIFANO Secrétaire
VERVIERS
M.VREULS Secrétaire
- AMAY: au local de la F.G.T.B. rue Joseph Wauters, 22 - ANS : au local de la F.G.T.B. rue Walter Jamar, 357 - AYWAILLE: au local de la F.G.T.B. rue L. Libert, 22 - CHENEE: au local de la F.G.T.B. rue Neuve, 18-24 - FLEMALLE: au local de la F.G.T.B. grand Route, 122 - FLERON: au local de la F.G.T.B. avenue des Martrys, 86 - HERSTAL: au local de la F.G.T.B. rue Large Voie, 36 - JUPILLE: au local de la F.G.T.B. rue Chafnay, 3-5 - LIEGE-BURENVILLE: au local de la F.G.T.B. rue St Nicolas, 251 - LIEGE-ROTURE: au local de la F.G.T.B. rue Roture, 80 - LIEGE-St LEONARD: au local de la F.G.T.B. rue Jonruelle, 17 - SCLESSIN: au local de la F.G.T.B. rue de l’Ile Coune - SERAING: au local de la F.G.T.B. rue Paul Janson, 41 - VISE: au local de la F.G.T.B. rue des Récollets, 63 La Centrale Générale organisera un ramassage des documents fidélité dans toutes les permanences le: Mardi 27 octobre 2015. Bien fraternellement.
M.LONDONG. Vice-Président
GOBLET Président
ACTUALITÉS
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
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> SOLIDARITÉ
Info ou intox? Stop aux préjugés sur les réfugiés et demandeurs d’asile! On entend beaucoup de rumeurs, de commentaires, de vraies et fausses informations concernant les «migrants». Il est temps de faire le point sur ce qui se dit et ce qui se passe en réalité.
INFO
Qui sont les demandeurs d’asile?
Toute personne qui décide de fuir son pays parce qu’elle craint d’être persécutée du fait de sa couleur de peau, sa religion, sa nationalité, son appartenance à un certain groupe social, son ethnie, ses opinions politiques. L’exilé s’expatrie en espérant qu’un autre pays puisse l’accueillir et accepte de lui accorder le statut de réfugié.
INFO
A QUOI A DROIT LE DEMANDEUR D’ASILE EN ATTENDANT DE SAVOIR S’IL AURA LE STATUT DE REFUGIE?
A. L’aide médicale urgente: Toute personne sans ressources, et qui nécessite des soins immédiats suite à un accident ou une maladie, a droit à l’aide médicale urgente du CPAS. Il faut attester le caractère urgent du besoin médical. Cette aide est exclusivement médicale. B. Le logement: Tout demandeur d’asile a droit à l’accueil
dans un centre collectif. L’accueil comprend l’hébergement, les repas, l’habillement, l’accompagnement médical, social, psychologique, juridique, l’aide-journalière et la formation non qualifiante. Après une période de quatre mois dans une structure communautaire, le demandeur d’asile peut demander de déménager vers un logement individuel. Le CPAS ou l’ONG se charge de l’accompagnement nécessaire. Cet accueil, en structure collective ou individuelle, prend fin quand le demandeur d’asile a une réponse (positive ou négative et après tous les recours possibles) quant à son statut de réfugié.
INFO
QUAND UN DEMANDEUR D’ASILE OBTIENT LE STAUT DE REFUGIE
Il reçoit un permis de séjour et peut partir à la recherche d’un logement et d’un travail. Il peut encore rester deux mois en structure d’accueil afin de se trouver un logement. Il peut demander une aide auprès d’un CPAS en attendant de trouver un travail et de se constituer des droits à la sécurité sociale. Comme n’importe qui en séjour légal en Belgique et aux mêmes conditions.
INTOX
LES DEMANDEURS D’ASILE NOUS PRENNENT NOTRE TRAVAIL
Les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler en Belgique à leur arrivée. Seuls les demandeurs d’asile dont le traitement de leur demande dure depuis plus de 6 mois, peuvent introduire une demande de permis de travail (le permis de travail C) auprès de la Région. Ce permis C est valable pour toutes les professions salariées et a une durée de validité de 12 mois, renouvelable. Il perd cependant toute validité si son titulaire perd son droit de séjour.
INTOX
LES DEMANDEURS D’ASILE PROFITENT DE LA SECURITE SOCIALE
Pendant l’examen de leur dossier, les demandeurs d’asile n’ont droit qu’à une aide matérielle: ils sont logés, nourris et accompagnés. S’ils reçoivent le statut de réfugié, ils obtiennent un droit au séjour en Belgique, un accès au marché du travail et un droit au revenu d’intégration sociale. Comme n’importe qui en séjour légal et aux mêmes conditions. S’ils ont des enfants ils auront également droit aux allocations familiales garanties.
sécurité sociale (chômage, invalidité, allocations familiales «normales») puisque jusqu’à présent ils n’ont pas encore cotisé à la sécurité sociale.
INTOX
L’ACCUEIL DES DEMANDEURS D’ASILE COUTE CHER
L’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) reçoit chaque année une dotation d’environ 300 millions d’euros. En 2014, cette somme correspondait à 0,15% des dépenses totales de l’administration belge. Pour être précis, l’accueil d’un demandeur d’asile adulte coute 40e/jour en centre d’accueil collectif et 37,77e/jour en logement individuel. Cette somme comprend la nourriture, le logement et les frais annexes tels que le salaire des personnes payés pour les accueillir. Le demandeur touche tout au plus quelques euros d’argent de poche par jour.
INTOX
ON NE PEUT PAS ACCEUILLIR TOUTE LA MISERE DU MONDE
Depuis le début de l’année, 7.000 personnes ont officiellement reçu chez nous le statut de réfugié ou de protection subsidiaire car ils encourent un grand risque en cas de retour dans leur pays d’origine. Cela représente 0,06 % de la population belge. À l’échelle européenne, il s’agit d’un peu plus de 600.000 personnes, soit environ 0,1 pourcent de la population totale.
Par contre, ils n’ont pas encore accès au système assurantiel et contributif de la
> JURISPRUDENCE
La discrimination en matière de licenciement des ouvriers condamnée partir du 1er janvier 2018, tous les ouvriers bénéficieront de droits égaux en matière de licenciement. La Cour constitutionnelle a en effet jugé discriminatoires les délais de préavis raccourcis des ouvriers de la construction. Elle a suivi l’argumentation des trois syndicats CSC, FGTB et CGSLB qui avaient porté plainte.
À
Pour rappel, dans un arrêt du 8 juillet 2011, la Cour constitutionnelle avait estimé que les différences entre ouvriers et employés étaient discriminatoires. Pour y répondre, le gouvernent avait adopté la loi du 26/12/2013 sur l’harmonisation des statuts d’ouvriers et d’employés, mais en prévoyant des dérogations pour le secteur de la construction où les délais de préavis sont beaucoup plus courts pour les ouvriers que pour les autres travailleurs. En outre, cette discrimination est inscrite pour une durée indéterminée dans la loi. En juin 2014, la FGTB, la CSC et la CGSLB ont
introduit un recours devant la Cour constitutionnelle contre cette discrimination. Les trois syndicats dénonçaient également le fait que, pour les quelques secteurs où un préavis réduit était maintenu à titre temporaire (le secteur de l’ameublement par exemple), on n’avait pas prévu de droit à une compensation pour cette discrimination temporaire sous la forme d’une indemnité en compensation du licenciement (ICL). La Cour constitutionnelle a suivi l’argumentation des syndicats: les délais de préavis plus courts en vigueur pour les ouvriers de la construction constituent une discrimination. L’exclusion de l’ICL est également anticonstitutionnelle. À partir du 1er janvier 2018, tous les ouvriers bénéficieront donc de droits égaux en matière de licenciement.
Certains déplacements considérés comme temps de travail a Cour de justice européenne a confirmé dans un arrêt du 10 septembre que le temps consacré par les travailleurs sans lieu de travail fixe ou habituel aux déplacements entre leur domicile et les sites du premier et du dernier client indiqués par l’employeur doit être considéré comme temps de travail.
L
La présence pure et simple au lieu de travail ne suffit pas en soi pour parler de temps de travail. Elle n’est considérée comme temps de travail que si le travailleur est vraiment à la disposition de l’employeur. L’exécution de prestations de travail n’est pas requise. L’élément déterminant est le fait d’être ou non à la disposition de l’employeur. Selon la Cour de Justice, dès qu’il est question de présence obligatoire dans l’entreprise (ou l’établissement), il est question de temps de travail. Les déplacements entre le domicile et le lieu de travail ne sont pas considérés comme temps de travail parce que le travailleur n’est pas à la disposition de l’employeur.
Toutefois, s’il est question de déplacements entre le domicile et le site d’un premier client (donc pas l’entreprise) et entre le site du dernier client (extérieur à l’entreprise) et le domicile, il est question de temps de travail. Mis à part les clients, il peut aussi s’agir d’un travailleur qui doit visiter des fournisseurs tout au long de la journée. De même quand le travailleur doit partir de son domicile vers un lieu de rendez-vous avec un membre obligatoire de l’équipe pour partir de cet endroit à la première visite de contrôle de ce jour: ce temps de déplacement est également considéré comme temps de travail. Les déplacements d’un travailleur entre l’entreprise et un chantier sur lequel des prestations de travail doivent être effectuées, sont considérés comme temps de travail. Une rémunération inférieure ne peut pas être prévue pour ce temps de déplacement. Cet arrêt confirme la jurisprudence belge existante et fait qu’aucun juge belge ne pourra encore y déroger.
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ACTUALITÉS
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
NO JOBS ON A DEAD PLANET!!!* *Pas d’emplois sur une planète morte Du 30 au 12 décembre prochain se tiendra à Paris le prochain sommet Climat des Nations Unies (COP21). 6 ans après l’échec de Copenhague, les mêmes enjeux sont sur la table: parvenir à un accord global, ambitieux et contraignant qui permettra de limiter la hausse de la température mondiale à maximum 2°C.
1) il faut agir très rapidement, car en émettant toujours autant de CO2 qu’aujourd’hui, il nous reste 6 ans d’émissions si nous voulons rester sous les 1,5°C d’augmentation et 21 ans pour rester sous les 2°C!
e phénomène est déjà bien enclenché. Depuis le milieu du XIXème siècle, la température moyenne mondiale a déjà augmenté de 0,8°C. Actuellement, en l’absence de mesures urgentes, les 3500 scientifiques rassemblés au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prédisent une augmentation de 4°C, entrainant des catastrophes en cascade incontrôlables: augmentation du niveau de la mer, sécheresses, famines, inondations, migration climatique, augmentation significative des catastrophes naturelles (cyclones, ouragans, typhons, tempêtes…).
Une transformation de nos modes de production et de consommation doit donc s’opérer pour aller vers un avenir à zéro émission de carbone. Soit elle sera imposée, et donc brutale pour le monde du travail, soit elle sera concertée avec les travailleurs, permettant l’intégration sociétale de cette transformation.
L
Et qui sont et seront les premières
victimes de ces changements climatiques? Une fois encore les travailleurs et les plus vulnérables. Les catastrophes naturelles sont déjà en augmentation et touchent les travailleurs et les travailleuses à travers le monde : en 2014, le typhon Haggupit aux Philippines a détruit les sources de revenus de plus de 800.000 personnes; en 2012, l’ouragan Sandy a contraint, aux Etats-Unis, quelque 150.000 personnes à se déplacer et a occasionné, de façon générale, la perte de plus de 11.000 emplois. Nous avons les capacités d’agir! Mais:
2) il est indispensable que ces mesures soient assorties de mesure sociale!
Nous savons qu’elle ne sera possible pour nos économies et nos industries qu’en dialoguant avec les travailleurs sur le terrain et pendant l’élaboration des plans nationaux. Les syndicats seront donc à Paris.
Pour faire entendre notre voix, pour apporter nos réponses, pour rappeler, encore et encore, que la lutte contre les changements climatiques est un combat social! Nous porterons à Paris trois messages: 1. L’accord de Paris doit veiller à ce que les gouvernements prennent des mesures concrètes pour réduire les émissions de carbone afin de contenir le réchauffement global à 2°C. Les gouvernements doivent également approuver un mécanisme solide de réexamen périodique permettant d’élever l’ambition au fil du temps. 2. L’accord de Paris doit indiquer clairement comment les pays développés vont tenir leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 afin de garantir des ressources suffisantes pour les pays en développement dans la mutation vers un monde bas carbone. L’accord devrait
également définir les possibilités d’augmenter cette somme après 2020. 3. L’accord de Paris doit comporter un engagement concret et opérationnel en faveur de mesures de «Transition Juste» vers une société bas carbone. Elément essentiel pour relever le défi de la transformation du travail dans tous les secteurs, en particulier en ce qui concerne les emplois et le revenu des personnes qui travaillent dans des branches d’activité à forte émission de carbone. Et comme le rappelait Sharan Burrow lors d’un Sommet Syndical sur le Climat qui s’est tenu à Paris les 14 et 15 septembre dernier: «l’accord de Paris doit amener le
monde entier vers zéro émission de carbone et zéro pauvreté, pour assurer un avenir prometteur aux travailleurs et à leur entourage. Sans engagement ferme sur la transition juste, ce sont les travailleurs et leurs familles qui paieront le prix!»
ACTUALITÉS
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
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> DES DROITS ÉGAUX POUR TOUS
Quelle égalité H/F? Dans le cadre du 10ème anniversaire de la Charte «Gendermainstreaming dans les syndicats», l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes a organisé une après-midi d’étude. Où en sommes-nous? Et y a-t-il encore des progrès à réaliser? n 2004, les trois grands syndicats belges (la FGTB, la CSC et la CGSLB) signaient la charte «Gendermainstreaming dans les syndicats». Le but était de réaliser en pratique l’égalité de traitement et des chances pour les travailleuses et les travailleurs, qui constitue une composante essentielle de la mission des syndicats et d’une société vraiment démocratique.
E
Démocratisation Le gendermainstreaming se définit comme «la (ré)organisation,
l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des processus de prise de décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques». Cela signifie que l’on réfléchit aux comportements so-
ciaux des hommes et femmes qui existent consciemment ou inconsciemment dans notre société. Et cette analyse doit guider les politiques pour qu’elles prennent en compte la dimension de genre en vue d’évoluer vers une plus grande égalité entre les deux sexes. Les syndicats jouent un rôle crucial dans la démocratisation de la société et ont décidé d’intégrer explicitement l’émancipation des femmes et des hommes dans leur Charte. Les trois syndicats se sont notamment engagés à: «travailler,
dans leurs propres structures, à plus d’égalité de genre ; récolter des chiffres avec ventilation selon le sexe; à tous les points de l’ordre du jour, reprendre une dimension genre spécifique; faire annuellement rapport des avancées sur le plan de l’égalité de genre…»
Résultats mitigés
Ces dernières années, sous l’impulsion des syndicats, d’importants progrès ont été réalisés. Citons, par exemple, la législation visant à lutter contre l’écart salarial entre les hommes et les femmes, le fait que de plus en plus de femmes percent le plafond de verre et arrivent à la tête d’entreprises ou d’autres organisations, etc. Dès la signature de la Charte, la FGTB a pris ses responsabilités. Les statuts de notre organisation ont été adaptés et des quotas ont été introduits. Au sein des instances décisionnelles de la FGTB, les femmes doivent être représentées pour un tiers et l’on vise la parité. A la FGTB, un département Genre a été créé pour passer au crible tous les dossiers et vérifier si la dimension de genre y est présente. La FGTB porte aussi une attention particulière à la question de genre dans le cadre des élections sociales et elle organise des campagnes de sensibilisation, par exemple sur le travail à temps partiel. Sans oublier notre campagne sur l’Equal Pay Day, qui est entre-temps connue de tous. Mais il reste cependant beaucoup de progrès à faire, tant à l’intérieur
des syndicats en terme de représentation des femmes, que dans la société en général. Comme le souligne Estelle Ceulemans, Secrétaire fédérale de la FGTB, une des oratrices de l’après-midi d’étude: «Le bilan est mitigé. Ces derniers
temps, nous avons été confrontés à plusieurs difficultés, qui ont miné les progrès réalisés. La réforme des pensions du gouvernement fédéral touche durement les femmes qui ont des carrières plus courtes. Les possibilités de crédit-temps ont par ailleurs été rabotées. Or, ce sont surtout les femmes qui les utilisent et qui se constituent moins de droits de pension. Les restrictions apportées à l’allocation de garantie de revenu pour les temps partiels involontaires concernent aussi de nombreuses femmes. C’est pourquoi, nous avons mené des actions sur ces thèmes mi-juin. La mobilisation de la base était très grande.»
Et l’avenir? Un des principaux points pour évoluer vers une société plus juste est certainement l’individualisation des droits. Aujourd’hui, les droits (allocations de chômage, pensions, …) dépendent encore trop de la situation familiale. Cela signifie
que les femmes et les hommes sont souvent financièrement dépendants de leur partenaire. Si les droits sociaux étaient déterminés individuellement plutôt qu’en fonction de la situation familiale, ce serait un grand pas en avant dans l’émancipation de tous les travailleurs, mais avant tout, des femmes. Onze ans après l’élaboration de la Charte, les trois syndicats se demandent s’il convient de travailler à un nouvel outil dans le prolongement de la Charte. Une nouvelle déclaration d’intention, adaptée à la réalité d’aujourd’hui, pourrait redonner vigueur à la lutte pour l’égalité des droits pour les femmes et les hommes et apporter une nouvelle dynamique au débat. La FGTB entend tenir les engagements pris. «Nous ne changerons
pas le monde par des décrets, ni par des quotas, qui sont un mal nécessaire. Nous tentons de faire pression sur la société dans son ensemble. La lutte contre les discriminations – sur la base du sexe, de l’appartenance ethnique, l’origine sociale, la religion, l’âge – est et reste le core business du syndicat», conclut Estelle Ceulemans.
> DOCUMENTATION
50 ans de courriers du CRISP accessibles en 1 clic Les Courriers hebdomadaires du CRISP sont bien connus du public francophone. Chaque semaine – et ce depuis 1958 - un dossier thématique aborde de manière approfondie une question d’actualité avec le souci de bien resituer le débat et d’en donner les tenants et les aboutissants sans parti pris. Au point d’être parfois une «aide à la décision» politique. Aucun domaine de notre politique n’échappe à la sagacité de l’équipe de chercheurs. Les courriers hebdomadaires du CRISP sont aujourd’hui accessibles sous forme numérique depuis le n° 0 jusqu’à ce jour, gratuitement jusqu’à 2009, puis contre paiement ou pay per view pour les numéros les plus récents. Une aubaine pour les étudiants, les chercheurs, les journalistes et tous ceux – par exemple les militants syndicaux – qui veulent se faire une opinion sur un sujet déterminé qui les concerne.
pation de ses directeurs successifs aux soirées électorales sur la RTBF pour analyser et commenter les résultats électoraux ont donné au CRISP une notoriété égale à la crédibilité qu’il s’est forgée dans l’intelligentsia francophone.
idéologiques étaient pourtant très vifs (Question royale, guerre scolaire…) avaient pris le parti de débattre sereinement malgré leurs différends. C’est cet esprit que le CRISP a su perpétuer depuis un demi-siècle.
Ce site abrite les archives du CRISP en y associant un moteur de recherche performant mais ne remplace pas le site du CRISP www.crisp.be avec ses analyses en ligne, sa base documentaire (composition des gouvernements, base de données sur les entreprises de Wallonie, glossaire, etc.).
epuis sa création en 1958, le Courrier hebdomadaire du Centre de recherche et d’information socio-politiques plus connu sous l’appellation «CRISP» est passé du statut de lettre d’information stencilée, un peu «cra-cra» dans la mise en page - intello et confidentielle, réservée aux seuls membres coopérateurs, au statut d’institution d’intérêt général. Ses fondateurs venus d’horizons différents à une époque où les clivages
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Au fil du temps, la revue s’est taillée une réputation à la fois de sérieux et d’objectivité tout en contribuant au débat sur les sujets les plus sensibles. La partici-
Depuis sa création, à raison de 40 numéros par an, le Courrier du CRISP représente quelques mètres linéaires de papier poussiéreux dont la consultation peut paraître anachronique à l’ère d’Internet et du tout numérique. C’était un trésor documentaire dormant auquel la numérisation va donner une nouvelle vie. Avec l’aide financière de la Fédération WallonieBruxelles, toute la collection a été numérisée (en PDF et HTML) et peut être consultée gratuitement – en payant cependant pour les numéros parus il y a moins de cinq ans – sur le site portail http:// www.cairn.info/revue-courrierhebdomadaire-du-crisp.htm.
Pour les militants, permanents et services d’études syndicaux, l’accès aux archives du CRISP ouvre
une base documentaire importante. Le seul mot clé «syndicats» donne 819 résultats, dont CES, CSI,
concertation, accords interprofessionnels, élections sociales, grèves, taux de syndicalisation, etc.
> N°2264-65
Les élections sociales de 2004, 2008 et 2012 A un jet de pierre des prochaines élections sociales, les syndicalistes pourraient être intéressés par le dernier n° du CRISP réalisé par Pierre Blaise et consacré aux résultats des trois dernières élections sociales. Tendances générales, régionales, provinciales, par collèges, par genre, par secteurs… tout y est cartes à l’appui et avec toutes les nuances qui s’imposent dans l’analyse entre secteurs marchands et non marchand, résultats en sièges ou en voix... Le n° double 2264-65 «Les élections sociales de 2004, 2008 et 2012» peut être acheté en version papier ou téléchargé en PDF pour 12,40e.
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ACTUALITÉS
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
Les CPAS croulent sous les demandes Dans son récent rapport trimestriel, le SPP Intégration sociale fait état d’une augmentation de 10,2% du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration au premier trimestre 2015 par rapport à la même période en 2014. En cause: l’amplification du phénomène de pauvreté et la limitation de l’allocation d’insertion, qui amènent à davantage de recours au revenu d’intégration. Il est important de préciser que l’accroissement du nombre de réfugiés reconnus ne transparaît pas encore dans les statistiques du premier trimestre. elon des chiffres provisoires de l’ONEM, 21.593 jeunes ont perdu leur allocation d’insertion durant les quatre premiers mois de l’année 2015. Les chiffres suggèrent qu’une grande partie d’entre eux ont fait appel au CPAS.
S
Les bénéficiaires du revenu d’intégration sont avant tout des personnes isolées (39,1%), ressort-il du rapport trimestriel du SPP. Mais l’augmentation la plus notable est observée chez les personnes ayant charge de famille, soit +16,2%. Dans ce groupe, plus de 8 personnes sur 10 sont en fait des femmes seules avec un ou plusieurs enfant(s) à charge. «Nous constatons que ce sont
surtout les ménages monoparentaux composés de plusieurs jeunes enfants qui ont du mal à joindre les deux bouts. La rentrée scolaire apporte son lot de soucis, mettant de plus en plus d’enfants dans une situation de pauvreté», commente le président du SPP Intégration Sociale.
Effet de la limitation de l’allocation d’insertion Outre le risque accru de certains groupes de devoir faire appel au CPAS (personnes âgées, personnes peu scolarisées, isolés, allochtones, etc.), le SPP IS arrive à la conclusion que la limitation de l’allocation d’insertion a aussi un impact sur la population bénéficiant du revenu d’intégration. Leurs chiffres confirment les résultats d’un sondage effectué auprès des CPAS à la mimars 2015, selon lequel environ 35% des personnes qui n’ont plus reçu d’allocation d’insertion fin 2014 se sont présentées au CPAS. Les jeunes âgés de 18 à 24 ans occupent toujours la première place du tableau, avec une part
EN CHIFFRES Depuis le début de l’année, 113.695 personnes en moyenne touchent le revenu d’intégration chaque mois, soit une hausse de 10,2% par rapport à la moyenne mensuelle de 2014, qui s’élevait alors à 102.654 bénéficiaires. Cette envolée dépasse de loin l’augmentation structurelle annuelle de 2,3%. Elle se manifeste dans toutes les régions (Flandre: +8,0%, Bruxelles: +6,6%, Wallonie: +13,6%), tout en étant plus tangible dans les petites communes (+12,5%) que dans les 5 grandes villes du pays (+9,3%).
de 31,9%. (À titre de comparaison: cette tranche d’âge représente 10,7% de la population belge). Si l’augmentation de leur proportion était de 5,1% sur l’ensemble de l’année 2014, elle se chiffre à pas moins de 7% pour le premier trimestre de 2015.
Les réfugiés pas encore visibles Les réfugiés qui ont été reconnus comme tels ces derniers mois ou qui ont reçu le statut de protection subsidiaire ne sont pas encore visibles dans les statistiques. Cellesci ne sont stables qu’après 6 mois. L’impact du nombre de réfugiés reconnus et de bénéficiaires de la protection subsidiaire sera observé et examiné de près dans le prochain rapport trimestriel.
7% des chômeurs wallons en fin de droit début 2015 ont décroché un emploi Sur les 10.682 demandeurs d’emploi inoccupés wallons, privés en janvier et février d’allocations d’insertion, 7% ont décroché un emploi et 1,5% une formation, ressort-il d’un document du Forem. Le service public de l’emploi et de la formation en Wallonie a reconnu que ce taux est faible mais sou-
ligne que le public concerné est peu diplômé et est resté longtemps inoccupé. La moitié des demandeurs d’emploi inoccupés wallons, privés en janvier et février d’allocations d’insertion, soit 5.329, sont sortis de la «demande d’emploi», selon ce document. Le Forem ne peut donc déterminer la situation actuelle de ces ex-demandeurs d’emploi, qui n’ont pas introduit de dossier auprès de leur CPAS en vue d’obtenir un revenu d’intégration. Une majorité de ces personnes, qui se retrouvent donc sans revenu, vivent probablement en ménage et ne satisfont pas aux conditions pour espérer un revenu d’intégration. Sept demandeurs d’emploi inoccupés en fin de droit en janvier et février sur dix étaient des femmes, dont la moitié en charge d’une famille. Trois sur dix étaient âgés entre 25 et 34 ans et quatre sur dix de 35 à 44 ans. La moitié étaient originaires du Hainaut. Quatre sur dix avaient obtenu le certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS). Et six sur dix étaient inoccupés depuis plus de deux ans.
27 millions, bien mais peut mieux faire Le ministre fédéral de l’Intégration sociale, Willy Borsus, a décidé de libérer 27 millions d’euros pour compenser les surcoûts engendrés, dans les CPAS, par l’afflux de demandes émanant de chômeurs exclus depuis le mois de janvier. Mais la Fédération des CPAS de Wallonie juge le montant insuffisant. Chaque revenu d’intégration versé est remboursé par l’État, à un taux qui oscille entre 55 et 70% du montant versé. Ces 27 millions d’euros libérés serviront à compenser le reste, dans le cadre des seuls 8.616 chômeurs exclus et aidés (tous n’ayant pas eu droit au revenu minimum), estime quant à lui le ministre. Dans un communiqué, la Fédération des CPAS wallons a remercié récemment le ministre pour «ce premier pas très positif». Mais la somme ne compense que partiellement l’ensemble des coûts supportés par les CPAS dans ce dossier, qu’il s’agisse des sanctions ONEM ou des fins de droit aux allocations d’insertion, note-t-elle. Les 262 CPAS wallons obtiendraient 13,14 millions d’euros. Or, le coût direct total des «fins de droit aux allocations d’insertion» à charge des CPAS pour l’année 2015 s’élève à plus de 21,5 millions d’euros, selon leur Fédération. Elle ajoute que la somme qui compensait les «sanctions ONEM» jusque-là (49,12 euros par dossier et par an) est fondue dans les 27,8 millions d’euros. Et si l’on agrège l’ensemble des sanctions et fins de droit, alors le coût réel supporté par les CPAS wallons atteint 81,5 millions d’euros. «Dans ce cas, on peut parler d’une compensation pour les CPAS wallons de 16%».
Deux tiers des familles belges ont du mal à joindre les deux bouts sans allocation Plus de six ménages belges avec enfant(s) sur dix, soit 63%, ont du mal à joindre les deux bouts avec leurs seuls revenus, ressort-il d’un sondage mené en juillet dernier par l’association des caisses d’allocations familiales privées (ACAF), auprès de 16.479 parents. Ce taux atteint 74% tant à Bruxelles et qu’en Wallonie. Et plus de huit ménages belges percevant des allocations familiales majorées sur dix (83%) connaissent une telle situation. D’après cette enquête menée dans le cadre de la régionalisation des allocations familiales, celles-ci sont surtout attendues par les ménages en septembre. La moitié des familles belges francophones (51% des Bruxellois et 51% des Wallons déclarent compter sur les allocations familiales pour les dépenses scolaires comme l’achat du matériel scolaire, le paiement des abonnements de train et de bus, la location d’un kot, etc. En Flandre, quatre familles sur dix utilisent les allocations familiales pour les frais scolaires. Les familles belges estiment dans leur grande majorité (87%) que la prime de rentrée scolaire est trop basse.
> INDEX
Nouveau site de la FGTB wallonne A è plus Après l d de cinq i ans d de b bons ett lloyaux services, il était devenu impératif de rénover notre site internet. Depuis le 21 septembre dernier, vous pouvez donc découvrir un tout nouveau site: www. fgtbwallonne.be!
Les index de septembre 2015 Indice des prix à la consommation
Indice santé
Indice santé lissé (bloqué)
101,15
101,85
100,66
Les objectifs de cette rénovation étaient multiples : faciliter la consultation depuis les nouveaux supports (tablettes, smartphones), adapter le site au développement des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube, Soundcloud) ou encore rendre la navigation plus aisée. Si vous désirez contacter votre Régionale ou votre Centrale FGTB, vous trouverez l’ensemble des coordonnées et liens dans la rubrique Où nous trouver ? Vous y trouverez également les coordonnées de contact de la Commission wallonne des travailleurs sans emploi du CEPAG qui organise formations, activités culturelles et actions militantes. Nous avons enfin voulu mettre un coup de projecteur sur les différentes productions de la FGTB wallonne. Dans la rubrique Outils, vous trouverez donc les publications et visuels de campagnes mais également l’ensemble des émissions télé et radio, visuels de campagne et logos… Bonne découverte!
Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles Nicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44 Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11 E-Mail: syndicats@fgtb.be Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45 Service abonnements: 02/506.82.11
UNION BELGE DU TRANSPORT
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
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La CSC veut-elle prendre de vitesse l’Europe dans le demantèlement de la loi sur le travail portuaire? La Commission «Logistique» s’est à nouveau réunie jeudi dernier à la demande de la firme 2XL. Cette réunion a d’emblée démarré dans un climat négatif. En effet, malgré la déclaration de MBZ que la piste d’une Zone Logistique Maritime séparée avait été abandonnée, les représentants patronaux ont essayé de remettre sournoisement ce point à l’ordre du jour. Subterfuge que l’UBT a immédiatement balayé de la table. Avec sa proposition, 2XL voudrait que toutes les activités intérieures (chargement et déchargement de camions; stockage; gestion des stocks; traitement, emballage et groupage de marchandises) soient effectuées par des travailleurs portuaires du contingent logistique dans un entrepôt à construire dans l’arrière-port. Pour comble, 2XL ne devrait même pas payer un cent pour l’aménagement des terrains, la construction de l’entrepôt, l’aménagement de la voie ferrée et la mise à disposition de véhicules ferroviaires. MBZ se chargerait de sous-traiter ces travaux et d’en payer la facture!
Avec l’UBT, non au dumping social! L’UBT, qui a toujours adopté une position claire, a reconfirmé celle-ci
lors de la réunion de la commission. La zone portuaire, clairement délimitée dans la Loi Major et ses arrêtés d’exécution, forme un ensemble homogène et par rapport à l’application de la loi, elle est une et indivisible.
travailleur portuaire du contingent général
Dans la zone portuaire, le travail portuaire ne peut être effectué que par des travailleurs portuaires reconnus du contingent général et/ou logistique. Toutefois, comme cela est inscrit depuis des années dans les conventions collectives et locales, il ne peut être question d’activités logistiques que lorsque les marchandises, en vue de leur distribution/expédition, subissent une transformation qui produit une valeur ajoutée identifiable. Dans le cas de 2XL, nous ne sommes absolument pas sûrs que ce soit effectivement le cas. Par conséquent, la firme tente d’arriver malgré tout à ses fins en référant à nouveau à une zone séparée où les entrepôts n’occuperaient aucun travailleur portuaire reconnu du contingent général.
Lors de la réunion, la CSC-Transcom s’est déclarée –et ce sans rougird’accord avec le discours patronal et donc avec le fait que toutes les activités intérieures seraient effectuées par des travailleurs logistiques. D’après les représentants de la CSC-Transcom, leurs membres seraient presque unanimes à partager massivement cette position. Toutefois, les échos qui nous parviennent racontent une tout autre histoire. Selon des intimes de la CSC, cette position laxiste trouverait son origine dans l’attitude «fin de carrière» du (des) négociateur(s) de Transcom. Ce faisant, ils mettent gravement en péril l’avenir de centaines de travailleurs portuaires du contingent général de Zeebrugge. Au moment où les négociations avec l’Europe sur le maintien de la loi Major arrivent dans une phase cruciale, la CSC-Transcom ouvre avec cette démarche la porte toute grande au bradage du statut du travailleur portuaire du contingent général dans le port de Zeebrugge.
No pasaran!
Loi Major: bas les pattes!
La loi Major restera d’application dans tout le port!
L’UBT est aux premiers rangs en Europe dans le combat pour le maintien de la loi Major et elle ne permettra pas que l’on mette en péril le travail portuaire par une
Soldes chez Transcom / Bradage du statut du
Les caméras intelligentes: une arme importante dans la lutte contre le dumping social Au cours de la semaine passée, l’Agence des Routes et de la Circulation a proposé de déployer des caméras intelligentes pour contrôler et sanctionner l’interdiction de doubler des poids lourds. D'où, peu après, l’UBT a renouvelé son point de vue d’il y a quelques années, selon lequel elle plaide pour l’utilisation de caméras intelligentes dans la lutte contre le dumping social. Le recours à de telles caméras donne la possibilité aux services d’inspection de vérifier si des poids lourds étrangers respectent les règles en matière de cabotage. Pendant le mandat du secrétaire d’Etat John Crombez, l’UBT a plaidé dans le cadre de la lutte contre le dumping social pour le déploiement de caméras intelligentes afin de mieux et plus efficacement contrôler et faire contrôler les poids lourds étrangers. Les caméras de contrôle du parcours, les caméras aux terminaux portuaires et aux passages des frontières étaient déjà disponibles à l’époque. Mais le secrétaire d’Etat Crombez ne disposait alors d’aucune base politique pour le déploiement effectif de caméras. Frank Moreels, secrétaire fédéral de l’UBT: «Visiblement, les esprits ont
mûri et il existe aujourd’hui effectivement une base pour l’utilisation des caméras intelligentes. Il y a sur la table la proposition récente de l’Agence des Routes et de la Circulation dont l’objectif est de contrôler
et de sanctionner l’interdiction de doubler des poids lourds au moyen de caméras intelligentes. Au cours des vacances d'été, le ministre de l’Intérieur s’est exprimé en termes élogieux à propos du système de caméra ANPR des différentes zones de police dans la lutte contre les bandes de voleurs itinérantes et les véhicules non assurés.» Des discussions en table ronde sont actuellement en cours avec le cabinet du secrétaire d’Etat à la lutte contre la fraude Tommelein afin de s’attaquer à la fraude dans le secteur des transports. Dans ce cas aussi, l’UBT a plaidé pour le déploiement de caméras intelligentes. Frank Moreels: «Le secré-
taire d’Etat Tommelein se voit ainsi offert une possibilité de s’attaquer à la fraude. Il peut réaliser de meilleurs contrôles, plus orientés et plus efficaces en déployant des
caméras intelligentes. De la sorte, les entreprises étrangères sauront qu’elles ne peuvent impunément faire travailler en Belgique des chauffeurs à bas coûts. Du fait du manque de contrôles effectifs, il est aisé pour ces entreprises d’organiser le dumping social en Belgique.» Car au moyen de ce cabotage, les entreprises de transport organisent un dumping social en employant du personnel d’Europe orientale à bas coûts de manière quasi permanente. A l’heure actuelle, les services d’inspection ne sont pas en mesure de contrôler suffisamment les activités axées sur le cabotage. Le cabotage est le transport intérieur (par exemple en Belgique) par une entreprise étrangère (par exemple bulgare) qui ne peut avoir lieu que dans le cadre d’un transport à partir de l’étranger (par exemple de la Bulgarie vers la Belgique) avec un maximum de 3 courses intérieures en 7 jours.
voie dérobée alors que les discussions avec l’Europe battent leur plein.
Une bombe sous la concertation sociale La position prise par les employeurs et la CSC-Transcom au sein de la Commission « Logistique » va droit à l’encontre de nos acquis au niveau des conditions de travail et de salaire et est donc contraire aux intérêts des travailleurs portuaires du contingent général. Elle revient ni plus ni moins à mettre une bombe sous la concertation sociale!
Marc Loridan Secrétaire fédéral Ports belges
La CSC-Transcom ira-t-elle, seule, au-devant d’une aventure incertaine au détriment de nos travailleurs portuaires? L’UBT ne tolérera jamais le bradage de la loi Major: elle exige que la firme 2XL adapte immédiatement sa proposition et abandonne définitivement la piste de la Zone Logistique Maritime séparée. Nous appelons tous les travailleurs portuaires de Zeebrugge à rester vigilants et à suivre attentivement l’évolution de ce dossier. Au besoin, nous n’hésiterons pas à diffuser un mot d’ordre clair.
Birger Victor Secrétaire régional UBT Flandre occidentale
Cars de tourisme: bientôt interdits dans le centre des grandes villes? Beaucoup de nouveaux plans de mobilité élaborés par les villes n’auront pas seulement des répercussions pour les touristes, mais aussi pour les conducteurs d’autocar. Aujourd’hui, dans certaines villes, la durée de stationnement dans le centre-ville est limitée à une demi-heure maximum. Dans d’autres villes, le centre sera bientôt interdit aux voitures. Cela donnera lieu à des situations dangereuses, aussi bien pour les passagers que pour les conducteurs. Ainsi, à Bruges, il faudra prendre les transports en commun pour rejoindre le centre-ville. A Gand, il y a également des projets dans ce sens. Pour l’UBT, il faut organiser dans les meilleurs délais une concertation sur la manière dont les autocars pourront amener leurs clients à destination dans des conditions de sécurité suffisantes.
NOS BUREAUX SERONT FERMES LE 7 OCTOBRE PROCHAIN EN RAISON DE LA MANIFESTATION NATIONALE DE LA FTGB A LAQUELLE PARTICIPENT TOUS NOS COLLABORATEURS.
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DOSSIER
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
MANIFESTATION NATIONALE > SALAIRES, STATUTS, CHÔMAGE, PENSIONS, ETC...
LE PROJET D’ACCO Chômage et p
Ce que le gouvernement vous réserve encore… Le 7 octobre, date anniversaire de la conclusion de l’accord du gouvernement Michel, la FGTB organise une grande manifestation en front commun syndical à Bruxelles pour protester contre les mesures de recul social et d’austérité prises jusqu’ici et pour réclamer un changement de cap. A côté des mesures déjà prises, il y a celles que le gouvernement compte prendre prochainement et qui sont – en principe – soumises à la concertation entre employeurs et syndicats soit au sein du Conseil national du Travail, du Comité de gestion de l’ONEm ou de l’INAMI, au sein du Groupe des 10 ou encore à la fameuse Commission nationale des pensions. «En principe» parce que le gouvernement par le passé a laissé à plusieurs reprises les interlocuteurs sociaux débattre entre eux pour ensuite ne pas tenir compte de leur avis et poursuivre la ligne qu’il s’est fixée ou opter pour la seule position des employeurs. Les dossiers sur la table sont vitaux pour les travailleurs avec ou sans emploi. Sans rapport de force et sans pression, les travailleurs risquent une fois encore de ne pas être entendus. Le point sur ces dossiers vitaux pour le monde du travail.
Salaires La révision de la loi de 1996 relative à la promotion de l’emploi et à la sauvegarde préventive de la compétitivité (loi sur la norme salariale) Cette loi crée la possibilité d’adapter de façon préventive l’évolution des coûts salariaux en Belgique sur base de l’évolution attendue des coûts salariaux chez nos principaux partenaires commerciaux que sont l’Allemagne, les Pays-Bas et la France. Elle permet de déterminer tous les deux ans une marge salariale qui déterminera à son tour la norme salariale (indicative) servant d’encadrement aux négociations sur les salaires dans les secteurs et les entreprises. La loi sur la norme salariale prévoit que les indexations et les augmentations barémiques sont toujours garanties.
Ce que le gouvernement veut: Le projet de loi du gouvernement vise à estimer l’évolution salariale en Allemagne, en France et au Pays-Bas non seulement sur base des prévisions pour les deux années mais aussi sur base des années précédentes. Ce système aura pour effet d’imposer immédiatement une «correction» de la norme salariale au lieu d’attendre le terme échu. La norme salariale risque ainsi de devenir de facto impérative et de ne laisser aucune liberté de négociation. La loi de 1996 garantit en outre l’indexation automatique et les barèmes. Le risque est grand que l’indexation et les barèmes ne soient plus garantis.
Ce que la FGTB veut: La FGTB exige une réelle concertation sur la compétitivité qui prend en compte le coût de l’énergie, l’innovation, la recherche et développement, la formation et les réductions de cotisations sociales et fiscales. La FGTB demande une réelle politique d’emploi notamment par la réduction collective du temps de travail avec maintien du salaire et embauches compensatoires. Enfin, pour la FGTB, une norme salariale doit garantir l’indexation et les barèmes. Elle doit être indicative pour respecter la liberté de négocier dans les secteurs et les entreprises.
Statut ouvriers/employés Harmonisation incomplète et remise en question des acquis Ce que veulent les employeurs: Les employeurs veulent réintroduire une période d’essai et revenir ainsi sur l’équilibre prévu dans la loi. Les barèmes liés à l’ancienneté sont régulièrement remis en question.
Ce que veut la FGTB: Les mêmes règles de préavis pour tous Dans certains secteurs, comme la construction, les règles de préavis n’ont pas été harmonisées avec celles des employés. La Cour Constitutionnelle vient d’ailleurs de condamner cette discrimination. La FGTB exige l’application d’un préavis identique et payé intégralement par l’employeur pour toutes les commissions paritaires.
Les mêmes règles de congés payés pour tous Le pécule de vacances des employés doit être harmonisé avec celui des ouvriers. Le pécule de vacances doit donc être calculé, pour tous les travailleurs, sur le salaire annuel de l’année (toutes primes comprises) précédant l’année de la prise de congés.
Le même salaire garanti préavis pour tous Le salaire garanti pour les ouvriers doit être harmonisé avec celui des employés. Pour les ouvriers, la rémunération est garantie pendant les 7 premiers jours, suivis par 7 jours avec 85,88% de la rémunération normale. Ils ont également droit, toujours à charge de leur employeur, à un pourcentage de leur rémunération du 15e au 30e jour d’incapacité. Pour les employés, l’employeur paye le salaire intégral pendant le premier mois de maladie.
Conditions de travail & fin de carrière Le travail soutenable et métiers pénibles Le débat sur le «travail soutenable» a été initié par le ministre de l’Emploi le 9 juin dernier. Il a demandé aux interlocuteurs sociaux de faire des propositions. De la définition des métiers lourds ou pénibles dépendent en effet les possibilités de sortie anticipée du marché du travail (Régime de Chômage avec Complément d’entreprise) et l’obligation ou non pour le prépensionné de rester disponible sur le marché de l’emploi, ainsi que d’un éventuel assouplissement des conditions de carrière dans le cadre d’une réforme des pensions à venir.
Pour la FGTB, les thèmes essentiels et nos positions sont: La Convention collective de travail 104 pour les travailleurs de 45 ans et plus oblige les employeurs à établir un plan d’emploi pour les travailleurs âgés. La FGTB exige que ces plans d’emploi soient réellement établis et mis en œuvre. La CCT doit également être étendue au secteur public. Concernant la charge psychosociale, le stress, le burnout et le bien-être au travail, la FGTB exige que le burnout soit reconnu comme maladie professionnelle. Il ne peut être question de toucher à la réglementation sur la prévention des risques psychosociaux. Au contraire, la FGTB exige que les secteurs établissent des plans d’action pour prévenir la pression et le stress au travail. Pour la FGTB, il faut maintenir les travailleurs âgés au travail notamment par la réduction collective du temps de travail avec maintien du salaire et embauches compensatoires. Pour la FGTB, il est inconcevable qu’on touche aux accords et barèmes salariaux liés à l’expérience et l’ancienneté. La FGTB s’opposera à toute nouvelle mesure de flexibilité et à la remise en cause des barèmes voulues par les employeurs.
La disponibilité pour les séniors… Le gouvernement veut imposer la disponibilité «adaptée» aux prépensionnés (RCC) et aux chômeurs âgés. La FGTB veut revenir à la disponibilité passive (recevoir des offres d’emploi mais ne pas devoir justifier de son comportement de recherche d’emploi) telle que convenue entre représentants des employeurs et syndicats.
… et pour les temps partiels Le gouvernement veut aussi imposer la disponibilité aux travailleurs à temps partiel avec allocation de garantie de revenus. Pour la FGTB, cette mesure est
Temps de trava & flexibilité
Simplification de la loi de travail & modernisation
Cette loi fixe les limites de temps de t plication lorsque l’employeur veut d En réclamant la modernisation de c en profiter pour introduire plus de fle temps de travail». Ce système oblige longtemps pendant certaines pério étant considérées sur une base ann
La FGTB n’est pas opposée à une rééc plus lisible et interprétable mais elle blir ou de la dénaturer.
DOSSIER
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ORD INTERPROFESSIONNEL prépensions inacceptable. Il s’agit de travailleurs et en majorité de travailleuses qui travaillent et cotisent. De plus, ces travailleurs et travailleuses sont déjà soumis à des horaires flexibles, ce qui rend difficile de compléter les horaires si on veut respecter la conciliation vie privée / vie professionnelle.
tenant limiter le nombre de jours de chômage économique par année. Pour la FGTB, cette mesure doit être supprimée car elle constitue un véritable danger de voir exploser les licenciements en cas de ralentissement de l’activité. La FGTB exige de rétablir l’allocation de chômage à 70% du salaire.
Le chômage économique limité Les employeurs font souvent appel au chômage économique lorsque les commandes baissent. Les travailleurs n’en sont bien sûr pas responsables. Ils perdent du salaire même s’ils reçoivent une indemnité de chômage. Mais ils ne perdent pas leur emploi. Le gouvernement a diminué de 5% l’allocation de chômage temporaire depuis le 1er janvier 2015. Il veut main-
ail
e 1971 sur la durée du du droit du travail
travail, ainsi que les procédures d’apdéroger au régime de travail normal. cette loi, les employeurs aimeraient exibilité, comme «l’annualisation du erait les travailleurs à travailler plus odes, les limites de temps de travail nuelle.
criture de la loi de 1971 pour la rendre s’opposera à toute volonté de l’affai-
Remettre les malades au travail Le Gouvernement veut contrôler les malades après 2 mois et leur proposer un plan d’insertion, un travail à mi-temps ou un travail adapté. Il s’agit d’une mesure purement budgétaire et une possibilité offerte aux employeurs de licencier des travailleurs et des travailleuses pour cas de force majeure sans devoir leur payer
de préavis. La FGTB s’oppose à cette mesure contraignante et vexatoire pour les travailleurs et les travailleuses. De plus, cette mesure n’a aucun sens d’un point de vue social et économique vu l’absence d’emploi disponible.
Punir les malades parce que malades Le gouvernement a l’intention de sanctionner le travailleur ou la travailleuse malade en réduisant son indemnité INAMI de 10%. Pour la FGTB, cette mesure est inacceptable.
Pensions Une pension complémentaire (2e pilier) sans garantie La pension complémentaire est souscrite par certains employeurs ou secteurs pour son personnel. Elle est souscrite sous forme d’assurance groupe avec un taux garanti par la loi de 3,25% pour les cotisations versées par l’employeur et 3,75% pour les cotisations personnelles versées par le travailleur. Ces rendement ne sont cependant plus respectés par les assurances en raison de la baisse des taux d’intérêts et c’est donc l’employeur qui est supposé remplir l’obligation légale. Ce que les employeurs veulent: Le gouvernement, les employeurs et les assurances veulent réduire le rendement garanti ce qui revient à reporter les risques des placements sur le dos des travailleurs et à rendre aléatoire le montant de leur complément de pension pourtant supposé suppléer à la faiblesse de la pension légale. Les assureurs souhaitent même réduire le rendement à 1,25% inflation comprise c’est-à-dire à zéro si l’inflation revient à un taux plus ou moins normal. Le gouvernement veut en outre lier le versement du capital au départ en pension, c’est-à-dire à 62 ans dans le «meilleur» des cas. Ce que la FGTB veut: La FGTB privilégie la pension du 1er pilier et exige de porter le minimum de la pension légale à 1.500 euros par mois. La FGTB exige pour le 2e pilier la garantie d’un rendement fixe plus l’inflation et le maintien de l’âge à 60 ans pour profiter de son capital.
Le Compte carrière Ce que veulent les employeurs: Les employeurs et le gouvernement avancent l’idée d’un compte (d’épargne) carrière qui permettrait au travailleur de capitaliser des jours (heures supplémentaires, récupérations ou congés non pris) pour aménager ultérieurement leur temps de travail ou anticiper leur départ à
la retraite. Ce système impliquerait pour les travailleurs de prester beaucoup plus d’heures pendant certaines périodes et d’épargner du temps pour travailler moins à d’autres moments. Cela revient en fait à liquider les formes d’aménagement du temps de travail ou de départ anticipé financées par la collectivité (crédit-temps) ou en partie par les employeurs (RCC) pour en faire porter le poids sur les seuls individus. Ce que veut la FGTB: La FGTB s’oppose au compte carrière parce qu’il n’apporte aucune garantie pour le travailleur et la travailleuse en matière de protection de la rémunération (par exemple en cas de changement de travail) et qu’il induit une flexibilité individuelle. La FGTB refuse de suivre une logique individuelle contraignant les travailleurs à se «crever» encore plus à court terme pour pouvoir bénéficier d’une pause plus tard. La FGTB préconise la réduction collective du temps de travail avec maintien du salaire et embauches compensatoires. La FGTB plaide également en faveur d’une planification de carrière pour chaque travailleur en veillant à ce que chaque travailleur ait droit à suffisamment de jours de formation (au moins 5 jours par an), au congé éducation
payé et à un accompagnement de carrière. La FGTB veut aussi un renforcement des possibilités en matière de crédit-temps. Particulièrement pour les travailleurs actifs au sein des petites entreprises.
La retraite à 67 ans et la pension à points Le gouvernement a porté l’âge légal de la retraite à 67 en 2030 et a relevé les conditions d’accès à la pension anticipée. Il a supprimé par ailleurs le bonus pension (complément de pension en cas de carrière prolongée après 62 ans). Il compte aussi instaurer un système de pension à points qui permettrait aux futurs gouvernements d’ajuster (vers le bas) le niveau des pensions en fonction de contraintes budgétaires. La FGTB continue à s’opposer au relèvement de l’âge de la pension à 67 ans et de la pension anticipée à 63 ans. La FGTB s’oppose au calcul à points qui aura pour conséquence de remettre en cause les années assimilées et de réduire la pension des travailleurs et travailleuses occupés à temps partiel ou ayant eu des carrières irrégulières. La FGTB exige un régime particulier pour les métiers pénibles et propose la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches com-
pensatoires. La réduction collective du temps de travail présente un coût neutre pour l’entreprise et permet de maintenir les travailleurs âgés au travail dans des conditions acceptables tout en favorisant la transmission de leur savoir aux plus jeunes pour assurer la pérennité de l’entreprise.
L’alignement vers le bas des pensions publiques Les fonctionnaires ont un système de pension plus favorable que les salariés. Leurs pensions sont plus élevées. Le calcul de leur pension porte sur les 10 dernières années de la carrière au lieu de 45 ans ; leurs années d’études comptent aussi. Ils ont un système de péréquation plus favorable qui maintient mieux le taux de remplacement du salaire. Le gouvernement veut harmoniser les pensions du privé et du public en alignant vers le bas les pensions du public. La FGTB s’oppose à l’harmonisation des régimes de pension et exige le maintien du régime en vigueur dans le secteur public (en ce compris l’assimilation des années d’études, des périodes d’occupation en tant que contractuel et le calcul du montant de la pension des fonctionnaires sur la base des dernières années...).
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> UNE AUTRE EUROPE EST POSSIBLE
> POINT DE VUE
L’Alter Summit dit «Oxi! Basta! Enough!»
Personne n’est épargné Le gouvernement de droite poursuit ses attaques à grands coups de massue sur les salaires et la protection sociale et ce à la grande satisfaction des patrons. Les coupes et restrictions touchent tout le monde. Elles vont bien au-delà de l’index et des pensions. Face à ces attaques, une seule riposte est possible: continuer à s’opposer massivement. Le 7 octobre sera un moment clé de cette opposition. Nous devrons être des milliers dans les rues de Bruxelles à faire savoir que nous voulons une autre politique. Voici trois exemples qui prouvent que le gouvernement n’épargne personne. Premier exemple. L’AGR, c’est-à-dire l’Allocation de Garantie de Revenus qui permet aux travailleurs à temps partiel - principalement des femmes - d’arriver à joindre les deux bouts. Après deux ans, ils ne recevront plus que la moitié de cette allocation. En outre, le gouvernement veut désormais qu’ils restent disponibles. Ils devraient donc se mettre à la recherche d’un second emploi à temps partiel, quasiment impossible à trouver ou difficile à combiner avec les heures flexibles qu’ils prestent déjà. Il suffit de poser la question aux travailleuses des titres-services, du secteur des soins ou du nettoyage pour comprendre. Deuxième exemple. La réintégration des travailleurs malades. Selon cette législation, les travailleurs malades depuis plus de deux mois doivent accepter un poste à temps partiel ou un emploi adapté. En cas de refus, le travailleur se voit infliger une diminution de son indemnité. Les travailleurs malades sont traités comme des paresseux. Pas un mot sur le fait que les patrons n’offrent pas d’emplois adaptés. Troisième exemple. Le chômage temporaire. Lorsqu’une entreprise rencontre des difficultés passagères, les travailleurs sont mis en chômage temporaire, ce qui évite des licenciements. Mais que se passe-t-il? Depuis le début de l’année, les allocations ont été drastiquement réduites. Et le gouvernement annonce que le nombre de jours de chômage temporaire sera lui aussi réduit. On passera donc plus vite du chômage temporaire au chômage «intemporel». Voilà la création d’emplois dont le gouvernement nous rabâche les oreilles. C’est définitivement non. Nous n’acceptons pas que nos revenus et notre protection sociale financent la crise. Cette façon d’agir ne fait que l’aggraver. Ce n’est pas en accroissant l’incertitude que l’on créera des emplois et que l’économie sortira du gouffre. Une répartition équitable est nécessaire, les grosses fortunes et les bénéfices des entreprises doivent enfin y contribuer d’une manière juste. Trouver les moyens dans le grand capital et pas dans les petits revenus, investir au lieu d’économiser, aider les gens à sortir la tête de l’eau au lieu de les y enfoncer. Voilà nos exigences. C’est pour ces raisons que nous serons dans les rues de Bruxelles le 7 octobre. Vous aussi, soyez-y.
(28 septembre 2015)
Le Conseil européen se réunira les 15 et 16 octobre 2015 à Bruxelles. C’est dans ce cadre que l’Alter Summit lance un appel à participer aux différentes actions qu’il mènera à cette occasion, entre le 15 et le 17 octobre. Le mot d’ordre est clair, c’est «stop» dans toutes les langues: oxi, basta, enough! Pour rappel, l’Alter Summit rassemble toutes les forces qui s’opposent aux politiques injustes et dangereuses. Il veut aussi imposer un retournement complet dans les politiques européennes. Son objectif est de créer un rapport de force pour aboutir à une Europe démocratique, sociale, écologique. Le réseau regroupe près de 150
organisations syndicales, mouvements sociaux, ONG, réseaux universitaires et personnalités. La Centrale Générale-FGTB soutient elle aussi ce mouvement.
Encercler le sommet européen Parmi les différentes actions prévues, citons plusieurs marches européennes organisées au départ de l’Espagne, de la France et du Luxembourg pour converger vers Bruxelles le 15 octobre afin «d’encercler» le sommet européen. Le vendredi 16 octobre sera consacré à diverses conférences à Bruxelles et Namur. Celle de
Bruxelles, coordonnée par le service international de la Centrale Générale-FGTB, prendra la forme d’une journée de réflexion sur la lutte contre le dumping social. Ce sera l’occasion pour des délégués de divers secteurs d’apporter leur témoignage sur leur vécu en la matière. Le samedi 17 octobre, dans le cadre de la journée mondiale de lutte contre la pauvreté, une manifestation européenne sera organisée à Bruxelles sous le thème «Austérité – Pauvreté». Pour plus de détails, consultez le site www.altersummit.eu.
Un accord pour la transformation du papier et la céramique Les négociations pour de nouvelles Conventions Collectives de Travail, des CCT, se poursuivent. Les secteurs de la transformation du papier et celui de la céramique sont parvenus à un accord pour la période 20152016. Voyons quels en sont les principaux axes. L’accord pour la transformation du papier prévoit la possibilité de négocier une CCT d’entreprise sur le pouvoir d’achat. En cas d’absence d’accord au 31 décembre prochain, la part patronale dans les chèques-repas augmentera de 1 euro. Ce qui permet d’avoir un accord solidaire, qui respecte la norme salariale imposée par le gouvernement tout en laissant la possibilité de négocier dans les entreprises. La sécurité d’existence en cas de chômage
temporaire passe à 6 euros par jour et tous les systèmes de RCC (ex prépension) sont prolongés. Une année en tant que travailleur intérimaire est désormais prise en compte pour le calcul de l’ancienneté. 2 jours supplémentaires de petit chômage sont octroyés. Quant à l’âge pour les emplois de fin de carrière, il est abaissé à 55 ans. Pour le secteur de la céramique, l’accord prévoit une enveloppe de
180 euros bruts par an par travailleur ou un avantage équivalent à convenir en entreprise. A défaut d’un accord, une augmentation des salaires barémiques et réels de 0,09 euro brut de l’heure sera appliquée en janvier 2016. L’accord prévoit aussi l’harmonisation des conditions de salaire et l’augmentation des chèques-repas de 0,50 euro dès janvier 2016. Le système des crédit-temps est amélioré et les systèmes de prépension sont prolongés. L’accord prévoit aussi un jour de formation par travailleur par an et l’augmentation de la sécurité d’existence de 0,25 euros dès janvier 2016. Pour vérifier si votre secteur a déjà conclu une nouvelle CCT ou pour plus de détails, rendez-vous sur le site www.accg.be.
Henri Lorent nous a quittés Henri Lorent, ancien secrétaire général de la Centrale Générale – FGTB nous a quittés le 11 septembre dernier à l’âge de 84 ans. La cérémonie d’adieu s’est déroulée en toute intimité. Originaire de Charleroi, Henri Lorent commence à militer au sein du mouvement socialiste alors qu’il n’est âgé que de 15 ans. Après la grande grève de décembre 1960 – janvier 1961, il rejoint la Centrale Générale - FGTB de Charleroi. Et en 1968, il est devient secrétaire fédéral à Bruxelles. En tant que secrétaire général, Henri Lorent a toujours accordé une grande importance au service d’études et au service social. La formation des militants lui tenait particulièrement à cœur, c’est ce qu’il appelait une traite sur l’avenir.
Werner Van Heetvelde président
Robert Vertenueil secrétaire général
Henri Lorent s’est toujours battu pour le maintien d’une sécurité sociale sur base nationale. Il était aussi un fervent défenseur de la démocratie et de la liberté d’expression. Nous garderons en mémoire son travail et son engagement et nous présentons à son épouse Helena ainsi qu’à sa famille nos plus sincères condoléances.
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
> SECTEUR DES TITRES-SERVICES
Le secteur repasse dans le vert La hausse du prix des titres-services va conduire au déclin du système. Voilà en substance l’argument que les employeurs avancent dès que les syndicats revendiquent de meilleures conditions pour les travailleuses du système. Aujourd’hui, la diffusion de chiffres par l’ONEM semble prouver le contraire. De manière générale, le secteur repart à la hausse même si, en raison de la régionalisation, cette tendance n’est pas marquée dans les trois régions. Pour le premier semestre 2015, on observe une nouvelle augmentation du nombre de titres achetés après la baisse enregistrée en 20132014. Baisse qui était en grande partie due à l’augmentation du prix au 1er janvier 2014 et qui a eu pour résultat l’achat d’un nombre exceptionnellement élevé de titres fin 2013. Mais le plus important, et contrairement aux affirmations alarmantes des employeurs, il semble que cette majoration du prix ne provoque pas une baisse de la demande de titres-services sur le long terme.
Les effets de la régionalisation
Par contre, si on se penche sur le nombre de titres remboursés aux entreprises, nous constatons des tendances différentes d’une région à l’autre. Tant en Flandre qu’en région bruxelloise, le nombre de titres remboursés augmente de manière importante. En Flandre, c’est la tendance déjà constatée en 20132014 qui se poursuit alors que pour Bruxelles, on passe d’une légère baisse en 2013-2014 à une augmentation pour 2015. Ce changement s’explique en grande partie par la régionalisation du système des titres-services. Ainsi, 2015 est une année de transition au cours de laquelle les entreprises ayant leur siège social à Bruxelles, mais avec
des sièges d’exploitations partout en Belgique, doivent introduire leurs chèques pour remboursement dans la région de Bruxelles Capitale. Situation qui a un impact négatif sur la Wallonie. La situation devrait se normaliser en 2016, dès que toutes les Régions auront leurs propres chèques. Les chèques récoltés par les sièges d’exploitations devront alors être introduits dans la région du client. Evidemment, même si ces chiffres sont plutôt encourageants, ils suscitent d’autres préoccupations, notamment en ce qui concerne la faisabilité budgétaire. Mais pour l’heure, pas de craintes excessives.
Augmentation des frais administratifs Autre conséquence de la régionalisation, les frais d’impression des titres-services sont désormais pris en charge par les régions, ce qui ne permet plus de faire d’économie d’échelle. Pour la région bruxelloise, on sait d’ores et déjà que cela engendre un doublement des frais administratifs. Même si ceux-ci ne représentent qu’un pourcent de la facture totale, c’est malgré tout un coût supplémentaire dont il faudra aussi tenir compte.
Carton rouge pour le Qatar et la FIFA La Coupe du Monde de Football de 2022 aura lieu au Qatar. Des milliers de travailleurs originaires des Philippines, du Népal et d’Indonésie travaillent à la construction des stades, routes et aéroports. Ces migrants sont exploités et traités comme des esclaves des temps modernes. L’IBB, l’organisation syndicale internationale de la construction, organise une campagne de sensibilisation. Le message est clair: pas de coupe du monde au Qatar sans droits élémentaires pour les travailleurs. En outre, la FIFA, organisatrice de l’événement, a elle aussi du sang sur les mains dans la mesure où elle n’oblige pas le Qatar a respecter les droits élémentaires des travailleurs. Tant que rien ne bouge, nous continuerons à donner des cartons rouges au Qatar et à la FIFA. Ce fut encore le cas lors de la fête populaire Manifiesta organisée à Bredene.
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La Centrale Générale FGTB recrute Vous trouverez l’offre complète sur notre site www.accg.be
IT manager La fonction • Vous êtes responsable, avec votre équipe, de la conception de différents projets liés aux TIC. • Vous assurez la gestion quotidienne du service informatique. • Vous établissez un plan TIC cohérent.
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Intéressé? Envoyez-nous votre curriculum vitae et votre lettre de motivation au plus tard le 23 octobre 2015 par mail à l’adresse jobs@accg.be ou par courrier à La Centrale Générale - FGTB à l’attention du Président Werner Van Heetvelde, rue Haute 26-28 – 1000 Bruxelles.
> VICTOIRE DES OUVRIERS DE LA CONSTRUCTION
Les préavis discriminatoires sont annulés La Cour constitutionnelle vient de donner raison aux ouvriers de la construction. Personne ne peut être victime de discrimination en cas de licenciement. Les ouvriers de la construction qui travaillent sur des chantiers mobiles bénéficieront donc eux aussi des mêmes préavis que tous les autres travailleurs. Il y a un an, les délais de préavis des ouvriers et des employés étaient assimilés. Il s’agissait d’une étape importante dans l’uniformisation des statuts des travailleurs du secteur du privé. Il subsistait néanmoins une dérogation inacceptable pour les travailleurs sur chantiers mobiles. Une dérogation permanente qui visait principalement les ouvriers de la construction. En outre, ils ne pouvaient également pas bénéficier d’indemnités compensatoires de licenciement. Les syndicats ont dénoncé cette discrimination devant la Cour constitutionnelle. Et la justice vient de leur donner raison. Ces dispositions sont annulées. Il reste cependant une dérogation temporaire jusqu’en 2018 qui vaut aussi pour les travailleurs d’autres secteurs. Mais à partir du 1er janvier 2018, tous les travailleurs bénéficieront des mêmes droits en matière de préavis, y compris les ouvriers de la construction.
> TRAVAIL EN ÉQUIPES ET DE NUIT (3)
Les cadeaux pour les employeurs, les problèmes pour les travailleurs A l’origine, le travail en équipes et de nuit n’était autorisé que pour des raisons technologiques, organisationnelles, de santé publique ou encore de sécurité. Or, depuis 2004, le gouvernement octroie des exonérations de plus en plus importantes sur le précompte professionnel pour ce type de travail ce qui pousse les employeurs à recourir au travail en équipes ou de nuit sans autre justification que l’appât du gain. C’est la situation que nous dénoncions dans notre précédente édition. Mais qu’en est-il de la santé des travailleurs? Il est un fait avéré, le travail en équipes et de nuit a des conséquences néfastes sur la santé des travailleurs. Pire, ce sont les travailleurs qui financent eux-mêmes une partie de leur travail en y laissant souvent au passage leur santé et parfois même leur famille, amis et vie sociale.
Des troubles du sommeil Le travail posté ou de nuit a pour
première conséquence des troubles du sommeil. Près de 10% des travailleurs concernés souffrent d’insomnies. Des troubles qui révèlent une mauvaise tolérance à ces horaires élastiques et qui les exposeraient à un risque de morbidité élevé. On constate aussi plus d’accidents, d’absentéisme, de dépressions et de troubles dans les activités familiales ou sociales chez les travailleurs postés. Les rapports annuels
du Fonds des Accidents du Travail montrent un pic des accidents vers 4 heures du matin et un pourcentage plus élevé d’accidents de la route chez les travailleurs en fin de la pause de nuit.
Travail de nuit «cancérogène» Plus grave encore, le centre International de recherche sur le Cancer vient récemment de classer le
travail de nuit comme probablement cancérogène. De même, les femmes travaillant de nuit depuis longtemps ont un risque plus élevé de développer un cancer du sein. Le travail de nuit accroît également le risque d’apparition ou de développement de tumeurs.
Un coût pour la sécurité sociale De manière plus générale, le travail en équipes et de nuit occasionne une surconsommation de médicaments, notamment des psychotropes, mais également des anxiolytiques, des médicaments hypnotiques, des sédatifs et des antidépresseurs. Tout cela a évidemment un coût important pour la sécurité sociale. La santé du travailleur, sa vie sociale et la sécurité sociale sont donc les grandes perdantes de ce jeu de
Les exonérations de plus en plus importantes sur le travail de nuit incitent à plus de travail de nuit. Mais plus de travail de nuit, c’est aussi plus de problèmes de santé. Au final, ce sont les travailleurs et la sécurité sociale qui en font les frais. dupes. Ces exonérations accordées aux entreprises participent à la déstructuration du travail. Ce que la Centrale Générale-FGTB dénonce, ce n’est pas le recours au travail en équipes ou de nuit pour les professions ou activités qui ne peuvent s’en passer, mais bien l’octroi d’incitants financiers qui encouragent les entreprises à y recourir dans un but purement financier, au détriment de la santé des travailleurs.
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MÉTAL
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
> POINT DE VUE
Indignons-nous C ’est l’automne des défis. Ce sera sans doute aussi l’hiver des défis. Deux saisons 2015/2016 qui sont, pour la gauche et la solidarité, celles de deux immenses challenges.
Le premier, c’est notre lutte contre la politique du gouvernement Michel. Le combat est enclenché, à nous de le poursuivre. Le second, c’est de faire en sorte que ce pays et ses autorités se conduisent envers les demandeurs d’asile qui frappent à la porte de l’Europe avec ce sens de l’humain et du respect des autres qui fait que parfois, comme dans certains dossiers éthiques (tels le droit de mourir dans la dignité ou de choisir librement son modèle familial), nous sommes à la pointe du monde. Ces deux défis qu’il faut relever ont une même origine: l’incapacité du système capitaliste à déboucher sur un monde juste, généreux, où tous trouvent leur place. Les Irakiens, les Syriens, et tous les Africains entre autres qui s’embarquent sur des rafiots pourris pour traverser la Méditerranée fuient la misère, la guerre, bien souvent les deux. Mais ces guerres, cette misère, ont une seule et même origine: nous-
mêmes et le système dans lequel nous vivons. L’Irak, la Syrie, la Lybie sont à feu et à sang au nom d’intérêts qui sentent mauvais le pétrole et la volonté de contrôler de grands axes de communication mondiaux. L’Afrique noire crève pour que nous puissions prospérer de son exploitation. «Ça ne sert
à rien de s’occuper des nouveaux arrivants, empêchons-les d’entrer mais réglons les problèmes là-bas, à la source», entend-on souvent de la bouche des «bonnes âmes» qui peuplent les cafés du commerce des réseaux sociaux. Comme si «régler le problème» à la source n’était pas d’abord remettre en cause les fondements mêmes du monde dans lequel nous vivons. Leur discours n’est au fond jamais qu’un alibi à ne rien faire, à se calfeutrer chez soi. On s’étonne des barbelés à la frontière hongroise, mais combien d’Européens ne sont pas, dans leur for intérieur, heureux que les Hongrois fassent le sale boulot? La Hongrie, membre d’une Europe née d’une volonté de paix et de démocratie, de justice sociale et d’égalité, est devenue pour d’aucuns une sorte de garde-chiourme pas sympathique mais efficace. Et personne ne pense envoyer làbas une Troïka comme on l’a fait pour les Grecs, doublement cou-
pables d’avoir respecté les règles de la démocratie mais pas celles du capitalisme financier. Ceux qui sont à nos frontières, aujourd’hui, ne sont pas des demandeurs d’asile, des réfugiés ou des migrants. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants. Nous devons les aider. Les flux d’hommes d’un pays vers l’autre sont une constante de l’histoire humaine. Nous en avons eu notre lot, ici en Belgique, et pas plus tard qu’au siècle dernier. Ces gens que nous avons accueillis ont enrichi notre pays, l’ont ouvert au monde encore un peu plus. Et ces gens qui arrivent ne seront pas les derniers sauf si justement, on change les règles du système de fond en comble. Mais comment y croire aujourd’hui? Nous devons donc les aider. Gagner leur cause, d’abord, dans l’opinion publique. Vous l’aurez remarqué comme moi, dans de nombreux milieux, un discours de rejet s’installe. Il frappe même certains que nous aurions pu il y a peu considérer comme «de gauche», il percole dans les réseaux «sociaux», il transpire dans les médias, dans les congrès politiques, dans les décisions… Le refus de l’autre s’installe, sournoisement. Et quand un secré-
taire d’Etat propose de financer des campagnes de publicité à l’étranger sur le thème «ne venez pas chez nous», ce qui est spectaculaire, surtout, c’est le peu de réactions que cela suscite. On annonce cela comme s’il s’agissait d’un banal achat d’espace promotionnel, on se dit qu’après tout le type est d’extrême-droite, et de là à penser qu’il n’a pas tort… Comme paraît loin le succès du livre de Stéphane Hessel en 2010, «Indignez-vous». Oh oui, indignons-nous donc. Révoltons-nous contre le sort que le gouvernement fait aux demandeurs d’asile déjà chez nous : traités dans des conditions de vie inférieures aux critères du Haut Commissariat aux Réfugiés, confrontés à une administration submergée et d’ailleurs, comme Fedasil, largement en train de disparaître pour raison d’économies budgétaires. Et voilà des patrons qui prospectent dans les files après avoir constaté que ces nouveaux arrivants étaient souvent diplômés et anglophones; après tout, ne serait-ce pas une bonne réserve de main-d’œuvre, pas chère, corvéable, le rêve de tout patron, une sorte de robot en somme, mais qui serait vivant? Des citoyens ont dû s’organiser
pour que les choses se passent mieux, ou moins mal. C’est réjouissant, parce que ça montre que le sens de la solidarité n’a pas déserté. C’est terrible, parce que cela veut dire que les pouvoirs publics ont été rendus incapables de remplir leur mission et donc que le système dans lequel nous vivons a encore gagné, contre nous, contre ces hommes et ces femmes qui le fuyaient. Nous pouvons aider. Par nos dons. Par une participation aux structures qui, au sein de la FGTB, coordonnent ce combat. Par notre indignation enfin, contre cette façon de gouverner. Deux défis, écrivais-je au début… Ou bien plutôt deux facettes d’un seul défi: mettre à terre une politique, celle de la droite et de la finance.
Nico Cué Secrétaire général de la MWB
Du vote de «l’espoir» au vote de la «confirmation» e peuple grec a largement voté pour le maintien au pouvoir du parti Syriza après cinq années d’austérité sans précédent, après l’espoir suscité par la victoire de la gauche le 25 janvier, après l’agression européenne contre ce gouvernement, après la tenue d’un référendum qui a provoqué une panique dans l’UE et le «non» courageux qui a suivi, après la recrudescence de l’agressivité européenne, Allemagne en tête, après un nouveau plan d’austérité «négocié» sous la menace du Grexit mais qui ouvre la porte à une révision de la dette et surtout après le départ d’une quarantaine de députés de Syriza qui ont fondé un parti, «Unité populaire», provoquant ainsi la chute du gouvernement suivie d’un sursaut de la droite et de la social-démocratie. Les Grecs donnent une deuxième chance à la gauche et surtout ils lui donnent l’occasion de gouverner et d’appliquer des valeurs de gauche à la gestion du pays.
L
Cette victoire a aussi une portée européenne car elle va sûrement influencer des scrutins majeurs en Espagne, au Portugal et en Irlande. Elle montre que l’arrivée de la gauche au pouvoir n’était
pas une parenthèse ou un vote «sanction». Il y a beaucoup de leçons à tirer de la situation grecque et de toute l’évolution politico-sociale de ces dernières années. La population subit une paupérisation extrême qui amène une misère dévastatrice, qui tue. Elle doit aussi faire face à l’afflux de dizaines de milliers de réfugiés dont le parti néo-nazi «Aube dorée» se saisit comme tribune. Loin de tomber dans ce piège de l’extrême droite (qui a rassemblé 7% des voix aux dernières élections) – une extrême droite qui monte dans beaucoup de pays et est même parfois déjà au pouvoir (je pense à la Belgique avec la N-VA) -, elle a redonné sa confiance à la gauche. Ce résultat est le fruit d’un travail en profondeur sur le terrain avec la création de mécanismes de solidarité qui agissent dans la vie de tous les jours tout en faisant reculer fortement l’influence des discours populistes de l’extrême droite.
Dans une Europe qui applique un néolibéralisme pur et dur, une Europe qui devient dangereuse pour sa population avec son absence de réaction face à des gouvernements fascistes, une Europe qui s’enferme derrière des murs, nous devons plus que jamais appliquer nos valeurs et apporter des réponses autant théoriques que pratiques. Je suis sûr qu’il est possible de se battre, de la faire changer de cap, il faut commencer dès maintenant dans nos familles, dans le cercle de nos amis, dans nos quartiers,
dans nos villes, nos pays et nous devons surtout être convaincus nous-mêmes par une vie meilleure remplie de valeurs humaines. Comme disent les Grecs: «Ne baisse jamais la tête sauf pour lacer tes chaussures et sortir dans la rue …».
Constant Koumbounis Délégué MWB-FGTB COFELY-FABRICOM
Retrouvez les chroniques de Paul, incisives et impertinentes, tous les 15 jours sur notre site metallos.be. Pour cette première, Paul s’en prend aux visites domiciliaires… et de quelle belle manière! Ces mêmes chroniques sont disponibles en néerlandais sur la partie «NL» de notre site. Merci à notre camarade Eddy pour sa précieuse collaboration!
ALIMENTATION - HORECA - SERVICES
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
La détérioration du climat social D epuis 2014, nos travailleurs se trouvent du côté où l’on reçoit les coups.
Les entreprises épargnent sur toute une série de dépenses, ce qui oblige les travailleurs à être de plus en plus flexibles. Le gouvernement fait des économies, ce qui a pour conséquence que les travailleurs perdent de plus en plus de pouvoir d’achat et qu’ils ont du mal à maintenir la tête hors de l’eau. À l’heure actuelle, les entreprises sont souvent dirigées à partir d’un siège européen. Par conséquent, les directions locales ne savent plus très bien comment réaliser leurs tâches. C’est une réalité qui se présente de plus en plus.
nos secteurs. Un restaurant ou une PME de l’industrie alimentaire sont plutôt des entreprises gérées par un entrepreneur local. Et pourtant, nous constatons ce même phénomène. Il semble être nécessaire qu’une entreprise puisse dire que ses travailleurs sont très flexibles et que toute une série de systèmes de contrôle font fonctionner l’entreprise d’une manière optimale. Par le passé, les critères sociaux étaient primordiaux pour acheter des produits : les conditions de travail dans lesquelles les produits ont été fabriqués étaient-elles assez sociales? Entre-temps, ce souci a disparu de notre économie. La concurrence est tellement forte que les entreprises économisent sur tous les niveaux
possibles. Et nous constatons que les travailleurs suivent également cette logique.
Nous constatons également que bon nombre de nos travailleurs sont victimes d’un burn-out. Finir à cinq heures et ensuite pouvoir tourner la page sans conséquences psychologiques jusqu’au lendemain appartient définitivement au passé. Les travailleurs sont devenus les victimes de la vitesse de la vie. Chaque jour, nous devons être au boulot à temps, nous devons conduire et aller chercher les enfants à temps, etc. Quand nous estimons normal d’avoir besoin d’un agenda pour organiser notre vie quotidienne, il y a tout de même quelque chose qui ne fonctionne pas.
Qu’y a-t-il de mal à s’ennuyer une heure par jour? Cela ne peut que nous être bénéficiaire. En effet, le cerveau a besoin de repos pour ensuite travailler à nouveau à plein régime. Un burn-out ne se manifeste pas uniquement chez les personnes qui souffrent d’un stress énorme et qui occupent des fonctions importantes. Cela n’a d’ailleurs jamais été le cas. Or, c’est un poison qui s’infiltre dans notre société de prestation. À partir de la naissance, jusqu’à la mort, la société attend de nous que nous soyons les meilleurs à tous les niveaux. Pouvez-vous changer quelque chose, vous-même, à cette situation? Probablement oui, même
si bon nombre de facteurs sont déterminés par la situation dans laquelle vous avez sombré. Vous pouvez avoir réussi au niveau professionnel, et en même temps éprouver des difficultés dans votre vie privée. Vous pouvez être très intelligent, mais ne pas recevoir les opportunités que vous méritez. Bref, il est nécessaire que notre société fasse des ajustements et que nous n’imposions à nos enfants des normes impossibles à réaliser.
Yvan DE JONGE Secrétaire Régional FGTB HORVAL Anvers
Ce problème se pose moins dans
La FGTB Horval Anvers investit Cargill Manage: une cynique préméditation dans les activités sportives pour les affiliés et les militants La direction de Cargill Belgium à Manage a annoncé le 10 septembre son intention de fermeture du site qu’elle a acquis… le 31 juillet dernier! ADM DE Zaan avait vendu sa «branche» chocolat à Cargill il y a moins de 2 mois. Le site de Manage compte 23 ouvriers et 7 employés. Cette attitude laisse clairement à penser que Cargill est venu faire son shopping à Manage. Il semble, en effet, que la seule volonté de Cargill était de s’approprier le portefeuille de clients de son concurrent. La direction du groupe n’a jamais voulu développer un projet industriel concret à Manage. FGTB HORVAL compte bien mettre tout en œuvre pour éviter la fermeture définitive du site. Si la fermeture ne peut être évitée, FGTB HORVAL étudie également la possibilité de reclasser les travailleurs sur d’autres sites de production de Cargill en Belgique (Anvers et Mouscron). Dans ce dossier, il n’est sûrement pas exagéré d’affirmer que le géant agroalimentaire international Cargill a purement et simplement racheté fin juillet son concurrent dans le seul but de l’éteindre plutôt que de l’absorber. Les organisations syndicales étaient déjà très méfiantes lors de ce rachat car la nouvelle direction se refusait à toute communication: on comprend maintenant pourquoi ce mutisme… Le reclassement à Mouscron pourrait être une solution acceptable. Cargill y a investi 35 millions d’euros récemment ; le site tourne 7 jours sur 7 et les possibilités de développement sont encore nombreuses. La phase d’information de la procédure Renault a débuté dès l’annonce de la fermeture. Le groupe américain Cargill créé en 1875 possède 75 enseignes et emploie 140.000 personnes dans 67 pays. En 2014, son chiffre d’affaires s’élevait à 134 milliards de dollars. Comme le rapporte le célèbre magazine Forbes dans son classement des personnes les plus riches de la planète, la famille Cargill compte 14 milliardaires, plus que n’importe quelle autre famille dans le monde. A titre d’exemple, si la famille Cargill était un pays, elle compterait autant de milliardaires qu’Israël ou la Suède. Ces données chiffrées donnent le tournis et laisse surtout un goût amer dans la bouche des travailleurs du site de Manage. Si le reclassement de chaque travailleur s’avère impossible la FGTB HORVAL se battra bec et ongles pour avoir un plan social digne du nom de Cargill.
Michaël HERBOTS Secrétaire Permanent CCMBW (Charleroi-Centre-Mons-Brabant wallon)
uisqu’il est important de faire de l’exercice, notre section investit dans les activités sportives pour les affiliés et les militants. Cela crée une dynamique spéciale et approche les militants d’une autre manière.
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En août, 12 personnes de notre section ont participé à la Dodentocht à Bornem, une marche de 100 km à parcourir en 24 heures. C’était un grand défi et finalement, 4 participants ont atteint la ligne d’arrivée. Tout le monde a pu dépasser ses limites. Beaucoup de gens ont éprouvé des difficultés à plusieurs reprises au cours de la marche. Début septembre, notre section a participé à la première Havenrun à Anvers. Il s’agit d’une course de 15 km à travers le port anversois qui arrive à l’ancienne usine d’Opel. Notre équipe se composait de 10 participants qui ont chacun réalisé un bon temps.
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EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
> SUNDAY SHOP-DAY
> POINT DE VUE
La résistance est et reste nécessaire La manifestation du 07/10 sera une réussite Quelques jours nous séparent encore de la manifestation nationale du 7 octobre. Tous nos militants sont sur la brèche du matin au soir pour convaincre le plus d’employés et de cadres possible de se rendre à Bruxelles. Et c’est plus que nécessaire. Nous continuerons de lutter contre ce gouvernement, qui ne sert que les intérêts des employeurs et des riches. La résistance ne s’arrêtera donc pas le 7 octobre. Elle se poursuivra jusqu’à ce qu’une autre politique soit menée. Une politique basée sur la solidarité, opposée à une austérité néfaste pour l’économie et les travailleurs. Une politique où les épaules les plus larges portent les charges les plus lourdes. Une politique offrant à tous les citoyens de ce pays le droit à une existence digne, ainsi que toutes les chances de l’atteindre sans crainte de la pauvreté. Jeunes et vieux, hommes et femmes, travailleurs d’ici et d’origine étrangère, et donc aussi les réfugiés, qui n’ont d’autre choix que de chercher une existence digne ailleurs que dans leur propre pays, déchiré et détruit par la guerre.
Votre pension complémentaire en danger Sur la base d’un salaire moyen et d’une carrière complète, le ratio de remplacement de la pension légale s’élève à quelque 40%. L’un des plus faibles en Europe, ce qui est donc largement insuffisant. Le premier pilier doit être revalorisé d’urgence ! Et cette solution a d’ailleurs notre préférence. Entre-temps, nous ne pouvons passer à côté du fait que 75% de travailleurs (90% des employés et cadres) ont une pension complémentaire dans le privé, précisément parce que la pension légale est insuffisante pour mener une vie correcte en tant que pensionné. Et bien que ce gouvernement avance que les pensions complémentaires doivent être élargies et renforcées, sa politique en la matière est plutôt dissuasive pour les travailleurs. Le Gouvernement remet en effet le rendement légal garanti de 3,25% (contribution des employeurs) et 3,75% (contribution des travailleurs) en question. Pour le plus grand bonheur des employeurs et des assureurs. Ils prétendent qu’ils ne peuvent pas payer ce rendement. Alors que ces 10 dernières années, le rendement moyen était largement supérieur à 4% ! Les travailleurs ayant une carrière complète et un salaire moyen perdront 20 à 30.000 euros de leur capital. Après le saut d’index, les employeurs veulent faire avaler cette nouvelle pilule amère aux travailleurs.
En cas de décès: perte du 2ème pilier Et cela ne suffit pas encore. Le Gouvernement veut relever drastiquement l’âge auquel vous pouvez demander votre pension complémentaire. Fini les projets que vous aviez faits. Cela signifie également un moindre rendement, puisqu’on n’en a pas prévu pour les capitaux «dormants». Et si par malchance, vous veniez à décéder après avoir arrêté de travailler (par exemple en cas de RCC) et avant d’avoir atteint l’âge relevé (63 ans, mais à l’avenir, probablement 65, 66 ou 67 ans), vos héritiers n’auraient PAS droit au MOINDRE EURO. Toutes vos réserves constituées resteraient dans les caisses de l’assureur. Un scandale!
Suffisamment de raisons pour clamer haut et fort, et en masse, le 7/10: Stop! Il faut que cela change!
Dimanche shopping, dimanche au travail Le dimanche 4 octobre, bon nombre de magasins ouvriront leurs portes. Sous l’impulsion de Comeos (la fédération des employeurs du commerce) se tiendra en effet le Sunday Shop Day, une journée dominicale spécialement placée sous le signe du shopping. Tout est mis en œuvre pour attirer les acheteurs: publicité massive, actions spéciales, animations, concours, etc. Comeos met également le paquet pour inciter le maximum de communes et de commerçants à se joindre au mouvement. Pour eux, cet événement est à nouveau l’occasion de remettre sur le tapis la problématique du travail du dimanche et de l’élargissement des heures d’ouverture dans le commerce. Une façon de mettre à nouveau la pression sur les travailleurs… Le dimanche, jour de repos? Depuis toujours, d’un point de vue légal, le dimanche est considéré comme un jour de repos. Pourtant, au fil du temps, les règles se sont peu à peu assouplies, des exceptions ont été accordées et le travail du dimanche s’est développé, sous certaines conditions, en particulier dans le secteur du commerce. Pour certains types de commerces (comme les boulangeries, boucheries, etc.), le travail du dimanche est dorénavant autorisé toute la journée et durant toute l’année. Pour d’autres, uniquement le matin et à conditions de respecter certains principes (comme l’obligation de ne pas ouvrir les portes avant 13h le lundi). La loi accorde également aux employeurs du commerce le droit d’ouvrir jusqu’à 6 dimanches par an (c’est dans ce cadre que se tient le Sunday ShopDay et c’est souvent le cas pendant les périodes de fêtes, soldes, etc.). Enfin, les magasins situés dans des zones dites touristiques, balnéaires ou climatiques (et qui sont reconnus comme tels d’après certains critères bien précis) peuvent également occuper du personnel le
dimanche pendant la période du 1er mai au 30 septembre, durant les vacances de Pâques et de Noël et 13 autres dimanche par an. On le constate -: que ce soit dans les grandes surfaces ou les plus petits commerces, dans les zones dites «touristiques», à la côte, la problématique du travail le dimanche est omniprésente. Le panel des possibilités pour les employeurs de «faire des affaires» ce jour de la semaine est assez large, pourtant Comeos se bat depuis plusieurs années pour avoir encore plus de magasins ouverts le dimanche.
Les politiques aussi s’en mêlent… Et il n’y a pas que les employeurs qui verraient bien s’élargir encore un peu plus les possibilités en la matière. Le monde politique s’est également immiscé dans le débat. Au cours des derniers mois, plusieurs responsables politiques ont effet introduit des propositions de loi visant à élargir les heures d’ouverture du commerce. Nous avons déjà dénoncé à plusieurs reprises la proposition de M. Vincent Van Quickenborne
Le temps passé sur le chemin du travail est du temps de travail
L’affaire devant la Cour européenne concernait un travailleur effectuant des réparations d’entretien chez des clients en journée. Pour l’employeur, le temps de travail du technicien concerné ne durait que de la visite au premier client à la fin de sa visite au dernier client. Les trajets aller et retour n’en faisaient pas partie.
Erwin De Deyn, Président du SETCa
Travail du dimanche: limité et exceptionnel Comeos met le paquet pour faire de son Sunday Shop-Day un succès et démontrer la valeur-ajoutée de l’ouverture des magasins le dimanche. De notre côté, nous continuerons à tout en œuvre mettre pour préserver les intérêts des travailleurs du commerce et le respect de l’équilibre vie privée/ vie professionnelle. Le travail du dimanche doit être limité et doit rester exceptionnel. Les possibilités d’ouvertures sont déjà suffisamment nombreuses pour que chacun (employeurs, consommateurs, communes) y trouve son compte. Les travailleurs du commerce ont le droit, eux aussi, de profiter de leur dimanche! Pour tout savoir sur les règles en matière de travail du dimanche, consultez notre brochure Expresso sur le sujet! http://www.setca.org/News/ Pages/14017-expresso%20commerce%20travail%20dimancheweb.pdf
> PAS DE LIEU DE TRAVAIL FIXE?
Nouvelle rare: la Cour européenne de Justice apporte une note sociale positive à l’UE. Elle a confirmé que les déplacements domicile-lieu de travail pouvaient parfois aussi constituer du temps de travail. Par cette décision, la Cour se met au diapason de la jurisprudence belge, une bonne nouvelle (par exemple) pour les représentants de commerce et les infirmiers à domicile.
Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa
qui propose d’élargir les heures d’ouverture des magasins de 5h à 22h. D’autres propositions de loi, qui sont actuellement à l’étude, prévoient également l’assouplissement de certaines règles et critères (notamment pour les zones touristiques) qui pourraient augmenter à nouveau la flexibilité des travailleurs. Pour le SETCa, cette matière, son encadrement et ses limites doivent strictement rester dans les mains des interlocuteurs sociaux. Ces initiatives constituent un véritable danger pour les conditions de travail du personnel du commerce.
La Cour n’a pas suivi ce raisonnement, à raison: ce n’est en effet pas le travailleur qui exerce un contrôle sur son trajet vers le client ou de retour à partir de ce dernier, mais bien l’employeur. La Cour confirme ainsi ce que certains tribunaux belges avaient déjà décidé. Ce jugement a pour effet que, désormais, plus aucun tribunal belge ne pourra encore le contester. Cela vaut pour les travailleurs sans lieu de travail «fixe», nous pensons par là aux représentants de commerce, aux techniciens d’entretien et aux infirmiers à domicile. Vous avez le sentiment que ces droits ne sont pas respectés chez vous? Parlez-en à votre section régionale SETCa!
• Decathlon: l’entreprise foule toujours au pied la concertation sociale en Belgique et continue d’engager des intérimaires sans l’accord des délégués. Lors de la dernière réunion en commission paritaire, les organisations syndicales ont exigé que Coméos, la fédération des employeurs du commerce, prenne ses responsabilités et force Décathlon à respecter la concertation sociale. • Longtain | Industrie | Centre: Une offre de reprise a été déposée par le groupe Fascella. Elle prévoirait la reprise de 12 travailleurs (avec maintien de l’ancienneté) et la constitution rapide d’une réserve de 12 autres emplois. Le tribunal de Commerce se prononcera prochainement sur l’offre du candidat repreneur.
EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES
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> CALL-CENTERS
Flexibilité à la carte, aussi en matière de contrat de travail Dans la société ultra-connectée dans laquelle nous évoluons, les centres d’appel se sont implantés un peu partout. Depuis plusieurs années, le nombre de call-centers augmente en Belgique et dans le reste du monde. Les travailleurs y sont également de plus en plus nombreux. Les conditions de travail y sont souvent pénibles et le dialogue social reste particulièrement difficile dans ces entreprises. Petit tour d’horizon avec Jean-Pierre Boninsegna et Erwin de Deyn, responsables du secteur des Services. Jean-Pierre Boninsegna: «Dans les call cen-
ters, la pression sur les travailleurs est au maximum. La concurrence qui règne dans le secteur est telle que les clients en profitent: ils sont de plus en plus exigeants. Au final, ce sont les travailleurs qui trinquent: la charge de travail va en s’amplifiant et le stress est omniprésent.» Erwin De Deyn: «A côté des objectifs à at-
teindre et des résultats qui doivent suivre, on demande aussi aux travailleurs beaucoup de flexibilité. Ils doivent faire face à des horaires difficiles ainsi qu’à des contrats temporaires et précaires.»
Cette année, la campagne mondiale organisée par UNI met justement l’accent sur cette insécurité d’emploi qui caractérise le secteur. E.D.D.: «Pour pouvoir répondre aux exi-
gences toujours plus élevées des clients, les employeurs réclament une flexibilité à la carte des travailleurs également en matière de contrat de travail. Beaucoup de travailleurs ont le sentiment de n’être qu’un numéro et de risquer de passer à la trappe du jour au lendemain.»
J.P.B.: «Les call-centers ont souvent massive-
ment recours à des travailleurs intérimaires. Dans certaines entreprises, ceux-ci peuvent représenter jusque la moitié du personnel. Le taux de turn-over y est inquiétant... Les organisations syndicales dénoncent cette situation: il est nécessaire de mettre en place des contrats offrant des garanties à long terme aux travailleurs. Des contrats fixes et équitables!».
La Belgique est-elle un cas isolé? J.P.B.: «Certainement pas. Ce sont tous
les travailleurs des call-centers à l’échelle mondiale qui sont concernés par ces difficultés, à des degrés divers. Si nous voulons faire évoluer les choses, il est nécessaire de développer une coordination entre les pays autour de cette problématique.» E.D.D.: «Il faut également continuer à se
battre pour instaurer une plus grande représentation syndicale dans les call-centers. Ce n’est que de cette manière qu’on pourra continuer à améliorer le dialogue social et les droits des travailleurs.»
L’euro doit être réformé Les dramatiques évènements de l’été poussent même les plus grands europhiles à l’introspection. La façon dont l’Europe a imposé une décision à l’un de ses États membres est sans précédent. L’euro a été créé pour tisser des liens entre les peuples et les gens, mais la politique d’austérité néo-libérale – menée au nom de la monnaie – entraîne une polarisation toujours plus importante. Pour le SETCa, la conclusion est claire: l’euro doit subir une refonte. En effet, une Europe sans pilier social est vouée à l’échec. Nous exposons ci-après les grandes lignes d’un ambitieux «euroréformisme».
Trop d’austérité sape l’économie Cet été, la société grecque s’est vu prescrire un régime draconien pour la troisième fois. La fameuse formule d’Einstein semble une fois de plus se vérifier: «La folie, c’est de faire toujours la même
chose et de s’attendre malgré tout à un résultat différent». Le dernier plan de sauvetage prescrit en effet la même politique erronée, à savoir une spirale négative d’endettement, de pouvoir d’achat en baisse et de récession. L’Europe doit dès lors modifier sa politique budgétaire et apprendre à être sévère quand cela va bien, et douce quand cela va mal. Les nouvelles conditions imposées à la Grèce mineront toute reprise de l’économie.
Investir pour l’avenir Durant les années de crise, nous avons constaté, malgré le faible taux du marché, un énorme recul des investissements publics et privés. La Confédération européenne des Syndicats (CES) avance dès lors un plan d’investissement de grande envergure, à hauteur de 2% du PIB commun. À la fin de l’année passée, la Commission Juncker a lancé un plan d’investissement d’une valeur de e 315 milliards. Il n’est toutefois question que de e 21 milliards d’investissements publics. Pour le SETCa c’est «trop peu, trop tard», la Commission européenne doit avancer des plans bien plus ambitieux.
> 19-25 OCTOBRE 2015
SEMAINE D’ACTION MONDIALE DANS LES CALL CENTERS
Travailleurs des call-centers, travailleurs précaires: les syndicats se mobilisent Depuis plusieurs années, les syndicats se mobilisent au niveau mondial afin de dénoncer la situation des travailleurs des call-centers et la détérioration de leurs conditions de travail. Sous l’impulsion de UNI ICTS (le syndicat mondial des travailleurs des télécoms et des centres d’appel), une semaine spéciale d’actions est organisée chaque année en octobre. Les organisations syndicales SETCa, CNE/ LBC-NVK se sont toujours montrées très actives afin de sensibiliser les travailleurs et le grand public autour de cette problématique. La semaine mondiale d’actions dans les call-centers se tiendra cette année entre le 19 et le 25 octobre 2015. Elle mettra l’accent sur le recrutement de travailleurs précaires : une situation qui tend à se généraliser dans un domaine où la concurrence est rude et où l’emploi et les conditions de travail sont sans cesse tirés vers le bas.
En Belgique, cette semaine particulière démarrera avec une action très symbolique. Le 16/10 dès 10h, se tiendra un rassemblement devant l’entreprise IPG à Bruxelles. Un parcours d’escalade sera organisé sur place (une activité qui fait référence au fait de décrocher (enfin) un contrat décent). Pour les travailleurs des centres d’appels, l’incertitude est grande. Ils sont souvent confrontés à des conditions de travail pénibles (stress, pression maximale sur le personnel, horaires difficiles, etc.) mais aussi à des contrats précaires. Le choix du call center IPG pour mener cette action de démarrage est stratégique. Le secteur tout entier s’est profondément transformé, au rythme des fusions et des nouvelles acquisitions. IPG n’échappe pas à la règle : l’entreprise a englobé de nombreux centres d’appels en Belgique et est devenue, en quelques mois, le plus
grand call center du pays. Ce quasi-monopole n’est pas sans conséquences: IPG regroupe à présent plusieurs entités et met la pression afin d’harmoniser ‘à la baisse’ les conditions de travail de l’ensemble du personnel. Les organisations syndicales dénoncent vivement cette situation. Mettre en place de telles mesures créerait un précédent dangereux dont l’impact négatif se ferait lourdement ressentir pour l’ensemble des travailleurs du secteur. Après ce coup d’envoi, de nombreuses autres actions de sensibilisation se tiendront dans les call centers du pays durant toute la semaine du 19 au 25 octobre 2015. Les syndicats iront à la rencontre des travailleurs afin de les informer sur leurs droits.
La solidarité, ciment de la zone euro Dernier point, et pas des moindres, une monnaie ne peut survivre sans solidarité. Dans la zone euro, l’effort d’austérité incombe quasi entièrement aux États membres, ce qui les entraîne dans un cercle vicieux de dettes et de récession. Une solidarité européenne structurelle – et par là, nous n’entendons pas des plans de sauvetage – est la seule réponse possible. Différentes pistes de réflexions sont sur la table: euro-obligations, soutien aux régimes de chômage mutuels, etc. Sans réformes, les oppositions entre les pays centraux (dont l’Allemagne) et les pays de la périphérie (dont la Grèce) resteront importantes.
L’histoire n’est pas finie Les prochains mois seront à nouveau cruciaux pour l’avenir de l’Europe. Après la Grèce, des élections sont également prévues au Portugal et en Espagne. Dans ces pays, la demande d’un changement de cap européen et d’une réduction de la dette est bien présente. La réponse de la zone euro ne peut être une nouvelle copie d’une politique qui a déjà échoué. En bref, l’euro doit subir une réforme.
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ACTUALITÉS
SYNDICATS • N°16 • 02 OCTOBRE 2015
> ÉDITORIAL
On peut - il faut - faire autrement! e 7 octobre prochain des dizaines de milliers de militant-e-s et d’affiliés de la FGTB et des deux autres syndicats se retrouveront une fois encore dans les rues de Bruxelles pour protester contre la politique du gouvernement Michel à l’égard du monde du travail. Nous entendons réaffirmer haut et fort que cette politique est erronée et que l’on peut – qu’il faut – faire autrement.
L
Notre slogan « rien que des miettes » cible en particulier la pseudo réforme fiscale dont les contours restent flous. Mais une chose est sûre : cette réforme n’organise en aucune manière une redistribution de la charge fiscale qui pèse sur le travail vers d’autres types de revenus. Ce que l’on constate c’est qu’une partie de l’impôt des personnes physiques glisse vers les impôts sur la consommation mais que ce sont finalement toujours les mêmes qui paient. Toujours les petits. Il ne faut pourtant pas croire que nous manifestons uniquement pour des euros et des centimes. Plus fondamentalement, ce que nous contestons, ce sont les options idéologiques qui motivent l’action du gouvernement parce qu’elles sont néfastes pour l’économie et pour l’emploi. Ce que nous réclamons à cors et à cris, c’est un changement de cap à 180° de la politique économique parce que nous sommes persuadés – confortés dans cette analyse par les plus grands économistes – que les politiques d’austérité sont néfastes pour l’économie et pour l’emploi. Elles n’ont pour effet que de rendre les riches plus riches et c’est sans doute le but inavouable qui est recherché. Outre le fait que les mesures prises à l’égard
des jeunes, des demandeurs d’emploi, des travailleurs âgés, des pensionnés, des femmes sont injustes et ont pour résultat d’augmenter la précarité, elles ont aussi pour conséquence de ralentir l’économie et donc d’hypothéquer l’emploi.
1°) Plus d’inégalité est mauvais pour l’économie Comme le dit le prix Nobel d’économie, l’américain Joseph Stiglitz dans une interview au journal Le Monde à l’occasion de la publication de son dernier ouvrage «La grande fracture»: «Les inégalités sont à
l’origine de la crise et freinent la reprise des pays industrialisés… Les inégalités résultent de choix politiques, et non d’une mondialisation échappant aux Etats, comme on l’entend parfois.». C’est pourquoi nous réclamons une vraie réforme fiscale qui mette à contribution les plus hauts revenus, la propriété et le capital. Une vraie réforme fiscale en faveur du travail doit bénéficier aux travailleurs et pas aux seules entreprises.
2°) Les salaires et le pouvoir d’achat sont les moteurs de l’économie Les périodes de prospérité que nous avons connues dont les «golden sixties», sont notamment dues aux effets conjugués d’une amélioration des salaires et d’une sécurité sociale efficace qui ont donné aux travailleurs un pouvoir d’achat, ce qui a boosté l’économie. Bloquer les salaires, sauter une indexation, réduire les allocations de chômage (l’allocation de garantie de revenu, le chômage temporaire, les complément d’âge, l’accès aux prépensions) ou carrément l’accès à l’indemnisation, tout cela réduit le pouvoir
d’achat des ménages et leur capacité à investir par exemple dans un logement. Combien de jeunes, même à l’emploi, ontils encore accès à la propriété? C’est pourquoi nous réclamons le respect de l’indexation automatique et la liberté de négociation salariale, ainsi que des allocations sociales qui soient de vrais revenus de remplacement et non des allocations de survie.
3°) Du travail = des emplois durables et de qualité Récompenser « ceux qui se lèvent tôt pour aller travailler», n’est pas compatible avec la modération salariale et la précarisation des chômeurs qui indirectement fera pression à la baisse sur les salaires. Ce gouvernement se trompe : ce n’est pas en s’attaquant aux travailleurs pour donner aux entreprises qu’il atteindra l’objectif annoncé: «du travail, du travail et encore du travail»… Au lieu d’aider les entreprises à augmenter les dividendes des actionnaires, nous réclamons une réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire de manière à créer des emplois durables et de qualité et non des mini-jobs sous-payés.
5°) La sécurité sociale est garante de plus d’égalité Elle permet de maintenir le pouvoir d’achat des ménages en cas de coup dur et de réduire drastiquement le taux de pauvreté. Toutes les mesures prises à l’encontre des chômeurs, des prépensionnés, des pensionnés en ce compris la réforme envisagée des pensions, vont dans le sens inverse et risquent d’augmenter la précarité et la pauvreté. C’est pourquoi nous réclamons un financement stable de la sécurité sociale ; un accès égal pour tous à la santé. Des pensions du privé décentes alignées sur celle du public et non l’inverse. Voilà pourquoi nous manifestons le 7 octobre. Pas juste pour quelques miettes de plus mais bien pour une société plus solidaire.
4°) Le rôle de la fiscalité est aussi de permettre à l’Etat de fonctionner Or permettre à l’Etat de fonctionner, cela implique de donner des moyens suffisants aux services publics. Ceux-ci contribuent à la prospérité d’un pays et à la redistribution des richesses sous forme d’emplois et de services. Ils sont une des marques du développement des sociétés. Or que constate-t-on? A force de vouloir faire
Prudent au volant ? Félicitations !
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entrer au chausse-pied les budgets dans les critères de l’orthodoxie budgétaire européenne, la justice n’a plus de quoi fonctionner, les transports en commun vont à vau-l’eau, les réseaux sont mal entretenus. C’est pourquoi nous réclamons des services publics forts, de qualité et accessibles à tous ainsi que des investissements dans les infrastructures.
Rudy De Leeuw Président
Marc Goblet Secrétaire général