Syndicats FGTB n°18 - 1er novembre 2013

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N°18 • BIMENSUEL • 68ème année Bureau de dépôt : Charleroi X Abonnements : 02/506 82 11 Rédaction : 02/506 82 44 - 02/506 83 11 syndicats@fgtb.be Ed. resp. : R. De Leeuw • Rue Haute, 42 • 1000 Bruxelles

1 NOVEMBRE 2013 • Éd. LIÈGE ER

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Trop chers nos salaires?

Il ne se passe pas un jour sans que les employeurs ne se lamentent, chiffres à l’appui ou non, vrais ou faux… de la hauteur de nos coûts salariaux. Nos entreprises en seraient moins compétitives par rapport aux concurrents étrangers. Nos coûts salariaux menaceraient la survie des entreprises, nos emplois, notre pain quotidien. Mais qu’en est-il vraiment? Nos salaires sont-ils trop chers?

Dossier en pages 8 & 9 ACCIDENTS DE TRAVAIL

7,7% en moins en 2012 Page 4

PÉTITION

Le temps de scinder les banques Page 4

EMPLOI

Facejobb, nouveau site de recrutement Page 5

CAMPAGNE

On ne joue pas avec la nourriture Page 7



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RÉGIONS

SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

NAMUR

BRABANT WALLON

ENTRÉE LIBRE

LUXEMBOURG

Centrale des Métallurgistes MWB-FGTB Brabant Wallon. Rue du Géant, 2c3 à 1400 NIVELLES Cher(e)s Camarades, en cette période de fin d’année, nous vous informons que nos bureaux de Nivelles seront exceptionnellement fermés du mercredi 25 décembre 2013 au mercredi 1er janvier 2014 inclus. Nous aurons le plaisir de vous accueillir à nouveau à partir du jeudi 2 janvier 2014 et, d’ici-là, nous vous souhaitons d’ores et déjà à toutes et à tous de merveilleuses fêtes de fin d’année.


2 Garantie Jeunes: bluff ou opportunité?

BRUXELLES

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a FGTB de Bruxelles a accueilli positivement le concept de Youth Guarantee, dont le dispositif a donc été intégré, dès janvier 2013, au nouveau contrat de gestion d’Actiris.

L

L’objectif de ce dispositif, désormais soutenu par l’Europe, est de garantir que tous les jeunes Bruxellois soit obtiennent un emploi, soit suivent une formation complémentaire soit participent à des mesures dites d’activation professionnelle (stage, immersion, essai métier, volontariat,…) avec comme objectif final l’obtention d’un emploi de qualité. Cette position syndicale est-elle… surprenante? En d’autres termes: la FGTB elle-même aurait-elle subitement décidé, contre tous ses principes, d’accroître la pression sur les jeunes chômeurs, dans un contexte politique et social déjà tellement sombre pour eux!? Il n’en est rien, bien entendu. Pour le comprendre, un bref retour en arrière s’impose, qui permettra de dégager des perspectives syndicales. Nous savons que l’assurance-chômage est un acquis fondamental du monde du travail, dont il doit être particulièrement fier. Initialement mise en place par les syndicats, elle est intégrée à la Sécurité sociale à l’issue de la Seconde guerre mondiale. Sa gestion est donc logiquement confiée à un organisme cogéré par les patrons et les syndicats: l’Office national de l’emploi (ONEm). Les organisations syndicales ont gardé, en outre, la faculté d’assurer le paiement direct des allocations à leurs membres, via des caisses spécifiques: les Offices de paiement des indemnités de chômage. Dès sa création, le droit aux allocations de chômage est un droit conditionné. Il s’agit d’une assurance collective, accordant un revenu de remplacement en cas de perte des revenus du travail consécutive à un chômage involontaire. Pour en garder le bénéfice, les travailleurs sans emploi doivent demeurer disponibles sur le marché de l’emploi. Cette disponibilité se traduit par une inscription obligatoire comme «demandeur d’emploi» auprès du service public de placement, par une présence obligatoire lors de chaque convocation de l’ONEm et par l’interdiction de refuser toute proposition d’emploi convenable. Dès le départ, le contrôle de la disponibilité fait donc partie intégrante du principe assurantiel, auquel nous sommes particulièrement attachés: l’allocation de chômage ne peut en aucun cas être assimilée à une prestation universelle inconditionnelle, ni à une aide sociale; elle s’inscrit historiquement dans le cadre des relations collectives de travail, qui régissent le rapport salarial entre patrons et syndicats. Les organisations syndicales sont attentives à la préservation de ces principes fondateurs, même si elles doivent en négocier l’évolution avec le patronat, mais aussi avec les pouvoirs publics qui, depuis la crise de l’emploi des années ‘70, interviennent dans l’équilibre de la Sécurité so-

ciale et la formation des salaires, assurance-chômage incluse. Au début des années 2000, se met en place une nouvelle vision de la disponibilité des chômeurs, dans le cadre, plus général, de la transformation de l’Etat social en «Etat social actif»: désormais, il ne «suffira» plus au demandeur d’emploi d’être disponible ; il devra, en outre, prouver qu’il recherche activement un emploi. La FGTB de Bruxelles se démarque clairement de cette vision nouvelle de la disponibilité. Dans la résolution de son Congrès statutaire, tenu le 15 mai 2006, elle déclare: «Les mesures d’accompagnement et d’aide à la recherche d’un emploi, les dispositifs d’insertion et de formation, ainsi que l’utilisation de ressources collectives pour créer de nouveaux emplois d’intérêt général ont toute leur utilité, mais à la double condition de respecter la dignité humaine et les acquis sociaux, c’est-à-dire sans exclure, ni précariser l’emploi existant». Elle précise encore: «Ces politiques exigent, à tout le moins, comme préalable, le réinvestissement des pouvoirs publics dans la formation des travailleurs et les politiques de relance de l’emploi; (…) il est totalement inacceptable de faire peser sur les travailleurs sans emploi la responsabilité du chômage, ou d’exercer sur eux des pressions, en les menaçant de leur retirer les allocations».

Tout d’abord, le recours au mot «garantie» pour qualifier le dispositif est loin d’être anodin. Par «garantie», on vise, en effet, en droit, l’obligation d’assurer à quelqu’un la jouissance d’une chose ou d’un droit ou de le protéger contre un éventuel dommage. Pour autant que cette garantie soit bien réelle, ce projet pourrait donc induire une véritable inversion du paradigme des politiques d’activation, et permettre de sortir des travers absurdes de l’individualisation de la responsabilité du chômage. Il fait, en effet, prévaloir une responsabilisation de la collectivité (essentiellement les pouvoirs publics, mais aussi les entreprises), qui se met dans l’obligation (obligation de résultat ou, à tout le moins, sérieuse obligation de moyens) d’offrir à chaque jeune bénéficiaire une première expérience de travail et/ou une formation convenables. Cette responsabilisation collective

pourrait de la sorte conditionner tout recours à la responsabilité des jeunes travailleurs sans emploi eux-mêmes. Or, pour nous, c’est bel et bien à la seule condition d’un refus d’offre d’emploi ou de formation1 «convenable» que des mesures de sanction seraient acceptables… Bien entendu, s’il devait s’avérer que ce dispositif se réduit, en fin de compte, à un simple «effet d’annonce», les conséquences seraient dramatiques pour les jeunes, qui se sentiraient légitiment grugés. Elles devraient, en principe, l’être politiquement aussi pour les initiateurs du dispositif… A ce stade, il convient donc de «fortifier» le statut juridique de cette garantie, afin qu’elle puisse constituer une véritable source de droits et que puisse en être assuré un contrôle judiciaire: en clair, le jeune à qui une telle offre «convenable» n’aura pas été faite doit être assuré qu’il ne sera pas sanctionné au terme de son stage d’insertion pour «efforts insuffisants» (voire qu’il

pourra, au contraire, réclamer réparation pour défaut de «garantie»…). Il convient, en outre, de garantir les moyens financiers nécessaires pour rendre ce dispositif régional réellement opérationnel (et les récentes décisions budgétaires 2014 de la Région de Bruxelles-Capitale et de la Commission communautaire française, compétente pour la formation professionnelle, vont incontestablement dans ce sens) et d’identifier les engagements conventionnels des interlocuteurs sociaux requis pour garantir des perspectives d’emploi durable pour les jeunes. C’est à ces conditions (et à ces conditions seulement) que pourra s’ouvrir une véritable porte d’opportunité pour sortir des travers actuels des politiques d’activation. Il nous reste à en forcer l’ouverture…

Philippe Van Muylder 1 - Au sens le plus large de cette expression.

En 2008, le crash financier produit les ravages que l’on sait sur l’emploi. La FGTB prend la mesure de l’ampleur extrême de la crise économique et revendique la suspension immédiate de la procédure de contrôle, par l’ONEm, de la disponibilité active des chômeurs. En 2012, tombent de nouvelles mesures ciblant les chômeurs: dégressivité accrue des allocations, fin de droit pour de nombreux jeunes, intensification des contrôles. La FGTB mène campagne contre la chasse aux chômeurs, en appelle à la mobilisation du front commun syndical et à la mise en mouvement du réseau des Collectifs de travailleurs sans emploi de tous horizons. En réalité, l’intrusion du concept de disponibilité active a modifié en profondeur le régime d’indemnisation du chômage et les mesures de contrôle de cette disponibilité active sont devenues inacceptables, tant elles tournent à l’absurde dans un contexte de pénurie d’emplois et de chômage massif, tant elles transforment le chômage en une «faute», tant elles en imputent, contre la réalité, la responsabilité au seul demandeur d’emploi… C’est pourquoi, dès 2006, la FGTB de Bruxelles s’attelle, à l’occasion de plusieurs séminaires, conseils et forums syndicaux, à identifier des voies de sortie «par le haut» du paradigme politique de l’Etat social actif. C’est dans ce cadre que la FGTB accueille favorablement les opportunités de changement que la Youth Guarantee est susceptible d’offrir…à certaines conditions.

Dans le cadre de la Fureur de Lire

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RÉGIONS

SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

WALLONIE PICARDE

CHARLEROI-SUD HAINAUT

La Centrale Générale communique ramassage des cartes fidelite construction 2012-2013 > TOURNAI (Centrale Générale F.G.T.B., Avenue de Maire, 134) - Dès maintenant, tous les jours de 9h à 12h et de 13 h à 17h. > LESSINES (F.G.T.B., rue Général Freyberg, 11) - Dès maintenant, tous les mardis de 14h à 16h. > ATH (rue de Nazareth, 3) - Tous les mardis de 10h à 12h.

Le centre de formation sociale et culturelle pour travailleurs à Charleroi (Cenforsoc asbl) informe que nous organisons un nouveau module de formation intitulé «Fiscalité de Base». Cette formation est destinée à apporter aux participants une formation de base aux mécanismes fiscaux et aux règles du droit fiscal ainsi qu’à les sensibiliser à la dimension fiscale. À l’issue de la formation, vous pourrez mieux communiquer avec les professionnels de la fiscalité et serez à même de remplir une déclaration fiscale. Cette formation est accessible à tous ceux qui cherchent à acquérir une vision globale de la fiscalité mais aussi son analyse critique.

> ELLEZELLES (F.G.T.B., Place, 14) - Bureaux ouverts: - Le mardi de 9h à 12h et de 14h à 18h; le jeudi de 9h à 12h. > LEUZE (F.G.T.B, Grand Rue, 3) - Tous les mardis de 8h30 à 9h30.

Il est temps de s’inscrire! Prochaine soirée de formation le mardi 5 novembre 2013 de 17h00 à 21h00

> BASECLES (F.G.T.B., rue des Déportés, 25) - Tous les lundis de 9h à 10h. > PERUWELZ (F.G.T.B., Place du Foyer Peruwelzien, 29) - Tous les lundis de 10h30 à 11h30.

Intéressé(e)? Infos et inscriptions auprès de Carmela DI BERNARDO au 071/641.286 Responsable de la Formation: Ruddy DANTHINE

Xavier Tanghe Secrétaire

Fabrice LAMARQUE Secrétaire Général

Bernadette DEROUBAIX Secrétaire

Daniel DE GUISSME Président

À nouvelle Régionale… nouveau site internet! Samedi 16 novembre 2013 de 10h30 à 12h30 Dans les locaux de Cenforsoc à la Maison des Huit Heures 23, place Charles II à Charleroi (Salle 206 au 2ème étage) Les ASBL Le Progrès et CENFORSOC vous invitent à une conférence débat avec Xavier Dupret, économiste, chercheur au GRESEA, auteur de:

La Belgique endettée La FGTB Wallonie Picarde a le plaisir de vous présenter son nouveau site internet www.fgtbwapi.be! Dés le 4 novembre 2013, vous pourrez en un clic avoir accès: - Aux adresses et heures d’ouverture de tous nos services; - À la section «News» où vous retrouverez toute l’ actualité de votre syndicat; - À nos newsletters; - Aux renseignements pratiques liés à toutes nos actions; - À votre dossier personnel FGTB; -… Clair et pratique, ce site a été créé avant toute chose pour vous permettre d’accéder à un maximum d’infos 24h sur 24 et 7 jours sur 7! www.fgtbwapi.be… la FGTB Wallonie Picarde sur le net!

Mécanismes et conséquences de la dette publique L’intervention publique de 2008 pour «sauver» les banques en difficulté explique largement l’accroissement de l’endettement public du plat pays. A ce propos, les chiffres prouvent qu’il est impossible, à moyen terme, de compter sur les dividendes que les banques rapporteront à l’Etat pour «repayer» la dette de ce dernier. Et c’est ici qu’intervient l’austérité. L’auteur émet un avis critique sur la situation économique et financière dans laquelle nous nous trouvons, en remettant en cause la libéralisation du secteur financier qui prend en otage les Etats et notamment la Belgique. L’occasion de faire le point sur la situation de la dette publique Avec le soutien de Editeur responsable: Robert Tangre, 11 rue Jules Destrée, 6020 Dampremy


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SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

LIÈGE - HUY - WAREMME

VERVIERS

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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

> EDITO

> ACTU

N-VA: les dangers de l’ultralibéralisme près la publication de sondages marquant un recul de la N-VA, Bart De Wever se devait d’allumer un contrefeu en rendant public son programme électoral. Et de fait ça a marché. Les promesses électorales populistes fusent mais l’homme de la rue ne peut rien en espérer de bon.

A

Pas un scoop Une partie de la presse s’est émue des intentions séparatistes de la N-VA qui ne sont pourtant pas un scoop. S’il y a effectivement lieu de s’inquiéter d’une scission du pays pour ses conséquences néfastes sur les instruments de solidarité entre les personnes que sont la sécurité sociale fédérale et la concertation sociale interprofessionnelle, ce n’est pas le seul motif d’inquiétude que soulève le programme de la N-VA. Ni peutêtre le plus urgent : M. De Wever peut en effet chanter sur tous les tons qu’il veut l’indépendance ou masquer cette revendication sous le cache sexe du «confédéralisme», il sait, en bon démocrate, qu’il lui faut une majorité spéciale dans chaque groupe linguistique. Et même dans le sien, il n’est pas sûr de l’obtenir, quel que soit son score électoral le 25 mai 2014. Par contre, comme il le souligne lui-même, son programme socio-économique et fiscal ultraconservateur et ultralibéral peut trouver un écho favorable auprès des autres partis en tout ou en partie de droite comme l’OpenVld et son pendant francophone le MR, ou le CD&V. Plus que le sépa-

ratisme, c’est la vague bleue qu’il faut redouter en 2014. Car à son plaidoyer traditionnel pour un démantèlement de l’Etat fédéral, s’ajoute une volonté de démanteler l’Etat Providence.

Les riches plus riches Que veut la N-VA? C’est simple, elle veut ce que veut le grand patronat. Primo mettre au pas le monde du travail et réduire les salaires. Le programme fiscal parle de réduire la fiscalité sur le travail, mais la N-VA veut aussi supprimer l’indexation automatique des salaires, geler les dépenses publiques, donc les salaires des fonctionnaires, supprimer la concertation salariale interprofessionnelle au profit d’une négociation décentralisée, c’est-à-dire affaiblie. Secundo, affaiblir la protection sociale en cassant la sécurité sociale. Le patronat veut en réduire le coût et affaiblir le monde du travail. M. De Wever leur propose de geler les dépenses publiques, donc les transferts sociaux, les dépenses de santé, d’éducation. La limitation des allocations de chômage à maximum 3 ans, vient compléter l’offre et peut avoir un effet à la baisse sur les salaires. Enfin, du côté des retraites, le simple fait de dire que seules les années effectives de travail compteraient pour le calcul de la carrière, revient à supprimer les périodes assimilées qui comptent en moyenne pour un tiers dans une carrière professionnelle, sur-

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tout celle des femmes. Cela veut dire des pensions réduites de 35%!

Miroir aux alouettes Alors la réduction des impôts promise pour les revenus moyens est là pour appâter les classes moyennes et chasser sur les terres des libéraux. Rien n’est chiffré. Motus et bouche cousue sur les revenus les plus élevés. Rien sur la fraude… Mais dans les faits ce n’est qu’un miroir aux alouettes: elle ne bénéficierait qu’aux revenus supérieurs et pas aux travailleurs, même ceux qui ont de bons salaires et qui verraient leur paie, gelée, non indexée, et leur protection sociale réduite à la portion congrue. S’en prendre aux salaires, à l’index, aux allocations sociales, aux services publics, au pouvoir d’achat ne peut que nous plonger plus profondément dans la récession. C’est exactement ce qu’il ne faut pas faire. Les recettes ultralibérales ont pourtant fait la preuve de leur inefficacité sauf pour une chose: accroître la pauvreté et les inégalités. Bref, si la N-VA est un danger pour le pays en tant qu’institution, elle l’est surtout pour notre économie et pour les travailleurs qu’ils soient du Nord ou du Sud du pays.

Anne Demelenne Secrétaire générale Rudy De Leeuw Président

Les améliorations sociales reprises par le fisc C’est presque devenu une habitude: chaque fois que les allocations sociales sont adaptées au bien être, la légère augmentation est presque automatiquement mangée par le fisc, faute d’adaptation parallèle du crédit d’impôt. C’est encore le cas pour la dernière adaptation. Le Président de la FGTB, Rudy De Leeuw, et la Secrétaire générale, Anne Demelenne, ont écrit au Premier Ministre Di Rupo pour attirer son attention sur cette anomalie et bien sûr pour qu’il y remédie.

Monsieur le Premier Ministre, Nous nous adressons à vous parce que nous sommes inquiets au sujet de la situation de milliers d’allocataires qui doivent vivre aujourd’hui d’une allocation sociale peu élevée. Les allocations sociales sont adaptées tous les deux ans à l’évolution du bienêtre et accusent donc un retard par rapport à l’évolution des salaires. Heureusement, la loi relative au pacte de solidarité entre les générations a prévu des moyens qui permettent aux partenaires sociaux d’adapter les allocations tous les deux ans. Nous regrettons d’ailleurs que cette enveloppe ait été limitée à 60%. Nous regrettons également – et c’est la raison de cette lettre – que les allocataires perdront l’adaptation au bien-être dont ils ont bénéficié en raison de la fiscalité. En effet, le crédit d’impôt dont bénéficient les allocataires n’a pas encore été adapté, avec toutes les conséquences qui s’ensuivent pour les intéressés. C’est pourquoi, nous insistons pour que le gouvernement adapte le crédit d’impôt afin que les pensionnés et les invalides reçoivent ce à quoi ils ont droit. Pour la plupart des pensionnés, le pécule de vacances a été payé le 15 mai. Cette année, ce montant a été augmenté de 5%. L’an prochain, il y aura une nouvelle augmentation d’un peu plus de 3%.

> INDEX

Pour les invalides, le pécule de vacances a augmenté de 66 euros en mai et ré-augmentera de 34 euros l’an prochain.

Inflation en octobre: 0,63% Mois

Octobre

Durant la concertation tripartite qui à précédé ces augmentations, le Cabinet du ministre des Finances s’était engagé à examiner une adaptation du crédit d’impôt. Sans cette adaptation, nos calculs faisaient en effet apparaître clairement que pour beaucoup d’entre eux, l’augmentation négociée serait écrêtée via les impôts.

2013 Index normal

Index-santé

Index-santé lissé

122, 56

120,99

120,94

Index normal: l’index mesure l’évolution réelle de tous les prix. Pour le mois d’octobre 2013, on enregistre une inflation de 0,63% par rapport à 2012. Loyers: l’index-santé est expurgé des prix des carburants, des alcools et du tabac. Il sert de base à l’indexation des salaires et des loyers à la date anniversaire de la signature du bail. Par rapport à octobre 2012, l’index santé a augmenté de 0,93%. Pour rappel, on trouve sur le site du SPF Economie un calculateur de loyer très pratique: http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/economie/prix_consommation/calculateur_ loyer/ Allocations sociales: le prochain taux-pivot (par rapport à l’index-santé lissé) qui entraînera une hausse de 2% des allocations sociales est 122.01.

Si le crédit d’impôts n’est pas adapté, les pensionnés et invalides ayant un revenu annuel supérieur à 14.500e (1.208e/mois), garderont moins au final qu’avant la liaison au bien-être qui a été négociée pour eux. Or, c’est justement la tranche dans laquelle se trouvent la plupart des pensionnés et invalides. Le crédit d’impôt est une mesure sociale qui compense légèrement le fait que les pensions brutes des travailleurs en Belgique sont presque les plus basses d’Europe. Mais, juste au dessus du minimum, celui-ci diminue rapidement. De ce fait, toute augmentation pour ces pensions de travailleurs plutôt modestes est annulée par une taxation plus élevée. Nous insistons par conséquent pour que le gouvernement concrétise l’adaptation promise du crédit d’impôt de façon à ce que les pensionnés et invalides reçoivent ce à quoi ils ont droit.


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ACTUALITÉS

SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

> PETITION

100.000 signatures pour scinder les banques! Tandis que le gouvernement prépare un projet de loi pour la séparation des métiers bancaires d’ici la fin de l’année, le Réseau Financement Alternatif, FairFin et le collectif Roosevelt.be lancent un appel citoyen. Les 3 organisations craignent une loi insuffisante et veulent réunir 100.000 signatures en faveur d’une scission complète des banques. l’heure actuelle, les grandes banques mélangent plusieurs activités, pratiquant à la fois le métier de base (récolter de l’épargne et octroyer des dépôts) et des opérations de marché pour leur compte et celui de leurs clients. Les banques utilisent l’épargne de leurs clients rémunérée au plus bas pour spéculer et en retirer les profits les plus élevés.

A

Cette activité financière spéculative n’est pas sans risque mais les grandes banques savent qu’elles peuvent compter sur la garantie de l’ État. En cas de crise comme celle de 2008, due notamment à des prises de risque inconsidérées, les Etats se retrouvent contraints de sauver les banques et de faire payer le contribuable. Les banques profitent en outre des taux planchers pratiqués par la Banque centrale européenne pour se financer à bas prix sur les marchés financiers, afin d’investir sur les marchés. Ce, alors que les Etats ne peuvent pas emprunter directement à la BCE pour se financer et doivent obligatoirement passer par les banques et leurs taux plus élevés.

Elles parviennent ainsi à privatiser les profits et à socialiser les pertes et c’est ce qui nous a valu et nous vaut encore des années d’austérité budgétaire et un alourdissement considérable de la dette publique. La crise financière et les déboires de quelques grandes banques ont induit quelques réformes et renforcement des conditions de couverture par fonds propres des banques mais les améliorations ne sont que cosmétiques et tous s’accordent à dire que nous ne sommes toujours pas à l’abri d’un risque financier pour notre épargne et notre économie.

«5 ans après les sauvetages de Dexia, Fortis et d’autres, on n’a toujours pas pris les mesures pour éviter que ça recommence, explique Bernard Bayot, directeur du Réseau Financement Alternatif. Les banques sont toujours autorisées à spéculer avec notre épargne et si elles prennent trop de risque on devra encore les renflouer avec nos impôts. Ça suffit!»

«Spéculation: pas avec notre pognon» L’idéal pour protéger le petit épar-

gnant, serait de scinder les opérations courantes de récolte de l’épargne et de financement de l’économie et des ménages d’une part, et d’autre part les activité spéculatives lucratives mais risquées. C’est ce que réclament le Réseau Financement Alternatif, FairFin et le collectif citoyen Roosevelt.be (qui regroupe des économistes contre le néolibéralisme): une séparation stricte avec interdiction de toute activité de marché dans les banques de dépôt afin de les protéger en cas de problème. Le Ministre des Finances Koen Geens a annoncé qu’il allait proposer d’ici la fin de l’année une loi pour réformer les banques. Un volet concernera la séparation des métiers bancaires. Mais l’idée même de séparation des activités bancaires entre banque d’affaires et banques de dépôt fait déjà l’objet d’un intense lobbying des milieux

financiers. Les lobbies financiers, tant au niveau belge qu’européen, estiment que cette scission est impossible, voire néfaste pour l’économie. Pourtant, une telle situation a existé jusque dans les années ‘90 aux Etats-Unis lorsque Glass-Steagall Act était en vigueur ainsi qu’en Belgique où de 34 à 93, une loi interdisait aux banques de dépôt de détenir des actions.

«Attention, met en garde Michel Cermak, porte-parole du collectif Roosevelt, on n’acceptera pas une loi inopérante dictée par les lobbies bancaires comme on l’a vu en France. On invite tous les citoyens à nous rejoindre sur ScinderLesBanques.be pour interpeller le gouvernement et leur rappeler qu’ils sont au service des citoyens, pas des banques!»

100.000 signatures Le Réseau Financement Alternatif, FairFin et le collectif citoyen Roosevelt.be lancent une pétition sur le site www.scinderlesbanques.be pour demander à notre gouvernement une scission complète des métiers bancaires. Cette solution est prônée par de nombreuses organisations, experts et financiers. Une mobilisation forte est nécessaire pour qu’enfin, la voix de l’industrie financière ne soit pas la seule à se faire entendre auprès de nos gouvernements.

Plus d’infos • www.scinderlesbanques.be • http://www.roosevelt2012.be/ • www.finance-watch.org/ • h t t p : / / w w w. f a c e b o o k . com/pages/Scinderles-banquesBankensplisten/170581943145757?fref=ts

Moins 7,7% d’accidents du travail en 2012 Le Fonds des Accidents du Travail (FAT) vient de publier son rapport annuel 2012 sur les accidents du travail en 2012. Même si le nombre des accidents du travail reste impressionnant, les chiffres sont encourageants. De manière globale, 157.131 accidents du travail ont été enregistrés en Belgique dans le secteur privé (que ce soit sur le lieu de travail ou sur le chemin du travail), ce qui correspond à un recul de 7,7% par rapport à 2011. Et ce, alors que l’emploi s’est maintenu au même niveau. Cette diminution s’explique par la baisse (-8,6%) du nombre d’accidents sur le lieu du travail (135.118), alors que la baisse est de moindre ampleur (-1,5%) pour les accidents sur le chemin du travail (22.013). Cette évolution favorable sur le lieu du travail s’inscrit dans un mouvement amorcé depuis longtemps: au début des années soixante, on comptait encore plus de 350.000 accidents dans les entreprises et près de 400 travailleurs perdaient la vie chaque année au travail. En 2012, 135.118 accidents ont été enregistrés sur le lieu du travail, dont il faut encore déplorer 67 décès des suites d’un accident. Une des explications de cette baisse constante des accidents du travail est à voir dans le glissement de l’emploi vers les secteurs tertiaire et de l’aide aux personnes où

le risque d’accident du travail est moins grand que dans les secteurs industriels «traditionnels». Mais on ne peut pas nier l’amélioration de la sécurité du travail résultant d’une meilleure prévention. On constate en effet que le nombre d’accidents entraînant une incapacité temporaire (-9.2%) et le nombre d’accidents entraînant une incapacité permanente (-8.2%) ont diminué plus que les accidents sans incapacité (-8.0%). Cela explique aussi la baisse importante du nombre d’accidents du travail mortels. Il faut cependant aussi pointer du doigt certaines tendances qui faussent un peu mes chiffres: • de nombreux assureurs (et employeurs) obligent pour ainsi dire les travailleurs victimes d’un ac-

cident du travail à accepter un emploi soi-disant adapté qui échappe ainsi aux statistiques. • le nombre d’accidents du travail refusés se chiffre à 21.055, soit 11.8% du total.

est évidemment inacceptable que plus de la moitié des accidents du travail mortels se produisent dans des entreprises sans Comité pour la prévention et la protection du travail (CPPT).

Une centaine d’handicapés à vie

Les jeunes et les hommes plus exposés

Le nombre d’accidents entraînant une incapacité permanente reste relativement stable: chaque année, on compte entre 6.000 et 7.000 accidents, survenus sur le lieu du travail ou sur le chemin du travail, entraînant une perte de capacité définitive qui peut être partielle ou totale. Chaque année, c’est une centaine de travailleurs qui perdent, suite à un accident, la totalité ou la quasitotalité de leur possibilité d’exercer encore un travail.

Dans l’optique de genre, on constate que la baisse du nombre d’accidents du travail est plus importante en 2012 chez les hommes (-10.0%) que chez les femmes (-5.2%), et que presque 70% des victimes d’un accident du travail sont des hommes. Les conséquences sont également plus graves pour les hommes: 94.0% des victimes mortelles sont des hommes. Ce sont surtout des travailleurs (relativement) jeunes qui sont victimes d’un accident du travail. Dans la catégorie de 20-29 ans, on

enregistre 29.2% des accidents, dans la catégorie de 30-39, 25.6%. Considérant la ventilation par catégorie professionnelle, on constate que les ouvriers (86.362 – 63.9% - 50 décès), les employés administratifs (25.432 – 18.8% - 9 décès) et les intérimaires (9.624 – 7.2% - 4 décès) sont les catégories les plus vulnérables.

Les chiffres 2012 des accidents du travail • 135.118 accidents du tra vail (-7,7%) dont 67 tués • 20.013 accidents sur le chemin du travail dont 47 tués • 11.830 incapacités pe rmanentes dont 100 handica ps à vie

La route tue moins aussi Le nombre d’accidents mortels sur le chemin du travail a également connu une baisse importante: de 57 en 2011 à 47 en 2012 soit -17.5%, c’est-à-dire une baisse plus marquée que la diminution du nombre global de victimes mortelles de la circulation (- 13,3% par rapport à l’année 2011). Dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, on enregistre 33.7% de l’ensemble des accidents et 55.2% des accidents mortels (2011: 34.3% et 57.9%), une amélioration indéniable donc, même s’il

Rédaction: Syndicats - 42 rue Haute, 1000 Bruxelles Nicolas Errante: rédacteur en chef - Tél.: 02/506.82.44 Aurélie Vandecasteele: journaliste. Tél.: 02/506.83.11 E-Mail: syndicats@fgtb.be Secrétariat: Sabine Vincent - Tél.: 02/506.82.45 Service abonnements: 02/506.82.11


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> FACEJOBB

Une autre manière de postuler Chaque demandeur d’emploi en a fait l’expérience. Beaucoup de CV envoyés se perdent dans la nature, et la plupart des candidatures posées restent sans réponse. La course à l’emploi est un job à temps plein, et la déception est bien souvent au rendez-vous. Le site belge Facejobb, ouvert depuis quelques mois, tente d’humaniser la recherche d’emploi et d’offrir un contact personnalisé entre employeur et demandeur d’emploi. La recherche d’un emploi passe généralement par la chasse aux jobs, via petites annonces, sur internet. Entre les sites spécialisés, bien ou mal conçus, les moteurs de recherche pas toujours regardants sur les résultats, les annonces dépassées ou celles qui s’éloignent largement des objectifs visés, le tri est long et fastidieux. La faute aussi aux mots-clés utilisés, qui peuvent induire en erreur ou occulter une partie des potentiels résultats. Cibler trop large équivaut à recevoir trop d’annonces inadaptées, tandis que rétrécir le champ de ses recherches aura pour conséquences de peut-être passer à côté d’annonce qui aurait pu «presque» convenir. En bref, se servir d’internet pour trouver un emploi semble de plus en plus évident, mais dans les faits, la moisson est parfois maigre.

Par ailleurs, côté employeur, on reçoit des cv’s par dizaines. Difficile de départager les très nombreux candidats, qui tous cherchent à présenter leur meilleur profil, selon des moyens plutôt impersonnels. Dès lors, que faire? Pour M. Feyz Balkan Mert, la solution passe par de «vraies» rencontres virtuelles. Le fondateur de la nouvelle plateforme Facejobb a donc voulu offrir une méthode différente, plus à même de mettre en contact les demandeurs d’emploi et les employeurs qui se correspondent. Et ainsi éviter des pertes de temps pour chacun, les premiers à rédiger des lettres vers des buts parfois flous, les seconds à recevoir des candidatures de profils inadaptés à leurs besoins. Pour ce faire, plusieurs outils, dont une grille de compétences, où chacun peut co-

www.facejobb.com cher ce qu’il est à même de réaliser professionnellement. On ne parle pas ici de diplômes, mais bien de réelles capacités dont on peut se servir dans le cadre du boulot.

Laissez un message à votre futur employeur L’un des autres outils est l’usage de la présentation vidéo ou audio du candidat. Concrètement, une fois votre profil créé, il vous est loisible d’ajouter une «pièce jointe», à savoir un message pour l’employeur, en format vidéo ou

audio. Pas besoin de refaire son CV, le message a surtout pour vocation de présenter brièvement le candidat, comme on pourrait le faire lors d’un entretien ou, plus simplement d’une première rencontre. Facejobb, le nom vous rappelle sans doute quelque chose. Le parallèle avec Facebook n’est pas difficile à faire. Ici, on tente d’établir un lien entre les employeurs inscrits et les candidats, en les suggérant les uns aux autres grâce à la grille de compétences. La volonté du

site est, toujours selon son fondateur, d’humaniser le recrutement. L’inscription et l’utilisation est gratuite. Facejobb ne cache pas sa vocation commerciale, mais celleci ne touche pas les demandeurs d’emploi. Les inscriptions payantes concernent uniquement les entreprises, en échange de bannières publicitaires. Le point dans l’interview ci-dessous avec Feyz Balkan Mert et son assistant, M. Jean-Michel Oost.

> ENTRETIEN

Humaniser la candidature Quels sont les profils des gens qui s’inscrivent sur Facejobb? Nous avons toutes catégories de personnes. De l’ouvrier à l’ingénieur civil, en passant par tout type de spécialisation. Du côté des recruteurs, les profils recherchés sont tout aussi divers: chauffeurs poids lourds, commerciaux, agents de nettoyages, infirmiers… Tout y est. Nous avons réellement démarré en février de cette année, donc nous comptons actuellement 1300 profils complétés et validés en Belgique francophone. Notre objectif est d’offrir une plateforme professionnelle, mais pas question d’être élitiste. Nous visons à aider tout le monde à chercher et trouver un emploi, sans perte de temps, sans démarches laborieuses et peu productives.

N’avez-vous pas peur que l’outil vidéo/son puisse faire peur aux gens moins à l’aise à l’oral, ou peu habitués aux outils du genre ? Il est bon de rappeler que ce n’est pas du tout obligatoire. Il faut aussi remettre ça dans le contexte de la fonction recherchée. Cela peut ajouter quelque chose à la candidature, ou en tout cas l’humaniser. Pour certaines fonctions, cela ne sera pas forcément nécessaire,

mais cela peut apporter un petit plus, quoi qu’il en soit. Sur les sites qui existent actuellement, on peut déposer son CV, qui est d’ailleurs généralement très peu consulté. Rien d’autre. C’est complètement impersonnel. Cela n’apprend rien sur la personnalité du candidat. Ici, on peut ajouter une vidéo, de maximum une minute. C’est un complément à la grille de compétences, qui permet de déjà répondre aux premières questions du recruteur ou futur employeur. Et ainsi, lors de l’entretien qui pourrait suivre, les bases sont posées, et l’on peut d’ores et déjà entamer une vraie discussion dans passer par la présentation basique. Quant aux contraintes techniques, nous les avons réduites au maximum. Bien sûr, une chose est claire: une personne qui n’est pas à même de se servir d’un ordinateur ne pourra pas utiliser la plateforme. Dans ce cas, elle passera par les moyens traditionnellement mis à sa disposition. Mais pour les autres personnes, il suffit de se filmer avec une webcam, et de poster la vidéo d’un seul click. Evidemment, on peut recommencer autant de fois qu’on veut, s’entraîner, et mettre la meilleure vidéo sur le site. Enfin, si vraiment on ne se sent pas à l’aise avec l’image, il est possible de laisser un message audio à l’employeur, comme on le ferait sur une

boîte vocale. Nous n’obligeons rien. Chacun est libre d’utiliser le site comme il l’entend. Nous avons une politique tournée vers le demandeur d’emploi, nous souhaitons réellement répondre à leurs besoins en leur offrant un maximum de possibilité. Notons que nous offrons aussi la possibilité d’ajouter jusqu’à trois documents et 5 photos. Cela pourrait être, par exemple, des illustrations relatives à des projets déjà accomplis, ou des réalisations concrètes du candidat, qui peut ainsi aisément présenter ses travaux.

En quoi la grille de compétence est-elle un outil nouveau? Nous mettons plus de 400 compétences à disposition du candidat. Il s’agit uniquement de cocher celles pour lesquelles il se sent à l’aise. Cela permet d’aller au-delà des formations et diplômes. Au fil de la carrière, on acquiert des compétences professionnelles et personnelles, nombreuses, qui ne figurent habituellement pas sur un CV traditionnel. Ici, elles y figurent. Et du côté des employeurs, l’on dispose de la même grille. Ce qui signifie que les demandes et offrent sont facilement mises en relation.

Testé pour vous Une demandeuse d’emploi a testé le système, voici quelquesunes de ses réactions: Mes points positifs: l’interface est très simple, pas de couleurs tape à l’œil; l’onglet «statuts & contrats» est très intéressant notamment pour les apprentis/étudiants, cela facilite la recherche. Les tutoriels vidéo sont une bonne idée pour aider les personnes moins à l’aise, mais une voix moins formatée pourrait être plus sympa. La possibilité de placer le fameux CV vidéo est très tendance dans certains milieux. Mes points négatifs: Lors d’une recherche d’emploi selon plusieurs critères, les résultats sont surprenants, et pas pertinents. S’il n’y a rien selon les critères sélectionnés, Je préfère voir la mention «aucun résultat ne correspond à votre recherche» plutôt que le stock d’offres disponibles. Il n’est pas non plus possible de chercher par diplôme obtenu. Par ailleurs il est dommage qu’il ne soit pas possible de cliquer sur les partenaires/sponsors qui défilent en bannière afin de voir les offres disponibles chez eux.


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UNION BELGE DES OUVRIERS DU TRANSPORT

SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

Le conflit dans le port de Rotterdam: la solidarité paie! Depuis fin septembre 2013, les négociations conventionnelles entre la section Ports de la FNV hollandaise et la direction d’APMT – Maasvlakte II sur l’emploi et les conditions de travail des travailleurs portuaires se trouvaient dans l’impasse totale. A la suite de ce conflit, la direction de MAERSK avait annoncé sa volonté de détourner ses navires, destinés au Port de Rotterdam, vers celui d’Anvers et d’autres ports maritimes dans la rangée Hambourg – le Havre. Les syndicats portuaires belges ainsi que nos internationales, l’ITF et l’ETF, ont alors reçu un appel de la FNV pour lancer des actions de solidarité avec leurs collègues de Rotterdam. L’UBT a répondu à cet appel en envoyant une délégation qui a visité le terminal d’APMT à Rotterdam et en accueillant le coordinateur de l’ITF au terminal de PSA dans le Deurganckdok. Le 17 octobre dernier, en réponse à cet appel à la solidarité, une réunion commune de l’ETF et de l’IDC à Anvers a été l’occasion de rédiger au nom de tous les syndicats portuaires présents une déclaration appelant à la solidarité et à une reprise des négociations. Les travailleurs portuaires d’Anvers ont été appelés à participer dans le cadre de la solidarité internationale aux actions organisées par les syndicats à l’égard des navires ‘déroutés’ de la firme MAERSK. Le 22 octobre 2013, le signal fut lancé: entre 18 et 19 heures, le travail aux navires MAERSK CAROLINA et MAERSK TANJONG a été interrompu pendant une heure. Des tracts ont été distribués dans les cantines et des informations supplémentaires ont été données aux dockers. Par la même occasion, nous avons remis un message clair aux capitaines de ces deux navires.

heure par solidarité avec les travailleurs portuaires d’APMT Rotterdam. Et de nouveau, des tracts ont été distribués aux dockers et le capitaine et l’équipage ont été informés de la raison de l’action. Le 23 octobre à 23 heures, après des négociations extrêmement difficiles, les collègues de la FNV Bondgenoten ont obtenu un accord avec la direction d’APMT (MAERSK) sur les conditions de travail des travailleurs portuaires qui seront occupés à l’avenir au terminal de conteneurs d’APMT MV II à Rotterdam. Grâce à la collaboration avec l’inspectorat de l’ITF, toutes les actions se sont très bien déroulées. C’est notamment grâce au coordinateur de l’ITF que les délégations syndicales ont pu monter à bord pour expliquer leurs griefs aux capitaines des navires concernés. Nos collègues hollandais de la FNV Bondgenoten ont dès lors remercié les syndicats portuaires et leurs membres pour la solidarité dont ils ont fait preuve car ils sont conscients qu’ils n’auraient pas pu obtenir ce résultat sans les actions organisées les jours précédant la conclusion de l’accord. La FNV Bondgenoten et ses membres n’ont d’ailleurs pas manqué de souligner qu’en cas de besoin, nous pourrons également compter sur leur solidarité! L’UBT est conscient qu’à l’avenir, d’autres conflits risquent de surgir pour lesquels nous devrons sans aucun doute faire appel à la combativité de nos travailleurs portuaires et à la collaboration de l’inspecteur de l’ITF. Dans un tract, nous avons remercié les dockers du Port d’Anvers pour avoir participé à nos actions. Car la solidarité paie!

Le lendemain, d’autres actions syndicales ont été menées par le Front commun syndical du Port d’Anvers. Le travail au navire MAERSK LAVRAS a été interrompu pendant une

la navigation maritime met le cap sur une nouvelle convention du travail maritime

Les employeurs torpillent la concertation dans le commerce de combustibles!

La convention du travail maritime (CTM) de l’Organisation Internationale du Travail est entrée en vigueur le 20 août dernier. Elle garantit une protection décente à un million et demi de gens de mer ainsi que des conditions de concurrence équitables aux armateurs partout dans le monde. La Commission européenne s’est réjouie de cette nouvelle convention tandis que le gouvernement belge l’a ratifiée le jour de son entrée en vigueur.

Les négociations sectorielles dans la commission paritaire 127 se trouvent dans l’impasse totale. Pourquoi? A cause de l’intransigeance des patrons qui ne s’intéressent qu’à une seule chose: obtenir que tous leurs travailleurs puissent travailler aussi la nuit. Pour ce qui est de la programmation sociale, ils ne veulent rien donner … Pourtant, les revendications des organisations syndicales ne sont nullement exagérées, que du contraire. En échange d’un recul social pour les ouvriers fournisseurs de produits pétroliers, ils ne veulent offrir que quelques miettes...

La convention du travail maritime de l’OIT (CTM 2006), entrée en vigueur le 20 août 2013, inaugure une nouvelle ère de travail décent pour les gens de mer et de concurrence équitable pour les armateurs dans le secteur de la navigation maritime internationale.

«Cette convention est un tournant dans l’histoire maritime», a déclaré le Directeur général du BIT, Guy Ryder. «Fruit du dialogue tripartite et de la coopération internationale, elle permet de promouvoir des conditions de travail et de vie décentes pour les gens de mer ainsi qu’une concurrence équitable pour les armateurs dans un secteur des plus mondialisés.» Depuis le 20 août, la nouvelle convention a donc force de loi au regard du droit international. A ce jour, plus de 45 États membres de l’OIT représentant plus de 70% du tonnage brut mondial total ont ratifié la convention*. La convention bénéficie du soutien total de la Fédération internationale des travailleurs du transport (ITF), qui représente les gens de mer, et de la Fédération internationale des armateurs (ISF), toutes deux ayant joué un rôle déterminant dans son élaboration – processus qui aura duré cinq ans – et dans son

adoption lors d’une session extraordinaire de la Conférence internationale du Travail en 2006. Elle bénéficie également du solide soutien de l’Organisation maritime internationale (OMI), qui supervise le secteur mondial des transports maritimes, lequel assure 90 pour cent du commerce mondial. L’Union européenne a, quant à elle, adopté des directives pour donner effet à la convention et renforcer les inspections de contrôle par l’État du port.

«L’entrée en vigueur de la CTM 2006 est un événement unique dans l’histoire du droit du travail maritime international», explique Cleopatra Doumbia-Henry, directrice du Département des normes internationales du travail de l’OIT. «Il est désormais du devoir de tous de veiller à ce que sa ratification et sa mise en œuvre sur le plan juridique se traduisent en droit et dans la pratique, de sorte que les gens de mer du monde entier puissent véritablement jouir d’une protection de la convention et que les armateurs satisfaisant aux prescriptions de la convention relatives au travail décent puissent bénéficier des avantages qu’elle offre.» La convention réunit en un seul et même document des normes minimales internationales en vue de garantir le travail décent pour les gens de mer, tout en contribuant dans le même temps à assurer des conditions égales pour tous les propriétaires de qualité de navires battant le pavillon d’États qui ont ratifié la convention, en favorisant la compétitivité grâce à un secteur maritime fiable et rentable. L’objectif de la convention est donc de garantir que conditions de travail décentes riment avec concurrence loyale. * Le 20 août 2013, la convention du travail maritime 2006 est devenue obligatoire au regard du droit international pour les 30 premiers pays signataires dont les ratifications ont été enregistrées le 20 août 2012. Pour tous les autres pays qui l’ont ratifiée, elle entrera en vigueur 12 mois après que leurs ratifications auront été enregistrées.

La négociation a pris un faux départ... Dès l’ouverture des négociations sectorielles, il était clair que c’étaient les faucons parmi les employeurs qui sonnaient la charge. A presque toutes les demandes syndicales – pourtant très raisonnables – ils ont opposé un NON catégorique: - l’amélioration de la pension du deuxième pilier: PAS NEGOCIABLE! - la conclusion d’une CCT 90 supplétive pour les employeurs qui n’ont pas conclu de CCT 90 dans leur entreprise: NON! - la concrétisation au niveau sectoriel d’un certain nombre de CCT intersectorielles facilitant la prise du crédit-temps: NON! Un patronat avide de généraliser le travail de nuit.

Les employeurs réclament aussi l’instauration générale de la possibilité du travail de nuit dans le secteur et l’élargissement des critères pour rémunérer les heures supplémentaires au lieu de les compenser. Les organisations syndicales étaient disposées à en discuter… du moins en ce qui concerne la rémunération des heures supplémentaires. Et au sujet du travail de nuit également, le banc syndical était prêt à examiner avec les employeurs pour quelles activités le travail de nuit pourrait être nécessaire (nous pensions notamment à l’approvisionnement des stations-services). Après l’élargissement de la compétence de la CP 127, un accord plus que nécessaire! Au mois de juillet, le ministre de l’Emploi a décidé d’élargir la compétence de la CP 127 (commerce de combustibles). Certaines entreprises qui se trouvaient encore récemment dans la CP 140 (transport routier), devront émigrer vers la CP 127. La CP 127 gagne donc en importance et les employeurs devraient se rendre compte qu’ils ont tout à gagner à un dialogue social qui fonctionne bien! Mais leur intransigeance n’augure rien de bon et hypothèque lourdement les relations sociales dans le secteur.


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> CAMPAGNE

Faites pression sur votre banque! STOP à la spéculation sur les matières premières agricoles et sur les terres. Depuis une dizaine d’années, de nouveaux investisseurs financiers spéculent massivement sur les marchés agricoles. Spéculer sur le prix des matières premières agricoles, c’est parier sur la volatilité de ces prix pour engranger un maximum de profits. Spéculer sur les terres, c’est investir dans des entreprises qui pratiquent des achats massifs de terres à l’étranger. Dans tous les cas, les agriculteurs, les denrées agricoles et la terre qui permet de les produire deviennent des outils au service de stratégies d’investissement. Ces pratiques spéculatives conduisent à une concentration des terres dans les mains des plus riches et à la hausse des prix alimentaires, menaçant la sécurité alimentaire des plus pauvres et l’avenir des petits agriculteurs. Des banques en Belgique complices! Une récente étude 1 sur l’implication des banques en Belgique en matière de spéculation sur les produits agricoles nous apprend que six institutions financières sur les neuf passées sous la loupe offrent à leurs clients des produits financiers liés aux évolutions de prix des produits agricoles. Elles participent donc de manière indirecte aux crises alimentaires et au nombre croissant de personnes souffrant de la faim dans le monde. Vous trouvez cela inadmissible ? Vous voulez savoir si votre banque est concernée? A la demande de SOS FAIM et des ONG partenaires, le Réseau Financement Alternatif a réalisé une étude sur l’implication des banques en Belgique dans la spéculation sur les produits agricoles. Neuf institutions ont été ciblées en fonction de leur poids sur le territoire belge et de l’existence révélée dans leur chef de pratiques financières liées aux produits dérivés dans d’autres pays. Rendez-vous sur le site www.onnejouepasaveclanourriture.org et écrivez à votre banque pour lui dire qu’on ne joue pas avec la nourriture! LA FGTB soutient la campagne de SOS Faim. Les agriculteurs du Sud comme ceux du Nord sont concernés, mais pas seulement ! En tant que consommateurs, nous sommes tous concernés par ces spéculations sur la nourriture qui menacent la sécurité alimentaire mondiale. La campagne «On ne joue pas avec la nourriture» s’inscrit dans la campagne du CNCD-11.11.11 sur le droit à l’alimentation. 1- L’étude complète «La complicité des banques belges dans la spéculation sur l’alimentation», réalisée par le Réseau Financement Alternatif, en collaboration avec SOS Faim, Oxfam Solidarité, le CNCD, 11.11.11 et Fairfin est disponible sur le site www.onnejouepasaveclanourriture.org.

Le problème: L’extrême volatilité des prix agricoles Historiquement, les prix agricoles mondiaux ont été stables notamment en raison de mesures de régulation en Europe et ailleurs. Mais ces dernières années cette stabilité en a pris un coup avec l’émergence d’une extrêmement volatilité.

Volatilité expliquée par les fondamentaux du marché … Ces variations brutales de prix s’expliquent par les variations de l’offre et de la demande: l’augmentation de la demande des pays émergents, la production d’agrocarburants, les prix élevés du pétrole et des engrais, les mauvaises récoltes causées par les aléas climatiques.

….mais pas seulement Un nouveau facteur entre en jeu, la spéculation massive de nouveaux investisseurs financiers sur les marchés agricoles- hedge funds, fonds de pension, fonds souverains, et les banques financières.

La spéculation a toujours existé Depuis le 19ème siècle, les agriculteurs vendent leurs récoltes futures à travers des contrats à terme pour se protéger des variations de prix. Les hedgers (entreprises agroalimentaires) ainsi que les spéculateurs achètent ces contrats à terme. Les spéculateurs qui n’ont pas besoin de ces produits agricoles achètent les contrats pour les revendre ultérieurement plus cher aux hedgers.

…mais n’avait pas cette ampleur Quand les spéculateurs ne représentaient qu’une faible minorité des acteurs sur les marchés à terme, leur comportement ne pouvait pas perturber les mécanismes de formation de prix. Dès lors qu’ils deviennent majoritaires sur ces marchés, ils sont en mesure d’interférer et de manipuler les cours. Info: www.onnejouepasaveclanourriture.org

> 11.11.11

Ceux qui cultivent sont aussi ceux qui meurent de faim Dur à avaler, non? ujourd’hui, quelques 870 millions de personnes souffrent de la faim et plus d’un milliard sont en surpoids. Les premières victimes de la faim sont les paysans et les premières victimes de surpoids sont les plus défavorisés. Le monde produit 1,5 fois plus de nourriture qu’il n’en faut pour nourrir tout le monde, mais un tiers de la nourriture est perdu ou gaspillé. Ce système est absurde. Pendant que les paysans du nord et du sud étaient en pleine crise, les multinationales de l’agroalimentaire ont augmenté leurs profits de 40 à 140%. L’agroalimentation est absurde! Produire plus n’est pas la première réponse à la crise alimentaire. Il faut changer de modèle agricole et alimentaire, garantir le droit à l’alimentation et entamer la transition vers un système alimentaire durable, vers l’agroécologie. Cette transition implique de mettre en place des politiques agricoles, alimentaires et financières fortes et justes.

A

C’est pour cela que le CNCD-11.11.11 se mobilise pour le droit à l’alimentation: pour interpeller les décideurs politiques belges et européens. Défendre le droit à l’alimentation, c’est aussi construire une réponse importante face à un enjeu global: stopper ces menaces qui pèsent sur le droit à l’alimentation et aller vers un changement de modèle agricole qui permettra de produire une alimentation de qualité, en respectant celles et ceux qui la produisent mais aussi la terre, l’environnement et le climat. La campagne 2013 de 11.11.11 pour le droit à l’alimentation est en lien étroit avec tant l’enjeu du travail décent, que le défi de la justice climatique.

La FGTB Wallonne soutient En 2013, comme chaque année la FGTB wallonne participera à la récolte de fonds 11.11.11 du CNCD en vue de financer des programmes de développement dans le Sud.

Participez! Sur www.cncd.be, vous trouverez tous les visuels et le matériel de campagne, ainsi qu'une foule d'informations. De même, le catalogue des produits vendus au profit de 11.11.11 est accessible. Des ventes peuvent être organisées au sein des entreprises.


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DOSSIER

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SALAIRES

LE PROJET D’ACCO

Toute la vérité sur les coûts salariaux Il ne se passe pas un jour sans que les employeurs ne se lamentent, chiffres à l’appui ou non, de la hauteur de nos coûts salariaux. Nos entreprises en seraient moins compétitives par rapport aux concurrents étrangers. Nos coûts salariaux menaceraient la survie des entreprises, nos emplois, notre pain quotidien. Mais qu’en est-il vraiment? Pour les employeurs, les coûts salariaux sont composés d’une part du salaire brut (c’est-à-dire le salaire sans prélèvements pour les impôts ou la sécurité sociale, le salaire qui figure en haut de votre feuille de paie) et d’autre part des cotisations patronales de sécurité sociale (+/- 32% du salaire brut).

Ristournes… Les employeurs bénéficient d’importantes réductions de cotisations de sécurité sociale. Ceci, sous forme de diminutions ‘structurelles’ des cotisations ONSS qui représente chaque année une manne de plus de 5 milliards d’euros.

… et démarques A cela, s’ajoute une réduction fixe des coûts salariaux pour les entreprises. Une partie du précompte professionnel que les employeurs retiennent sur les salaires bruts ne doit en effet pas être reversée au fisc. Mais de cela, les employeurs n’en parlent pas. Cela ne les empêche pas de passer au guichet: en 2012, le total des subsides salariaux s’élevait à 6 milliards d’euros.

«Les employeurs ne disent pas toute la vérité.»

La face cachée de l’Allemagne • En 10 ans, le nombre de personnes obligées d’avoir 2 emplois a doublé. • Près de 7,5 millions de personnes travaillent soit dans le cadre d’un mini-job c.à.d. un emploi qui ne rapporte pas plus de 450e par mois (sans ouvrir des droits à la sécurité sociale). • Au total, l’emploi précaire (contrats temporaires, intérim, temps partiels involontaires) représente 26% de l’emploi total. • Les inégalités ont augmenté: en 1998, les 50% les plus pauvres de la population possédaient 4% de l’ensemble des richesses. En 2008, ce pourcentage était d’à peine 1%.

Employeurs chouchoutés Les entreprises belges bénéficient d’un soutien important des autorités publiques sous forme de réductions de cotisations sociales ou de déductions fiscales. Ainsi dopées, elles cherchent en règle générale à réduire leurs coûts de production mais pas à améliorer leurs produits par la recherche et l’innovation. Ces subsides salariaux pour les employeurs ont augmenté de façon spectaculaire depuis 1996: de 1,3 milliard d’euros en 1996, ils sont passés à 10 milliards d’euros en 2012! Et c’est sans compter la déduction des intérêts notionnels. Ce régime fiscalement avantageux a permis aux entreprises, surtout aux holdings financiers et aux multinationales, de déduire 20,4 milliards de leurs revenus en 2012, ce qui au taux moyen d’imposition des sociétés de 23% équivaut à un cadeau fiscal de près de 5 milliards supplémentaires par an. Evolution subsides salariaux (1996-2012) 1996

2012

Diminution cotisations patronales

1306

4899

Subsides salariaux

19

5977

Total avantages employeurs

1325

10876

Source: BFP, SPF Finances, estimation secrétariat pour 2012. Malgré ces «cadeaux», le nombre d’emplois précaires ou mal payés ne cesse d’augmenter de même que le chômage et le recours au chômage économique.

Plus de chèques en blanc! Les aides à l’emploi doivent servir à l’emploi et non à accroître les bénéfices des entreprises et la distribution de dividendes aux actionnaires.

Trop chers nos salaires? Pour déterminer si nos coûts salariaux sont trop élevés, on les compare systématiquement avec ceux des pays voisins qui sont aussi nos principaux clients. Mais les chiffres valsent et se contredisent selon les interlocuteurs, leurs objectifs et leurs intérêts. Avec qui nous comparons-nous?

Evolution des coûts salariaux

Traditionnellement, nous comparons l’évolution des nos salaires avec celle de nos pays voisins, c’est-à-dire la France, les Pays-Bas et l’Allemagne. Nous faisons cette comparaison depuis l’instauration en 1996 de la loi dite «de sauvegarde de la compétitivité» qui a introduit le principe de la «norme salariale». Le but de cet exercice est de déterminer la marge possible d’augmentation de nos salaires sur base de l’évolution des salaires en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. Cette analyse incombe au Conseil Central de l’Economie (CCE) qui remet (généralement début novembre) un rapport technique circonstancié avant le démarrage de la négociation salariale interprofessionnelle qui fixera l’évolution des salaires pour 2 ans et servira de cadre aux négociations sectorielles et d’entreprise. Le CCE est l’endroit où les interlocuteurs sociaux, les représentants des travailleurs et des employeurs se concertent sur la politique économique à mener. Le CCE se limite à la formulation d’avis et de propositions à l’attention des décideurs politiques, des ministres et du gouvernement.

Un écart de 5,2% ou de 0,55%? Le CCE fait actuellement état d’un écart salarial de 5,2% avec la moyenne des salaires de nos voisins depuis 1996. Mais cette comparaison ne tient pas compte des subsides salariaux reçus par les entreprises. Le débat tourne donc autour de la prise en compte ou non de ces subsides, en tout ou en partie. Pour la FGTB, la réponse est claire: il va de soi que TOUS les subsides salariaux font diminuer les coûts salariaux. Car si on tient compte de ces subsides, les coûts salariaux pour les entreprises s’en trouvent quasiment gommés! L’écart salarial avec les pays voisins retombe en effet de 5,2% à 0,55% seulement. Ce pourcentage donne une image correcte de l’écart salarial par rapport à nos pays voisins. Mais peut-on alors encore vraiment parler d’un «écart salarial»?

Ce graphique montre que par rapport au reste de la zone euro, la Belgique n’a quasiment pas perdu de compétitivité en raison des coûts salariaux. La différence est principalement liée à l’évolution négative des coûts salariaux en Allemagne qui tire ainsi la moyenne vers le bas.

L’Allemagne n’est pas une référence L’Allemagne est-elle l’exemple à suivre? Est-ce qu’une baisse des salaires permet de créer de l’emploi? Regardons l’évolution du volume de travail et non pas l’évolution de l’emploi car une augmentation de l’emploi peut aussi s’expliquer par une augmentation du nombre d’emplois à temps partiel. Sur une période de 15 ans en Allemagne, l’emploi a augmenté de 9% mais le nombre d’heures prestées n’a augmenté que de 1%. Cela signifie qu’on n’a quasiment pas crée d’emplois mais qu’on a réparti l’emploi sur plus de personnes, notamment via le temps partiel ou les emplois précaires. En Belgique par contre, sur cette même période, le volume de travail a augmenté de 19%! Cela veut donc

Conclusion: les salaires ne sont pas l’ennemi de l’emploi. Malgré une progression légèrement plus rapide des salaires dans notre pays, la Belgique a mieux performé que les pays voisins en matière de création d’emploi et de croissance.

Evolution de l’emploi salarié et de la croissance 1996-2011 Emploi (personnes)

Emploi (heures)

PIB (volume)

Allemagne

8%

1%

23%

France

15%

7%

29%

Pays Bas

22%

15%

37%

Belgique

20%

19%

33%

Comme la France et les Pays-Bas Il faut en outre se méfier des moyennes. Chaque fois qu’il est question des coûts salariaux, on renvoie au chiffre global, à la moyenne des pays voisins. On ne regarde jamais les chiffres séparément. Si on le fait, on remarque qu’il n’y a ‘dérapage’ que par rapport à l’Allemagne. L’évolution des coûts salariaux belges suit celle des Pays-Bas et de la France.

dire que dans notre pays, on a travaillé 19% d’heures de plus. De plus, dans notre pays, l’emploi a parallèlement progressé de 17%. Il s’agit donc d’emplois à part entière, avec un salaire décent et une protection sociale. La modération salariale en Allemagne et sa politique des mini-jobs ont de lourdes conséquences économiques et sociales: la pauvreté et l’inégalité ont fortement augmenté et la politique des bas salaires fait que les gens n’ont tout simplement plus les moyens pour consommer. C’est ainsi que la demandé intérieure, principal moteur de l’économie européenne, est paralysée. Ce dernier élément a entre-temps été confirmé par la Commission européenne et par l’OCDE qui appellent l’Allemagne à laisser ses salaires augmenter pour maintenir la consommation intérieure à niveau.


DOSSIER

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ORD INTERPROFESSIONNEL

Sur quelle base comparer? En plus des subsides salariaux, il faut aussi tenir compte de la productivité quand on compare les coûts salariaux. La productivité reflète la valeur produite sur une unité de temps déterminée. Un travailleur peut coûter plus, mais si sa productivité augmente dans la même mesure, il n’y a pas de «dérapage» des coûts salariaux et il n’est pas non plus question de handicap salarial!

Productivité élevée, salaires élevés Dans notre pays, le niveau de nos salaires se justifie par un niveau de productivité élevé. Car malgré le ralentissement de la croissance (voir plus loin), notre productivité reste élevée. Quand on regarde le rapport entre les coûts salariaux et la productivité, ce

que l’on appelle aussi le «Unit Labour Cost (ULC)» ou coût salarial unitaire, on constate que pour l’industrie manufacturière (des secteurs qui subissent la concurrence internationale et qui doivent donc être compétitifs), nous sommes au même niveau que nos pays voisins. Nous performons juste un peu moins bien qu’aux PaysBas. • Belgique 69,8 • Allemagne 69,2 • France 75,7 • Pays-Bas 62,7 (Source: Rapport Commission d’experts/Bureau du Plan) Il ressort du récent tableau de bord de la Commission européenne, que ces 10 dernières années, le Unit Labour Cost (ULC) a augmenté de 20% en Belgique. Ce chiffre est similaire à

celui des Pays-Bas. En France, l’augmentation était de 22,3% . L’augmentation moyenne dans la zone euro est de 26,4%. Ce ralentissement relatif de notre productivité par rapport aux salaires s’explique aussi par le choix délibéré chez nous d’une politique qui emploie massivement des peu qualifiés sur le marché du travail, plus particulièrement dans des services à plus faible productivité (titres-services…). Ceci a tiré l’évolution totale de la productivité vers le bas, mais a profité à l’emploi et au pouvoir d’achat – et donc aussi à la demande intérieure et à l’économie de façon générale.

Quels sont les p oi des entreprises nts faibles belges? • Trop pe

u de pro pays a de ce fa duits finis sont fabriqu é • Les employ it un handicap dans les ex s, notre eurs investiss portations. ent trop peu mation des tr dans la for• Nous avons availleurs trop peu de p roduits novate valeur ajouté urs à forte • Trop peu de e spécialisation dans les secteu nologie de po rs • Nous somm inte (par ex. la télécommu de teches trop peu ori nication) enté gents (Brésil, Russie, Inde et s vers les pays émerChine)

«Notre productivité élevée justifie nos salaires»

Salaires et compétitivité: c’est pas la même histoire des produits à faible valeur ajoutée) et par l’orientation défavorable de nos exportations (nous ne sommes pas suffisamment orientés vers les marchés émergents comme le Brésil). Entre 1995 et 2011, nous ne sommes pas parvenus à augmenter la proportion de nos produits de moyenne et haute technologie. En Belgique, ces produits constituent la moitié (51%) du total des exportations. En Allemagne, ce pourcentage est de 70%.

Exporter mieux et différemment

Le seule manière d’améliorer notre position concurrentielle est d’accroître l’importance des secteurs novateurs et à forte intensité de connaissances : investir dans la recherche et le développement, l’enseignement, la formation, … Il est grand temps de réformer notre économie par d’importants investissements et de la transformer en une économie innovatrice qui a sa place dans l’économie mondiale. Un gel des salaires ne fait que confor-

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Selon un rapport récent du Bureau fédéral du Plan, la perte de compétitivité par les coûts (salaires et énergie) n’explique que pour un tiers la perte belge de parts de marché. Le reste s’explique par la structure de nos exportations (en grande partie axées sur les produits semi-finis, des produits semi-transformés qui doivent encore être travaillés pour obtenir un produit final, c’est-à-dire

Gel des salaires versus investissements

ter les entreprises dans l’immobilisme au lieu des les pousser à faire des investissements orientés vers l’avenir. La compétition salariale, outre le fait qu’elle met en danger notre modèle social, entraîne les concurrents dans une spirale à la baisse finalement dommageable à tous? Il ne faut donc pas ramener tous nos problèmes à la seule question du coût salarial. Mais rien n’empêche de les réduire et ce serait même une bonne chose pour la consommation intérieure si on réduisait la charge fiscale et parafiscale qui pèse trop sur le travail. Cela implique que l’on fasse glisser ces charges fiscales et parafiscales du travail vers le capital et la fortune par une fiscalité plus équitable.

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Quand on écoute les employeurs nous rebattre les oreilles avec leurs coûts salariaux, on pourrait penser que les coûts salariaux sont le seul facteur qui influence notre compétitivité. Or, il n’en n’est rien! Comment expliquer sinon que malgré un monitoring de nos salaires depuis des années, notre pays perde quandmême des parts de marché? Si notre économie perd des parts de marché, ce n’est pas dû à nos salaires mais à un ensemble de faiblesses structurelles.

«Les coûts salariaux et les prix de l’énergie ne jouent que pour 1/3 dans notre compétitivité.»

Ecart salarial a pays voisins devec nos puis 96 • 5,2%

selon le CCE, sans déductio lariaux n des subsides sa• 0,55% après déduction des subsides sala par les emplo riaux reçus • 16% selon la yeurs FEB. Ce chiffr e ne repose su reflète la diffé re r sur l’ensemble nce absolue (dans 21 secteu rien, il rs et non de l’économie la productivit ), sans tenir co é. et des poires. Cela revient à comparer des mpte de pommes


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> SOLIDARITÉ AVEC LES TRAVAILLEURS ÉCOSSAIS > POINT DE VUE

Menaces et coupes sombres chez INEOS

TIME TO GO! Il y a dans notre pays une vingtaine d’armes nucléaires tactiques. Elles ont 24 fois la puissance d’Enola Gays, la bombe atomique d’Hiroshima. Ces armes de destruction massives doivent disparaitre une fois pour toutes. Time to go! C’est sous ce mot d’ordre qu’a débuté la campagne du mouvement pour la paix qui exige le démantèlement des missiles nucléaires présents sur notre territoire. Des actions sont d’ailleurs lancées partout dans le monde pour le désarmement et l’interdiction au niveau international des armes nucléaires. La Centrale Générale de la FGTB et toute la FGTB ont toujours été actives au sein des mouvements pour la paix. Cette fois encore, nous participons. Les bombes atomiques ne peuvent apporter la paix. Elles ne peuvent qu’occasionner de gigantesques catastrophes. Si les vingt missiles de notre pays explosent, c’est l’hiver nucléaire : un écran géant masquera le soleil et toute vie sur notre planète deviendra impossible. Et il y a 17.000 missiles semblables sur terre prêts à annihiler l’humanité. Ils doivent disparaitre. Mais aussi parce que l’arsenal nucléaire a un coût faramineux. 100 milliards de dollars sont chaque année gaspillés au niveau mondial. Et notre pays paie sa part. Il est prévu de moderniser les missiles présents chez nous. Dans le même temps, les porteurs de ces missiles, les avions de chasse F 16 de la Composante Air doivent être remplacés. Aux frais du contribuable. Beaucoup de centaines de millions, alors que nous devons accepter une politique de sobriété, avec gel des salaires, ralentissement de l’indexation, de sérieuses coupes sombres dans notre sécurité sociale. NON ! Time to go! Si ces armes nucléaires disparaissent de notre territoire, cela fera tâche d’huile dans d’autres pays. La Belgique était précurseur en matière d’interdiction internationale des mines antipersonnel et de bombes à sous-munitions. Aujourd’hui, nous pouvons être les précurseurs pour le démantèlement de l’armement nucléaire qui est immensément plus dangereux. En outre, notre pays hérite d’une responsabilité énorme dans la course aux armements nucléaires à cause d’un certain nombre d’industriels et dirigeants. On a besoin d’uranium pour fabriquer des armes nucléaires. Il a été extrait massivement des mines du Katanga, province de notre ancienne colonie le Congo. Ces réserves d’uranium ont été fournies à nombre de pays pour leur programme nucléaire militaire. Ainsi, tout en secret, sans aucun contrôle démocratique, l’uranium a été livré à l’Etat d’Israël pour développer ses armes nucléaires. Raison suffisante pour suivre nos politiciens de gauche et progressistes qui luttent en faveur du désarmement. Une initiative récente provient du parlementaire SP-A Dirk Van der Maelen qui a présenté un projet de loi pour retirer les armes nucléaires de Belgique. Time to go! Le mouvement pour la paix a lancé le 20 octobre sa campagne par un événement à Bruxelles. C’était un début, avec 1.000 militants enthousiastes pour la paix. Rejoignez-les! Soyons plus de 10.000 la prochaine fois, 100.000 la fois suivante. Continuons cette action qui doit nous mener vers la paix. Jusqu’à ce que les missiles aient quitté la Belgique. Jusqu’à l’interdiction mondiale des armes nucléaires.

(25 octobre 2013)

Paul Lootens Secrétaire général

Alain Clauwaert Président

INEOS est une entreprise internationale de la chimie, présente en Belgique, mais également en Ecosse. C’est là, à Grangemouth, que les travailleurs sont confrontés à une gestion désastreuse. La direction veut réduire les salaires, diminuer les jours de congé et supprimer le régime de pension sans aucune négociation. L’usine est pour l’instant en lockout, les travailleurs ne savent plus aller travailler. «A INEOS Grangemouth la situation est catastrophique» nous dit Mike Thompson du syndicat UNITE. «L’entreprise nous menace de façon outrageante. Le délégué principal est actuellement suspendu et est menacé de licenciement. On veut briser le syndicat. Plus aucune concertation n’est possible.» Une délégation de représentants du syndicat UNITE est venue manifester à Bruxelles, notamment devant la fédération européenne des patrons de la chimie et les bureaux de SOLVAY et INEOS à Neder-OverHeembeek. La Centrale générale était présente pour les soutenir. Pour Thierry Allard, délégué de la Centrale Générale chez INEOS Feluy, ce soutien est très important. Il faut suivre de près ce qui se passe chez INEOS Grangemouth car les méthodes employées en Ecosse sont identiques à celles employées en Belgique et ailleurs. Il y a quelques semaines, dans une entreprise à Seneffe, la direction a tenté de licencier un délégué SETCA. Lui aussi dérangeait la direction. Thierry rappelle: «En 2011, la direction n’a pas hésité à casser

Un rat géant pour dénoncer les mesures sociales désastreuses chez INEOS en Ecosse

le mouvement de grève en réquisitionnant 46 ouvriers sous prétexte de vouloir assurer la sécurité de l’usine. Le patron milliardaire James Radcliff fait de son entreprise le Ryanair de la chimie.»

Nous pouvons tous soutenir les travailleurs d’INEOS Grangemouth en signant une pétition en ligne sur le site de IndustriAll: www. industriall-union.org.

> IN MEMORIAM MARCEL SCHOETERS

L’adieu à un géant du mouvement syndical Le 17 octobre dernier, la FGTB a perdu en Marcel Schoeters un grand syndicaliste, une personnalité éminente du mouvement socialiste. Il est décédé à l’âge de 88 ans. Marcel Schoeters est issu d’une famille ouvrière. Son père était militant syndical et il a suivi son exemple en s’engageant très jeune dans le mouvement syndical. C’est en 1947 qu’il a commencé à travailler à la Centrale Générale – FGTB à Anvers. Toute sa carrière durant, il ne cessera d’y marquer de son empreinte l’action syndicale, d’abord en tant que secrétaire syndical et ensuite, en 1970, comme président de la section régionale de la Centrale Générale. A partir de 1976, il a assuré la présidence de la FGTB à Anvers. Il a aussi été membre du Comité Exécutif de la Centrale Générale et du Bureau Fédéral de la FGTB Marcel Schoeters a également eu une voix prépondérante dans bon nombre d’autres domaines au sein du mouvement socialiste. C’est ainsi qu’il a joué un rôle crucial lors de la création du journal De Morgen en 1978, en tant que président de la maison d’édition De Roos. Il a aussi,

durant de nombreuses années, présidé les Mutualités Socialistes d’Anvers. A deux reprises, il a été élu au Sénat, en 1985 et en 1987. Il est resté président du centre de soins De Mick à Brasschaat jusque quelques mois avant son décès. Lors de son hommage, la Secrétaire Générale de la FGTB flamande, Caroline Copers, a qualifié Marcel de «géant du mouvement syndical». «C’est ensemble avec de nombreux militants qu’il a donné forme à la présence syndicale dans la pétrochimie. Tout récemment encore, Marcel évoquait à l’occasion d’un reportage télévisé qui passait sur la deuxième chaîne de la VRT, l’occupation de la raffinerie de pétrole RBP. Cette lutte menée contre la fermeture de l’entreprise restera dans les annales de l’histoire. Elle a duré 11 mois et a été gagnée. Marcel en était le moteur. Au moment de l’enregistrement de l’émission (intitulée «Nooit meer dezelfde»), Marcel avait déjà 87 ans, mais il en a fait le compte rendu dans son style typique, avec verve, enthousiasme et animation.» C’est aussi ainsi que nous nous rappellerons Marcel Schoeters, comme

un syndicaliste et un socialiste qui, jusqu’à la fin, est resté fidèle à son engagement actif. En ces moments difficiles, toutes nos pensées vont vers sa femme Paula, ses enfants Dirk et Mimi, et tous les autres membres de sa famille. Une version raccourcie du reportage avec Marcel Schoeters sur l’occupation RBP est disponible sur http://www.youtube.com/ watch?v=Egos9a030D4


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> INÉGAUX FACE AUX DÉLAIS DE PRÉAVIS

Discrimination inacceptable des travailleurs du bâtiment dans la nouvelle législation Les différences entre ouvriers et employés en matière de licenciement et de jour de carence vont disparaître. Le gouvernement a pour ce faire un projet de loi qui sera bientôt examiné par le Parlement. Mais ce projet reprend un régime totalement inacceptable pour les travailleurs de la construction. La discrimination persiste. Et c’est ce qui est farouchement contesté. La durée des préavis des travailleurs de la construction fait exception. Pour eux, la durée moyenne est quatre fois plus courte que pour les autres travailleurs. Ceux qui ont un poste fixe en atelier connaitront une période transitoire, tout comme les travailleurs de certains secteurs où un grand retard devrait être rattrapé. L’égalisation sera effective en janvier 2018.

Injuste et illégale Mais pour les travailleurs exerçant leurs professions sur des chantiers temporaires ou mobiles, cette différence est intemporelle dans le

projet de loi. Ils restent discriminés par rapport aux employés, ils sont même discriminés par rapport à leurs camarades en poste fixe à l’atelier. Ça ne tient pas la route. La nouvelle loi est là parce que la Cour constitutionnelle, la plus haute juridiction de notre pays, a décrété que les différences entre les statuts des travailleurs devait disparaître. Et maintenant, une nouvelle discrimination serait mise en place. Ce n’est pas seulement injuste, c’est également illégal.

Le Parlement doit dire non

> LES SYNDICATS RÉCLAMENT

DE MEILLEURES RÈGLES EN MATIÈRE DE DÉTACHEMENT

Action d’alerte contre le dumping social et l’exploitation Voici 15 jours, les ministres européens de l’emploi et du travail se sont rencontrés à Luxembourg. L’occasion pour les syndicats de mettre en place une action d’alerte. En effet, il est urgent que l’Europe prenne des mesures adéquates contre le dumping social. Les travailleurs des pays plus pauvres, principalement originaires d’Europe de l’Est, sont exploités dans d’autres pays pour des salaires bien trop faibles et de mauvaises conditions de travail. La directive relative au détachement qui doit combattre cette situation est inefficace. Et une nouvelle «Directive d’application», qui devrait assurer un meilleur contrôle et une lutte accrue contre la fraude, part totalement dans la mauvaise direction. Il n’y a pas de débat démocratique à ce sujet. Les textes qui se trouvent actuellement sur la table comportent le risque d’apporter encore moins de protection aux travailleurs détachés. L’action à Luxembourg était une initiative de la FETBB, la Fédération européenne des travailleurs du bâtiment et du bois, en collaboration avec les syndicats du métal, le transport, l’alimentation et les services. Une centaine de militants de différents pays étaient présents. Les représentants belge et luxembourgeois des ministres de l’Emploi et du Travail se sont montrés sensibles à la revendication des syndicats. Et cette revendication, c’est que l’Europe adopte une règlementation stricte qui s’attaque réellement à la problématique du dumping et de l’exploitation des travailleurs.

La Centrale Générale FGTB entreprend des actions en front commun pour supprimer cette réglementation reprise dans le projet de loi. Une lettre a été envoyée le 17 octobre aux présidents des partis démocratiques de notre pays ainsi qu’à tous les parlementaires démocrates qui font partie de la commission des affaires sociales. Il était demandé aux parlementaires «d’éliminer toute discrimination, et d’interdire l’introduction de discriminations supplémentaires». En clair, ils doivent retirer l’article relatif au régime des travailleurs de la construction ou le réviser profondément. Il ne peut être approuvé tel quel. Si cela devait se produire, les syndicats s’adresseraient à la Cour constitutionnelle pour le contester. Mais il faut d’abord voir ce qui se passe au Parlement. Entre temps, les organisations syndicales mènent des discussions avec les présidents de partis et les mandataires politiques pour réorienter le projet de loi.

Comment les ouvriers de la construction réagissent-ils? Edouard Rose, délégué de la Centrale Générale,ne mâche pas ses mots: «Alors que l’Europe demande un statut unique pour tous les travailleurs, la Belgique répond par un statut unique pour tous les travailleurs, sauf ceux de la construction. Donc, si je comprends bien, ça fait deux statuts. Où est la logique ? En tant que travailleurs de la construction, nous jouons un rôle essentiel pour la société et tout ce qu’on obtient, c’est qu’on ne fait rien pour nous. Nous sommes déjà en concurrence avec les travailleurs détachés qui coûtent moins chers que nous. Mais si en plus nous licencier ne coûtera pas cher, quel message pensez-vous que l’on envoie aux patrons? Pour beaucoup de mes collègues, la crainte de perdre leur boulot est réelle et ils préfèrent se taire. Mais on pense tous la même chose: on veut nous garder au bas de l’échelle. Une chose est sûre : ce n’est certainement pas avec de telles mesures que le secteur va devenir attractif pour les jeunes. Au contraire, ils vont tous le fuir».

> MEURTRES AU PÉROU ET EN AFRIQUE DU SUD

La violence contre les syndicalistes continue Des syndicalistes affiliés à des organisations sœurs de la Centrale générale ont été assassinés récemment. Au Pérou, un tueur à gages a commis un attentat contre un chef de file du syndicat de la construction FTCCP. Et en Afrique du Sud un représentant de l’Union nationale des mineurs a été assassiné. Au Pérou, un dirigeant syndical a été assassiné parce qu’il avait dénoncé les pratiques mafieuses dans son pays. Des entreprises de la construction, mais aussi des travailleurs de la construction sont obligés de rejoindre des pseudo syndicats, de fausses organisations qui servent de couverture pour toutes sortes d’exactions. La pratique est monnaie courante au

Négociations dans la chimie

Des militants de La Centrale Générale de la FGTB étaient également présents au Luxembourg afin de revendiquer des mesures contre le dumping social et l’exploitation en Europe.

Edouard Rose: «les jeunes vont fuir la construction»

Un préaccord a pu être obtenu dans le secteur de la chimie après 12 heures de négociations. Le protocole d’accord reprend quatre éléments ponctuels de convention collective. Plus d’informations dans le prochain Syndicats.

Pérou et est une attaque en règle contre les droits et libertés syndicaux. L’assassinat s’est produit à la suite d’une grève nationale de 24 heures le 26 Septembre. Via cette action, ils voulaient protester contre les pratiques criminelles dans le secteur de la construction. Mais la grève était également dirigée contre la politique du gouvernement qui affecte gravement les salariés et qui rend les conditions de travail très précaires. Deux syndicalistes péruviens en visite récemment en Belgique nous ont apporté leur témoignage. Lors d’une réunion, coorganisée par la section BRIO de la Centrale générale (et parrain du projet avec le Pérou), ils ont expliqué comment le gouvernement porte atteinte aux négociations collectives et aux droits syndicaux. La protection sociale est également érodée. Le syndicaliste sud-africain qui

Des syndicaliste péruviens en visite en Belgique, montrent une affiche dénonçant les pratiques mafieuses dans leur pays. a été tué travaillait dans la mine Lonmin. C’est là même que l’an dernier 34 mineurs ont été abattus par les forces de sécurité. Il y a régulièrement des victimes, en dépit de la trêve. Les meurtriers ne sont jamais arrêtés et le cycle de la violence et l’impunité persistent.

Adaptation des salaires en octobre 2013 Voici la liste des secteurs de la Centrale Générale de la FGTB pour lesquels les salaires ont été adaptés au 1er octobre 2013. Plus d’informations sur le site www.accg.be, via le QR code ci-dessous ou auprès de votre délégué ou section syndicale.

Ciment * Tuileries Industrie et commerce du pétrole * Construction Exploitations forestières * Scieries et industries connexes Commerce du bois Cuirs Tabac Transformation du papier et du carton Tanneries de peaux *: l’augmentation s’applique uniquement aux salaires minimas, elle ne s’applique pas aux salaires réels qui sont plus élevés.


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MÉTAL

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> POINT DE VUE

L’inversion du sens de l’Histoire ’école nous enseigne l’Histoire de l’humanité comme un processus continu, parsemé de ruptures, certes, mais orienté vers un toujours «mieux». On nous apprend qu’elle a un sens qui serait, grosso modo, celui du progrès. Nous irions de l’obscurité vers plus de lumière.

L

Pourtant, la perception de notre avenir résiste aujourd’hui à cette vision... optimiste. Bien sûr, notre génération vit, globalement mieux que celle de nos parents mais tous, nous mesurons bien que nos enfants connaîtront de plus grandes difficultés que nous. En mars 2004, une poignée de vétérans des mouvements français de résistance s’inquiétait déjà de cette inversion du sens de l’Histoire. Ils écrivaient ceci: «...sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des «féodalités économiques 1», droit à la culture et à l’éducation pour tous, une presse délivrée de l’argent et de la corruption, des lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peutil manquer aujourd’hui d’argent

pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la démocratie et la paix.» Comment crier plus fort que rien n’est jamais acquis? L’année dernière, Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, expliquait dans son dernier ouvrage 2 comment et pourquoi les inégalités se sont aggravées à un point qui n’avait plus été vécu depuis les années 30. Une autre somme vient de paraître sous la plume du français Thomas Piketty, «Le capital au XXIe siècle 3»: ce travail met en évidence que nous sommes redevenus une «société d’héritiers» comme il y a... un siècle. La moitié de la population possède 5% du patrimoine global et les 10% les

plus riches en détiennent les 60%! Nous avons raison de nous révolter contre ce retour en arrière. Au moment d’évaluer la manière dont nous avons résisté ou pas aux régressions sociales mises en œuvre sous cette législature, il nous faut prendre un peu de hauteur pour situer dans ce mouvement global: - les manipulations de l’index, - la prochaine défédéralisation de deux branches de la sécurité sociale: les allocations familiales et une partie des soins de santé, - la dégressivité des allocations de chômage, l’accentuation du contrôle de la disponibilité des chômeurs, l’instauration d’un régime de fin de droit, - la politique «d’insertion» des jeunes sortis des écoles sur le «marché de l’emploi», - la réforme des fins de carrière, - le prix social et collectif de l’harmonisation des statuts ouvriers et employés, - le sacrifice de la liberté de négocier pour permettre le gel des salaires...

Sans évoquer les menaces sur les mécanismes démocratiques que fait peser le «traité budgétaire» européen, les menaces sur les pensions, le définancement des services publics, les contraintes nouvelles pour les communes, les pertes d’emploi, la désindustrialisation...

ce qui va avec, est, dans le fond, la première cotisation arrachée au capital. La question d’une «fiscalité juste» pour légitime et nécessaire qu’elle soit, apparaît ainsi comme une session de... rattrapage.

Une autre manière d’évaluer «notre» résistance au recul social traduit par les ouvrages sérieux de Stiglitz et Piketty, notamment, pourrait consister à s’interroger sur les éventuels droits nouveaux conquis pour le monde ouvrier. Il n’y en a pas. Un consensus politique se dégage pour occuper la campagne électorale avec des projets de «grande réforme fiscale»: histoire sans doute de s’assurer que le scrutin se déroule autour de promesses plutôt qu’autour d’un... bilan. Dans un régime capitaliste marqué par une radicalisation de la lutte des classes, le salaire et tout

Nico Cué Secrétaire général de la MWB 1 - L’appel des Résistants «Créer, c’est Résister. Résister, c’est Créer», Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Mauriece Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Seguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant et Maurice Voutey, mars 2004. 2 - Le prix de l’inégalité, Joseph K. Stiglitz, éd. Les liens qui libèrent, septembre 2012. 3 - Le capital au XXIe siècle, Thomas Piketty, coll. Les livres du nouveau monde, éd. Seuil, septembre 2013.

La justice ne s’achète pas ertain de remporter son combat face à notre organisation syndicale, l’arrogant patron de l’entreprise T.E.I. à Tournai, qui se répandait encore dans la presse quelques jours avant le verdict de la Cour d’Appel de Mons, a dû tomber de haut.

C

Son mépris de l’action syndicale, ses certitudes et ses moyens financiers illimités n’ont pas pesé lourd dans la décision rendue par le Président de la Cour d’Appel. La justice s’est rangée du côté syndical. La tentative patronale de museler les organisations syndicales a échoué et ce procès ne pourra donc pas servir de référence à ceux qui voudraient casser le droit de grève. Rappel des faits: le 4 mars 2011, lors de la grève interprofessionnelle contre l’AIP, des travailleurs avaient bloqué l’accès à l’entreprise T.E.I située à Tournai. La MWB-FGTB avait choisi d’installer un piquet de grève devant cette entreprise symbolique de la région : en effet, le fondateur de T.E.I est membre de l’Union Wallonne des Entreprises. Estimant avoir été lésée par la perte d’une journée d’activité commerciale et par des «supposés» débordements, la direction de T.E.I. avait introduit une plainte auprès du tribunal assortie d’une

demande d’astreinte. En première instance, le tribunal de Tournai avait donné raison à la direction de l’entreprise. La MWB-FGTB avait immédiatement interjeté appel. Le jugement rendu le 10 octobre dernier par la Cour d’Appel de Mons constitue une éclatante victoire du monde syndical. Dans son exposé, le Président de la Cour d’Appel a reconnu que les astreintes avaient été notifiées de manière irrégulière à l’encontre du permanent syndical MWB-FGTB lors de sa présence au piquet de grève. Au-delà de cette affaire de légitimité du droit de grève, les représentants des travailleurs au sein de l’entreprise T.E.I. doivent faire face quotidiennement aux nonrespects des droits syndicaux et à une lecture partiale de la législation sociale. Les conventions d’entreprise existantes sont systématiquement remises en cause par l’administrateur délégué de T.E.I. et la CCT 5 qui régit les modalités de fonctionnement des délégations syndicales est bafouée continuellement. La gestion «made in T.E.I.» est également préjudiciable aux travailleurs: alors qu’une modification de la législation prévoit que

les chauffeurs poids lourds doivent repasser leur permis avant 2016, la direction refuse de payer l’examen. Elle semble avoir oublié que la grande majorité des chauffeurs étaient déjà détenteurs du permis lors de leur engagement et que l’entreprise en a profité pendant de nombreuses années.

Les luttes syndicales ont permis de faire évoluer la société. Nous ne vivons plus dans un roman d’Emile Zola où le patron faisait de l’entreprise son terrain de jeu et c’est tant

mieux. La direction de TEI doit le savoir. Respecter les délégués c’est respecter l’histoire sociale de notre pays et les travailleurs qui ont lutté pour le bien-être de tous.

Il n’était donc pas étonnant qu’un recours en justice suite à une action de grève soit venu de la direction de T.E.I. A force de matraquer un discours antisyndical et de déclarer que le syndicalisme est «la gangrène de la société», l’administrateur délégué voulait museler une fois pour toute les délégués. Comme l’affirme Olivier Roseau, délégué principal MWB-FGTB, «cette affaire n’a fait que renforcer notre motivation. Mise en place en 2000, la délégation MWB-FGTB n’a jamais ménagé ses forces et aujourd’hui trois quarts des travailleurs sont affiliés chez nous. Se résigner et se taire, jamais!». Au-delà d’un succès juridique de la MWB-FGTB, ce verdict est surtout une victoire symbolique. Le jugement rendu à Mons fermera la porte aux velléités patronales de restreindre le droit de grève et ne pourra pas servir d’étendard antisyndical à T.E.I. comme ailleurs.

Olivier Roseau – délégué principal MWB-FGTB de T.E.I


TEXTILE-VÊTEMENT-DIAMANT

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WATCH: participez à l’enquête sur le travail faisable dans le secteur du textile! S uite aux décisions prises par le gouvernement au cours des dernières années en matière d’emploi et de politique de carrière, l’accès à la prépension a été rendu plus difficile et le principe de travailler plus longtemps a été stimulé.

Nous constatons d’autre part que la charge du travail dans les entreprises ne cesse d’augmenter. Nos travailleurs sont supposés être flexibles au niveau de leur job. Ils doivent assumer davantage de responsabilités, en suivant un rythme toujours plus élevé. Le stress augmente et pour beaucoup de travailleurs, les limites de ce qui est faisable et réalisable ont déjà été atteintes, voire dépassées. Le stress est un meurtrier lent et en tant que syndicat, nous devons y faire quelque chose avec les autres partenaires du secteur. Le travail faisable et les carrières faisables sont des revendications que nous avançons en tant que syndicat au cours des négociations sectorielles qui se tiennent tous les deux ans. Cette fois aussi, ce sera un thème important de la concertation sociale avec les employeurs.

Mais qu’entend-on par le travail faisable? C’est du travail qui offre des opportunités en matière d’apprentissage, qui motive, où le stress est évité ou réduit et qui rend l’équilibre entre le travail et la vie privée possible.

Dans le secteur du textile, les partenaires sociaux veulent savoir combien le travail est faisable dans les entreprises. Comment s’y prendre? En organisant une enquête à large échelle. Cobot asbl, l’institution de formation pour le secteur textile, est, avec Attentia, responsable de l’organisation de cette enquête. L’enquête a été développée en coopération avec le gouvernement flamand et est financée par des moyens provenant du Fonds social européen. Pour ce questionnaire, le textile coopère avec les secteurs de la confection, du bois et du meuble sous le nom de WATCH (WorkAbility dans le textile, la confection et le bois). Chaque travailleur textile a l’occasion de remplir online l’enquête sur la faisabilité du travail. Il faut se rendre sur www.cobot.be. Sur

la page d’accueil, il faut cliquer sur WATCH. Sur base des questions, vous pouvez donner votre opinion et vos expériences quant à votre propre emploi et à votre environnement professionnel. L’enquête est entièrement anonyme et il ne vous faut que 15 minutes pour la remplir. Votre participation à cette enquête est importante pour nous. Nous voulons savoir si votre travail est faisable et ce que nous pouvons et devons faire à l’avenir pour améliorer la faisabilité du travail et, par conséquent, éviter le stress.

Vous pouvez remplir l’enquête jusqu’au 15 novembre 2013. Début 2014, Attentia traitera des résultats et les communiquera aux partenaires sociaux qui, ensuite, se pencheront sur les mesures à prendre pour améliorer la faisabilité du travail dans le secteur. Il est extrêmement important qu’un maximum de travailleurs textiles remplissent l’enquête de sorte que le résultat soit le plus concret et complet possible. Remplissez donc l’enquête au plus vite et demandez-le également à vos collègues!

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Indexation Couperies de poils (PSC 148.01)

Tanneries de peaux (SCP 148.05)

Suite à une indexation, les salaires du secteur des couperies de poils augmentent d’un coefficient de 1,0033 à partir du 1er octobre 2013. Voici les nouveaux barèmes:

Les salaires du secteur des tanneries de peaux augmentent de 0,0372 euro par heure à partir du 1er octobre 2013 suite à une indexation. Les nouveaux barèmes se trouvent dans le tableau suivant:

39 heures (EUR)

38 heures (EUR)

01. Messager

9,4680

9,7170

01.A. Chargeur, veilleur de nuit

9,7615

10,0180

02/3. Fendage

9,8735

10,1330

1. NON-QUALIFIES

04. Brossage à la main

9,8735

10,1330

05/6. Brossage carde mécanique

9,8735

10,1330

06.A. Brossage carde mécanique (pas le même travail que 5/6)

9,0385

9,2760

07. Mouillage de peaux brutes

9,7615

10,0180

08. Dégalage à la main

9,8735

10,1330

09. Dégalage à la main + autres trav.

9,9970

10,2600

10. Dégalage, machine

9,9130

10,1735

11. Cardage

9,9970

10,2600

12. Cardage, vérifier

salaire moyen fonction 11

13. Travail complet à la main

9,9970

10,2600

14. Fendage têtes: 3kgs/heure

9,8735

10,1330

15. Fendage têtes: 5 kgs/heure

9,8735

10,1330

16. Ebarbage

8,0285

9,2660

SEMAINE DE 39 HEURES

SEMAINE DE 38 HEURES

a) manœuvres à l’emballage, au marquage, au cardage en fini, à l’étiquetage et aux autres opérations de finition

10,8426

11,1278

b) manœuvres autres que ceux repris sous a)

10,9801

11,2689

a) Travail de cuve

11,0126

11,3022

b) Brossage

11,0126

11,3022

c) Dégraissage

11,0486

11,3392

d) Frottage

11,0486

11,3392

e) Rasage

11,0486

11,3392

f) Coupe

11,4351

11,7358

2. QUALIFIES

Systèmes de prépension prolongés jusque fin 2013

17. Ejarrage à la machine

8,0285

9,2660

18/19.Ejarrage à la main

9,9970

10,2600

20. Secrétage

10,7455

11,0280

21. Secrétage têtes + autres morceaux

10,2095

10,4780

22. Secrétage à la machine

10,7455

11,0280

23. Mouillage des peaux secrétées

9,7625

10,0195

Jute

24. Brossage des peaux secrétées

9,0285

9,2660

25. Coupage

9,2600

9,5035

26. Chiquetage

8,9400

9,1750

Le lundi 14 octobre 2013, les régimes de chômage avec complément d’entreprise ont été reconduits jusqu’au 31 décembre 2013 dans le secteur du jute.

27. Epluchage

8,9400

9,1750

28. Montage

9,0285

9,2660

29. Paquetage

9,2600

9,5035

Il s’agit des régimes suivants: • Prépension à 58 ans • Prépension «longue carrière 40 ans» à partir de 56 ans • Prépension à 60 ans

30. Triage

8,9400

9,1750

Maîtres-tailleurs

31. Soufflage

8,9400

9,1750

32. Affûtage pour – 6 machines

10,4545

10,7295

33. Affûtage 6 machines et plus

10,7320

11,0145

34. Contremaître

10,1970

10,4650

Dans le secteur des maîtres-tailleurs, la prépension à 58 ans a été prolongée jusqu’au 31 décembre 2013.


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ALIMENTATION - HORECA - SERVICES

SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

Approbation et signature de l’accord sectoriel 2013-2014 pour l’industrie alimentaire et les boulangeries Dans le dernier numéro de «Syndicats», nous avons expliqué que les partenaires sociaux pour les secteurs de l’industrie alimentaire et des boulangeries avaient conclu un projet d’accord sectoriel au petit matin du 4 octobre et ceci après une dizaine de tours de négociations particulièrement difficiles. Aujourd’hui, chaque partenaire social a eu le temps nécessaire pour informer et consulter sa base au sujet du projet d’accord. Au sein de la FGTB HORVAL, la commission sectorielle, est l’organe statutaire, habilité à approuver éventuellement le projet d’accord sectoriel. La commission sectorielle réunie ce 21 octobre 2013 a analysé les différents points contenus dans le projet présenté. Ils ont mis en évidence

les points qui, tenant compte de la situation particulière, peuvent être considérés comme des avancées. Ils ont également mis le doigt sur des aspects négatifs. Les aspects suivants ont été considérés comme positifs: • la prorogation de la prépension, • les jours de fin de carrière, • l’amélioration du deuxième pilier de pension, • une règlementation plus stricte

pour le travail intérimaire, ... Mais surtout la possibilité de pouvoir négocier au niveau de l’entreprise a convaincu les délégués d’approuver le projet d’accord. La plupart des sections de la FGTB HORVAL a approuvé le projet d’accord sectoriel. Après consultation de leur base respective. Tous les partenaires sociaux ont approuvé le projet d’accord sectoriel et, par conséquent, celui-ci a pu être signé. Les semaines prochaines, on travaillera intensivement à la rédaction des CCT nécessaires et une brochure informative sera diffusée.

La colère des boulangers L’accord Industrie alimentaire et boulangerie a été approuvé, il l’a été parce que c’est un seul accord, mais le mécontentement des ouvriers du secteur des boulangeries est important. Tous les deux ans, lors de chaque tour de négociations sectorielles, le même scénario se déroule : le secteur des boulangeries arrive toujours à obtenir des dérogations sur certains points cruciaux! Ceci est aujourd’hui devenu inacceptable et les délégués sont clairs, c’est la dernière fois. Ces dérogations doivent s’arrêter!

Cette fois encore, les jours de fin de carrière (3 jours de congé supplémentaires à partir de l’âge de 56 ans et 6 jours à partir de 58 ans; et ceci lorsque toutes les conditions de la prépension sont remplies) ne sont pas applicables aux ouvriers des boulangeries... Malgré les engagements de début de négociations, il n’est, de nouveau, pas question de primes d’équipes sectorielle.

FGTB Horval Anvers au Malawi

différentes entreprises du «Secteur boulangerie» et estimer l’attitude à prendre par rapport aux positions patronales; envisager une possible réaction sous l’axe «harmonisation sectorielle» pour mettre un frein aux discriminations auxquels sont soumis les travailleurs des boulangeries. Si vous avez des questions sur l’application de l’accord sectoriel dans vos entreprises, n’hésitez pas à consulter votre secrétaire!

Dans les prochains jours, la Souscommission boulangerie se réunira pour évaluer la situation dans les

Nos militants ont franchi un pas important pour contribuer au renforcement du syndicat The Hotel, Food Processing and Catering Workers Union , du MALAWI. En juin, nous avons décidé de renforcer ce syndicat pour qu’il puisse affilier davantage de travailleurs. Malgré le fait que la cotisation de l’affiliation soit insuffisante pour développer des prestations de service, l’on parvient, grâce à la collaboration internationale, à réunir suffisamment d’argent. Au Malawi également, il est indispensable de disposer d’un syndicat bien développé et fort. Les travailleurs travaillent actuellement pour moins de 1 dollar par jour. Notre partenaire au Malawi peut disposer d’une équipe limitée de cadres qui parcourent l’ensemble du pays pour soutenir et regrouper des collaborateurs. Notre contribution est très ciblée, dit Yvan De Jonge, secrétaire régional. Tout d’abord, nous avons repéré les besoins, nous avons examiné ce que nous pouvons faire à court terme et nous avons convenu avec notre partenaire que nous allons leur acheter des ordinateurs portables et des imprimantes et prévoir des moyens logistiques. Afin de moderniser le travail sur place et en même temps élargir la portée sur le terrain, nous installons également un ordinateur – un environnement de réseaux. Ensuite, nous examinons la manière dont nous pouvons développer notre collaboration à long terme. La pauvreté dans notre pays est plus présente que jamais mais elle peut difficilement être comparée avec une journée de travail pour 80 centimes d’euro. Un pays où vous ne pouvez pas toujours disposer d’eau potable. Mais vous allez travailler et vous êtes accablés par la pression énorme de l’employeur parce que vous vous rendez compte que, si vous êtes licenciés ici, vous n’aurez aucun droit et de plus, vous rencontrerez encore plus de difficultés pour trouver un nouvel emploi. Un syndicat fort pourrait y remédier. Ils en sont convaincus et cela mérite notre soutien. Sur notre site web: www.horvalantwerpen.be vous pouvez suivre les projets que nous soutenons et les résultats obtenus.

État d’avancement dans les négociations sectorielles du secteur du commerce alimentaire (CP 119) ontrairement à l’industrie alimentaire, la conclusion d’un accord sectoriel dans le secteur du commerce alimentaire n’est pas pour demain. Les négociations n’ont été entamées que fin septembre, puisque les employeurs avaient attendu la proposition de compromis concernant l’harmonisation ouvriers/employés pour calculer non seulement l’impact financier de l’harmonisation, mais également les «compensations». Par conséquent, nous n’avons pu négocier que deux fois.

C

Pour rappel, la FGTB HORVAL opte pour un accord sectoriel qualitatif reprenant les aspects suivants: - La possibilité de négociations au niveau de l’entreprise - L’amélioration du pouvoir d’achat: l’indexation de toutes les primes et les indemnités, l’amélioration des frais de déplacements, … - La prorogation et le maintien du droit à la prépension - La création d’un fonds de formation sectoriel et géré paritairement ce qui doit mener à l’intensification et l’amélioration de la formation sur mesure pour l’ouvrier - L’introduction d’une pension com-

plémentaire sectorielle - Une concertation sociale plus forte dans les entreprises - L’introduction de mesures de fin de carrière et un élargissement du crédit-temps - Davantage de qualité au travail Un accord sectoriel n’a de sens que s’il s’adresse à tous les ouvriers, tant des grandes entreprises que des petites, et de tous les sous-secteurs: tant pour les ouvriers du commerce de la bière, que du commerce des eaux de boisson, ou des boucheries et charcuteries, du commerce de gros que du commerce de détail alimentaire. Durant les négociations, se retrouvent autour de la table, l’organisation patronale COMEOS entourée d’une part des grandes entreprises (Delhaize, Colruyt, Aldi et Mestdagh) et d’autre part UNIZO, représentant les petites entreprises flamandes. A ce stade, TOUS refusent unanimement aux syndicats la possibilité de négocier au niveau des entreprises. Ceci est INACCEPTABLE! De notre part, le message est clair face à l’arrogance patronale. Il ne

peut y avoir d’accord sectoriel qui limite le droit de négociation en entreprise!

proposition de l’introduction d’un plan de pension complémentaire sectorielle.

Nous avons avancé en commun des propositions concrètes pour l’amélioration de la prime de froid, le statut de la délégation syndicale et de la formation syndicale. Avonsnous reçu une réponse constructive à ce sujet? Pas du tout!

Que veulent-ils bien nous donner? des miettes!

Les employeurs ont dit NON à notre proposition de simplification de la prime de froid. Les employeurs ont dit NON à notre proposition d’installation d’une délégation syndicale dès qu’une entreprise compte 20 ouvriers. Les employeurs ont dit NON à notre proposition de délégation syndicale par site. Les employeurs ont dit NON à notre proposition d’une augmentation du nombre de délégués syndicaux. Les employeurs ont dit NON à notre proposition d’un jour de formation syndicale supplémentaire. Les employeurs ont dit NON à notre

Une augmentation des primes et des indemnités est bienvenue, mais pour nous, c’est absolument insuffisant pour parler d’un accord sectoriel qualitatif. De plus, une augmentation des primes et des indemnités de 5,52% offre un contraste criant avec le chèque en blanc de 1 400 000 euros que les employeurs s’attribuent pour la formation. Les employeurs prévoient pour euxmêmes un budget de 1 400 000 euros pour garantir les formations professionnelles, et ils refusent toute immixtion et tout contrôle des syndicats. Pour nous, la gestion et le contrôle des formations par un fonds de formation sectoriel et géré paritairement est un minimum pour garantir que chaque ouvrier puisse profiter d’une formation qui corresponde à ses besoins réels et qui lui amène une plus-value personnelle.

L’augmentation promise des primes et des indemnités offre également un contraste criant avec la volonté des employeurs de diminuer considérablement leurs charges patronales au fonds social. Pour FGTB-HORVAL, notre objectif affiché dès le départ se retrouve dans le cahier de revendications. Tout en tenant compte de cette fameuse norme 0%, nous exigeons que pour le Commerce alimentaire aussi, nous construisions un accord qualitatif avec des avancées mesurables, et ce pour TOUS les travailleurs du secteur. Nous continuerons à vous tenir informé de l’évolution des négociations dans les prochaines éditions de SYNDICATS.


EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

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Travailleurs du commerce: les nouveaux travailleurs pauvres? Ce n’est pas nouveau: les travailleurs du commerce sont soumis à de nombreuses pressions. De plus en plus, ils doivent faire preuve d’une polyvalence et d’une flexibilité à toute épreuve. Ils sont également confrontés à une réalité de plus en plus difficile qui tend à se généraliser: celle des travailleurs pauvres, où les contrats précaires et l’incertitude sont la norme. Pour bon nombre d’entre eux, malgré le fait d’avoir un emploi, il est difficile de joindre les deux bouts à la fin du mois. La faute aux pratiques des employeurs! Le recrutement intensif d’étudiants, la nouvelle tendance Payer le moins possible, disposer de travailleurs facilement «jetables», être soumis à moins d’obligations légales: c’est la nouvelle tendance en matière de recrutement dans le secteur de la grande distribution. Depuis plusieurs années déjà, les employeurs préfèrent nettement privilégier les contrats précaires (de type CDD, intérim ou étudiants) aux contrats fixes à long terme (de type CDI). Cette situation s’est encore aggravée depuis la mise en application de la nouvelle législation sur les étudiants. Des nouvelles mesures qui laissent la possibilité aux entreprises d’engager et faire

travailler des étudiants jusqu’à 50 jours par an. Ceux-ci sont engagés à tour de bras dans les différentes enseignes commerçantes du pays. Et pas seulement dans le but d’avoir du personnel en renfort quand c’est nécessaire mais bien pour exploiter au maximum et le plus souvent possible cette main d’œuvre bon marché. Le weekend, certains magasins ne tourneraient d’ailleurs plus qu’avec du personnel étudiant. Une situation qui pose question! Certes, les horaires des travailleurs du commerce sont souvent difficiles et il est appréciable pour eux de pouvoir être remplacés à certains moments pour bénéficier d’un meilleur équilibre vie privée /

vie professionnelle. Pouvoir profiter d’un weekend de repos complet, pouvoir prendre ses vacances sans faire reposer la charge de travail sur les autres : une flexibilité encadrée, mesurée qui est appréciable! Permettre à des jeunes gens de se responsabiliser et d’avoir une première expérience professionnelle à travers un job étudiant, c’est aussi une belle opportunité et une pratique positive si elle est subtilement dosée… C’est-à-dire, si elle ne vient pas prendre le gagne-pain de travailleurs souvent à temps partiels. Lorsque le recours à ce type de main d’œuvre devient exagéré, cela signifie pour certains travailleurs qui en auraient bien besoin de ne pas pouvoir accéder à des heures complémentaires, à un avenant de contrat ou encore d’obtenir enfin un CDI à temps plein. Pourquoi privilégier les contrats étudiants alors qu’il existe au sein de l’entreprise des travailleurs fixes qui ne disposent que d’un maigre temps partiel, qui peinent à s’en sortir et qui seraient ravis de pouvoir effectuer enfin plus d’heures?

Autre phénomène dans le viseur des employeurs: les contrats d’insertion Une mesure de la Ministre de l’Emploi prévoit de laisser la possibilité

aux jeunes peu qualifiés qui sont en stage d’insertion de travailler dans le cadre d’un contrat d’insertion de 3 à 6 mois . En pratique, ces jeunes sont payés moins de 900e pour un temps plein (la plus grande partie de ce montant étant à charge de l’Onem). L’employeur ne prend en fait en charge qu’une toute petite partie (200e par mois pour un temps plein). Au départ, ce dispositif d’insertion est louable puisqu’il consiste à mettre le pied à l’étrier de certains jeunes peu qualifiés… Cependant, certaines entreprises y voient là l’occasion d’occuper à prix dérisoire des travailleurs à temps plein. Au total, 10.000 places de stages d’insertion ont été mises sur le marché. Toutes ne sont pas encore épuisées à l’heure actuelle suite à certaines difficultés administratives au niveau des dispositifs régionaux. Néanmoins, on sait que les employeurs raffolent de ce type de main d’œuvre peu coûteuse. Dès que possible, il est certain qu’il exploiteront cette forme de recrutement au maximum. Pour eux, ces contrats d’insertion constituent un vivier inépuisable: au terme des 3 mois, ils ne sont même pas obligés d’engager définitivement les personnes. Une nouvelle fois, ils peuvent donc en retirer tout le bénéfice, au détriment de ces jeunes travailleurs mais aussi des autres qui sont à temps partiels ou

sous contrats précaires au sein de l’entreprise…

Pour des emplois de qualité à temps plein dans le commerce! Qu’il s’agisse de Carrefour, Aldi, Delhaize, H&M, etc., de plus en plus de travailleurs sont touchés par ces difficultés. Que ce soit au niveau sectoriel ou au niveau de l’entreprise, le SETCa réclame un encadrement limitatif de toutes les formes de sous-statuts qui confinent les travailleurs du commerce dans des emplois précaires et/ou hyper flexibles. Ajoutez à cela le shopping de commissions paritaires organisé par les enseignes elles-mêmes et vous aurez la réalité du commerce. Nous sommes convaincus que des emplois de qualité à temps plein sont possibles! Aux employeurs de cesser d’abuser de toutes ces formes de dumping social qui font des travailleurs du commerce les nouveaux travailleurs pauvres. Les cahiers de revendications déposés et défendus actuellement au niveau du secteur commerce mettent un accent particulier sur la qualité de la relation de travail.

> EXPRESSO STATUT OUVRIER-EMPLOYÉ

Suppression de 134.000 emplois dans le secteur bancaire européen Beaucoup d’entreprises enregistrent à nouveau des bénéfices dans le secteur des finances. Mais les chiffres en matière d’emploi racontent une toute autre histoire. Une enquête syndicale internationale fait apparaître qu’en Europe, 134.051 emplois ont été perdus depuis 2011. La Belgique n’échappe pas à cette tendance. La pression sur les travailleurs augmente. La réduction systématique de l’emploi dans le secteur des finances n’est pas un phénomène nouveau. Le SETCa dénonce cette situation depuis longtemps. La crise financière a clairement accentué cette tendance. Aussi, la pression sur le personnel augmente régulièrement. La charge de travail augmente, les salaires sont sous pression. Ce phénomène ne s’arrête pas aux frontières du pays. Le syndicat international des services UNI vient de coordonner un sondage syndical international à ce propos afin de pouvoir obtenir une vue globale de la problématique. L’UNI distingue 7 tendances globales, dont notamment la pression permanente afin d’obtenir des chiffres de vente déterminés de produits financiers. Les restructurations menacent d’affecter également la productivité des entreprises et surtout d’augmenter les risques d’erreurs. Tout comme UNI Global Union, le SETCa refuse de s’incliner tel quel devant les faits. Le monde financier doit percevoir surtout qu’un retour aux rendements d’avant la crise n’est ni possible, ni souhaitable. De surcroît, des mesures d’économie aveugles dans le domaine des coûts vont produire à un moment donné un effet de retour de manivelle, à la fois dans le fonctionnement des établissements et en ce qui concerne la santé du personnel.

Quels changements? Quel impact pour vous? Depuis que le gouvernement les a avalisées, de nouvelles mesures existent en matière de délais de préavis et de jour de carence. A partir du 1er janvier 2014, que l’on soit ouvrier ou employé, une règlementation similaire sera désormais d’application concernant ces points importants. Nouvelles règles, ancienne législation, droits ‘acquis’, exceptions: ces changements ne sont pas simples. En tant que travailleur, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver… Qu’est-ce que ces changements impliquent pour vous si vous tombez malade demain ou vous faites licencier? Qu’est-ce qui s’applique dans votre cas dès 2014? Pour vous aider à y voir plus clair, le SETCa mettra prochainement à votre disposition une brochure Expresso spécialement consacrée au sujet. Pour en savoir plus sur l’harmonisation des statuts ouvriers - employés et ses conséquences pour vous. Nous vous y donnerons les clés pour déterminer en quelques étapes très simples ce qui s’applique et ce, selon la situation du travailleur. Cette brochure sera également disponible dans les prochaines semaines sur www. setca.org Les mesures en bref: Jusqu’au 01/01/2014, les anciennes règles au niveau des délais de préavis et du jour de carence restent d’application.

A partir du 01/01/14, de nouvelles règles entrent en vigueur concernant: Les délais de préavis Un nouveau système de calcul des délais de préavis est introduit pour les ouvriers et les employés, qu’ils soient licenciés ou qu’ils démissionnent. Les règles s’appliqueront aux nouveaux contrats de travail ainsi qu’aux contrats conclus avant le 01/01/2014, moyennant une «fixation» des droits. Des délais de préavis plus longs pourront encore être négociés, sur le plan de l’entreprise ou a individuel. En pratique, le délai de préavis prendra effet à partir du 1er lundi suivant la semaine durant laquelle le délai de préavis a été notifié. Il n’y aura plus de clause d’essai pour les contrats conclus après le 01/01/14, sauf pour les intérimaires et les étudiants (qui auront une période d’essai de 3 jours). Pour les travailleurs sous contrat à durée déterminée, chaque partie pourra mettre unilatéralement un terme au contrat en respectant les nouveaux délais de préavis, et ce pendant la première moitié de la durée convenue du contrat (avec un max. de 6 mois). De nouvelles règles d’outplacement s’appliqueront désormais aussi aux travailleurs ayant 30 semaines ou plus de préavis. Les anciennes règles d’outplacement pour les plus de 45 ans ou dans le cadre de la

cellule d’emploi (restructurations) sont maintenues. En cas de maladie Le jour de carence (le premier jour d’absence pour maladie qui n’est pas payé) sera supprimé pour les ouvriers et pour les employés qui y étaient encore soumis (en période d’essai, sous contrat à durée déterminée de moins de 3 mois). De nouvelles règles plus sévères en cas de maladie seront également introduites. L’employeur pourra désormais demander au travailleur malade d’être présent à domicile, max. 4h consécutives par jour entre 6h et 20h pour une éventuelle visite du médecin contrôle. Attention ! Il pourra seulement le faire si une convention collective de travail ou le règlement de travail le permet. L’employeur pourra refuser de payer le salaire garanti si vous ne vous soumettez pas au contrôle, si ne l’avez pas averti de votre incapacité de travail ou si vous n’avez pas présenté le certificat médical dans les délais prescrits.


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EMPLOYÉS, TECHNICIENS & CADRES

SYNDICATS • N°18 • 1 ER NOVEMBRE 2013

Plus d’Europe sociale!? Sommet européen des chefs de gouvernement Au vu d’ un certain nombre de déclarations ces dernière semaines, il est clair que les acteurs politiques sont déjà – du moins partiellement – en mode électoral. C’est le cas sur les plans régional et fédéral, mais aussi européen. Car n’oublions pas que le 25 mai prochain, nous élirons également les parlementaires européens. Et dans la foulée, il conviendra de composer une nouvelle Commission européenne avec un autre président. Pas étonnant dès lors que le sommet européen des 23 & 24 octobre ait accouché d’une souris. Pas de décisions courageuses sur la situation honteuse et (littéralement!) meurtrière des réfugiés fuyant l’Afrique du Nord pour rejoindre l’Europe, alors que le sommet aurait dû se préoccuper de cette question. Le report ne peut toutefois se muer en abandon! Qu’a donc abordé ce sommet? Les écoutes des services secrets américains ! De vives déclarations de toutes sortes n’ont cessé d’affluer à ce sujet. Comme si tout le monde tombait des nues et «ignorait» que les services secrets, partout dans le monde, pratiquent par définition de telles écoutes. On penserait presque que tout ce remueménage à propos des «écoutes» arrangeait bien un certain nombre de leaders européens afin de ne pas devoir aborder d’autres dossiers. Un agenda caché trop évident.

Le point de vue de la commission européenne à propos du semestre européen Entre-temps, la Commission européenne n’est pas restée inactive. Début octobre, elle a fait une communication non dénuée d’importance à propos de la gouvernance économique européenne. En effet, elle propose aux interlocuteurs sociaux européens de les impliquer davantage à l’avenir dans ce que l’on appelle le «semestre européen». À côté des indicateurs macro-économiques, l’on intégrerait aussi des indicateurs sociaux dont l’on tiendrait compte au moment de formuler les recommandations aux États membres. La vigilance est de mise, car le choix de ces indicateurs sociaux pourrait avoir l’effet inverse sur ces recommandations. Exemple: un chômage de longue durée élevé pourrait être saisi pour amener les États membres concernés à encore plus de dérégulation. En ce qui concerne les salaires minimums, la communication de la Commission n’en souffle aucun mot. De plus, la Commission propose que les interlocuteurs sociaux puissent donner leur avis pendant toute la durée du semestre européen, qui commencerait dès l’élaboration de l’examen annuel de la croissance servant de base aux recommandations aux États membres. En soi, nous ne pouvons pas nous opposer

à cette proposition et soutenons dès lors l’idée de la Confédération européenne des syndicats de développer une stratégie en la matière avec tous les syndicats affiliés, en prévoyant une bonne interaction entre le volet européen et ce que l’on peut en faire sur le plan national. D’un autre côté, nous ne voulons cependant pas être associés à la politique d’austérité européenne. Nous ne tomberons pas dans ce piège. N’oublions pas que les recommandations antérieures de la Commission consistaient à déréguler davantage, à modérer les salaires, à relever l’âge de la pension, etc. Nous devons conserver et conserverons notre autonomie pour continuer à faire face à la politique d’austérité européenne. Voilà pourquoi nous continuons aussi de nous opposer à toute autre manipulation de l’index dans le cadre de la grande réforme de l’index à venir et d’un renforcement de la loi sur la compétitivité, qui empêcherait toute négociation salariale pour des années!

reprendra ensuite le flambeau et les textes iront au Parlement. Nous maintenons que le résultat est fondamentalement déséquilibré. Vous trouverez dans notre nouvel Expresso toutes les informations nécessaires quant à notre position et au contenu des projets de texte. Cet Expresso sera diffusé à des centaines de milliers d’exemplaires dans les entreprises au cours des prochaines semaines. Nous continuerons de nous opposer à ce qu’en plus des concessions à réaliser essentiellement par les employés dits «supérieurs» (qui représentent toutefois plus de 75%

de la population), les ouvriers de la construction continuent à subir des discriminations, la suppression du jour de carence puisse être associée à un contrôle excessif des malades et le coût de l’harmonisation soit supporté en grande partie par les pouvoir publics.

Vous trouverez les informations de fond nécessaires à propos de la gouvernance économique européenne et du semestre européen dans le dossier «Un kit de survie pour le syndicaliste» sur notre site web.

Entre-temps, en Belgique… Entre-temps, nous continuons dans notre pays à suivre avec la plus grande vigilance le traitement parlementaire du compromis gouvernemental sur les délais de préavis et le jour de carence. L’avis du Conseil d’État sur les projets de texte de loi est attendu dans les jours à venir. Le Gouvernement

Myriam Delmée, Vice-Présidente du SETCa

Erwin De Deyn, Président du SETCa

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