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BRUXELLES

SYNDICATS • N°19 • 11 NOVEMBRE 2011

Conseil syndical: Crise et sorties de crise Le mercredi 26 octobre, la FGTB de Bruxelles a tenu un important Conseil syndical, consacré à la crise financière et à ses enjeux (socio-économiques et environnementaux). En point de mire: notre positionnement face au futur volet socio-économique des négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral. D’emblée, Philippe Van Muylder rappelait deux principes fondamentaux. Le premier principe appelle les progressistes à leur devoir naturel de défense de la solvabilité de l’Etat, patrimoine commun des travailleurs et…unique patrimoine des plus fragilisés d’entre eux. Le deuxième principe tient à l’indispensable reconnaissance de la nécessité de l’impôt mais aussi au nécessaire combat contre l’injustice de l’actuelle politique fiscale. Etaient invités, vu leurgrande expertise: Eric De Keuleneer, professeur à l’ULB et chercheur-associé à Éconosphère; Serge Vilain, président de Société Régionale d’Investissement de Bruxelles; Olivier Derruine, conseiller parlementaire (Parlement européen); Luc Voets, directeur du Service d’études de la FGTB fédérale; ainsi que Christian Bouchat (HORVAL) et Jean-Michel Cappoen (SETCa).

Innovations financières et entreprises publiques Pour Eric DeKeuleneer,si l’on veut, demain, assurer la viabilité des entreprises publiques, il convient d’y mettre en place des directions compétentes, efficaces et… indépendantes; de définir clairement (et dans la transparence) des objectifs de réussite pour ces entreprises, non seulement en termes de rentabilitémais aussi… en termes d’éthique; d’y installer des conseils d’administration de taille réduite, composés en fonction de la seule compétence de leurs membres; de négocier de bons contrats de gestion et d’y menerde réels contrôles des «bonnes pratiques». En ce qui concerne le rôle des organisations syndicales en la matière, Eric De Keuleneer estime qu’il faut commencer par renforcer leur présence au sein des conseils d’entreprise. Il lui semble qu’il serait fort important, pour elles, d’obtenir un rôleau niveau des nominations des administrateurs (obtenir, par exemple, que celles-ci soient validées par les conseils d’entreprise, dans la mesure où le mandat des administrateurs ne s’autorise pas uniquement de la tutelle politique mais aussi du «corps social» de l’entreprise publique). De manière générale, Eric DeKeuleneer appelle les syndicats à utiliser davantage les compétences économiques et financières dont disposent déjà, incontestablement, leurs services d’études.

Notre environnement et ses limites Pour Olivier Derruine, bien que les défis deviennent de plus en plus urgents et «présents», l’impression dominante est que le souci de la planète, que ce soit en matière d’énergie ou de biodiversité, est en perte de vitesse depuis l’échec de la conférence de Copenhague!

Malgré cela, un certain nombre de rapports très intéressants continuent d’être publiés, notamment un précieux rapport produit par les Nations Unies sur la thématique de la dette écologique et de l’exploitation de notre planète sur le long terme. Il en ressort qu’en 2050, sans changement radical de notre consommation, celle-ci sera trois fois plus élevée et générera quatre fois plus d’émissions de CO2. Or, pour préserver ne fût-ce que le niveau actuel des ressources, il faudrait diminuer leur consommation individuelle, dans les pays riches, par un facteur de quatre à dix (selon les pays). Sans parler des efforts combinés que devraient produire les pays en voie de développement, qui s’attèlent à leur propre développement économique, voire simplement… à l’éradication de la pauvreté qu’ils connaissent. Au-delà des problèmes de réchauffement de la planète et de biodiversité, Olivier Derruine en appelle donc à une prise en compte urgente de la question -au moins aussi importante- de la raréfaction généralisée de la plupart des ressources naturelles…

De la solidarité avec les banques à une économie durable Complétant l’exposé d’Eric De Keuleneer sur la tendance accrue à la privatisation à partir des années ‘90, Luc Voets rappelait que le climat néo-libéral de l’époque insistait sur la nécessité de déréguler le marché, de réduire les impôts et théorisait l’inégalité sociale comme source…de progrès économique! Aujourd’hui,nous constatons tous la ruine de cette idéologie. Il apparaît désormais indispensable de concrétiser la régulation des marchés et d’éliminer les défaillances dans les mécanismes de contrôle. La taxation des transactions financières serait un moyen efficace pour freiner la spéculation. En outre, il faut, bien entendu, continuer de plaider pour une séparation nette entre les banques de dépôt et les banques d’affaires de sorte que, si apparaissent des difficultés liées à des placements à risque, les épargnants soient d’office protégés, sans que soit requise une intervention des pouvoirs publics. Au niveau des responsables européens, toute l’attention est aujourd’hui portée sur la politique budgétaire, avec interdiction des déficits! Pour Luc Voets, l’on doit, au contraire, créer un nouveau modèle, avec des investissements dans une économie moins axée sur «la croissance à tout prix», moins consommatrice d’énergie, davantage durable. Et de terminer son intervention en rappelant qu’il existe un ensemble de mesures possibles permettant d’engranger 10 à 15 milliards de recettes nouvelles, sans devoir toucher aux acquis sociaux!

Batailles idéologiques Pour Serge Vilain,un certain cynisme néo-libéral a remporté une bataille importante contre les forces progressistes: la bataille idéologique. Aujourd’hui, plus que jamais, il convient de combattre le dogme néo-libéral tout-puissant

qui érige en «principe moral» un enrichissement aussi rapide que possible! L’impact de la crise financière de 2008 sur la dette actuelle de notre pays est de l’ordre de 25% et la crise actuelle ne va qu’aggraver la situation. Dans un tel contexte, il ne faut pas craindre de décrypter les crises financières qui se succèdent comme un combat droite – gauche… Pour Jean-Michel Cappoen, c’est l’ensemble des citoyens du pays qui paieront la facture de la crise actuelle et c’est bien là que se manifeste la nécessité «intéressée» d’agir ensemble: il faut stigmatiser les responsables qui utilisent le secteur bancaire à des fins d’enrichissement personnel, appuyer les moyens de faire fonctionner les banques dans l’intérêt généralet surtout, délivrer un message: «c’est aux citoyens de renverser la tendance idéologique en pesant fortement et massivement sur les politiques pour qu’ils se rendent compte -enfin! - que doivent cesser les dérives financières actuelles». Dernier intervenant, Christian Bouchat terminait par un constat: le recul de la raison critique ou, à tout le moins, la précarisation des organes critiques censés décrypter et appuyer notre compréhension de l’actualité: journalistes, organes de contrôle et de régulation, etc. La délinquance patronale, conséquence des pressions d’une concurrence déloyale, prend de fait le pas sur la règle et l’inspection sociale…est quasi-absente! Il y a une nécessité absolue d’en appeler aux politiques pour qu’ils renforcent le contrôle public et permettent le retour d’un véritable Etat de droit...

Conclusion Aujourd’hui, le monde du travail est sous le coup d’une double menace:

d’une part, la menace des restructurations sauvages, des délocalisations, des licenciements massifs; d’autre part, la crise des «dettes souveraines». La véritable incapacité de l’Europe de répondre à cette crise autrement que par l’imposition de l’austérité nous appauvrit et crée un climat de dépression. Mais il faut le rappeler avec force: l’Etat est le patrimoine commun du monde du travail. A la FGTB, nous

refusons que les dérives du néolibéralisme soient mises à charge des travailleurs et nous continuons de dire non à l’austérité car elle représente le problème et non la solution! A vrai dire, nous aurions bien tort d’être moins déterminés que la droite et le patronat dans la défense et la promotion de nos alternatives!!!

Conférences de la saison 2011-2012

« Pour éviter le krach ultime » Pierre LARROUTUROU

Mercredi 23 novembre 2011 à 18H00 26 rue de la Victoire, 1060 Bruxelles

Pierre

LARROUTUROU,

plaide dans son dernier livre, "Pour éviter le krach ultime" (préface de Stéphane Hessel), pour l'arrêt d'une logique néo-libérale et d'un monde devenus fous. L'ex-PS devenu conseiller régional Ile-de-France Europe Ecologie Les Verts prédit aussi - et il n'est pas le seul - une crise pire que celle de2008. Il propose notamment la réduction du temps de travail à 32H par « la semaine de 4 jours » et l’élaboration d’un nouveau contrat social.

La conférence sera suivie d’un débat, puis d ‘un verre de l’amitié


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