N O 11/2015, 20 MARS 2015
ÉDITION FR ANÇAISE
Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904
Hommage au gardien de but
Sacrés gardiens ! SLOVAQUIE L’AS TRENČÍN ET LE PARTI PRIS DE L’ÂGE
ÉTATS-UNIS DÉBUTS EN FANFARE POUR LA MLS
TONI KROOS “LE RÔLE DE LEADER N’EST PAS FAIT POUR MOI” W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
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“Je pense pratiquement tous les jours à la Coupe du Monde” Vivianne Miedema, souvent comparée à son compatriote Arjen Robben, participera en juin à la Coupe du Monde Féminine au Canada avec la sélection néerlandaise.
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S epp Blatter Le Bhoutan, le Timor Oriental et le Brunei ont récemment signé de bons résultats. “Les performances de ces petites nations laissent entrevoir le formidable potentiel qui sommeille encore en Asie”, estime le Président de la FIFA.
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Amérique du Nord et Centrale 35 membres www.concacaf.com
Derniers remparts De nombreux gardiens de but occupent ce poste parce qu’on le leur a imposé dans leur enfance. Mais entre les poteaux, ils s’affirment généralement rapidement et développent une forte personnalité. Alan Schweingruber est allé enquêter sur le caractère bien trempé et parfois téméraire de ces footballeurs si particuliers.
Le tournant Après le décès de sa femme dans un accident de voiture, Frenk Schinkels était un homme brisé. Sa fille de sept ans lui a redonné goût à la vie en lui assénant ces mots : “Il faut qu’on se serre les coudes !”
Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com
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Toni Kroos Le milieu de terrain explique pourquoi le rôle de leader n’est pas fait pour lui.
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États-Unis En MLS, le New York City FC a disputé son tout premier match à domicile. (En image : David Villa)
Sacrés gardiens ! Bert Trautmann (1923–2013) figure en couverture de ce numéro. Le gardien allemand a porté pendant 15 ans les couleurs de Manchester City. Cette photo a été prise en 1953, lors d’un match amical sur le terrain du FSV Francfort.
The FIFA Weekly Magazine App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues et aussi pour votre tablette. http://www.fifa.com/mobile
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Coupe du Monde Féminine 6 juin – 5 juillet 2015, Canada
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Keystone
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
Europe 54 membres www.uefa.com
Afrique 54 membres www.cafonline.com
Asie 46 membres www.the-afc.com
Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com
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Australie Une équipe néo-zélandaise occupe actuellement la tête de la A-League australienne. (En image : Alex Rodriguez)
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AS Trenčín Le club slovaque mise sur les jeunes footballeurs nés en fin d’année. Une révolution. (En image : Peter Čögley)
Blue Stars / FIFA Youth Cup
Coupe du Monde U-20
Coupe du Monde de Beach Soccer
Coupe du Monde U-17
13 et 14 mai 2015, Zurich (Suisse)
30 mai – 20 juin 2015, Nouvelle-Zélande
9 – 19 juillet 2015, Portugal
17 octobre – 8 novembre 2015, Chili
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À DÉCOUVERT
Tim Howard, gardien des États-Unis et d’Everton.
Presque seul
Bianca Litscher / sukibamboo.com
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n dit que la force d’une chaîne se mesure à celle de son maillon le plus faible. C’est aussi valable dans le monde du football. Si un attaquant n’est pas capable de marquer des buts ou si un milieu de terrain montre des failles dans l’organisation du jeu de son équipe, celle-ci ne peut pas fonctionner correctement, quand bien même les autres joueurs feraient tout leur possible pour compenser ces déficits. Le gardien est lui aussi un maillon de la chaîne, mais pas n’importe lequel. Il fait en effet office de dernier rempart, de dernière protection pour son équipe. Derrière lui, il ne reste plus qu’un but grand ouvert. C’est pourquoi il dispose de certains privilèges. Il est ainsi autorisé à prendre le ballon dans ses mains dans la surface de réparation. Dans ses six mètres, il est même presque intouchable. Ce statut à part dans l’histoire du football a amené de nombreux portiers à prendre quelques libertés sur les pelouses. En conséquence, nombreux sont ceux qui considèrent que pour occuper ce poste, il faut forcément être un original. Lorsqu’un gardien titulaire doit déclarer forfait sur blessure, ses coéquipiers tremblent de savoir derrière eux un remplaçant moins talentueux. Il leur manque tout simplement ce sentiment de sécurité et à chaque faute commise aux abords de la surface, ils s’attendent à voir l’adversaire trouver inéluctablement le chemin des filets. Mais les gardiens voient-ils les choses de la même manière ? Découvrez-le à partir de la page 6. Å Perikles Monioudis
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Joe Hart Le gardien de Manchester City dĂŠvie le ballon au-dessus de la barre transversale.
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LES GARDIENS DE BUT
Portrait-robot du gardien Originalité, caractère et témérité : portrait et anecdotes de joueurs pas comme les autres.
Jan Kruger/Getty Images
Alan Schweingruber
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LES GARDIENS DE BUT
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endant un match, si un gardien de but se perd dans ses pensées, c’est mauvais signe pour l’équipe car il risque d’adopter le comportement des écoliers assis près de la fenêtre de leur classe : regarder dehors et rêvasser. Il s’imagine parfois entonner des chants comiques dans les vestiaires et oublie qu’il est sur le terrain, au moment où un grand attaquant maladroit fait irruption dans la surface de réparation. Ce dernier est parvenu d’une manière ou d’une autre à se défaire des défenseurs, avant d’envoyer le ballon au fond des filets pour égaliser. Qu’a fait le gardien ? Par manque de concentration, il était un peu trop avancé lorsque l’adversaire s’est emparé du cuir. Erreur fatale. Même s’il avait été irréprochable jusquelà, plus personne ne s’en souviendra. C’est fichu pour la victoire. Les petits garçons ont mille et une raisons de vouloir porter le maillot de Lionel Messi ou de Mario Götze. Ces derniers dribblent avec élégance et inscrivent de magnifiques buts. Tout le monde voudrait leur ressembler. Le statut de gardien de but est différent. Sa position de dernier rempart l’implique, quoiqu’indirec-
“Lorsque que vous ne faites que réparer, il est normal que vos nerfs lâchent de temps en temps.” Jean-Marie Pfaff
tement, dans tous les buts, mais les stars ce sont les autres. Il fait figure d’obstacle. Bien qu’il nous offre quelques sorties spectaculaires, il reste l’empêcheur de tourner en rond. S’il n’arrive pas à repousser un tir, il devient la cible des critiques des supporters, des journalistes et des anciens. Dans le football, seul l’arbitre effectue un travail plus ingrat encore. C’est donc sans surprise que les enfants préfèrent les maillots de Messi ou Götze à ceux de Thibaut Courtois ou Joe Hart. Cependant, comme les buts ne peuvent pas rester vides, une fois que les portiers plus âgés raccrochent
les crampons, certains jeunes joueurs de champ doivent devenir gardiens. Ils progressent rapidement et ne s’imaginent bientôt plus faire autre chose que protéger les filets dans le monde entier. Des défaites personnelles En grandissant, ils adoptent des attitudes “typiques” des gardiens de but. Quoi de plus frappant, quand on sait que la plupart n’ont pas choisi d’évoluer à ce poste ! La tradition veut que les enfants moins talentueux ou moins remuants soient envoyés dans les buts, alors que les plus rapides et plus agiles se chargent des tirs. D’ailleurs, ceux qui pensent avoir choisi eux-mêmes de défendre les filets ne font généralement que suivre les conseils ou les vieilles histoires de leur père, qui a lui-même occupé ce poste pendant vingt ans. Tim Howard, goal de la sélection américaine et d’Everton raconte : “Je me suis retrouvé dans les buts pour la première fois à l’âge de 10 ans. L’entraîneur m’a placé là parce que j’étais le plus grand de l’équipe. J’ai immédiatement adoré ma nouvelle fonction.” La formation de gardien est rapide et intensive. Chaque semaine, il doit apprendre à encaisser les échecs personnels. Qu’il soit jeune ou expérimenté, les matches nuls, comme dé-
GARDIENS DE LÉGENDE
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DINO ZOFF Italie, né en 1942. Zoff a défendu les buts de l’équipe d’Italie entre 1968 et 1983. Il a disputé 330 matches de championnat d’affilée sous les couleurs de la Juventus. “Dino Nazionale” détient le record du champion du monde le plus âgé (en 1982, il avait alors 40 ans). Réputé pour son perfectionnisme, Zoff a ensuite été sélectionneur de l’équipe d’Italie pendant deux ans avant de démissionner suite à la défaite de son équipe face à la France, en finale de l’EURO 2000.
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LEV YACHINE Union soviétique, né en 1929, mort en 1990. Yachine avait un don pour les sports en général puisqu’avant de devenir footballeur, il a joué au hockey sur glace, au basket-ball, au tennis, au water-polo et aux échecs. Portier de l’Union soviétique entre 1954 et 1970, il est à ce jour le seul gardien à avoir reçu le Ballon d’Or (1963). En 1953, Yachine a également remporté le championnat d’URSS de hockey sur glace avec le Dynamo Moscou.
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crits en début d’article, ont pour lui un goût de défaite. Lorsque qu’un jeune portier est malgré tout capable de s’imposer sur le long terme dans une grande équipe et a la chance d’être sélectionné pour les grandes compétitions, c’est qu’il est vite devenu un personnage.
imago, Dukas
Gianluigi Buffon à l’âge de 8 ans Dernière rangée, deuxième en partant de la droite : le gardien de la “Squadra Azzurra” était encore joueur de champ (à Canaletto).
L’homme de 140 kilos Quoi qu’on en pense de l’extérieur, il n’existe quasiment aucun gardien à la personnalité lisse. Les portiers ne peuvent compter que sur eux-mêmes ; ils ont souvent du caractère et de l’audace. Évidemment, certains se détachent parmi cette foule de caractères bien trempés et intrépides, tant du point de vue technique qu’émotionnel. Tout le monde connaît ces phénomènes. William Foulke, par exemple : il a vécu de 1874 à 1916 et joué pour Sheffield United. Sa particularité ? Il pesait 140 kilos ! Cela ne l’a pas empêché de revêtir le maillot de l’équipe nationale d’Angleterre. Un jour, il est allé jusqu’à faire tomber un adversaire dans une flaque pour s’asseoir sur lui. Le Paraguayen José Luis Chilavert : grand colérique, il a craché sur Roberto Carlos à l’issue d’un match, alors que le Brésilien lui tendait la main. René Higuita aimait quant à lui intervenir dans la
BERT TR AUTMANN Allemagne, né en 1923, mort en 2013. Lorsqu’en 1949, Trautmann signe avec Manchester City, 20 000 personnes manifestent alors en Angleterre pour protester contre ce transfert. La raison : Trautmann est un ancien parachutiste allemand. Sept ans plus tard, il est élu meilleur joueur de l’année en Angleterre. Trautmann doit son statut de légende à la finale de la FA Cup contre Birmingham, en 1956. Ce jour-là, il termine la partie malgré une fracture à la nuque survenue après une faute (photo). T H E F I FA W E E K LY
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À l’écart du groupe Les portiers ont souvent du mal à décrire leur rôle. C’est comme quand un homme tente d’expliquer à son fils son infinie émotion d’être père. Le fils hoche la tête, mais il ignore complètement de quoi parle l’adulte. “Le
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es gardiens de but sont plus f or t s lor squ’ils jouent l’esprit libéré. Rien ne s aurait plus les bloquer que de devoir rent rer dans un quelconque moule. Nombreux sont ceux qui ont d’ailleurs leurs petites habit udes par ti culières avant un match, af in d’êt re le plus détendu pos sible et d’évoluer en pleine pos ses sion de leurs moyens. D’aucuns considéreraient toutefois ces habit udes comme des manies, des marot tes, voire des supers titions. M a r c - A ndr é t er S t egen, le g a r dien du F C B a r c elone, u t ilis e ain s i une nou v elle p air e de g a n t s à c h aque r en c on t r e. O n im agin e s a n s p ein e l a p e t i t e f or t un e q u e c el a r epr é s en t e qu a nd on s ai t qu ’ à c e ni v e au, un pr o f e s s ionnel dis pu t e en t r e 5 0 e t 70 m a t c he s p a r a n . P a r “c h a nc e” pour le por t ier a llem a nd, il e s t ac t uellemen t d e v a n c é d a n s l a hié r a r c hie “ b l a u g r a n a ” p a r C l a u dio B r a v o e t s e t r ou v e ain s i moin s s ou v en t s ur le t er r ain que p a r le p a s s é. Bière entre chaque tiers-temps D e m a nièr e génér a le, le s s por t i f s por t en t une gr a nde a t t en t ion à c e qu ’ il s f on t a v a n t un m a t c h a f in de pou v oir é t ablir le même pr ogr amme l a f ois s uiv an t e en c a s d e v ic t oir e o u d e b onn e p er f or m a n c e. L e h o c k e y s ur
gl ac e lui n on plu s n ’e s t p a s ép a r gn é p a r c e s r i t uel s . S id n e y C r o s b y, v é r i t a b l e s t a r d e l a N H L , é v i t e p a r e x emple a v ec s oin de t éléphoner à s a mèr e le s jour s d e m a t c h, p o ur l a b on n e e t s im p le r a i s on q u ’ il s ’e s t d éj à b le s s é p lu s ie ur s f oi s a p r è s l ’a v oir a p p elé e. L e s g a r dien s jouen t eu x au s s i un r ôle pr épondér a n t d a n s c e t t e dis c ipline. À l ’ in v er s e de leur s c oéquipier s , il s ne qui t t en t j a m ais l a p a t inoir e e t ne s on t donc p a s en r e s t e en m a t ièr e de r i t uel s . P elle L indb er gh, der nier r emp ar t de s F l y er s de P hil adelphie en t r e 1982 e t 198 5, a v ai t ain s i pr is p our h a bi t ude de b oir e en t r e c h aque t ier s - t em p s un e bièr e d e l a m a r q u e P r ip p s , b r a s s é e d a n s s a S uède n a t a le. D a n s s on gobele t s e t r ou v aien t t o u jo u r s d e u x g l a ç o n s , p a s u n d e p l u s , p a s u n d e m oin s . P en d a n t d e s a n n é e s , il a é g a lem en t p o r t é le même t- s hir t or a nge s ou s s on m aillo t . Envie pressante M ais c e s c ompor t emen t s ob s e s sionnel s , c en s é s a mé lio r e r l e s p e r f o r m a n c e s , n e p r ê t e n t p a s t o u jo ur s à s o ur ir e. L e g a r dien a r g en t in S er gio G o y c o c h e a a v a i t ain si pr is une h a bi t ude peu r agoû t a n t e. P uis qu ’ il é t ai t un jour allé au x t oile t t e s ju s t e av an t une s é anc e de t ir s
FABIEN BARTHEZ
JOSÉ LUIS CHIL AVERT
France, né en 1971. Gardien de l’équipe de France entre 1994 et 2006, Barthez appartient à la génération dorée qui triomphe lors de la Coupe du Monde 1998 puis de l’EURO 2000. Il est réputé pour sa rapidité et ses arrêts spectaculaires sur la ligne. Barthez est aujourd’hui pilote de course pour Ferrari et a participé aux dernières 24 Heures du Mans.
Paraguay, né en 1965. Ce gardien est avant tout réputé pour ses qualités d’attaquant. Chilavert a en effet marqué pas moins de 62 buts en club, auxquels viennent s’ajouter six réalisations en équipe nationale. Désigné à trois reprises meilleur gardien de l’année, il avait par ailleurs un caractère bien trempé et a été suspendu 13 mois en Argentine pour avoir frappé un membre de son club.
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construction du jeu, contre toute logique et tactique. Dans le stade de Wembley, il s’est élancé dans les airs pour repousser le ballon de ses talons. Tout le monde se souvient à cette action mémorable, mais on raconte que ses entraîneurs étaient désespérés. Le Belge Jean-Marie Pfaff (“Quand j’étais enfant, on m’a mis dans les buts parce que je mangeais trop de frites.”) a défendu la cage du Bayern Munich de 1982 à 1986. Voici comment il justifiait l’excentricité liée de sa fonction : “Lorsque qu’au fil des rencontres et des années, vous ne faites que réparer et essayer de rattraper les erreurs de vos coéquipiers, il est normal que vos nerfs lâchent de temps en temps. Les gardiens doivent se forger une carapace, mais ils ont tous une manière différente de décompresser.” Son prédécesseur à Munich, Sepp Maier, se détendait en faisant le clown. Un jour, il a sauté sur un canard égaré. Tout le stade a éclaté de rire.
LES GARDIENS DE BUT
Simulation Le gardien Banguera fait semblant d’être inconscient.
Dibyangshu Sarkar/AFP, imago, Keystone/AP/Dolores Ochoa
au bu t e t a v ai t en s ui t e r é a lis é plu sieur s p a r ade s déc i si v e s , il s ’é t ai t mis en t ê t e d ’ur iner c on t r e un de s po t e au x de s e s c age s a v a n t c h aque nou v elle s é anc e. M ais il ne le f ais ai t p a s d a n s un s t ade peu f r équen t é de l a “p a mp a” a r gen t ine, non, il le f ais ai t s ur le s pelou s e s d ’ I t a lie, en pleine C oupe du Monde 19 9 0 ! L a veine sud - amér ic aine semble en t out c as p ar t iculiè rement cré at ive, c omme l’a enc ore prou vé l’É quat or ien
Má x imo B anguer a le week- end der nier. A lor s qu’ il dispu t ait un m a t c h de C op a L iber t ador e s avec le B ar c elon a S C, il e s t r e s t é allongé au s ol apr è s avoir c ommis une f aut e, f eignant d’avoir perdu c onnais s anc e a f in d’échap per au c ar t on rouge. Malheureus ement pour lui, l’ar bit re a r a pidemen t dém a s qué l a s uper c her ie, a t t endu que l e s s e c o ur i s t e s f a s s en t l e ur t r a v a il p ui s e x p ul s é B anguer a . sc a
ardien de but apprend seul”, a déclaré Sepp g Maier, il y a deux ans, lors d’une interview accordée au quotidien Süddeutsche Zeitung. “J’ai remarqué, en devenant entraîneur des gardiens, que nous étions à part de l’équipe.” Depuis quelques dizaines d’années, les derniers remparts s’entraînent à l’écart du groupe. Ils doivent suivre un programme spécial, basé sur la puissance des sauts, l’orientation, la coordination, le placement, le timing, la relance, les réflexes, l’agilité avec le ballon, l’endurance et la vitesse. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le gardien doit avoir une bonne condition physique. Il fait généralement partie du meilleur tiers de l’équipe. Ce n’était pas le cas par le passé. Personne n’aurait imaginé l’Italien Dino Zoff courir dans les mêmes temps que Marco Tardelli ou Bruno Conti. Jusqu’à la fin des années 80, il travaillait généralement avec le reste du groupe. Avec tout le respect qu’on doit aux gardiens, ils passaient la majeure partie de leur temps immobiles à l’entraînement. Jusqu’à six kilomètres par match Physiquement, deux choses ont manifestement été sous-estimées pendant longtemps : le potentiel physique qu’une personne entraînée peut exploiter sur un réflexe et
RENÉ HIGUITA
WILLIAM FOUL KE
Colombie, né en 1966. Si son “coup du scorpion” a fait le tour du monde, Higuita a également marqué de nombreux buts. Il a porté les couleurs de douze clubs différents et gardé les buts de la Colombie entre 1987 et 1999. Il est à l’origine de la défaite de son équipe en huitième de finale de la Coupe du Monde 1990 face aux Pays-Bas, après avoir perdu le ballon devant la surface de réparation.
Angleterre, né en 1874, mort en 1916. Avec un poids avoisinant les 140 kilos, Foulke était le chouchou des supporters de Sheffield United. L’Anglais commence par jouer au cricket avant de se tourner à 20 ans vers le football. En 1901, Foulke est présent sur la pelouse londonienne lors de la légendaire finale de FA Cup contre Tottenham, qui se joue devant 114 000 spectateurs. T H E F I FA W E E K LY
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l ’interaction tout aussi importante qui s’opère entre son corps et son esprit. L’ancien international allemand Oliver Kahn a perdu jusqu’à trois kilos en une rencontre, pas seulement en se déplaçant. En match, le gardien parcourt jusqu’à 6 kilomètres (contre 10 à 13 km pour un joueur de champ), mais dans le cas de Kahn, c’est le stress qui lui faisait perdre du poids. Il faut beaucoup d’énergie pour rester concentré pendant 90 minutes. Le gardien de but doit toujours être prêt, même s’il n’est pas mis à contribution pendant un long moment. Manuel Neuer, véritable icône du gardien de but moderne, a touché son premier ballon après 27 minutes lors de la venue de Schalke en mars 2014. Un coéquipier lui avait alors adressé une passe en retrait, afin qu’on ne l’oublie pas.
Le pouvoir de la concentration est énorme, Tim Howard le prouve au quotidien. Le gardien des États-Unis souffre depuis sa naissance du syndrome de Gilles de la Tourette, qui se manifeste chez lui par de fréquents spasmes dans les bras et la nuque. Mais lorsqu’un adversaire s’approche de son rectangle, il se concentre tellement que ces soubresauts disparaissent. “Les médecins ne se l’expliquent pas, c’est comme si ma concentration était plus forte que la maladie.” À l’image des attaquants, le portier doit être fort psychologiquement car on attend de lui qu’il profite de la moindre action pour sortir le grand jeu. Le coaching mental est primordial. En Suisse par exemple, le gardien de handball, soumis à une immense pression, discute souvent avec des alpinistes de l’extrême. Qu’est-ce que la peur ? Qu’est-ce que la responsabilité ? Le handball est rythmé par des pluies de buts, chaque réalisation n’a donc pas la même valeur qu’en football. Mais si un gardien de handball est dans une mauvaise passe, après une série de trois buts encaissés par exemple, il risque de perdre sa confiance. Les échanges d’idées renforcent le mental des gardiens. Qui mieux que des alpinistes chevronnés, bravant constamment la mort suspendus à des parois rocheuses, est capable de rester concentré sur son sujet du début à la fin ? 12
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Bianca Litscher (www.sukibamboo.com)
Oliver Kahn a perdu jusqu’à 3 kilos au cours d’un match.
LES GARDIENS DE BUT
Courageux comme Plánička Un gardien doit répondre à de nombreux critères pour faire carrière. S’il veut évoluer au plus haut niveau, il doit, en plus de correspondre à un profil exigeant, être capable de résister à la douleur. Il touche en moyenne 40 fois le ballon en une rencontre. De temps en temps, lors de duels aériens. Rappelons néanmoins aux gardiens en devenir qu’il n’est pas nécessaire de se sacrifier comme František Plánička. Ce Tchécoslovaque, né à Prague en 1904, jouait chaque match sans retenue, à ses risques et périls. Cela s’est traduit par des fractures aux côtes, à la clavicule et au bras, ainsi que des blessures aux doigts et à la tête. Mais ce n’est pas un bras cassé qui allait pousser le Chat de Prague à se faire remplacer. Cela lui est arrivé lors du quart de finale de la Coupe du Monde 1938 contre le Brésil, qui, pour couronner le tout, est allé jusqu’en prolongation : la dernière rencontre de Plánička, contraint de mettre un terme à sa carrière peu après. Å
Plánička s’est cassé plusieurs côtes, la clavicule et a même joué l’intégralité d’une rencontre alors qu’il s’était cassé le bras.
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FR ANTIŠEK PL ÁNIČK A Tchécoslovaquie, né en 1904, mort en 1996. Planicka s’est fait connaître lors de la Coupe du Monde 1934. Grâce à lui, l’équipe de Tchécoslovaquie est devenue vice-championne du monde. Le “Chat de Prague” était connu pour son engagement sans limite sur le terrain, engagement qui lui aura valu de nombreuses blessures. Il a fait ses débuts au Slavia Prague sous un faux nom, son ancien club, le SK Bubenec, refusant de le laisser partir. T H E F I FA W E E K LY
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LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE
VU DES TRIBUNES Major League Soccer américaine
V i l l a l e s é m e r ve i l l e Jordí Punti est romancier. Il rédige de nombreux articles sur le football dans les médias espagnols.
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New York est une ville hospitalière. Depuis plus d’un siècle et demi, les hommes et les femmes de tous les continents qui y viennent à la poursuite du rêve américain sont accueillis à bras ouverts. Ce week-end, les joueurs du New York City FC ont dû ressentir la même chose. Ils ont disputé leur premier match de MLS à domicile pour le compte de la nouvelle franchise de la Grande Pomme. Le nouveau rival des New York Red Bulls pour la conquête d’une place dans le cœur des passionnés de soccer a joué cette rencontre inaugurale dans un
lieu sacré du sport US : le stade de l’équipe de baseball des Yankees. Dans ce temple du Bronx, la deuxième journée du championnat nord-américain mettait aux prises New York City et New England Revolution, devant plus de 43 000 spectateurs. Si le public s’est régalé pour cette grande première, c’est en grande partie grâce à David Villa, qui n’a pas mis longtemps à justifier son statut de joueur le plus médiatique du New York City FC. Incisif dans le jeu, autoritaire dans le secteur offensif, il a ouvert le score dès la 18e minute de fort belle manière suite à une combinaison avec Ned Grabavoy. À la 87e, l’Espagnol s’est retrouvé sur l’aile, d’où il a adressé un centre millimétré à destination de Mullins pour clore les débats. Les supporters du nouveau pensionnaire de MLS ont profité de ces buts et de la victoire
pour entonner quelques chants, avec des résultats mitigés. La fidélité ne se gagne pas en un match, mais le club, qui entretient des liens étroits avec Manchester City, semble être sur le bon chemin. Ces premières journées de la saison 2015 ont également été l’occasion de faire le point sur les joueurs nouvellement arrivés… et ceux fraîchement partis. De ce point de vue, les Red Bulls semblent bien digérer la retraite de Thierry Henry et le Los Angeles Galaxy celle de Landon Donovan, dont ils dépendaient fortement. Pour combler ce vide, plus de 25 internationaux étrangers vont jouer cette saison en MLS. Outre Villa, le Brésilien Kaká attire évidemment beaucoup les regards sous le maillot d’Orlando City SC, tout comme l’Italien Sebastian Giovinco sous celui du Toronto FC. Reste à espérer que toutes ces stars sauront faire la différence grâce à leur talent. Å
Irrésistible David Villa (à g.) se débarrasse de Kelyn Rowe. T H E F I FA W E E K LY
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Invectives Marco Streller (à g.) évacue sa frustration sur Stéphane Besle (au sol).
Un e h i r o n d e l l e f a it l e p r i nte m p s Sarah Steiner travaille à la
même lancé Sousa en guise d’ultime avertissement avant la rencontre. Rien de tout cela n’a été suffisant et les Bâlois ne sont pas parvenus à effacer la déception de leur élimination en Ligue des Champions contre le FC Porto. Ils peuvent d’ailleurs s’estimer heureux d’avoir empoché le point du nul.
rédaction de The FIFA Weekly.
Une semaine avant le début officiel du printemps, la Super League est enfin sortie de son hibernation. Depuis la reprise des hostilités après la traditionnelle trêve hivernale, le championnat n’avait pas encore proposé de match particulièrement emballant. Mais la somptueuse bataille que se sont livrés le FC Bâle et Saint-Gall a permis aux spectateurs de passer un après-midi agréable et de redorer le blason du football suisse. Paulo Sousa, l’entraîneur du FCB, ne peut en revanche pas se montrer satisfait du résultat des siens face au plus vieux club de Suisse et d’Europe continentale. Ses troupes étaient pourtant prévenues. Cette saison, seules deux équipes sont pour le moment parvenues à les vaincre à deux reprises : le Real Madrid et… Saint-Gall. “Ils sont très forts physiquement et mentalement”, avait 16
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Deux fois, les rouges et bleus ont pris l’avantage. Deux fois, les verts et blancs ont égalisé. Des occasions en pagaille, puis à la 69e minute, l’opportunité de faire le break pour Saint-Gall. Penalty. Les 17 457 spectateurs ont alors vu Roberto Rodriguez, joker de luxe et tireur attitré de l’équipe, entré en jeu quelques minutes auparavant, prendre son élan et… échouer face au gardien adverse. Marco Streller, le capitaine du FC Bâle, a ensuite tenté de sonner la révolte. L’ancien international suisse, notamment sacré champion d’Allemagne en 2007 avec le VfB Stuttgart, a annoncé au début du mois qu’il prendrait sa retraite à la fin de la saison. “Jusqu’au bout, je me battrai avec toute mon énergie pour mon équipe”, avait-il alors déclaré. C’est exactement ce qu’il a fait dans les dernières minutes décousues d’un match palpitant. Touché au visage par le coude de Stéphane Besle dans un duel, l’attaquant a poussé son vis-à-vis
avant de lui faire un croc-en-jambe et de l’insulter vivement. Davide Callà, le deuxième buteur bâlois, a lui aussi haussé le ton, mais après le coup de sifflet final : “Quand on mène deux fois au score, on se doit de repartir avec la victoire.” Cette analyse sonne dans sa bouche comme un nouvel avertissement, puisque les deux équipes se retrouveront le 8 avril prochain en demi-finale de la Coupe de Suisse. Cette fois, il n’y aura pas de partage des points. Mais si le FC Bâle connaît actuellement quelques difficultés et a enregistré face à Saint-Gall son deuxième match nul de la phase retour, sans oublier une cuisante défaite 4:2 contre les Young Boys Berne, la concurrence se montre incapable d’en profiter. Berne, qui a évolué 70 minutes durant en supériorité numérique contre Aarau, la lanterne rouge, a été tenu en échec 1:1. Le FC Zurich s’est quant à lui incliné sur sa pelouse devant le FC Sion (0:1). Tous ces résultats permettent au champion en titre de conserver sept points d’avance en tête du classement. Si ses plus proches poursuivants veulent mettre fin à l’hégémonie bâloise, ils devraient songer à sortir eux aussi rapidement de leur hibernation. Å
Gian Ehrenzeller / Keystone
Super League suisse
A-League australienne
L e g r a n d voy a ge d e We l l i n g to n David Winner est un écrivain et journaliste basé à Londres. Sa bibliographie dans le football comprend notamment “Brilliant Orange” et “Dennis Bergkamp: Stillness and Speed”.
Pour la première fois de son histoire, Wellington Phoenix pointe en tête de la A-League. Malgré un voyage de 5 300 kilomètres, les Néo-Zélandais sont allés s’imposer samedi au
nib Stadium face à l’ancien leader Perth Glory, en s’appuyant sur un savant mélange d’élégance et de combativité. Les locaux, qui comptaient sept points d’avance début janvier, restent sur huit matches sans victoire. À six journées de la fin de la saison régulière, cinq équipes sont à la lutte en haut du classement. Les trois autres échappés ont pour noms Sydney FC, qui reste sur un succès enthousiasmant face à Brisbane Roar (5:4), Melbourne Victory, avec un match en retard, et Adelaide United. Samedi, le Phoenix a parfaitement su gérer les absences de l’attaquant Nathan Burns et du milieu de terrain Alex Rodriguez. Roy Krishna, le seul Fidjien à évoluer parmi l’élite australienne, a
signé les deux buts de la victoire (2:1). Associé à la montée en puissance de Wellington, ce résultat donne le sentiment très net que la Nouvelle-Zélande, grand pays de rugby s’il en est, est aujourd’hui devenue une grande puissance du football régional. Rappelons qu’il y a trois mois, Auckland City avait créé la surprise en prenant la troisième place de la Coupe du Monde des Clubs, malgré son statut semi-professionnel. D’ordinaire, le Nix se contente de jouer les seconds rôles en Australie. Mais l’arrivée de l’Écossais Ernie Merrick a propulsé cette modeste équipe vers les sommets. L’intéressé s’en est lui-même amusé à l’issue de la rencontre en laissant entendre que ses joueurs risquaient de “saigner du nez” en raison de l’altitude prise au classement. Merrick, lui, est habitué à l’air raréfié des hautes sphères : il a déjà remporté la saison régulière ainsi que la Grande Finale avec Melbourne Victory. Sa mère, acrobate de cirque, lui a certainement appris à ne jamais perdre l’équilibre. Le match Perth-Wellington est appelé le “derby longue distance” car les deux villes sont presque aussi éloignées l’une de l’autre que Londres et New York. Mais les difficultés liées à ce déplacement font bien pâle figure, comparées à celles rencontrées par les Western Sydney Wanderers. Les champions d’Asie en titre n’ont gagné que deux matches cette saison… ce qui n’étonne personne. L’entraîneur Tony Popovic a déjà déclaré qu’aucune équipe ne devrait plus avoir à gérer un calendrier aussi chargé. Ses joueurs sont tout simplement épuisés.
Paul Kane / Getty Images
Après avoir remporté la finale de la Ligue des Champions en Arabie Saoudite au mois de novembre, le club de Parramatta n’a eu que trois jours pour se rendre à Wellington, avant d’affronter Perth à l’extérieur. Quelques semaines plus tard, les Wanderers étaient attendus au Maroc pour la Coupe du Monde des Clubs.
Un long voyage Roy Krishna (premier plan) a dû parcourir 5 300 km avant de s’imposer sur le terrain de Perth Glory.
Western Sydney se trouve actuellement au milieu d’une séquence infernale qui le verra disputer sept matches en 20 jours. Mercredi dernier, les troupes de Popovic ont battu Melbourne City 3:2 mais, deux jours plus tard, ils n’ont rien pu faire face à Melbourne Victory (3:0). Cette semaine, ils affronteront Newcastle trois jours après un choc qui s’annonce décisif à Séoul, en Corée du Sud, pour le compte de la Ligue des Champions. Autant dire que les Wanderers, ou Vagabonds en français, n’ont jamais si bien porté leur nom. Å T H E F I FA W E E K LY
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C O M P T E À R E B O U R S C A N A DA 2015 : E N C O R E 78 J O U R S
imago
Buteuse en série En 2014, Vivianne Miedema a remporté l’Euro U-19 féminin et le titre de meilleure réalisatrice du tournoi.
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“Je pense pratiquement tous les jours à la ENCORE 78 JOURS Coupe du Monde” Vivianne Miedema porte le numéro 10 du Bayern Munich, comme son compatriote Arjen Robben. Comme lui, elle espère aussi réussir une grande Coupe du Monde avec les Pays-Bas.
C
es dernières années, les attaquants néerlandais réussissent plutôt bien au Bayern Munich. Arjen Robben y collectionne les buts et les titres, dans l’équipe féminine, le club est comblé par les performances livrées par Vivianne Miedema ces derniers mois. Lors de la saison 2013/14, la joueuse de 18 ans a inscrit 39 buts pour le compte de Heerenveen, s’adjugeant au passage le titre de meilleure buteuse de la BeNe-League. En équipe nationale, ses statistiques sont tout aussi impressionnantes. Ses six réalisations lors de l’EURO féminin U-19 lui ont valu de terminer là encore en tête du classement des meilleures réalisatrices. La Néerlandaise s’est même payé le luxe d’inscrire le but de la victoire (1:0) sur l’Espagne en finale. Sa première apparition en équipe nationale, à seulement 17 ans, s’est soldée par un triplé contre le Portugal alors qu’elle n’était entrée en jeu qu’à un quart d’heure de la fin... “Quand je reçois la balle près du but, je ne me pose pas de questions ; je sais exactement ce que je dois faire”, explique-t-elle. “Je me suis inspirée de Van Persie” Depuis son arrivée au Bayern au début de la saison 2014/15, Miedema a déjà inscrit cinq buts en 11 sorties. “On nous compare souvent, mais Arjen a un style bien différent du mien”, constate-t-elle en riant. “Je trouve ça sympa, même si c’est toujours un peu étrange de comparer une footballeuse à un footballeur”, ajoute la supportrice du Feyenoord et de son ancien attaquant Robin van Persie. “Je l’ai toujours admiré et j’ai voulu être attaquante pour lui ressembler. Naturellement, je suis droi-
tière, mais van Persie est gaucher. Alors, je me suis mise à tout faire du pied gauche. Je me suis énormément inspirée de ce qu’il faisait sur le terrain.” Trois buts pour la qualification Cette particularité lui a valu de trouver le chemin des filets à 16 reprises lors des qualifications pour la Coupe du Monde Féminine et d’ajouter un nouveau titre de meilleure buteuse à sa collection. Lors du double barrage contre l’Italie, Miedema a inscrit les trois buts de son équipe (1:1 à l’aller, 2:1 au retour). Sous son impulsion, les Pays-Bas participeront pour la première fois de leur histoire à la phase finale de l’épreuve surprême. “J’y pense pratiquement tous les jours. Je veux être en forme pour jouer au Canada.” À quelques mois du coup d’envoi, Viv nourrit de grandes ambitions, même si elle se refuse encore à parler de titre. “Je ne dis pas que nous serons championnes du monde, mais nous avons de bonnes chances de passer la phase de groupes”, annonce-t-elle. Versées dans le Groupe A, les Néerlandaises se mesureront à la RP Chine, à la Nouvelle-Zélande et au Canada. “J’espère que les spectateurs seront nombreux et que le match se déroulera dans une ambiance mémorable. C’est pour vivre de tels instants que l’on devient footballeuse. Je suis très impatiente d’y être”, confiet-elle à propos du match face au pays hôte.
nouveaux systèmes de jeu. Je suis bien plus affûtée que l’année dernière. Je suis plus puissante, plus rapide et je suis en bien meilleure condition physique”, etime-t-elle, consciente qu’il reste cependant quelques domaines à améliorer. “En défense, je suis encore en-dessous du niveau requis.” Fort heureusement, son séjour au Canada devrait être principalement tourné vers l’offensive... Å Marius Achatz
LA FRANCE ACCUEILLERA L’ÉDITION 2019 À l’occasion d’une courte cérémonie au siège de l’instance dirigeante du football mondial à Zurich, le Comité Exécutif de la FIFA a annoncé ce jeudi 19 mars 2015 que l’organisation de la Coupe du Monde Féminine 2019 revenait à la France.
Adaptation réussie Dans cette optique, Miedema ne ménage pas ses efforts à l’entraînement, même si ses premières semaines en Bundesliga ont été un peu plus difficiles que prévu. “Je découvre de T H E F I FA W E E K LY
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First Love Lieu : Pristina, Kosovo Date : 24 juillet 2014 Heu re : 17 h 32 Photog raphe : A nd re w Testa
Panos Pictures / VISUM T H E F I FA W E E K LY
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Développer le football partout et pour tous
Organiser des tournois captivants
Œuvrer pour la société et l’environnement
Pour le jeu. Pour le monde. La FIFA s’engage à développer le football pour le bénéfice de tous. Sa mission est de : Développer le jeu L’objectif premier de la FIFA est de développer le football dans ses 209 associations membres. La Coupe du Monde de la FIFA™ lui donne les ressources nécessaires pour lui permettre d’investir USD 550 000 par jour dans le développement du football partout dans le monde. Toucher le monde La FIFA entend également toucher le monde à travers ses compétitions et événements internationaux qui fédèrent et inspirent les peuples du monde entier.
FIFA.com
Bâtir un meilleur avenir Le football est bien plus qu’un simple sport. Son universalité lui confère un pouvoir unique et une portée qu’il convient de gérer avec précaution. La FIFA est convaincue de son devoir envers la société qui dépasse les frontières du football.
QATAR
LE BILLET DU PRÉSIDENT
Visite présidentielle Sepp Blatter a rencontré l’Émir Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani au Qatar afin de discuter des préparatifs de la Coupe du Monde 2022.
Envolée dans l’Himalaya
L Rencontre au Palais Al Bahr Le Président de la FIFA et l’Émir Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani.
S
Ahmad Alemadi
on Altesse l’Émir Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani a rencontré le Président de la FIFA, actuellement en visite au Qatar à l’invitation de SA l’Émir. Au cours de cet entretien d’une heure au Palais Al Bahr, SA l’Émir a passé en revue les accords de coopération existant entre l’État du Qatar et l’instance dirigeante du football mondial, en quête de progrès à réaliser. En outre, les deux dirigeants ont abordé de nombreuses questions relatives aux préparatifs de la Coupe du Monde de la FIFA, Qatar 2022, au développement du football dans la région et aux réformes concernant le droit du travail, afin de garantir le bien-être des travailleurs immigrés. Cette rencontre a aussi été l ’occasion d’évaluer l’avancement d’autres projets liés à l’organisation de l’épreuve suprême. Joseph S. Blatter s’est dit ravi de sa rencontre avec SA l’Émir : “Je suis très heureux d’avoir pu m’entretenir avec la plus haute autorité politique du Qatar. Je ne peux que me féliciter de constater que l’Émir et le Qatar sont bien décidés à faire de la Coupe du Monde 2022 un outil de progrès social et de promotion pour le pays hôte et la région dans son ensemble. Le Qatar prend son rôle d’organisateur très au sérieux. Nous avons également discuté de l’importance de développer le football dans la région.” SA Cheikh Jassem Ben Hamad Al-Thani, représentant personnel de SA l’Émir, et Jérôme Valcke, Secrétaire Général de la FIFA, ont également assisté à cet entretien. Å tfw
e Bhoutan est, géographiquement parlant, sur le toit du monde. L’État himalayen abrite quelques-unes des montagnes les plus hautes, des sommets les plus spectaculaires et des ascensions les plus difficiles de la planète. Son équipe nationale suit en revanche une trajectoire inverse, puisqu’elle occupe la dernière place du Classement mondial de la FIFA. Cette situation s’explique aussi par la démographie : le pays ne compte que 717 000 habitants. Pour trouver trace de l’un de ses rares succès, il faut remonter à 2002. Pendant que l’Allemagne et le Brésil s’affrontaient en finale de la Coupe du Monde, le Bhoutan infligeait un cinglant 4:0 à Montserrat, la lanterne rouge de l’époque. Deux ans après avoir rejoint la FIFA, le royaume donnait son premier signe de vie sur la scène internationale. Il a cependant fallu attendre 13 ans avant de voir ce succès se reproduire en compétition officielle. L’événement qui s’est produit mardi dernier au stade national Changlimithang de Thimphou, la capitale, n’en est que plus savoureux : le Bhoutan a créé la surprise en disposant du Sri Lanka au premier tour des qualifications asiatiques pour l’épreuve suprême. Après sa victoire 2:1 à l’extérieur, il a confirmé sa supériorité chez lui (1:0), à 2 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. On peut ici parler d’une véritable envolée, au sens le plus strict. Il ne s’agit que d’un petit pas sur la longue route qui mène à Russie 2018, mais celui-ci est important sur le plan symbolique. Le succès de ces courageux Bhoutanais prouve que l’on peut jouer (et gagner) au football partout, indépendamment de toute considération géographique, démographique ou culturelle. Le beau jeu traverse actuellement une phase de développement rapide en Asie. Sa base s’élargit sans cesse, comme le prouvent d’autres résultats. Le Timor Oriental, tombeur de la Mongolie, sera ainsi présent au prochain tour. De son côté, le Brunei a frappé fort pour son grand retour sur la scène internationale, en allant s’imposer sur le terrain de Chinese Taipei. Cet État, qui occupe le 198e rang de la hiérarchie mondiale, a toutefois vu ses rêves de qualification partir en fumée après sa défaite au match retour. Pourtant, les performances de ces petites nations laissent entrevoir le formidable potentiel qui sommeille encore en Asie. Les deux tiers de l’humanité vivent sur cet immense continent, qui rassemble 46 associations membres. Son accession au plus haut niveau ne fait aucun doute ; ce n’est qu’une question de temps. Le Bhoutan l’a prouvé, d’autres lui emboîteront le pas. Félicitations et bonne chance !
Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY
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La revanche des enfants tardifs Après avoir investi dans l’AS Trenčín, l’ancien international néerlandais Tchen La Ling n’a pas tardé à mettre en place une étroite coopération avec l’Ajax Amsterdam. Mais le club slovaque doit aussi une partie de son succès à la finesse de son analyse dans le domaine de la formation. Succès populaire Trenčin mobilise les foules en proposant un jeu offensif.
T
renčín n’est pas forcément le terreau le plus fertile pour révolutionner le football. Cette cité médiévale à l’ouest de la Slovaquie, près de la frontière tchèque, abrite une petite équipe méconnue, l’AS Trenčín. Avec une moyenne d’âge de 22,3 ans, l’équipe alignée est pourtant souvent la plus jeune du Vieux Continent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce pari audacieux ne s’est pas fait au détriment des résultats. Trenčín n’a pas quitté les deux premières places du classement depuis le début de la saison et peut encore espérer battre Žilina dans la course au titre. En acquérant le club en 2007, Tchen La Ling ne
Débuts difficiles La suite allait lui donner raison. Un an après le rachat par Ling, l’AS Trenčín était relégué. Ce coup du sort a eu pour effet d’obliger les dirigeants à revoir entièrement leur copie. “Les débuts ont été difficiles, mais ça nous a permis d’opérer des changements radicaux”, raconte Robert Rybníček, le manager général, présent au club depuis 18 ans. “Nous avons développé une nouvelle philosophie et
poursuivant. De retour au plus haut niveau, le promu a enchaîné les performances honorables : cinquième, troisième et deuxième. Ses apparitions sur le podium lui ont en outre valu de se qualifier à deux reprises pour la Ligue Europa. Toutefois l’expérience a été de courte durée, les Slovaques échouant aux deuxième et troisième tours préliminaires. En avant toute L’idée de Ling consiste, selon ses propres termes, à associer “le talent et la technique des footballeurs formés aux Pays-Bas à la puissance et au mental des joueurs slovaques”. Les rênes du projet ont été confiées à Martin
MATÚŠ BERO
PETER ČÖGLEY
PETER KLEŠČÍK
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Milieu de terrain 6.9.1995
Défenseur 11.8.1988
Défenseur 18.9.1988
s’imaginait sans doute pas atteindre de tels sommets. International néerlandais à 14 reprises, l’ancien ailier de l’Ajax est tombé amoureux de la ville après avoir acheté, rénové et revendu un hôtel, le Tatra. Il s’est alors intéressé au club local. “L’endroit me plaisait et j’avais l’impression de comprendre l’environnement. Compte tenu de mon passé, 24
je savais que le football était avant tout une affaire d’argent, de joueurs, d’entraîneurs … et de problèmes. Il n’y a pas de formule magique pour gagner à tous les coups.”
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une vision basée sur nos méthodes d’entraînement, notre style de jeu, nos choix de recrutement et notre formation. Aujourd’hui, nous en retirons les bénéfices.” Il a fallu trois ans à Trenčín pour s’extraire de la deuxième division. Mais lorsque le club a retrouvé l’élite en 2011, il l’a fait en terminant avec 18 points d’avance sur son premier
Ševela, un ancien défenseur central qui avait passé les trois dernières années de sa carrière à Trenčín. “Nous voulons proposer du jeu et faire plaisir aux spectateurs”, explique l’intéressé. “Nous demandons aux joueurs de penser à l’offensive à chaque fois qu’ils touchent le ballon. Ils ne doivent pas avoir peur de prendre des risques et des responsabilités.
Tomas Somr / FK AS Trencin
Ben Lyttleton
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rales positives et négatives : un enfant de six ans né en décembre peut se trouver confronté à des adversaires plus âgés de 11 mois et perdre sa motivation si l’écart de performance est trop important. Les natifs du début de l’année jouent donc généralement plus de matches très tôt dans leur parcours, car ils sont généralement titularisés aux dépens de leurs cadets. En contrepartie, les footballeurs nés en fin d’année jouent généralement plus longtemps car ils subissent moins de blessures et restent plus frais. Lionel Messi (juin) et Cristiano Ronaldo (février) sont du début de l’année, tandis que la révélation de la saison, Harry Kane, est du mois de juillet.
S’ils passent la balle en retrait, c’est qu’ils n’ont vraiment pas d’autre solution.” Ling a renforcé son centre de formation en signant un accord de coopération avec l’Ajax Amsterdam. Les échanges se font dans les deux sens : le milieu de terrain de Trenčín Stanislav Lobotka a fait sa première apparition pour l’équipe réserve des Lanciers en remplaçant Christian Eriksen dans un match de préparation ; de son côté, l’ailier Gino van Kessel a inscrit dix buts pour l’AS Trenčín la saison dernière. “Nous apportons nous aussi beaucoup à l’Ajax”, souligne Rybníček. “Tous ceux qui nous ont rendu visite ont été étonnés par nos
rer l’attention de toutes les autres formations. En étudiant de près la composition de l’effectif, on remarque des choses intéressantes. En premier lieu, le groupe est effectivement très jeune. Le joueur de champ le plus âgé, Peter Čögley, n’a que 26 ans. Mais, surtout, la majorité des footballeurs sont nés pendant la deuxième moitié de l’année. Dix des 16 joueurs qui ont débuté au moins un match de Superliga pour l’AS Trenčín sont nés entre juillet et décembre. Sur les six joueurs nés durant les six premiers mois de l’année, trois ont vu le jour en juin, un mois charnière. Au total, le groupe ne compte que trois “vrais” membres nés dans la première partie de l’année.
Les footballeurs nés en fin d’année jouent généralement plus longtemps. L’Ajax – ainsi que, grâce à leurs nombreux échanges, l’AS Trenčín – a compris les effets de ces préjugés. La base de données du club néerlandais propose un graphique qui montre aux éducateurs comment chaque joueur se situe dans sa catégorie en fonction de son âge relatif. Les techniciens peuvent ainsi voir en un coup d’œil si un apprenti est plus jeune ou plus âgé par rapport à ses coéquipiers. Ces informations permettent au débat de se dérouler dans un contexte plus précis.
JAMES LAWRENCE
STANISLAV LOBOTKA
KINGSLEY MADU
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Défenseur 22.8.1992
Milieu de terrain 22.11.1994
Défenseur 12.12.1995
méthodes de travail, le talent de nos joueurs, ainsi que par nos qualités techniques et physiques.” Les deux clubs échangent aussi leurs entraîneurs et, surtout, leurs connaissances. Nés en fin d’année Mais Trenčín se distingue par un autre phénomène et c’est celui-ci qui risque fort d’atti-
Depuis longtemps déjà, les footballeurs du début de l’année sont très prisés, pour toutes sortes de raisons. Ils sont naturellement les plus âgés dans leur catégorie, ce qui signifie qu’ils sont généralement plus grands, plus rapides et plus puissants. Les éducateurs ont donc tendance à les apprécier particulièrement. Cette situation crée des spi-
Les systèmes d’entraînement ont dû s’adapter à cette découverte. La plupart des équipes s’appuient sur une structure conventionnelle : U-7, U-8, U-9 … jusqu’aux U-19. L’Ajax a en revanche mis en place trois tranches d’âge : 6-11 ans, 12-15 ans et 16-19 ans. L’objectif est d’encourager la collaboration à l’entraînement, de mélanger les groupes pour T H E F I FA W E E K LY
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favoriser les échanges individuels et d’introduire des programmes de tutorat. Désormais, chaque joueur va vivre une expérience différente. Il sera parfois l’aîné du groupe, avec les responsabilités que cela implique, mais il peut aussi en devenir l’un des benjamins.
Les effets de la différence d’âge commencent à s’estomper vers 23, 24 ans.
les responsables et les entraîneurs, de façon délibérée ou non, opèrent souvent une stratégie consistant à aligner l’équipe la plus âgée possible, dans les limites fixées par le règlement. Si cette tactique donne des résultats à court terme, lorsqu’il s’agit de gagner le prochain match, elle pose des problèmes systémiques en limitant le réservoir de talent.” Heureusement, notre homme a une solution. “Je crois que pour résoudre cette question, il faut déterminer une moyenne d’âge pour l’équipe ou le groupe, plutôt que de fixer une date de naissance limite arbitraire pour chaque individu. Ainsi, les entraîneurs pourraient élargir le champ de leur sélection et les
projet sur le plan administratif. Cette idée présente aussi des avantages sur le plan compétitif : Trenčín et l’Ajax savent que les joueurs nés en fin d’année passent parfois inaperçus. Il peut donc y avoir un intérêt à leur proposer des contrats plus longs. Il faut parfois attendre 23 ou 24 ans pour voir de tels talents s’imposer. C’est à cette période que les effets de la différence d’âge commencent à s’estomper, selon Lawrence. Pendant ce temps, le plan de Ling commence à porter ses fruits à Trenčín. La moyenne de spectateurs est passée de 700 à 3 000 par match. “On ne peut pas comparer les deux époques en termes de qualité de jeu.
MATÚŠ OPATOVSKÝ
RAMÓN RODRÍGUEZ DA SILVA
IGOR ŠEMRINEC
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Milieu de terrain 22.7.1994
Défenseur 22.8.1990
Gardien 22.11.1987
constitue un problème à résoudre. Dans les écoles où les tests jouent un rôle important, les enfants nés en fin d’année sont souvent moins performants. Dans un article académique intitulé Les Avantages de l’âge dans le football, il revient en détail sur les conséquences que peut avoir cette situation sur le plan sportif. “Dans les catégories de jeunes, 26
Échange Gino van Kessel (g.; Ajax) a marqué à dix reprises pour Trenčin, tandis que Stanislav Lobotka (Trencin) portait les couleurs de Jong Ajax.
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profils de joueurs à leur disposition tant qu’ils ne dépassent pas la moyenne d’âge limite.” Un tournoi test aura lieu un peu plus tard dans l’année au Pays-Bas. Vingt-quatre équipes amatrices testeront les théories de Lawrence, qui a même mis au point une application mobile gratuite afin de dissiper les inquiétudes concernant la faisabilité de son
Nous voulons créer quelque chose de nouveau et d’important, initier une petite révolution. Mais je ne peux pas le faire seul. C’est pourquoi je suis heureux de pouvoir compter sur quelqu’un comme Robert pour travailler à mes côtés.” Rybníček assure que le sentiment est réciproque. “Nous collaborons étroitement,
Tomas Somr / FK AS Trencin
Une appli pour illustrer le parti pris James Lawrence est défenseur à l’AS Trenčín et connait parfaitement les conséquences que peuvent entraîner ces préjugés. Sa mère Lynne travaille dans des écoles Montessori un peu partout dans le monde, tandis que son père Steve est architecte et consultant pour l’Ajax. Ses deux spécialités sont le développement spatial de nouveaux terrains d’entraînement et… les différences d’âge. Ce dernier est évidemment très fier de son fils, mais il ne fait aucun doute dans son esprit que la carrière de James a pâti de sa naissance tardive, en août. “À Arsenal, James était dans la même équipe que Harry Kane. Je suis certain que s’il avait été du début de l’année, il serait international U-21 à l’heure actuelle.” Lawrence sénior est aujourd’hui convaincu que le choix d’une date arbitraire pour trier les enfants qui pratiquent un sport
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L’expérimenté À 26 ans, Peter Čögley est le joueur de champ le plus âgé du groupe.
même si les choses n’ont pas toujours été faciles au début. Nous avons trouvé un langage commun. Désormais, ma mission consiste à adapter toutes nos idées au contexte slovaque.” Parmi les prochains projets, on trouve un nouveau stade et la perspective de faire ses preuves au niveau continental. Passer les tours préliminaires de la Ligue Europa serait un bon début. Ševela veut croire que rien n’est impossible pour son équipe, malgré son relatif manque d’expérience. “Les jeunes s’adaptent bien et ils perdent rapidement leurs mauvaises habitudes. Avec des joueurs de 28 ans, c’est plus compliqué.”
MOSES SIMON #27 Milieu de terrain 12.7.1995
L’entraîneur rappelle que le style de jeu prôné par son équipe est plus important que la moyenne d’âge de ses joueurs. Le club applique le même système à tous les niveaux, de sorte qu’un pensionnaire du centre de formation appelé au sein du groupe professionnel n’est généralement pas dépaysé. “Ils se fondent tout de suite dans le groupe. Nous
Le garant du succès Le Néerlandais Tchen La Ling a décidé d’investir en Slovaquie.
n’avons pas besoin de leur donner de nouvelles consignes lorsqu’ils font leurs débuts. C’est important selon moi. Notre rêve est d’accéder un jour à la Ligue des Champions.”
Si Trenčín y parvient avec l’équipe la plus jeune d’Europe, les autres clubs ne manqueront pas de s’intéresser au cas de cette formation atypique. Å
Futbalov ý Klub AS Trenčín Fondation : 1992 en tant que TJ Ozeta Dukla Trenčín Couleurs : Rouge et blanc Stade : Štadión na Sihoti, capacité : 16 000 places Président : Tchen La Ling Manager : Róbert Rybníček Entraîneur : Martin Ševela Joueurs célèbres : Martin Škrtel, aujourd’hui à Liverpool Dušan Kuciak, aujourd’hui à Legia Varsovie Karol Kisel, aujourd’hui à Sydney FC Principaux succès : Accession à la première division en 2011 3e place en 2012/13
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Nom Toni Kroos Date et lieu de naissance 4 janvier 1990, Greifswald (Allemagne de l’Est) Poste Milieu de terrain Parcours de joueur 2007–2008 FC Bayern Munich II 2007–2014 FC Bayern Munich 2009–2010 Bayer 04 Leverkusen (prêt) Depuis 2014 Real Madrid Équipe nationale Principaux succès 2008, 2013, 2014 Championnat d’Allemagne 2008, 2013, 2014 Coupe d’Allemagne 2013 Coupe du Monde des Clubs avec le Bayern Munich 2013 Ligue des Champions 2014 Coupe du Monde des Clubs avec le Real Madrid 2014 Coupe du Monde
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Olaf Heine /Contour by Getty Images
57 sélections, 9 buts
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“Du mal à me mettre dans la peau d’un leader” Le milieu de terrain de l’Allemagne et du Real Madrid confie ses réflexions sur le mental et la gestion de la pression. Toni Kroos, vous venez de vivre une année 2014 exceptionnelle. Vous a-t-elle permis de vous installer définitivement au sommet du football mondial ? Toni Kroos : Ç’a été une année très particulière et surtout riche en succès. Mais quand on gagne autant de matches et de trophées, notamment une Coupe du Monde, on a toujours l’impression vu de l’extérieur que l’on évolue tout à coup trois classes au-dessus. Je n’ai jamais voulu rentrer dans ce jeu-là, pas plus hier qu’aujourd’hui. L’équipe et moi-même présentions déjà un très haut niveau avant ce sacre. La différence, c’est que nous avons enfin été récompensés. J’ai tout de même évolué, évidemment. Montrer ses qualités dans une Coupe du Monde et passer de Munich à Madrid n’est pas forcément ce qu’il y a de plus simple.
La progression est-elle avant tout une affaire de mental ? C’est vrai que le football se joue toujours beaucoup dans la tête. Quand on est récompensé de ses efforts en remportant des titres majeurs, tout semble un peu plus facile. Mais pour être honnête, je n’avais pas non plus de gros problèmes de mental auparavant.
Vous vous distinguez par votre décontraction et votre capacité à vous sortir avec calme de toutes les situations, même les plus compliquées. Comment faites-vous ? Il y a à mon avis deux raisons à cela. Tout d’abord, quelle que soit la situation, j’ai confiance en mes qualités. Je sais ce dont je suis capable et je ne perds donc jamais mon calme. Ensuite, j’ai assez de recul pour savoir qu’il y a des choses plus importantes dans la vie que le football. Perdre, ça arrive. Avant un match, je me dis toujours que ce qu’il peut arriver de pire, c’est de perdre. Rien d’autre. Attention, ça ne veut pas dire que je ne suis pas concentré sur mon travail ou que je n’ai pas envie de gagner. Mais ça me permet de conserver une certaine décontraction.
En Allemagne, vous étiez déjà considéré il y a dix ans comme l’un des joueurs les plus prometteurs du pays. Aujourd’hui, vous êtes champion du monde et jouez au Real Madrid. Êtes-vous soulagé d’avoir pu répondre à ces attentes ? Non, car je ne me suis jamais mis ce genre de pression ! Elle venait de l’extérieur. Évidemment, la conquête de grands titres fait partie des objectifs que l’on se fixe quand on commence à jouer au football. Pour autant, je ne me suis jamais mis la pression de devenir à tout prix champion du monde. Je serais d’aussi bonne humeur si nous n’avions pas été sacrés au Brésil. Mais ça reste tout de même un très grand exploit, d’autant que dix ans plus tard ou presque, je ne fais toujours pas partie des anciens. On prend conscience qu’il faut parfois du temps pour progresser et qu’il ne faut pas se précipiter, peu importe son niveau.
Au Brésil, vous tiriez les ficelles du jeu allemand au milieu du terrain. Pourquoi votre équipe a-t-elle été meilleure que les autres ? Nous sommes toujours restés compacts. Nous avions aussi un très grand entraîneur qui nous a très, très bien préparés à nos différents adversaires. Nous savions de toute façon que nous ne deviendrions champions du monde qu’en restant soudés, en présentant une vraie équipe, aussi bien défensivement qu’offensivement. Nous n’avions pas ce joueur sur lequel on peut se reposer, celui qui marque les buts pendant que le reste de l’équipe défend. Tout le monde devait donc faire sa part de travail défensif et tout le monde devait participer au jeu. Nous avons parfaitement appliqué ces principes et je crois que c’est pour ça que nous avons été les meilleurs.
jeu implique de participer énormément et de toucher beaucoup de ballons. Automatiquement, ma présence se fait remarquer.
Vous avez été formé dans un registre de milieu de terrain offensif. Au Real Madrid, vous occupez en revanche un poste plus défensif. Qu’est-ce que cela change pour vous ? L’essentiel, au final, c’est que l’ensemble soit cohérent. Nous jouons la plupart du temps avec trois milieux axiaux et il se trouve que c’est moi qui ai le rôle le plus défensif depuis le début de la saison. J’y prends beaucoup de plaisir. L’entraîneur me donne bien sûr ses consignes, mais elles correspondent à l’idée que je me fais de ce poste. Je suis donc très satisfait de la manière dont les choses évoluent. Au fil des années, j’ai reculé de plus en plus et ce n’est absolument pas un problème. À Madrid également, le plus important est de trouver le bon équilibre. Nous avons souvent beaucoup de joueurs offensifs sur le terrain. Donc pour moi, peu importe que je me retrouve devant ou non, je fais plutôt attention à la construction du jeu et à notre organisation.
Pour terminer, une question un peu plus personnelle : si le Ballon d’Or vous était décerné pour un aspect particulier de votre vie privée, lequel serait-il ? Je crois que je fais plutôt un bon papa. C’est bien le plus important ! Å Propos recueillis par Andreas Alf
Estimez-vous être devenu le leader de cette équipe d’Allemagne au Brésil ? J’ai toujours du mal à me mettre dans la peau d’un leader. Mais quand je suis sur le terrain, j’essaye de prendre mes responsabilités. C’était déjà comme ça quand j’étais plus jeune, c’est mon poste qui veut ça. Mon T H E F I FA W E E K LY
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Š2014 FIFA TM
6 juin - 5 juillet
TRIBUNE
COUP DE PROJEC TEUR
INFORMATIONS GÉNÉR ALES Pays : Tahiti Trigramme FIFA : TAH Continent : Océanie
Billy the Fish et le champion gallois Perikles Monioudis
L
a faune du football, que l’on découvre à travers les blasons des clubs, est diverse et variée. Le bouc Hennes porte les couleurs du FC Cologne en Allemagne, la sauterelle est l’emblème du Grasshopper-Club de Zurich, le cygne représente Swansea, le cheval partage son temps entre Ipswich et le Borussia Mönchengladbach (les Poulains), le coq est indissociable de la Fédération française de football, la louve de l’AS Rome, l’hippocampe de Newcastle. En tant que roi des animaux, le lion est très demandé : on le retrouve sur les écussons de Munich 1860, de Brescia, de Millwall, de Chelsea et de bien d’autres équipes encore. En règle générale, le choix d’une espèce animale s’impose de lui-même. Dans le cas de Rome par exemple, la louve fait référence à celle qui éleva Romulus et Remus, les fondateurs de la ville. Mais il arrive qu’une mascotte s’impose au forceps. C’est le cas de Billy the Fish à Carlisle. Les touristes en visite à Manchester qui prennent le temps de se rendre au National Football Museum ne manqueront certainement pas de remarquer un petit tableau faisant référence à un événement survenu en 2005 à Carlisle. Cette année-là, la ville du nord de l’Angleterre a été pratiquement recouverte par les eaux suite à des inondations gigantesques. Brunton Park, le stade de Carlisle United, n’a évidemment pas été épargné. La légende raconte que la fille (adulte) du président s’est rendue au stade après que l’eau
s’est retirée. Elle y aurait découvert un poisson rouge. Elle l’aurait sauvé de l’asphyxie en le plaçant dans l’un de ces fameux petits aquariums ronds. Le poisson a passé cinq ans dans cet environnement, avant de rendre l’âme, au grand chagrin du club et de ses supporters. En effet, durant son séjour dans la région, Billy the Fish est devenu une personnalité locale, ainsi que la mascotte de Carlisle. L’ancien président de Leeds United figure lui aussi sur le tableau exposé au National Football Museum de Manchester. Quatre ans avant l’inondation, Peter Ridsdale avait fait part de son affection pour les poissons. “Ils portent bonheur”, avait-il déclaré, avant d’acquérir des poissons tropicaux pour le club. Dans le marigot du football professionnel, l’usage du lion reste malgré tout plus répandu, même s’il arrive parfois qu’un petit coup de pouce du ciel fasse aussi l’affaire. Il y a quelques jours au Pays de Galles, le New Saints of Oswestry Town & Llansantffraid Football Club, dont l’emblème est le lion, a en tout cas remporté son neuvième titre de champion, plusieurs journées avant la fin de la saison. Å
Capitale : Papeete
INFORMATIONS GÉOGR APHIQUES Superficie : 1 042 km² Point culminant : Orohena 2 241 m Façade maritime : Océan Pacifique
FOOTBALL MASCULIN Classement FIFA : 164e position Coupe du Monde : –
FOOTBALL FÉMININ Classement FIFA : 133e position Coupe du monde : –
DERNIERS RÉSULTATS Hommes : Uruguay - Tahiti 8:0 23 juin 2013 Femmes : Samoa américaines - Tahiti 0:4 5 septembre 2011
INVES TISSEMENTS DE L A FIFA La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly
Depuis 2002 : 3 503 542 USD T H E F I FA W E E K LY
31
LE MIROIR DU TEMPS
T
H
E
N
Highbury Stadium, Londres, Angleterre
1950
William Vanderson / Getty Images
Les joueurs d’Arsenal testent de nouvelles bicyclettes pour enfants après l’entraînement.
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T H E F I FA W E E K LY
LE MIROIR DU TEMPS
N
O
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Complexe Vila Ventura, Viamao, Brésil
2014
Jorge Zapata / Keystone / EPA
Les internationaux équatoriens s’échauffent avant une séance d’entraînement.
T H E F I FA W E E K LY
33
© 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.
THERE WILL BE ATERS
N E T Z E R L’ E X P E R T
Quel était le secret de Mönchengladbach dans les années 70 ? Question de @zagal 212 (Twitter)
LE S DÉCL AR AT IONS DE LA SEMAINE
“Autant me demander si je préfère mon père ou ma mère !” Rafa Benítez n’a visiblement pas envie de choisir entre la Coupe d’Italie et Ligue Europa
“Si j’ai appris une chose dans le football, c’est que les bons joueurs peuvent gagner un, cinq ou même dix matches, mais que seule une bonne équipe peut gagner le championnat. Aujourd’hui, nous allons nous battre ensemble, nous allons attaquer ensemble et nous allons défendre ensemble.” Kaká livre un discours enflammé dans le vestiaire avant les grands débuts professionnels d’Orlando City
Dernière année à Gladbach Günter Netzer en juin 1972 lors d’une séance photo.
ullstein
À
l’époque, le Bayern dominait déjà la Bundesliga allemande. En plus d’avoir dans ses rangs des stars telles que Franz Beckenbauer, Paul Breitner ou Gerd Müller, l’équipe disposait avec le stade olympique d’infrastructures imposantes. Mönchengladbach et le Bayern représentaient deux mondes totalement différents, je dirais qu’il y avait un rapport de 1 à 3 entre ces deux équipes. Et pourtant, c’est le plus “petit” des deux clubs, le Borussia, qui a marqué de son empreinte le football allemand des années soixantedix. Comment cela a-t-il pu être possible ? Le secret, c’est l’esprit d’équipe qui régnait alors entre nous. Certains trouveront peut-être cette réponse banale, on l’a déjà tellement lue ou entendue. Mais à cette époque, Gladbach a vraiment réussi à créer quelque chose d’unique. À la fin des années 60, l’entraîneur Hennes Weisweiler est parvenu à transmettre à l’équipe sa soif de résultats. Les jeunes footballeurs rêvaient de jouer pour Mönchengladbach. En plus d’être très compétent sur le plan technique, Weisweiler réussissait à établir des relations privilégiées avec ses joueurs, il avait un côté paternel, respectueux. Ce n’est pas un hasard si nombre de ses
élèves sont par la suite devenus de grands noms du football. Je pense par exemple à Jupp Heynckes, Rainer Bonhof ou encore Berti Vogts. Après mon départ pour le Real Madrid, en 1973, Mönchengladbach a chaque saison perdu son meilleur joueur. Weisweiler lui-même a rejoint les rangs du FC Barcelone en 1975. Mais le club a malgré tout réussi l’exploit de remporter encore deux championnats. Un peu comme si l’esprit de Weisweiler avait continué d’habiter les vestiaires de Gladbach plusieurs années après son départ. Aujourd’hui, le Bayern fait de nouveau cavalier seul et domine plus que jamais la Bundesliga. Mönchengladbach va donc sans doute devoir patienter encore quelques années avant de décrocher un nouveau titre. Pour le reste, le football raffiné proposé par Lucien Favre est un réel plaisir pour les yeux. Å
“Il ne faut pas comparer Eden à Ronaldo ou Messi. Il va faire son propre chemin. Quand je le vois, il me fait penser à Zidane.” Marc Wilmots parle d’Eden Hazard
“Je ne vais pas vous mentir. Je pense souvent au Ballon d’Or. Que faut-il que je fasse pour le remporter ? Gagner beaucoup de titres et marquer 80 buts dans
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le football. Posez vos questions à Günter Netzer : feedback-theweekly@fifa.org
une même année !” Karim Benzema T H E F I FA W E E K LY
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Chaque rĂŞve commence par un coup d'envoi. Inspirez sa passion. Utilisez votre carte Visa pour acheter des billets de la Coupe du Monde FĂŠminine de la FIFAMC.
LE TOURNANT
“C’est ma fille de sept ans qui m’a sauvé” Après avoir perdu sa femme Esther dans un accident de v oiture, Frenk Schinkels s’est retrouvé seul avec leurs quatre enfants et une montagne de dettes. Sa fille l’a aidé à remonter la pente.
Manuel Tauber-Romieri
C
e sont des événements que j’ai entretemps digérés mais que je n’oublierai jamais. La tragédie s’est produite le 5 mars 1995. J’étais alors entraîneur-joueur dans le club amateur du SV Gmünd et je m’apprêtais à rentrer chez moi après un stage de préparation. Esther, mon amour de jeunesse rencontré en Hollande, a perdu le contrôle de son véhicule sur une route verglacée à quelques centaines de mètres seulement de notre domicile situé en périphérie de Sankt Pölten et est allée percuter un arbre. Elle est morte sur le coup. Je me suis alors retrouvé tout seul avec nos quatre petites filles et 270 000 euros de dettes suite à l’achat de notre maison et de mon café. Je n’avais plus rien. À part un ami dont je me serais bien passé, le Bacardi. Jusqu’au jour où de l’aide est arrivée de là où je m’y attendais le moins. Ma fille Romy, alors âgée de sept ans, m’a ouvert les yeux : “Il faut qu’on se serre les coudes !”, a-t-elle décrété à la manière d’une maman de substitution. Imaginez-vous un peu, s’entendre dire ça par un enfant ! Mon père Piet n’a pas hésité une seconde, il est venu des Pays-Bas pour s’installer chez moi. Trois mois plus tard, deuxième coup dur, puis le troisième dans la même journée : le matin, j’ai enterré ma mère, accro aux médicaments et a lcoolique, puis l’après-midi, mon beau-père est décédé. Par chance, c’est à ce moment-là que j’ai croisé le chemin de ma deuxième bouée de sauvetage. Elle avait cette fois des traits adultes : elle s’appelait Romana et travaillait dans une imprimerie. Jamais je n’oublierai ce qu’elle a fait pour moi. Elle a pour ainsi dire pris en charge les quatre petites, elle les a élevées et elle m’a aussi aidé financièrement. Ensemble, nous avons aussi un fils, Romario Ronaldo, aujourd’hui âgé de 18 ans.
Professionnellement, je me suis refait une santé après avoir critiqué à la télévision l’Austria Vienne. Frank Stronach, à l’époque mécène de la Violette, m’a alors nommé recruteur, puis entraîneur du club. Comme pour me dire : vas-y, fais mieux, maintenant ! Avec Peter Stöger, devenu depuis entraîneur du FC Cologne, j’ai aussitôt gagné le championnat et la Coupe d’Autriche. Aujourd’hui, je n’ai plus aucune dette, alors qu’avant de commencer à travailler pour l’Austria, j’avais un découvert de 168 000 euros. Je n’ai plus besoin de distribuer des prospectus ou de faire le ménage dans les gares pour boucler mes fins de mois. Je suis toujours très heureux avec Romana et j’ai cinq petits-enfants. Je suis actuellement directeur sportif au SKN Sankt Pölten, club de deuxième division autrichienne, et je souhaite faire le maximum pour conduire cette équipe le plus loin possible. J’interviens également en tant que consultant sur une chaîne privée à l’occasion des soirées de Ligue des Champions. Ma devise : ne jamais baisser les bras. Å Propos recueillis par Andreas Jaros
Nom Frenk Schinkels Date et lieu de naissance 9 janvier 1963, Rotterdam (Pays-Bas) Poste Milieu de terrain Principaux clubs fréquentés 1982–1983 AZ Alkmaar 1983–1985 Excelsior Rotterdam 1987–1988 FK Austria Vienne 1989–1990 SK VÖEST Linz 1991–1993 et 1994 VSE Sankt Pölten Équipe d’Autriche 6 sélections, 1 but (lors du 2:3 contre son pays d’origine, les Pays-Bas, à Sittard en 1992) Principales équipes entraînées 2005–2006 FK Austria Vienne 2008–2009 SK Austria Kärnten 2010 First Vienna FC 1894
Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. T H E F I FA W E E K LY
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CLASSEMENT MONDIAL MASCULIN
Leader Entrées dans le Top 10 Sorties du Top 10 Nombre total de matches disputés Équipes avec le plus grand nombre de matches Plus grande progression en termes de points Plus grande progression en termes de places Plus grand recul en termes de points Plus grand recul en termes de places P osition Équipe
+/- Points
Allemagne (inchangé) Italie (10e, + 2 places) Espagne (11e, – 1 place) 7 Barbade, Bermudes, Grenade, St-Vincent-et-les-Grenadines (2 matches chacune) Israël (+ 75 points) Barbade, Bermudes (+ 11 places) Liban (– 90 points) Dernière mise à jour : Liban (– 25 places) 12 mars 2015
P osition Équipe
+/- Points
P osition Équipe
+/- Points
P osition Équipe
+/- Points
1 Allemagne
0 1770
55 Afrique du Sud
1
608
109 Qatar
0
300
163 Swaziland
2
106
2 Argentine
0 1577
56 République de Corée
-2
594
110 Soudan
2
288
164 Belize
3
100
3 Colombie
0 1499
56 Turquie
-4
594
110 Cuba
4
288
164 Tahiti
3
100
4 Belgique
0 1471
58 Égypte
-1
582
112 Libye
1
281
166 Guyana
0
94
5 Pays-Bas
0 1415
59 Pérou
0
565
113 Namibie
-2
277
167 Guam
-5
93
6 Brésil
0 1348
60 Zambie
0
560
114 Niger
4
271
168 Gambie
1
90
7 Portugal
0 1191
61 Panamá
0
557
115 Mauritanie
8
268
169 Bermudes
8 France
0 1180
61 Albanie
2
557
116 Canada
1
266
9 Uruguay
11
89
170 Pakistan
1
88
0 1164
63 Trinité-et-Tobago
-1
553
117 Liberia
-2
264
170 Laos
-9
88
10 Italie
2 1146
64 Rwanda
8
550
118 Kenya
-2
263
172 Montserrat
-2
86
11 Espagne
-1 1130
65 Australie
-2
549
119 St-Vincent-et-les-Grenadines
-9
260
173 Inde
-2
74
12 Suisse
-1 1126
66 République d’Irlande
1
537
120 Lesotho
5
257
174 Sri Lanka
-1
73
13 Costa Rica
0 1095
67 Monténégro
-2
531
121 Saint-Kitts-et-Nevis
-2
244
175 Yémen
4
72
14 Roumanie
2 1081
68 Burkina Faso
0
529
122 Moldavie
-1
243
176 Turks et Caicos
0
66
15 Chili
-1 1057
69 Émirats arabes unis
-3
523
123 Liechtenstein
7
238
177 Comores
-3
64
16 République tchèque
1 1045
70 Norvège
-1
522
124 Zimbabwe
-5
237
178 Seychelles
-1
60
17 Angleterre
-2 1031
71 Bulgarie
-1
501
125 Koweït
3
231
179 São Tomé-et-Principe
-5
58
18 Algérie
0
986
72 Ouzbékistan
-1
483
126 Géorgie
0
225
180 Népal
0
57
19 Croatie
0
963
72 Venezuela
7
483
126 Burundi
-2
225
181 Saint-Marin
-1
55
20 Côte d’Ivoire
0
944
74 Ouganda
2
478
128 Aruba
4
221
181 Cambodge
3
55
21 Mexique
0
935
75 Togo
0
466
128 Philippines
4
221
181 Dominique
-1
55
22 Slovaquie
0
932
76 Jamaïque
3
463
130 Vietnam
2
220
184 Îles Salomon
0
53 51
23 Autriche
0
916
77 Haïti
1
454
131 Barbade
11
218
185 Nicaragua
-8
24 Ghana
1
887
78 Finlande
-5
450
132 Sainte-Lucie
8
216
185 Timor oriental
2
51
25 Tunisie
1
881
79 Arménie
-5
437
133 Maldives
2
214
187 Macao
1
45
26 Israël
6
880
80 Paraguay
-1
434
134 Nouvelle-Zélande
2
211
188 Chinese Taipei
-4
43
27 Grèce
-3
872
81 Honduras
-4
433
134 Guinée-Bissau
4
211
188 Soudan du Sud
1
43
28 Danemark
0
863
82 Guatemala
0
425
136 Luxembourg
-7
209
190 Maurice
0
36
29 Équateur
0
852
83 RP Chine
-1
423
137 Afghanistan
7
203
191 Vanuatu
0
34
30 Bosnie-et-Herzégovine
0
841
84 Angola
0
403
138 Kazakhstan
1
199
192 Fidji
0
30
31 Ukraine
-4
838
85 Chypre
4
398
139 Azerbaïdjan
-8
198
192 Samoa
0
30
32 États-Unis
-1
828
86 Mozambique
4
385
140 Palestine
-14
194
194 Bahamas
1
26
33 Russie
0
788
87 Estonie
-2
379
141 Tadjikistan
-4
192
195 Mongolie
-1
25
34 Pologne
6
778
87 Sierra Leone
-1
379
142 Thaïlande
1
189
196 Tonga
0
17
35 Islande
2
776
89 Salvador
-2
378
143 République centrafricaine
2
178
197 Îles Vierges américaines
0
16
36 Sénégal
0
772
89 Maroc
-1
378
144 Turkménistan
3
175
198 Brunei
0
15
37 Pays de Galles
-3
763
91 Malawi
2
376
145 Malte
4
168
199 Papouasie-Nouvelle-Guinée
0
13
38 Cap-Vert
-3
761
92 Bolivie
0
372
146 Liban
-25
164
200 Samoa américaines
0
12
39 Écosse
-1
727
92 Bénin
3
372
147 Madagascar
1
163
201 Andorre
0
8
40 Serbie
-1
709
94 Lituanie
2
364
148 Tchad
-2
155
201 Îles Vierges britanniques
1
8
41 Nigeria
1
701
95 Lettonie
5
361
149 RDP Corée
3
149
201 Érythrée
1
8
42 Iran
-1
692
96 Oman
-5
356
150 Kirghizistan
1
146
204 Somalie
0
6
43 Irlande du Nord
8
679
97 Irak
-3
353
151 Nouvelle-Calédonie
2
143
205 Îles Caïmans
0
5
44 Guinée
-1
669
98 Belarus
3
346
152 Syrie
-2
141
206 Djibouti
0
4
45 Suède
-1
663
99 Arabie saoudite
-1
339
153 Myanmar
-12
137
206 Îles Cook
0
4
46 Hongrie
2
659
100 Tanzanie
7
331
153 Singapour
3
137
208 Anguilla
0
2
47 RD Congo
-1
651
101 Jordanie
-4
326
153 Malaisie
1
137
209 Bhoutan
0
0
48 Slovénie
-1
649
102 Antigua-et-Barbuda
-3
325
156 Indonésie
2
129
49 Cameroun
-4
646
102 Éthiopie
0
325
157 Hong Kong
2
127
50 Guinée équatoriale
-1
630
104 Bahreïn
-1
319
158 Grenade
-3
126
51 Mali
2
626
105 Îles Féroé
0
317
159 Curaçao
1
125
52 Congo
-3
625
106 Botswana
-1
316
160 Porto Rico
2
119
53 Japon
2
617
107 République dominicaine
1
310
161 Suriname
3
115
54 Gabon
4
610
108 ARY Macédoine
-4
308
162 Bangladesh
-5
112
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T H E F I FA W E E K LY
http://fr.fifa.com/worldranking/index.html
PUZZLE
Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)
Président Joseph S. Blatter
1
7
3
3
7
Secrétaire Général Jérôme Valcke
4
6
Rédaction Alan Schweingruber (rédacteur en chef adjoint), Sarah Steiner
1
9
1
2
9
8
7
3 5
1
3
1
6
2
9
5
2
1
MOYEN
9 9 6
7 3
Ont contribué à ce numéro Marius Achatz, Andreas Alf, Ben Lyttleton
6
Responsables de projet Bernd Fisa, Christian Schaub
5
5
9
1
4 1
3
3 8
8 9
Production Hans-Peter Frei
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Assistantes de rédaction Alissa Rosskopf, Honey Thaljieh
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Impression Zofinger Tagblatt AG
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Internet www.fifa.com/theweekly
Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.
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Collaborateurs réguliers Ronald Düker, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Andreas Jaros, Jordi Punti, Thomas Renggli, David Winner, Roland Zorn
La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2015”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse.
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Correction Nena Morf (responsable), Martin Beran, Kristina Rotach
Contact feedback-theweekly@fifa.org
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Conception artistique Catharina Clajus
Traduction www.sportstranslations.com
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Rédacteur en chef Perikles Monioudis
Mise en page Richie Krönert (responsable), Tobias Benz, Susanne Egli
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Directeur de la Communication et des Affaires publiques Walter De Gregorio
Service photo Peggy Knotz, Andres Wilhelm (adjoint)
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T H E F I FA W E E K LY
Puzzles courtesy: opensky.ca/sudoku
Éditeur FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Téléphone +41-(0)43-222 7777, Fax +41-(0)43-222 7878
Le but du jeu est de remplir la grille avec des chiffres de 1 à 9, qui ne se trouvent jamais plus d’une fois dans la même ligne, la même colonne ou le même carré de 3x3.
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R É S U LTAT S D U D E R N I E R S O N DAG E
LE SONDAGE DE L A SEMAINE
Qui gagnera la Ligue des Champions de la CONCACAF 2014/15 ?
Quel match amical êtes-vous le plus impatient de suivre ?
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Source : Fifa.com
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· France - Brésil · Allemagne - Australie · Suisse - USA · Suède - Iran · Pays-Bas - Espagne · Italie - Angleterre
≠ America (MEX) ≠ Alajuelense (CRC) ≠ Montreal Impact (CAN) ≠ Herediano (CRC)
Pour voter, rendez-vous sur : FIFA.com/newscentre
LA SEMAINE EN CHIFFRES
buts ont été marqués suite à un service de Kevin De Bruyne cette saison. Cela fait de lui le meilleur passeur des cinq grands championnats européens réunis. Grâce à ses dernières offrandes lors du match de Bundesliga opposant le VfL Wolfsbourg au SC Fribourg, le Belge a pris la tête de ce classement devant Cesc Fàbregas (15 passes décisives) et Lionel Messi (14).
buts en sept matches de A-League australienne ont suffi à Marc Janko pour réécrire une série de records. Ce 15 mars, l’Autrichien a réussi un triplé lors du succès du Sydney FC 5:4 sur Brisbane Roar, battant le record du club établi par Alessandro Del Piero sur une saison. Il est également devenu le premier joueur de l’histoire de la A-League à trouver le chemin des filets lors de sept rencontres successives.
buts ont été inscrits par Aston Villa durant les 44 premières minutes du match qui l’opposait à Sunderland. Cette performance est d’autant plus remarquable que l’équipe a ainsi fait aussi bien que lors de ses 14 précédentes rencontres à l’extérieur, soit 1 260 minutes de jeu au total. Ces quatre réalisations représentent également 21 pour cent de l’ensemble des buts inscrits par les Villains cette saison. En image : Ron Vlaar (g.) et Matthew Lowton.
Dimitar Dilkoff / afp, afp, Getty Images, imago
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