The FIFA Weekly Edition #22

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N° 22, 21 MARS 2014

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

SOUTHAMPTON FC UNE FEMME FORTE À LA TÊTE DU CLUB GÜNTER NETZER CE QUI FAIT UN BON ENTRAÎNEUR CHRISTIAN VIERI DOUBLE ÉMIGRÉ

Kevin-Prince Boateng

Mission Ghana W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


DANS CE NUMÉRO

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Le Legia Varsovie vise la Ligue des Champions À cinq journées de la fin de la première phase, le Legia Varsovie dispose toujours de cinq points d’avance en tête du championnat polonais. La déception serait grande pour le club s’il échouait à conserver sa couronne, lui qui ambitionne de ramener la Pologne dans le gratin européen.

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Le débat : Le rôle social des fédérations sportives Jusqu’où va la responsabilité sociale des fédérations sportives ? Le Président de la FIFA a une opinion claire à ce sujet et nous livre des chiffres : “La FIFA investit 550 000 dollars par jour dans le domaine social.”

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Amérique du Nord et centrale 35 membres www.concacaf.com

Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com

Que veut la propriétaire de Southampton? La Premier League est un repaire d’hommes. La Suissesse Katharina Liebherr est la seule femme à la tête d’un club de l’élite anglaise. Toute la ville de Southampton s’interroge sur ses intentions. Nous avons mené l’enquête sur place.

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Top 11 : Les plus belles couleurs du football Le rouge de Liverpool, le vert de Glasgow, le marron de St. Pauli… The FIFA Weekly vous présente les plus beaux maillots du football et leur origine (parfois royale).

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Netzer nous parle du métier d’entraîneur Qu’est-ce qui définit un bon entraîneur aujourd’hui ? “Généralement, il est épaulé par tout un groupe d’experts qui peuvent largement contribuer au succès de l’équipe. Seulement, l’entraîneur doit apprendre à faire bon usage des analyses”, explique Günter Netzer.

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Christian Vieri, double émigré Quand il avait trois ans, ses parents et lui se sont installés à Sydney, en Australie. À 14 ans, Vieri est revenu en Italie pour se lancer dans une carrière de footballeur, avec succès. Sous le maillot de la Squadra Azzurra, il a inscrit neuf buts en neuf matches de Coupe du Monde.

Coupe du Monde Féminine U-17 de la FIFA Du 15 mars au 4 avril 2014, Costa Rica

Tournoi Juniors FIFA/Blue Stars Du 28 au 29 mai 2014, Zurich

Cover: Thomas Schweigert / 13 Photo

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Aubaine pour le Ghana : Kevin-Prince Boateng Autrefois considéré comme l’un des plus grands espoirs du football mondial, Kevin-Prince Boateng semblait bien parti pour jouer en équipe d’Allemagne. Mais sa personnalité a posé problème. Il a finalement changé de tunique. À quel point Boateng, qui joue aujourd’hui pour le Ghana, est-il africain ? Et quel genre d’homme est-il donc ? Nous avons rencontré le joueur charismatique de Schalke 04 à Düsseldorf et découvert, contre toute attente, une star très sensible.


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 54 membres www.uefa.com

Afrique 54 membres www.cafonline.com

Christian Vieri Un tournant à 14 ans

Asie 46 membres www.the-afc.com

Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com

Miroslav Radovic sur la route du titre avec le Legia Varsovie

Le Ghana en mission Nous avons rencontré Kevin-Prince Boateng le 12 mars 2014 Düsseldorf. Notre photo de couverture le montre en pleine séance de pose à l’hôtel. Il effectuera même par la suite un passage sur le toit du bâtiment (voir page 6 et suivantes).

Kevin-Prince Boateng Deuxième participation à la Coupe du Monde avec le Ghana

Reuters, AFP, Getty Images

Kaizer Chiefs Tsepo Masilela (en jaune) espère conserver son titre de champion d’Afrique du Sud

Coupe du Monde de la FIFA Du 12 juin au 13 juillet 2014, Brésil

Coupe du Monde Féminine U-20 de la FIFA Du 5 au 24 août 2014, Canada

T H E F I FA W E E K LY

Tournoi de Football des J.O. de la Jeunesse Du 15 au 27 août 2014, Nankin

Coupe du Monde des Clubs de la FIFA Du 10 au 20 décembre 2014, Maroc

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À DÉCOUVERT

De Reinickendorf au Ghana Thomas Renggli

U

Themba Hadebe / Keystone

n enfant d’Afrique ? Kevin-Prince Boa­ teng est né en 1987 à Reinickendorf, en plein centre de Berlin. Durant ses jeunes années, il a joué pour les Reinickendorfer Füchse et le Hertha Berlin. Ces deux équipes ont à peu près autant de rapport avec l’Afrique que le Kilimandjaro avec la capitale allemande. Depuis 2009, le milieu de terrain compte pourtant parmi les plus grands espoirs du continent noir. Né d’une mère allemande et d’un père ghanéen, il lui est en effet possible de représenter le pays de ce dernier. Bien qu’il soit sélectionné dans toutes les catégories de jeunes de la Fédération allemande de football et qu’il ne connaisse de sa “patrie” africaine que ce que l’on veut bien lui en dire jusqu’à ses 23 ans, il décide changer de tunique. Après l’autorisation de la FIFA, il fait ses débuts pour le Ghana le 5 juin 2010, contre la Lettonie. Durant la Coupe du Monde sud-africaine, il joue un rôle-clé dans l’entrejeu en remplacement de Michael Essien,

blessé. À l’occasion du dernier match de poule contre l’Allemagne, il se retrouve face à son ­demi-frère Jérôme. Il s’agit du premier duel entre deux frères de l’histoire de la compétition. Plus encore que cette “affaire de famille”, c’est la performance des Black Stars sur l’ensemble du tournoi qui marque les esprits. Un but de Boateng leur permet de vaincre les États-Unis en huitième de finale et en quart, l’Uruguay doit attendre les tirs au but pour les éliminer. Après le Cameroun en 1990 et le Sénégal en 2002, le Ghana devient la troisième nation africaine seulement à se retrouver parmi les huit derniers qualifiés. Boateng et les siens veulent à présent écrire une nouvelle page d’histoire à l’occasion de Brésil 2014. Sur le plan sportif, ils savent à quoi s’attendre, puisque leur groupe est composé du Portugal mais aussi de deux vieilles connaissances : les États-Unis et l’Allemagne. Avec son style, Kevin-Prince Boateng semble tout droit sorti d’un clip de hip-hop, ou sur le point d’aller retrouver son gang dans le Bronx new-yorkais. Cela ne l’empêche pas d’être un hé-

ros national au Ghana, d’avoir poussé Ronaldinho sur le banc à l’AC Milan et d’avoir été engagé par Schalke 04 pour tenter de mettre fin à la longue période de disette du club, qui n’a plus remporté le championnat d’Allemagne depuis 1958. Alan Schweingruber, rédacteur pour The FIFA Weekly, est allé lui rendre visite à Düsseldorf. Il a ainsi découvert une star à la personnalité amicale et rafraîchissante, mais également prête à relever tous les défis. Plus particulièrement lorsqu’ils sont lancés par son frère. Å

Ballet aérien Kevin-Prince Boateng face à l’Uruguayen Andres Scotti en quart de finale de la Coupe du Monde 2010. Malgré un jeu plaisant, le Ghana s’incline. T H E F I FA W E E K LY

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KEV IN - PRINCE BOAT ENG

t e a n a L e Gh e c n i r P s on

a l   r u S e n n o b e i o v 6

T H E F I FA W E E K LY


Parfois excessif Le Ghanéo-Allemand Kevin-Prince Boateng lors d’une séance photo de deux heures la semaine dernière à Düsseldorf. “Je me sens de plus en plus ghanéen”, dit-il.

Nom Kevin-Prince Boateng Date et lieu de naissance 6 mars 1987, Berlin (Allemagne) Poste Milieu de terrain Principaux succès Champion d’Italie avec l’AC Milan en 2010/2011 Quart-de-finaliste de la Coupe du Monde 2010 Clubs Hertha Berlin, Tottenham, Dortmund (prêt), Portsmouth, AC Milan, Schalke 04 Équipe nationale du Ghana 11 sélections, 2 buts T H E F I FA W E E K LY

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KEV IN - PRINCE BOAT ENG

Kevin-Prince Boateng divise. Avec charisme, force et autorité. Mais le Ghanéo-Allemand est aussi un footballeur génial. “J’ai toujours été moi-même.” Portrait d’un rebelle.

Par Alan Schweingruber (texte) et Thomas Schweigert (photos) à Düsseldorf

L

es Africains et les Berlinois ont une chose en commun : ils parlent vite, très vite. Il est donc conseillé d’avoir un enregistreur audio sur soi. À condition qu’il fonctionne, bien sûr. L’appareil bascule régulièrement en mode veille. Kevin-Prince Boateng, mi-allemand, mi-ghanéen, enchaîne à un rythme insensé, parle de lui et de son club, jette un œil à l’objet posé devant lui et se met à rire. Il a l’air jeune, cet homme qui a dirigé le jeu de l’AC Milan durant trois ans et remplit aujourd’hui le même rôle à Schalke 04. On s’imagine le métronome d’une grande équipe comme quelqu’un de beaucoup plus mûr, le visage cerné de quelques rides, peut-être. Mais sa décontraction nous fait rapidement oublier ces considérations : “Pas de problème. Il suffit de tapoter de temps en temps sur l’écran, ça devrait aller”. Le salon de l’hôtel de Düsseldorf est presque vide. Dehors, le soleil brille. Boateng est assis tranquillement sur un canapé et commande une bouteille d’eau. Il porte un pantalon de cuir noir et un t-shirt orné de deux têtes de chien. Une casquette de baseball posée nonchalamment sur la tête. Avec sa courte barbe et ses nombreux tatouages, l’ensemble forme une image équilibrée et moderne. Lorsque l’heure de raccrocher les crampons aura sonné, le jeune homme de 27 ans explique qu’il se consacrera simplement à d’autres projets. “La mode m’a toujours intéressé. Je veux me développer,

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m’ouvrir. Il faut toujours continuer à avancer.” Ses pensées sont claires. Il parle comme il joue. Vite et bien. Accro à l’eau S’ouvrir, se développer, avancer : certains sportifs apprennent ces phrases par cœur. Chez Kevin-Prince en revanche, elles sonnent “vrai”. Il parle avec une intensité qui ne laisse aucun doute à l’interlocuteur quant à la véracité de ses propos. Ce sont probablement ses convictions personnelles qui lui ont sauvé la mise il y a quelques années. Un procès évité de justesse pour dégradation de matériel après une sortie en discothèque, une grosse faute sur Michael Ballack en Coupe d’Angleterre qui a privé le ­capitaine allemand de la Coupe du Monde 2010, une séparation avec sa femme et son petit ­garçon… Avec tous ces évènements survenus entre 2009 et 2011, celui qui était considéré comme l’un des plus grands espoirs du football mondial ressemble à un boxeur complètement sonné. Un boxeur qui marque des points durant le premier round, puis qui encaisse crochets dévastateurs sur directs foudroyants. Mais la victoire est encore possible. Surtout, ne pas tomber. Le serveur s’éloigne. Boateng saisit le verre d’eau. Il en boit dix litres par jour, le premier en se levant le matin, les deux derniers avant de se coucher. Beaucoup de choses ont changé dans sa vie. Il mène désormais une existence saine. “Si je devais me faire un reproche pour tout ce qui s’est passé avant, ce serait de ne pas avoir eu conscience de la portée de certaines actions. J’ai peut-être été idiot de croire que je n’étais pas si célèbre que ça. J’étais jeune et une idole pour les enfants. Alors que moi aussi, j’avais encore des idoles. Mais je suis toujours resté moi-même. C’était une époque où je me suis mis tout seul des bâtons dans les roues.” La rupture avec l’Allemagne Boateng, dont l’une des idoles de jeunesse se nomme Mohamed Ali, grandit auprès de sa mère allemande dans le quartier berlinois de Wedding, considéré comme le parent pauvre et à problèmes de la capitale. Son père ghanéen plie bagage alors que Kevin-Prince est âgé d’un an et demi. Tout le monde, que ce soit la famille, le club ou la fédération, prévoit que le talentueux milieu de terrain du Hertha Berlin revêtira un jour le maillot de l’Allemagne. Ses dispositions athlétiques et son excellente tenue de balle se font rapidement remarquer. Tout comme sa force mentale et son caractère, qui font de lui un leader de jeu. Mais ce caractère n’est pas toujours bien vu et l’homme passe parfois pour quelqu’un d’arrogant et d’égoïste, sur T H E F I FA W E E K LY


KEV IN - PRINCE BOAT ENG

ou en dehors du terrain. Bientôt, on ne le regarde plus avec autant de bienveillance. L’intégration à la Mannschaft devient mission impossible. En 2009, après une cinquantaine de sélections dans les équipes nationales de jeunes, le dossier Kevin-Prince Boateng est définitivement refermé. D’un strict point de vue footballistique, on peut penser qu’il serait pourtant aujourd’hui titulaire au sein de la formation de Joachim Löw. Un homme suit l’évolution de ce conflit depuis le début : Anthony Baffoe, fils d’un diplomate ghanéen et l’un des premiers Africains à avoir évolué en Bundesliga. Il prend régulièrement des nouvelles de Boateng et lui laisse la porte des Black Stars ouverte. Mais que peut-on attendre d’un jeune homme qui se sent chez lui en Allemagne ? À cette époque, Boateng n’a encore jamais mis les pieds au Ghana. Son jeune demi-frère Jérôme, aujourd’hui sous contrat avec le Bayern Munich, est en outre sur le point de devenir international allemand. Quel honneur ce serait de remporter la Coupe du Monde de football avec son propre frère ! Avant de choisir une autre voie, Kevin-Prince doit donc dire adieu à quelques rêves.

“J’ai peut-être été idiot de croire que je n’étais pas si célèbre que ça. J’étais jeune et une idole pour les enfants. Alors que moi-même, j’avais encore des idoles.”

Une réunion de 15 minutes à Milan La rencontre décisive avec les dirigeants ghanéens a lieu à Milan en 2009. Baffoe et le président de la fédération arrivent avec un épais dossier. Ils s’attendent à devoir user de nombreux arguments pour convaincre leur interlocuteur. “Au bout de 15 minutes, tout était bouclé. Ils étaient d’accord, j’étais d’accord. Après, nous n’avons fait que rire et nous raconter des histoires”, raconte le joueur. Melissa Satta entre dans le hall de l’hôtel. L’Italo-Américaine, présentatrice télé, est la compagne de Boateng. Celui-ci se lève, la présente. Puis Satta se dirige vers le restaurant. “Il faut que tu manges correctement”, lui lance une connaissance sur le chemin. La jeune femme est en effet enceinte de huit mois. Le couple possède toujours une maison à Milan, là où il s’est connu. La ville est devenue sa deuxième patrie, explique le milieu de terrain. Il va souvent y manger avec des amis. Les vacances se passent également en Italie, la plupart du temps en Sardaigne. Tout cela semble diablement romantique. Une adorable résidence secondaire, des spaghettis sur la place de la cathédrale, la sieste en bord de mer. Mais la

De faux airs de Mohamed Ali Kevin-Prince Boateng en chemise et cravate.

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Sur le toit de l’hôtel De manière inattendue, le chien de notre photographe a eu le droit de faire partie de la séance. Ce moment restera immortalisé dans les cinq clichés choisis pour l’article.

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KEV IN - PRINCE BOAT ENG

réalité est toute autre. En Italie, Satta et Boateng sont en quelque sorte les Beckham du sud. Les journaux à potins font leurs choux gras des séjours milanais des deux amoureux. Satta et son ventre rebondi par-ci, Boateng et son nouveau tatouage par-là. Lorsqu’on pense au défilé de paparazzis auquel ils doivent faire face, cette rencontre dans le salon tranquille d’un hôtel de Düsseldorf a tout d’un instant de repos, presque propice à la méditation. C’est précisément en Allemagne, où il a longtemps eu la réputation d’un footballeur à scandale, que l’ancien rossonero trouve le calme dont il a besoin. Les réseaux sociaux l’y aident également. Il poste sur Twitter depuis le zoo, l’Italie ou sa maison. “J’ai toujours trouvé ça stupide. Mais j’ai compris que les fans veulent savoir ce que je fais. Lorsque je publie moi-même ce genre de choses, c’est encore le plus simple. Ils finissent de toute manière par l’apprendre d’une manière ou d’une autre.” Le compte à rebours avant la naissance du bébé, par exemple, est déjà enclenché depuis longtemps dans la presse à sensation allemande et italienne. Son père est un véritable prince Boateng a le sens de la famille. Ça aussi, c’est nouveau. Son enfance passée sans père a laissé des traces, il ne le cache pas. Il explique qu’il a en partie pris la décision de rejoindre Schalke 04 l’été dernier parce qu’il souhaitait se rapprocher de son fils de six ans. Jermaine Prince vit avec sa mère à quelques kilomètres de Düsseldorf. Il appartient à la troisième génération des Prince. Le père de Kevin est le seul véritable prince. Il est issu d’une tribu ghanéenne de la région d’Ashanti et a souhaité léguer son nom et son titre à son deuxième fils. Nuit blanche en Afrique du Sud Prince, cela sonne bien et les six lettres ornent désormais le maillot de Boateng en équipe nationale. Au Ghana, il est fêté comme un ­ héros. Mais à quel point est-il donc Ghanéen ? Vingt pour cent ? Quarante ? Cinquante ? Plus ? Et quel est son sentiment à l’approche d’une deuxième rencontre de Coupe du Monde face à l’Allemagne? Boateng se sert de l’eau. Il réfléchit. C’est la première fois au cours de cet entretien que la réponse ne fuse pas. “La proportion augmente sans cesse. Je me découvre de plus en plus de côtés ghanéens. Mais j’ai d’abord dû faire connaissance avec le pays et la culture, c’est vrai. Je n’étais jamais allé au Ghana avant 2010. Mes coéquipiers m’ont accueilli chaleureusement. Maintenant, j’adore tout ça et je cuisine même des plats ghanéens chez moi à Düsseldorf. Je sais que beaucoup de jeunes enfants en Afrique veulent me ressembler. Il est important pour moi de montrer l’exemple.” T H E F I FA W E E K LY

Boateng a le sens de la famille. Ça aussi, c’est nouveau. Son enfance passée sans père a laissé des traces, il ne le cache pas.

Il replace sa casquette et appuie sur l’enregistreur avant de poursuivre. “La Coupe du Monde ? Mon premier match contre l’Allemagne, il y a quatre ans, était chargé d’émotion. Je n’ai pas dormi la nuit d’avant. Tout s’enchaînait un peu rapidement à l’époque. Aujourd’hui, la situation est différente. Je suis pressé d’y être. Nous sommes outsiders et nous voulons créer la surprise. Tout le monde pense que le Portugal et l’Allemagne vont se qualifier pour les huitièmes de finale. Ça nous enlève de la pression. Mais je ne vais pas parler du titre ici. Je ne veux pas créer de faux espoirs.” Lutte contre le racisme Il demeure en tout cas conscient de son rôle d’ambassadeur. Ses actions sont non seulement observées, mais également reproduites. Ainsi, il y a quatorze mois, une petite révolution a lieu dans le nord de l’Italie. À l’occasion d’une rencontre amicale à Busto Arsizio, lui et son coéquipier milanais Sulley Muntari subissent des insultes racistes et des cris de singe en provenance du public. L’arbitre ne sait pas comment réagir, alors Boateng prend lui-même l’initiative à la 26ème minute. Il prend le ballon et l’expédie dans les tribunes avant d’enlever son maillot et de quitter la pelouse. Ses dix partenaires le suivent bien sûr dans les vestiaires. Le match est terminé. Un an plus tard, le nouveau numéro 9 de Schalke 04 raconte la scène comme si elle s’était déroulée il y a à peine deux heures à Gelsenkirchen, pendant l’entraînement. Avec intensité et authenticité. Ces pseudo-supporters italiens l’ont mis en colère, mais l’ont aussi rendu triste. Il tapote à nouveau sur l’écran de l’enregistreur et reprend un verre d’eau. Ses traits se font sérieux, combatifs. Parfois, il ressemble étrangement à Mohamed Ali, l’idole de sa jeunesse. Surtout, ne pas tomber. La victoire est encore possible. Å 11


Ghanéen à 51 % ? Kevin-Prince Boateng, joueur des Black Stars depuis 2009, est né d’une mère allemande et d’un père ghanéen. Il compte également près de 50 sélections dans les équipes de jeunes allemandes.

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GHANA

“Nous voulons devenir la meilleure équipe du monde” James Kwesi Appiah est à la tête de la sélection ghanéenne depuis deux ans. À l’approche de la Coupe du Monde, le technicien de 53 ans ne fait pas mystère de ses ambitions.

Alan Schweingruber

James Appiah, Kevin-Prince Boateng est-il incontournable en équipe du Ghana ? James Kwesi Appiah : C’est un joueur très important. Il fait partie des piliers du groupe. Comme il n’a pas grandi au Ghana, il ne parle malheureusement aucune de nos langues nationales. En petit comité, il est rare que l’on s’exprime en anglais. Ça rend les choses un peu plus difficiles, mais Kevin s’est très bien intégré.

Il vous décrit comme un entraîneur calme, quelqu’un qui intervient seulement en cas de nécessité. Je ne suis effectivement pas du genre à gesticuler le long de la ligne de touche. Ce n’est pas ma façon de faire. J’essaye avant tout de toucher mes joueurs par la parole. Ça ne sert à rien de s’énerver. Si les joueurs n’écoutent pas, c’est qu’il y a un problème. En outre, je traite toujours mes hommes avec le plus grand respect.

Quels sont les objectifs du Ghana ? Je veux que nous essayions de devenir la meilleure équipe du monde. Nous avons certainement les moyens de faire mieux qu’il y a quatre ans, en Afrique du Sud. Nous pouvons voir plus loin et atteindre les demi-­ finales, voire même la finale.

Quel souvenir gardez-vous du quart de finale disputé il y a quatre ans ?

Association Fédération ghanéenne de football Sélectionneur James Kwesi Appiah (depuis avril 2012), ancien sélectionneur adjoint Stars

AFP / Khaled Desouki

Asamoah Gyan, Michael Essien, Kevin-Prince Boateng, Sulley Muntari Matches de groupe à la Coupe du monde 2014 États-Unis (16 juin), Allemagne (21 juin), Portugal (26 juin) Classement FIFA 35ème T H E F I FA W E E K LY

Je ne veux pas trop y penser. Cette défaite contre l’Uruguay a été très douloureuse. Si nous avions gagné cette séance de tirs au but, nous aurions pu jouer le titre. Mais maintenant, nous sommes résolument tournés vers le Brésil. Tous mes internationaux évoluent dans de grands clubs. Il n’y a aucune raison de se cacher. Nous avons confiance en nos capacités.

Quelle importance le football a-t-il au Ghana ? Au Ghana, tout le monde adore le football. Notre pays connaît de nombreux conflits politiques, mais dès qu’il s’agit de football, tous les Ghanéens sont d’accord. C’est beau. Le football permet aussi d’oublier un quotidien parfois difficile. Å 13


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LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES

Luis Suarez (devant) après son but, le troisième de Liverpool sur le terrain de Manchester United (3:0).

Premier League

Les huit joueurs de Liverpool David Winner est un écrivain et journaliste basé à Londres. Sa bibliographie dans le football comprend notamment Brilliant Orange et Dennis Bergkamp: Stillness and Speed.

Paul Ellis / AFP Photo

Sur la planète Terre, les séismes sont précédés de signes avant-coureurs assez précoces. Sur la planète Football, ils sont plus difficiles à prévoir. Il y a quelques mois encore, personne – pas même les spécialistes des structures profondes de la fameuse agence météorologique du Japon – ne semblait mesurer la portée de la secousse sportive survenue au stade d’Anfield et à ses alentours. Les experts étaient également passés à côté des problèmes qui se développaient à une rapidité terrifiante sous la surface apparemment sereine d’Old Trafford, à Manchester. Depuis samedi et la destruction cataclysmique de MU en son antre par les Reds, le phénomène est devenu plus évident. Rarement, en effet, a-t-on vu confrontation aussi déséquilibrée entre les deux vénérables ennemis. Liverpool a gagné 3:0 mais il aurait très bien pu l’emporter 6:0 ou 7:0. Les visiteurs ont fait preuve de puissance, de créativité et de supériorité dans tous les

compartiments du jeu. Dépourvue de cohérence, de tonus et de réussite, l’équipe locale de David Moyes n’était que l’ombre de la formation qui a remporté la Premier League la saison dernière. Cela saute aux yeux : les Reds n’ont cessé de progresser depuis l’arrivée aux commandes de Brendan Rodgers en provenance en Swansea en 2012. Le jeune manager a inculqué à son équipe un style du jeu qui doit autant au football total estampillé Ajax/Barça qu’à la propre tradition offensive du club. Plus tôt dans la saison, alors que Luis Suarez s’affirmait comme l’attaquant le plus létal de Grande-Bretagne, certains commentateurs taquins décrivaient Liverpool comme l’équipe d’un seul homme. Les spectaculaires corrections 4:0 et 5:1 administrées à Everton et Arsenal respectivement ont signalé un processus de mutation plus profond. Samedi, le milieu de terrain mancunien, en panne de confiance, est passé à côté de son sujet. Wayne Rooney et Robin van Persie ne se sont pratiquement pas passé la balle. Quant au nouveau venu Juan Mata, il a été relégué sur l’aile. À l’inverse, les attaquants visiteurs Daniel Sturridge et Suarez, aussi rapides qu’efficaces, ont combiné à merveille. Le bloc-équipe a fait preuve de vitesse et de précision dans ses pressings et ses déplacements. Quant au capitaine Steven Gerrard, dont Alex Ferguson avait écrit dans sa récente autobiographie qu’il n’était “pas un grand, T H E F I FA W E E K LY

grand joueur”, il a excellé, marquant deux superbes penalties et heurtant le poteau sur un troisième. Vue sous un angle historique, cette rencontre ressemblait moins à une collision de plaques tectoniques qu’à un bouleversement de l’ordre établi. Un peu comme si les pôles Nord et Sud avaient été inversés. Dans les années 70 et 80, Liverpool était la puissance dominante, apparemment indestructible, du football anglais. Le club des rives de la Mersey a entamé une phase de déclin au lendemain des désastres du Heysel et d’Hillsborough, cédant la place de patron au MU de Ferguson. Liverpool a remporté la Ligue des champions en 2005 (titre qu’il doit en grande partie à l’excès de confiance de ses adversaires milanais) mais il n’a pas été champion d’Angleterre depuis 1990. Au cours de la même période, les Red Devils ont remporté 13 fois le championnat. Dans son livre, publié il y a cinq mois, Ferguson écrivait que le Liverpool “[avait] besoin de huit joueurs pour atteindre le niveau d’une équipe capable de remporter le titre”. Aujourd’hui, le constat vaut davantage pour United, qui pointe à la septième place, à 12 longueurs du dernier strapontin pour la Ligue des champions. À neuf journées de la fin, Liverpool est deuxième dans une haletante course au titre. Le club de Bill Shankly, Bob Paisley et Kenny Dalglish a de nouveau des airs de poids lourd. Å 15


Premier League sud-africaine

Le combat des Chiefs et des Pirates Mark Gleeson est un journaliste et commentateur sud-africain qui vit au Cap.

Dix jours auparavant, le Brésil, quintuple champion du monde, avait attiré un peu plus de 50 000 spectateurs au Soccer City de Johannesburg. Samedi (15 mars), toujours dans le théâtre de la finale de la Coupe du Monde 2010, ce sont quasiment 90 000 supporters qui assistaient au derby de Soweto. Pour les passionnés de foot locaux, il n’y a pas eu photo entre, d’un côté, le choc des frères ennemis, les Kaizer Chiefs et les Orlando Pirates, et de l’autre une occasion de voir Neymar et compagnie en chair et en os. Cette comparaison prouve à quel point ce derby est ancré dans le calendrier sportif et l’ADN de la Nation arc-en-ciel. C’est la seule affiche qui passionne une vaste majorité de Sud-Africains.

En trois saisons aux Chiefs, le milieu défensif Willard Katsande n’avait jamais fait trembler les filets. Ce week-end, sur un corner, l’international zimbabwéen s’est élevé au deuxième poteau pour inscrire le but décisif juste après l’heure de jeu. Les Pirates ne s’en relèveront pas. Ils pointent désormais à la quatrième place à 13 longueurs de la tête, dans une saison où l’actualité a été dominée par les exploits des deux cadors sur la scène continentale. Les Pirates sont le seul club sud-africain à avoir remporté le trophée suprême du football africain, en 1995. En novembre dernier, ils ont bien failli récidiver. Ils ont en effet atteint la finale de la Ligue des Champions au prix d’un parcours éreintant qui a sérieusement perturbé 16

Willard Katsande (Kaizer Chiefs ; à gauche) se fait intercepter la balle par Mpho Makola (Orlando Pirates).

leur calendrier domestique. Ils se retrouvent aujourd’hui à rattraper leur retard en devant parfois disputer trois rencontres par semaine. Les Chiefs ont un agenda tout aussi chargé puisqu’ils sont les représentants de l’Afrique du Sud dans l’édition 2014 de la Ligue des Champions. Ces deux derniers mois les ont vus avancer sans difficulté vers le dernier tour à élimination directe, duquel émergeront les huit clubs qualifiés pour la phase de groupes.

La rivalité entre les deux clubs est telle que l’on devine aisément leur envie féroce d’imiter, voire de surpasser, le parcours des Pirates l’an dernier. Parallèlement, les Chiefs ne doivent pas perdre de vue le championnat, dont ils occupent la pole position avec six points d’avance sur les Mamelodi Sundowns à neuf journées de la fin. Å

“Les Pirates et les Chiefs se sont partagé les trois dernières levées de la Premier Soccer League sud-africaine.” T H E F I FA W E E K LY

Sydney Mahlangu / BackpagePix

Après une décennie de vaches maigres, les deux clubs se sont partagé les trois dernières levées de la Premier Soccer League. Issus de la classe ouvrière d’immigrants installée dans le township tentaculaire à l’orée de Johannesburg, les Pirates ont décroché le titre en 2011 et 2012. Les Chiefs, qui véhiculent une image plus bobo, ont mis fin à sept ans de disette en remportant le championnat l’an dernier. Ils sont en passe de conserver leur bien, après leur succès 1:0 dans le derby de samedi. En première période, ce match très engagé s’est limité à un combat brouillon dans l’entrejeu. Après la pause, le jeu s’est débridé, quand les efforts consentis tout au long de la saison ont pesé sur les organismes et desserré l’étau du pressing constant.


Ekstraklasa polonaise

Dix-huit ans sans Ligue des Champions Sven Goldmann est spécialiste du football au quotidien Tagesspiegel de Berlin.

Le bilan du week-end est négatif pour le Legia Varsovie. Ruch Chorzów, l’une des rares équipes pouvant encore venir titiller le leader actuel de l’Ekstraklasa, s’est pourtant incliné 2:0 contre Piast Gliwice, à la surprise générale. Le Wisla Cracovie, un autre poursuivant du champion de Pologne en titre, n’a quant à lui pas pu faire mieux qu’un match nul. Le problème est plutôt que le Wisla n’aurait pas dû arracher ce point, qui est le résultat d’un retour mémorable… sur la pelouse du Legia Varsovie. La rencontre au sommet de la 26ème journée a accouché d’un score de parité (2:2) alors que les locaux ont mené 2:0 et évolué pendant une bonne heure contre des Cracoviens réduits à dix.

Janek Skarzynski / AFP Photo

Sous une pluie torrentielle, Miroslav Radovic ouvre rapidement le score pour le Legia. Arkadiusz Glowacki est ensuite expulsé côté adverse pour une grosse faute sur Michal Zyro, puis le Slovaque Ondrej Duda double la mise

juste avant la pause. Dans le stade récemment rénové, on fait déjà la fête en vert, blanc et rouge. Les victoires contre le Wisla valent très cher. Varsovie et Cracovie se livrent en effet une lutte acharnée pour la suprématie depuis plusieurs siècles et le football n’est qu’un des aspects de cette rivalité. Cracovie était la capitale polonaise jusqu’en 1596 et n’a abandonné ce statut à Varsovie qu’à contrecœur. Lors de l’Euro 2012, organisé conjointement avec l’Ukraine, la Fédération polonaise, dont le siège se trouve à Varsovie, n’a pas pris en compte la candidature de Cracovie pour devenir ville hôte. La compétition s’est donc déroulée sans la ville la plus belle du pays et la plus appréciée des touristes. Mais ce dimanche, Cracovie sonne la révolte. Franciszek Smuda, sélectionneur polonais lors du Championnat d’Europe et sous contrat avec le Wisla depuis cette saison, a la main heureuse en faisant rentrer Wilde-Donald Guerrier au début de la seconde période, puisque le Haïtien réduit le score. Le Legia se montre ensuite largement dominateur, mais le dernier but est inscrit par les visiteurs à quelques minutes du coup de sifflet final grâce à un superbe coup franc du Bosnien Semir Stilic. À cinq journées de la fin de la première phase, le Legia Varsovie, en tête du classement, dispose toujours de cinq points d’avance. Le

titre de champion n’est cependant attribué qu’à l’issue d’une seconde phase au cours de laquelle s’affrontent les huit meilleurs de la saison régulière. La déception serait grande pour les Wojskowi (les militaires) s’ils échouaient à conserver leur couronne, eux qui ambitionnent de ramener la Pologne dans le gratin européen. Le dernier match d’une équipe locale en Ligue des Champions remonte en effet à la saison 1996/97, il y a 18 ans. À l’époque, le Widzew Lodz avait été éliminé dès la phase de groupes. Lors des récentes qualifications, le champion n’a pourtant pas été confronté à des foudres de guerre. L’été dernier, le Legia a été sorti par le Steaua Bucarest. Les années précédentes, Slask Wroclaw et le Wisla Cracovie n’ont rien pu faire contre l’IF Helsingborg et l’Apoel Nicosie. L’Ekstraklasa se trouve aujourd’hui à la 21ème place du classement par coefficient de l’UEFA. Lorsqu’un joueur polonais semble promis à un grand avenir, il part très tôt pour l’étranger. Rien que dans les rangs du Borussia Dortmund, finaliste de la Ligue des Champions l’an passé, on en retrouve trois : Robert Lewandowski, Lukasz Piszczek et Jakub Blaszczykowski. Il y a quelques années de cela, le premier portait encore le maillot du Legia et le troisième celui du Wisla. Å

L'éternel duel Legia contre Wisla, personnifié ici par Lukasz Broz (à d.) et Wilde-Donald Guerrier.

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First Love


Lieu : Dulombi, Guinée-Bissau Date : 3 mars 2012 Heure : 19h47

Daniel Rodrigues

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LE DÉBAT

177 millions pour le développement

Au pied de l’Himalaya Le stade Paljor de Gangtok dans le Sikkim (Inde) fait l’objet d’un Projet Goal II de la FIFA.

Sarah Steiner

E

n tant qu’instance dirigeante du football mondial, la FIFA s’implique dans la gestion du beau jeu, sous toutes ses facettes. Elle ne se contente pas d’incarner le sport ; elle coordonne et encourage le développement du football au niveau mondial. Elle est cependant beaucoup plus qu’une simple représentante. Que serait le football aujourd’hui sans elle ? En Chine, on pratiquerait peut-être une forme modernisée du cuju, une discipline qui faisait partie du cursus militaire classique au troisième siècle avant J-C. Les Sud-Américains utiliseraient peut-être encore un ballon en caoutchouc de plusieurs kilos, que leurs ancêtres n’avaient pas le droit de toucher avec les pieds. En Angleterre, le football serait peut-être encore très proche du rugby.

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On peut se le demander. Ces variantes rendraient peut-être le sport plus intéressant, mais il serait impossible d’organiser des compétitions internationales. La passion et la fascination qu’exerce le football se nourrit pourtant de tels événements. Sans la FIFA, il aurait été impossible de se mettre d’accord sur les règles ou l’équipement. Le développement du beau jeu en Angleterre et la création de la première fédération nationale en 1863 (la FA) ont donné le coup d’envoi d’une évolution spectaculaire. Quarante ans plus tard, l’idée d’une fédération internationale a fait son chemin. La FIFA est donc née à Paris en 1904. L’harmonisation de la pratique du football devient son premier objectif. Améliorer et protéger le sport sont ses maîtres-mots. Bien des années plus tard, une devise officielle résumera cette philosophie en quelques mots : For the good of the Game. Pour le jeu. Pour le monde. Aujourd’hui, la FIFA rassemble 209 associations membres, qui participent activement à la vitalité du football. Elles reçoivent de la FIFA une aide financière et logistique (voir le Billet du Président). En contrepartie, elles s’engagent à respecter les objectifs, les statuts et les idéaux de la FIFA. La devise a changé, pour refléter cette évolution : For the Game. For the World. Le football a élargi son champ de vision ; sa philosophie est T H E F I FA W E E K LY

plus globale. Le pouvoir du sport est sans limite et il doit être mis au service du progrès. Cette vision suppose de s’impliquer dans toutes sortes de projets, y compris ceux qui pourraient sembler à première vue minuscules. La FIFA n’a pas pour mission de sauver le monde, mais elle porte une certaine responsabilité. C’est précisément ce qu’elle essaye de faire, à travers de nombreux projets aux quatre coins du monde. Football for Hope encourage par exemple le développement des jeunes filles au Mali ; 11 pour la Santé se préoccupe entre autres du bien-être des habitants du Myanmar. Aux côtés des Nations unies, la FIFA finance des programmes très variés. Chaque année, elle investit 177 millions de dollars US dans le développement. Ces questions ont évidemment été débattues lors de la réunion du ­Comité Exécutif de la FIFA, qui avait lieu les 20 et 21 mars à Zurich. Là non plus, les discussions ne portaient pas uniquement sur le football. Å

Les débats de The FIFA Weekly Qu’est-ce qui vous interpelle ? De quels sujets aimeriez-vous discuter ? Envoyez vos propositions à : feedback-theweekly@fifa.org

Simon Bruty / for FIFA

Lors de leurs réunions, les membres des Commissions de la FIFA ne parlent pas uniquement de football. Jusqu’où va la responsabilité sociale d’une fédération sportive ?


LE DÉBAT

Le football revêt une immense importance politique, sociétale et sociale. Ce n’est donc pas un hasard si, cette semaine, des fans du Dynamo Kiev ont écrit sur leur page Internet que le président de la FIFA Sepp Blatter était la seule personne au monde à pouvoir faire entendre raison à Vladimir Poutine. Il devrait “seulement” le menacer d’exclure l’équipe de Russie.

LE BILLET DU PRÉSIDENT

Le football peut changer le monde car les gens le vivent et s’expriment à travers lui. C’est pourquoi les fédérations nationales doivent assumer une certaine responsabilité. Il est important qu’elles s’en rendent compte. Elles influencent les sportifs très tôt, dès le travail avec les juniors. Dieter Barth, Cologne (Allemagne)

Natialia Limar, Kiev (Ukraine)

Les associations sportives détiennent une responsabilité sociale. Mais je n’ai pas vraiment l’impression qu’elles s’en aperçoivent. En effet, si la moitié de ce qui s’est passé durant les préparatifs des Jeux Olympiques de Sotchi est vrai (déplacements de popula­ tion, expropriations, corruption), de très grandes améliorations sont nécessaires. Thorsten G. Leipzig (Allemagne)

Les clubs sportifs, et donc les fédérations, contribuent beaucoup à la politique sociale, éducative et de la jeunesse grâce à leurs collaborateurs bénévoles à plein temps. Dans de nombreuses régions, villes et communes, les clubs sportifs constituent souvent la seule Institution culturelle et de loisir. Daniel Eichenberger, Winterthour (Suisse)

L’année dernière, le Congrès de la FIFA s’est tenu à l’île Maurice. À cette occasion, j’ai remarqué pour la première fois que la fédération internationale s’investissait vraiment pour les gens. L’organisation du “11 pour la Santé” à Port-Louis en est la preuve incontestable. Près de 500 enfants y ont participé. C’était tout simplement incroyable. La FIFA est capable de changer la vie des gens, même si ce n’est que pour une seule journée. Randy Locke, Port-Louis (Maurice)

Les fédérations doivent s’occuper du football et de rien d’autre. Il existe suffisamment d’autres organisations consacrées aux problèmes sociaux, politiques et économiques de la planète. Chacun son job. Il ne faut pas tout mélanger. De toute façon, les fédérations ont déjà fort à faire avec la préparation de championnats et de tournois, la formation des arbitres et l’élaboration de règles. Marieke De Bruin, Rotterdam (Pays-Bas)

“Le football Q revêt une ­immense importance.”

Du Brésil à Vanuatu

Les fédérations n’ont pas de responsabilité sociale. Pourquoi en auraient-elles ? Le football est un sport, ni plus ni moins. Il distrait les gens, les fascine et peut même les toucher. Mais il n’est pas en mesure de sauver le monde. Ce sont les États et les hommes politiques qui doivent s’en charger, c’est leur devoir. La FIFA ne peut pas les soulager de ce poids. Et elle ne doit pas non plus essayer de le faire. Jean Fontannaz, Montpellier (France)

L’importance sociale du football est ­immense – surtout auprès des enfants. Un sport d’équipe peut leur faire vivre et leur apprendre les notions de fair-play, ­d’intégration et de résolution de conflits. Klaus Dieter, Brême (Allemagne)

“Les fédérations ont des responsabilités.”

uand nous pensons au football, les buts les plus spectaculaires, les parades les plus miraculeuses et les décisions arbitrales les plus contestables nous viennent immédiatement à l’esprit. Le beau jeu est ainsi fait d’enthousiasme, de drames et d’émotions, sur le terrain comme en tribunes. On en oublierait presque les mesures prises en coulisse pour permettre au spectacle sportif de se dérouler sans accroc. Ces considérations ont fait l’objet d’une réunion en commission, cette semaine à Zurich. Les 27 membres du Comité Exécutif ainsi que des représentants de 102 pays se sont retrouvés pour discuter des dossiers du moment, faire des propositions et expliquer leurs problèmes. Qu’elles soient originaires du Brésil, d’Angleterre ou de Vanuatu, toutes les personnes présentes ont pu s’exprimer. À cette occasion, une trentaine de commissions ont étudié des questions spécifiques dans de nombreux domaines : compétitions, programmes de développement, problèmes des associations, finances ou droit. Ces réunions régulières reflètent le rôle et la fonction de la FIFA. En tant qu’instance dirigeante, nous apportons aux associations membres notre aide stratégique, notre savoir-faire et notre soutien financier, afin de leur permettre de développer le football. Près des deux-tiers des recettes de la FIFA sont réinvesties dans le système, notamment dans l’organisation de Coupes du Monde pour toutes les tranches d’âge et toutes les disciplines (football féminin, futsal, beach soccer …). Nous investissons dans l’avenir du football, mais aussi dans le domaine social : 550 000 dollars par jour. La capacité du football à réunir les peuples et à agir en faveur de l’intégration était également à l’ordre du jour cette semaine. Les discussions entre Israël et la Palestine ont notamment occupé une très grande place. Même en cette année de Coupe du Monde, ce sujet revêt pour moi une importance capitale. C’est la raison pour laquelle je me rendrai en Palestine au début du mois de mai.

Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY

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XX. Monat 2013

Édition française

EVERY GASP EVERY SCREAM

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

EVERY ROAR EVERY DIVE EVERY BALL E V E RY PAS S EVERY CHANCE EVERY STRIKE E V E R Y B E AU T I F U L D E TA I L SHALL BE SEEN SHALL BE HEARD S H A L L B E FE LT

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SOUTHAMPTON FC

Un fantôme enthousiaste

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Nicola Berger

S

outhampton attire de nombreux touristes, mais rares sont ceux à faire le déplacement uniquement pour visiter la ville. En général, ce sont des amateurs de nautisme attirés par les quelque 200 ­bateaux de croisière qui, chaque année, font escale dans le port anglais. Leur contact avec la ville à proprement parler se limite bien souvent à des commentaires déplaisants sur le mauvais temps et, les rares fois où ils discutent avec les habitants, c’est généralement pour demander au personnel portuaire où se trouve le fameux quai numéro 44, d’où le Titanic prit la mer en 1912 pour ce qui allait être sa première et dernière traversée. La ville aimerait pourtant être plus qu’une simple étape et devenir une destination qui fasse rêver les touristes. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles la région s’identifie de manière aussi forte au Southampton FC. Les

Saints sont en effet l’un des fleurons du sud de l’Angleterre et contribuent au patriotisme local. Il n’est donc pas surprenant que la population s’inquiète du bien-être de son club préféré. Lorsqu’en janvier dernier, Nicola Cortese, président du club depuis plusieurs années, présente sa démission, une vague d’émotions déferle alors sur les supporters et les médias. Artisan de deux promotions, ce banquier italien avait en effet permis à l’équipe de quitter les bas-fonds de la troisième division. Depuis 2012, les Saints, après deux ans passés dans l’anonymat de la League 1, connaissent de nouveau les joies de la Premier League. Le 15 janvier, à l’annonce de sa démission, les pires scénarios catastrophe circulent un peu partout dans la région. “Son départ est aussi tragique que celui de Sir Alex Ferguson”, déplore le Mirror. Et comme dans toute épopée héroïque, il y a toujours un méchant, la meute des journalistes se jette rapidement sur ­K atharina Liebherr. T H E F I FA W E E K LY

À en croire le Daily Mail, la propriétaire suisse du club serait une “destructrice de rêves”. Quelques jours plus tard, le quotidien enfonce le clou : la Phantom Lady n’a aucun ­intérêt pour le football, son seul objectif est de revendre au plus vite le club et de quitter Southampton. Mais le journal pourrait bien faire fausse route. Certes, en Suisse aussi, des bruits courent selon lesquels des proches de Liebherr auraient confié à une banque privée le soin de trouver des acheteurs potentiels. Seulement, Liebherr dément toutes ces rumeurs et des sources fiables affirment qu’elle souhaite perpétuer l’héritage de son père. En 2009, le chef d’entreprise Markus Liebherr a sauvé le club de la faillite avant de décéder un an plus tard d’une défaillance cardiaque. Aujourd’hui encore, la ville se souvient avec gratitude de ce généreux milliardaire et dans le stade, il n’est pas rare d’entendre les supporters scander son nom. 25

Handout

La Suissesse Katharina Liebherr est la seule femme à la tête d’un club de Premier League. À Southampton, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur ses intentions, mais l’aventure pourrait se terminer par un “happy end”.


SOUTHAMPTON FC

Sourires dans les tribunes Le président Ralph Krueger (à g.) et la propriétaire du SFC Katharina Liebherr. Derrière eux, le sélectionneur anglais Roy Hodgson.

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dynastie occupe la 16ème place sur la liste des 300 personnalités suisses les plus riches. Mais alors, qu’est-ce qui a poussé Liebherr à vouloir sortir de l’ombre ? On aimerait pouvoir lui poser la question personnellement, malheureusement elle ne donne pas souvent d’interviews. Rares sont les personnes à pouvoir ou à vouloir communiquer des informations au sujet de Liebherr. La discrétion semble être sa priorité. Ralph Krueger fait ici figure d’exception. Cet homme de 52 ans, ancien entraîneur de l’équipe de hockey sur glace des Oilers d’Edmonton (NHL), est aujourd’hui l’un des principaux témoins à décharge de Liebherr. Il affirme que cette dernière n’a en aucun cas l’intention de se débarrasser du Southampton FC. Assis dans son luxueux bureau du St. Marys Stadium, Krueger, un sourire éclatant aux lèvres, pose cette question rhétorique : “Pourquoi se donner la peine de nommer un nouveau président si c’est pour ensuite quitter le navire ?” Krueger et Liebherr se connaissent depuis quelques mois seulement, ils résident tous deux officiellement à Wollerau, ville du canton suisse de Schwyz réputée pour sa fiscalité avantageuse. Mais selon le Canadien, leurs points communs ne s’arrêtent pas là : “Nous T H E F I FA W E E K LY

partageons la même philosophie basée sur l’humanisme et la discipline. Katharina a un cœur en or et sait faire preuve de sang-froid. C’est une personne à la fois extrêmement modeste et fascinante. Quand elle marche dans les couloirs du stade, elle sent la présence de son père.” Et elle semble prendre goût à cet environnement. Le week-end dernier, lorsque, pendant le temps additionnel, Sam Gallagher marque le but scellant la victoire 4:2 face à Norwich, Lieb­ herr laisse éclater sa joie dans les tribunes aux côtés de Krueger. Les habitants de Southampton ont certainement vu d’un bon œil cette marque d’enthousiasme. Katharina Liebherr donne enfin l’impression d’avoir pris ses marques dans l’univers à paillettes de la Premier League. Å

Shaun Boggust / Colorsport

Depuis son décès, toutefois, seules les grues qui se dressent autour de la zone portuaire et le “Markus Liebherr Lounge” aménagé à l’intérieur du stade évoquent encore la présence de la famille Liebherr dans la ville de Southampton. Mais à l’automne 2013, Katharina Liebherr prend manifestement la décision de changer les choses en s’impliquant plus activement dans la vie du club. À la mort de son père, c’est en effet elle qui a hérité de la gestion du Southampton FC. Liebherr, tout en restant en retrait, demande alors à visiter le stade ainsi que les infrastructures de la célèbre Academy, à qui l’on doit la formation de joueurs tels que Luke Shaw ou Gareth Bale. Le fait que, sous la houlette de Cortese, Southampton ait dépensé au cours du seul été 2013 plus de 50 millions de francs suisses pour l’achat de nouveaux joueurs (Osvaldo, Lovren, Wanyama) ne semble pas l’inquiéter outre mesure. D’ailleurs, pourquoi s’en faire pour l’argent ? Multinationale spécialisée dans la fabrication d’engins de construction et dont le siège social se trouve à Bulle, en Suisse, l’entreprise Liebherr a généré en 2012 un chiffre d’affaires avoisinant les 11 milliards de francs suisses. Selon le magazine économique Bilanz, le patrimoine des cinq héritiers Liebherr s’élève à 7,5 milliards de francs suisses tandis que la


SOUTHAMPTON FC

Handout, MAXPPP / Keystone

Emblème Des grues Liebherr dans la zone portuaire de Southampton.

“Nous partageons la même philosophie, basée sur l’humanisme et la discipline. Katharina a un cœur en or et sait faire preuve de sangfroid.”

Southampton Football Club Surnom The Saints Année de fondation 1885 (sous le nom de St. Mary’s YMA) Stade, capacité St. Mary’s Stadium, 32 689 places Championnat

Ralph Krueger

Premier League Palmarès Vainqueur de la FA Cup 1976 Vice-champion d’Angleterre 1984 Vainqueur du Football League Trophy 2010

Héritage durable Markus Liebherr, décédé en août 2010. T H E F I FA W E E K LY

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XX. Monat 2013

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TRIBUNE

L E T O P 11 D E L A S E M A I N E

Les plus belles couleurs du football

Le péril jaune Thomas Renggli

Q

uelle est la couleur de la victoire ? La question est plus complexe qu’il n’y paraît et il ne suffit pas de regarder ce qui se passe dans les grands championnats européens pour y répondre. Entre Chelsea (bleu), le Real Madrid (blanc), le Bayern Munich (rouge), la Juventus Turin (noir et blanc) et le Paris Saint-Germain (bleu), les équipes qui dominent leur championnat respectif portent des maillots de différents coloris. Les psychologues des couleurs, eux, ont une opinion claire à ce sujet : c’est le rouge qui régit le monde du sport ! Les Anglais Russell Hill et Robert Barton ont analysé les résultats des Jeux Olympiques 2004 dans différentes disciplines et sont parvenus à la conclusion que les sportifs dont l’équipement est rouge remportent nettement plus de victoires que ceux en bleu. “Le rouge représente l’agressivité, la domination, la détermination et la rapidité”, écrivent-ils dans l’étude correspondante. Le football international ne réfute pas cette thèse, au contraire. Prenons l’Espagne, numéro un au Classement mondial de la FIFA, championne du monde et d’Europe : elle joue en rouge et est surnommée la Furia Roja. Il faut toutefois souligner qu’elle portait déjà cette couleur entre 1964 et 2008, période marquée par une absence notoire de succès dans les grands tournois. Néanmoins, outre l’humeur et le comportement, le rouge semble bien influencer la performance sportive : Ferrari est l’équipe la plus couronnée de succès de l’histoire de la Formule 1, Manchester United (les Red Devils) et Liverpool (les Reds) sont les formations les plus titrées du football anglais avec respectivement 20 et 18 couronnes nationales, la sélection anglaise a remporté son unique titre mondial (en 1966) en rouge et le tennisman Roger Federer, qui possède le palmarès le plus garni en Grand Chelem, porte volontiers cette couleur lors des matches importants. Le Suisse, véritable caméléon, s’adapte cependant au contexte : à Wimbledon, il a triomphé sept fois en blanc, respectant les règles locales.

Pour la psychologie de la perception, le choix de maillot des gardiens de but s’avère également intéressant. Les couleurs vives tromperaient la vigilance des buteurs et les inciteraient à viser inconsciemment le portier. Un maillot vert serait quant à lui un atout sur la pelouse verte, puisque les joueurs pourraient ne pas le remarquer. Les arbitres se laissent eux aussi influencer par la couleur des tenues, semble-t-il. Dans une étude portant sur le football américain, des scientifiques ont démontré que davantage de sanctions étaient infligées aux joueurs en noir. Heureusement, en football, c’est généralement l’arbitre lui-même qui porte cette couleur. À l’approche de la Coupe du Monde au Brésil, de nombreuses personnes sont peut-être en train de se pencher sur la question de la psychologie des couleurs. Comme les couleurs des différents pays qualifiés ne peuvent pas être changées au dernier moment, la marge de manœuvre est limitée. Les ex-champions du monde italiens (en bleu) et allemands (en blanc) devraient se dépêcher de revoir leur copie s’ils veulent opter pour une tenue moins discrète. Qu’en est-il du Brésil, détenteur du record de triomphes en Coupe du Monde et grand favori de l’édition 2014 ? Jusqu’en 1950, il a joué en blanc. Après le traumatisme de sa défaite à domicile en finale contre l’Uruguay, la Fédération nationale a résolu de remiser à jamais le maillot de l’époque. En jaune et bleu, les Brésiliens ont remporté cinq fois l’épreuve. Mais que pensent les psychologues de ce choix ? “Le jaune est la couleur de la sagesse et de la connaissance. Le jaune clair est signe d’humeur enjouée et d’un état d’esprit serein. Mentalement, le jaune aide à faire preuve de clarté, de discernement et de compréhension.” Voilà qui semble plus utile pour comprendre un cours de base de philosophie ou d’ésotérisme que pour remporter un sixième titre mondial … Å

La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly T H E F I FA W E E K LY

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Real Madrid – Blanc. Le Real a toujours joué en blanc, en référence à la famille royale espagnole.

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Italie – Bleu. Les Italiens aussi honorent une dynastie avec leur couleur : l’azzurro est la couleur traditionnelle de la Maison de Savoie.

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Celtic Glasgow – Vert. Les Bhoys étaient considérés comme le club des immigrants irlandais. Aujourd’hui, le club écossais continue de porter leur couleur.

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Brésil – Jaune. Jusqu’en 1950, la Seleção jouait en blanc. Ensuite, il y a eu un brusque changement de couleur (voir “Tribune”).

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Liverpool – Rouge. Le club a choisi cette couleur dans le but de se démarquer clairement de son rival Everton (bleu).

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Juventus Turin – Noir et blanc. Un émigrant anglais avait demandé à Notts County d’envoyer à la Juventus un jeu de maillots noirs et blancs. Il voulait modifier ses maillots roses pour éviter toute confusion avec Palerme.

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Pays-Bas – Orange. L’équipe néerlandaise porte également les couleurs de la famille royale de son pays. L’orange et le blanc symbolisent la Maison d’Orange-Nassau.

8

Boca Juniors – Bleu et jaune. Les couleurs du club, choisies au début du 20ème siècle, ont une origine pour le moins inattendue : le drapeau d’un bateau suédois amarré dans le port de La Boca.

9

St. Pauli – Marron. Une étude historique a montré qu’en 1910, il n’existait pas de matière moins chère. À moins que le fondateur n’ait tout simplement été daltonien…

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Fiorentina – Violet. Selon la légende, les maillots rouges et blancs d’origine ont déteint lors d’une baignade dans le fleuve Arno. Depuis, l’équipe est appelée la Viola (la violette).

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C roatie – Rouge et blanc. Le roi Drzislav aurait obtenu la liberté de son peuple au cours d’une partie d’échecs. Le maillot croate fait référence aux armoiries du pays. Quels sont vos maillots préférés ? Donnez-nous votre avis à : feedback-TheWeekly@fifa.org

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ARBITR AGE

Fair-play et respect pour les arbitres

Giovanni Marti

L

ors de sa dernière réunion, le 14 janvier 2014, la Commission des Arbitres de la FIFA a sélectionné 25 trios arbitraux et 8 duos de soutien issus de 43 pays pour la Coupe du Monde 2014. Depuis le début, l’objectif est d’envoyer les meilleurs éléments à l’épreuve suprême. Comme pour les 32 sélections participantes, la route pour le Brésil s’est ouverte en septembre 2011 pour un groupe initial de 52 trios du monde entier, lorsque la FIFA a pris la grande décision de créer un projet pour l’arbitrage. L’un des objectifs clés était la maîtrise des matches. Le groupe de candidats a donc été préparé dans cette perspective pour la Coupe du Monde 2014. Les officiels sélectionnés pour la compétition brésilienne ont été choisis pour leur personnalité ainsi que leur capacité à lire le jeu et les approches tactiques des équipes en fonction des matches. Au cours des trois dernières années, la FIFA et un groupe d’instructeurs ont axé leur travail autour de ces principes et objectifs clairement définis. Programmé à la mi-février 2014 à Las Palmas (Gran Canaria), le premier rassemblement des officiels sélectionnés pour la Coupe du Monde a suivi le même fil conducteur. Les participants y ont été soumis à un large éventail de tests et d’activités. Le Chef du Département des Arbitres de la FIFA Massimo Busacca a rappelé aux stagiaires les objectifs clés qu’ils doivent atteindre pour créer les conditions propices à une compétition réussie : • Protéger les joueurs et l’image du jeu (fairplay) • Garantir la cohérence et l’uniformité des décisions • Lire le jeu (approche technique/tactique) • Comprendre les différentes mentalités du football 30

Les arbitres ont passé plusieurs épreuves dans la salle de cours, où ils ont notamment analysé des vidéos présentant des situations de jeu. Ils ont également été soumis au test de Léger, pour évaluer leur endurance, ainsi qu’à des tests de vitesse. Ces épreuves sont destinées à évaluer les arbitres et à les suivre au cas par cas pour garantir des performances maximales, en leur permettant d’être au bon endroit au bon moment. Les préparateurs physiques et le staff médical ont travaillé avec tous les participants pour les maintenir au sommet de leur forme et contrôlé leur évolution pour éviter les blessures et fournir un suivi médical. M. Busacca a bien insisté sur le fait que chaque décision arbitrale doit convaincre tout le monde et pas seulement lui-même. “Les arbi­ tres doivent prendre des décisions claires et correctes ; ils doivent aussi pouvoir les justifier. Les arbitres doivent raisonner en tant qu’arbi­ tres, mais ils doivent aussi comprendre la ­mentalité des joueurs”, explique l’ancien grand arbitre international suisse. Respect mutuel Les stagiaires se sont vus rappeler l’importance de pouvoir compter sur le soutien et la coopération des joueurs et des entraîneurs. À l’occasion de l’atelier des équipes organisé à la mi-février à Florianopolis, M. Busacca a présenté aux sélectionneurs et dirigeants des 32 équipes participantes la philosophie de la FIFA et les grands axes de la préparation. “C’était une nouvelle étape dans notre préparation. C’était très porteur de pouvoir parler avec ces grands entraîneurs car cela nous a permis d’expliquer notre travail. Par exemple, nous avons évoqué les tacles et les différentes situations dans lesquelles un joueur doit être averti pour comportement antisportif. Nous avons également couvert l’utilisation et les avantages de la technologie sur la ligne de but et du T H E F I FA W E E K LY

spray temporaire, deux instruments très précieux pour les arbitres. Il est primordial de parler du fair-play entre les joueurs, les entraîneurs et les arbitres. Le but ici, c’est que tous les acteurs partagent les mêmes connaissances afin qu’il n’y ait pas de discussions sur le terrain.” M. Busacca a par ailleurs souligné l’importance de comprendre le pourquoi de certains mouvements des joueurs. Armé de son bagage, l’arbitre est capable de prendre les bonnes décisions dans des situations délicates comme celles où un joueur touche le ballon de la main. Il arrive que les footballeurs aient besoin de leurs mains pour assurer leur stabilité et leur équilibre (mouvement naturel). Il convient alors de faire la différence entre ces situations et celles où le joueur prend le risque d’utiliser sa main contre nature pour toucher le ballon (augmentation de la surface d’opposition). Il a rappelé à tout le monde que les arbitres ont moins d’une seconde pour évaluer une situation et trancher ; d’où la nécessité de disposer de critères et arguments très clairs pour prendre des décisions aussi importantes. Dans leur projet, M. Busacca et son équipe peuvent compter à tout moment sur le soutien total du département technique de la FIFA et plus particulièrement de son directeur, Jean-Paul Brigger. Au rayon des bonnes nouvelles, la FIFA estime que les tacles dangereux ont été éradiqués du football. Le but du travail de prévention est bien entendu de réduire le nombre de fautes grossières

Kurt Schorrer / foto-net

Les arbitres sont concentrés sur la Coupe du Monde. Massimo Busacca et un groupe d’instructeurs ont défini un certain nombre de priorités, que le chef de l’arbitrage de la FIFA s’est chargé de relayer auprès des sélectionneurs des équipes qualifiées.


Massimo Busacca Nous recherchons l’uniformité et la cohérence.

Les stagiaires se sont vus rappeler l’importance de pouvoir compter sur le soutien et la coopération des joueurs et des entraîneurs. commises au cours d’un match. Selon M. Busacca, les arbitres doivent cependant être vigilants quant au recours aux fautes dites tactiques par certaines équipes. Leur volonté doit être d’obtenir un maximum de temps de jeu effectif et de réduire les interruptions. “Quand on réalise au cours des dix premières minutes que l’entraîneur a préparé son match dans cette optique, il faut comprendre la situation et… agir. C’est ce que l’on attend des arbitres de haut niveau.” M. Busacca a répété que les officiels doivent absolument avoir une bonne connaissance du football et des tactiques des équipes qu’ils sont amenés à arbitrer. “Plus on connaît le football, mieux on est préparé pour le match et plus on a de chances d’être au bon endroit au bon moment. Tout est question d’anticipation. On est placé et on attend. Si ce n’est pas le cas, alors on n’arrête pas de courir et on ne lit pas le jeu.” “Au bout du compte, on parle tous la même langue s’agissant des arbitres et de leurs décisions. Nous insistons sur le fait que nous vou-

lons du fair-play, que nous voulons voir du jeu et que les spectateurs veulent prendre du plaisir. Si nous persistons dans ce discours, je pense que nous pourrons obtenir des résultats.” Deux autres séminaires Lors du premier séminaire de l’année, à Gran Canaria, les arbitres ont effectué plusieurs séances pratiques sur le terrain avec des joueurs. Les situations de match ainsi provoquées leur ont permis de prendre des décisions dans une large palette de scénarios. La justesse des décisions a été évaluée avec l’aide des instructeurs et d’un retour immédiat sur l’action au moyen de la vidéo. Rapidité des déplacements, lecture du jeu, placement et justesse des décisions étaient les thèmes centraux des séances de formation. En mars et avril, les arbitres remettront le couvert à Zurich, à la Maison de la FIFA. La première séance, organisée du 24 au 28 mars, sera destinée aux arbitres sélectionnés de l’AFC, de l’OFC et de l’UEFA. Du 7 au 11 avril, ce sera au tour de leurs homologues de la T H E F I FA W E E K LY

CAF, de la CONCACAF et de la CONMEBOL de passer cette nouvelle grande étape de leur préparation. Dans la dernière ligne droite, les arbitres peaufineront leur préparation du 1er au 11 juin à Rio de Janeiro. Enfin, il reviendra aux arbitres d’être sûrs de leurs forces et de leurs qualités. La FIFA est satisfaite du travail réalisé jusqu’ici. “Nous sommes très exigeants envers les arbitres. Nous leur demandons beaucoup de sacrifices. En même temps, nous devons veiller à ce qu’ils puissent préparer cette Coupe du Monde de façon vraiment professionnelle. La FIFA défend clairement le projet sur l’arbitrage et elle soutiendra pleinement les arbitres dans tous les domaines.” L’instance de tutelle du football mondial est en train de développer un haut niveau d’uniformité et de cohérence en termes de prise de décisions sur le terrain. “Nous recherchons l’uniformité et la cohérence”, explique le patron des arbitres. L’un des aspects principaux de son travail est de promouvoir le fair-play, la protection des joueurs et l’image du jeu. “C’est à mes yeux l’un des messages les plus importants à faire passer au monde, aux joueurs et aux entraîneurs. Nous allons au Brésil, l’un des pays de football les plus réputés et les plus importants. Nous avons besoin de fair-play, nous avons besoin de respect. Grâce au fair-play, on peut réduire le nombre d’erreurs. C’est notre objectif et notre devoir.” Å 31


LE MIROIR DU TEMPS

T

H

E

N

Millwall (Londres), Angleterre

1937

H. Allen / Getty Images

Du sable dans les chaussures. Le 2 mars 1937 à Londres, les joueurs du Millwall FC s’exercent à “monter à cheval”. L’entraînement porte ses fruits : quatre jours plus tard, en quart de finale de la FA Cup, ils s’imposent 2:0 face à Manchester City, grand favori. Ils s’inclineront toutefois en demi-finale devant Sunderland (1:2).

32

T H E F I FA W E E K LY


LE MIROIR DU TEMPS

N

O

W

Schruns, Autriche

2012

Alexander Klein  / A FP

Portés vers la victoire. Le 28 mai 2012, les internationaux espagnols se préparent pour l’Euro 2012 à Schruns (Autriche). Les champions du monde réussiront à défendre leur titre européen lors du tournoi en Pologne et en Ukraine.

T H E F I FA W E E K LY

33



LE CL ASSEMENT FIFA Classement Équipe Évolution Points

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 44 46 47 48 49 50 50 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77

Espagne Allemagne Argentine Portugal Colombie Uruguay Suisse Italie Brésil Belgique

0 0 0 0 0 1 -1 0 0 1

1510 1336 1234 1199 1183 1126 1123 1112 1104 1084

Pays-Bas Angleterre Grèce États-Unis Chili Croatie France Ukraine Russie Mexique Bosnie-et-Herzégovine Danemark Équateur Côte d’Ivoire Algérie Égypte Suède Serbie Panamá République tchèque Slovénie Roumanie Cap-Vert Costa Rica Ghana Honduras Écosse Turquie Venezuela Pérou Arménie Iran Hongrie Tunisie Autriche Monténégro Nigeria Japon Pays de Galles Slovaquie Cameroun Islande Guinée Albanie Ouzbékistan Mali Norvège Finlande Paraguay République de Corée Émirats arabes unis Burkina Faso Australie Afrique du Sud Israël Jordanie Bulgarie République d'Irlande Sénégal Bolivie Libye Sierra Leone Pologne Zambie Arabie saoudite Trinité-et-Tobago Maroc

-1 3 -1 -1 -1 0 1 0 3 1 -4 -2 1 -1 1 12 -2 1 3 1 -4 1 -6 1 2 4 -3 4 -4 1 -11 -4 1 1 -1 6 0 2 2 4 -4 -4 9 1 2 3 3 7 -10 1 -3 0 -10 0 -9 3 5 -1 -3 0 -3 1 -3 1 0 1 -3

1077 1045 1038 1017 998 955 929 911 889 888 863 858 855 839 819 790 789 762 755 748 746 740 739 732 729 725 721 710 704 703 699 692 652 641 641 639 626 622 609 588 588 582 572 569 565 561 559 556 554 552 550 548 545 536 526 521 518 513 512 511 508 481 475 458 453 446 443

Rang

oct. 2013

nov. 2013

déc. 2013

→ http://fr.fifa.com/worldranking/index.html

jan. 2014

fév. 2014

mars 2014

1 -41 -83 -125 -167 -209

78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 122 124 125 126 127 127 129 130 131 132 133 134 134 136 137 138 139 140 141 142 143 144

1ère place

Hausse du mois

Salvador Haïti Jamaïque Oman ARY Macédoine Belarus RD Congo Ouganda Irlande du Nord Congo Gabon Togo Nouvelle-Zélande Azerbaïdjan Estonie Cuba Bénin Botswana Angola Liberia RP Chine Géorgie Éthiopie Qatar Zimbabwe Irak Niger Lituanie Bahreïn République centrafricaine Moldavie Kenya Koweït République dominicaine Canada Lettonie Malawi Mozambique Liban Tanzanie Nouvelle-Calédonie Guinée équatoriale Luxembourg Tadjikistan Soudan Chypre Namibie Vietnam Guatemala Afghanistan Kazakhstan Burundi Philippines Suriname Grenade RDP Corée Malte Rwanda Gambie Syrie Tahiti St-Vincent-et-les-Grenadines Belize Malaisie Turkménistan Lesotho Antigua-et-Barbuda

T H E F I FA W E E K LY

0 0 0 -1 1 -1 7 -1 -1 -1 -1 1 -1 2 -1 5 3 -1 -1 -1 -10 4 1 -2 -2 11 0 -3 0 -2 -1 -1 -1 0 1 -2 1 3 5 -1 -1 -1 0 -11 1 0 0 18 0 11 1 -5 -3 1 3 3 -3 0 1 -4 2 2 2 9 -13 -4 2

Baisse du mois

438 430 429 426 421 420 392 391 388 382 381 377 373 369 367 362 357 355 348 347 339 333 331 330 328 317 315 314 312 310 303 293 287 282 279 265 260 258 254 253 252 251 242 237 236 236 227 224 219 213 213 211 200 197 192 191 186 186 184 183 179 177 176 175 166 165 159

145 146 146 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 162 162 165 165 167 168 169 170 171 172 173 173 173 176 176 178 179 180 181 182 183 183 185 185 187 188 188 190 191 191 191 194 195 195 197 197 199 200 201 202 203 204 205 206 207 207 207

Hong Kong Sainte-Lucie Kirghizistan Thaïlande Singapour Porto Rico Liechtenstein Inde Guyana Indonésie Mauritanie Saint-Kitts-et-Nevis Maldives Pakistan Dominique Népal Barbade Aruba Îles Féroé Bangladesh Îles Salomon São Tomé-et-Principe Palestine Nicaragua Bermudes Tchad Chinese Taipei Laos Guam Myanmar Sri Lanka Maurice Seychelles Curaçao Swaziland Vanuatu Fidji Samoa Comores Guinée-Bissau Bahamas Yémen Mongolie Cambodge Montserrat Madagascar Brunei Timor oriental Tonga Îles Vierges américaines Îles Caïmans Papouasie-Nouvelle-Guinée Îles Vierges britanniques Samoa américaines Andorre Érythrée Soudan du Sud Macao Somalie Djibouti Îles Cook Anguilla Bhoutan Saint-Marin Îles Turks-et-Caicos

-1 2 2 -1 1 7 -1 2 1 4 4 -3 6 7 7 9 7 10 10 2 9 -4 -23 -1 6 -8 -1 -16 -13 -43 -2 1 0 0 5 -1 0 0 15 0 -1 1 -7 1 -1 -3 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 -1 0 1 -2 0 0 0 0 0 0 0

156 155 155 151 144 143 139 138 137 128 127 125 114 107 103 102 101 87 87 87 86 86 85 84 83 81 76 73 68 68 68 66 66 65 63 55 47 45 41 41 40 40 38 33 33 30 26 26 26 23 21 21 18 18 15 11 10 9 8 6 5 3 0 0 0

35


N E T Z E R L’ E X P E R T

L’ O B J E T

Qu’est-ce qui définit un bon entraîneur aujourd’hui ? Question de Fabio Lenzlinger, Saint-Gall (Suisse)

Perikles Monioudis

U

n bon entraîneur doit surtout être capable d’utiliser ses connaissances et ses forces à bon escient. Généralement, il est épaulé par tout un groupe d’experts qui peuvent largement contribuer au succès de l’équipe. Seulement, l’entraîneur doit apprendre à faire bon usage des conseils des analystes de performances, des médecins, des kinésithérapeutes, des entraîneurs de gardiens et des nutritionnistes. De bonnes analyses ne servent à rien si l’entraîneur ne sait pas comment en tirer profit pour le match à venir. Les psychologues peuvent également jouer un rôle important. Mais au bout du compte, c’est l’entraîneur qui doit convaincre ses joueurs. Le ton employé est primordial, tout comme le lieu de la discussion. En outre, le respect doit être une priorité quand on travaille avec une équipe. En fait, tout est une question de dosage. Aujourd’hui, il n’est plus question d’adopter un style dictatorial comme cela se faisait encore beaucoup de mon temps. L’entraîneur doit sentir si son équipe a besoin de sérénité ou de motivation. Les joueurs, y compris les jeunes, ont gagné en assurance et remettent volontiers en question 36

le travail de leur dirigeant si les résultats sont mauvais. L’entraîneur se doit de donner des instructions claires. Il ne peut plus profiter du statut qu’il avait en tant que joueur. La notoriété peut être avantageuse au début, mais dès que l’équipe descend au classement, elle n’a plus aucun poids. Les joueurs sont sensibles et remarquent immédiatement si un entraîneur force son autorité. Å

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le football, sans jamais oser le demander. Posez vos questions à Günter Netzer : feedback-theweekly@fifa.org T H E F I FA W E E K LY

Sven Simon / Imago

Discussion entre chefs Netzer en conversation avec l’entraîneur Hennes Weiweiler, en juillet 1971.

Qu’est-ce qu’une image sans cadre ? Si vous ­posez la question à l’artisan encadreur qui se trouve au bout de la rue, le doute n’est pas permis : rien. Il faut dire que son commerce dépend entièrement de la réponse à cette question. À l’inverse, si vous pouviez interroger l’Américain Jackson Pollock (1912 – 1956), vous obtiendriez un tout autre son de cloche. Figure de proue du mouvement Action Painting, le peintre expressionniste abstrait n’accordait aucun intérêt aux cadres, du moins pour ses œuvres. Un an avant la mort de Pollock, l’artiste brésilien Samuel Brandao signait Le football à Rio de Janeiro, un tableau qui figure depuis longtemps au sein de la collection de la FIFA. Le cadre en bois recouvert de peinture dorée semble participer pleinement à la composition. Au premier plan, des enfants jouent au football ; derrière, on aperçoit l’océan et la courbe caractéristique des montagnes qui jouxtent la ville. Sur le bord gauche, une sorte de fougère s’élève vers le ciel, comme si l’artiste avait eu besoin d’ajouter une plante pour appuyer son argument. Quel argument ? Celui selon lequel l’image n’a pas besoin de cadre. Sans la présence de cette plante, la vue du spectateur ­serait dégagée, mais l’image s’échapperait vers le haut … et exigerait par conséquent un cadre. Soixante-dix ans plus tard, on joue toujours au football à Rio de Janeiro. Le décor représenté sur ce tableau correspondra sans doute à ce que nous verrons pendant la Coupe du Monde, dont la finale aura justement lieu à Rio. Par son authenticité et sa banalité, la scène dépeinte se prête parfaitement à la médiatisation. Cet été, il ne sera pas question de cadre, ni végétal ni doré : aux yeux de la planète, c’est le football qui servira de cadre à la ville et même à tout le pays. Comme le tableau de Brandao. Å


LE TOURNANT

“C’était brutal – trop brutal pour un jeune de quatorze ans” À l’adolescence, Christian Vieri a quitté sa famille et l’Australie pour rejoindre l’Italie, à 16 500 kilomètres de là, et se lancer dans une carrière de footballeur. Il n’a jamais oublié la douleur de la séparation.

Maurizio Camagna

J

e n’avais que quatorze ans quand ma vie a changé radicalement, ou plutôt quand j’ai changé radicalement de vie. C’était en 1988. Je savais que je voulais jouer au football au plus haut niveau. Il a fallu que je finisse par admettre que l’Australie n’était pas le bon endroit pour réaliser ce rêve, même si l’Australie, c’était chez moi. J’ai passé presque toute mon enfance à Sydney. Mes parents avaient quitté l’Italie pour s’installer là-bas quand j’avais trois ans. Finalement, ma volonté de vivre mon rêve a été plus forte que tout le reste. C’est d’ailleurs une bonne chose : j’aurais eu tort de ne pas prendre cette décision-là. J’ai donc fait mes valises et je suis parti en Italie. Je suis allé habiter chez mon grand-père en Toscane. On pourrait croire que c’était facile. Ça ne l’était pas. C’était brutal. Trop brutal. À quatorze ans, on est encore un enfant, trop jeune pour avoir à prendre de telles décisions. Aujourd’hui, je peux me consoler en me disant que j’ai réalisé le rêve de ma vie. Combien de jeunes footballeurs espèrent jouer un jour en équipe nationale ? Et combien y parviennent ? Faire partie de ceux-là, c’est ce que je souhaitais plus que tout au monde. À Florence, j’étais souvent au stade, dans les gradins, avec des milliers de supporters. Je suivais les matches de la Fiorentina. À l’époque, un billet d’entrée coûtait 10 000 lires. J’acclamais Roberto Baggio, c’était mon idole. Pendant assez longtemps, je ne l’ai vu que de loin. C’était un joueur sur le terrain et moi un fan en tribune. Puis est arrivé le jour où je me suis retrouvé à ses côtés. C’était lors de la préparation de la Coupe du Monde 1998 en France. Cesare Maldini nous avait convoqués dans le onze ­italien comme attaquants de pointe. Roberto Baggio

Nom Christian “Bobo” Vieri Date et lieu de naissance 12 juillet 1973, Bologne (Italie) Poste Avant-centre Clubs Torino, Pise, Ravenne, Venise, Atalanta Bergame, Juventus, Atlético Madrid, Lazio Rome, Inter Milan, AC Milan, Monaco, Sampdoria, Fiorentina Équipe d’Italie 49 matches, 23 buts

me faisait des passes et m’a dit “scusa” à un moment, lorsqu’il a fait une erreur. Je pensais : “Ce n’est pas possible. Tu joues en attaque avec Roberto Baggio ! Pour l’Italie !” Je ne me rappelle pas ce que je lui ai répondu. Mais je sais que ce jour-là, j’ai réalisé que mon rêve était devenu réalité. C’était complètement incroyable. Un sentiment indescriptible. Une Coupe du Monde est quelque chose d’exceptionnel pour n’importe quel footballeur. L’atmosphère est extraordinaire, presque surréelle. On joue pour son pays, dans la reine des compétitions ! On veut tout donner. En Coupe du Monde, je me suis dépassé. J’ai marqué les buts que je voulais marquer. Il y en a eu cinq en 1998 en France et j’ai fait trembler les filets quatre fois en 2002 en Corée du Sud. Neuf buts en neufs matches de Coupe du Monde. Ces deux tournois comptent à mes yeux parmi les plus beaux moments de ma vie. Non, en fait, c’étaient T H E F I FA W E E K LY

les plus beaux moments de ma vie. Je n’ai pas pu participer à la Coupe du Monde 2006 parce que j’étais blessé. Quand j’ai mis un terme à ma carrière de footballeur en 2009, ça n’a pas été une tragédie pour moi. Je sentais depuis des mois que je n’avais plus la même motivation pour aller à l’entraînement. Il était temps pour moi de raccrocher les crampons. Ma vie était faite jusque-là de l’entraînement et des matches, c’était le fruit de nombreuses années de travail qui m’avaient fait progresser. Mais il est normal que tout ça se termine un jour et qu’on commence alors quelque chose de nouveau. Å Propos recueillis par Doris Ladstaetter

Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. 37


Only eight countries have ever lifted the FIFA World Cup Trophy.

Yet over 200 have been winners with FIFA. As an organisation with 209 member associations, our responsibilities do not end with the FIFA World Cup™, but extend to safeguarding the Laws of the Game, developing football around the world and bringing hope to those less privileged. Our Football for Hope Centres are one example of how we use the global power of football to build a better future. www.FIFA.com/aboutfifa


COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA

The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

Le plus ancien tournoi, quatre caballeros et un stade sans supporters derrière le but sont à l’honneur cette semaine. À vous de jouer !

Site Internet : www.fifa.com/theweekly Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Tél. +41-(0)43-222 7777 Fax +41-(0)43-222 7878 Président : Joseph S. Blatter A

Secrétaire Général : Jérôme Valcke

Trois de ces hommes sont originaires de la même ville. Quel est l’intrus ?

2

La finale de la prochaine Coupe du Monde ne se jouera pas dans la capitale brésilienne. Sur les 19 finales de Coupe du Monde ayant déjà eu lieu, combien se sont déroulées ailleurs que dans la capitale du pays hôte ? (Le dernier match du tournoi de 1950 est considéré comme une “finale” pour cette question.)

Conception artistique : Markus Nowak Rédaction : Perikles Monioudis (rédacteur en chef adjoint), Alan Schweingruber, Sarah Steiner

S

C 8 H 7 L 6 P 5

Collaborateurs réguliers : Jordi Punti (Barcelone), David Winner (Londres), Hanspeter Kuenzler (Londres), Roland Zorn (Francfort), Sven Goldmann (Berlin), Sérgio Xavier Filho (São Paulo), Luigi Garlando (Milan) Service photo : Peggy Knotz

P

1

Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio Rédacteur en chef : Thomas Renggli

C

3

Production : Hans-Peter Frei (directeur), Richie Krönert, Marianne Bolliger-Crittin, Mirijam Ziegler, Susanne Egli, Peter Utz

Quel pays est depuis 1888 le théâtre d’un tournoi de football qui est probablement le plus vieux en dehors de la Grande-Bretagne ? O

A

E

Y

Correction : Nena Morf, Kristina Rotach Ont collaboré à la rédaction de ce numéro : Giovanni Marti, Doris Ladstaetter, Flavia Lopes Sant Anna, Nicola Berger

Voici un stade ne comptant que deux tribunes – et ayant accueilli un championnat continental. Où et quand ?

4

Secrétaire de rédaction : Honey Thaljieh

C  Venezuela 2007 T  Portugal 2004

Traduction : Sportstranslations Limited www.sportstranslations.com Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub

Solution de l’énigme de la semaine précédente : TEAM (explications détaillées sur www.fifa.com/theweekly). Inspiration et application : cus

Impression : Zofinger Tagblatt AG www.ztonline.ch

Getty Images / Afp

Contact : feedback-theweekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2014”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse.

P  États-Unis 2005 W  Chine 2004

Faites-nous parvenir vos réponses le 26 mars 2014 au plus tard à feedback-theweekly@fifa.org. Les concurrents qui auront correctement répondu à toutes les questions jusqu’au 11 juin 2014 participeront à un tirage au sort pour tenter de remporter deux billets pour la finale de la Coupe du Monde, qui aura lieu le 13 juillet 2014. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du concours. Vous trouverez toutes les informations à : http://fr.fifa.com/aboutfifa/organisation/the-fifa-weekly/rules.pdf T H E F I FA W E E K LY

39


DEM ANDE Z À L A F IFA !

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

Laquelle des cinq équipes africaines a le plus de chances de réussir en Coupe du Monde ?

D’où vient l’expression “coup du chapeau” ? Alexander Graf, Bonn (Allemagne) Réponse de Thomas Renggli (rédacteur en chef) : À l’origine, l’expression vient du cricket. En 1858, un lanceur (bowler), Heathfield Marman Stephenson, réussit pour la première fois à faire tomber trois guichets (wickets) en trois lancers consécutifs. Il se vit remettre un chapeau pour saluer sa performance. Dans le football, on parle de “coup du chapeau” lorsqu’un joueur marque trois buts au cours d’un même match. Le coup du chapeau classique consiste, pour un footballeur, à marquer trois buts consécutifs au cours d’une mi-temps. LE RECORD

371

buts ont été inscrits par Lionel Messi pour le FC Barcelone ces dix dernières années. En réalisant un triplé contre Osasuna dimanche dernier (7:0), il est devenu le buteur le plus prolifique de l’histoire du club, détrônant Paulino Alcantara. L’Espagnol né aux Philippines

L’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Cameroun sont les cinq pays africains qualifiés pour la phase finale au Brésil. Verra-t-on pour la première fois une équipe du continent noir aller jusqu’en demi-finale ? Envoyez-nous votre avis à feedback-theweekly@fifa.org

R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E L'Allemagne deviendra-t-elle championne du monde ? Sinon, quel est votre favori ? Brésil

38

Allemagne

23

Espagne

18

Argentine

12

Autres

9

9

LES FAUTIFS

96

LE CANON

km/h, c’est la vitesse du tir grâce auquel Eugen Polanski a ouvert le score pour Hoffenheim face à Mayence. Le magazine allemand Kicker parle de “coup de canon”. Les dégâts sont toutefois à relativiser : Hoffenheim s’est finalement incliné 2:4. Le tir le plus puissant

joueurs de Chelsea restaient sur le terrain à l’issue

jamais enregistré, qui

du match contre Aston Villa, perdu 1:0. Ramires et

a atteint 211 km/h, est à

Willian avaient reçu un carton rouge. Chelsea, dont

mettre au

c’est la première défaite enregistrée après 14

compte du

fois pour le compte des

matches, a ainsi laissé passer sa chance de prendre

Brésilien Ronny

Catalans entre 1912 et 1927.

le large en tête du classement.

du Hertha Berlin.

avait fait trembler les filets 369

40

T H E F I FA W E E K LY


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