The FIFA Weekly Edition #12

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N O 12/2015, 27 MARS 2015

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904

FC Midtjylland, leader au Danemark

Avec cœur et calculs

BERMUDES FINI LE “KICK AND RUSH”

DEL PIERO JE VAIS PEUT-ÊTRE DEVENIR ENTRAÎNEUR

ÉTATS-UNIS JILL ELLIS NE VIT QUE POUR LE MATCH W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

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Amérique du Nord et Centrale 35 membres www.concacaf.com

S ous contrôle Le FC Midtjylland possède à l’heure actuelle 11 points d’avance en tête du championnat du Danemark, une réussite qu’il doit en partie à un système de recrutement novateur et très performant. Mais au-delà des données statistiques et mathématiques, le club mise également sur les valeurs humaines. La recette du succès nous est présentée par Stephen Sullivan.

Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com

Équateur Le Club de Alto Rendimiento Especializado Independiente del Valle, communément appelé Independiente, fait de la résistance face aux grandes formations du championnat.

S epp Blatter À l’occasion du Congrès de l’UEFA à Vienne, le Président de la FIFA a vu Michel Platini répondre favorablement à son vœu de solidarité et d’unité.

L e titre pour ambition Pendant la Coupe du Monde Féminine 2015, les États-Unis seront soumis à une pression énorme. La sélectionneuse Jill Ellis juge cette situation bénéfique. Elle en profite pour dévoiler les principaux concurrents de son équipe au Canada.

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Pays de Galles Après leur sacre national, Greg Draper et les New Saints veulent s’exporter sur la scène européenne.

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Bermudes Au beau milieu de l’Atlantique, le sélectionneur national Andrew Bascome entend bien faire parler de son équipe.

FC Midtjylland / facebook.com

The FIFA Weekly Magazine App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues et aussi pour votre tablette. http://www.fifa.com/mobile

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Coupe du Monde Féminine 6 juin – 5 juillet 2015, Canada

© Island Stats,Quinn Rooney / Getty Images,Md Asdeny Yakub / BT

Le cœur et la raison Notre couverture montre l’équipe de l’actuel leader du championnat du Danemark, le FC Midtjylland, dans un cadre familier.


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 54 membres www.uefa.com

Afrique 54 membres www.cafonline.com

Asie 46 membres www.the-afc.com

Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com

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Singapour Douze équipes issues de quatre pays différents se disputent le titre de S.League.

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Alessandro Del Piero À 40 ans, l’attaquant italien livre quelques indications sur son avenir.

Blue Stars / FIFA Youth Cup

Coupe du Monde U-20

Coupe du Monde de Beach Soccer

Coupe du Monde U-17

13 et 14 mai 2015, Zurich (Suisse)

30 mai – 20 juin 2015, Nouvelle-Zélande

9 – 19 juillet 2015, Portugal

17 octobre – 8 novembre 2015, Chili

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À DÉCOUVERT

Au large

Mario Wagner / 2Agenten

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e football, c’est bien connu, est universel. On y joue partout, même au beau milieu de l’océan. On y joue donc aussi aux Bermudes, cet archipel au large de la Floride qu’on ne peut rejoindre qu’en avion. À moins bien sûr d’affréter un joli yacht sur la côte Est des États-Unis et de se risquer à traverser le célèbre triangle des Bermudes. “Nous sommes tout seuls ici”, confirme Mark Wade, vice-président de la Fédération bermudienne de football, dans notre reportage page 12. L’impression d’être littéralement coupé du monde a certainement quelque chose d’excitant. C’est ainsi que de très nombreux touristes n’hésitent pas à s’envoler vers l’île de Grande Bermude, où les palmiers se dressent face au vent et où le temps semble s’arrêter. Mais s’il peut être reposant, l’isolement n’a pas toujours que du bon. L’équipe de football des Bermudes peut en témoigner, elle qui n’a aucun voisin avec lequel organiser rapidement et facilement un match amical. Pour jouer et progresser, elle doit voyager. Beaucoup. Le continent se trouve à 1 100 kilomètres. Malgré tout, la sélection de ce territoire britannique d’outre-mer a actuellement le vent en poupe. Elle est déjà parvenue à gagner 11 places au Classement mondial. Pour cela, elle a dit adieu au bon vieux kick and rush, qui a été sa marque de fabrique pendant des décennies, et l’a remplacé par un jeu mieux construit et plus attractif. L’objectif est de participer enfin à un grand tournoi international. Les qualifications pour la prochaine Coupe du Monde sont en tout cas bien parties : cette semaine, les Bermudes sont allées l’emporter 5:0 aux Bahamas pour un duel insulaire riche en spectacle. Å Alan Schweingruber

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FC Midtjylland / Facebook

FC MID TJ Y LL AND

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FC MID TJ Y LL AND

SOUS CONTRÔLE Le FC Midtjylland, actuels leaders du championnat ­danois, et son entraîneur Glen Riddersholm ont, grâce à un travail minutieux, mis au point un modèle e­ fficace. Ils croient au pouvoir des valeurs statistiques autant qu’aux valeurs humaines, comme nous l’explique ­Stephen Sullivan.

L

e FC Midtjylland est un petit club qui, en seize années d’existence, attend encore ses premiers succès significatifs. À l’entame de la dernière ligne droite dans la course au titre danois, il possède toutefois une confortable avance de onze points en tête du classement. Une performance qui est loin d’être le seul aspect fascinant de l’incroyable histoire de cette équipe. Cette actuelle position de leader est en quelque sorte un effet secondaire des innovations apportées par le club. “Nous tenons à faire preuve de créativité dans tout ce que nous faisons ainsi qu’à dépasser les visions traditionnelles et conservatrices du football”, explique Riddersholm. “Nous souhaitons créer dans ce club un état d’esprit où ce qui compte, ce n’est pas seulement de remporter le prochain match. Nous ne disposons pas d’autant de moyens que le FC Copenhague ou Brøndby IF, nous devons donc être meilleurs qu’eux à d’autres niveaux. Et nous avons analysé ces niveaux un à un avant d’y travailler.” Rafraîchir le concept de performance “Cette idée me plaît car je ne veux pas me contenter de reproduire ce que font mes collègues. Je préfère de loin faire les choses à ma manière et mettre au point de nouvelles ­solutions. Dans la société actuelle, du moins au ­Danemark, les jeunes ne doivent pas forcément travailler très dur pour réussir. Ils sont T H E F I FA W E E K LY

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Moisson de buts Après 22 journées, le leader a 11 points d’avance sur ses poursuivants.

aspects restent aléatoires. En s’intéressant aux détails, détails qui ont cependant leur importance, on comprend mieux les méthodes mises en œuvre à Midtjylland. Et on pense bien sûr aux années “Moneyball” de l’équipe de baseball des Oakland Athletics. Riddersholm précise sa pensée : “Prenons un exemple. Lorsque ­Matthew a pris les rênes du club, nous avons mis en place un fantastique système de

“Nous avons mis en place un fantastique système de recrutement nous permettant d’analyser plus de 60 championnats.” Glen Riddersholm

Riddersholm a la chance d’être entouré par des personnes qui partagent ses idées, comme le jeune président du club, Rasmus Ankersen, ou l’actionnaire majoritaire Matthew Benham, un ancien joueur professionnel devenu par la suite gestionnaire de fonds spéculatifs. Ils sont eux aussi fascinés par l’idée d’explorer des terres inconnues. Mais si cet engagement dans la voie de l’innovation est louable, de nombreux 8

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r­ ecrutement nous permettant d’analyser plus de 60 championnats. Nous observons les joueurs sous des angles statistiques et mathématiques. En temps normal, les entraîneurs ou les recruteurs voient un joueur qui leur plaît et se convainquent ensuite qu’ils peuvent l’intégrer à leur équipe. Mais il ne s’agit là que d’impressions subjectives. Notre système, lui, est purement analytique et basé sur ce que nous

avons appelé des indicateurs-clés de performance. Par ailleurs, chaque nouvelle recrue potentielle est passée à la loupe. En plus des chiffres, nous nous attachons à choisir des joueurs dotés des qualités mentales et humaines que nous ­recherchons. Depuis la mise en place de ce s­ ystème, chaque recrue s’est avérée être un ­succès. C’est très rare.” La vie privée au centre des préoccupations “Nous nous efforçons de trouver un équilibre entre le facteur analytique et le facteur ­humain. Nous travaillons par exemple avec des profils comportementaux. Nous observons la manière dont nos joueurs se comportent dans leur vie familiale, sociale, nous voulons voir comment ils évoluent en dehors du terrain. C’est très i­ mportant. Les joueurs qui viennent de l’étranger, d’Allemagne, de France ou de ­Belgique, aiment beaucoup notre façon de travailler. Ils sentent que nous les respectons, que nous les considérons comme des individus et que nous faisons tout notre possible pour qu’ils se sentent bien tant sur le terrain qu’à l’extérieur. Cela nous est bénéfique à nous aussi puisque les joueurs sont tout de suite performants et s’imposent très rapidement. Nous n’avons pas besoin de cette période d’adaptation de plusieurs mois comme c’est le cas dans de nombreux clubs.” Quoi qu’il en soit, trouver

Johnny Wichmann / Keystone / Scanpix

­ rivi­légiés. Mais cette mentalité n’a pas sa place p dans le football professionnel. La pression y est constante, il faut être au top tout le temps, ­physiquement mais aussi mentalement. Nous analysons donc les nombreux facteurs qui conduisent au succès et mettons en place de nouvelles approches. C’est très satisfaisant de voir se concrétiser ces pensées, idées et ­philosophies.”


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Effet boule de neige grâce à un entraîneur spécialisé “Nous nous sommes concentrés sur cet aspect au cours des trois dernières années et demie”, poursuit Riddersholm. “Nous avons fait venir d’Angleterre un entraîneur spécialisé dans la manière de frapper le ballon. Il travaille avec les jeunes du club, mais aussi avec l’équipe première. Nous avons également engagé des spécialistes venus d’autres disciplines sportives pour qu’ils nous donnent des conseils. Cette approche plaît beaucoup aux joueurs. Lorsque ça marche, il se produit comme un effet boule de neige. Nous avons constaté que même sans investir énormément de temps ni d’énergie, nous pouvons beaucoup progresser dans ce domaine. C’est l’un des rouages de cette machine qui nous permet de faire le poids face à des équipes plus fortes, contre qui nous n’aurions aucune chance en temps normal.” En matière d’adversaires comme de défis, le FC Midtjylland pourrait bientôt passer à la vitesse supérieure si Riddersholm parvient à conduire son équipe jusqu’en phase de groupes de la prochaine Ligue des Champions. Si c’est là l’une de ses ambitions, son objectif principal demeure néanmoins le développement de son équipe, conformément aux principes qui ont conduit le club là où il est aujourd’hui.

Lars Ronbog / FrontzoneSport via Getty Images

Proche des supporters L’entraîneur Glen Riddersholm savoure sa réussite.

des joueurs talentueux ou sous-évalués, puis les engager et les faire progresser n’est que la partie émergée de l’iceberg. La préparation d’un match se déroule elle aussi avec une précision quasi chirurgicale, de même que l’analyse d’une rencontre, où chaque détail est passé au crible. “Avant chaque match, je reçois tout un tas d’informations et d’analyses au sujet de notre adversaire”, confie Riddersholm. “Et rebelote pendant la mi-temps. Dès que le coup de sifflet retentit, je reçois un texto avec les statistiques et les chiffres du match, les performances des équipes et de chaque joueur. J’ai donc toujours du matériel sous la main pour pouvoir travailler. En tant qu’entraîneur, j’ai accès à tous les détails dont j’ai besoin.” “C’est la même chose pour les joueurs. Nous avons mis en place de nouveaux entretiens de performance qui se concentrent sur l’aspect mental ainsi que des contrôles médicaux intensifs effectués par notre département santé. Nous ne nous contentons donc pas de travailler avec les joueurs blessés afin de les remettre sur pied, nous analysons en permanence l’état physique de l’équipe afin de minimiser en ­ amont tout risque de blessure. Là aussi, les résultats sont très probants puisque nous ­ avons nettement moins de blessures que les saisons précédentes.” Dans un autre domaine, à savoir les coups de pied arrêtés, cette approche analytique et

minutieuse apporte des résultats encore plus spectaculaires. Dans toute l’Europe, seul l’Atlético Madrid, champion d’Espagne en titre, présente un bilan comparable de près d’un but par match marqué sur corner, coup franc ou penalty. Là non plus, ce n’est pas un hasard.

La Ligue des Champions en ligne de mire L’entraîneur jouit en tout cas du soutien inconditionnel de ses dirigeants. Ankersen a ainsi déclaré récemment au journal anglais The Guardian que Riddersholm “ne sera jamais ­licencié en raison de notre position au classement.”

FC MIDTJYLL AND 1999 Fondation : 1er juillet 1999 Couleurs : Rouge et noir Stade : MCH-Arena, capacité : 11 800 places Principal propriétaire : Matthew Benham Président : Rasmus Ankersen Entraîneur : Glen Riddersholm Joueurs célèbres : Mads Albaek, parti en 2013 au Stade de Reims Ken Ilsø, parti en 2011 au Fortuna Düsseldorf Simon Kjaer, parti en 2010 à Wolfsburg Succès : Accession à l’élite en 2000 vice-champion du Danemark 2007 et 2008

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Développer le football partout et pour tous

Organiser des tournois captivants

Œuvrer pour la société et l’environnement

Pour le jeu. Pour le monde. La FIFA s’engage à développer le football pour le bénéfice de tous. Sa mission est de : Développer le jeu L’objectif premier de la FIFA est de développer le football dans ses 209 associations membres. La Coupe du Monde de la FIFA™ lui donne les ressources nécessaires pour lui permettre d’investir USD 550 000 par jour dans le développement du football partout dans le monde. Toucher le monde La FIFA entend également toucher le monde à travers ses compétitions et événements internationaux qui fédèrent et inspirent les peuples du monde entier.

FIFA.com

Bâtir un meilleur avenir Le football est bien plus qu’un simple sport. Son universalité lui confère un pouvoir unique et une portée qu’il convient de gérer avec précaution. La FIFA est convaincue de son devoir envers la société qui dépasse les frontières du football.


FC MID TJ Y LL AND

Classement Danemark Superliga 2014 / 2015

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12.

Equipe FC Midtjylland FC Kopenhagen Randers FC Bröndby IF FC Nordsjaelland Aalborg BK Hobro IK Sönderjysk Elitesport Esbjerg FB Odense BK FC Vestsjaelland Silkeborg IF

MJ 22 22 22 22 22 22 22 22 22 22 22 22

G 17 12 10 10 9 8 8 6 6 7 4 2

N 2 6 5 4 5 7 6 11 8 4 3 6

P 3 4 7 8 8 7 8 5 8 11 15 15

Pts 53 42 35 34 32 31 30 29 26 25 15 11

23 mars 2015 – 33 journées au total

Ligue des Champions préliminaire Europa League Europa League selon Coupe domestique Relégable

Le danger viendrait plutôt du côté de clubs plus prestigieux, qui ont semble-t-il jeté leur dévolu sur l’artisan du miracle de Midtjylland. Riddersholm déclare à ce sujet : “C’est vrai que plusieurs clubs ont manifesté leur intérêt. Si je suis très heureux ici, j’ai également de grandes ambitions. J’aimerais bien travailler à l’étranger un jour, je crois que mon approche originale et ma philosophie pourraient également fonctionner dans un autre contexte. Mais je veux d’abord décrocher le titre de champion du Danemark, et j’espère aussi pouvoir disputer la Ligue des Champions. Nous allons certainement vendre quelques joueurs cet été, mais j’ai discuté avec les dirigeants et je sais que nous aurons l’année prochaine une équipe encore plus performante. Nous souhaitons montrer à

Jeune président Rasmus Ankersen, 31 ans, explique la recette du succès.

l’Europe que Midtjylland est un club qui veut laisser son empreinte et que ce ne sont pas des paroles en l’air.” “Nous resterons fidèles à notre projet, quoi qu’il arrive. Nous y croyons, et nous resterons sereins même s’il devait y avoir une phase où

les choses se passent moins bien sur le terrain. Aux quatre coins du monde, les clubs sont en perpétuelle mutation. Là aussi, nous aimerions procéder différemment. Et c’est ce que nous allons faire. Nous savons que nous sommes sur la bonne voie.” Å

Danemark, le triomphe et ses mythes

Astrid Dalum / Scanpix / Keystone

À

la simple évocation du Danemark, tout le monde pense à 1992. En cette année où le groupe Nirvana atteint le firmament de la scène musicale et où Bill Clinton est élu 42e président des États-Unis, le Danemark met l’Europe du football sens dessus dessous en remportant l’Euro organisé en Suède. Pourtant, les troupes de Richard Møller Nielsen ne se sont même pas qualifiées sportivement. Elles ne doivent leur présence qu’à l’éviction de la Yougos­lavie, où la guerre civile fait rage. L’équipe remporte donc la compétition à la surprise générale et rapidement, le mythe prend forme. On raconte que les joueurs débarquent en Suède en claquettes car ils sont déjà tous partis en vacances au moment où leur participation est annoncée. En réalité, nombreux sont ceux qui s’entretiennent avec leur club. Avant le début du tournoi, la sélection ­dispute même un match amical contre la CEI, la

­ ommunauté des États indépendants. “Nous étions C tous en pleine forme”, confirme le gardien Peter Schmeichel un peu plus tard dans une interview. “Nous n’étions pas une équipe du dimanche. Nous nous sommes préparés de manière aussi professionnelle que les autres.” Une débâcle 4:0 en 2013 Après ce triomphe, la suite est un peu plus difficile : le Danemark ne parvient pas à se qualifier pour la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis, tandis qu’à l’Euro 1996 sur le sol anglais, son aventure prend fin dès la phase de groupes. Le petit pays de 5,6 millions d’habitants a toutefois bon espoir de prendre part à l’Euro 2016, en France. Dernièrement, il est en effet allé s’imposer 3:1 en Serbie dans un match disputé à huis clos, et seule la défaite 1:0 à Copenhague contre le Portugal, favori du groupe, vient pour le

moment ternir le tableau. De manière générale, les Danois éprouvent parfois quelques difficultés à ­domicile. Il est ainsi préférable de ne pas ­demander à un supporter local ce qu’il faisait le 11 juin 2013. Ce jour-là, il a très probablement vu ses protégés encaisser quatre buts face à la modeste Arménie et se montrer incapables d’en marquer un seul. “La pire soirée de ma carrière d’entraîneur”, déplore Morten Olsen après cette débâcle, symbole d’une campagne ratée sur la route de Brésil 2014. Olsen, également passé sur le banc de l’Ajax Amsterdam, a récemment annoncé qu’il prendrait sa retraite après le prochain Euro. Nul doute qu’il aimerait conclure ses 15 ans de mandat à la tête du Danemark par un nouveau succès. Qu’importe si ce n’est pas quelque chose d’aussi grand que le titre continental. Alan Schweingruber

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BERMUDES

Ambitieux Andrew Bascome, sélectionneur des Bermudes.

Une goutte d’espoir dans un océan d’ambition

N

ous sommes tout seuls ici.“ Mark Wade, vice-président de la Fédération bermudienne de football, préfère en rire, mais il ne peut pas masquer la dure réalité. Son pays se trouve à un peu plus de mille kilomètres au large de la Caroline du Nord : un petit lopin de terre perdu au milieu de l’Atlantique Nord. “Ce n’est pas facile pour nous”, renchérit Andrew Bascome, le sélectionneur national. Pour ce qui est du football, les Bermudes dépendent techniquement de la CONCACAF. Mais le petit archipel d’à peine 65 000 habitants se trouve bien loin des courants chauds de la mer des Caraïbes. Pour rejoindre Trinité-et-Tobago ou la Jamaïque, il faut passer par Miami, en Floride. Chaque voyage est donc une véritable épreuve d’endurance. “Nous ne disputons pas suffisamment de matches”, poursuit Bascome, 52 ans, qui porte fièrement dreadlocks et vêtements colorés. “Mais ça ne signifie pas pour autant que nous n’avons pas d’ambition.” Les Bermudes s’apprêtent à se rendre à Nassau, aux Bahamas, afin de lancer leur campagne de qualification pour la Coupe du Monde 2018. Bascome se refuse pourtant à parler des problèmes logistiques. En poste 12

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depuis 2012, il compte profiter de cette sortie pour faire parler de son pays. “Nous voulons être plus en phase avec le football moderne”, explique-t-il. Les ailiers supersoniques et les gigantesques avant-centres qui ont longtemps dominé le football caribéen appartiennent selon lui au passé. “Nous allons presser haut et faire circuler le ballon rapidement.” Du terrain au banc de touche Bascome connaît bien le football bermudien. Il a porté les couleurs de North Village Community Club, le grand rival de Dandy Town Hornets pour la suprématie nationale. Il a également été appelé dans les sélections de jeunes et en équipe nationale. Élu meilleur joueur de l’archipel à 18 ans, il avait été repéré par l’Ajax Amsterdam. Mais une blessure au genou a brisé l’élan de sa carrière. “C’est à cette époque que j’ai commencé à suivre une formation d’entraîneur”, se souvient-il. Lorsqu’il parle de ses méthodes et de ses petites innovations le long de la ligne de touche, sa voix vibre d’enthousiasme. “J’étais devenu accro. J’ai été sidéré de découvrir que je pouvais apprendre des choses aux autres et faire en sorte que les joueurs prennent plus de plaisir sur le terrain.”

Nicola Muirhead / Royal Gazette, Akil Simmons / Royal Gazette (2)

Loin du bon vieux “kick and rush”, les Bermudes s’appliquent désormais à conserver le ballon. Cette évolution est à mettre au crédit d’Andrew Bascome, comme nous l’explique Jonah Fontela.


BERMUDES Les Bermudes n’ont jamais envisagé sérieusement une qualification pour la Coupe du Monde. Elles n’ont même jamais participé à la Gold Cup de la CONCACAF. Elles n’ont même pas atteint la phase finale de la Coupe des Caraïbes. Mais à en croire le sélectionneur et son encadrement, tout cela pourrait bientôt changer. “Cette équipe des Bermudes est la meilleure que j’ai jamais vue”, assure John Barry Nusum, meilleur buteur bermudien des dernières préliminaires mondialistes, reconverti en tant qu’adjoint de Bascome. Le Classement mondial de la FIFA lui donne raison. Les derniers bons résultats ont permis aux Bermudes de progresser de 11 places. Grâce notamment au nul et à la victoire enregistrés face à la Grenade, les insulaires pointent désormais au 169ème rang sur 208.

“Cette équipe des Bermudes est la meilleure que j’ai jamais vue.”

Fin prêts L’équipe des Bermudes avant d’affronter la Grenade début mars 2015.

John Barry Nusum, entraîneur adjoint des Bermudes

Le groupe compte des universitaires installés aux États-Unis, quelques professionnels qui évoluent dans les divisions inférieures en Angleterre et une ossature composée d’amateurs. “Les Bermudes produisent de bons joueurs, mais ce sont des talents bruts”, note Bascome, qui regrette l’absence d’un véritable meneur comme Khano Smith ou l’ancien attaquant de Manchester City Shaun Goater avant lui. “Nous voulons nous détacher de l’influence anglaise”, plaide le sélectionneur des Bermudes, un territoire britannique, comme le rappelle la présence de l’Union Jack sur leur drapeau. “Pendant longtemps, les sélections caribéennes se sont contentées de longs ballons en profondeur. Aujourd’hui, nous avons de jeunes joueurs qui ont grandi en regardant Barcelone à la télévision.” Une rivalité amicale Bascome ne cache pas son admiration pour les amateurs, qui constituent une part importante de son groupe. Ces internationaux jouent uniquement pour l’amour du maillot et du football. “Ce n’est pas facile pour les locaux. Ils viennent s’entraîner à six heures du matin puis ils partent au travail. Pour la plupart, ils quittent leur emploi vers quatre ou cinq heures. À sept heures, ils sont de retour sur le terrain”, détaille-t-il. La rivalité entre les Bermudes et les Bahamas, le plus proche voisin insulaire à un peu plus de 1 500 kilomètres, est décrite comme “amicale”. Les deux délégations s’étaient installées côte à côte lors du tirage au sort de la compétition préliminaire de la CONCACAF organisé à Miami. “On a commencé à se chambrer très tôt, ce soir-là”, reconnaît Marc Wade, qui a déjà son plan en tête. “Nous allons resserrer les rangs pour leur compliquer au maximum la tâche en attaque. Je ne veux pas leur manquer de respect, mais nous allons attaquer bille en tête.” Le match retour est prévu à Hamilton, ce que le sélectionneur considère comme une arme à double tranchant. “Ici, les gens adorent le football, mais ils sont très exigeants !”, explique-t-il. “Si notre performance ne leur convient pas, ils nous le feront savoir. Mais je suis comme eux : je veux voir du beau jeu”, lance-t-il avant de rejoindre le terrain d’entraînement au pas de course. Å

Bon pour le Classement mondial Après les matches face à la Grenade, les Bermudes occupent le 169e rang mondial.

L es B er mudes L’ar c hipel de s B er mude s e s t un t er r it oir e br it annique d ’ou t r e - mer sit ué d an s l ’ Oc é an At l an t ique. S ’ il e s t c on s t it ué de 181 î le s, s eule s une v ing t aine d ’en t r e elle s s on t h abit ée s . L a plu s gr ande s e nomme Gr ande B er mude e t s ’e s t no t ammen t f ait c onn a î t r e pour s e s ac t iv it é s t our is t ique s ain si que s on s t a t u t de jur idic t ion “o f f s hor e”. L e p ay s, qui béné f icie d ’un c lim a t s ub t r opic al humide, e s t ég alemen t s ou v en t v ic t ime d ’our ag an s au mois de s ep t embr e. Nombr e d’habit an t s : 6 4 6 8 9 L angue of f icielle : angl ais A dhésion à la FIFA : 1962 S out ien de la FIFA : D an s le c adr e d ’un pr oje t “G o al ”, l a F IF A a in v e s t i en 20 0 8 e t 20 0 9 un t o t al de 1,1 million de doll ar s U S pour le dév eloppemen t du f oo t b all au x B er mude s . C e t ar gen t a per mis d ’amén ager un t er r ain s y n t hé t ique à P ar is h o f Dev on s hir e e t de b â t ir le nou v e au siège de l a F édér a t ion ber mudienne de f oo t b all.

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LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES S.League singapourienne

Un c h a m p io n n at , q u at r e p ay s Emanuele Giulianelli écrit sur le football en indépendant et vit à Milan.

Le début de la 20e saison de S.League, l’élite du football singapourien, a été marqué par les performances inattendues du Brésilien Rafael Ramazotti de Quadros, mieux connu sous le simple nom de Ramazotti. En trois rencontres, l’avant-centre a déjà inscrit six buts pour le FC Brunei DPMM, dont le propriétaire n’est autre qu’Al-Muhtadee Billah, prince héritier du Sultanat de Brunei et lui-même ancien gardien de but de l’équipe. Le Duli Pengiran Muda Mahkota Football Club, ainsi qu’il se nomme dans sa version longue, n’est pas le seul club étranger à participer à la S.League cette année. On y retrouve également les Japonais de l’Albirex Niigata Singapour FC, ainsi que l’équipe nationale U-21 de Malaisie, qui évolue sous le nom d’Harimau Muda II.

Asdeny Yakub / Brunei Times

Le classement n’a toutefois pas encore de réelle valeur, puisque tous les engagés n’ont

pas disputé le même nombre de matches. Les Tampines Rovers occupent la première place avec neuf points en quatre rencontres. Ils sont suivis de près par le FC Brunei DPMM, qui affiche sept unités en trois matches. Le meilleur buteur est actuellement Ramazotti, déjà évoqué ci-dessus. Celui qui effectue sa toute première saison dans cette cité-État d’Asie du Sud-Est se montre pour le moment très satisfait : “Je suis heureux d’avoir marqué ces buts, d’autant plus qu’ils ont été utiles à mon équipe”, explique-t-il. “La S.League est difficile et très disputée. Il n’existe pas beaucoup de championnats où autant de pays sont représentés. C’est une expérience très enrichissante pour tous ceux qui jouent ici.” Le moins que l’on puisse dire, c’est que le titre devrait effectivement être très disputé. Au sein de ce championnat qui regroupe 12 formations s’affrontant en matches aller et retour, trois favoris se détachent. Il s’agit du FC Brunei DMPP, des Tampines Rovers, qui comptent dans leurs rangs le défenseur français Eddy Viator (notamment passé par Toronto en MLS), et le Warriors FC, dirigé par l’Anglais Alex Weaver, premier entraîneur non asiatique à avoir remporté la S.League, l’an passé. Né en Bosnie et par la suite naturalisé singapourien, Aleksandar Duric est devenu une véritable icône du ballon rond dans son

pays d’adoption. Il était encore un buteur d’une efficacité redoutable la saison dernière du haut de ses 44 ans. Alors qu’il a désormais rangé les crampons et pris les fonctions d’entraîneur adjoint et de préparateur physique aux Tampines Rovers, il jette un regard pour le moins critique sur l’évolution du football dans un pays qu’il connaît particulièrement bien : “Je suis arrivé en provenance d’Australie en 1999 et je n’ai pu que constater les profonds bouleversements subis depuis. Tout a régressé. Avant, il y avait plus d’argent, plus d’équipes et plus de bons footballeurs. Aujourd’hui, les meilleurs défendent les couleurs des Lions XII, une équipe singapourienne engagée en Premier League malaisienne. C’est le fait du même partenariat qui autorise les U-21 malaisiens à jouer chez nous.” À Singapour, tous les clubs locaux sont entre les mains de l’État. Les présidents n’ont qu’une fonction administrative et ne sont pas propriétaires. Le championnat manque de stars qui attireraient les foules dans les stades. Les relations avec les supporters sont inexistantes, tandis que les joueurs peinent à décrocher des contrats correctement rémunérés. “Faire jouer une de nos équipes en Malaisie, c’est le coup de grâce donné à la S.League”, estime Duric. Plutôt que de rester à Singapour, les joueurs qui en ont l’opportunité n’hésitent en effet pas à signer là-bas. Å

L’assurance-buts brésilienne Ramazotti a déjà pu fêter six réalisations en compagnie de ses coéquipiers du FC Brunei DPMM. T H E F I FA W E E K LY

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Du cœur à l’ouvrage Malgré tous ses efforts, Christian Cellay (à g., Mushuc Runa SC) ne peut empêcher la reprise de la tête Daniel Angulo (Independiente).

Ve nt d e f r a îc h e u r su r la ba n l ieue Sven Goldmann est spécialiste du football au “Tagesspiegel” de Berlin.

Ces dernières semaines, le vent du changement souffle sur la Serie A équatorienne. À la stupéfaction générale, une nouvelle puissance vient bousculer la hiérarchie du championnat. On ne parle ni du Barcelona Sporting Club, ni du Club Sport Emelec, les deux ténors de la ville portuaire de Guayaquil. Quant au club de la capitale Quito, le Club Deportivo El Nacional, il n’est que dixième sur douze après huit rencontres de Primera Etapa. Tout en haut du classement trône une équipe de banlieue, le Club de Alto Rendimiento Especializado Independiente del Valle, que tout le monde appelle “Independiente” en Équateur. 16

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Barcelona compte 14 titres à son palmarès, le Nacional en a décroché 13 et Emelec 12. L’Independiente n’a jamais rien gagné d’important, mais cela ne l’empêche pas de jouer dans la cour des grands cette saison. En huit matches de Primera Etapa, la formation de la ville de Sangolquí ne s’est inclinée qu’une seule fois, contre Barcelona, et a remporté les sept autres affiches. La courte victoire 1:0 sur le Mushuc Runa Sporting Club d’Ambato était sa cinquième d’affilée. L’unique but est tombé dans les premières minutes. Les dribbles de Bryan Alfredo Cabezas Segura sur le flanc gauche, au lendemain de son 18e anniversaire, ont donné le vertige à la défense de Mushuc. Son centre a atterri sur la tête de Daniel Angulo, le seul Negriazul à l’affût dans la surface de réparation. Les trois adversaires présents étaient persuadés qu’il viserait un coin du but, mais il a choisi le centre pour donner l’avance à ses couleurs et signer sa cinquième réalisation de la saison. Ensuite, son équipe a un peu levé le pied, mais n’a jamais été mise en danger.

Elle est en tête du classement avec 21 points. Emelec, le tenant du titre, est deuxième avec six unités de retard. Le succès du club de la Vallée de Los Chillos est tout récent et étroitement lié à Pablo Repetto. L’Independiente est monté en Serie A, il y a à peine cinq ans. Lorsque l’Uruguayen Repetto a pris les rênes du groupe pour la Segunda Etapa de 2012, le club de Sangolquí a pris une autre dimension. En 2013, l’entraîneur a mené son équipe jusqu’à la deuxième place du championnat, soit le plus grand succès du club en 57 ans d’existence. L’année suivante, l’Independiente a terminé deuxième de la Primera et de la Segunda Etapa. Les joueurs de Repetto ont donc manqué les deux finales, mais ont pu disputer pour la première fois la Copa Libertadores. Ils ont été battus de justesse au premier tour par le futur vainqueur du tournoi, le Club Atlético San Lorenzo de Almagro d’Argentine. Å

Independiente del Vall CF

Serie A équatorienne


Premier League galloise

L e s N e w S a i nt s j o u e nt l a s é c u r ité Perikles Monioudis est rédacteur en chef de “The FIFA Weekly”.

Dans la Welsh Premier League (Uwch Gynghrair Cymru), qui voit s’opposer des équipes professionnelles et semi-professionnelles, la course au titre est déjà terminée et les New Saints, champions l’année passée, savourent leur victoire. Pour les autres clubs par contre, la compétition suit son cours presque normalement. Le 14 mars dernier, à cinq journées de la fin, The New Saints of Oswestry Town & Llansantffraid Football Club a remporté son neuvième titre national grâce à sa victoire à domicile 3:0 contre Bala Town, sur la pelouse artificielle du Park Hall Stadium d’Oswestry. Ce quatrième titre d’affilée permet aux New

Saints de se qualifier pour la Ligue des Champions, ce qui n’est pas rien même si cela ne leur a pas beaucoup réussi sportivement par le passé. Le club, domicilié à la frontière avec l’Angleterre, fait parler de lui sur la scène européenne depuis plusieurs années. Il n’avait cependant encore jamais réussi à décrocher un ticket pour cette compétition. En 2010/11, il avait atteint le troisième tour des qualifications, avant de s’incliner face à Anderlecht (1:6 sur l’ensemble des deux manches). En championnat, la situation est totalement différente : l’équipe entraînée par Conell Harrison, ancien défenseur de Middlesbrough et de Crystal Palace, a une nouvelle fois réalisé une saison fantastique. Après 28 journées, les New Saints sont invaincus, n’ayant concédé que six petits nuls. Avec un total de 82 réalisations, ils affichent une impressionnante différence de buts (65). Qualifiés pour les demi-finales de la Welsh Cup, ils semblent bien partis pour réaliser le doublé. Lors de la dernière journée, les New Saints sont revenus victorieux de leur visite sur la

pelouse du Port Talbot Town FC (3:1). Actuellement cinquième, l’équipe hôte avait pourtant fait la course en tête devant 157 spectateurs suite à une réalisation de Liam McCreesh à la 24e minute de jeu. C’était avant que le champion en titre ne reprenne les choses en main grâce à Mike Wilde (44e et 72e minutes) et Connell Rawlinson (54e). Sacré meilleur buteur du championnat en 2012/13, Wilde (31 ans) a déjà inscrit 15 buts cette saison. Les New Saints devraient terminer le championnat avec leur onze de base. Le titre a beau leur être assuré, l’entraîneur Harrison ne souhaite pas pour autant ménager ses titulaires. La deuxième place du classement, synonyme d’une place en Ligue Europa, est elle nettement plus disputée puisque deux clubs ont encore toutes leurs chances : le Bala Town FC (52 points) et Airbus UK Broughton (49 points). Dimanche 22 mars, la rencontre entre ces deux prétendants au titre de dauphin s’est soldée par une victoire du premier nommé (3:0). Les New Saints peuvent réfléchir à l’éventualité de rejoindre le championnat anglais, à l’instar de Wrexham, de Newport County, de Cardiff City ou de Swansea City, qui évolue en Premier League. Mais pour cela, il leur faudrait renoncer à la qualification directe pour la Ligue des Champions et par la même occasion aux recettes issues des caisses de l’UEFA. Les New Saints devraient donc continuer à jouer la carte de la sécurité pendant encore quelques années et rester bien au chaud en Premier League galloise. Rien ne les empêche donc de se lancer un nouveau défi et d’essayer de se qualifier pour la Ligue des Champions, en croisant les doigts pour que le tirage au sort leur soit favorable. Espérer aller plus loin semble pour le moment utopique.

Andrew Lincoln

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner si la Fédération galloise n’a que rarement l’occasion de puiser dans les réserves du championnat national pour former sa sélection. À une exception près, tous les joueurs de l’équipe galloise appelés pour le match au sommet du Groupe B des qualifications pour l’Euro 2016 face au leader israélien sont des professionnels évoluant en Angleterre. C’est le cas de Ben Davies (Tottenham Hotspur), de Joe Allen (Liverpool) ou encore d’Aaron Ramsey (Arsenal). Quant à cette fameuse exception, il s’agit de Gareth Bale… l’attaquant du Real Madrid. Å

Ambiance festive Connell Rawlinson et Mike Wilde (en partant de la g. ; The New Saints). T H E F I FA W E E K LY

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L’ I N T E R V I E W

“Entraîneur ? Peut-être” Alessandro Del Piero ne supporte pas de vivre loin du football. Depuis ses débuts en Serie B avec Padoue jusqu’à ses derniers buts sous les couleurs du Delhi Dynamos, en Inde, il a consacré 22 années de sa vie au ballon rond. À 40 ans, il est maintenant à la recherche d’une nouvelle aventure. Alessandro, votre carrière étonne par sa longévité. Quelle est la recette pour rester compétitif aussi longtemps ? Alessandro Del Piero : Il y a plusieurs paramètres. Il faut surtout faire attention à l’aspect physique, plus particulièrement dans mon cas, car je ne suis pas spécialement costaud. J’ai toujours été le plus petit et c’est donc un défi depuis que je suis enfant. Il s’agit de démontrer que les plus petits peuvent être performants et devenir grands. J’ai toujours été très appliqué et je suis un amoureux du football, avec une soif énorme de compétition. Je ne sais pas si c’est le secret, mais pour aller loin, la passion est un facteur essentiel.

Dans le football moderne, le numéro 10 offen­sif classique, comme vous, semble se faire voler la vedette par des joueurs qui évoluent plus bas, comme Xavi, Schweinsteiger, Pogba… Le meneur de jeu est-il une espèce en voie d’extinction ? Je ne parlerais pas d’extinction mais de transformation. Le football a beaucoup changé au cours des 20 ou 30 dernières années, surtout en termes de puissance et de vélocité. Aujourd’hui, nous avons des footballeurs capables de jouer en défense, dans l’entrejeu ou en attaque. En fonction de leur positionnement sur le terrain ou des choix tactiques de l’entraîneur, ils s’adaptent. Mais ces grands milieux de terrain existaient déjà autrefois, avec des caractéristiques différentes : les Beckenbauer, Falcão, Ancelotti… Ces joueurs avaient un grand bagage technique et une vision du jeu hors pair. Ils jouaient un peu plus en retrait. Je crois qu’une évolution est en train de se produire au niveau des milieux mais aussi des défenseurs, dont le rôle se limitait autrefois à la dureté mais qui sont aujourd’hui très à l’aise balle au pied.

importants, dont certains se sont révélés décisifs, surtout en demi-finale et en finale. Tactiquement, cette équipe a été impressionnante. Sur le plan individuel, certains joueurs ont évolué à un niveau incroyable, notamment Manuel Neuer. Le plus important, c’est que cette Allemagne a montré du début à la fin qu’elle partageait une idée commune. Sur le terrain, les joueurs donnaient l’impression qu’ils savaient exactement ce qu’ils faisaient.

Lors de l’édition 2006, l’Italie avait battu l’Allemagne en demi-finale et vous aviez marqué l’un des deux buts de votre équipe. Pouvait-on détecter à cette époque des indices laissant augurer de ce titre mondial ? Cette équipe possédait de nombreux talents, mais qui étaient encore très jeunes à l’époque. C’était évident qu’un avenir brillant s’ouvrait à eux. De là à gagner la Coupe du Monde, en revanche, le chemin est long. Cela relève d’une évolution individuelle et collective très complexe. L’Allemagne a fait de bonnes Coupes du Monde en 2006 et 2010, ce qui l’a menée à la consécration en 2014. Tout ce parcours et, surtout, le travail des joueurs méritent d’être salués.

Il y avait beaucoup d’attentes autour de l’Italie de Cesare Prandelli au Brésil. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? L’Italie a commencé par un bon match [victoire 2:1 contre l’Angleterre, n.d.l.r.]. On a vu une équipe de qualité sur cette rencontre. Mais elle s’est fait surprendre par la suite et elle l’a payé très cher. C’est ça le football aujourd’hui : mêmes les équipes supposées faibles, comme pouvait l’être le Costa Rica, possèdent une bonne organisation et de bons joueurs, en plus d’une motivation énorme. Le football italien traverse une période difficile. Il n’évolue pas au niveau auquel il aimerait être, car il n’a pas les mêmes équipes qu’il y a 10 ou 15 ans. L’Italie est soumise à une grosse pression.

Pendant la dernière Coupe du Monde au Brésil, vous étiez consultant pour la télévision. Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné ?

L’élimination précoce reflète-t-elle une pénurie de talents ?

L’Allemagne. Physiquement, elle a été extrêmement performante. Et au fil de la compétition, elle a procédé à des changements

On parle d’une pénurie de talents car nos clubs éprouvent des difficultés au niveau européen. Je pense effectivement qu’il y a

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une grande différence avec les autres pays, aussi bien en termes de style de jeu qu’en termes d’organisation et de systématisation. Mais l’Italie a toujours su trouver le moyen de réagir et je suis certain que nous verrons bientôt des clubs italiens tenir à nouveau les premiers rôles dans les compétitions européennes et que la sélection retrouvera la voie du succès.

Votre conception du football est claire et détaillée. Avez-vous envisagé de devenir entraîneur ? Il y a trois ou quatre ans, ça ne me traversait pas encore l’esprit, peut-être parce que j’étais totalement concentré sur ma carrière de footballeur. Mais après avoir mis un terme à ma carrière en Italie, j’ai commencé à nourrir l’idée de devenir entraîneur en vivant d’autres expériences, en voyageant, en voyant d’autres choses. C’est un poste difficile, mais il est aussi fascinant, c’est sûr. Donc je ne sais pas… Peut-être. C’est une petite porte qui était fermée et qui est maintenant entrouverte. Å Propos recueillis par Bruno Sassi

Nom Alessandro Del Piero Date et lieu de naissance 9 novembre 1974, Conegliano (Italie) Taille 173 cm Poste Attaquant Parcours de joueur 1991–1993 Calcio Padoue 1993–2012 Juventus Turin 2012–2014 Sydney FC Depuis 2014 Delhi Dynamos FC Équipe nationale 91 sélections, 27 buts Principaux succès 1996 Ligue des Champions 1996 Coupe intercontinentale 1996 Supercoupe de l’UEFA 1997, 1998, 2003 Finaliste de la Ligue des Champions 2006 Coupe du Monde


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Claudio Villa / Adidas / Getty Images


Keystone / AP 20

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First Love Lieu : Joha n nesbu rg, A fr ique du Sud Date : 9 ju i l let 2013 Heu re : 16h51 Photog raphe : Matt D u n ha m

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COUPE DU MONDE DE BEACH SOCCER

LE BILLET DU PRÉSIDENT

Coup d’envoi à Espinho La Coupe du Monde de Beach Soccer, Portugal 2015 a véritablement été lancée la semaine dernière à Espinho, où ont été présentés les ambassadeurs, ­l’emblème, le ballon de match et l’affiche du tournoi qui aura lieu du 9 au 19 juillet prochains.

Solidarité et unité

L Photo de famille après la cérémonie de présentation.

Hernâni Pereira / FPF

L

e Centre multimédia d’Espinho accueillait pour l’occasion quel­quesunes des grandes figures du passé et du présent du Beach Soccer. Ces différentes personnalités ont été les premières à découvrir l’Emblème Officiel de l’épreuve, qui s’inspire des couleurs du drapeau portugais et s’attache à transmettre le bonheur de jouer au football sur le sable ainsi que la beauté des paysages de la côte Atlantique. Fernando Gomes, le président de la Fédération portugaise de football, a eu l’honneur de présenter les ambassadeurs du deuxième tournoi FIFA organisé au Portugal après la Coupe du Monde U-20 en 1991. Il s’agit de deux anciens internationaux lusitaniens de football à onze, Vítor Baía et Nuno Gomes. “Accueillir la Coupe du Monde de Beach Soccer est un grand honneur pour notre pays”, a déclaré Gomes. “C’était le bon choix pour des raisons historiques et sportives. L’identité du Portugal s’est écrite autour de la mer et de ses plages. Celles-ci offriront la joie, l’hospitalité et le sourire à tous les fans qui se déplaceront pour l’événement”. “C’est un grand honneur d’être choisi pour un tournoi comme celui-ci et nous ferons tout pour que ce soit la meilleure Coupe du Monde de l’histoire”, a ajouté Baía. Le tournoi ne commence que dans quatre mois, mais cela n’a pas empêché de voir quelques experts à l’œuvre. Le sélectionneur russe Mikhail Likhachev et le joueur suisse Noël Ott ont ainsi été les premiers à expérimenter le Ballon de Match Officiel d’adidas. “Je suis très heureux d’être au Portugal et, bien évidemment, d’avoir remporté deux Coupes du Monde d’affilée”, a confié le premier nommé. “Maintenant, les supporters russes en attendent une troisième, mais 10 ou 12 équipes peuvent espérer gagner. Je suis heureux d’être l’un des prétendants. Espinho est une ville très agréable. J’ai passé deux jours ici et j’ai vraiment beaucoup aimé”. Une Coupe du Monde ne se limitant pas uniquement à ses stars, le programme des bénévoles, acteurs essentiels à la réussite de n’importe quel tournoi de la FIFA, a lui aussi été présenté. Dans le même temps, la vente des billets a été ouverte afin de faire doucement monter la température auprès des supporters. Grâce à eux, l’enthousiasme promet d’être au rendez-vous dans les tribunes du stade d’Espinho. Å tfw

ors du Congrès de l’UEFA organisé cette semaine, Michel Platini a déclaré : “Vous devez savoir que nous voulons travailler avec vous main dans la main pour le bien du football mondial, pour le bien des 209 associations membres et pour le bien de la FIFA.” Ces propos faisaient écho à mon discours d’ouverture, dans lequel j’appelais à la solidarité et à l’unité. Je remercie Michel Platini de ces paroles et je le félicite de sa réélection au poste de président de l’UEFA. Les associations membres de l’UEFA représentent plus d’un quart des membres de la FIFA : leur poids sportif et politique est donc important. Les plus grands championnats de la planète sont organisés en Europe. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que la réussite du football à l’échelle mondiale doit aussi beaucoup aux capacités sportives et économiques de l’Afrique, de l’Asie, de l’Amérique du Nord et du Sud, ainsi que de l`Océanie. La solidarité avec l’ensemble de l’humanité, à tous les niveaux et dans toutes les classes sociales, comme l’incarne la FIFA, implique la solidarité de nous tous ; peu importe que l’on soit Européen, ­A fricain, Américain, Asiatique ou Océanien. Notre action solidaire et commune est à la base de notre succès. Ce n’est qu’en nous appuyant sur cette base que nous pourrons relever les défis et accomplir les tâches qui nous attendent à l’avenir. Le monde ne tourne plus autour de l’Europe. Au cours de mes 40 années à la FIFA, je me suis fait un devoir d’exporter le football partout dans le monde. Nous y sommes parvenus, mais le processus n’est pas terminé. Creuset de cultures, passerelle entre l’Orient et l’Occident, Vienne est un lieu symbolique : le Congrès de Vienne en 1815 a permis de redessiner les frontières à l'intérieur de l'Europe et de régler les disputes territoriales. Le Congrès de l’UEFA n’avait pas pour objet d’annoncer ou de mettre en place des mesures aussi radicales. “Notre” Congrès de Vienne peut cependant envoyer un signal fort si nous appliquons les paroles du président de l’UEFA et œuvrons “main dans la main” (dans l’esprit du projet “poignée de main pour la paix”) pour le bien du football et le bien de l’humanité. Car notre sport, vecteur d’émotions positives, a le pouvoir de créer un monde meilleur.

Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY

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L A SÉLEC TIONNEUSE AMÉRICAINE JILL ELLIS

“Je vis pour les matches, c’est l’adrénaline de ce métier” Seize ans après leur dernier triomphe, les États-Unis rêvent de remporter une nouvelle Coupe du Monde Féminine. La pression qui pèse sur les épaules de la sélectionneuse Jill Ellis est énorme. Interrogée par Michael Lewis, elle évoque sa passion, ses favoris et les stars d’hier.

Jill Ellis : Il y a plusieurs éléments de réponse. Nous avons une équipe équilibrée, avec des internationales expérimentées et des jeunes ambitieuses. Nous disposons d’un important réservoir de talents. Les éléments sur lesquels nous travaillons à l’entraînement se mettent doucement en place. Bien entendu, il faut aussi un peu de réussite pour l’emporter. Mais si tous ces ingrédients sont réunis, on peut commencer à rêver d’une victoire en Coupe du Monde.

Quelle importance revêt cette Coupe du Monde pour les États-Unis, qui joueront pratiquement dans leur jardin ? Cette échéance est importante pour le pays et pour la discipline. Traditionnellement, les États-Unis font partie des équipes qui comptent en football féminin. Nous sommes habitués à jouer les premiers rôles. Ce serait fantastique de remporter la Coupe du Monde Féminine 2015, pour les joueuses, pour le pays et pour notre fédération. Je m’attends à vivre une fête exceptionnelle. Ce sera certainement la plus belle Coupe du Monde de l’histoire car elle s’annonce très disputée. Les sélections en lice ne manquent pas de talent et me paraissent bien équilibrées. Naturellement, c’est un avantage de jouer si près de chez nous. Nous espérons que nos supporters viendront nombreux pour encourager nos joueuses et notre équipe.

Compte tenu de leur palmarès, deux titres mondiaux et quatre médailles d’or olympiques, les États-Unis sont considérés comme le “Brésil du football féminin”. Vous savez que tout le monde vous attend au tournant. J’étais en Allemagne en 2011 pour voir la meilleure équipe s’incliner aux tirs au but en 24

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finale. Notre dernier succès en Coupe du Monde remonte déjà à 16 ans. Une si longue attente entraîne des responsabilités. Cette fois, nous sommes prêtes. Nous avons faim de titres. Cette édition 2015 va marquer toutes les jeunes filles qui considèrent Alex Morgan, Lauren Holiday, Carli Lloyd et Abby Wambach comme autant de modèles. Cette génération n’a pas connu les championnes du monde 1999. Nous commençons à voir arriver la génération 99, c’est-à-dire les jeunes filles nées en 1999, dans nos programmes de formation nationaux. Il y a toute une génération qui n’a pas vécu l’euphorie d’un sacre mondial. L’Allemagne, le Japon et beaucoup d’autres équipes ont tiré les bénéfices de la Coupe du Monde 2011. Le grand rendez-vous mondial reste une formidable caisse de résonnance. Ce serait absolument fabuleux de remporter cette compétition.

“Nous avons un accord. Wambach est prête à assumer n’importe quelle fonction.”

un groupe très compétitif, qui risque de nous pousser dans nos retranchements, notamment sur le plan athlétique. Nous sommes conscientes qu’il faudra aborder le premier match avec beaucoup de sérieux et miser sur nos points forts pour accéder à la suite du tournoi. Nous ne pourrons certainement pas nous permettre de prendre les rencontres à la légère, en espérant nous économiser pour les matches à élimination directe. D’entrée, nous devrons évoluer à notre meilleur niveau.

Ressentez-vous les effets de la pression, à quelques semaines du coup d’envoi ? Je suis préparée. Je travaille depuis plusieurs années avec la Fédération américaine de football et je sais ce que l’on attend de moi. Que l’on parle d’une sélection de jeunes ou de l’équipe nationale, les ambitions sont toujours très élevées. Je crois sincèrement que je ne me suis jamais fait d’illusions. Je m’attendais à cette situation. J’ai eu la chance de travailler à l’université de Californie à Los Angeles, où j’ai rencontré John Wooden, le célèbre entraîneur de basket. Je débutais dans le métier à l’époque et je lui ai demandé : “Comment gérer la pression ?” Il m’a répondu : “Il faut l’accepter.” En prenant ce poste, je savais ce qu’il en était. Finalement, c’est plutôt une bonne chose car une Coupe du Monde représente un objectif concret, sur lequel on peut travailler.

Certains observateurs considèrent le Groupe D (États-Unis, Suède, Nigeria et Australie) comme le plus relevé de ce premier tour. Rejoignez-vous ces opinions ?

On parle beaucoup du cas d’Abby Wambach. Durant toutes ces années, votre attaquante ne s’est pas ménagée. Elle a parcouru un nombre incroyable de kilomètres. Comment comptezvous l’utiliser ?

Si l’on part battu d’avance, c’est forcément le groupe de la mort. Mais nous ne sommes pas dans cet état d’esprit. C’est effectivement

Abby va jouer un rôle essentiel dans notre parcours, sur le terrain comme en dehors. Elle nous apporte son immense expérience,

corbis

Selon vous, qu’est-ce qui fait des États-Unis un candidat au titre suprême ?


L A SÉLEC TIONNEUSE AMÉRICAINE JILL ELLIS

Nom Jillian Ellis Date et lieu de naissance 6 septembre 1966, Portsmouth (Angleterre) Équipes entraînées 2000, 2005 États-Unis U-21 2007, 2009–2010 États-Unis U-20 2008, 2011–2012 États-Unis (adjointe) Depuis 2010 directrice du développement de l’USSF 2012, 2014 États-Unis (intérim) 2014– États-Unis Principaux succès Allemagne 2000, victoire en Coupe Nordique (tournoi U-21) Pékin 2008, médaille d’or olympique (sélectionneuse adjointe) 2010 Championne de la CONCACAF U-20

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Minutie Jill Ellis et l’équipe des États-Unis en septembre 2014. À gauche, l’attaquante Sydney Leroux.

Comment va Alex Morgan après sa blessure ? Elle est longtemps restée éloignée des terrains, a fait son retour et s’est de nouveau blessée à la cheville dans un match de qualification. Elle a vécu des moments difficiles. Maintenant, elle est de nouveau apte à jouer. Elle a retrouvé toute sa mobilité et son aisance balle au pied. Elle a retrouvé son niveau dans tous les secteurs. J’ai dit à Alex qu’il ne lui restait plus qu’à être dans la forme de sa vie cet été au Canada. 26

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Hope Solo a elle aussi fait son grand retour au sein du groupe. Comment l’avez-vous trouvée avant la Coupe de l’Algarve ? Même lorsqu’elle était suspendue, nous sommes restées en contact. Je suivais de près son entraînement. Je suis très satisfaite, car elle a travaillé durement. Quand elle est revenue pour préparer la Coupe de l’Algarve avec nous, elle a affiché une concentration extraordinaire dès le premier jour. Ça faisait longtemps que je ne l’avais plus vue en si bonne forme. Elle a réussi à s’entraîner et à recharger ses batteries simultanément. Elle a signé de belles performances au Portugal. J’ai trouvé qu’elle s’était améliorée au fil des rencontres. En finale, elle a livré une prestation de très haut niveau.

À votre avis, quelles équipes ont les meilleures chances de l’emporter au Canada ? La concurrence s’annonce plus rude que jamais. Pour commencer, je ne commettrai certainement pas l’erreur de sous-estimer le

Japon, champion du monde en titre. Il se prépare très sérieusement. La France est présente depuis plusieurs années dans les grands rendez-vous. L’Allemagne et la Suède ont déjà prouvé qu’il fallait toujours compter avec elles. N’oublions pas non plus le Canada, qui aura l’avantage du terrain. Le Brésil possède lui aussi des atouts. Les dirigeants ont beaucoup investi dans la formation. Ils ont monté une équipe équilibrée, qui peut tout à fait remporter ce tournoi. À l’exception peutêtre d’une ou deux équipes, tout le monde peut battre tout le monde à ce niveau. C’est la forme du moment qui fera la différence.

Depuis votre passage à l’université, le football féminin a énormément progressé. À quoi attribuez-vous cette évolution ? Le football est devenu un sport féminin à part entière. La Coupe du Monde 2011 a été une excellente vitrine. Grâce à l’intérêt des médias, notre discipline est devenue très populaire. Les fédérations ont beaucoup

Rick Bowmer / Keysrone / AP

ses qualités exceptionnelles et son sens du but. On pourrait dire beaucoup de choses à son sujet. Nous avons un accord et elle est prête à assumer n’importe quelle fonction pour le bien de l’équipe. C’est une professionnelle. Qu’elle soit titulaire ou remplaçante, je sais que je peux compter sur elle. Abby est une pièce importante, mais nous miserons aussi sur d’autres joueuses. Au bout du compte, si nous voulons aller en finale, nous aurons sept matches à disputer.


L A SÉLEC TIONNEUSE AMÉRICAINE JILL ELLIS

investi dans le football féminin. C’est un produit fantastique. Il propose aux gens un spectacle intéressant et appréciable. En 2011, la discipline a franchi un palier très important : techniquement, tactiquement et physiquement, nous avons assisté à des progrès phénoménaux. Si vous interrogez les joueuses sur l’évolution du jeu depuis 2011, elles vous répondront certainement que tout a changé ou presque. Aujourd’hui, le football féminin a pris une dimension athlétique phénoménale.

Selon vous, dans quelle mesure les autres pays ont-ils progressé au cours des 20 ou 25 dernières années ? L’écart entre les États-Unis et les autres équipes est désormais inexistant. Il suffit de voir les footballeuses exceptionnelles qui évoluent dans d’autres sélections ou la Joueuse Mondiale de l’Année pour s’en convaincre. La discipline s’est mondialisée, ce qui a permis aux footballeuses les plus talentueuses de devenir de véritables stars dans leur pays. Les États-Unis avaient une certaine avance au départ, mais le fait que nous n’ayons plus remporté la Coupe du Monde depuis seize ans témoigne des progrès réalisés par les autres nations. De nos jours, on ne voit plus guère de victoires sur des scores fleuves, 10:0 ou 6:0.

Quel est l’aspect le plus dur de votre métier ? Le défi consiste à rassembler les meilleures joueuses et à les faire évoluer ensemble.

Il faut donc trouver un moyen de créer un collectif à partir d’excellents éléments individuels. Tout le monde doit tirer dans le même sens. J’ai accepté ce poste parce que je me sentais capable de relever ce défi et de gagner la Coupe du Monde.

À l’inverse, quel est l’aspect le plus plaisant ? J’ai le privilège de travailler avec de grandes championnes et d’entraîner une grande équipe. C’est une chance incroyable. En devenant entraîneuse, c’est ce dont je rêvais. En ce moment, je réalise toutes mes ambitions. J’adore les stages. J’aime le travail au quotidien, les échanges d’idées, les rencontres et les discussions avec mes adjoints. Mais au bout du compte, il faut que les résultats soient au rendez-vous. Je crois que les entraîneurs ne vivent que pour le match. On se retrouve au cœur des événements, on sent monter l’adrénaline, on tente d’arracher la victoire… C’est la partie du métier qui procure le plus de plaisir. J’apprécie aussi beaucoup la préparation. Je trouve passionnant de tenter de déchiffrer le jeu d’une équipe. Toutes les facettes de cette profession me fascinent. Quand je me suis lancée dans cette carrière, mon père m’a dit : “Si tu trouves quelque chose que tu aimes vraiment faire, ce n’est pas un travail. Naturellement, tu y passeras un grand nombre d’heures, mais si tu crois vraiment en ce que tu fais, ça s’appelle de la passion.” Å

L’expérience pour un titre mondial ? Ellis en conversation avec Lauren Holiday, 120 sélections.

corbis

Coupe du Monde Féminine FIFA, Canada 2015 Groupe D USA Australie Suède Nigeria

8 juin 2015, Winnipeg: 8 juin 2015, Winnipeg: 12 juin 2015, Winnipeg: 12 juin 2015, Winnipeg: 16 juin 2015, Vancouver: 16 juin 2015, Edmonton:

Suède – Nigeria USA – Australie Australie – Nigeria USA – Suède Nigeria – USA Australie – Suède

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Š2014 FIFA TM

6 juin - 5 juillet


C O M P T E À R E B O U R S C A N A DA 2015 : E N C O R E 71 J O U R S

La Monnaie royale lance des pièces de collection Les fans pourront bientôt mettre la main sur une série de pièces de collection commémorant la Coupe du Monde Féminine au Canada. Les pièces de monnaie seront disponibles environ deux mois avant le match d’ouverture, avec des pièces en argent fin et en or pur incluses dans la collection.

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La Monnaie lance un éventail impressionnant de pièces de collection pour célébrer la tenue au Canada de la Coupe du Monde Féminine 2015 : une pièce de 20 $ en argent fin vendue à sa valeur nominale et conçue par l’artiste Joel Kimmel ; quatre pièces de 10 $ en argent fin conçues par l’artiste Greg Banning illustrant les thèmes “La tireuse”, “Jeu de tête”, “La gardienne de but” et “Célébration” ; deux pièces de 10 $ en argent fin colorées aux motifs créés par Greg Banning : “Le Canada accueille le monde” et “Allez, Canada !” ; trois pièces de 75 $ en or pur : “Le ballon de football” et “Le match de championnat” conçues par Tony Bianco ainsi que “Le trophée”, oeuvre de Glen Green. “Nous sommes heureux de voir ce temps fort de l’histoire du beau jeu canadien immortalisé grâce aux pièces de collection de la Monnaie royale canadienne”, a affirmé Victor Montagliani. “Cette initiative va certainement encourager la jeune génération à s’impliquer dans le sport.” Å tfw

the Royal Canadian Mint

ictor Montagliani, président du Comité organisateur et président de Canada Soccer, ainsi que les joueuses Josée Bélanger, Nkem Ezurike, Selenia Iaccheli et Emily Zurrer, ont participé à la cérémonie de présentation lors de deux événements distincts le 18 mars, l’un se déroulant à Vancouver, l’autre à Moncton, à plus de 4 000 kilomètres de distance. “La FIFA a accordé à la Fédération canadienne de football le privilège d’accueillir le plus important championnat de football féminin du monde. Aujourd’hui, nous sommes honorés que ce grand moment de l’histoire du sport au Canada soit immortalisé sur des pièces de collection produites par la Monnaie royale canadienne”, a indiqué Victor Montagliani. “À mesure que le football gagne en popularité partout au Canada, tant parmi les joueurs que les supporters, je suis convaincu que ces pièces contribueront à inciter toute une nouvelle génération de filles et de femmes à s’investir dans ce sport.”

ENCORE 71 JOURS

T H E F I FA W E E K LY

29


Chaque rĂŞve commence par un coup d'envoi. Inspirez sa passion. Utilisez votre carte Visa pour acheter des billets de la Coupe du Monde FĂŠminine de la FIFAMC.


TRIBUNE

COUP DE PROJEC TEUR

INFORMATIONS GÉNÉR ALES Pays : Djibouti Trigramme FIFA : DJI Continent : Afrique Capitale :

Chair de poule

Djibouti

INFORMATIONS GÉOGR APHIQUES Superficie :

Alan Schweingruber

C

es derniers jours, on a énormément parlé dans toute l’Europe de l’impressionnant spectacle que nous a offert l’éclipse partielle de soleil. Dès le matin, les smartphones se sont mis à sonner un peu partout, dans les bureaux, sur les terrasses des cafés, dans les supermarchés. “Oui, oui, j’ai mes lunettes avec moi.” “Pas le temps, chérie, je serai en réunion.“ ”Ne regarde pas à travers un CD, ma puce, c’est dangereux !” (oui, il y a encore des enfants qui savent ce qu’est un disque compact). Un vieux copain de football a lui aussi appelé. Âgé d’environ 45 ans, il évolue depuis 40 ans au poste d’arrière gauche. “Ça file la chair poule”, a-t-il hurlé dans son téléphone pour décrire l’ambiance étrange qui régnait dans les rues. J’ai donc jeté un œil par la fenêtre. La lumière blafarde dessinait en effet des ombres surprenantes. J’ai aussi aperçu une vielle dame voûtée sur sa canne. On se serait presque cru dans un film de zombies. Mais ce n’est rien en comparaison de ce qui s’est passé ce jour-là, le 20 mars, à Spitzberg en Norvège, pays de Martin Ødegaard, le petit prodige du football. Là-bas, le soleil a entièrement disparu derrière la lune pendant plus de deux minutes et un vent froid est tombé sur cette île de l’Atlantique Nord, alors plongée dans l’obscurité totale. Ce phénomène naturel a cependant lui-même été éclipsé par un ours polaire qui s’est introduit dans la tente de touristes aventureux campant au mauvais endroit. Pris de panique, les visiteurs ont sorti leur pistolet pour chasser l’animal. Aujourd’hui,

l’ours polaire est mort, abattu par un employé du gouverneur. Mon vieux copain de football, lui, ne possède pas d’arme. De toute façon, ses excursions se limitent à celles nécessitant d’emmener dans sa valise un simple pyjama en flanelle. Il lui arrive néanmoins de se rendre de temps à autre à l’étranger pour assister à un match, auquel cas il réserve une chambre dans un hôtel de standing. C’est ce qui s’est produit il y a environ deux semaines. Avant le match, il m’a appelé depuis sa chambre : “Ça file la chair de poule”, a-t-il chuchoté dans son téléphone avant de décrire les sons qu’il entendait derrière le mur. Il s’est avéré plus tard qu’il ne s’agissait là que du bruit des ascenseurs. Le client a malgré tout pu changer de chambre, ce qui ne l’a pas pour autant aidé à mieux dormir. On était un vendredi 13. La prochaine éclipse totale de soleil visible depuis l’Europe aura lieu le 12 août 2026. En Islande, le soleil disparaîtra alors pendant deux longues minutes. L’occasion d’aller se rafraîchir sous les latitudes nordiques... à condition bien sûr de ne pas planter sa tente dans une crique où des ours polaires affamés viennent de temps à autre accoster, perchés sur un morceau de banquise. Å

23 200 km² Point culminant : Mousa Alli 2 028 m Façade maritime : Mer Rouge, Océan Indien

FOOTBALL MASCULIN Classement FIFA : 206e position Coupe du Monde : –

FOOTBALL FÉMININ –

DERNIERS RÉSULTATS Hommes : Rwanda - Djibouti 5:2 2 décembre 2011 Foot. féminin : Kenya - Djibouti 7:0 26 mars 2006

INVES TISSEMENTS DE L A FIFA La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly

Depuis 2000 : 2 491 185 USD T H E F I FA W E E K LY

31


LE MIROIR DU TEMPS

T

H

E

N

entre Nottingham et Birmingham, Angleterre

1978

DUKAS / REX

Les joueurs de Nottingham Forest en route pour Birmingham : “We’ve got the Whole World in our Hands.”

32

T H E F I FA W E E K LY


LE MIROIR DU TEMPS

N

O

W

entre Rio de Janeiro et Fortaleza, Brésil

2014

Ricardo Stuckert / CBF

Ambiance de carnaval dans le vol à destination de Fortaleza avant le match de groupe de la Coupe du Monde contre le Mexique.

T H E F I FA W E E K LY

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© 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.

THERE WILL BE ATERS


L’A R T D U F O O T B A L L

Dans les airs

LE S DÉC L AR AT IONS DE L A SEM AINE

“C’était comme nager avec des vêtements mouillés.” Fernando Torres (Atlético Madrid) revient sur son passage à Chelsea

Ronald Düker

“Shinji est quelqu’un qui bouge très bien dans des zones très difficiles, entre les deux lignes de quatre adverses. Il est comme une saucisse dans un sandwich, parce que les joueurs arrivent des deux côtés.” Jürgen Klopp (Dortmund) à propos de Shinji Kagawa

T. Lux Feininger / Bauhaus-Archiv Berlin

S

euls les aveugles et les ignorants ne savent pas que les plus grands artistes de notre époque sont les photographes du sport, même si ces derniers ne se considèrent pas comme tels. Ils ont prouvé que le football, le plus beau jeu du monde, défiait toutes les lois de la physique, à commencer par celles de la pesanteur. La photo de T. Lux Feininger “Saut au-dessus du Bauhaus” l’illustrait déjà en 1928. Des milliers d’images de presse prises au bord du terrain l’ont confirmé depuis lors : les footballeurs volent. À son époque, on disait de l’attaquant Jürgen Klinsmann (un exemple parmi tant d’autres) qu’il était capable de s’élever dans les airs. Les photos immortalisent les moments décisifs. Ces instants où les joueurs n’ont plus les pieds au sol et se retrouvent parfois presque à l’horizontale dans le ciel en espérant intercepter le centre et envoyer immédiatement le ballon dans les filets d’un coup de tête. Ce sont des clichés magiques, qui s’inscrivent dans la lignée de grandes traditions iconographiques : la Descente de Croix du peintre maniériste Jacopo da Pontormo, le Jugement dernier peint sur l'abside de la Chapelle Sixtine par Michel-Ange, les anges de Marc Chagall... Ils mettent en scène le rêve métaphysique de l’apesanteur, le dépassement du corps

pour une plus grande idée ou un état physique extrême. Si les personnes qui ont frôlé la mort parlent de sensation de flottement ou d’envol, c’est parce que la conscience, où qu’elle parte, est toujours au-dessus des considérations physiques et va au-delà des limites du corps. À quoi un footballeur qui a inscrit de la tête le but de la victoire dans une finale peut-il bien rêver ? Reste-t-il dans les airs pour l’éternité, comme si la pesanteur n’avait plus d’effet sur lui ? Remercie-t-il le ciel de ne pas avoir sauté trop haut et d’avoir trouvé le juste milieu à l’instar de Dédale, alors qu’Icare chutait lourdement dans les flots en raison de ses excès ? Le footballeur gardera peut-être en mémoire jusqu’à la fin de ses jours cet instant, immortalisé par un photographe. Å

“Il y a quelques mois encore, je voulais tout arrêter. J’en avais assez, mais ma femme ne l’a pas entendu de cette oreille. Elle s’est vraiment mise en colère contre moi parce qu’elle estimait que je me dégonflais. Elle m’a dit que je lui devais bien de continuer encore un peu, parce que ça faisait 15 ans qu’elle allait aux quatre coins du monde pour moi.” L’attaquant Joel Griffiths, actuellement en pleine forme avec Wellington Phoenix, au sujet de sa retraite reportée

“C’est comme comparer une Ferrari à une Lamborghini. Cristiano peut déchirer ta défense si tu lui laisses le moindre espace et Messi est capable de créer une occasion de but avec encore moins d’espace.” Shkodran Mustafi, FC Valence

“Je recommande à tous ceux qui viennent à Manchester d’aller visiter la Whitworth Art Gallery. J’y suis allé il y a quelques jours et j’ai été très surpris par certaines œuvres de Cai Guo-Qiang, qui utilise de la poudre à canon pour ses dessins.” Juan Mata, Manchester United T H E F I FA W E E K LY

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FIFA PARTNER


LE TOURNANT

“Le football m’a permis d’oublier les cauchemars de la guerre” L’attaquant argentin Gustavo De Luca est parvenu à retrouver le chemin des terrains malgré une expérience traumatisante pendant la guerre des Malouines.

Javier Pierini

C

’était la première fois en 17 années que j’acceptais une telle invitation. C’était en 1999 et j’assistais à un dîner qui allait changer ma façon de voir les choses pour toujours. Nous étions environ 60 personnes et nous avions tous combattu dans la guerre des Malouines contre le RoyaumeUni en 1982, alors que nous n’avions que 18 ou 19 ans. Je n’avais jamais voulu répondre à ce genre d’invitations, probablement parce qu’un psychologue m’avait conseillé d’éviter ces rencontres si je voulais effacer de ma mémoire tout ce que j’avais vécu pendant cette horrible guerre. Mais j’ai fini par céder. Je voulais savoir ce que mes compagnons d’armes étaient devenus. Nous étions donc tous réunis à parler des 17 dernières années de notre vie. Ces hommes étaient d’anciens soldats et ils parlaient comme tels. En ce qui me concerne, même si j’avais combattu à leurs côtés, je ne me considérais pas comme un ancien soldat. J’étais un ancien footballeur. C’est donc dans cet état d’esprit que je me trouvais quand ils ont commencé à me raconter leurs histoires. “Gustavo, je n’arrive pas à dormir plus de quatre heures par nuit”, m’a dit l’un d’entre eux. “Quand j’entends le bruit d’un avion, je plonge me réfugier sous une table parce que je crois toujours qu’une bombe va être larguée”, a surenchéri un autre. Ils n’avaient toujours pas surmonté le traumatisme d’un conflit vieux de 17 ans. “Je vais bien, j’ai fait quelque chose de ma vie et j’ai laissé la guerre derrière moi”, me répétais-je en les entendant parler de leurs addictions et de leurs troubles du sommeil. Eux n’avaient pas eu la chance d’être soutenu par un ami psychologue. Moi, si.

Cet ami m’avait dit de reprendre le fil de ma vie et c’est ce que j’ai fait. Avant la guerre, j’évoluais dans les équipes de jeunes de River Plate, au poste d’attaquant. Cette nuit-là, assis à une table avec tous ces hommes, je me suis souvenu de la manière dont le club m’avait rejeté à mon retour, à la fin de l’année 1982. Je suis donc allé jouer dans d’autres équipes, comme Nueva ­Chicago et All Boys. J’avais décidé de devenir footballeur à tout prix. Après un passage à Douglas Haig, je suis parti aux Santiago Wanderers, au Chili. Ce pays avait aidé le Royaume-Uni aux Malouines, mais à cette époque, ça m’était franchement égal. Je voulais jouer au football, rien d’autre. J’ai finalement passé dix ans au Chili et aujourd’hui encore, les gens se souviennent de moi. J’ai notamment été sous les ordres de Manuel Pellegrini à O’Higgins. Il avait fait de moi son capitaine. Cette nuit et ce dîner en 1999 m’ont en tout cas permis de réaliser que le football m’avait sauvé la vie et permis d’oublier les cauchemars de la guerre. Propos recueillis par Federico Bassahun et Ben Lyttleton

Nom Gustavo De Luca Date et lieu de naissance 13 février 1962, San Fernando, Argentine Poste Attaquant Parcours de joueur (1982 - 1996) Nueva Chicago, All Boys, Talleres de Remedios de Escalada, Douglas Haig (Argentine), Santiago Wanderers, Cobreloa, Deportes La Serena (Chili), Baden (Suisse), O’Higgins, Colo-Colo (Chili), Alianza Lima (Pérou), Regional Atacama, Deportes Temuco, Santiago Wanderers, Everton (Chili)

Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. T H E F I FA W E E K LY

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CLASSEMENT MONDIAL FÉMININ

Leader Entrées dans le Top 10 Sorties du Top 10 Nombre total de matches disputés Équipes avec le plus grand nombre de matches Plus grande progression en termes de places Plus grand recul en termes de places Nouvelles entrées dans le classement Sorties du classement P osition Équipe

+/- Points

Allemagne (inchangé) aucune aucune 140 RP Chine, Mexique (9 matches chacune) Portugal (38e, plus 4 places) Hong Kong (75e, moins 8 places) 6 (Ouzbékistan, Iran, Émirats arabes unis, Géorgie, Liban, Dominique) 1 (Indonésie)

P osition Équipe

+/- Points

P osition Équipe

Dernière mise à jour : 27 mars 2015 +/- Points

P osition Équipe

+/- Points

1 Allemagne

0 2168

51 Paraguay

-1 1459

101 Singapour

-1 1177

RD Congo **

2 États-Unis

0 2158

52 Ghana

-2 1458

101 Îles Cook

-1 1177

Samoa **

1110

3 France

0 2103

53 Cameroun

-1 1455

103 Lettonie

-4 1173

Arménie **

1104

4 Japon

0 2066

54 Jordanie

2 1452

104 Éthiopie

-2 1153

Samoa américaines **

1075

5 Suède

0 2008

55 Inde

-2 1425

105 Suriname

-2 1152

Guinée **

1063

6 Angleterre

0 2001

55 Guinée équatoriale

-1 1425

105 Honduras

-2 1152

Érythrée **

1060

7 Brésil

1 1984

57 Israël

-2 1424

105 Malte

0 1152

Gabon **

1031

8 Canada

1 1969

58 Iran

108 Luxembourg

-3 1146

Ouganda **

965

8 RDP Corée

-1 1969

59 Croatie

0 1415

109 Népal

-2 1115

Guinée-Bissau **

927

10 Australie

0 1968

60 Afrique du Sud

0 1413

110 Nicaragua

-2 1111

Syrie **

927

11 Norvège

1 1933

61 Pérou

-4 1412

111 Porto Rico

-2 1108

Irak **

882

12 Pays-Bas

-1 1919

62 Turquie

-4 1411

111 Chypre

-1 1108

Mozambique **

873

13 Italie

1 1875

63 Haïti

-2 1397

113 Géorgie

14 Espagne

1 1867

64 Slovénie

-2 1391

114 ARY Macédoine

1420

1132

1099

Koweït **

870

-3 1092

Malawi **

840

15 Danemark

1 1848

65 Venezuela

-1 1380

115 Namibie

-3 1039

Curaçao **

16 RP Chine

-3 1847

66 Irlande du Nord

-3 1376

116 St-Vincent-et-les-Grenadines

-3 1000

Sierra Leone *

1132

831

17 Nouvelle-Zélande

1 1832

67 Côte d’Ivoire

-2 1373

117 Sainte-Lucie

-2

991

Burkina Faso *

1038

18 République de Corée

-1 1830

68 Grèce

1 1364

118 Zambie

-4

989

Grenade *

1029

19 Suisse

0 1813

69 Panamá

-3 1363

119 Bangladesh

-3

987

Rwanda *

996

20 Islande

0 1812

70 Uruguay

-3 1361

120 Sri Lanka

-3

968

Barbade *

979

21 Écosse

0 1795

71 Bosnie-et-Herzégovine

0 1358

121 Saint-Kitts-et-Nevis

-3

956

Macao *

922

22 Russie

-1 1783

72 Kazakhstan

-2 1354

122 Liban

949

Liberia *

877

23 Ukraine

1 1772

73 Émirats arabes unis

123 Bermudes

-4

943

Îles Vierges britanniques *

867

24 Finlande

-1 1770

74 Jamaïque

-2 1352

124 Tanzanie

-3

940

Kenya *

855

25 Mexique

0 1748

75 Hong Kong

-8 1347

125 Maldives

-5

938

Îles Vierges américaines *

852

26 Autriche

1 1711

76 Bulgarie

-3 1343

126 Pakistan

-4

926

Andorre *

791

27 Belgique

-1 1700

77 Estonie

-3 1339

127 Dominique

906

Comores *

761

28 Colombie

0 1692

78 Albanie

-3 1330

128 Afghanistan

-5

889

Madagascar *

714

29 Thaïlande

2 1654

79 Algérie

-2 1321

129 Qatar

-5

864

Turks et Caicos *

704

29 République tchèque

1 1654

80 Maroc

-2 1316

130 Îles Caïmans

-5

849

31 République d’Irlande

-2 1653

81 Tunisie

-2 1314

131 Swaziland

-5

836

32 Pologne

3 1644

82 Philippines

-2 1309

131 Lesotho

-4

836

1353

33 Nigeria

-1 1633

83 Guatemala

-1 1300

133 Belize

-5

825

34 Vietnam

0 1630

84 Tonga

-1 1299

134 Bhoutan

-5

778

35 Pays de Galles

-2 1629

85 Îles Féroé

-1 1295

135 Antigua-et-Barbuda

-5

767

36 Argentine

0 1621

86 Guam

-1 1287

136 Aruba

-5

758

37 Costa Rica

0 1589

86 Bahreïn

-5 1287

137 Botswana

-5

38 Portugal

4 1578

88 Égypte

-1 1272

Azerbaïdjan **

737 1341

39 Chinese Taipei

1 1572

89 Malaisie

-1 1269

Indonésie **

1330

40 Hongrie

-1 1566

90 Laos

-4 1267

Fidji **

1306

40 Roumanie

-2 1566

91 Sénégal

-2 1259

Guyana **

1256

42 Chili

-1 1559

92 Lituanie

-2 1231

Congo **

1238

43 Myanmar

1 1541

1238

93 Monténégro

-2 1219

Tahiti **

94 Bolivie

-2 1217

Îles Salomon **

1195

-2 1531

95 République dominicaine

-2 1207

Nouvelle-Calédonie **

1188

46 Slovaquie

1 1500

96 Cuba

-2 1206

Bénin **

1187

47 Trinité-et-Tobago

-2 1489

97 Mali

-1 1197

Moldavie **

1177

48 Équateur

-2 1485

98 Zimbabwe

-3 1196

Vanuatu **

1139

49 Belarus

0 1475

99 Palestine

-3 1192

Kirghizistan **

1136

50 Papouasie-Nouvelle-Guinée

-2 1472

100 Salvador

-2 1184

Angola **

1134

44 Ouzbékistan 45 Serbie

1540

http://fr.fifa.com/fifa-world-ranking/ranking-table/women

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T H E F I FA W E E K LY

** Les équipes n’ayant pas joué depuis plus d’un an et demi n’apparaissent pas dans le classement. * Équipes provisoirement déclassées pour ne pas avoir joué plus de cinq matches contre des équipes officiellement classées.


PUZZLE

Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

Président Joseph S. Blatter

1

5 3

Secrétaire Général Jérôme Valcke

9

1

6

6

2

6

Conception artistique Catharina Clajus

1

4

7 4

1 3

7 4

2

5

4

9

6

3

1

5

5 3

MOYEN

Collaborateurs réguliers Ronald Düker, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Andreas Jaros, Jordi Punti, Thomas Renggli, David Winner, Roland Zorn

6 7

Ont contribué à ce numéro Federico Bassahun, Jonah Fontela, Emanuele Giulianelli, Michael Lewis, Ben Lyttleton, Bruno Sassi, Stephen Sullivan Assistantes de rédaction Alissa Rosskopf, Honey Thaljieh

5

4

6

9

Responsables de projet Bernd Fisa, Christian Schaub

3

2 3

Production Hans-Peter Frei

3

1

5

6 8

5

2

1

7

6

9

3

9

2 3

5

4

7

DIFFICILE

8

4

2 7

Contact feedback-theweekly@fifa.org

7

Internet www.fifa.com/theweekly

Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.

3

7

Correction Nena Morf (responsable), Martin Beran, Kristina Rotach

La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2015”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse.

9

2

Service photo Peggy Knotz, Andres Wilhelm (adjoint)

Impression Zofinger Tagblatt AG

4

9

Rédaction Alan Schweingruber (rédacteur en chef adjoint), Sarah Steiner

7 1

2

Rédacteur en chef Perikles Monioudis

Traduction www.sportstranslations.com

8 2

Directeur de la Communication et des Affaires publiques Walter De Gregorio

Mise en page Richie Krönert (responsable), Tobias Benz, Susanne Egli

8

FACILE

8

9

3

9

7

5

6

6 5

4 6

1

7

3

5

5 2

6

1 7

7 4

T H E F I FA W E E K LY

Puzzles courtesy: opensky.ca/sudoku

Éditeur FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Téléphone +41-(0)43-222 7777, Fax +41-(0)43-222 7878

Le but du jeu est de remplir la grille avec des chiffres de 1 à 9, qui ne se trouvent jamais plus d’une fois dans la même ligne, la même colonne ou le même carré de 3x3.

39


R É S U LTAT S D U D E R N I E R S O N DAG E

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

Quel match amical êtes-vous le plus impatient de suivre ?

Quel quart de finale de Ligue des champions est le plus excitant ?

43+25+1664 14 38 700 6%

6%

· Paris Saint-Germain - FC Barcelone · Atlético Madrid - Real Madrid · Juventus Turin - Monaco · FC Porto - Bayern Munich

4%

Pour voter, rendez-vous sur : FIFA.com/newscentre

43%

16%

Source : Fifa.com

25%

≠ France - Brésil ≠ Pays-Bas - Espagne ≠ Italie - Angleterre ≠ Allemagne - Australie ≠ Suisse - USA ≠ Suède - Iran

Finale de la Coupe d’Europe 1987 Paulo Futre (en h., FC Porto) au duel avec Hans-Dieter Flick (Bayern Munich).

secondes, c’est le temps qu’a passé Steven Gerrard sur le terrain lors du match qui opposait Liverpool à Manchester United. L’ancien capitaine de la sélection anglaise, entré au jeu en deuxième mi-temps, a écopé d’un carton rouge après moins d’une minute : un record en Premier League. Jamais un remplaçant n’avait été exclu aussi rapidement.

victoires en Bundesliga sont désormais gravées au palmarès du Borussia Dortmund. Les Westphaliens ont écrit cette nouvelle page de leur histoire à Hanovre. Le BVB n’est que la cinquième équipe allemande à avoir franchi cette barre symbolique. Il rejoint ainsi le Bayern Munich, le Werder Brême, le Hambourg SV et le VfB Stuttgart.

secondes ont suffi à Levan Mchedlidze pour marquer son premier but avec Empoli. Il s’agit du but le plus rapide inscrit par un remplaçant en Serie A ces dix dernières années. La réalisation est tombée précipitamment ce jour-là, mais Mchedlidze attendait cette délivrance depuis longtemps : l’attaquant n’avait plus trouvé le chemin des filets en Serie A depuis octobre 2008.

imago (3), Getty Images

LA SEMAINE EN CHIFFRES


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