The FIFA Weekly Edition #30

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N o 30/2015, 31 JUILLET 2015

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904

TRANSFERTS APRÈS TRENTE ANS

DERNIÈRE AVENTURE JAPON NOUVEAU DÉPART POUR LES KASHIMA ANTLERS

SEPP BLATTER LA PHASE FINALE DOIT RESTER EXCLUSIVE

DRIBBLES QUAND LE JEU DEVIENT DANSE

W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

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Bulgarie L’histoire de Ludogorets Razgrad, qui enchaîne les triomphes depuis son accession à l’élite, ressemble à un véritable conte de fées.

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S epp Blatter “Quand on voit avec quelle détermination, ardeur et réussite le Comité d’Organisation russe s’emploie, trois ans avant le début de la Coupe du Monde de la FIFA™, on ne peut en douter un seul instant : pour la Russie, seul le meilleur est assez bon”, écrit le Président de la FIFA dans son billet hebdomadaire.

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Amérique du Nord et Centrale 35 membres www.concacaf.com

Dernière aventure Changer de club lorsqu’on a plus de 30 ans est un pari risqué. Mais une dernière aventure à l’étranger peut parfois donner des ailes. Trois auteurs présentent ainsi certains des plus vieux joueurs d’Europe partis donner un second souffle à leur carrière.

Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com

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Robert Pirès À 41 ans, le Français n’a toujours pas l’intention de raccrocher les crampons.

Le tournant Héroïne nationale après un but de la tête : l’Islandaise Dagny Brynjarsdottir raconte comment sa vie a changé.

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Gestes techniques Les plus belles feintes de l’histoire du football.

Dernière aventure Notre photo de couverture montre Bastian Schweinsteiger à 30 ans. L’image a été prise en Allemagne en 2014.

The FIFA Weekly App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues. Il est également disponible gratuitement pour votre smartphone ou tablette. http://fr.fifa.com/mobile 2

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2015 CONCACAF Gold Cup Final

Coupe du Monde U-17

Jamaïque – Mexique 1:3, 26 juillet 2015

17 octobre – 8 novembre 2015, Chili

imago (3), Vipul Rege

Niko Schmid-Burgk @ Schierke Artists


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 54 membres www.uefa.com

Afrique 54 membres www.cafonline.com

Asie 46 membres www.the-afc.com

Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com

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Japon Grâce à leur nouvel entraîneur, les Kashima Antlers ont retrouvé le chemin de la victoire.

Russie 2018 La route vers la prochaine Coupe du Monde de la FIFA™ est tracée. Une analyse après le tirage au sort de Saint-Pétersbourg.

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Š 2015 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.

# B E T H E D I F F E R E N C E


À DÉCOUVERT

Le chant du cygne L

a vie n’attend pas. C’est particulièrement vrai pour les footballeurs qui, à l’image des danseurs étoiles, subissent une pression de plus en plus forte à partir de leur 35e anniversaire au plus tard. Dans d’autres corps de métier, c’est l’âge où l’on commence à atteindre les sommets. En football, on est généralement considéré par les grands clubs comme trop vieux pour rendre encore des services. À condition d’éviter les blessures et de ne pas se montrer trop regardant sur le niveau de sa nouvelle équipe, un joueur de classe mondiale “sur le retour” peut pourtant s’offrir une “dernière aventure” et entamer dignement son chant du cygne. Nos collaborateurs habituels Sven Goldmann (Berlin), David Winner (Londres) et Jordi Punti (Barcelone) se sont penchés sur ce qui pourrait être le dernier chapitre de la carrière de Bastian Schweinsteiger, Xavi ou Frank Lampard. Å

Mario Wagner / 2Agenten

Perikles Monioudis

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TR ANSFERTS EN EUROPE

TOUJOURS SOIF DE DÉFIS Après 30 ans, un transfert doit être une décision mûrement réfléchie. Ce qui n’empêche pas certains joueurs âgés de se voir pousser des ailes lors d’une dernière aventure à l’étranger.

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a palme du transfert le plus spectaculaire de cet été revient à l’Angleterre : Raheem Sterling, 20 ans seulement, a quitté Liverpool pour rejoindre les rangs de Manchester City pour plus de 60 millions d’euros. À la veille du coup d’envoi de la nouvelle saison dans la plupart des grands championnats européens, c’est sur les transferts de joueurs plus âgés que nous avons choisi de nous pencher. Ceux qui en veulent encore après une carrière déjà bien remplie : Bastian Schweinsteiger, Iker Casillas, Andrea Pirlo… Quelles sont leurs motivations ? Qu’est-ce qui les pousse à prendre le risque de signer pour ce qui sera peut-être leur dernier transfert ? Quelles anciennes stars ont fait des choix qui se sont avérés peu judicieux ? Un reportage réalisé par Sven Goldmann en Allemagne, David Winner en Angleterre et Jordi Punti en Espagne.

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New York City FC / via AP Images / Keystone, Matthew Ashton / AMA, Jeff Mitchell / FIFA via Getty Images

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Loin de chez eux Andrea Pirlo (à g., New York City FC), Bastian Schweinsteiger (en haut, Manchester United) et Iker Casillas (FC Porto) jouent pour la première fois dans un club à l’étranger.

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TR ANSFERTS EN EUROPE

AVEC LE CŒUR

nouveau blessé à son retour sur les terrains et n’a jamais pu retrouver la forme, au point de dire adieu à sa place dans le groupe concocté par Joachim Löw en vue du rendez-vous brésilien. Le deuxième exercice n’a pas été beaucoup plus enthousiasmant, avec quatre réalisations seulement au compteur. C’est ainsi que cet été, Gomez a rejoint le Besiktas Istanbul, en pensant peutêtre à la perspective de l’Euro 2016. Ce tournoi devrait justement être la dernière grande compétition internationale de Lukas Podolski. Partenaire de Gomez et Klose à leur époque commune au Bayern, Poldi est depuis passé par Cologne, le club de son cœur, mais aussi Arsenal et l’Inter Milan avant de signer lors de cette intersaison à Galatasaray. Champion du monde, champion d’Allemagne ou encore vainqueur de la Coupe d’Allemagne et de la Coupe d’Angleterre, l’ailier gauche accorde autant d’importance aux trophées qu’à son environnement. S’il a mis le cap sur la Turquie, c’est parce qu’au plus profond de lui, il était convaincu que c’était le bon choix. Il espère toutefois revenir un jour à Cologne, bien évidemment pour revêtir encore le maillot de “son” club et y terminer sa carrière.

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Loin du Bayern Mario Gomez avait probablement en tête le parcours de son ancien coéquipier lorsque, voilà deux ans, il a choisi de quitter le Bayern Munich pour la Fiorentina. Lui aussi devait faire face à une trop grande concurrence du côté du géant bavarois. Grâce à la Viola, Gomez entendait arriver dans les meilleures dispositions à la Coupe du Monde 2014. Las, le buteur s’est rapidement blessé, a manqué la moitié de la saison, s’est de

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La retraite à 29 ans Marcell Jansen lui aussi a le cœur qui bat pour un club bien particulier, mais cet amour l’a conduit à prendre récemment une décision bien plus radicale. Alors que Hambourg n’a pas souhaité renouveler son contrat, l’ancien international a tout simplement annoncé qu’il… raccrochait les crampons ! “Je ne peux pas tout à coup embrasser le blason d’une autre équipe sans me sentir complètement hypocrite”, se justifie le défenseur. “Dans ces conditions, je trouve logique de mettre fin à mon parcours ici.” Jansen est âgé de 29 ans, soit huit de moins que l’éternel Miroslav Klose. Å Sven Goldmann, à Berlin

Riccardo De Luca / AP / Keystone, Claudio Giovannini / CGEFOTO, Bullent Doruk / AFP

iroslav Klose se remémore certainement volontiers l’été 2011. Cette année-là, il a donné une orientation des plus judicieuses à sa carrière, puisqu’elle lui a finalement permis de décrocher un titre de champion du monde et de devenir le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA™. À l’époque pourtant, rien ne laissait présager une telle réussite. Lors de la saison de Bundesliga qui venait de s’écouler, Klose n’avait marqué qu’un tout petit but sous les couleurs du Bayern Munich. Dans l’ombre de Thomas Müller, Mario Gomez et Arjen Robben, l’attaquant allemand n’avait pas prolongé son contrat. À quelques encablures de son 33e anniversaire, il a donc dû se poser cette question fatidique : et maintenant ? Un transfert vers une autre formation allemande ? Pas franchement une option pour quelqu’un qui venait de passer quatre ans dans les rangs du plus grand club du pays. Un dernier contrat juteux dans le Golfe ? Il aurait alors pu dire adieu à l’équipe nationale. C’est ainsi que Klose a suivi les traces de bon nombre de ses compatriotes avant lui : il est allé en Italie. En Allemagne, le Calcio a toujours la cote. La Serie A y jouit d’une réputation rarement démentie, lointaine réminiscence du Mondiale 90, lors duquel l’Allemagne a été sacrée avec une équipe composée pour moitié de joueurs évoluant en Italie, à commencer par Lothar Matthäus, la star incontestée. L’inverse est vrai également : les footballeurs allemands ont toujours bonne presse auprès des clubs italiens et la Lazio de Rome n’y a donc pas réfléchi à deux fois avant de faire venir Miroslav Klose. L’affaire s’est révélée gagnante pour les deux parties. L’attaquant a retrouvé sa légendaire efficacité avec 47 buts inscrits en l’espace de quatre saisons. Il vient d’ailleurs de prolonger son contrat jusqu’en 2016. La Lazio, elle, a surfé sur la réussite de son vétéran pour se qualifier pour la prochaine Ligue des Champions de l’UEFA. Une véritable histoire d’amour, comme le confirme Klose : “La décision de rejoindre Rome, je l’ai prise avec le cœur.”

Un vétéran toujours en forme Après avoir porté les couleurs d’Arsenal et de l’Inter Milan, Lukas Podolski, 30 ans, joue maintenant à Galatasaray Istanbul.


TR ANSFERTS EN EUROPE

Dans la Ville Éternelle À 37 ans, Miroslav Klose a prolongé d’une année son contrat avec la Lazio de Rome.

L’Euro 2016 en ligne de mire Mario Gomez, 30 ans, vient grossir les rangs du Besiktas Istanbul.

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Un nouvel amour à la trentaine

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a carrière d’un footballeur ressemble à une vie en accéléré. Faire ses grands débuts en équipe fanion est l’équivalent d’une naissance. La jeunesse file en un clin d’œil. La maturité ne dure que quelques saisons. Au début de la trentaine, même les meilleurs athlètes commencent à voir leurs performances décliner. Ils sentent que la fin approche. Mais les grands joueurs n’ont souvent que l’embarras du choix au crépuscule de leur carrière et chaque option présente d’indéniables avantages. Les plus conservateurs décident tout simplement d’achever leur parcours dans le club de leurs débuts. À notre époque, une telle solution est de plus en plus difficile à appliquer. Les hommes d’une seule équipe comme Ryan Giggs (24 saisons à Manchester United), Paolo Maldini (25 saisons à l’AC Milan) ou l’inusable Francesco Totti (38 ans) à l’AS Rome sont les derniers représentants d’une espèce en voie de disparition. Les supporters ne cachent pas leur dédain pour les “mercenaires sans scrupules” mais, d’un autre côté, les clubs eux-mêmes ne font guère de sentiment. Dans ces conditions, les footballeurs doivent aussi veiller à leurs propres intérêts. Robin van Persie constitue un bon exemple. Il y a trois ans, le Néerlandais avait provoqué la stupeur des fans d’Arsenal en rejoignant Manchester United. Pourtant, son choix se défendait. À l’approche de son trentième anniversaire, van Persie s’est probablement dit qu’il avait plus de chances de réaliser son rêve de remporter la Premier League avec Sir Alex Ferguson à Old Trafford. Les Londoniens ont vécu son départ comme une trahison, mais force est de constater que les faits lui ont donné raison. Aujourd’hui, van Persie a sa médaille. Cet été, RVP s’est retrouvé confronté à un nouveau problème. En délicatesse avec son entraîneur Louis van Gaal, l’ancien Gunner semblait promis à vivre ses dernières années dans la peau d’un simple remplaçant. Une fois de plus, il a pris tout le monde à contre-pied… en s’exilant en Turquie. Fenerbahçe n’a pas le prestige de Manchester United, mais van Persie est déjà considéré comme un héros par les bouillants supporters turcs et tout porte à croire que la passion et l’énergie d’Istanbul lui feront le plus grand bien.

Osman Orsal / Reuters

Schweinsteiger retrouve son mentor Comme dit le proverbe, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Alors que van Persie quitte Manchester, Bastian Schweinsteiger pose ses valises dans le nord de l’Angleterre. L’international allemand se dit “excité” à l’idée de découvrir la Premier League et surtout ravi de retrouver van Gaal, qui fut son mentor au Bayern Munich.

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Bien entendu, les deux hommes seront généreusement rétribués par leurs nouveaux clubs, tout comme les deux recrues de New York City Frank Lampard (37 ans) et Andrea Pirlo (36 ans). Mais après tout, où est le mal ? Il n’y a rien d’exceptionnel à voir un grand joueur signer un contrat particulièrement lucratif en fin de carrière, quitte à évoluer à un niveau plus modeste. Dans les années 70, de grands noms comme Pelé, Franz Beckenbauer ou George Best on rejoint la North American Soccer League pour des raisons similaires. Vingt ans plus tard, les Brésiliens Zico et Dunga sont partis à la découverte de la J.League japonaise. À une époque où le football progresse aux quatre coins du globe, les destinations sont plus nombreuses. Ancien champion du monde, Alessandro del Piero (40 ans) a ainsi porté les couleurs du Sydney FC et des Delhi Dynamos en Super League indienne. Du haut de ses 37 ans, Nicolas Anelka, véritable globe-trotter, occupe aujourd’hui les fonctions d’entraîneur-joueur à Mumbai City. L’âge n’est d’ailleurs pas forcément synonyme de performances au rabais. Dans les années 70, Lawrie McMenemy a bâti toute une équipe autour de glorieux anciens comme Peter Osgood et Alan Ball à Southampton. On pourrait aussi évoquer le cas de Johan Cruyff, qui avait annoncé sa retraite en 1979 après de magnifiques années à l’Ajax et à Barcelone. Après avoir gaspillé sa fortune dans une entreprise d’élevage de cochons pour le moins hasardeuse, le Néerlandais a repris du service en NASL puis de nouveau à l’Ajax, contribuant ainsi à l’avènement d’une nouvelle génération de footballeurs hors du commun. Au moment d’entamer sa dernière saison, Cruyff avait une revanche à prendre. Les dirigeants de l’Ajax lui avaient fait savoir qu’il était désormais “trop vieux” pour leur être utile. À 36 ans, il s’est donc engagé au Feyenoord. Sous son impulsion, le club de Rotterdam s’est adjugé le doublé coupe-championnat. L’argent n’est pas non plus la seule considération de ceux qui font le choix de l’étranger. En bouclant leurs parcours à LA Galaxy et aux New York Red Bulls, David Beckham et Thierry Henry sont tombés amoureux de l’Amérique. Après une dernière pige au Paris Saint-Germain, le premier essaye désormais de monter une nouvelle franchise en MLS, tandis que le second s’est fait tatouer le pont de Brooklyn et la Statue de la Liberté sur le bras. Course d’endurance Une ambiance détendue peut avoir des effets inattendus sur un professionnel en fin de course. Steven Gerrard, la nouvelle star du Galaxy, se dit heureux de pouvoir se promener dans les rues de Los Angeles sans être reconnu. Ce plaisir tout simple lui était évidemment interdit du temps où il évoluait encore à Liverpool. Parfois, l’argent n’entre même pas en ligne de compte. Certains veulent tout simplement rentrer chez eux. À 35 ans, Rio Ferdinand n’a pas hésité à accepter une réduction significative de son salaire pour effectuer sa dernière saison aux QPR, son club formateur. Carlos Tévez (31 ans), son ancien coéquipier à Manchester United, a rallié Boca Juniors, le club de son cœur, après avoir disputé la finale de la Ligue des Champions de l’UEFA avec la Juventus.


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Il reste à choisir le meilleur moment pour raccrocher définitivement les crampons. Il n’y a pas de règle. D’aucuns préfèrent s’arrêter au sommet de leur gloire, comme Éric Cantona. D’autres ne peuvent résister à la tentation d’une ultime aventure, à l’image de Paul Gascoigne, qui a achevé sa carrière à Boston United, dans les tréfonds de l’amateurisme anglais, après avoir brillé à Tottenham et à la Lazio, notamment. Combien de temps un footballeur peut-il tenir le rythme ? La fin est peut-être plus loin qu’il n’y paraît. S’il est rare de voir un joueur de champ dépasser la trentaine (les gardiens de but durent plus longtemps), l’exemple de Stanley Matthews donne à réfléchir. L’international anglais a écumé les terrains de First Division anglaise entre 1932 et 1965. Au moment de prendre sa retraite, il avait 50 ans. Å David Winner, à Londres

Les transfer ts les plus coûteux ANGLETERRE Raheem Sterling, 20 ans, de Liverpool à Manchester City, 62,5 millions d’euros Christian Benteke, 24 ans, d’Aston Villa à Liverpool, 46,5 millions d’euros ESPAGNE Arda Turan, 28 ans, de l’Atlético Madrid au FC Barcelone, 34 millions d’euros ITALIE Paulo Dybala, 21 ans, de Palerme à la Juventus, 32 millions d’euros Carlos Bacca, 28 ans, du Séville FC à l’AC Milan, 30 millions d’euros ALLEMAGNE Ar turo Vidal, 28 ans, de la Juventus au Bayern Munich, 37 millions d’euros Douglas Costa, 24 ans, du Shakhtar Donetsk au Bayern Munich, 30 millions d’euros Source : transfermarkt.de

Nouvelle passion À 31 ans, Robin van Persie a rejoint Fenerbahçe. T H E F I FA W E E K LY

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La vie sans Xavi et Casillas

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Sur les traces des idoles Durant toutes ces années, les deux joueurs ont fait référence et permis aux deux grands rivaux d’entretenir une relation à peu près bonne. Malgré leurs parcours parallèles, les adieux des deux hommes à leur club respectif ont été très différents, tout comme la destination choisie et la façon d’envisager leur préretraite. La saison passée, Xavi avait déjà annoncé qu’il souhaitait changer d’air. Il avait plusieurs offres, mais le nouvel entraîneur du Barça, Luis Enrique, avait réussi à le convaincre qu’il restait un joueur important. La suite lui a donné raison, comme le prouvent les titres remportés par Barcelone en 2014/15. Xavi a finalement marché dans les pas de deux autres illustres footballeurs espagnols qui ont joué au Qatar : Raúl González, qui a évolué deux saisons à Al-Sadd, et surtout Pep Guardiola, qui a porté pendant deux années le maillot d’Al-Ahli. Tout en touchant un bon salaire, Xavi voit Guardiola comme un modèle : il n’a jamais caché son désir d’entraîner un jour le FC Barcelone. Mais avant, il veut prendre ses distances, apprendre l’anglais et se former humainement. Son départ de Barcelone s’est fait dans un mélange de larmes, de sourires et d’ovations. Les plus tristes étaient peut-être ses coéquipiers, les fans étant convaincus pour leur part que Xavi reviendra un jour. La carrière d’un gardien dure souvent plus longtemps et sans aucun doute, Iker Casillas reste un joueur de premier plan. Ces dernières semaines, les supporters du Real Madrid lui ont rendu hommage, ce qui n’a pas empêché le départ du numéro 1 espagnol d’être quelque peu traumatique. En réalité, le destin de Casillas a commencé à se dessiner il y a trois

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Pas encore fatigué À 38 ans, Raúl a enfilé le maillot du Cosmos de New York.

Mohamed Farag / AFP, Victor Fraile / Getty Images

Iker et Xavi s’en vont, ou plutôt sont déjà partis. Le football espagnol ne sera plus le même sans eux. Le clásico ne sera plus le même sans eux. Mais leur légende aura un dernier chapitre, une note de bas de page dans un autre club qui ne sera pas celui de leurs amours, mais qui ne fera pas de mal à leur compte en banque. Il y a quelques semaines, à quelques jours d’écart, le milieu de terrain du FC Barcelone a annoncé qu’il avait choisi de signer à Al-Sadd, au Qatar, tandis que le gardien du Real Madrid confirmait son transfert au FC Porto. En plus d’être des joueurs emblématiques de leurs clubs respectifs, Xavi et Casillas incarnent les succès récents de la sélection espagnole, vainqueur de deux Euros et de la Coupe du Monde de la FIFA 2010™. Iker Casillas a débuté au Real Madrid en septembre 1999 et joué dans ce club pendant 16 ans. À 34 ans, c’est le joueur le plus capé de l’histoire de la sélection espagnole (152 matches). À 35 ans, Xavi Hernández est le footballeur espagnol le plus titré (28 trophées). Formé au Barça, il a fait ses débuts en équipe première en août 1998, sous la houlette de Louis Van Gaal, et a continué de porter le maillot blaugrana pendant 17 saisons.


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ans, lors du passage de José Mourinho. Le capitaine du Real Madrid a désapprouvé à une occasion les méthodes du technicien portugais, ce qui lui a valu d’être remis en question. Après une blessure et le recrutement ultérieur de Diego López, Casillas a perdu sa place de titulaire et ne l’a retrouvée que la saison suivante, avec l’arrivée d’Ancelotti sur le banc. Malgré ses bonnes prestations au regard de celles du reste de l’équipe, il a fait converger sur lui les critiques, plus pour des raisons plus individuelles qu’à cause de ses prestations au service du collectif. Son transfert à Porto semble donc plus une question de fierté que d’argent. Avec un club qui va jouer la Ligue des Champions de l’UEFA, dans un championnat moins compétitif et un pays voisin de l’Espagne, Casillas va pouvoir montrer à ses détracteurs qu’ils se trompaient. Après le départ émouvant de Casillas du Real Madrid, son ami Xavi a publié dans le journal La Vanguardia un hommage dans lequel il reconnaît en Iker “le gardien le plus décisif de l’histoire” et se regrette le traitement infligé par les médias au nouveau portier de Porto. “Quand je vois que Buffon, à 37 ans, s’éclate dans les buts tout en restant très performant, je me dis qu’Iker vit sous une pression incroyable, comme s’il devait justifier à chaque match qu’il est un très grand gardien. Il a perdu ce bonheur de jouer qui le caractérisait. Maintenant, il va à Porto, et je suis certain qu’il sera accueilli là-bas comme un héros. Il va halluciner, car je suis convaincu que son talent sera davantage reconnu.”

Transfert à Al-Sadd à 35 ans Xavi a quitté son club, le FC Barcelone, après 24 ans de bons et loyaux services pour rejoindre le Qatar.

Fins de carrières dorées Casillas et Xavi ne sont pas les seuls à chercher fortune dans d’autres championnats. Parmi les joueurs qui ont opté pour les pétrodollars, on peut citer Sergio García (32 ans, ex-Espanyol de Barcelone) qui va jouer à Al Rayyan (Qatar) ; Larrivey (30 ans, ex-Celta de Vigo) marquera désormais des buts pour le compte de Bani Yas (Abou Dabi) et David Barral (32 ans, ex-Levante) le fera à Al Dhafra (Émirats Arabes Unis). Certains footballeurs de la Liga ont choisi d’autres cieux, comme le défenseur Iraola (33 ans, ex-Athletic de Bilbao), qui évoluera désormais à New York City, aux côtés de Villa et Pirlo. Å Jordi Punti, à Barcelone

QUAND LES PRINCIPAUX CHAMPIONNATS EUROPÉENS DÉBUTENT-ILS ? Premier League, Angleterre : 8 août 2015 Bundesliga, Allemagne : 14 août 2015 Primera División, Espagne : 23 août 2015 Ligue 1, France : 7 août 2015 Serie A, Italie : 23 août 2015 Liga NOS, Por tugal: 16 août 2015 Premiership, Écosse : 1 août 2015 SüperLig, Turquie : 16 août 2015 Premier League, Russie : en cours, depuis le 17 juillet 2015 Super League, Suisse : en cours, depuis le 18 juillet 2015 Bundesliga, Autriche : en cours, depuis le 25 juillet 2015 Superliga, Danemark : en cours, depuis le 17 juillet 2015 Super League, Grèce : 23 août 2015 Jupiler Pro League, Belgique : en cours, depuis le 24 juillet 2015 1. HNL, Croatie : en cours, depuis le 10 juillet 2015

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XX. Monat 2013

Édition française

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

GRASSROOTS

FIFA inspiring girls and boys to play football FIFA’s Grassroots programme is the core foundation of our development mission, aimed at encouraging girls and boys around the world to play and enjoy football without restrictions. Grassroots focuses on the enjoyment of the game through small-sided team games, and teaching basic football technique, exercise and fair play. For more information visit FIFA.com

www.FIFA.COM

WWW.FIFA.COM/


LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES Categoría Primera A colombienne

S a nt a Fe a r r a c h e l a v ic to i r e Sven Goldmann est spécialiste du football au “Tagesspiegel” de Berlin.

Santa Fe CD

Samedi dernier, le leader Santa Fe s’est déplacé à Tunja. Autrefois, ce duel aurait pu être qualifié de derby, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. En effet, le club basé dans la ville du centre de la Colombie a été fondé à Bogota et portait à l’origine un nom inspiré du quartier El Chicó de la capitale : Deportivo Bogotá Chicó FC. Mais en 2003, lorsqu’il a réussi à monter en première division, le club a reçu une invitation du gouvernement du département de Boyacá. Il a alors déménagé dans le chef-lieu du département, Tunja. Il est désormais basé à 2 800 mètres au-dessus du niveau de la mer et se nomme Boyacá Chicó Fútbol Club. Ce déplacement semble lui avoir donné des ailes. En 2008, Boyacá Chicó a même remporté la première phase du championnat, le Torneo Apertura,

et représenté la Colombie en Copa Libertadores, de même que l’année suivante. Cette saison, la troisième journée de la Categoría Primera A l’a vu se mesurer à l’une des équipes de sa ville d’origine : le club Independiente Santa Fe a fait le déplacement depuis Bogotá pour venir affronter Boyacá Chicó à l’Estadio La Independencia. Santa Fe, connu pour avoir remporté la première édition du championnat professionnel colombien, joue encore aujourd’hui les premiers rôles sur la scène nationale. En décembre dernier, il a remporté son huitième titre et sur les deux premières rencontres du tournoi actuel, la Clausura, il a inscrit pas moins de 9 buts sans en encaisser un seul. Pourtant, à Tunja, contre toute attente, le grand favori a tremblé. Boyacá Chicó lui a en effet tenu tête pendant longtemps, mais un simple moment d’inattention a ruiné ses espoirs. Depuis le rond central, l’Argentin Omar Pérez a adressé la balle à Wilson Morelo. Le petit attaquant a distancé habilement deux adversaires et poussé le cuir du pied droit entre les jambes du gardien de Chicó, José Huber Escobar. Cette action, à un quart d’heure du coup de sifflet final, a

permis à Santa Fe de décrocher une courte mais logique victoire (1:0) qui n’était cependant pas usurpée. Morelo a inscrit là son troisième but en trois matches depuis le début de la Clausura : il avait également fait trembler les filets lors de la première rencontre, face au Club Deportivo La Equidad (4:0), puis contre le Cúcuta Deportivo Fútbol Club (5:0) et occupe ainsi, en ce début de compétition, la tête du classement des buteurs. En dépit d’un bilan cette fois-ci moins flatteur sur le plan offensif, l’entraîneur Gerardo Pelusso s’est montré tout à fait satisfait de cette victoire. “Pour moi, il est toujours important de garder nos cages inviolées et à un moment ou à un autre, nous arrivons à ouvrir le score”, a déclaré l’Uruguayen. Pelusso a déjà officié par le passé au Chili, au Pérou, au Paraguay et en Uruguay. Il a pris les rênes de Santa Fe en mai, succédant à l’Argentin Gustavo Costas. Ce dernier avait certes conduit le club jusqu’à son huitième sacre national en décembre dernier, mais il a quitté son poste après l’élimination de l’équipe en Copa Libertadores face aux Brésiliens de l’Internacional de Porto Alegre dès les quarts de finale. Å

Buteur Wilson Morelo (Santa Fe, au c.) a inscrit le but de la victoire (1:0) contre Chicó. T H E F I FA W E E K LY

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A Grupa bulgare

Ave nt u r e fé é r i q u e Annette Braun est membre de l’équipe de rédaction de “The FIFA Weekly”.

L’histoire de Ludogorets Razgrad a des allures de conte de fées. Durant la saison 2009/2010, ce club du nord-est de la Bulgarie évoluait encore en troisième division. Deux ans plus tard, l’équipe signait un triplé en remportant le championnat national, la Coupe de Bulgarie et la Supercoupe. Ce triomphe ne devait être que le début d’une série de succès, avec trois autres titres en championnat et un nouveau triplé en 2013/2014.

Ludogorets Razgrad pourrait donc bien poursuivre cette année son aventure féérique. Pour la nouvelle saison, le club a engagé un nouvel entraîneur en la personne de Bruno Ribeiro, un Portugais âgé de 39 ans. En provenance du FC Santos, le Brésilien Cicinho a par ailleurs porté à cinq le nombre des transferts estivaux réalisés à ce jour. Il doit remplacer Júnior Caiçara, parti rejoindre Schalke 04 en Bundesliga allemande. Ces nouveaux visages vont-ils permettre au club de continuer sur sa lancée ? Ludogorets a plutôt mal démarré la saison. En barrage de la Ligue des Champions, les Bulgares ont en effet été éliminés par le FC Milsami Orheison, club moldave, après s’être inclinés lors du match aller (1:0) puis retour (2:1). Les supporters s’attendaient à nettement mieux au regard des performances de la saison passée. Dans le même groupe que Liverpool, Bâle et le Real Madrid, Ludogorets avait créé la surprise lors de l’exercice 16

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Duel engagé Cicinho (à g.), la recrue de Ludogorets, prend le dessus sur Andreas Vasev, le joueur de Varna.

2014/2015 de la compétition européenne, s’imposant à domicile face aux Suisses et décrochant le nul contre le club anglais. Cet été, les joueurs de Ludogorets n’ont donc pas réussi à réitérer l’expérience de l’année précédente et leur aventure internationale a d’ores et déjà pris fin.

nouveau titre après presque 20 ans de disette. Parmi ses poursuivants, citons le FC Montana et Litex Lovetch, qui ont eux aussi réalisé un bon départ et affichent chacun quatre points au compteur. Le 3 août prochain aura d’ailleurs lieu un match au sommet, puisque Montana accueillera Lovetch.

La situation n’est pas beaucoup plus glorieuse à l’échelle nationale, puisque le champion en titre a raté son entrée en matière lors du premier match, le 18 juillet, en s’inclinant 2:0 face à Litex Lovetch. L’équipe a toutefois su redresser la barre la semaine suivante en battant Tcherno More Varna (3:2). Un but contre son camp marqué à la 89e minute par Stefan Stanchev a permis à Ludogorets de souffler un peu.

S’il veut espérer décrocher un cinquième titre national, le club de Razgrad va donc devoir se réveiller rapidement. L’équipe espère confirmer le succès de la semaine passée en s’imposant à domicile face au Levski Sofia. Les joueurs comptent sur le soutien de leur mascotte, Fortuna, un aigle femelle qui survole la pelouse du stade pour porter bonheur à l’équipe locale. On saura donc bientôt si Razgrad poursuivra ou non son voyage féérique au pays du football bulgare. Å

C’est actuellement le Slavia Sofia qui fait la course en tête, avec six points récoltés en deux matches. Lors de la deuxième journée, le club de la capitale s’est imposé 3:0 sur la pelouse du Pirin Blagoevgrad. Seul club à évoluer sans interruption en première division depuis la création du championnat bulgare, le Slavia espère enfin décrocher un

PFC Ludogorets Razgrad

Aujourd’hui, impossible d’évoquer le football bulgare sans parler de Ludogorets. Ces dernières années, l’hégémonie de ce club a été telle que la concurrence a bien failli se laisser semer. La saison passée, le CSKA Sofia, multiple champion, et le Lokomotiv Sofia ont cependant réussi à tenir la dragée haute à Ludogorets en terminant respectivement à la cinquième et à la troisième place. Mais, alors que la saison 2015/2016 vient tout juste de débuter, les noms de ces deux clubs de la capitale ont disparu de la liste des dix participants au championnat. La fédération bulgare les a en effet relégués pour cause de surendettement.


J. League japonaise

N o u ve au d é p a r t pou r les K a sh i ma A nt l e r s ? Alan Schweingruber est journaliste à “The FIFA Weekly”.

Le club le plus titré de l’histoire de la J.League japonaise rêvait d’un tout autre scénario. Les Kashima Antlers n’ont plus remporté le championnat depuis six ans maintenant et à l’orée de la nouvelle saison, au mois de mars dernier, l’objectif était ainsi clairement affiché : l’équipe devait terminer la phase aller dans les hauteurs du classement, si possible à la première place, synonyme de qualification pour le tournoi final. C’est celui-ci, organisé en automne, qui permet de couronner le nouveau champion du Japon. Mais pour Kashima, rien ne s’est passé comme prévu. L’entraîneur brésilien Toninho Cerezo et ses hommes n’ont jamais pu trouver la bonne carburation et se trouvaient fin juin à une bien modeste huitième place, avec 19 points de retard sur les Urawa Reds, leaders. Loin, trop loin des ambitions de début de saison.

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Bien sûr, Toninho Cerezo s’est retrouvé sous le feu des critiques, mais il a, dans un premier temps, pu conserver son poste. Il faut dire qu’au Pays du Soleil Levant, le Brésilien jouit d’un immense crédit. Il reste l'homme qui a permis à Kashima de réaliser la meilleure saison de son histoire, en 2000, en remportant tous les trophées nationaux mis en jeu : J.League, Coupe du Japon et Coupe de la Ligue. Depuis, plus aucun club n’est parvenu à accomplir cet exploit. Un an plus tard, Cerezo a également réussi à défendre avec succès le titre de champion, de quoi joliment agrémenter un CV déjà bien garni. Le technicien auriverde a pris une seconde fois les rênes de la formation japonaise il y a deux ans, mais l’aventure aura finalement tourné court. En raison d’une phase retour débutée aussi mollement que la phase aller, les dirigeants ont décidé d’arrêter les frais et de se séparer de Cerezo, qui a participé à deux Coupes du Monde de la FIFA™ avec la Seleção au poste de milieu défensif. Il a été remplacé par son assistant, Masatada Ishii. Sous sa

Gen Shoji Le défenseur des Kashima Antlers a pu fêter un succès 2:1 face à Tokyo.

direction, Kashima a immédiatement retrouvé le goût de la victoire en disposant 2:1 du FC Tokyo. Le changement semble donc avoir porté ses fruits et ces trois points ne seront pas de trop si le club entend toujours fêter son huitième sacre national en décembre prochain. Le départ de Cerezo, lui, n’est qu’un épisode de plus dans la longue histoire qui unit le Brésil au Japon. Les ressortissants nippons installés dans le plus grand pays d’Amérique du Sud sont au nombre de 1,5 million, plus que dans n’importe quel autre pays du monde. En

J.League, chaque équipe ou presque compte au moins un Brésilien dans ses rangs. Même sans Cerezo, ils sont toujours trois sous contrat avec les Kashima Antlers. Le premier à avoir défendu le maillot rouge et bleu n’est autre que le légendaire Zico, qui a aidé à consolider la place du club dans le paysage local, d’abord en organisant le jeu depuis le milieu de terrain, puis en occupant la fonction de directeur technique. Plus tard, Zico a été le sélectionneur de l’équipe du Japon qui a pris part à la Coupe du Monde 2006 en Allemagne. Å T H E F I FA W E E K LY

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L’ I N T E R V I E W

“Didier Deschamps sait ce qu’il fait” À 41 ans, Robert Pirès ne songe pas à raccrocher les crampons. “Si je peux encore me faire plaisir, je ne vais pas hésiter”, confie-t-il. Interview avec l’ancienne star d’Arsenal.

Robert Pirès, vous êtes le seul champion du monde de 1998 à n’avoir pas encore annoncé sa retraite... Robert Pires : (Rires) Oui, effectivement ! Aujourd’hui, j’attends de voir si je vais retenter une dernière aventure en Inde, comme l’année dernière. Je suis un peu dans une position d’attente, comme il y a un an. Je travaille pour être prêt à partir si on fait appel à moi.

Quel est votre état de forme ? Je me sens en forme ! Je suis assez content, parce que l’autre jour, j’ai fait la reprise avec les joueurs d’Arsenal, les internationaux. Bon, je ne vais pas vous cacher que j’ai un peu souffert, parce qu’à 41 ans, ce n’est pas pareil (rires) ! Mais disons que le corps suit, que l’esprit est toujours prêt et surtout que je n’ai aucun problème à refaire des efforts. Quant au coup d’œil et à la technique, ça reste, même s’il faut toujours les travailler, à 20 ans comme à 40.

Pourquoi est-ce si difficile de raccrocher, même quand on a eu une carrière comme la vôtre ? Je ne vais pas me plaindre. J’ai joué au plus haut niveau pendant 19 saisons. J’ai conscience d’avoir fait une très belle carrière. Aujourd’hui, je suis surtout guidé par mon amour du football. Après, il y a toujours des jaloux qui vont me critiquer et dire que je cours après l’argent. Moi je ne connais pas de métier qui se fait gratuitement. Les Indiens m’ont contacté pour utiliser mon nom et mon image, et c’est normal que je sois payé pour ça. Mais encore une fois, j’aime le football. Je vis à Londres et dès que je peux faire des cinq contre cinq avec mes potes, j’y vais ! Parce que c’est ma passion.

Vous êtes-vous plu en Inde ? J’ai beaucoup aimé l’Inde. J’ai beaucoup appris. J’ai été confronté à la pauvreté, qui est très très dure… Ce qui est certain, c’est que je n’ai plus le droit de me plaindre ! En tous cas, j’ai découvert un beau pays, des gens fabuleux et très accueillants, une gastronomie… 18

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Cette envie de continuer trahit-elle une certaine frustration par rapport à votre carrière ? Cela veut-il dire que vous n’en avez pas eu assez ? Non, je ne suis pas frustré ! C’est simplement que j’ai ça en moi et que j’aime le foot ! Après, c’est vrai que j’ai du mal à raccrocher. Ce qui est certain, c’est que le très haut niveau est derrière moi. Maintenant, si je peux encore me faire plaisir, je ne vais pas hésiter. Déjà, j’ai la santé, c’est primordial. Et puis les anciens n’arrêtent pas de me dire “Robert, tu as raison. Tant que tu peux jouer, tant que tu peux courir, tant que tu as envie de faire les efforts, continue !” Ils ne le diront pas, mais il y a des anciens qui regrettent d’avoir arrêté trop tôt. Je ne donnerai pas les noms, mais certains me l’ont dit (rires). Alors aujourd’hui, tous les jaloux, tous les aigris qui pensent que les footballeurs gagnent trop d’argent juste pour courir derrière un ballon… Il n’y a pas de problème, j’accepte toutes les critiques. Mais je suis persuadé que s’ils étaient à ma place, ils feraient la même chose.

Vous avez été champion du monde à 24 ans et d’Europe à 26. Comment analysez-vous cette gloire précoce avec le recul ? On m’a fait confiance, tout simplement. Le premier, ça a été Aimé Jacquet, parce qu’il a cru en moi et a vu que j’avais des qualités qui pouvaient aider l’équipe de France. Surtout, je suis tombé dans une très bonne génération.

Le soir du 2 juillet 2000, quand la France célébrait son sacre européen grâce à votre fameuse fulgurance côté gauche, imaginiez-vous que ce n’était qu’un début pour les Bleus et pour vous ? Oui, et j’avais envie que ça aille le plus loin possible. J’ai commencé avec les A en 1996, j’ai fini en 2004. Je pense avoir fait ce qu’il fallait et ça a été un honneur et une fierté de représenter mon pays. Il y a eu ce doublé Coupe du Monde/Championnat d’Europe et c’est le plus important pour un athlète de haut niveau. J’ai été appelé 79 fois en bleu et je suis très fier de ce que j’ai

réalisé, que ce soit en club ou surtout avec ma sélection.

Il y a aussi eu la victoire en Coupe des Confédérations de la FIFA 2001™, dont vous avez été élu meilleur joueur. Comment vous sentiez-vous à l’époque ? Arsène Wenger m’a dit à cette période : “Je ne sais pas ce qu’il se passe en ce moment, Robert, mais j’ai l’impression que tu voles !” (rires). Et c’est vrai que tout ce que je faisais, tous les contrôles, tous les dribbles, toutes les frappes… ça fonctionnait. Il y a des moments comme ça où on est touché par la grâce. Je n’allais pas me plaindre, c’était tout simplement ma meilleure période. Après, comme ça arrive souvent en football, il y a eu cette blessure en 2002. Pour moi, ça n’était pas grave, ça faisait partie du jeu.

La France est dans le creux de la vague en ce moment, avec plusieurs résultats décevants. Êtes-vous inquiet, à un an de l’Euro 2016 ? Je crois toujours en l’équipe de France. Je ne suis pas inquiet, parce que je pense que Didier Deschamps est l’homme de la situation. Il sait ce qu’il fait, il sait comment gérer les joueurs. J’ai bien aimé le fait qu’il pousse un grand coup de gueule après le match contre l’Albanie. Ça va faire du bien à tout le monde. Moi, je ne vais pas juger la France sur les défaites contre la Belgique et l’Albanie, parce qu’on est tous passés par là. Ce sont des matches qui arrivent au mauvais moment.

Pour quelles raisons ? Il y a une forme de fatigue qui s’est installée parce que la saison a été longue. Et surtout, c’est une période où on n’a qu’une envie, c’est de partir en vacances et de se reposer, parce que la saison qui arrive va être encore plus longue. Donc, encore une fois, je ne suis pas inquiet et il ne faut pas trop tirer sur les joueurs. Ils ont loupé leurs deux matches et enregistré deux défaites, mais ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est le premier match de l’Euro et c’est là qu’ils répondront présents. Å Propos recueillis par Julien Sebbah


Nom Robert Pirès Date et lieu de naissance 29 octobre 1973, Reims (France) Poste Milieu de terrain Parcours de joueur 1991–1992 Stade de Reims 1992–1998 FC Metz 1998–2000 Olympique de Marseille 2000–2006 Arsenal 2006–2010 Villarreal CF 2010–2011 Aston Villa 2014 FC Goa Équipe de France

Allot Warren / Presse Sports / L’Equipe

79 sélections, 14 buts

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First Love Lieu : Kukës, Albanie Date : 25 avril 2009 Heure : 18h15 Photog raphe : Christoph Busse

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FOOTBALL FOR HOPE

Football for Hope témoigne de notre engagement pour bâtir un meilleur avenir à travers le football. Nous avons soutenu à ce jour plus de 550 projets communautaires socialement responsables qui utilisent le football comme outil de développement social afin d’améliorer les conditions de vie et les perspectives d’avenir des jeunes et des communautés dans lesquels ils évoluent. Rendez-vous à la rubrique Développement durable sur FIFA.com pour en savoir plus.


MEDIZIN

LE BILLET DU PRÉSIDENT

Moins de blessures chez les jeunes Le programme d’échauffement FIFA 11+ arrive au Canada. Cette initiative devrait profiter aux garçons et aux filles sur le long terme.

Quand seul le meilleur est assez bon

A Échauffement Un élément important de l’avant-match.

kevin C. Cox / FIFA via Getty Images

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uelques semaines après la Coupe du Monde Féminine de la FIFA, Canada 2015™, la FIFA, l’Association Canadienne de Soccer et l’Agence de la santé publique du Canada ont annoncé le lancement au Canada du “FIFA 11+”, un programme d’échauffement complet conçu pour réduire les blessures liées au football. Cette initiative est un formidable héritage légué par la Coupe du Monde Féminine 2015 qui profitera à tous les jeunes joueurs et joueuses du Canada. Le programme s’adresse aux joueurs âgés de quatorze ans et plus. Il est désormais scientifiquement prouvé que les blessures peuvent être réduites de moitié si ce programme d’échauffement est régulièrement suivi. Ce dernier a déjà été mis en œuvre avec succès au sein de nombreuses associations membres de la FIFA, dont en Allemagne et en Espagne – les deux derniers vainqueurs de la Coupe du Monde de la FIFA™ – et au Japon. Au Canada, le “FIFA 11+” sera mis en œuvre conjointement avec le programme Movement Preparation, qui rassemble un ensemble d’exercices physiques élaborés par le mouvement “Au Canada, le sport c’est pour la vie” (ACSV) et semblables à ceux de la FIFA mais qui s’adressent davantage aux jeunes de 7 à 13 ans. L’Agence de la santé publique du Canada et la FIFA octroieront chacune un million de dollars (CAD) sur une période de quatre ans. “Je suis ravi que ce programme fasse ses premiers pas au Canada grâce au soutien du gouvernement canadien, un programme qui contribuera sans aucun doute à améliorer la santé publique. À travers ce programme, la Coupe du Monde Féminine de la FIFA laisse ainsi un héritage pérenne à l’ensemble de la communauté footballistique du Canada” , a déclaré Jiří Dvořák, médecin en chef de la FIFA. Å tfw

vec le tirage au sort des groupes de qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA 2018™, samedi dernier à Saint-Pétersbourg, une nouvelle ère a été amorcée – et le compte à rebours avant la 21e phase finale de l’histoire a été lancé. Lorsque le coup d’envoi du tournoi sera donné le 14 juin 2018 dans un stade Luzhniki de Moscou entièrement rénové, la Russie, pays hôte, connaîtra son premier grand moment. La grande majorité de la communauté du football devra toutefois se contenter du simple rôle de spectateur. Car des 209 associations membres sur la ligne de départ, seules 32 trouveront place dans le tableau final. Cela montre bien l’importance de la campagne qualificative. À partir de septembre 2016, la Confédération européenne devrait à elle seule proposer plusieurs joutes particulièrement épiques. Il n’y a en effet que 13 billets à partager entre 52 candidats. Le chemin qui mène à l’Euro 2016 est autrement plus facile. Sur les 54 associations affiliées à l’UEFA, 24 participeront à la phase finale l’an prochain en France – soit près de 45 pour cent. La situation est similaire en Amérique du Sud. S’il n’y a pas de qualifications avant le championnat continental (Copa América), les dix sélections doivent en revanche se battre pour l’une des quatre seules places qui leur sont garanties en Coupe du Monde. Le cinquième, lui, doit disputer un barrage intercontinental face à une équipe de la zone Océanie. La fascination qu’exerce la Coupe du Monde ne peut être ­réduite uniquement à la phase finale. La base reste la phase de qualifications – avec 851 matches qui offrent une chance à toutes les fédérations nationales et garantissent chaque jour spectacle, divertissement et culture poussée de la performance. En fin de compte, la phase finale doit rester le rendez-vous exclusif de l’élite mondiale. À titre personnel, je me réjouis déjà de cette passionnante campagne qui servira à séparer le bon grain de l’ivraie. Car quand on voit avec quelle détermination, ardeur et réussite le ­C omité organisateur russe s’emploie, trois ans avant le début de la Coupe du Monde, on ne peut en douter : pour la Russie, seul le meilleur est assez bon.

Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY

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GESTES TECHNIQUES

Cruyff turn Le Suédois Jan Olsson (en bleu) pensait contrôler la situation, mais il s’est fait surprendre par Johan Cruyff.

BOTTE SECRÈTE Ruse, dribbles, feintes de corps : lorsque la virtuosité technique se mêle au plaisir de jouer et à la créativité, le football devient une danse. Sarah Steiner revient sur les gestes techniques qui ont marqué l’histoire.

Screenshots YouTube (12)

La roulette de Zidane Rares sont ceux qui ont été capables d’arrêter le virtuose français.

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l semble flotter, danser. Il cajole le ballon. Une caresse par-ci, une légère tape par-là. Tous les yeux sont rivés sur lui, mais personne ne voudrait venir perturber cette symbiose qui paraît naturelle, innée. Tout le monde redoute le moment où cette parenthèse de perfection footballistique se refermera. Un maître, un magicien, un artiste. Il n’y a pas de mot pour décrire ce que l’on voit, ce que l’on pense lorsqu’on le regarde jouer. C’est


GESTES TECHNIQUES

Zinédine Zidane. Son jeu est inégalable. Personne n’est encore parvenu à l’imiter aujourd’hui. Dribbles et frappes, gestes techniques et astuces : il les maîtrisait presque tous. Cependant, un geste plus typique ressort, ou plutôt ressortait, de sa panoplie. Il porte différents noms : le Mare turn, le 360, le Marseille turn ou simplement la roulette. C’était la feinte préférée du génie français. Elle se déroule en trois temps : préparation, rotation du corps, poursuite du jeu. Un bref arrêt du cuir, un léger mouvement vers l’arrière tout en tournant le corps et le ballon continue sa course dans la bonne direction. Le joueur a en réalité pivoté de 180 degrés avant d’effectuer une rotation complète. La jambe d’appui est de nouveau au sol et la balle poursuit sa route. Zidane voulait un contact permanent avec le ballon. C’est pourquoi il s’arrangeait toujours pour se défaire des adversaires qui tentaient de l’arrêter. Grâce à sa technique inimitable, il parvenait à percer la défense adversaire en effectuant sa roulette. L’apparition du Puskás Move Zidane n’est pas le seul à avoir donné son nom à un geste célèbre. Bien avant lui, un joueur avait révolutionné le football par sa technique : Ferenc Puskás. En 1953, il faisait partie de la sélection hongroise qui a affronté l’Angleterre, jusque-là invaincue à domicile, au stade de Wembley. Lors de ce match du siècle, il s’est offert un doublé. La Hongrie s’est imposée 6:3 en déployant un football offensif venu d’ailleurs. Par la même occasion, l’incroyable but de Puskás pour le 4:1 est entré dans les livres d’histoire. Grâce à une astuce

“Je n’aurais jamais pensé que le ballon finirait dans la lucarne.” Ricardo Infante à propos de sa “rabona”

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GESTES TECHNIQUES

habile qui consistait à faire un pas de côté, à l’instar du torero qui esquive l’attaque d’un taureau, le capitaine hongrois a laissé Wright sur place. “Avec un tel tacle, j’avais neuf chances sur dix de récupérer le cuir. Mais ce jour-là, je jouais contre l’incomparable Puskás et je me suis fait avoir”, se souvient le défenseur anglais. Le Puskás Move était né. Aujourd’hui, cette feinte est l’une des plus utilisées en match et l’une des plus efficaces pour se débarrasser de son opposant direct.

Le premier “Cruijff turn” Il ne faut pas nécessairement être brésilien pour réaliser des gestes techniques spectaculaires. Un Néerlandais l’a prouvé lors de la Coupe du Monde 1974 : Johan Cruyff. Membre éminent de la génération dorée des Oranje, il est devenu le symbole du totaalvoetbal. La rencontre de groupe opposant les Pays-Bas à la Suède avait commencé depuis 23 minutes au Westfalenstadion de Dortmund, lorsque Cruyff s’est saisi du ballon. Il l’a contrôlé du pied droit et, l’espace d’un instant, tout le 26

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Rabona De Ricardo Infante à Diego Maradona en passant par Alex Song (en photo), le coup du foulard est très prisé des footballeurs.

“Je n’ai pas compris ce qui s’était vraiment passé.” Jan Olsson à propos du “Cruyff turn” Marc Atkins / Offside

La légèreté brésilienne Changements de direction, vitesse et agilité : autant d’éléments omniprésents dans le football moderne. Les précurseurs dans ce domaine sont principalement originaires du Brésil, patrie de nombreuses stars comme Rivelino, Romário ou Ronaldinho. Ce dernier a mis au point un geste technique, l’elastico, qui lui a souvent permis de tromper ses adversaires en plein élan et ce même si son opposant savait parfaitement ce qui allait lui arriver. Il effectuait un mouvement fulgurant vers le côté, laissant croire qu’il allait partir vers la droite, mais dirigeait le ballon vers la gauche et poursuivait sa course. Ronaldinho a un jour confié : “La samba et le football, c’est toute ma vie.” La comparaison était parfaitement appropriée. Le Brésilien livrait parfois des prestations à couper le souffle. Son irrépressible amour du jeu, sa passion du football, sa soif de buts, sa fascination pour le cuir transparaissaient dans chacun de ses mouvements. Sa technique était magistrale et, comme si cela n’était pas assez éblouissant, il exécutait tous ces gestes à une vitesse incroyable. Ronaldinho a connu l’apogée de sa carrière en 2002 en étant sacré champion du monde. En 2004 et 2005, il a décroché le FIFA Ballon d’Or. Peu de footballeurs, après Pelé, ont été capables de si bien maîtriser le Joga Bonito (“le beau jeu”).


GESTES TECHNIQUES

monde a cru qu’il allait le perdre. En réalité, Cruyff a poussé la balle vers l’arrière tout en se retournant. Comme le défenseur Jan Olsson se trouvait justement à cet endroit, Cruyff a, dans la foulée, fait mine de frapper et a fini de pivoter, laissant derrière lui un Olsson complètement déconcerté. Aujourd’hui, cette feinte de frappe très efficace se retrouve dans le répertoire de tous les bons techniciens. À l’époque, en revanche, elle était inédite, ce qui explique l’étonnement d’Olsson : “Honnêtement, je n’ai pas compris ce qui s’était vraiment passé. Je pensais que le ballon était pour moi, puis je me suis rendu compte que ce n’était pas le cas. Je n’avais jamais rien vu de tel auparavant.” Toutefois, il ne cache pas une certaine fierté : “Il aurait pu faire ça devant n’importe quel joueur, mais c’est sur moi que c’est tombé. Je suis heureux d’avoir affronté le grand Johan Cruyff.”

Presse Sports / freshfocus

Puskás Move Sous les couleurs du Real Madrid, Ferenc Puskás (à gauche) met au point son geste technique.

Un exploit oublié La liste des gestes spectaculaires ne serait pas complète sans un autre coup de maître : la rabona (coup du foulard). Le joueur se trouve dans une situation qui l’oblige à utiliser son mauvais pied, mais préfère tout de même se servir du meilleur. Il tape alors le ballon par derrière sa jambe d’appui. Autant dire qu’il tire les jambes croisées. En juillet, Jonathan Calleri a permis à Boca Juniors de l’emporter contre Quilmes en réalisant une somptueuse rabona, qui a fini au fond des filets. Maradona avait, lui aussi, inscrit un tel but à La Bombonera et utilisait fréquemment cette technique pour adresser des centres millimétrés. L’appellation rabona remonte à septembre 1948. Ce jour-là, après un but de Ricardo Infante pour Estudiantes de La Plata, un magazine sportif argentin a publié un article intitulé Un Infante que se hizo la rabona. En Argentine, l’expression hacerse la rabona s’applique aux élèves qui se révoltent contre leurs parents et sèchent les cours. De plus, comme infante est un synonyme d’enfant, cet article a parfaitement résumé comment ce jeune footballeur de 24 ans s’est révolté, afin de se sortir d’une situation où il n’avait d’autre choix que d’utiliser son moins bon pied. “Je n’aurais jamais pensé que le ballon finirait dans la lucarne”, a expliqué Infante en 1998, à l’occasion du 50e anniversaire de la rabona. “Ce but n’a pas reçu la considération qu’il méritait. À l’époque, il n’y avait pas encore de télévision et la presse écrite ne couvrait pas tous les matches”, regrettait le sixième meilleur buteur de l’histoire de la Liga argentine. Å T H E F I FA W E E K LY

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RU S SIE 2018

Duels bouillants et espoirs poignants Au lendemain du tirage au sort des groupes de qualification pour Russie 2018, les équipes en lice connaissent désormais les étapes qui mènent à la phase finale. Annette Braun nous livre son analyse sur la situation au sein des six confédérations.

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près le match, c’est avant le match, comme le disait Sepp Herberger. Champion du monde 1954 avec la RFA, ce technicien célèbre pour ses petites phrases avait déjà tout compris. Alors que le rideau est tombé depuis un an déjà sur la Coupe du Monde de la FIFA™ au Brésil, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord, centrale et Caraïbes ont désigné de nouveaux champions. Mais depuis le 25 juillet, tous les regards sont fermement tournés vers la Russie. Qui rejoindra le pays hôte en phase finale au cours des prochains mois ? Quels seront les temps forts de la compétition préliminaire ? “L’écart entre les grandes et les petites équipes s’est considérablement réduit ces dernières années“, notait Samuel Eto’o durant la cérémonie organisée à Saint-Pétersbourg. Même les habitués de la phase finale ont du sou28

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ci à se faire, à en croire l’attaquant camerounais. Ses paroles sonnent particulièrement vrai lorsque l’on se penche sur la situation du continent africain. À première vue, la Côte d’Ivoire devrait pourtant connaître une entrée en matière plutôt tranquille. L’équipe entraînée par l’Israélien Avram Grant sera opposée au vainqueur du choc entre le Liberia et la GuinéeBissau. L’Algérie (qui affrontera la Tanzanie ou le Malawi) et le Ghana (confronté aux Comores ou au Lesotho) partiront également avec la faveur des pronostics. Ce n’est qu’à l’issue de ces premiers duels que ces équipes participeront à la phase de groupes. En Océanie, un premier tournoi préliminaire réunira les formations les moins bien classées de la région, comme les Samoa ou Tonga. La NouvelleZélande, qui fait figure de grandissime favorite, n’entrera en lice que plus

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Match de prestige David Silva (à d.) remporte la finale de l’Euro 2012 avec l’Espagne contre l’Italie (4:0) et devient champion d'Europe.


RU S SIE 2018

tard. Depuis que l’Australie a rejoint la Confédération Asiatique de Football, les Néo-Zélandais ont remporté les qualifications régionales à deux reprises, en 2010 et 2014. Les All Whites ont même validé leur billet pour l’Afrique du Sud en dominant le Bahreïn en barrage intercontinental. À cette occasion, l’Océanie a compté pour la première fois deux représentants en phase finale, puisque l’Australie avait connu une réussite similaire au sein de l’AFC. Si les Kiwis devaient à nouveau sortir vainqueurs des qualifications océaniennes, ils retrouveraient en barrage le cinquième des préliminaires sud-américaines. La tâche s’annonce particulièrement difficile pour ce pays traditionnellement acquis à la cause du rugby. La chance du champion Les qualifications européennes, qui débuteront au mois de septembre 2016, s’annoncent beaucoup plus abordables pour l’Allemagne. Les tenants du Patrick Kluivert En tant que sélectionneur de Curaçao, l’ancien international néerlandais veut fêter de nouveaux succès.

Tirage au sort Les groupes de qualification en Europe nous promettent des parties captivantes.

Bianca Litscher, Shaun Botterill / Getty Images,imago

titre trouveront sur leur route la République tchèque, l’Irlande du Nord, la Norvège, l’Azerbaïdjan et Saint-Marin. Dans ces conditions, on peut estimer que Joachim Löw et ses joueurs ont déjà un pied en Russie. Le résultat du tirage au sort a, en tout cas, fait le bonheur du manager général Oliver Bierhoff : “Je suis content que nous ayons évité la France et l’Italie.“ Les Pays-Bas et l’Espagne n’ont pas eu autant de chance. Dans le Groupe A, les Oranje auront fort à faire pour maintenir à distance la France, mais aussi la Suède, deux candidats à la qualification directe. Dans l’autre section, le public aura droit à une réédition de la finale de l’Euro 2012 et de la demi-finale de la Coupe des Confédérations de la FIFA 2013™. L’Italie et l’Espagne s’annoncent comme les deux poids lourds du Groupe G, même si l’Albanie, Israël, l’ARY Macédoine et le Liechtenstein voudront avoir leur mot à dire. Grandes affiches, visages connus “À en juger par ce que l’on a vu au cours des derniers tournois, cette compétition préliminaire va être l’une des plus difficiles de ces dernières années“, répond Ronaldo lorsqu’on l’interroge sur la situation en Amérique du Sud. Avec le retour du Brésil, la lutte pour l’une des 4,5 places qualificatives promet d’être extrêmement serrée. Outre le pays hôte de la Coupe du Monde 2014, l’Argentine et le Chili, récent vainqueur de la Copa América, font figure d’équipes à battre. L’Uruguay et la Colombie nourrissent de sérieuses ambitions, mais le Paraguay et le Pérou auront également à cœur de confirmer les bons résultats enregistrés sur la scène continentale. En guise d’entrée en matière, la Seleçao se rendra au Chili, avant d’affronter l’Argentine pour le compte de la troisième journée. Le finaliste malheureux du grand rendez-vous mondial 2014 s’est doté l’été dernier d’un nouveau sélectionneur, en la personne de Gerardo Martino. On notera au passage avec intérêt que six des dix équipes de la CONMEBOL ont choisi de faire confiance à un technicien argentin. Dans les Caraïbes, Curaçao peut compter sur la présence d’un visage connu le long de la ligne de touche. Depuis cette année, le sélectionneur de la nation insulaire n’est autre qu’un certain Patrick Kluivert, ancien

international néerlandais. Sous son impulsion, sa nouvelle équipe a atteint le troisième tour des qualifications de la CONCACAF, ce qui lui a déjà valu un succès d’estime. Toutefois, la confrontation à venir face au Salvador s’annonce autrement plus compliquée. Finaliste de la Gold Cup, la Jamaïque aborde son duel contre le Nicaragua en confiance. Il sera temps ensuite de passer à la phase de groupes décisive, qui verra l’entrée en lice du Mexique, du Costa Rica et des États-Unis comme têtes de série. Entre logique et surprises Les représentants asiatiques n’avaient pas fait le déplacement à SaintPétersbourg, car leurs qualifications battent déjà leur plein. Les favoris traditionnels que sont l’Iran, le Japon, l’Australie et la Corée du Sud se savent attendus au tournant. Cependant, si les deux derniers nommés ont débuté leurs parcours par une victoire, Iraniens et Japonais ont dû se contenter de partager les points. La principale surprise est venue de Guam, de retour dans la compétition préliminaire après 15 ans d’absence. Pour l’heure, les insulaires font la course en tête dans le Groupe D. Å

Qualif ic a t ions p our la C oup e du Monde 2018 Dans la lutte entre les équipes nationales pour les 31 tickets en jeu pour la Coupe du Monde de la FIFA 2018™, qui se mesurera à qui ? Quel est le calendrier des matches de qualification dans les six confédérations ? Vous trouverez à l’adresse suivante toutes les informations sur le tirage au sort qui s’est déroulé à Saint-Pétersbourg ainsi qu’une vue d’ensemble des résultats dans les différents groupes : http://tinyurl.com/yf4jn94

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FIFA PARTNER


TRIBUNE

COUP DE PROJEC TEUR

INFORMATIONS GÉNÉR ALES Pays : Australie Trigramme FIFA : AUS Continent : Australie Capitale : Canberra

Retour aux sources Sarah Steiner

Mario Wagner / 2Agenten

S

ans le Sheffield FC, le football moderne n’existerait peut-être pas. Il en est en tout cas le pionnier. Fondé le 24 octobre 1857, ce club amateur est le plus ancien encore en activité. On lui doit notamment les premières règles du jeu de l’ère moderne, connues sous le nom de Sheffield Rules. Aujourd’hui, 160 ans plus tard, le club s’est fixé un objectif ambitieux : revenir là où tout a commencé, à l'Olive Grove, où le grand voisin Sheffield Wednesday a disputé son premier match le 12 septembre 1887, contre Blackburn Rovers. Le Sheffield FC évolue actuellement en Northern Premier League Division One South, le huitième échelon national, et ses rencontres ont lieu au Coach and Horses Stadium, dans la petite ville de Dronfield à quelques kilomètres au sud de Sheffield. Mais tout cela pourrait bientôt changer. La municipalité de Sheffield s’est récemment dite prête à laisser l’Olive Grove à la disposition du club. Mais plusieurs conditions doivent être réunies avant ce déménagement. Pour commencer, le terrain, en piteux état, doit être aplani et une nouvelle tribune doit être installée. Le Sheffield FC n’a jamais dérogé à sa philosophie de l’amateurisme, ce qui l’a conduit à se constituer en association. Il appelle donc fort logiquement les supporters du monde entier à soutenir son projet. Grâce à une campagne de financement participatif intitulée Your one Pound for the

home of football (“Une livre pour la maison du football”), les passionnés de ballon rond peuvent participer à cette aventure. Les responsables du club doivent réunir 150 000 livres pour réaliser leur rêve. Bien entendu, les donateurs seront récompensés. En échange d’une livre, on peut ainsi recevoir un certificat signé du président du club, Richard Tims. Un versement de 15 livres donne droit à une écharpe, tandis qu’un don de 30 livres ouvre une adhésion au club. Les plus généreux pourront remporter un week-end à Sheffield, avec match à domicile et séance de tirs au but contre le gardien local pour 250 livres. Les plus fortunés auront la possibilité de disputer une mi-temps (en match officiel), en échange d’un chèque de 1 000 livres. Selon l’âge et les capacités du donateur, un match spécial pourra être organisé. Pour savoir où cette partie aura lieu, il faudra attendre l’issue de cette campagne de financement. Si le Sheffield FC réunit la somme espérée, le match se déroulera à l’Olive Grove, là où tout a commencé. Å

INFORMATIONS GÉOGR APHIQUES Superficie : 7 692 024 km² Point culminant : Mount Kosciuszko 2 228 m Façade maritime : Océan Indien, Océan Pacifique

FOOTBALL MASCULIN Classement FIFA : 59e position Coupe du Monde : 4 participations 1974, 2006, 2010, 2014 Meilleure performance : Deuxième tour, 2006

FOOTBALL FÉMININ Classement FIFA : 9e position Coupe du Monde : 6 participations 1995, 1999, 2003, 2007, 2011, 2015 Meilleure performance : Quarts de finale 2007, 2011, 2015

DERNIERS RÉSULTATS Hommes : Kirghizistan – Australie 1:2 16 juin 2015 Femmes : Australie – Japon 0:1 27 juin 2015

INVES TISSEMENTS DE L A FIFA La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly

Depuis 2011 : 3 100 000 USD T H E F I FA W E E K LY

31


LE MIROIR DU TEMPS

T

H

E

N

South Benfleet, Angleterre

1935

H. Allen / Tropical Press Agency / Getty Images

Affiches annuelles dans la gadoue.

32

T H E F I FA W E E K LY


LE MIROIR DU TEMPS

N

O

W

Saint-Pétersbourg, Russie

2015

Olga Malteseva / AFP

La Coupe de Russie dans la boue.

T H E F I FA W E E K LY

33


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L’A R T D U F O O T B A L L

Les strates du football Ronald Düker

LE S DÉC L AR AT IONS DE L A SEM AINE

“Je l’ai promis à ma femme. Nous n’avons plus beaucoup d’années à passer ensemble. C’est la vraie raison. Il est maintenant temps pour nous de profiter de la vie et de notre couple.” L’entraîneur Louis van Gaal a annoncé qu’il mettrait un terme à sa carrière à la fin de son contrat, en 2017

“Pour moi, cette deuxième place n’est pas synonyme de médaille d’argent. Elle vaut de l’or. La Jamaïque peut être fière de son équipe. En tout cas, moi je le suis.” Le sélectionneur de la Jamaïque Winfried Schäfer, à l’issue de la finale perdue de la Gold Cup

Harun Farocki

U

ne seule scène suffit parfois à graver à jamais un match de football dans notre mémoire. C’est le cas par exemple de la finale de la Coupe du Monde de la FIFA 2006™ opposant la France à l’Italie. Ce jour-là, la faute commise par Zinedine Zidane a sans doute conduit les Tricolores à la défaite. Les spectateurs se souviendront de son coup de tête contre l’Italien Marco Materazzi comme l’un des grands moments tragiques du football. Le filtre subjectif de la mémoire humaine a par ailleurs effacé la majeure partie des autres événements qui se sont déroulés en cette soirée d’été au stade olympique de Berlin. Heureusement, les outils techniques nous ont permis de conserver une copie des images de ce match. Dans l’un de ses travaux, le vidéaste berlinois Harun Farocki, décédé récemment, a mis en évidence le nombre de strates que possède un tel match et la multitude d’angles sous lesquels il peut être observé puis analysé. Deep Play, tel est le titre de cette installation vidéo présentée un an après la Coupe du Monde lors de la “documenta” de Cassel, l’exposition internationale d’art contemporain. La finale était diffusée dans son intégralité sur douze moniteurs différents, chaque écran la montrant sous un angle totalement différent. Il y avait par exemple le clean feed, c’est-à-dire l’ensemble des rushes filmés ce soir-là et envoyés aux 250 chaînes de télévision qui effectuaient ensuite un montage diffusé en direct. Ou encore les prises de vue de

deux joueurs, Patrick Vieira et Fabio Cannavaro, montées en parallèle. Sur un autre moniteur, on pouvait voir exclusivement les mimiques et les gestes du sélectionneur italien. Les spectateurs pouvaient ensuite voir les images filmées pendant ce temps-là par les 50 caméras de surveillance installées dans l’enceinte du stade. Ou encore des animations en 2D et en 3D transposant en graphiques et en simulations les passes, les enchaînements et autres mouvements des joueurs. Après avoir été retirées de leur contexte, ces images étaient diffusées en temps réel pour créer une nouvelle grille de lecture. Le titre de cette œuvre, Deep Play, exprime clairement l’intention de Harun Farocki : tel que nous le percevons, nous ne voyons qu’une facette subjective, déformée du déroulement d’un match de football. Les extraits dotés d’une forte charge émotionnelle se superposent aux scènes moins marquantes, certaines images en éclipsent d’autres. Mais, quand on l’observe dans sa globalité, le football se révèle être un sport infiniment complexe. Pour analyser une rencontre et, tel un archéologue, étudier une à une les strates qui la composent afin de ne rien rater de ce qui se passe sur le terrain mais aussi à côté pendant ces 90 minutes de jeu, une seule soirée ne suffit pas. Celui qui aurait envie de se livrer à cet exercice minutieux peut en effet passer un temps quasi infini à visionner un seul et même match. Å

“C’est l’entraîneur qui choisit qui joue en Liga ou en Ligue des Champions, pas moi. Mais je vais tout faire pour disputer toutes les compétitions. J’ai pris la bonne décision en réintégrant le groupe plus tôt que prévu.” Marc-André ter Stegen, après avoir écourté ses vacances de onze jours afin de rejoindre les terrains d’entraînement du FC Barcelone

“Nous ne devons plus commettre la même erreur qu’après 1990. À l’époque, nous étions champions du monde, le mur de Berlin était tombé, nous avions hérité d’excellents joueurs de l’est et Franz Beckenbauer avait déclaré que nous serions imbattables pendant des années. C’est ce que nous avons cru durant dix ans. Puis, nous nous sommes réveillés et avons remarqué que de nombreuses équipes nous avaient dépassés.” Oliver Bierhoff à propos de l’équipe nationale d’Allemagne T H E F I FA W E E K LY

35



LE TOURNANT

“Le pays tout entier s’est enflammé” Lors de l’Euro 2013, Dagny Brynjarsdottir, 23 ans, est devenue une héroïne nationale en Islande. En marquant de la tête, elle a permis à son équipe de se qualifier pour les quarts de finale.

Martin Hangen

L

e 17 juillet 2013 est une date très importante pour moi. Ce jour-là, j’ai en effet marqué un but qui m’a rendue célèbre. Un journal de Floride, où j’étudiais à l’époque le marketing sportif et où j’avais porté les couleurs de l’équipe universitaire des Seminoles, a même écrit qu’avec ce but, j’étais devenue une héroïne nationale dans mon pays. Grâce à moi, l’Islande s’est en effet imposée 1:0 contre les Pays-Bas lors de l’Euro en Suède. C’était un moment historique puisque, pour la première fois, nous atteignions les quarts de finale d’une compétition européenne. En voyant le centre arriver de la gauche, j’ai bondi aussi haut que j’ai pu, j’ai gagné mon duel aérien et le ballon a atterri au fond des filets. À ce moment-là, je n’avais bien sûr pas encore conscience de l’importance qu’aurait cette action par la suite. Le simple fait de voir mon équipe mener dans ce match m’a fait exploser de joie. Après le coup de sifflet final, la joie a laissé la place à l’euphorie. Nous avons célébré notre victoire en dansant et j’ai couru vers les gradins, où se trouvaient mes parents et mon compagnon. Le match était retransmis en direct à la télévision et du jour au lendemain, je suis devenue célèbre. Grâce à cette victoire, les 320 000 habitants que compte l’Islande se sont pris d’engouement pour le football féminin. Le pays tout entier s’est enflammé. Depuis, il arrive souvent qu’on me reconnaisse dans la rue ou qu’on m’adresse la parole quand je fais mes courses. Cela me remplit de fierté. Au début, pourtant, ma titularisation semblait plutôt compromise. Lors de la préparation pour l’Euro, je ne me sentais pas vraiment dans mon élément. Ce n’est que lors de

la toute dernière séance que j’ai enfin réussi à montrer ce dont j’étais capable. J’ai ensuite pu confirmer pendant la phase de groupes et cela m’a permis de devenir titulaire, en dépit de mon numéro 14. Cette réussite, je la dois à mon caractère combatif. Toute petite, déjà, je devais m’imposer physiquement sur le terrain face aux garçons, cela m’a aidée à devenir plus robuste. J’ai grandi à Hella, un village de 700 habitants situé au sud-est de Reykjavik. En 2007, j’ai signé avec mon premier grand club, Valur, et j’ai dû pour la première voler de mes propres ailes. Au début, mes parents faisaient les allers-retours et m’accompagnaient aux entraînements et aux matches. Jusqu’au jour où j’ai décidé de déménager, de quitter à 16 ans mon village et le cocon familial pour rejoindre la capitale. Cela a eu une influence positive sur mon évolution et m’a aidée plus tard lors de mon départ pour la Floride. J’étais devenue adulte. Å Propos recueillis par Rainer Hennies

Nom Dagný Brynjarsdóttir Date et lieu de naissance 10 août 1991, Hella (Islande) Poste Milieu de terrain Parcours de joueuse 2007–2013 Valur Reykjavík 2014 UMF Selfoss 2015 Bayern Munich 2015 UMF Selfoss Principaux succès 2007–2010 Championnat d’Islande (Valur Reykjavík) 2009–2011 Coupe d’Islande (Valur Reykjavík) 2015 Championnat d’Allemagne (Bayern Munich) Équipe d’Islande 53 sélections, 11 buts

Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. T H E F I FA W E E K LY

37


CLASSEMENT MONDIAL MASCULIN

Leader Entrées dans le Top 10 Sorties du Top 10 Nombre total de matches disputés Équipes avec le plus grand nombre de matches Plus grande progression en termes de points Plus grande progression en termes de places Plus grand recul en termes de points Plus grand recul en termes de places P osition Équipe

+/- Points

Argentine (plus 2) Roumanie (8e, plus 4), Angleterre (9e, plus 6), Pays de Galles (10e, plus 12) Espagne (12e, moins 2), Uruguay (13e, moins 5), France (22e, moins 13) 213 Argentine, Chili, Mexique, Paraguay, Pérou (7 matches) Pays de Galles (plus 226) Belize (plus 37) Allemagne (moins 364) République centrafricaine (moins 29)

P osition Équipe

1 Argentine

2 1473

55 Égypte

2 Allemagne

-1 1411

3 Belgique 4 Colombie

+/- Points

P osition Équipe

0

606

108 Azerbaïdjan

56 Paraguay

29

603

-1 1244

57 Nigeria

-14

0 1217

58 Guinée

-13

5 Pays-Bas

1 1204

59 Australie

6 Brésil

-1 1186

60 RD Congo

+/- Points

Dernière mise à jour : 10 juillet 2015

P osition Équipe

302

163 Suriname

-13

141

110 Lituanie

-14

301

164 Indonésie

-9

134

601

111 Sierra Leone

-28

300

165 Timor oriental

-19

130

591

112 Zimbabwe

7

290

166 Bhoutan

-7

128

4

559

113 Bahreïn

-7

282

167 Nouvelle-Calédonie

2

118

-4

555

114 Namibie

-9

276

168 Malaisie

-6

117

-3

115

7 Portugal

0 1177

61 Mali

-9

550

115 St-Vincent-et-les-Grenadines

-3

268

169 Bangladesh

8 Roumanie

4 1166

62 Panamá

-8

549

116 Kenya

7

263

170 République centrafricaine

9 Angleterre

6 1157

63 Guinée équatoriale

-13

546

117 Syrie

4

262

10 Pays de Galles

+/- Points

7

-29

111

171 Yémen

-6

104

64 Trinité-et-Tobago

3

543

118 Belize

37

257

172 Pakistan

-2

101

8 1129

65 Gabon

-6

524

119 Palestine

-1

255

173 Tchad

-1

100

12 Espagne

-2 1110

66 Bolivie

23

511

120 Saint-Kitts-et-Nevis

-6

254

174 Dominique

-6

98

13 Uruguay

-5 1036

67 Norvège

-3

495

120 Botswana

-9

254

175 Îles Vierges américaines

-4

97

14 Croatie

4 1023

68 Bulgarie

-6

489

122 Madagascar

-9

250

176 Maldives

2

87

15 Slovaquie

2 1016

69 Émirats arabes unis

4

487

123 Koweït

2

242

177 Laos

-2

86

13

236

178 Montserrat

3

74

0

236

179 Chinese Taipei

-1

72

11 Chili

12 1155

15 Autriche

5 1016

70 Afrique du Sud

-1

483

124 Philippines

17 Italie

-4 1001

71 Zambie

-3

482

124 Moldavie

18 Suisse

-7

997

72 Burkina Faso

-6

481

126 République dominicaine

-10

227

180 Maurice

-4

71

19 Algérie

2

941

73 Ouganda

-2

467

127 Sainte-Lucie

9

225

181 Cambodge

-3

66

20 République tchèque

-4

933

74 Îles Féroé

28

456

128 Mauritanie

21

224

181 Macao

4

66

21 Côte d’Ivoire

3

917

75 Ouzbékistan

-1

453

129 RDP Corée

17

222

183 Sri Lanka

3

62

22 France

-13

882

76 Jamaïque

-11

437

130 Liban

5

218

184 Brunei

0

61

23 Islande

14

877

77 RP Chine

2

436

131 Burundi

3

217

185 Népal

-2

60

24 Danemark

5

876

78 Rwanda

16

433

131 Lesotho

-9

217

186 Seychelles

1

52

25 Ghana

9

827

79 Haïti

-3

428

133 Guinée-Bissau

22

213

187 Comores

3

51

26 Bosnie-et-Herzégovine

6

819

80 Honduras

-5

427

134 Afghanistan

17

212

188 Tahiti

-6

50

27 Ukraine

8

791

81 Monténégro

-11

423

135 Aruba

16

211

189 São Tomé-et-Principe

-1

48

28 Russie

-2

782

82 Estonie

9

420

136 Bermudes

-10

209

189 Îles Caïmans

0

48

29 Écosse

-1

774

83 Togo

-6

415

136 Nouvelle-Zélande

2

209

191 Îles Salomon

-1

44

30 Pologne

2

769

84 Maroc

8

394

138 Swaziland

24

206

192 Saint-Marin

0

40

31 Hongrie

11

763

85 Chypre

2

391

139 Tanzanie

-12

200

193 Turks et Caicos

0

33

32 Tunisie

-3

758

86 Irak

0

382

140 Thaïlande

-11

199

194 Îles Vierges britanniques

0

27

33 Suède

6

752

87 Lettonie

-5

377

141 Barbade

-9

198

195 Soudan du Sud

2

24

34 États-Unis

-7

748

88 Salvador

1

374

142 Kazakhstan

-9

193

196 Samoa

2

19

35 Équateur

-4

738

89 Arménie

-5

373

143 Gambie

17

188

197 Vanuatu

3

17

36 Albanie

15

722

90 Soudan

18

371

143 Nicaragua

8

188

197 Tonga

3

17

7

721

90 Finlande

-12

371

143 Vietnam

-16

188

199 Fidji

-4

16

38 Iran

3

716

92 Angola

-4

355

146 Luxembourg

-15

187

200 Bahamas

-4

13

39 Sénégal

-3

715

92 Jordanie

11

355

147 Liechtenstein

-18

182

201 Samoa américaines

2

12

40 Mexique

-17

697

92 Arabie saoudite

6

355

148 Tadjikistan

-9

181

202 Papouasie-Nouvelle-Guinée

0

9

41 Costa Rica

-27

695

95 Mozambique

-14

354

149 Curaçao

-5

174

202 Andorre

2

9

42 Cameroun

7

672

96 Bénin

14

345

150 Porto Rico

17

169

204 Érythrée

0

8

43 Serbie

2

662

96 Libye

23

345

150 Singapour

4

169

205 Mongolie

-6

6

44 Grèce

-19

661

96 Niger

21

345

152 Turkménistan

21

167

205 Somalie

1

6

45 Venezuela

27

643

96 Qatar

1

345

153 Géorgie

-14

165

207 Djibouti

0

4

46 Pérou

15

635

100 Belarus

-20

341

154 Hong Kong

10

163

207 Îles Cook

0

4

47 Congo

0

630

101 Éthiopie

-2

333

154 Guam

20

163

209 Anguilla

0

0

48 Turquie

9

627

102 Oman

-1

329

156 Inde

-15

161

49 Slovénie

-1

626

103 Canada

6

328

157 Kirghizistan

20

160

50 Japon

2

621

104 Cuba

3

313

158 Malte

-13

157

51 Israël

-11

620

105 Guatemala

-12

311

159 Guyana

-1

155

52 Cap-Vert

0

153

37 Irlande du Nord

-14

608

105 ARY Macédoine

-5

311

160 Grenade

52 République d’Irlande

8

608

107 Antigua-et-Barbuda

-3

303

161 Liberia

-13

152

52 République de Corée

6

608

108 Malawi

-13

302

162 Myanmar

-19

145

38

T H E F I FA W E E K LY

http://fr.fifa.com/worldranking/index.html


PUZZLE

Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

Président Joseph S. Blatter

1

9

FACILE

3

9

6

Secrétaire Général Jérôme Valcke

2

Directeur de la Communication et des Affaires publiques Nicolas Maingot (a. i.)

1 5

1

9 4

7

Rédacteur en chef Perikles Monioudis

5 2

Rédaction Alan Schweingruber (rédacteur en chef adjoint), Annette Braun, Sarah Steiner

5

7

6

8

7 7

4

9

4 6

8

Conception artistique Catharina Clajus Service photo Peggy Knotz, Andreas Wilhelm (adjoint) Mise en page Richie Krönert (responsable), Tobias Benz, Susanne Egli

9

2

7 8

Ont contribué à ce numéro Rainer Hennies, Julien Sebbah

3

2

9

7

6

5

5 1

6

3

6

5

8

4 2

Production Hans-Peter Frei

3

6 3

4

8

9 7

1

4

DIFFICILE

4

Impression Zofinger Tagblatt AG Contact feedback-theweekly@fifa.org

8 9

7

1

4

Internet www.fifa.com/theweekly

Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.

7 6

5

Assistante de rédaction Alissa Rosskopf

La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2015”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse.

8

3

2

Collaborateurs réguliers Ronald Düker, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Andreas Jaros, Jordi Punti, Thomas Renggli, David Winner, Roland Zorn

Traduction www.sportstranslations.com

5

MOYEN

Correction Nena Morf (responsable), Martin Beran, Kristina Rotach

Responsables de projet Bernd Fisa, Christian Schaub

3

1

8

3

8

6 3 1

7 1

3

4 9

5 5 2

6 5

8

7 7 1

3

7

4

7

1 3

T H E F I FA W E E K LY

Puzzles courtesy: opensky.ca/sudoku

Éditeur FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Téléphone +41-(0)43-222 7777, Fax +41-(0)43-222 7878

Le but du jeu est de remplir la grille avec des chiffres de 1 à 9, qui ne se trouvent jamais plus d’une fois dans la même ligne, la même colonne ou le même carré de 3x3.

39


XX. Monat 2013

Édition française

Fédération Internationale de Football Association – depuis 1904

Football breaks down barriers Football builds bridges. It has a unique power to inspire friendship, respect and equality. FIFA’s Say No To Racism campaign is part of our commitment to tackle all forms of discrimination in football. Everyone should have the right to play and enjoy football without fear of discrimination. Say no to racism. For more information visit FIFA.com

www.FIFA.COM

WWW.FIFA.COM/


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