N O 52, 17 OCTOBRE 2014
ÉDITION FR ANÇAISE
Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904
RACISME UNE CHARTE MONDIALE ITALIE L’INTER À LA CROISÉE DES CHEMINS MOYA DODD UNE VIE AU SERVICE DU FOOTBALL FÉMININ
La relève Autriche
W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY
L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL
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Amérique du Nord et Centrale 35 membres www.concacaf.com
Retour programmé Pendant plus d’une décennie, l’équipe d’Autriche a perdu le fil de son histoire. Aujourd’hui, sous l’égide de Marcel Koller, elle semble de nouveau en mesure de participer à un grand tournoi international. Andreas Jaros décrit l’euphorie entourant les matches de qualification à l’Euro et revient sur la “Wunderteam” qui enchaînait les succès dans les années 30.
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Moya Dodd Dans une interview, la vice-présidente de la Confédération Asiatique de Football nous parle de son parcours dans le football féminin, de l’égalité des chances et de son amour pour Liverpool.
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S epp Blatter FIFA TV s’est vu décerner deux grandes récompenses internationales. Le Président de la FIFA Sepp Blatter ne manque pas d’en féliciter l’équipe, car c’est grâce à elle que “les retransmissions télévisées de la Coupe du Monde au Brésil ont atteint de nouveaux sommets”.
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Günter Netzer “Les gardiens de but professionnels ont besoin d’une mentalité particulière”, affirme notre chroniqueur. “C’est même l’une des principales qualités requises pour s’imposer à ce poste.”
Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com
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Winfried Schäfer Le technicien allemand livre un récit poignant du moment le plus tragique de sa carrière.
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États-Unis Landon Donovan, idole du L.A. Galaxy, effectue une tournée d’adieu en Major League Soccer.
La relève Notre photo de couverture montre l’international autrichien David Alaba lors du match contre la Suède le 8 septembre 2014.
The FIFA Weekly Magazine App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues pour votre tablette.
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Getty Images (3), imago
REUTERS/Leonhard Foeger
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Europe 54 membres www.uefa.com
Afrique 54 membres www.cafonline.com
Asie 46 membres www.the-afc.com
Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com
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Italie L’Inter a perdu le contact avec la tête du classement. Son entraîneur Walter Mazzarri y survivra-t-il ?
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Rencontre au sommet Tokyo Sexwale, ancien compagnon de lutte de Nelson Mandela, explique comment l’ensemble du monde du sport doit mener la lutte contre le racisme.
Coupe du Monde des Clubs de la FIFA du 10 au 20 décembre 2014, Maroc
Coupe du Monde U-20 de la FIFA du 30 mai au 20 juin 2015, Nouvelle-Zélande
Coupe du Monde Féminine de la FIFA du 6 juin au 5 juillet 2015, Canada
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À DÉCOUVERT
Nouvelles ambitions
Avant-match Un supporter autrichien enfile son nouveau maillot de l’équipe nationale.
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ongtemps, le football autrichien est resté associé à la Wunderteam des années 30, à l’épopée de la Coupe du Monde 1954 et à la génération des Hans Krankl et autres Herbert Prohaska, à la fin des années 70. Puis, le pays a connu une très longue traversée du désert. Aujourd’hui, une nouvelle génération de joueurs entreprend de redorer un blason terni au fil des ans. Notre collaborateur Andreas Jaros (lui-même autrichien) nous en dit plus à partir de la page 6.
L Paul Kranzler
es 20 et 21 novembre prochains, la jeune initiative Global Watch lancera sa propre charte et son baromètre du combat contre le racisme sur tous les terrains. Ancien compagnon de lutte de Nelson Mandela, Tokyo Sexwale place le monde du sport au pied du mur à Johannesburg. Retrouvez son interview en page 24.
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ans son éditorial hebdomadaire, page 23, le Président de la FIFA Sepp Blatter salue les deux récompenses attribuées par les plus hautes instances télévisuelles internationales à FIFA TV : l’“International Honour for Excellence” et le “Judges’ Prize”. Å Perikles Monioudis T H E F I FA W E E K LY
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© Wien Museum
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Pour l’éternité La “Wunderteam” autrichienne peinte par Paul Meissner (1948).
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RETOUR PROGRAMMÉ
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Par le passé, l’Autriche a souvent disposé d’une grande équipe et même d’une “Wunderteam”. Après plusieurs années d’errance, la sélection espère maintenant revenir sur le devant de la scène, poussée par son public. Andreas Jaros (texte), Paul Kanzler (photos) T H E F I FA W E E K LY
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Un dimanche prometteur Un supporter autrichien observe le déroulement de la rencontre sur la pelouse viennoise.
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ans le stade Ernst Happel de Vienne, l’ambiance est électrique, comme souvent lors des derniers matches à domicile. La Marche de Radetsky retentit afin de chauffer encore un peu plus le public. Une mer de drapeaux rouge et blanc s’agite. Les 44 200 supporters présents sont prêts. Ce dimanche 12 octobre 2014 approche de son dénouement. Jusqu’à présent, la journée s’est révélée étonnamment douce et de nombreux habitants se sont même risqués à piquer une tête dans le Nouveau Danube. L’équipe d’Autriche parviendra-t-elle à remporter son match de qualifications pour l’Euro 2016 face au Monténégro, sous pression après un triste 0:0 au Liechtenstein, ou bien se retrouvera-t-elle, elle aussi, le bec dans l’eau ? Au bout du compte, ce sont bel et bien les visiteurs qui ont besoin d’une bouée de sauvetage. En l’espace d’un quart d’heure, les Autrichiens se procurent trois énormes occasions. On en comptera bien plus de dix sur l’ensemble de la soirée. Pourtant, seul Rubin Okotie, pensionnaire du Munich 1860 en deuxième division allemande et remplaçant d’un Marc Janko suspendu, parvient à trouver le chemin des filets. Peu avant le coup de sifflet final, une frappe du capitaine monténégrin Mirko Vucinic sur laquelle le gardien local est masqué manque de venir gâcher la fête. Décidemment, l’Autriche a choisi de se compliquer la vie pour rejoindre la phase finale de l’Euro organisé en France. Mais après ces quelques instants crispants, personne n’a envie de faire la fine bouche. Les trois coups de l’arbitre sonnent comme une délivrance et les tribunes s’embrasent. Le volume augmente d’encore quelques décibels lorsque le speaker annonce les autres résultats du groupe G : la Russie n’a pu faire mieux que match nul face à la Moldavie (1:1), l’Autriche est en tête avec sept points ! Les joueurs, vidés après tous leurs efforts, s’offrent un tour d’honneur bien mérité. Afin de terminer en beauté, la sono crache les premiers accords de “I am from Austria”, l’hymne officieux du pays. 8
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La “Wunderteam” des années 1930 Cet excès de patriotisme affiché après les succès étriqués face au Monténégro et à la Moldavie est toutefois bien compréhensible. “Il y a encore quelque temps, nous n’aurions pas gagné ce match à l’extérieur en Moldavie”, estimait Zlatko Junuzovic, meneur de jeu et “marathonien” de l’Autriche, au sortir d’une rencontre compliquée mais finalement remportée 2:1, trois jours avant le duel face au Monténégro. Chaque petite avancée est vécue comme un énorme progrès. Il faut dire que la dernière qualification pour un grand tournoi international remonte à 17 ans, lorsqu’Andreas Herzog envoyait les siens à la Coupe du Monde 1998 d’un but somptueux sur la pelouse du stade Ernst Happel, déjà. L’adversaire de l’époque, la Suède, se dresse cette fois encore sur la route autrichienne pour cette nouvelle campagne. Dans un passé récent, l’Autriche a donc eu peu de raisons de se réjouir, que ce soit du côté de son équipe nationale ou de ses clubs. Tristes mines et déceptions en série sont devenues le quotidien des amateurs de ballon rond. Leur appétit n’en est que plus aiguisé aujourd’hui. On l’aurait presque oublié, mais l’Autriche était autrefois une nation qui compte dans le paysage footballistique mondial. Dans les années 30, “l’école viennoise” était en vogue et l’on se plaisait à pratiquer un Scheiberlspiel, sorte d’ancêtre du jeu à base de passes courtes et de possession à outrance proposé de nos jours par Barcelone ou le Bayern. Aucune équipe ne symbolisait plus parfaitement l’aisance technique et l’intelligence tactique que la Wunderteam, cette sélection autrichienne dont l’élégance ravissait tout un chacun, des esthètes aux supporters de base. Elle savait aussi se montrer sans pitié et faire tomber un déluge de buts sur son adversaire, à domicile comme à l’extérieur. L’Allemagne, par exemple, s’est ainsi vue infliger un sévère 6:0 chez elle à Berlin, résultat suivi d’un tout aussi sévère 5:0 à Vienne. L’Écosse, jusqu’alors invaincue sur le continent européen, est elle aussi repartie avec une valise pleine de cinq buts, ce qui reste, il est vrai, mieux que la Suisse (8:1) ou encore la Hongrie (8:2), dont l’âge d’or n’est survenu que bien plus tard.
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Leader David Alaba et toute l’équipe d’Autriche font la fête après le succès 1:0 contre le Monténégro.
La faible prestation lors de la Coupe du Monde 1958 n’est qu’un avant-goût des années de vaches maigres qui suivront.
Herbert Pfarrhofer / Keystone
Sa naissance, la Wunderteam la doit en 1931 à plusieurs personnes. Après une défaite 2:1 en Italie et un nul 0:0 contre la Hongrie, les représentants de la presse sportive viennoise signifient en effet leur ras le bol et réclament des changements avec véhémence. L’une de leurs principales revendications est le retour du génial attaquant Matthias Sindelar, surnommé der Papierene (l’homme de papier) en raison de son physique filigrane. Hugo Meisl, secrétaire générale de la fédération et sélectionneur national, finit par céder. Un tournant manqué L’Autriche reste alors invaincue pendant 12 matches d’affilée. Si elle commence à perdre quelque peu de son éclat en 1933, elle connaît néanmoins une nouvelle période faste après la Seconde Guerre mondiale. Elle décroche notamment la troisième place lors de la Coupe du Monde 1954 à la faveur d’une victoire 3:1 devant l’Uruguay, double champion du monde. Il s’agit à ce jour du meilleur résultat de son histoire. Ce que l’on retiendra surtout de ce tournoi, c’est le quart de finale disputé sous une chaleur accablante à Lausanne contre la Suisse, achevé sur un score fleuve de 7:5. Le gardien Kurt Schmied connaît un début de match désastreux au cours duquel il encaisse trois buts et attrape une insolation. Les remplacements ne sont toutefois pas permis à cette époque et en deuxième mi-temps, c’est le masseur autrichien posté derrière les cages qui doit guider son portier titubant : “Kurt, ils débordent côté droit…”
Par la suite, le collectif autrichien déraille complètement et la faible prestation lors de la Coupe du Monde 1958 n’est qu’un avant-goût des années de vaches maigres qui suivront. Le pays doit attendre 20 ans avant de pouvoir participer à nouveau à l’épreuve suprême. Une certaine nostalgie de la Wunderteam s’installe. Les différents dirigeants continuent de ne se fier qu’aux seules qualités techniques et décident d’ignorer les importantes évolutions en matière d’entraînement, où de nouvelles méthodes professionnelles, modernes et novatrices permettent de mettre l’accent sur la tactique et la condition physique. Wolfgang Winheim, spécialiste du football pour le quotidien Kurier et témoin de l’époque, confirme ce tournant manqué : “Alors que les handballeurs et les athlètes sont depuis longtemps ouverts aux nouveautés, les footballeurs ont raté l’arrivée de la science et de la technique dans le sport. Il faut attendre le Slovaque Leopold Stastny pour qu’un programme efficace de formation des entraîneurs soit mis en place.” Sélectionneur de l’Autriche depuis 1968, Stastny lance également un championnat national des écoles et pose les bases de la légendaire équipe de 1978 autour de Bruno Pezzey, Herbert Prohaska et Hans Krankl. C’est cette année-là que survient le premier succès face à l’Allemagne depuis 47 ans, à Córdoba lors du mondial argentin (3:2). Les médias en parleront pendant des décennies. L’équipe qui se qualifie pour l’édition 1982 est théoriquement encore meilleure, mais elle est rongée par les conflits internes, les égos et les suites du match de la honte à Gijón, lorsqu’Allemands et Autrichiens concluent un “pacte de non-agression” afin de se qualifier pour le tour suivant sans forcer, au détriment de l’Algérie. En guise de punition, les Coupes du Monde 1990 et 1998 prennent fin dès la phase de groupes et ce malgré la présence de stars telles que Toni Polster ou Andreas Herzog. Un championnat repensé Du côté des clubs, le bilan n’est guère plus glorieux, bien que l’on note tout de même deux finales européennes dans les années 90. L’Austria Salzbourg, dont le gardien Otto Konrad a également sorti deux disques T H E F I FA W E E K LY
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Potentiel La rencontre face au Monténégro se jouait presque à guichets fermés, ce qui n’a pas toujours été le cas pour les matches décisifs de la sélection.
Fin crispante Un fan bout d’impatience à la fin du match contre le Monténégro. 10
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Là ! Un jeune supporter tente de repérer son idole David Alaba.
à succès à cette époque, s’est attiré une vague de sympathie dans tout le pays grâce à plusieurs performances de choix en Ligue des Champions. Depuis, la licence du club a été rachetée par Red Bull et malgré les millions injectés, celui-ci se montre pour le moment incapable de marcher dans les traces de son ancêtre, avec sept échecs en autant de tentatives de qualification pour la phase de groupes de la compétition phare du Vieux Continent. Salzbourg éprouve moins de difficulté à marquer le championnat local de son empreinte, bien qu’un petit club de campagne (voir page 12) fasse actuellement sensation. Wolfsberg, le tout premier leader en provenance de Carinthie, possède un budget de cinq millions d’euros seulement mais
Le Scheiberlspiel Au début des années 30, l’équipe d’Autriche se distingue par son “Scheiberlspiel”. Ce style élégant et raffiné, typiquement viennois, s’efforce de garder la balle au sol. À l’époque, il n’était pas rare de voir les joueurs autrichiens progresser jusqu’à la surface de réparation adverse grâce à un jeu de passes courtes… avant de repartir en sens inverse pour répéter la séquence. Meilleures performances autrichiennes en Coupe du Monde: 1934 (4ème), 1954 (3ème), 1978 (7ème), 1982 (8ème) Meilleures performances autrichiennes à l’Euro: 1960 (quarts de finale) Sélectionneur: Marcel Koller (Suisse) Classement FIFA: 39ème Qualifications pour l’Euro, Groupe G : 1. Autriche 3 matches/7 points, 2. Russie 3 matches /5 points, 3. Suède 3 matches /5 points, 4. Monténégro 3 matches /4 points, 5. Moldavie 3 matches /1 point, 6. Liechtenstein 3 matches /1 point
se paye tout de même le luxe d’humilier les grands clubs viennois, dont les moyens financiers sont quatre fois plus importants, sans parler bien sûr du Red Bull, à des années-lumière économiquement parlant ! Ce faisant, on discute d’une nouvelle modification du format du championnat. VdF, le syndicat des joueurs, réclame l’instauration d’une ligue professionnelle unique à partir de la saison 2017/18 au lieu des deux niveaux actuels, qui réunissent chacun dix clubs. “Nous verrons si ce nouveau championnat se joue à 10, 12, 14 ou 16, suivant le nombre de clubs qui voudront ou pourront répondre aux critères d’admission. Quoi qu’il en soit, le professionnalisme n’est plus envisageable aujourd’hui en deuxième division en raison des trop faibles revenus générés”, explique Gernot Zirngast, le président du VdF. Comme pour confirmer la déliquescence de l’élite autrichienne, le sélectionneur actuel Marcel Koller, un Suisse, nomme presque exclusivement des joueurs évoluant à l’étranger, à l’exception de quelques pensionnaires de Salzbourg. Peu lui importe si un Marc Janko doit à chaque fois faire le voyage depuis l’Australie, si un Rubin Okotie joue en deuxième division allemande ou si un Robert Almer cire le banc à Hanovre. Alaba, symbole du renouveau Grâce son reflexe époustouflant à la 87ème minute du match contre le Monténégro, qui a permis aux siens de conserver la victoire, Almer à une nouvelle fois justifié la confiance accordée par Koller. Janko, outre son but décisif en Moldavie, prouve régulièrement qu’il est bel et bien utile de lui faire parcourir 16 000 kilomètres depuis Sydney. Même Marko Arnautovic, devenu remplaçant à Stoke City, semble enfin exploiter son potentiel. Il a en tout cas rarement été aussi applaudi que lors de sa sortie le 12 octobre dernier. De quoi réjouir son ami David Alaba, le petit chouchou du public autrichien. Le gaucher a toujours su ce qu’il voulait, pleinement conscient des sacrifices à faire pour devenir un footballeur professionnel de renom T H E F I FA W E E K LY
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La fierté de la Carinthie
À l’issue du premier tiers de la saison, le petit club de Wolfsberg fait la course en tête du championnat : le Red Bull Salzbourg, le Rapid et l’Austria vont-ils enfin se réveiller ?
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ans un allemand fortement teinté de dialecte viennois, un supporter de l’Austria Vienne d’un certain âge fait part de son optimisme devant l’un des buffets de la tribune sud de la Generali-Arena : “On a battu Salzbourg (le Red Bull Salzbourg, tenant du titre, ndlr.), aux suivants !” Les hommes vêtus de violet réunis autour de lui poussent des cris d’enthousiasme en levant leurs verres. Ils sont eux aussi convaincus de la victoire de leur équipe face au RZ Pellets WAC, grande surprise de cette saison. “Notre buteur Roman Kienast va signer un triplé”, prédit ainsi un “spécialiste”. Dans la tribune de presse, on voit également le monde en violet : “L’Austria va décrocher les trois points, c’est sûr !”, s’emballe un jeune commentateur radio. Deux heures plus tard, le sourire a quitté les lèvres des supporters du champion d’Autriche de 2012/13 et l’optimisme a laissé à la place au désenchantement : les Loups de Wolfsberg se sont en effet imposés 2:0, une victoire méritée qui leur permet de poursuivre leur ascension et de consolider leur avance en tête du classement, alors que la saison touche à la fin de son premier tiers. La chance n’est pour rien dans ce succès. Plutôt que d’opter pour un jeu basé sur le pressing, l’équipe mise avant tout sur des contres, comme ceux de Peter Zulj à la 28ème minute de jeu à l’issue de la première véritable belle action de la partie ou de son coéquipier Manuel Weber dans les arrêts de jeu (93ème minute). Kühbauer a rallumé la flamme Mais comment ce petit club de la vallée de la Lavant, située à l’extrémité est de la Carinthie au sud de l’Autriche, est-il parvenu à laisser derrière lui Salzbourg et ses millions et surtout les grandes équipes viennoises du Rapid et de l’Austria ? La réponse est simple : en faisant preuve de discipline et en misant sur la continuité. “Un pour tous et tous pour un”, telle est la mentalité du Wolfsberger AC dont l’équipe est constituée d’un savant mélange de joueurs expérimentés et de jeunes talents, le tout entraîné par une star du football autri-
chien : Dietmar “Didi” Kühbauer, 43 ans. Du temps où il était joueur, cet ancien international aux 55 sélections était déjà un chef de meute au tempérament bien trempé. Si l’ex-légionnaire du VfL Wolfsbourg et de la Real Sociedad a mis de l’eau dans son vin, il lui arrive encore de se livrer sur la ligne de touche à des joutes verbales avec des joueurs et des entraîneurs des équipes adverses. Mais cette tête brûlée a également le don de rallumer la flamme d’équipes en difficulté, comme il l’avait déjà prouvé en conduisant l’Admira jusqu’en Ligue Europa. À son arrivée à Wolfsberg il y a un an, le club était lanterne rouge du championnat. Le capitaine Michael Sollbauer décrit ainsi sa méthode : “L’entraîneur n’attend pas de miracles, il veut juste que nous fassions preuve d’engagement lors de chaque match, que nous soyons compacts sur le terrain et que nous passions rapidement de la défense à l’attaque.” Primes de championnat ? Wolfsberg est ainsi devenu la fierté de toute une région, effaçant le triste souvenir de la faillite de l’Austria Carinthie et celui du Wörtherseestadion de Klagenfurt, vestige de l’Euro 2008 aujourd’hui quasiment inutilisé. Il y a dix ans, les Loups, qui évoluaient encore en championnat de Carinthie, étaient pourtant passé à deux doigts de la relégation. Mais en 2007, l’équipe a été sauvée grâce à la fusion avec Sankt Andrä, un club de championnat régional. En 2010, Wolfsberg est remonté en deuxième division, retrouvant son aura des années 70 et 80. En 2012, emmenés par l’entraîneur croate Nenad Bjelica, les Loups ont fait leur apparition dans l’élite autrichienne, terminant fièrement à la 5ème puis à la 7ème place. Aujourd’hui, le succès est tel que Dietmar Riegler, président et mécène de longue date, est confronté à de nouveaux problèmes, comme celui de savoir si les contrats de ses joueurs disposent ou non d’une clause leur garantissant une prime en cas de titre... Andreas Jaros
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Dépité Manuel Weber, de Wolfsberg, exulte. Au sol, le Viennois James Holland préfère ne pas voir ça.
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“IL FAUT DES INFRASTRUCTURES MODERNES” Peter-Michael Reichel, comment jugez-vous l’état du football autrichien ?
Peter-Michael Reichel Ancien président du LASK Linz.
Peter-Michael Reichel : Le meilleur signe du potentiel autrichien est pour moi le fait que tous les billets pour le match amical contre le Brésil, le 18 novembre prochain, ont été vendus en l’espace de 28 heures. Si l’équipe nationale continue à gagner, la pression se fera plus forte sur nos responsables politiques, qui seront bien obligés d’investir enfin dans les infrastructures. Cela se répercuterait jusque dans la formation des jeunes. Si l’État investit, les Länder et les communes suivront.
Vous voulez parler des suites de l’Euro 2008 à domicile ? La plus grande erreur a été de ne pas construire de stade qui répondrait aux plus hautes exigences internationales. La Suisse, coorganisatrice de cet Euro, est depuis lors sur une pente ascendante. Chez nous, c’est tout l’inverse. Au cours de mes 14 ans passés à la tête du LASK, ne pas être parvenu à moderniser les infrastructures restera un échec.
Le Rapid de Vienne, club le plus titré du pays, est en train de construire une nouvelle enceinte car son vieil Hanappi est obsolète. Je crois que cela vaut le coup et que le club sera ainsi capable d’attirer 20 000 spectateurs en moyenne.
Que pensez-vous de l’idée d’un unique championnat professionnel ?
Soulagement Au coup de sifflet final, les spectateurs sont visiblement satisfaits.
Alaba a toujours été conscient des sacrifices à faire pour devenir un footballeur professionnel de renom. et pas juste une étoile filante. Cette mentalité s’est révélée payante pour le jeune homme de 22 ans : titulaire indiscutable au sein d’un impressionnant Bayern Munich, vainqueur de la Ligue des Champions, de la Bundesliga et de la Coupe d’Allemagne, mais aussi pierre angulaire de sa sélection, au sein de laquelle il a naturellement pris du galon en même temps que ses responsabilités. Au cours de l’actuelle campagne de qualifications pour l’Euro, il a déjà transformé deux penaltys, contre la Suède à domicile (1:1) et en Moldavie. Avec ses qualités, Alaba symbolise parfaitement le renouveau autrichien que l’on a pu constater contre le Monténégro : pressing du début à la fin, engagement et volonté de prendre le jeu à son compte. Si Koller continue d’avoir la main heureuse (“Je préfère ne pas m’en vanter”), l’Autriche pourrait bien poursuivre victorieusement sa chasse à l’Euro le 15 novembre prochain face à la Russie, dans un stade qui affiche complet depuis longtemps déjà. C’est dire si les supporters ont retrouvé l’appétit. Å
Je suis du côté du syndicat des joueurs. Cela a toujours été pour moi le modèle rêvé. En dessous de ce championnat professionnel, je mettrais en place une division semi-professionnelle avec plafond salarial.
“À VIENNE, NOUS POUVONS BAT TRE N’IMPORTE QUI” Michael Konsel, quelles sont les chances de l’Autriche de se qualifier pour l’Euro 2016 en France ? Michael Konsel : Dès le tirage au sort, j’ai annoncé que la qualification était possible. Nous n’avons pas à rougir face à nos adversaires, même si bien sûr, les déplacements en Russie et en Suède seront compliqués à négocier. Michael Konsel Gardien de l’Autriche lors de France 98.
Qu’est-ce qui vous impressionne le plus dans cette équipe d’Autriche ?
Nous sommes très costauds à domicile et je suis persuadé qu’à Vienne, nous pouvons battre n’importe qui. Les garçons jouent avec assez de cœur et d’agressivité pour mettre le feu. Ils tentent des choses et se battent. Chacun fait l’effort pour l’autre, c’est une vraie équipe. Nos performances médiocres pendant tant d’années nous aident également, car beaucoup nous sous-estiment. Maintenant que la phase finale se dispute à 24 équipes, nous devrions être capables de l’atteindre.
Dans quels domaines la sélection peut-elle s’améliorer ? Nous n’avons pas le droit d’être aussi inefficaces que nous l’avons été face au Monténégro.
Voyez-vous des similitudes avec les qualifications pour France 98 ?
Retrouvez l’inter view du sélectionneur de l’Autriche Marcel Koller sur FIFA.com.
Les époques sont différentes, je ne veux pas me risquer au jeu des comparaisons. Ce que je peux toutefois constater, c’est que nous aussi, en notre temps, nous avions beaucoup de joueurs évoluant à l’étranger. J’étais moi-même sous contrat avec l’AS Rome, par exemple. Å T H E F I FA W E E K LY
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Le football est une confrérie. C’est la paix.
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Oscar Arias Lauréat du Prix Nobel
LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE
VU DES TRIBUNES Major League Soccer américaine
Der n ière l igne d r o ite Jordi Punti est écrivain et auteur de nombreux articles sur le football dans les médias espagnols.
Shaun Clark / Corbis
La Major League Soccer (MLS) a atteint l’âge “adulte”. Elle se trouve actuellement dans sa 19ème saison et les play-offs, prévus en novembre, approchent à pas de géant. Il ne reste plus que deux journées à jouer dans la saison régulière et rien n’est encore fait. Le temps presse et il est plus que probable que le vainqueur du Supporters Shield (le trophée récompensant la meilleure équipe de la saison régulière) sera attribué à l’issue du duel direct opposant Los Angeles Galaxy et les Seattle Sounders. Les deux équipes font actuellement la course en tête dans la Conférence ouest et vont s’affronter deux fois d’affilée. D’ores et déjà qualifiées pour la suite de la compétition, elles espèrent à présent succéder aux New York Red Bulls et décrocher le titre de champion de la saison régulière 2013. La MLS a gagné en maturité et les supporters ne s’y trompent pas : ils sont de plus en plus nombreux à suivre ce championnat dont l’histoire s’étoffe peu à peu. Dans le football, tout est en effet affaire de retour en arrière et de projection dans l’avenir ; les meilleures rencontres et les plus grands joueurs restent gravés dans les mémoires tandis que chaque nouvelle partie s’accompagne de l’espoir d’une victoire. Les supporters américains disposent déjà de quelques joueurs de légende, tel Landon Donovan, peut-être le meilleur footballeur nord-américain de tous les temps. Au mois d’août dernier, Donovan a annoncé son intention de mettre un terme à sa carrière à la fin de la saison. Quelque temps auparavant, la décision de Jürgen Klinsmann de ne pas l’emmener au Brésil pour la Coupe du Monde avait déjà suscité la polémique. Âgé de 32 ans, le joueur de Los Angeles a écrit sur Facebook : “Je suis triste d’abandonner une profession qui m’a procuré tant de joie.” Il a ensuite remercié l’ensemble de ses coéquipiers, entraîneurs et amis qui l’ont soutenu au fil des années, avant d’ajouter : “Je tiens à remercier tout particulièrement les supporters. Vous êtes l’âme de ce sport. Sans vous, personne ne saurait ce qu’est le privilège de jouer en MLS.”
La semaine dernière, Landon Donovan a disputé son dernier match en sélection à l’occasion d’une rencontre amicale face à l’Équateur, entamant ainsi sa tournée d’adieu au public. Présent sur la pelouse pendant 40 minutes, Donovan a d’ailleurs failli marquer, mais son tir a été renvoyé par le poteau. Lors de son remplacement, l’ensemble des spectateurs d’East Hartford (Connecticut) s’est levé pour entonner pendant plus d’une minute : “Thank you Landon”. À l’issue de la rencontre, qui s’est soldée par un nul 1:1, un film retraçant sa carrière a été diffusé sur les écrans du stade et le joueur a fondu en larmes. Le numéro dix du Galaxy affiche un palmarès impressionnant avec plus de 240 buts inscrits (dont 57 en sélection) et cinq titres en MLS Cup. Pour dresser un bilan définitif, il ne reste plus qu’à attendre les résultats des play-offs. Les prochaines rencontres disputées par Donovan méritent toute notre attention. Sa retraite à 32 ans peut en effet sembler
s urprenante compte tenu du fait que l’essor de la MLS repose en partie sur l’afflux de stars étrangères venues aux États-Unis pour redonner un second souffle à leur carrière. Lors de la dernière journée, on a ainsi pu voir l’Italien Marco di Vaio (38 ans) inscrire un doublé pour Montréal, permettant aux siens de décrocher le nul face à New England Revolution (2:2). Quant à Thierry Henry (37 ans), il a de nouveau signé un match quasi parfait sous les couleurs des New York Red Bulls. Cette saison, Henry a marqué dix buts et délivré 14 passes décisives, dont la plupart ont été envoyées au fond des filets par Bradley Wright Phillips. Largement en tête du classement des buteurs avec 25 réalisations, ce dernier a encore marqué samedi dernier contre le Toronto FC. Les Red Bulls sont ainsi invaincus à domicile depuis dix rencontres, ce qui leur a permis de se qualifier pour les play-offs. S’ils ne peuvent plus espérer décrocher le Supporters Shield, ils comptent encore parmi les prétendants sérieux au titre final. Å
Landon Donovan Sa dernière saison.
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Walter Mazzarri Sous le feu des critiques à l’Inter.
À la croisée des chem ins Luigi Garlando est journaliste à la Gazzetta dello Sport et auteur de plusieurs livres pour enfants.
Tout le monde connaît l’expression “voir Naples et mourir”. Walter Mazzarri doit certainement méditer la justesse de ces paroles, lui qui vient de mordre la poussière à deux reprises en championnat avec l’Inter (contre Cagliari et la Fiorentina) en concédant sept buts au passage. Après six journées, les Nerazzurri comptent déjà dix points de retard sur la Juventus. Le président Erick Thohir, qui s’est entretenu avec son prédécesseur Massimo Moratti, semble bien décidé à se débarrasser de son entraîneur en cas d’échec face à Naples. Le public de San Siro ne fait plus guère confiance à Mazzarri, dont le contrat a pourtant été 16
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récemment prolongé jusqu’en 2016. Les supporters grondent désormais ouvertement et les performances s’en ressentent. Sur le terrain, les joueurs paraissent intimidés. Au-delà des résultats, on reproche surtout à l’entraîneur son manque d’audace sur le plan tactique. Mazzarri s’entête à aligner une équipe en 3-5-2 et à proposer une animation exclusivement basée sur les contres. Cette approche lui avait déjà été reprochée par son ancien employeur, Aurelio De Laurentiis, qui avait fait venir Rafa Benítez à Naples pour tenter d’imposer un jeu davantage tourné vers l’offensive. Par une curieuse ironie du sort, Mazzarri va jouer son destin face à son ancien club. Voir Naples et mourir… Ce match sera aussi l’occasion d’un duel très attendu entre Higuaín et Palacio, lequel rappellera sans doute de bien mauvais souvenirs à l’ancien sélectionneur argentin Alejandro Sabella. En manque de réussite, les deux attaquants avaient raté plusieurs occasions franches en finale de la Coupe du Monde face à l’Allemagne.
En tête du classement, la lutte à distance entre la Juventus et l’AS Rome devrait se prolonger. Au terme d’une rencontre agitée et ponctuée de deux expulsions ainsi que de plusieurs décisions contestables, les Bianconeri ont dominé les Giallorossi 3:2 la semaine dernière. Furieux, Totti a ouvertement remis en cause l’impartialité de l’arbitre et émis de sérieux doutes sur l’équité du championnat. Une telle sortie était bien inutile, tant le climat est déjà lourd en Italie depuis la mort d’un supporter au cours de l’exercice précédent. Le niveau du choc entre la Juve et la Roma n’a certes pas atteint des sommets, mais l’affiche était à la hauteur de l’hystérie qui agite actuellement le football italien. Après seulement six journées, il y a de quoi s’inquiéter. Mais on trouve aussi des raisons d’espérer. Au lendemain de la rencontre, le président de l’AS Rome James Pallotta s’est démarqué des propos de Totti en lançant un appel au calme : “Je conseille à tout le monde de respirer profondément et de se calmer. Les arbitres aussi commettent des erreurs. Il faut apprendre à accepter les défaites.” Å
Pier Marco Tacca / Getty Images
Serie A italienne
S.League singapourienne
Le suspense j u s q u ’au b o u t Jan Griffiths écrit sur le football et vit à Kuala Lumpur.
DPMM traverse actuellement un passage à vide qui lui a coûté deux défaites à domicile en championnat, ainsi qu’une élimination en demi-finale de la Coupe de Singapour. Le DPMM conserve cependant toutes les cartes en main. Si l’équipe remporte ses trois derniers matches, elle est assurée de gagner
le championnat. Les rencontres face à Balestier Khalsa (le 25 octobre) et Albirex Niigata (le 28 octobre) ne devraient pas lui poser trop de difficulté, mais elle devra en revanche évoluer à son meilleur niveau trois jours plus tard contre les Tampines Rovers, en pleine forme actuellement. Pour l’heure, tout porte à croire que cette affiche sera la grande finale de la saison. Å
Grâce à un coup franc transformé à la 62ème minute qui a permis au Warriors FC de s’imposer 3:2 sur la pelouse du Brunei DPMM, l’attaquant Hafiz Rahim a ajouté une bonne dose de suspense à une S.League singapourienne dont la course au titre s’ annonçait déjà palpitante. Profitant du résultat de Bandar Seri Begawan, les Warriors se retrouvent soudain à deux longueurs seulement du leader DPMM. L’équipe du Brunei est donc loin d’être assurée de remplir ses ambitieux objectifs de la saison, d’autant plus que les Tampines Rovers, actuellement troisièmes, ne sont qu’à un petit point derrière. En résumé : à trois journées de la fin du championnat, la république insulaire peut s’attendre à vivre un sprint final riche en rebondissements.
Md Asdeny Yakub / Brunei Times
À Singapour, les victoires à l’arrachée sont certes monnaie courante, mais l’actuelle course au titre qui débouchera sur la remise du trophée dans la ville du lion est synonyme de nouveau défi pour les grandes pointures du football de l’archipel est-asiatique avec l’arrivée du DPMM, bien décidé à bousculer l’ordre établi. Depuis sa montée en première division en 2009, l’équipe a déjà remporté la Coupe de la Ligue à trois reprises (2009, 2012 et 2014) et terminé à la deuxième place de la S.League en 2012. Le club, qui par le passé a évolué à la fois en Premier League et en Super League malaisienne, représente donc un concurrent sérieux pour les traditionnels prétendants au titre que sont les Warriors, les Tampines ou encore Home United. Emmené par l’habile Steve Kean, l’ancien entraîneur des Blackburn Rovers, le DPMM propose jusqu’à présent un jeu offensif rafraîchissant. Le Brésilien Rodrigo Tosi marque la majorité des buts, en général servi par Roy O’Donovan, milieu de terrain irlandais de 29 ans. Dans la cage, le gardien Wardun Yusof peut s’appuyer une défense solide. Tout semblait donc bien parti pour l’équipe du Brunei, qui avait pu creuser l’écart avec ses poursuivants. Mais le
Trois points Actuel dauphin, le Warriors FC (en blanc) a battu le Brunei DPMM 3:2.
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Nom Date et lieu de naissance 30 avril 1965, Adélaïde (Australie) Lieu de résidence Sydney Football Membre du Comité Exécutif de la FIFA Vice-présidente de l’AFC
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Nic Walker / Fairfax Syndication
Moya Dodd
L’ I N T E R V I E W
“J’aimerais pouvoir revivre tout ça” Moya Dodd, vice-présidente de la Confédération Asiatique de Football, revient sur son parcours dans le monde du football féminin, mais aussi sur l’égalité des chances... et sa passion pour Liverpool. Moya Dodd, vous souvenez-vous de vos premiers pas avec un ballon ?
Comment le football féminin évolue-t-il en Australie ?
Moya Dodd : À Adélaïde, la ville où j’ai grandi, je jouais avec un ballon ovale de football australien. À l’école, quand on parlait de football, c’était toujours de la version australienne dont il était question. Mais quand j’avais une dizaine d’années, un enfant qui s’intéressait au soccer est arrivé à l’école et nous avons commencé à jouer avec un ballon de basket dégonflé. J’ignorais encore tout de la fascination que pouvait exercer ce sport jusqu’au jour où ma famille a acheté un téléviseur couleur avec lequel nous pouvions chaque semaine regarder du foot pendant une heure. C’est très vite devenu le meilleur moment de la semaine. J’étais très concentrée. La première fois que j’ai vu un match en direct, c’était en 1977, lors de la finale de Coupe d’Angleterre entre Liverpool et Manchester United. J’ai littéralement supplié mes parents pour qu’ils m’autorisent à rester debout et à regarder la rencontre. L’équipe de Liverpool a perdu, mais c’est elle qui a le mieux joué. C’est à ce moment-là que je suis devenu supportrice des Reds, et je le suis encore aujourd’hui.
Il se développe à un rythme incroyable. Quand j’évoluais en équipe nationale, il y avait environ 10 000 joueuses. Aujourd’hui, elles sont plus de 100 000. Nous avons un championnat national, la Westfield W-League, auquel participent huit équipes. Nous nous efforçons de conserver des attaches fortes avec l’A-League masculine. De gros investissements ont été faits en A-League pour développer la marque et quand la W-League a été lancée, la plupart des clubs ont été créés dans les villes où il y avait déjà une équipe masculine. C’est très important pour la visibilité du football féminin car cela permet aux spectateurs d’assister au match des hommes un week-end puis à celui des femmes le week-end suivant. Bien sûr, il existe toujours un fossé entre les deux disciplines, mais c’est le cas dans quasiment tous les pays du monde.
Comment a débuté votre carrière de joueuse ? J’étais tombée amoureuse de ce sport et je commençais à comprendre pourquoi mon camarade d’école en était dingue. Dans les années 1970, ce n’était pas évident de trouver un club à Adélaïde, mais l’un d’entre eux, Port Adelaide, était accessible en vélo. C’est comme ça que j’ai commencé.
Et ensuite ? Je suis entrée en fac de droit à Adélaïde et j’ai intégré l’équipe universitaire. Puis à 19 ans, j’ai été sélectionnée en équipe d’AustralieMéridionale et à 20 ans, j’ai fait mes premiers pas avec l’équipe d’Australie. J’ai porté le maillot des Matildas jusqu’à mes 29 ans, âge auquel j’ai subi une rupture des ligaments croisés aux États-Unis. Cela a malheureusement signifié la fin de ma carrière, j’ai raté la phase finale de la Coupe du Monde 1995. Si je le pouvais, j’aimerais rajeunir de 30 ans et pouvoir revivre tout ça.
L’Australie peut-elle servir d’exemple pour l’ensemble de la confédération asiatique ? Disons que culturellement parlant, il est normal en Australie d’encourager les jeunes filles à faire du sport. De ce point de vue-là, nous avons beaucoup de chance. Quand je vois que dans d’autres pays de l’AFC, elles n’ont pas les mêmes opportunités, cela ne fait que renforcer ma détermination. Mais le problème est bien plus profond, cela dépasse le cadre du sport. Dans certaines cultures, les fils bénéficient d’un traitement de faveur par rapport aux filles. Ils passent avant elles en termes de nourriture, d’éducation et de loisirs. Les filles qui veulent jouer au football sont confrontées à un obstacle quasiment insurmontable. Je connais un pays asiatique où une jeune fille a dû quitter un centre de formation parce que sa famille l’avait vendue en tant qu’esclave pour pouvoir financer les études de son frère.
Quels ont été les principaux succès dans la région en matière de promotion du football féminin ? La modification de la règle du port du voile pour les joueuses a clairement contribué à faire tomber certaines barrières. L’important, c’est d’arriver à des résultats dans les pays où cela est le plus difficile. Cela montre
que le football est capable d’aider les jeunes filles et les femmes à exploiter au maximum leur potentiel.
Vous êtes une femme qui évolue dans un univers d’hommes. Comment vivez-vous cette domination masculine parmi les responsables du monde du football ? Honnêtement, je préfère ne pas perdre mon temps à penser à ce genre de choses. J’ai travaillé de nombreuses années dans les domaines juridique et économique. Je suis donc habituée à être la seule femme lors d’une réunion. Cela ne me fait pas peur. Au fil des années, j’ai abordé de nombreux sujets liés au football avec tout un tas d’hommes, croyez-moi !
Vous avez deux enfants en bas âge. Comment faites-vous pour concilier vos activités au sein de la FIFA et de l’AFC avec votre rôle de mère ? Les journées que j’aime le moins sont celles où je dois quitter Sydney et celles que je préfère sont celles où je rentre à la maison. Mais mes enfants adorent le football et s’intéressent à ce que je fais. Comme ils aiment bien voyager, il leur arrive de m’accompagner.
Quels sont à vos yeux les principaux défis que doit relever le football et quels sont les changements auxquels vous aspirez ? J’aimerais qu’un jour, il soit normal pour les femmes et les jeunes filles de s’engager dans le football, et ce à tous les niveaux. Le football est le sport le plus pratiqué au monde, celui qui attire le plus grand nombre de spectateurs. Géographiquement parlant, la planète tout entière en est imprégnée. Mais d’un point de vue démographique, cela reste un domaine réservé à la moitié de la population seulement. J’aimerais que le monde entier puisse en profiter. Pour rendre cela possible, il faut offrir des opportunités au plus grand nombre et garantir l’accès à ce sport. Mais encourager le fair-play et combattre les inégalités traditionnelles ne suffit pas, il faut également améliorer la croissance et les conditions économiques. Cela me gêne que dans certains pays, les femmes n’aient toujours pas accès au football. Å Propos recueillis par Andrew Warshaw T H E F I FA W E E K LY
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First Love
Lieu : Séoul, République de Corée Date : 9 juin 2014 Heure : 11h15
Ed Jones / AFP
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Développer le football partout et pour tous
Organiser des tournois captivants
Œuvrer pour la société et l’environnement
Pour le jeu. Pour le monde. La FIFA s’engage à développer le football pour le bénéfice de tous. Sa mission est de : Développer le jeu L’objectif premier de la FIFA est de développer le football dans ses 209 associations membres. La Coupe du Monde de la FIFA™ lui donne les ressources nécessaires pour lui permettre d’investir USD 550 000 par jour dans le développement du football partout dans le monde. Toucher le monde La FIFA entend également toucher le monde à travers ses compétitions et événements internationaux qui fédèrent et inspirent les peuples du monde entier.
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Bâtir un meilleur avenir Le football est bien plus qu’un simple sport. Son universalité lui confère un pouvoir unique et une portée qu’il convient de gérer avec précaution. La FIFA est convaincue de son devoir envers la société qui dépasse les frontières du football.
FIFA T V
LE BILLET DU PRÉSIDENT
Sous le signe de l’innovation FIFA TV est responsable de la production de contenus liés au football et de leur distribution auprès des diffuseurs et supporters du monde entier.
Un “Oscar” pour la FIFA
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ans le cadre d’une cérémonie grandiose à Amsterdam, l’International Broadcasting Convention (IBC) a rendu hommage à l’engagement de longue date de FIFA TV pour la distribution et la conception de la meilleure expérience audiovisuelle de la Coupe du Monde pour les fans du monde entier. Peter Owen, président du comité de l’IBC chargé d’attribuer l’“International Honour for Excellence”, sa récompense la plus reconnue, a déclaré : “FIFA TV continue d’innover au service d’un public mondial. Elle combine les dernières technologies et les meilleurs marchands pour offrir un contenu sans précédent à un nombre jamais vu de téléspectateurs.” FIFA TV, la branche télévision de la FIFA, a également gagné le très prisé “IBC Judges’ Prize” (Prix du Jury) en reconnaissance de sa vaste gamme d’innovations en matière de diffusion introduites durant la Coupe du Monde 2014, comme par exemple le contenu multimédia, la production et la couverture des matches en haute définition. Un dévouement permanent En décernant ce prix, l’IBC a salué FIFA TV pour son dévouement permanent envers les nouvelles technologies et sa coopération avec les plus grandes sociétés du secteur pour travailler sur des projets innovants lors de la Coupe du Monde. Brésil 2014 a atteint tous les territoires de la planète et battu des records de diffusion en ligne et en streaming, ainsi qu’à la télévision sur plusieurs marchés essentiels, y compris les États-Unis et l’Allemagne.
Un phénomène global La vente des droits médias pour la Coupe du Monde contribue largement à assurer les ressources financières dont la FIFA a besoin pour investir dans le développement du beau jeu à tous les échelons, du football de base aux grandes compétitions internationales. Ces accords avec les diffuseurs, notamment les autorisations de diffusion en clair, permettent de faire en sorte que l’épreuve suprême soit un phénomène véritablement mondial dont peuvent profiter les fans de toute la planète. Le travail de FIFA TV durant la Coupe du Monde a également été récompensé par Sports Video Group, qui a remis à notre équipe le Production Achievement Award lors de la cérémonie Sport Production & Technical Achievement Awards au cours de la conférence de l’IBC. Å
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ne image vaut bien des longs discours. On a encore pu s’en rendre compte pendant la Coupe du Monde au Brésil. Les superbes retransmissions télévisées de la 20ème édition du tournoi ont atteint de nouveaux sommets. À cette occasion, FIFA TV a récemment obtenu deux des plus importantes récompenses internationales du monde de l’audiovisuel : l’“International Honour for Excellence” (Prix International d’Excellence) et le “Judges’ Prize” (Prix du Jury). Ces prix témoignent de nos efforts pour offrir aux fans de football du monde entier la meilleure expérience télévisuelle possible. Le football fait évidemment partie du monde des loisirs et du spectacle et il se doit donc de bien figurer dans ces catégories. Grâce à ces distinctions, FIFA TV se retrouve propulsé au milieu de personnalités et d’organisations prestigieuses comme James Cameron (Titanic) et Peter Jackson (Le Seigneur des Anneaux), deux réalisateurs hollywoodiens primés aux Oscars, mais aussi le producteur de documentaires David Attenborough, le laboratoire de recherche du diffuseur japonais NHK ou encore Ray Dolby, pionnier de la technique sonore. J’en profite pour féliciter le directeur de FIFA TV Niclas Ericson, sincèrement et cordialement. Directement ou indirectement, les programmes télévisés contribuent au développement et à la popularité du football. En effet, la collecte des droits de diffusion joue un rôle essentiel dans le financement de nos engagements dans le domaine social. Voilà une raison supplémentaire d’attacher une grande importance à ces distinctions.
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Global Watch Tokyo Sexwale (à g.) poursuit l’œuvre de Nelson Mandela.
“Le racisme est un monstre” Défendre ses idées, dire non au racisme comme l’aurait fait Nelson Mandela. Tokyo Sexwale, ancien compagnon de lutte du célèbre défenseur des droits de l’homme, organise le premier sommet contre le racisme et la discrimination dans le sport. Les 20 et 21 novembre à Johannesburg, “Global Watch” proposera une charte internationale doublée d’un baromètre pour combattre la discrimination sur tous les terrains. Tokyo Sexwale, l’esprit de Nelson Mandela est-il présent dans l’organisation Global Watch ? Tokyo Sexwale : Nous considérons que cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’héritage de Nelson Mandela pour un monde de tolérance, de paix et de prospérité. Bien entendu, ses paroles ont résonné à nos oreilles, au moment de lancer notre projet : “Le sport a le pouvoir de changer le monde ; il a le pouvoir d’inspirer les individus. Plus que toute autre activité, il peut unir les peuples. Il parle un langage que la jeunesse comprend. Le sport peut ramener l’espoir là où le désespoir régnait en maître. Il est plus puissant que les gouvernements lorsqu’il s’agit de briser les barrières ethniques. Il se rit de tous les types de discrimination.”
Ensemble, nous avons décidé de combattre le racisme partout et pas uniquement dans le sport. En se concentrant sur le football, on donne parfois l’impression que le racisme ne concerne que la FIFA. C’est faux. Des individus sont victimes de mauvais traitements dans les sports automobiles, le rugby, le cricket, le basket, le netball, le tennis, etc. Le mal est bien plus profond. Le racisme est un problème de société. C’est un monstre qui essaye maintenant de s’infiltrer dans la sphère sportive. Il n’est pas né sur les terrains, mais il est capable de détruire le monde du sport. Si nous ne faisons rien, si nous le laissons prendre le pouvoir, nous nous condamnons à vivre dans un monde hostile.
Mandela était-il enthousiasmé par cette initiative ?
De nombreuses institutions sont déjà engagées dans la lutte contre le racisme. En quoi Global Watch est-il différent de ces initiatives ?
Nous en avons parlé à Madiba, comme nous le surnommons, bien avant son décès. Il s’était tenu informé de notre campagne de lutte contre le racisme et la discrimination durant la Coupe du Monde 2006.
Avant tout, nous saluons ces interventions. Le Parlement européen, les Nations unies, la FIFA, le CIO, etc. Tous ces organismes ont publié des déclarations sur la façon de s’attaquer au racisme dans le sport et dans le
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football. Nous les avons étudiées. La Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale a lieu le 21 mars. Chaque année, la communauté du football rappelle l’importance de cette lutte. Pourtant, il n’existe pas d’institution mondiale, centralisée et coordonnée pour mener la bataille dans tous les sports. C’est ce qui nous manque et c’est précisément ce que Global Watch propose. Voilà la différence.
novembre à Johannesburg est d’établir une feuille de route à partir de principes simples pour combattre le racisme et la discrimination dans le sport. Nous voulons également proposer des sommets nationaux, afin d’établir des codes de conduites propres à chaque pays. En outre, nous allons lancer une charte et un baromètre mondiaux.
À quoi ces outils serviront-ils ?
Denzil Maregele / Getty Image
Néanmoins, vous ne partez pas de zéro. Certainement pas. Nous comptons nous appuyer sur l’excellent travail réalisé depuis des années par de nombreuses associations, grandes et petites, et toutes les personnes de bonne volonté de par le monde. Global Watch est directement issu de la campagne “Dites non au racisme” lancée par la FIFA en 2006, pendant la Coupe du Monde. À l’époque, j’avais déjà le sentiment qu’il nous fallait une organisation unique, capable de regrouper toutes les autres, pour lutter efficacement contre le racisme. L’objectif du premier sommet Global Watch en
La charte mondiale sera soumise à l’adoption des Nations unies. Il s’agit d’un simple document récapitulant les choses à faire et à ne pas faire dans tous les sports. Un baromètre viendra la compléter. Il existe de nombreux indicateurs sur la pauvreté, la santé, la corruption et que sais-je encore, mais il n’en existe encore aucun pour mesurer le racisme dans le sport. Le baromètre de Global Watch se veut un indice qui permettra d’identifier les pays les plus impliqués dans l’éradication de ce fléau. Il mesurera l’adhésion aux principes de la charte pays par pays tout en assurant le maximum de transparence et de crédibilité à notre déT H E F I FA W E E K LY
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Les bananes, ça se mange Dani Alves, le 27 avril 2014.
Non au racisme Le Président de la FIFA Sepp Blatter (quatrième en partant de la gauche) à
marche. Géré par une institution indépendante et reconnue au plan international, cet indice fera l’objet d’un rapport annuel. La Fondation Mandela, entre autres, se portera garante du baromètre de Global Watch.
Ces jeunes gens ont pris une position morale courageuse. Mais nous devons les aider à aller plus loin. Comme je vous l’ai dit, quitter le terrain est un geste de désespoir. Il faut un organisme pour soutenir ces joueurs. C’est là que Global Watch entre en jeu, pour libérer les responsables et les dirigeants sportifs d’une contrainte qui ne fait pas vraiment partie de leur champ d’action et qui les détourne de leur véritable mission. Nous sommes là pour éduquer, prévenir, contrôler et faire passer un message. Nous serons peut-être aussi amenés à sanctionner, le cas échéant.
Laissez-moi vous dire que Global Watch, à l’image de Mandela, résistera toujours à la tentation d’utiliser son pouvoir pour alimenter de basses vengeances. Nous ferons toujours preuve de la plus grande prudence, car de fausses allégations peuvent détruire des vies. Toutefois, il ne fait aucun doute que les paroles que vous rapportez, si elles sont exactes, sont scandaleuses. Elles sont d’autant plus inacceptables qu’elles s’adressent directement à notre jeunesse. C’est un très mauvais signal qui est envoyé là. Des gens comme Nelson Mandela, Sepp Blatter, Beckenbauer, Pelé et bien d’autres sont tous d’accord pour dire qu’il faut adopter le principe de tolérance zéro vis-à-vis du racisme. En élisant ce monsieur, la Fédération italienne de football éveille logiquement notre attention.
L’Italie s’est souvent retrouvée au centre des polémiques ces derniers temps. L’ancien Milanais Kevin-Prince Boateng est sorti du terrain pour protester contre des attaques racistes durant un match amical. Mario Balotelli fait régulièrement l’objet de chants racistes. Quitter ses partenaires, est-ce la bonne réponse selon vous ? On se souvient de ce qui est arrivé à Balotelli et son geste soulève de nombreuses questions. De telles sorties sont compréhensibles, mais je ne pense pas qu’il faille les encourager car elles font le jeu de ceux qui veulent détruire le sport. Les racistes se réjouiront, tandis que les vrais supporters seront perdants. Pour autant, je n’approuve pas les règlements qui stipulent qu’un joueur qui quitte le terrain peut subir une amende ou une suspension. Les fédérations et les instances dirigeantes peuvent faire preuve de compréhension, compte tenu des circonstances. J’admets tout à fait que quelqu’un choisisse de se retirer. Il me paraît difficile de continuer à jouer après avoir été victime d’injures à caractère raciste.
Les U-21 de Manchester City ont récemment quitté le terrain lors d’un match contre Rijeka à Novigrad. Global Watch a réagi en déclarant que les Citizens avaient fait preuve de courage. Pourquoi ? 26
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“Nous sommes tous d’accord pour adopter la tolérance zéro vis-à-vis du racisme” Immobile, coéquipier de Balotelli, a déclaré : “En 2014, nous ne devrions plus avoir à parler du racisme.” Si seulement c’était vrai ! La route est encore longue pour éradiquer ce fléau. Nous espérons vaincre le racisme au 21ème siècle, mais il reste beaucoup à faire. Je revois encore Boateng s’exprimer à la tribune des Nations unies : “Le racisme ne va pas disparaître comme un simple mal de tête. Il ressemble plutôt à la malaria. Il est contagieux et il se répand.” Global Watch entend mener le combat sur le terrain et dans la société en général. Il faut traiter le mal à la racine. Nous devons prendre des mesures qui auront un impact sans affecter l’ensemble de l’organisme, à l’image de ce que font les médecins.
Le Président de la FIFA Sepp Blatter a déclaré que les fédérations devraient faire usage de leur droit à exclure un club ou à déduire des points, plutôt que d’avoir recours à des sanctions financières. Il a entièrement raison. La FIFA a voté une résolution et nous nous sommes mis d’accord sur une série de sanctions lors du Congrès de la FIFA sur l’île Maurice, en 2013. Toutefois, les punitions ne suffiront pas à faire disparaître le racisme. Il en faudra beaucoup plus. Les racistes doivent se sentir sous pression. Il faut s’attaquer à eux par tous les moyens possibles, sinon il ne se passera rien. Aujourd’hui, Blatter a pris la tête du combat en adressant un carton rouge au racisme. D’autres
Alexander Hassenstein / Getty Images
Vous avez critiqué l’élection de Carlo Tavecchio à la présidence de la Fédération italienne de football. Dans ses discours, il critique fréquemment l’afflux massif de joueurs étrangers. Il a notamment déclaré : “Opti Poba, un type qui mangeait des bananes, se retrouve titulaire à la Lazio du jour au lendemain.” L’Italie peut-elle faire partie des bons élèves du baromètre de Global Watch ?
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Berlin, aux côtés des dirigeants allemands avant la Coupe du Monde 2006.
doivent encore suivre son exemple. Vider les stades n’est pas forcément la solution la plus efficace. En ordonnant un match à huis clos, on punit entre 20 000 et 80 000 personnes, peut-être plus. Faut-il vraiment sanctionner des milliers de fans parce qu’un imbécile a lancé une banane ou parce qu’un petit groupe s’est déguisé pour imiter des cris de singes ? Il vaut mieux repérer le coupable et l’exclure, lui et lui seul. Reléguer un club ne me paraît pas évident non plus. Et si la personne en question avait reçu de l’argent pour jeter la banane ?
Le Bayern Munich a dû fermer une partie de ses tribunes pour un quart de finale de la Ligue des Champions contre Manchester United à cause d’une banderole homophobe. Je crois savoir que l’Allemagne a banni le racisme et adopté des positions très fermes contre la discrimination. Je crois que les Allemands sont très attentifs à cette question aujourd’hui. En tant que président du Comité d’organisation de la Coupe du Monde, Franz Beckenbauer a joué un rôle important dans cette évolution. En 2006, l’Allemagne a invité la planète entière, avec un message clair : le rendez-vous de l’amitié. Nous étions ensemble sur la pelouse du stade de Berlin pour lancer la campagne “Dites non au racisme”. Quelle ironie ! Soixante-dix ans auparavant, Hitler avait tenté de démontrer sa théorie de la race supérieure ici même, à l’occasion des Jeux Olympiques de Berlin. Mais cette fois, les forces du bien étaient unies pour faire passer un message positif.
Le combat pour les droits de l’homme Kevin-Prince Boateng devant les Nations unies à Genève.
geste, qui a initié une réaction mondiale, aurait perdu son emploi suite à cet incident. Alves a eu l’élégance d’appeler personnellement afin qu’on le lui rende. Dani Alves a fait preuve d’une grande maturité. Voilà comment il faut réagir. C’est ce qu’aurait voulu Nelson Mandela. Alves est une victime qui se soucie des autres. J’ai toujours dit qu’il nous fallait des personnalités fortes, des meneurs, des guerriers pour lutter contre le racisme. Ils doivent montrer l’exemple, comme l’a fait Alves. “Si Alves est un singe, alors nous sommes tous des singes”, avait déclaré Neymar à l’époque. Bravo à Barcelone d’avoir suivi le mouvement. Nous disons : bravo messieurs ! Cette attitude fait partie de l’éducation que nous voulons donner aux gens. Une fois de plus, Global Watch n’est pas là pour glorifier la vengeance. Nous ne sommes pas là pour détruire des vies. Nous voulons éduquer. Nous voulons construire une société meilleure.
Dans ce cas, existe-t-il des sanctions appropriées ? C’est ce que nous essaierons de découvrir pendant le sommet. La FIFA, par exemple, n’a pas hésité à prendre des mesures radicales contre l’Afrique du Sud en raison du système raciste et discriminatoire mis en place par l’apartheid. Le pays a été suspendu en 1964 et exclu en 1976. Notre objectif premier sera d’éduquer, de faire passer un message, de contrôler et de prévenir. Les sanctions et les punitions n’interviendront qu’en dernier ressort. Å Propos recueillis par Bernd Fisa
Martial Trezzini / Keystone
Sommes-nous encore trop frileux lorsqu’il s’agit de prendre des décisions dans le sport ? Regardez ce qui est arrivé au propriétaire des Los Angeles Clippers [une équipe de basket]. Quelques jours après l’apparition d’une vidéo dans laquelle il proférait des commentaires racistes, Donald Sterling a été exclu à vie par le commissaire de la NBA Adam Silver. Il a été contraint de revendre ses parts dans l’équipe. Sterling est milliardaire. Il a beaucoup de pouvoir. Il ne lance pas de bananes mais son cas a été rapidement réglé. Nous avons apprécié l’attitude de la NBA dans cette affaire. Les responsables ont agi rapidement, fermement et justement. Nous aimerions que d’autres suivent cet exemple – au terme d’enquêtes sérieuses et équitables, bien entendu.
Le défenseur brésilien de Barcelone Daniel Alves a fait l’unanimité en mangeant la banane que lui avait lancée un supporter raciste lors d’un succès (3:2) du Barça à Villarreal, le 27 avril dernier. L’auteur de ce
L’esprit de NELSON MANDELA Le sommet Global Watch se déroulera à Johannesburg les 20 et 21 novembre. Global Watch est un projet qui s’inscrit dans l’héritage de Nelson Mandela. L’ancien dirigeant sud-africain est mort le 5 décembre dernier, à l’âge de 95 ans. “Le sport a le pouvoir de changer le monde.” Tel est le message et l’héritage de Nelson Mandela. L’initiative Global Watch a été lancée conjointement par les Fondations Mandela, Doha Goals et Sexwale. Pour en savoir plus : www.nelsonmandela.org, www.globalwatch-racism.org
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EN BREF
L
e lancer de banane est sans doute l’un des gestes les plus infâmes que l’on puisse imaginer dans un stade de football. Protégé par l’anonymat de la foule, un individu jette une banane sur le terrain pour s’en prendre aux origines d’un joueur. C’est le spectacle lamentable auquel on a encore récemment assisté en Roumanie. Wellington, qui évolue au Concordia Chiajna, n’a pas pu cacher son émotion face à ce geste haineux. Les images de l’attaquant brésilien rentrant en larmes aux vestiaires ont fait le tour des télévisions roumaines… et convaincu le coupable, un supporter du Rapid Bucarest, de se dénoncer et de présenter ses excuses, excuses que Wellington a acceptées. Å Perikles Monioudis
Concordia Chiajna
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ans la précédente édition, le FIFA Weekly mettait l’accent sur les joueurs à la carrière longue et remarquable. Martin Ødegaard pourrait bientôt venir s’ajouter à cette liste. À 15 ans et 300 jours, le Norvégien est en effet entré sur le terrain à la 63ème minute du match de qualification pour l’Euro entre son pays et la Bulgarie (2:1). Il est ainsi devenu le plus jeune joueur de l’histoire à prendre part à ces éliminatoires, pulvérisant le record de l’Islandais Sigurur Jönsson (16 ans et 251 jours), vieux de 31 ans. Au sein du championnat national, le petit milieu de terrain offensif défraie également la chronique. Depuis sa première apparition chez les professionnels en avril dernier, il compte déjà à son actif trois buts et six passes décisives en 19 matches de Tippeligaen sous les couleurs du Strømsgodset IF. Le plus jeune international, joueur et buteur de première division de son pays est soudain devenu l’une des pépites les plus convoitées de la planète. D’aucuns comparent déjà la technique de l’adolescent à celle de Lionel Messi, qui n’est autre que l’idole d’Ødegaard et qui a débuté en équipe première du FC Barcelone il y a dix ans de cela, alors qu’il n’avait que 17 ans. Le talentueux Norvégien ne se laisse toutefois pas impressionner par l’attention dont il fait l’objet. “C’est cool de détenir ce record. J’ai du mal à trouver les mots pour décrire tout ce que j’ai pu vivre cette année. J’essaie simplement d’en profiter”, expliquait-il après la victoire des siens face à la Bulgarie. Å Tim Pfeifer
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uelle entame pour les qualifications de l’UEFA EURO ! Le détail des huit groupes – de A à I – est disponible dans tous les bons journaux et il ne serait pas étonnant qu’un certain nombre de supporters, comme ceux du Pays de Galles, de l’Islande, de l’Autriche, du Danemark, de l’Irlande du Nord, de la Pologne et de la Slovaquie se saisissent d’une paire de ciseaux pour immortaliser le document. Les pays précités sont en effet sept des neuf leaders de poule à l’heure où nous écrivons. Il est à noter qu’aucun d’entre eux n’a participé à la dernière Coupe du Monde de la FIFA. Quant aux rescapés de Brésil 2014, ils ont mordu la poussière : le Portugal à domicile face à l’Albanie, la Suisse en Slovénie, les Pays-Bas en Islande, l’Espagne en Slovaquie et la Bosnie devant son public contre Chypre. À Moscou, la Russie n’a pu faire mieux qu’un nul contre la Moldavie et l’Allemagne, championne du monde en titre, a été battue en Pologne. La République d’Irlande, actuellement deuxième du Groupe D, a frappé fort. Longtemps menée 1:0 en Allemagne, elle s’est ruée à l’attaque pour finalement égaliser dans les ultimes secondes de la partie. Les 3 000 Irlandais qui avaient fait le voyage ont entonné des chansons traditionnelles qui ont retenti toute la nuit dans la Ruhr. L’auteur de l’égalisation, John O’Shea, se projette déjà vers le prochain rendez-vous de son équipe dans ce tournoi préliminaire, en Écosse : “Espérons qu’après ce match nous serons encore plus prêts de la tête du groupe, peut-être même à la première place”. Å Alan Schweingruber T H E F I FA W E E K LY
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Š 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.
instinct takes over
#predatorinstinct
adidas.com/predator
TRIBUNE
F I F A S 11
Les matches les plus prolifiques de la Coupe du Monde des Clubs
Le football à sa porte Ronald Düker
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our le passionné de football que je suis, la petite ville où je suis né et où j’ai grandi a très vite présenté de sérieux inconvénients. Certes, en plus du club de tennis et de pingpong, il y avait bien une équipe de football, mais celle-ci a toujours évolué dans les divisions les plus obscures. En outre, dans un club un peu plus huppé, le “stade” n’aurait probablement fait office que de terrain d’entraînement pour les jeunes. Nos plus beaux moments de football, nous les devions donc souvent à la télévision. La retransmission des matches donnait parfois lieu à de véritables liesses, notamment lors des Coupes du Monde, que je suis assidûment depuis l’édition 1982. Le temps a passé depuis cette époque, mais rien n’a fondamentalement changé, malgré l’évolution naturelle des choses et quelques matches de première division vécus dans les tribunes. J’étais à Berlin pendant la Coupe du Monde brésilienne et j’ai suivi une fois de plus les exploits de l’Allemagne derrière un écran. Comment décrire les émotions qui ont accompagné le retour de l’équipe nationale dans la capitale ? Rien ne m’avait préparé à ça, pas même la sonnerie du réveil. J’avais commencé la journée en apprenant que le “Siegerflieger” (le nom donné par la Lufthansa au Boeing 747 qui ramenait nos héros au pays) allait bientôt atterrir. Pour en savoir plus, je m’étais rendu sur le site Internet flightradar24.com, qui offre la possibilité de suivre le trajet de n’importe quel vol à travers le monde, en temps réel. Quid du Siegerflieger, cet “avion des champions” ? Vers neuf heures, il survolait encore Paris. Un peu plus tard, il était au-dessus de Strasbourg. Je l’ai observé ensuite traverser la
Ruhr, Leipzig, Magdebourg… En voyant le signal clignoter au-dessus de la banlieue de Berlin, j’ai bondi de mon siège pour me précipiter à la fenêtre. Malgré la zone d’interdiction aérienne, il était là, juste au-dessus de chez moi. Il volait si bas que l’on pouvait lire le mot “Siegerflieger” sur la carlingue. Si quelqu’un avait été témoin de mon euphorie enfantine à ce moment précis, je serais probablement mort de honte. J’ai immédiatement allumé la télévision pour voir l’appareil achever sa boucle au-dessus de la ville et se poser sur la piste de l’aéroport Tegel. Durant ce bref instant, le football était venu à moi, peutêtre plus directement et plus intensément que lors de mes soirées au stade. L’espace de quelques secondes, le football est entré dans ma maison. Å
La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly
1
8 buts Gamba Osaka - Manchester United Résultat : 3:5 Date : 18.12.2008
2
7 buts Raja Casablanca - Al Nassr Résultat : 3:4 Date : 7.01.2000
3
6 buts Boca Juniors - AC Milan Résultat : 2:4 Date : 16.12.2007
6 buts Al Ahly - CF Pachua Résultat : 2:4 Date : 13.12.2008
6 buts Internacional - Seongnam Résultat : 4:2 Date : 18.12.2010
6 buts Al Ahly - CF Monterrey Résultat : 1:5 Date : 18.12.2013
7
5 buts Real Madrid - Raja Casablanca Résultat : 3:2 Date : 10.01.2000
5 buts Al Ittihad - Sao Paulo FC Résultat : 2:3 Date : 14.12.2005
5 buts Al Ittihad - Deportivo Saprissa Résultat : 2:3 Date : 18.12.2005
5 buts TP Mazembe - Auckland City Résultat : 2:3 Date : 16.12.2009
5 buts Al Wahda - Seongnam Résultat : 1:4 Date: 11.12.2010
Source : FIFA (Coupe du Monde de la FIFA, Le kit statistique, Les Plus, 13.10.2014) T H E F I FA W E E K LY
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LE MIROIR DU TEMPS
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Liverpool, Angleterre
1980
Bob Thomas / Getty Images
Histoire de bulles : Kenny Dalglish (Liverpool) et Bob Latchford (Everton) avant le derby de la Mersey.
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LE MIROIR DU TEMPS
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Tokyo, Japon
2014
The Asahi Shimbun via Getty Images
Jeux de bulles : Des Japonais s’essayent à un sport originaire de Scandinavie.
T H E F I FA W E E K LY
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LE CL ASSEMENT FIFA
→ http://fr.fifa.com/worldranking/index.html
Classement Équipe Évolution Points
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 29 31 32 33 34 34 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 48 48 48 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 73 75 76 76
34
Allemagne Argentine Colombie Pays-Bas Belgique Brésil Uruguay Espagne France Suisse
0 0 1 -1 0 1 -1 -1 1 -1
1765 1631 1488 1456 1444 1291 1243 1228 1202 1175
Portugal Chili Italie Grèce Costa Rica Mexique États-Unis Angleterre Croatie Algérie Équateur Côte d’Ivoire Russie Ukraine Bosnie-et-Herzégovine Roumanie Danemark République tchèque Écosse Pays de Galles Tunisie Suède Ghana Serbie Islande Sénégal Nigeria Turquie Autriche Slovaquie Cap-Vert Cameroun Monténégro Iran Albanie Bulgarie Pérou Guinée Japon Burkina Faso Congo Arménie Slovénie Hongrie Panamá Honduras Guatemala Ouzbékistan Mali Paraguay Égypte République d’Irlande République de Corée Israël Finlande Venezuela Afrique du Sud Libye Jordanie Pologne Irlande du Nord Salvador RD Congo Émirats arabes unis Sierra Leone Oman Norvège
0 0 1 -1 0 1 1 2 -3 4 0 3 0 -2 -6 1 -1 7 -1 12 11 -3 3 -3 12 23 -4 -6 1 5 33 12 6 4 25 26 5 16 -4 10 30 -16 -14 -20 8 -13 77 -7 1 -13 -23 4 -6 4 -10 -37 2 -6 -13 -9 24 55 20 -8 -25 -9 -23
1150 1100 1068 1052 988 963 936 935 928 926 889 879 875 855 851 837 833 812 714 714 701 662 661 646 646 645 642 637 622 616 604 601 591 572 571 570 563 557 557 557 557 556 555 548 540 535 534 530 526 514 513 506 501 498 491 476 458 455 450 436 435 431 430 430 424 421 421
T H E F I FA W E E K LY
Rang
04 / 2014
05 / 2014
06 / 2014
07 / 2014
08 / 2014
09 / 2014
1 -41 -83 -125 -167 -209
78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 107 109 110 111 112 113 114 115 115 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 127 129 130 130 132 133 134 135 136 137 137 137 140 141 142 143 144
1ère place
Hausse du mois
Bénin Ouganda Antigua-et-Barbuda Estonie Arabie saoudite Gabon Australie Chypre Trinité-et-Tobago Maroc Zambie Belarus Irak Botswana Zimbabwe Rwanda Bolivie Azerbaïdjan Qatar RP Chine Malawi Lettonie Jamaïque Angola Palestine Lituanie Bahreïn Moldavie St-Vincent-et-les-Grenadines République dominicaine Niger Mozambique Géorgie Kenya ARY Macédoine Namibie Guinée équatoriale Tanzanie Lesotho Saint-Kitts-et-Nevis Nouvelle-Zélande Haïti Canada Liban Cuba Sainte-Lucie Koweït Togo Liberia Luxembourg Kazakhstan Aruba Guinée-Bissau Burundi Éthiopie Soudan Philippines Afghanistan Tadjikistan Grenade Nouvelle-Calédonie République centrafricaine Mauritanie Turkménistan Vietnam Myanmar Tchad
-1 2 69 12 1 19 -5 55 -6 -6 -4 -1 1 -5 -2 8 -23 -22 -4 0 8 1 -15 -26 -14 0 3 -6 28 19 11 -2 -15 -7 -36 1 -1 -5 -10 42 -20 -2 2 -6 2 15 -13 -38 -7 -18 4 -5 -7 -1 -20 -18 -6 -6 -16 5 -1 -17 -7 -4 -3 17 -4
Baisse du mois
420 418 411 403 402 392 390 388 374 371 365 364 357 356 353 349 346 344 342 341 340 333 321 312 311 309 305 302 301 295 295 294 290 288 286 284 280 277 277 276 274 266 265 264 257 256 250 245 241 239 239 233 226 226 222 221 218 214 213 209 209 209 198 197 194 193 185
145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 158 160 161 162 163 164 164 166 167 168 169 170 170 172 172 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 193 193 193 193 198 199 199 199 202 203 204 205 205 207 208 208
Maldives Madagascar Suriname Curaçao Singapour RDP Corée Kirghizistan Syrie Guyana Malaisie Malte Indonésie Porto Rico Inde Thaïlande Swaziland Barbade Tahiti Belize Guam Hong Kong Gambie Dominique Montserrat Laos Bermudes Nicaragua Liechtenstein Seychelles Comores Pakistan Sri Lanka São Tomé-et-Principe Chinese Taipei Îles Féroé Îles Turks-et-Caicos Bangladesh Îles Salomon Népal Yémen Soudan du Sud Macao Samoa Vanuatu Maurice Fidji Mongolie Îles Vierges américaines Bahamas Brunei Timor oriental Samoa américaines Tonga Îles Caïmans Cambodge Îles Vierges britanniques Papouasie-Nouvelle-Guinée Érythrée Andorre Somalie Djibouti Îles Cook Anguilla Bhoutan Saint-Marin
0 -3 -16 34 3 -4 -7 -5 0 1 -5 -3 -2 -8 -1 -2 8 9 -1 -1 -3 -18 1 -3 3 3 5 -5 8 1 -11 2 0 1 4 1 -11 -9 -17 0 0 0 4 -2 -1 -1 -1 -1 0 0 0 5 0 -1 2 2 1 1 -4 0 0 1 0 0 0
183 180 175 164 163 160 158 154 148 134 133 130 126 116 116 114 112 106 103 102 102 101 89 86 84 83 83 81 81 80 77 76 72 70 67 66 65 64 62 58 43 41 37 33 32 30 29 28 26 26 26 26 26 23 13 13 13 11 9 8 6 6 1 0 0
N E T Z E R L’ E X P E R T
L’ O B J E T
Les gardiens de but ont-ils réellement une mentalité particulière ? Question de Florence Pasquier, Paris
Perikles Monioudis
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Les pieds à l’air L’international Günter Netzer en 1970.
Sven Simon / imago
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e par son rôle dans l’équipe, le gardien de but doit effectivement posséder une mentalité particulière. C’est même l’une des principales qualités requises pour s’imposer à ce poste. Lorsqu’un milieu de terrain commet une erreur, il reste assez de temps et d’espace pour la rattraper. Mais si c’est le gardien qui part à la faute, les conséquences sont bien souvent fatales. Bien sûr, on gagne et on perd tous ensemble, en équipe. Cela ne change toutefois rien au fait que le portier doit d’abord digérer un but sur lequel sa responsabilité est clairement engagée. Il s’agit en effet à chaque fois d’une défaite personnelle, en quelque sorte. Psychologiquement, un gardien atteint très tôt sa maturité, bien souvent dès les catégories de jeunes. S’il parvient à devenir professionnel et à s’imposer en équipe première, il y reste généralement pour un long moment. Il doit donc être capable, plus que les autres, d’accepter sa condition. En tant que dernier rempart, il portera toujours une grande part de responsabilité, qu’il faut savoir supporter. Il existe des rôles plus faciles à gérer. Comme pour un arbitre, on
parle plutôt d’un gardien en cas de mauvaise performance. Les concerts de louanges restent l’exception. À tout ceci, il convient d’ajouter un dernier aspect : tandis qu’un ailier gauche, par exemple, dispose d’un peu de temps pour rentrer dans son match, un gardien doit immédiatement répondre présent. Il doit non seulement garder ses cages, mais aussi diriger sa défense. Cela nécessite des qualités de leader et, par conséquent, une mentalité particulière, surtout quand les résultats ne sont pas au rendez-vous. J’ai en tout cas le plus profond respect pour le poste de gardien de but. Å
e football est une source intarissable de situations comiques, dans laquelle puisent allègrement dessinateurs et autres caricaturistes. Si cet art n’est plus nécessairement en vogue aujourd’hui, il trouve toujours un écho favorable ici ou là, tout particulièrement dans les médias. Depuis longtemps déjà, ces derniers n’ont certes plus besoin de dessins pour reproduire une situation quelconque. Les possibilités de représentation et les moyens techniques se déclinent aujourd’hui à l’infini, plus particulièrement à l’heure d’Internet, et une image vaut toujours mieux qu’un long discours. Pourtant, bien souvent, une caricature vaut pour sa part mieux qu’un long roman-photo. Celle qui est représentée ci-dessus (collection de la FIFA) est signée d’un certain JAK et illustre à merveille la morale de la fable Les Voleurs et l’Âne de Jean de La Fontaine. Dans leur bataille pour la possession du ballon, les deux parties ont finalement rendu les armes et se retrouvent sans dessus dessous à la manière de rugbymen. En bordure de la mêlée, un troisième larron a attendu sagement son tour et a maintenant la possibilité de s’emparer du cuir sans rencontrer la moindre résistance. Ce troisième larron est-il un défenseur, prêt à sauver les siens ? Ou bien plutôt un attaquant sur le point de trouver le chemin des filets ? Pour rester dans le ton de la caricature, gageons que cette deuxième option est la plus probable. Sous le pseudonyme de JAK se cache par ailleurs le célèbre caricaturiste britannique Raymond Allen Jackson, décédé à l’été 1997 à l’âge de 70 ans. Å
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le football, sans jamais oser le demander. Posez vos questions à Günter Netzer : feedback-theweekly@fifa.org T H E F I FA W E E K LY
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LE TOURNANT
“Tout le monde a fondu en larmes” En 2003, la Coupe des Confédérations a été marquée par le décès de Marc-Vivien Foé en pleine compétition. Cette disparition tragique et inattendue a marqué à jamais la vie de l’Allemand Winfried Schäfer, sélectionneur du Cameroun à l’époque.
imago
C
oupe des Confédérations 2003. Je suis le sélectionneur du Cameroun, nous jouons le 26 juin à 18 heures contre la Colombie pour le compte des demi-finales. Nous menons 1:0 dès la neuvième minute de jeu grâce à un but de N’Diefi. À ce moment-là, je ne sais pas encore que la journée prendra une tournure dramatique. Il fait extrêmement chaud à Lyon, 37 degrés. Marc-Vivien Foé vient tout juste de se remettre d’une gastroentérite. Il est apte à jouer, les médecins ont donné leur feu vert et il s’entraîne avec le reste de l’équipe depuis deux jours. Pendant la mi-temps, le staff demande aux joueurs s’ils peuvent continuer. Tous acquiescent. À l’heure de jeu, le médecin et moi-même voulons de nouveau savoir comment Foé se sent. Je ne parle pas encore français et je prie donc mon adjoint de parler avec Marc-Vivien. En guise de réponse, celui-ci lève le pouce et lance un “no problem, coach”. Je le laisse donc sur le terrain. Onze minutes plus tard, Marco – c’est ainsi que je le nomme – s’effondre dans le rond central. Je ne prends d’abord pas conscience de la gravité de la situation et mets à profit l’interruption pour procéder à quelques ajustements tactiques. Les secouristes sortent Marco sur la civière, l’un d’entre eux manque de glisser sur la pelouse. Je m’approche de mon joueur et je réalise qu’il ne bouge pas. Ses yeux sont révulsés, on n’en voit presque plus que le blanc, et un bras pend, inerte. Je me dis : “Mon Dieu, mais que se passe-t-il ?” Je suis incapable de me concentrer
Nom Winfried Schäfer Date et lieu de naissance 10 janvier 1950, Mayen (Allemagne) Poste Milieu de terrain Parcours de joueur 1968–1970, 1977–1985 Mönchengladbach 1970–1975 Kickers Offenbach 1975–1977 Karlsruhe Équipes entraînées (sélection) 1986–1998 Karlsruhe 1999–2000 TB Berlin 2001–2004 Cameroun 2005–2007 Al Ahli 2007–2009 Al Ain 2011–2013 Thaïlande Depuis 2013 Jamaïque
sur la fin du match. L’équipe fête sa qualification pour la finale en dansant et je m’entends encore dire : “Attendons que Marco soit revenu.” Après quelques temps, la voix de Rigobert Song retentit : “Marc est mort !” Tout le monde fond en larmes, une immense tristesse m’envahit. Nous retournons ensuite à l’hôtel. Je sais que je devrais être là pour mes joueurs, être là pour les aider. Mais c’est au-dessus de mes forces, j’ai moi-même besoin d’aide. Je n’arrive toujours pas aujourd’hui à réaliser ce qui est arrivé à Marco. Cela peut sembler banal, et cela ne saurait lui rendre pleinement hommage, mais ce sont souvent les meilleurs qui partent les premiers. C’était un joueur extraordinaire doublé d’un homme formidable, extrêmement gentil. Sa carrière a été excellente. S’il avait joué pour une grande nation comme l’Allemagne, la France ou l’Italie, il
s erait devenu une star mondiale. Mais avec le Cameroun, ce n’était pas possible. La finale de la Coupe des Confédérations aurait été l’apogée de sa carrière internationale. Il ne l’a jamais vécue. J’aurais vraiment voulu gagner cette finale contre la France, pour lui. Nous avons perdu 1:0, mais sincèrement, qu’est-ce que ça peut faire ? Tout était devenu secondaire et il m’a fallu très longtemps avant de pouvoir refaire du football une priorité. Mon ami Marco me manque terriblement. Å Propos recueillis par Nicola Berger
Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. T H E F I FA W E E K LY
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Rassemblons tous les fans de football Faites de nouvelles rencontres et découvrez des passions communes dans le Bar Lounge de l’A380 d’Emirates.
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Hello Tomorrow
The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) Site Internet : www.fifa.com/theweekly Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Tél. +41-(0)43-222 7777 Fax +41-(0)43-222 7878
COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA
Une reine de beauté, un nouveau champion du monde et un entraîneur très spécial – à vous de jouer ! 1
En 1930, la première Coupe du Monde s’est déroulée dans trois stades, tous situés à Montevideo. Quelle Coupe du Monde s’est jouée dans quatre stades ?
Président : Joseph S. Blatter
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Secrétaire Général : Jérôme Valcke Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio
Suisse 1954 Mexique 1970 Chili 1962 Argentine 1978
Rédacteur en chef : Perikles Monioudis Rédaction : Alan Schweingruber, Sarah Steiner, Tim Pfeifer
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Ce célèbre entraîneur portugais a travaillé à plusieurs reprises à Porto, Chelsea et l’Inter. Quelle équipe entraîne-t-il en 2014 ?
Conception artistique : Catharina Clajus Service photo : Peggy Knotz Production : Hans-Peter Frei C
Mise en page : Richie Krönert (responsable), Tobias Benz, Marianne Bolliger-Crittin, Susanne Egli, Alissa Rosskopf 3
Correction : Nena Morf, Kristina Rotach Collaborateurs réguliers : Sérgio Xavier Filho, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Hanspeter Kuenzler, Jordi Punti, Thomas Renggli, David Winner, Roland Zorn
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Nous sommes en finale de la Coupe du Monde 2014 à Rio de Janeiro. Un ancien champion du monde remet le trophée à …
A Aprile E May I June O August
Ont contribué à ce numéro : Nicola Berger, Ronald Düker, Jan Griffiths, Andreas Jaros, Andrew Warshaw, Andreas Wilhelm Secrétaire de rédaction : Honey Thaljieh
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C’est l’un des plus grands tournois de football au monde … pour les reines de beauté. Dans quelle ville cette compétition est-elle organisée ?
Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub Traduction : Sportstranslations Limited www.sportstranslations.com Impression : Zofinger Tagblatt AG www.ztonline.ch
E Salvador K Manille S Sao Paulo T Manaus
Contact : feedback-theweekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2014”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse. Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.
Solution de l’énigme de la semaine précédente : CUPS Explications détaillées sur www.fifa.com/theweekly Inspiration et application : cus
Faites-nous parvenir vos réponses le mercredi 22 octobre 2014 au plus tard à feedback-theweekly@fifa.org Les personnes ayant correctement répondu à l’ensemble des énigmes parues depuis le 13 juin 2014 participeront en janvier 2015 à un tirage au sort pour tenter de gagner un voyage pour deux pour le Gala FIFA Ballon d’Or, qui aura lieu le 12 janvier 2015. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du concours. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse : http://fr.fifa.com/mm/document/af-magazine/fifaweekly/02/20/51/99/fr_rules_20140613_french_french.pdf T H E F I FA W E E K LY
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R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E
LE SONDAGE DE L A SEMAINE
Lequel de ces gardiens sud-américains évoluant en Europe vous a le plus impressionné ?
Lequel de ces attaquants vous a le plus impressionné lors des récents matches amicaux ?
73+13+86 8%
6%
13%
73%
≠ ≠ ≠ ≠
Claudio Bravo (Chi/FC Barcelone)
Fernando Muslera (Uru/Galatasaray) Diego Alves (Bré/FC Valence) Rafael (Bré/Naples)
Choisissez entre : · Abderrazak Hamdallah (Mar) · Carlos Bacca (Col) · Karim Benzema (Fra) · Joao Plata (Ecu) · Eduardo Vargas (Chi) · Diego Tardelli (Bra) Pour voter, rendez-vous sur : Fifa.com/newscentre
“Si je pouvais choisir entre Messi, Ronaldo et Robben, je prendrais Robben. Il est le plus complet des trois. Les gens ne s’en rendent pas comptent, car ils accordent trop d’importance aux buts.” Bert van Marwijk, entraîneur néerlandais
LA SEMAINE EN CHIFFRES
le record de Marco van Basten du
5,6 40 pour cent de réussite dans ses
qu’il n’a porté le maillot du
hat-trick le plus rapide après le
frappes au but, voilà le bien
Brésil qu’à 58 reprises. Il dépasse
coup d’envoi d’un match de
maigre bilan de l’équipe d’Alle-
ainsi Bebeto et prend la cinquième
qualification ou de phase
magne après ses trois premiers
place du classement des meilleurs
finale d’un Euro. Il en
matches de qualifications pour
buteurs de l’histoire auriverde,
profite pour dépas-
l’Euro 2016. À titre de comparai-
derrière les légendes Pelé (77 buts),
ser Hakan
son, la Mannschaft affichait sur la
Ronaldo (62), Romario (55) et Zico (48).
Sukur et devenir
route de Brésil 2014 un taux de
Ce mardi, le prodige a inscrit tous les
avec 21 réalisa-
réussite de 18,4 pour cent. Cette
buts de son équipe lors de la victoire
tions le meilleur
fois-ci, elle n’a pour le moment inscrit
4:0 face au Japon, devenant le sixième
buteur de l’histoire
que trois petits but bien qu’elle ait déjà
Brésilien à réussir un quadruplé
de ces préliminaires.
tenté la bagatelle de 77 tirs !
avec la Seleção.
minutes seulement ont été nécessaires à Robbie Keane pour battre
buts ont déjà été inscrits par Neymar en sélection, alors
imago (2), Getty Images, Keystone
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