The FIFA Weekly Edition #57

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N O 57, 21 NOVEMBRE 2014

ÉDITION FR ANÇAISE

Fédération Internationale de Football Association – Depuis 1904

DANTE LE PLAISIR NE SUFFIT PAS RELIGIONS LA TOLÉRANCE EST UN PRÉTEXTE GIGI RIVA SUR LE TERRAIN J’ÉTAIS LIBRE

Turquie

Les nouveaux buts de Fatih Terim W W W.FIFA.COM/ THEWEEKLY


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

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Amérique du Nord et Centrale 35 membres www.concacaf.com

La passion avant tout La Turquie est souvent absente des grands rendez-vous internationaux. Pourtant, l’équipe nationale présente un bilan largement positif sur ses cinq participations à la Coupe du Monde et à l’Euro. Comment expliquer ces hauts et ces bas ? Notre collaborateur Alan Schweingruber s’est rendu à Istanbul pour discuter avec le sélectionneur Fatih Terim et visiter un petit centre de formation sur les rives du Bosphore.

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Îles Cook Le suspense est à son comble en Round Cup : à une journée du terme, Tupapa et le tenant du titre Puaikura sont à égalité de points.

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J ay Jay Okocha Ses dribbles sont entrés dans la légende. Le Nigérian est-il aussi à l’aise devant un micro ?

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Gigi Riva L’international italien a fait toute sa carrière à Cagliari. “Je suis tombé amoureux de la Sardaigne”, raconte l’ancien attaquant, aujourd’hui âgé de 70 ans.

Amérique du Sud 10 membres www.conmebol.com

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Bermudes Les Dandy Town Hornets, champions en titre, ont besoin de points.

Les nouveaux buts de Fatih Terim Notre photo de couverture a été prise le 11 novembre 2014 à Istanbul, lors de l’entretien accordé par le sélectionneur national Fatih Terim à FIFA Weekly. Tolga Sezgin (photo)

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Pour la compétition finale, le nombre d’équipes participantes est de vingt-quatre, réparties parmi les confédérations de la façon suivante : AFC : 5 équipes, CAF : 3 équipes, CONCACAF : 3,5 équipes*, CONMEBOL : 2,5 équipes*, OFC : 1 équipe, UEFA : 8 équipes, Pays organisateur : Canada *L’équipe classée quatrième de la compétition préliminaire de la CONCACAF disputera un match de barrage (aller-retour) contre l’équipe classée troisième de la compétition préliminaire de la CONMEBOL.

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Qualifiés Costa Rica Etats-Unis Mexique

Qualifiés Brésil Colombie

Barrage retour : 2 décembre 2014 Trinité-et-Tobago – Équateur

Barrage aller : 8 novembre 2014 Équateur – Trinité-et-Tobago 0:0

Canada (Pays organisateur)

imago (2), Mark Tatem, Salvatore Vinci

Dante La star du Bayern évoque son avenir avec la Seleção.


L A SEMAINE DANS LE MONDE DU FOOTBALL

Europe 54 membres www.uefa.com

Afrique 54 membres www.cafonline.com

Asie 46 membres www.the-afc.com

Océanie 11 membres www.oceaniafootball.com

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Religion Le pasteur Josef Hochstrasser nous parle de football, de tolérance et de justice.

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Ebola Gareth Bale et d’autres stars du football portent la bonne parole. The FIFA Weekly Magazine App Le FIFA Weekly, magazine de la FIFA, paraît chaque vendredi en quatre langues pour votre tablette. http://fr.fifa.com/mobile

Qualifiés Allemagne Angleterre Espagne France Norvège Suède Suisse + Vainqueur des barrages

Qualifiés Cameroun Côte d’Ivoire Nigeria

Qualifiés Australie Japon République de Corée RP Chine Thaïlande

Qualifiés Nouvelle-Zélande

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À DÉCOUVERT

“Il est sur la bonne voie” Telle est la prédiction livrée par un voyant d’Istanbul sur le football turc.

Nouveaux départs

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’équipe de Turquie s’était hissée à la troisième place lors de la Coupe du Monde 2002, ce qui illustrait le niveau atteint par le football turc. Mais ce succès date déjà de douze ans et reste la dernière participation en date du pays à la Coupe du Monde. Actuellement, la sélection turque n’occupe que le 46ème rang du classement mondial de la FIFA. Notre rédacteur Alan Schweingruber est allé sur place prendre le pouls du football turc. Découvrez son reportage à partir de la page 6.

“Q

uand le football parle, tout le monde écoute”, souligne le Professeur Jiří Dvořák, médecin en chef de la FIFA. “En tant que médecins, nous avons été témoins du pouvoir du football en matière de prévention et de santé publique lors de la mise en œuvre réussie du programme ‘FIFA 11 pour la Santé’ dans quinze pays africains. Aujourd’hui, nous utilisons le même système pour combattre Ebola en présentant des messages éducatifs simples pour empêcher la propagation du virus, à travers les voix de stars du football.” Pour en savoir plus, rendez-vous page 30.

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e Brésilien Dante, qui évolue sous les couleurs du Bayern Munich, a décroché des titres prestigieux en 2013. Il a toutefois échoué à remporter le plus grand de tous l’été dernier sous le maillot de son équipe nationale. Le défenseur se livre dans un entretien à lire à partir de la page 18. Å

Tolga Sezgin

Perikles Monioudis

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La passion avant tout


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Le restaurant Söhretler à Besiktas Ceux qui viennent manger ici sont plongés dans l’ambiance du football turc.

La Turquie, pays passionné de football qui compte près de 80 millions d’habitants, rêve de renouer avec les succès du passé. Reportage à Istanbul. Alan Schweingruber (texte), Tolga Sezgin (photos), à Istanbul

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ous voilà presque arrivés. Le chauffeur de taxi ne connaît pas la suite du chemin. Il ralentit et dirige lentement sa voiture sur une zone en terre battue. Un homme en tenue de travail qui se trouve là jette un regard ébahi au taxi. Nous aussi, sur la banquette arrière, nous sommes surpris. Il y a donc à Istanbul des chauffeurs de taxi qui doivent demander leur chemin ? L’image du conducteur qui fume dans sa voiture jaune, file à toute allure et connaît la moindre ruelle comme sa poche semble pourtant correspondre à la réalité. Nous pouvons cependant déjà être fiers d’être arrivés jusqu’ici. Istanbul compte 15 millions d’habitants, d’après les estimations. C’est la seule métropole au monde qui s’étend sur deux continents différents, l’Europe et l’Asie. Pour se rendre de l’extrémité ouest à l’extrémité est de la ville, il faut parcourir pas moins de 100 kilomètres. Ces chiffres sont très importants lorsque l’on est étranger et que l’on monte dans un taxi stambouliote en demandant au chauffeur, avec un fort accent, de nous conduire à l’autre bout de la métropole. Nous nous trouvons à présent dans la partie asiatique, dans la campagne au nord-est d’Istanbul, là où paissent les moutons. C’est ici que les Stambouliotes viennent se reposer. L’été, c’est un lieu de détente prisé. En novembre, il ne fait “que” 20 degrés et l’endroit semble désert. De nombreux restaurants sont fermés. Des tables et des chaises sales sont abandonnées dans l’herbe haute. Au loin, on aperçoit le feu d’une ferme. Est-ce bien ici que nous devons rencontrer Fatih Terim ? Sommesnous à la bonne adresse ? L’homme en tenue de travail s’approche du taxi. Il relève le masque qui lui couvrait la bouche et semble être en mesure de nous renseigner. Le nouveau centre d’entraînement de la Fédération turque de football est tout près, nous dit-il. “Là-bas !” Il indique une direction de la main. Le chauffeur lui fait un signe de la tête et remonte la vitre. Entraînement au bord de la mer Noire C’est là-bas, donc. Nous devrions y être d’ici quelques minutes, tout au plus. Nous regardons l’heure et sommes un peu soulagés de nous savoir presque à destination. Arriver en retard est non seulement incorrect, mais cela met en outre le retardataire en position défavorable avant même que la conversation ait commencé. Nous imaginons brièvement avoir affaire à un Fatih Terim en colère. Nous préférerions éviter cela, même si l’état du trafic automobile à Istanbul constituerait une explication plus que crédible à notre arrivée tardive. “Vous savez”, dirat-il un peu plus tard au cours de l’entretien, “il est impossible pour moi de faire les choses sans émotion.” Mais nous y reviendrons. 8

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Arrière-pays d’Istanbul Le centre d’entraînement de la Fédération turque de football se trouve à Riva, en pleine campagne.

Fatih Terim était un bon libéro et a été pendant des années le joueur le plus capé de Turquie. C’était il y a longtemps. En 1973, il est monté en première division avec le club de sa ville natale, Adana Demirspor. Il a ensuite porté pendant onze ans les couleurs de Galatasaray Istanbul. À l’époque, déjà, Terim se distinguait par sa nature impulsive. À 34 ans, il est devenu entraîneur de l’équipe d’Ankara, puis a été aux commandes de l’équipe nationale de Turquie et de Galatasaray. Une période riche en succès. Terim a permis à la Turquie de disputer en 1996 son premier Championnat d’Europe. Avec Galatasaray, il a remporté la Coupe de l’UEFA et six titres de champion.

La Turquie COUPES DU MONDE 1954, Suisse : phase de groupes 2002, Corée/Japon : 3ème place CHAMPIONNATS D’EUROPE 1996, Angleterre : phase de groupes 2000, Belgique/Pays-Bas : quarts de finale 2008, Autriche/Suisse : demi-finales COUPE DES CONFÉDÉRATIONS 2003, France : 3ème place Qualifications pour l’Euro 2016 Groupe A (4 matches disputés chacun) 1. République tchèque, 12 pts. 2. Islande, 9 pts. 3. Pays-Bas, 6 pts. 4. Turquie, 4 pts.,5. Lettonie, 2 pts. 6. Kazakhstan, 1 pt. Prochains matches, le 28 mars 2015 : Pays-Bas - Turquie. République tchèque Lettonie. Kazakhstan - Islande. L’aide de la FIFA Outre 1,8 million de dollars US (2010-2014, pour les infrastructures et le développement du football féminin), la FIFA a versé en 2011 une somme de 673 522 dollars US pour la construction d’un centre technique avec un terrain ’entraînement doté d’un éclairage par projecteurs à Malatya.

"Peut-être que je regrette mes erreurs… Oui, certainement." Fatih Terim À côté de son palmarès, le technicien de 61 ans a la réputation de quelqu’un d’imprévisible, d’un chef qui ne fait pas de compromis. Son tempérament de feu est célèbre. Il lui a permis de remporter des matches et des compétitions, mais lui a aussi fait essuyer quelques échecs plus ou moins cuisants. L’an dernier, il a été remercié par Galatasaray. Le taxi passe devant un tracteur abandonné et arrive devant l’entrée principale de la Riva Hasan Dogan. C’est ainsi que s’appelle ce grand centre de la fédération, construit en 2013. Il rassemble un hôtel, un restaurant, des salles de conférence, une salle de sport, un espace bienêtre et, bien entendu, des terrains de football. C’est ici que se retrouvent les meilleurs footballeurs du pays avant les matches internationaux à domicile, comme ceux de la semaine dernière contre le Brésil et le Kazakhstan. Il est prévu que le complexe soit encore agrandi et prenne la place de l’actuel siège de la fédération, situé en centre-ville. On nous fait visiter les lieux. Par le bois qui s’étend à proximité, on accède en 30 minutes de marche à un vieux village de pêcheurs, au bord de la mer Noire. Il paraît qu’il y a là de formidables restaurants. Un Fatih Terim décontracté Fatih Terim arrive quelques minutes en avance au rendez-vous. Il ne porte pas un costume élégant comme à son habitude, mais une tenue d’entraînement rouge avec le drapeau turc sur la poitrine. Il sourit. Il a l’air détendu. Est-ce bien


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Sur les rives du Bosphore Le nouveau stade de Besiktas, près de la mosquée Dolmabahçe.

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"L’Allemagne est importante pour nous" L’année passée, Fatih Terim a pris les commandes de l’équipe nationale de Turquie pour la troisième fois. Le sélectionneur impulsif de 61 ans fait parler de lui. Fatih Terim, que représentent pour vous les émotions ? Fatih Terim : Sans émotions, je n’aurais jamais réussi. Elles ont considérablement influencé ma carrière. Sans émotions, on manque de force. Le plus important, c’est de pouvoir les contrôler. Il se peut que les supporters nous ovationnent, puis nous insultent 30 secondes plus tard. Les entraîneurs et les joueurs doivent être à même de gérer ce genre de situations.

Quelles sont les erreurs que vous regrettez ? Il y a toujours des incidents qu’on regrette par la suite. Ça arrive. Au moment de prendre une décision, tout le monde réagit toujours en étant convaincu d’avoir raison.

À quel point êtes-vous passionné ? Suffisamment. La passion est primordiale, tant qu’elle n’a pas d’impact négatif. Être trop passionné peut vous pousser à prendre certaines choses trop à cœur.

Il vous arrive néanmoins d’exploser sur la De nombreux fans turcs sont mécontents pour le ligne de touche. Étiez-vous déjà aussi expressif moment. Le football de votre pays est-il en crise ? en tant que jeune libéro ? Notre football est instable, comme beau(Rires) À 23 ans, j’étais déjà un leader en équipe nationale. J’aime diriger.

Que ressentez-vous lorsque vous repensez à vos 27 années de carrière d’entraîneur ? J’ai un très bon sentiment. Ma carrière a surtout été marquée par les victoires et les succès. Évidemment, j’ai fait des erreurs, comme tout le monde. Il est important de pouvoir en tirer des leçons. Je suis resté fidèle à moi-même. Je me comporte de la même façon dans ma vie privée que dans mon travail d’entraîneur.

coup d’autres choses dans notre pays. Nous devons y remédier. Avec 80 millions d’habitants, la Turquie a un gros potentiel. Mais ce n’est pas assez. Il faut aussi régler les problèmes financiers des clubs. Nous devons attirer davantage de supporters dans les stades et aller à la recherche de jeunes talents qui peuvent percer. Voilà pourquoi je suis ici. En tant que sélectionneur, ma mission est de faire progresser la fédération et le pays dans ces domaines. La fonction d’entraîneur ne constitue qu’une partie de mon travail. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai rempilé. La fédération voulait que je fasse bouger les choses.

Fatih Terim “Nous voulons que les Turcs vivant à l’étranger se sentent chez eux en Turquie.”

Nom Fatih Terim Date et lieu de naissance 4 septembre 1953, Adana (Turquie) Parcours de joueur Adana Demirspor, Galatasaray Istanbul Parcours d’entraîneur Ankaragücü, Göztepe Izmir, Équipe nationale de Turquie, Galatasaray Istanbul, Fiorentina, AC Milan Succès majeurs Sextuple champion de Turquie Double vainqueur de la Coupe de Turquie Vainqueur de la Coupe UEFA Qualification pour la demi-finale de l’Euro 2008

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Que se passera-t-il si la Turquie est à nouveau absente de l’Euro ? Nous allons peut-être gagner toutes nos prochaines rencontres, qui sait ? Si nous ne nous qualifions pas, ce ne sera pas non plus la fin du monde. Nous nous en remettrons. Je suis là pour former une équipe nationale capable d’atteindre la finale de n’importe quelle compétition. C’est un processus qui demande du temps.

Comment qualifieriez-vous votre relation avec l’Allemagne ? Elle est bonne. Je vais volontiers en ­ llemagne pour rendre visite à certains amis, A comme Sepp Piontek, avec qui j’ai collaboré pendant longtemps. D’un point de vue général, l’Allemagne est un pays important pour la Turquie.

Comment réagissez-vous lorsqu’un footballeur né de parents turcs et possédant la double nationalité choisit de jouer pour la Mannschaft ? Je respecte sa décision, qui ne doit pas être facile à prendre. À l’inverse, si un Turc souhaite jouer pour son pays d’origine, il sera toujours le bienvenu. Il faut absolument que nous donnions l’impression aux quatre millions de Turcs qui vivent à l’étranger qu’ils sont chez eux en Turquie.

Lorsque vous avez entraîné la Fiorentina et l’AC Milan, vous avez vous-même quitté votre pays pendant de longues années. Quelle est votre relation avec l’Italie ? J’adore l’Italie. C’est ma deuxième patrie. Certainement parce que j’y ai vécu avec ma femme et mes enfants. Ça crée des liens. J’y retournerai peut-être un jour, qui sait ?

Vous rendez-vous encore de temps en temps à Adana, la ville où vous avez grandi ? Très souvent. Mes parents et ma famille habitent là-bas. Récemment, j’ai justement tenu un discours devant plus de 1000 hommes d’affaires, à Adana.

Sur le football ? Non, sur le leadership. Propos recueillis par Alan Schweingruber


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le sélectionneur au tempérament volcanique qui nous accueille dans l’arrière-pays d’Istanbul et nous propose chaleureusement une tasse de thé ? Avec tout le respect que nous avons pour lui, il faut bien avouer que nous sommes un peu étonnés par son attitude. C’est la troisième fois que Terim est aux commandes de l’équipe nationale. Son plus grand succès avec celle-ci a été d’atteindre les demi-finales du Championnat d’Europe 2008. Mais actuellement, après un départ raté dans les qualifications pour l’Euro 2016, certaines questions se posent. Le football turc va-t-il mal ? Quand peut-on espérer voir l’équipe nationale participer à nouveau à un grand tournoi ? Pourquoi Terim n’a-t-il pas encore pris sa retraite ? “Si la Turquie veut m’avoir comme sélectionneur, ça ne se refuse pas, c’est une question d’honneur”, dit-il. “Beaucoup me voient comme un entraîneur qui ne fait que courir après les points et les trophées. Mais je veux construire quelque chose de durable. Je me préoccupe de l’avenir des jeunes. Voir un joueur qui évolue positivement, c’est aussi une réussite. Les qualifications pour l’Euro 2016, qui se déroulera en France, vont durer encore longtemps. Si nous ne nous qualifions pas, ce ne sera pas non plus la fin du monde. Nous nous en remettrons. Les gens doivent apprendre à être patients. La patience, c’est important dans la vie. L’heure du succès viendra.”

Jeunes talents Yavuzselim Spor repère les jeunes footballeurs dans la rue.

Qu’est-ce qui fait qu’une équipe est compétitive ? La patience est une vertu, assurément. Mais elle n’est pas toujours le principal point fort des personnes au tempérament enflammé. Ce caractère passionné ne constitue-t-il pas parfois un obstacle ? Quand on lui demande s’il regrette certaines choses qu’il a faites par le passé, Terim répond : “Les émotions et la passion sont primordiales dans tout ce que l’on fait dans sa vie.” Il montre l’édifice qui se dresse devant nous. “Regardez ce bâtiment. Croyez-vous sérieusement que l’architecte aurait pu créer quelque chose comme ça sans passion et sans émotion ? J’adore mon travail, avec ses bons comme avec ses mauvais côtés. Il est impossible pour moi de faire les choses sans émotion. Peutêtre que je regrette mes erreurs passées… Oui, certainement. Mais dans certaines situations, il faut prendre des décisions. Or les décisions se prennent sur le moment, par passion et par conviction. C’est comme ça.” Se laisser porter par le courant de la vie : c’est en tout cas ce que conseille un adage en Turquie. “Hayatın akışına birak kendini.”

L’entraîneur Cihan Yavuz et son équipe sur le terrain d’entraînement au bord du Bosphore.

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Kadıköy, sur la rive asiatique Un lieu de rencontre des fans de Fenerbahçe.

Match test contre le Brésil Avant la défaite 4:0, certains fans sont euphoriques.

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Solide dans les tournois L’histoire de l’équipe nationale révèle quelque chose d’intéressant. La Turquie s’est qualifiée à cinq reprises pour un grand tournoi international : deux fois pour la Coupe du Monde, trois fois pour le Championnat d’Europe. Elle a accédé par deux fois aux demi-finales et une fois aux quarts de finale ; lors de deux compétitions, elle n’a pas passé le cap de la phase de groupes. Cela constitue un bilan tout à fait honorable et laisse à penser que les Turcs possèdent la mentalité nécessaire pour tirer leur épingle du jeu à ce niveau. Aucun sélectionneur au monde n’espère avoir l’Allemagne, quadruple championne du monde, dans son groupe. Les raisons sont évidentes. Mais les sélectionneurs n’espèrent pas non plus être confrontés à la Turquie, qui est pourtant loin de connaître autant de succès que la Mannschaft. Qu’est-ce qui fait qu’une équipe est compétitive ? Comment expliquer les hauts et les bas traversés par la sélection turque ? Trois heures environ après notre entretien avec Fatih Terim (vous pouvez lire l’intégralité de l’interview à la page 10), le chauffeur de taxi nous conduit jusqu’à un terrain en gazon artificiel situé au bord du Bosphore. Cette fois, il faut dire qu’il n’hésite pas une seconde sur le trajet à emprunter. L’eau du détroit scintille à la lumière de la lune, la silhouette d’une mosquée se dessine en arrière-plan. Le paysage est magnifique. C’est ici que s’entraînent les jeunes de Yavuzselim Spor. Ce club ne fonctionne pas de manière traditionnelle. Il s’est donné pour mission prioritaire d’enseigner à des adolescents âgés de 11 à 17 ans les bases du football professionnel. Les équipes rassemblent des jeunes talentueux mais qui n’auraient pas rejoint un club de leur propre initiative. Ils ont été contactés par des responsables qui les ont repérés alors qu’ils jouaient au football dans la rue. Les émotions, un obstacle ? Le terrain est clôturé. Nous attendons à la grille et essayons d’interpeller l’entraîneur des adolescents. “Vous pouvez entrer en contournant les installations par la gauche”, finit-il par nous répondre. “J’ai des choses à vous dire.” Voilà qui s’annonce intéressant. À l’instant où nous pénétrons sur le terrain, les garçons passent la vitesse supérieure. Lorsqu’on se sait observé, on fait un peu plus d’efforts, il en est de même pour tous les hommes, partout dans le monde. “Nous partageons ce terrain avec un autre club”, nous explique Cihan Yavuz, l’entraîneur. “Les conditions ne sont pas optimales. J’aimerais que le football de jeunes soit davantage encouragé en Turquie. Mais beaucoup de gens ne pensent qu’à eux-mêmes. Travailler avec les jeunes est pourtant une grande source de plaisir.” Yavuz se sert de son smartphone comme chronomètre. Il recule de quelques pas et souffle dans son sifflet avant de revenir vers nous. Interrogé sur l’évolution du football turc et sur son inconstance, cet éducateur nous fait une


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Dans le quartier de Besiktas Des fans de football ont rendu hommage au président décédé du club Süleyman Seba par des banderoles.

réponse d’une honnêteté déconcertante : “Finir la Coupe du Monde à la troisième place puis ne plus nous qualifier pendant douze ans, c’est assez ­caractéristique de notre pays. Il y a deux raisons manifestes : premièrement, nous avons tendance à nous reposer sur nos lauriers ; deuxièmement, nous avons du mal à gérer les émotions comme il faut. Nous, les Turcs, nous nous laissons souvent submerger. Dans ces conditions, il est difficile de remporter des matches. Pourtant, d’un autre côté, ce sont aussi les émotions qui nous stimulent.” Ce pays bordé de huit États voisins se porte bien sur le plan économique. La belle métropole d’Istanbul, une ville toujours animée, constitue une destination prisée des touristes. Ici, le football est au premier plan. Galatasaray affichait cette saison de grandes ambitions, notamment en Ligue des Champions. Mais l’équipe a coulé pavillon haut. Un passage rapide par le “Mont gratis”, dans le quartier de Beşiktaş, permet de se rendre compte que le football a pu profiter de l’essor de l’économie. L’endroit est appelé ainsi parce que les supporters du Beşiktaş pouvaient autrefois jeter un œil à l’intérieur du stade sans avoir à payer de billet d’entrée. Il s’agit du fameux stade Inönü, où, lors d’un match contre Liverpool, les fans de Beşiktaş ont poussé le niveau sonore jusqu’à 132 décibels, un record mondial. Une question d’honneur ! Aujourd’hui, l’endroit se résume à un immense chantier. Quelque 200 travailleurs y sont à l’œuvre. La nouvelle enceinte de Beşiktaş devrait être terminée au printemps. Un homme

Lors d’un match contre Liverpool, les fans de Beşiktaş ont poussé le niveau sonore jusqu’à 132 décibels. d’une soixantaine d’années appuyé contre la clôture nous dit : “Je viens souvent ici pour voir comment les choses avancent. Sans être euphorique, je suis très optimiste concernant l’avenir des clubs turcs. Regardez comme ce stade va être beau. Ça donne de l’énergie à Beşiktaş, mais aussi à toute la ville d’Istanbul et à la Turquie toute entière.” Les supporters des trois grands clubs de la ville, connus pour leur rivalité et leur frénésie, sont aussi capables de s’illustrer autrement. Quand le pays est agité par des protestations, les fans de Galatasaray, Fenerbahçe et Beşiktaş font front commun. Comme en 2013, lors du mouvement contestataire qui s’est regroupé sur la place Taksim. Lorsqu’une personnalité du monde du football stambouliote décède, comme l’ancien président de Beşiktaş Süleyman Seba l’été dernier, on rend un dernier hommage au disparu, même s’il appartenait au camp adverse. Au cœur du quartier de Beşiktaş, où le restaurant Söhretler, réputé dans toute la ville, accueille ses convives (“y compris Fatih Terim”, ne manque pas de souligner le chef de troisième génération), les fans du Beşiktaş

ont pour leur part célébré leur président en hissant des banderoles. Honneur, émotion, passion sont omniprésents chez les Turcs, dans la moindre de leurs actions, sur le terrain comme dans la vie. Nous nous laissons porter par le courant dans la vieille ville d’Istanbul. Un tramway pittoresque passe sur les rails. Dans une ruelle, des hommes moustachus coiffés de casquettes sont assis dehors et boivent du thé. Derrière eux, une lumière rouge et verte clignote : le néon d’un fal café. Les fal cafés sont de petits bistrots dans lesquels des voyants proposent leurs services. Nous nous faisons spontanément inscrire sur la liste d’attente du médium et nous commandons un café turc. Ce que nous ignorions, c’est que le voyant Tasula Türkan est l’un des plus réputés du quartier. Des femmes entrent et sortent sans arrêt de l’établissement. Nous buvons notre café et patientons 90 minutes. Chez le voyant “Je vais répondre à toutes vos questions”, nous dit Türkan lorsque notre tour de le consulter arrive enfin. Il examine notre marc de café. L’équipe de Turquie disputera-t-elle l’Euro 2016 ? “Oui. Après un départ difficile, l’équipe va se ressaisir et enregistrer de nombreuses victoires l’année prochaine”, répond Türkan. Fatih Terim est-il l’entraîneur qu’il faut pour la sélection turque ? “Oui, c’est la bonne personne.” La Turquie se qualifiera-t-elle pour la Coupe du Monde 2018 ? Le voyant n’est pas en mesure de répondre. “C’est trop loin.” Il retourne une carte devant lui. “Mais ce que je peux vous dire, c’est que le football turc est sur la bonne voie.” Å T H E F I FA W E E K LY

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LE S CHAMPIONN AT S À L A LOUPE

VU DES TRIBUNES Tup ap a pr olonge le su sp en se Tim Pfeifer est rédacteur pour FIFA.com et The FIFA Weekly.

Des buts comme s’il en pleuvait, des retournements de situation et une lutte plus serrée que jamais pour le titre : le championnat des îles Cook tient toutes ses promesses, cette année. À la veille de l’ultime journée, le Tupapa Maraerenga FC et le tenant du titre Puaikura FC sont à égalité de points. Fort d’une différence de buts supérieure de onze points, le premier tient cependant la corde.

En cas de succès face à Takuvaine, le grand club d’Avarua aurait toutes les chances de fêter son huitième sacre depuis 2001. Mi-octobre, Puaikura semblait pourtant bien parti pour défendre avec succès un titre conquis de haute lutte l’année précédente, au terme d’un parcours réalisé sans la moindre défaite. Les hommes de Tuka Tisam ont cependant commis un premier faux-pas en s’inclinant (2:1) devant Takuvaine durant la phase décisive de la saison. Malgré le renfort de l’ancien joueur des Glasgow Rangers Stuart Kelly, Puaikura a laissé beaucoup de forces lors des tours préliminaires de la Ligue des Champions de l’OFC. Qui plus est, Tisam et ses protégés ont laissé passer une semaine plus tôt la chance

Favoris Paavo Mustonen (à d.) et le Tupapa Maraerenga FC affrontent Titikaveka. 14

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historique de devenir la première équipe des îles Cook à accéder à la phase de groupes de l’épreuve continentale. L’échec est d’autant plus douloureux que les insulaires ont vu les portes de la qualification se refermer à l’issue du dernier tour disputé à Apia (Samoa). Avec une victoire, un nul et une défaite, Puaikura a dû céder la première place à l’équipe hôte, Lupe ole Soaga. Sur la scène nationale, le tableau n’est guère plus reluisant. Le succès (2:1) à domicile face à Tupapa n’a finalement servi à rien. L’autre candidat au titre a remporté ses trois matches suivants, inscrivant 26 buts au passage. Désormais, Tupapa a son destin en main. En cas de succès, ce club, qui s’appuie essentiellement sur des joueurs locaux, remporterait le onzième titre de son histoire. Å

Cook Islands Football Association

Round Cup des îles Cook


Premier Division bermudienne

P r e m i è r e v ic to i r e p o u r l e s Ho r n e t s ? Andrés de Kartzow est rédacteur pour The FIFA Weekly.

Après cinq journées de championnat bermudien, le football montre à quel point il peut être imprévisible sur cette chaîne d'îles de 34 kilomètres de long située en plein Atlantique Nord. À la surprise générale, le champion en titre Dandy Town Hornets semble ne pas être encore sorti des starting-blocks. La saison dernière, le club de la région de Pembroke Parish avait décroché le titre en ne s'inclinant que trois fois en 18 rencontres. Mais cette année, l'équipe de Jomar Wilkinson a commencé par enchaîner trois défaites et reste englué dans le bas du classement, avec une seule unité au compteur. Toutefois, les Hornets ont montré un tout autre état de forme la semaine passée en finale de la Dudley Eve Cup. Dès le début du match, ils se sont créés des occasions très franches contre les Somerset Trojans et, à la 59ème minute, Kevin Hurdle a donné l'avance aux siens. Un quart d'heure plus tard, Tomiko Goater a alourdi le score, avant que le ­remplaçant Jahnazae Swan, 17 ans, ne porte la marque à 3:0 dans les arrêts de jeu.

Mark Tatem

Malheureusement, des incidents hors de la pelouse sont venus entacher ce triomphe. Peu après le coup de sifflet final, des coups de feu ont retenti tout près du National Sports Centre et au Somerset Cricket Club, situé à vingt kilomètres de là. Quatre personnes ont été blessées. La Fédération bermudienne de football a alors décidé d'annuler toutes les rencontres de championnat, afin de prendre le temps de discuter de ces actes de violence répétés avec des responsables du sport et de la politique. À présent, la situation s'est un peu calmée sur l'île et les matches de première division reprendront ce week-end. Les Hornets rencontreront les Devonshire Cougars, qui partagent actuellement la tête du classement avec le club le plus titré des Bermudes, les PHC Zebras, et le promu, St. George's Colts. La tâche ne sera pas simple pour le tenant du titre, à la peine depuis des semaines. Å

Dudley Eve Cup Les Hornets (et Damon Ming, à d.) s’imposent 3:0 devant les Somerset Trojans. T H E F I FA W E E K LY

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EN BREF

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es coïncidences se coordonnent parfois à la perfection. Elles donnent alors naissance à des histoires intéressantes, sans qu’aucun journaliste ne doive vraiment se donner de la peine. Un musicien débridé en manque d’argent s’attire ainsi à coup sûr les moqueries des médias lorsqu’il sort son troisième album best of avant Noël et fait en même temps l’objet d’une plainte de son ex-femme. Les entraîneurs de football italiens d’un certain âge se trouvent, eux aussi, en mauvaise posture à l’approche des fêtes. Depuis peu, une image collective colle à la peau de Claudio Ranieri, Fabio C ­ apello et Giovanni Trapattoni : les vieux entraîneurs pratiquant le football d’hier. Il faut dire qu’il y a plus prestigieux qu’une défaite à domicile contre les Îles Féroé (Ranieri avec la Grèce) et plus réjouissant qu’une revers contre l’Autriche (Capello avec la Russie). Et lorsque c’est Trapattoni, 75 ans, qui se porte candidat à la succession de Ranieri, le reportage est ficelé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Cela avait été aussi vite en 2013, lorsque Jupp Heynckes, 68 ans, avait réalisé le triplé avec le Bayern Munich : un vieil entraîneur pratiquant le football moderne. Å Alan Schweingruber

Angelos Tzortzins / AFP

C

ette semaine a été mémorable pour Wayne Rooney. Lors de la victoire 3:1 face à la Slovénie, en match de qualification pour l’Euro, l’attaquant de 29 ans a fêté sa 100ème rencontre internationale sous les couleurs des Three Lions et a inscrit sur penalty le but qui a permis à son équipe d’égaliser. “Je n’oublierai jamais cette soirée spéciale”, s’est réjoui Rooney. Mais la star de Manchester United pouvait faire encore mieux. En effet, trois jours plus tard, Rooney a marqué ses 45ème et 46ème buts en équipe nationale, à l’occasion du succès 3:1 de l’Angleterre contre l’Écosse, sa grande rivale. Il ne lui manque donc plus que trois réalisations pour égaler le record de 49 buts de Sir Bobby Charlton. Alors que le football anglais faisait la fête et que le Daily Mail encensait son “Captain fantastic”, l’ancien attaquant international Gary Lineker, qui occupe la deuxième place du podium avec ses 48 buts, s’est saisi de son Smartphone et a publié sur Twitter : “Info de dernière minute : Wayne Rooney met un terme à sa carrière internationale”. Il s’agissait évidemment d’une plaisanterie, car l’incroyable buteur anglais ne compte pas raccrocher les crampons de sitôt. “Je suis bien lancé et j’espère que cela va continuer”, a indiqué Wayne Rooney, qui n’est plus très loin des 125 matches internationaux, record anglais détenu par Peter Shilton. Å Tim Pfeifer

J

ohn Hemmingham et ses musiciens jouent quand l’équipe nationale d’Angleterre dispute un match. Le trompettiste et son orchestre se sentent comme chez eux dans le stade. Ils ont fait parler d’eux pour la première fois en 1993. Ils s’étaient mêlés aux fans de Sheffield Wednesday. Pour le Championnat d’Europe 1996, disputé dans leur pays, ils ont été invités par la Football Association à se produire lors des matches de la sélection anglaise. Depuis, le groupe est connu des fans sous le nom d’England Supporters’ Band. Hemmingham souligne qu’il n’a ­jamais manqué un seul match des Three Lions depuis cette fameuse édition du tournoi européen. Ainsi a-t-il accompagné, il y a quelques jours, l’équipe de Hodgson en Écosse pour un match amical, remporté 3:1 par les Anglais. Hemmingham et son groupe ont interprété, comme souvent, surtout lors des rencontres à l’extérieur, le titre “Follow ­England Away”. Une partie du public s’est mise à chanter un autre texte sur la mélodie, un chant d’insultes envers l’Irish Republican Army. Un membre de l’orchestre s’en est rendu compte, bien que les spectateurs assis autour d’eux aient entonné les bonnes paroles. Le musicien s’est informé sur Twitter. Hemmingham a immédiatement cessé de jouer le morceau pour en interpréter un autre. Il a ensuite présenté des excuses publiques pour cet incident, même s’il n’y était pour rien. Å Perikles Monioudis T H E F I FA W E E K LY

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Nom Dante Bonfim Costa Santos Date et lieu de naissance 18 octobre 1983, Salvador (Brésil) Poste Défenseur central 2002–2003 EC Juventude 2004–2005 Lille OSC 2006 Sporting de Charleroi 2007–2008 Standard de Liège 2009–2012 Borussia Mönchengladbach Depuis 2012 Bayern Munich Équipe nationale 13 sélections, 3 buts

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Julian Baumann

Clubs


L’ I N T E R V I E W

“Je n’oublierai jamais cette défaite” Vainqueur de nombreux titres avec le Bayern Munich, le Brésilien Dante a toutefois échoué à remporter le plus grand de tous l’été dernier sous le maillot de son équipe nationale. Dans une interview, le défenseur central de 31 ans revient sur la déroute historique des siens face à l’Allemagne et sur son avenir en Seleção. Dante, après une saison complète sous les ordres de Pep Guardiola au Bayern Munich, est-il possible d’expliquer les différences entre cette équipe et celle de Jupp Heynckes ? Dante : Je crois que la différence la plus nette est celle que l’on attendait : avec Heynckes, nous avions un style plus direct alors qu’aujourd’hui, nous travaillons pour essayer d’être plus patients et de conserver le ballon plus longtemps.

Beaucoup de gens sont surpris par la rapidité avec laquelle Guardiola s’est adapté à l’Allemagne. Vous savez ce qu'un tel changement implique, vous qui avez quitté Salvador et le Brésil pour rejoindre le Borussia Mönchengladbach en 2009. C’est vrai qu’on me demande souvent comment je m’en sors avec le froid et la barrière de la langue. Je dirais qu’honnêtement, ce sont des obstacles assez faciles à surmonter. Si tant de gens réussissent à apprendre l’allemand, pourquoi pas moi ? Je savais que j’allais devoir gérer tous ces aspects si je voulais atteindre mes objectifs. Je m’y étais donc préparé.

Il y a une question que l’on ne peut pas ne pas vous poser : cette demi-finale de Coupe du Monde contre l’Allemagne, l’avez-vous revue ? J’en ai vu des extraits, oui. Je n’oublierai jamais cette défaite. Encore aujourd’hui, elle est difficile à avaler. Oui, ça fait très mal quand je repense à ce jour-là, et je sais qu’il n’y a qu’en gagnant d’autres titres que la douleur passera. Mais je peux en parler tranquillement. D’après moi, ce qui s’est passé, c’est que sur le plan psychologique, nous n’avons pas bien préparé cette Coupe du Monde. Nous étions dans la peau du favori et nous avons dû intégrer cette nécessité de gagner, mais cela ne nous dispensait pas de respecter le sport et ce qu’il a d’imprévisible.

Le score ne reflète pas la différence de qualité entre les deux équipes. En revanche, il reflète parfaitement la façon dont, mentalement, nous avons abordé ce tournoi. Il y avait une telle pression que nous n’étions pas préparés pour faire face à un éventuel coup dur. Nous étions préparés pour être champions du monde, pas pour réagir dans l’adversité.

Certains estiment que jamais une équipe n’avait joué avec autant de pression que le Brésil dans cette Coupe du Monde. Êtes-vous d’accord ? C’est bien possible. La Seleção est quelque chose de spécial et la Coupe du Monde est un tournoi incomparable. Disputer cette compétition dans son propre pays, au Brésil, ce n’est pas simple à appréhender pour tout le monde. J’en ai vécu chaque minute très intensément, indépendamment du résultat final. Ce fut une très grande expérience, avec du positif et du négatif. J’ai beaucoup appris.

Qu’avez-vous appris par exemple ? J’ai appris que le football est aussi fait de déceptions, sur le terrain comme en dehors. J’ai appris que, sans maîtrise psychologique, le plaisir de jouer, la hargne et l’enthousiasme ne suffisent pas. Il ne faut jamais perdre la faculté de réfléchir, à aucun moment.

Avez-vous peur d’être stigmatisé pour avoir fait partie de ce groupe ? Non, je n’ai pas peur de ça. Si certaines personnes veulent me stigmatiser, libres à elles. Personnellement, je sais ce que j’ai dû vivre pour en arriver là. J’ai tout gagné dans le football, sauf la Coupe du Monde. En 2013, j’ai été le joueur ayant gagné le plus de trophées dans le monde. On ne m’a pas pour autant érigé une statue. Je sais donc bien qu’on ne va pas le faire après cette campagne

ratée. Mais franchement, j’ai gagné trop de batailles tout au long de ma carrière pour qu’on me résume à ces 90 minutes.

Vous attendiez-vous à ce que l’Allemagne produise un niveau de jeu aussi élevé à la Coupe du Monde ? Oui. Avant le tournoi, je disais déjà qu’ils étaient les favoris aux côtés du Brésil et de l’Argentine, mais aussi de l’Espagne, dont j’attendais beaucoup. Sept joueurs du Bayern faisaient partie de cette équipe. Chaque fois qu’ils revenaient d’un match en équipe nationale, ils discutaient entre eux de ce qui avait marché et de ce qui n’avait pas fonctionné. Il y a un gros travail d’autocritique derrière ce processus. Ils sont tous très flexibles et prêts à faire tous les sacrifices pour progresser.

La sélection appartient-elle pour vous désormais au passé ou bien avez-vous l’ambition d’y retourner ? Je suis avant tout un joueur du Bayern. C’est comme ça. Je comprends parfaitement qu’après une Coupe du Monde, avec l’arrivée d’un autre sélectionneur, les nouveaux doivent avoir leur chance. Quand viendra une nouvelle convocation, si elle doit venir, ce sera un grand plaisir. Pour tout ce que m’a donné la Seleção, pour la fierté qu’elle m’a apportée, à moi et à ma famille, je n’ai pas le droit de lui dire “non”. Å Propos recueillis par Bruno Sassi

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First Love Lieu : Costa da Capa r ica, Por tuga l Date : 26 juin 2014 Heure : 15h28

Diogo Pinto / FPF

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Développer le football partout et pour tous

Organiser des tournois captivants

Œuvrer pour la société et l’environnement

Pour le jeu. Pour le monde. La FIFA s’engage à développer le football pour le bénéfice de tous. Sa mission est de : Développer le jeu L’objectif premier de la FIFA est de développer le football dans ses 209 associations membres. La Coupe du Monde de la FIFA™ lui donne les ressources nécessaires pour lui permettre d’investir USD 550 000 par jour dans le développement du football partout dans le monde. Toucher le monde La FIFA entend également toucher le monde à travers ses compétitions et événements internationaux qui fédèrent et inspirent les peuples du monde entier.

FIFA.com

Bâtir un meilleur avenir Le football est bien plus qu’un simple sport. Son universalité lui confère un pouvoir unique et une portée qu’il convient de gérer avec précaution. La FIFA est convaincue de son devoir envers la société qui dépasse les frontières du football.


LE DÉBAT

LE BILLET DU PRÉSIDENT

L’avis des utilisateurs de FIFA.com au sujet du plus beau but de l’année (Prix Puskás de la FIFA 2014) : Je suis toujours impressionné par le but de Robin van Persie. Le cadre, les équipes sur la pelouse, le moment du but, tout était fantastique ! On s’en souviendra encore longtemps. portuviejo, Canada

Le but de Stephanie Roche est vraiment superbe. Elle combine à la perfection vitesse d’exécution, technique et lecture du jeu. Je pourrais regarder ce but un millier de fois, c’est un véritable chef-d’œuvre ! ruudgullit, Pays-Bas

La réalisation de Pajtim Kasami est absolument magique ! L’appel, le contrôle du ballon et la reprise de volée d’une pureté incroyable : brillant, tout simplement ! Sans aucun doute le plus beau but ! Butty940, Angleterre

James Rodriguez doit gagner ! La vitesse à laquelle il se retourne et place une frappe splendide, qui plus est en Coupe du Monde, c’est tout simplement génial ! Ibrahimovic et Ronaldo ne lui arrivent même pas à la cheville, tout du moins en ce qui concerne ce but. mossabmadrid, Canada

Stephanie Roche mérite la victoire. Sa technique ressemble à celle de James, mais ce n’est malheureusement pas assez mis en valeur dans la vidéo. Sa reprise de volée est extraordinaire !

On se souviendra encore longtemps du but de van Persie.

jons20022, République d’Irlande

Je suis à 100 pour cent pour Zlatan Ibrahimovic. Ce n’est pas tous les jours que l’on voit un but du talon !

Je donnerais le prix à Kasami : il a marqué le but le plus difficile de tous avec ce contrôle de la poitrine parfait et cette reprise de volée en angle fermé. Fantastique !

De nombreuses personnes ne se rendent pas compte de la difficulté de marquer un but comme celui de James : il était pressé par cinq adversaires et n’a eu besoin que d’un contrôle de la poitrine avec de placer sa magnifique reprise de volée. Il faut énormément de talent pour réagir avant autant de précision et de rapidité en si peu de temps. D’autant plus que le but lui était masqué !

TrifficSkill, États-Unis

Froboy96, États-Unis

Bapolaris, États-Unis

Ce n’est pas tous les jours que l’on voit un but du talon !

La démocratisation de l’IFAB

L

e ballon ne cesse jamais de rouler. Dans ce contexte, la semaine prochaine marque le début d’une nouvelle ère pour le développement du football. En effet, deux nouveaux ­organes se réuniront pour la première fois à Belfast. Le Technical Advisory Panel (Groupe de Conseil Technique), composé d’anciens ­a rbitres, et le Football Advisory Panel (Groupe de Conseil du Football), qui rassemble des ­entraîneurs et d’anciens joueurs, ont été créés pour apporter un soutien technique à l’Inter­ national Football Association Board (IFAB). L’introduction de ces nouvelles instances peut être considérée comme une petite révo­ lution. En fait, elle découle d’un processus de démocratisation de l’IFAB. À l’avenir, ces ­organes se réuniront deux fois par an pour ­débattre des Lois du Jeu. Ils soumettront leurs conseils et leurs recommandations à l’IFAB. Plusieurs questions figurent à l’ordre du jour de la séance des 24 et 25 novembre : la ­fameuse triple peine, les changements volants dans le football amateur/de loisir, l’utilisation de systèmes électroniques pour le contrôle des performances, mais aussi les moyens techniques alloués aux arbitres. L’IFAB a déjà eu l’occasion de se pencher sur ces questions par le passé. Il a désormais chargé ces deux groupes de proposer de nouvelles analyses. Grâce à l’apport de ces deux nouveaux ­organes consultatifs, les membres de l’IFAB d isposeront d’encore plus d’éléments pour ­ ­débattre lors de leur prochaine assemblée générale annuelle, programmée le 28 février 2015 à Belfast. Cet événement est donc de la plus grande importance pour l’avenir du football.

Votre Sepp Blatter T H E F I FA W E E K LY

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“La tolérance seule ne suffit pas” Membre de l’église réformée, le pasteur Josef Hochstrasser baptise, marie et enterre… quand il ne joue pas au football. Le biographe officiel d’Ottmar Hitzfeld nous parle de justice et de devoir.

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FOOTBALL ET RELIGION

Joseph Hochstrasser, dans votre livre Einwurf (“Remise en jeu”) vous écrivez que justice et solidarité sont à la base de toutes les religions. Où trouve-t-on ces valeurs dans un football mondial toujours plus compétitif ? Josef Hochstrasser : La solidarité est au cœur de tous les sports collectifs. Si je ne cours pas pour aider un coéquipier qui vient de commettre une erreur, toute l’équipe va en pâtir. C’est ça, la solidarité : accepter qu’un partenaire commette parfois des erreurs et faire de son mieux pour les corriger.

Comment la solidarité peut-elle exister au-delà du cadre de l’équipe ? Aujourd’hui, la solidarité a une portée mondiale. Le football a le pouvoir de mettre en avant des thèmes qui, sans lui, seraient peut-être restés longtemps dans l’ombre. Prenons l’exemple du Brésil. Dans ce pays, il manque des hôpitaux, des routes, des moyens de communication … Le football arrive et, dans une intention louable, il dit : maintenant, tout le monde parle de vous. Dans sa dimension solidaire, le football offre à ce pays une plate-forme globale, notamment grâce à la Coupe du Monde. Pour autant, le football ne peut résoudre tous les problèmes.

Le football est avant tout un formidable liant, qui rassemble des individus d’horizons très divers. De ce point de vue, peut-on le comparer à une religion ? Le football peut remplir les fonctions d’une religion, en effet. Sa grande force est de réunir les personnes. Néanmoins, le football a surtout le pouvoir de dénoncer les problèmes ; les résoudre, c’est une autre question.

Parlons maintenant de la deuxième notion, la justice. Lorsque je parle de justice, je pense à une relation attentive et bienveillante à autrui. Il s’agit avant tout d’une notion sociale. Si je vous traite correctement, la justice est présente dans le jeu.

Qu’est-ce qui est injuste, selon vous ?

Salvatore Vinci / 13 Photo

Par rapport à un travailleur (où qu’il se trouve dans le monde), les salaires exorbitants versés dans le football représentent une injustice. Ici, la relation, même si elle est indirecte, est rompue. En effet, un footballeur très bien rémunéré n’a, en pratique, que peu de contacts au quotidien avec un ouvrier du bâtiment, par exemple.

Voyez-vous une frontière financière à ne pas franchir ? Dans les pays industrialisés, personne ne devrait gagner plus de 500 000 dollars US par an, ni moins de 45 000. Au-delà et en-dessous de ces sommes, on tombe dans ce qui me paraît être une injustice.

Le Real Madrid a déboursé 100 millions d’euros pour recruter Gareth Bale. Oui, il y a beaucoup d’argent dans le monde du football. Mais la FIFA investit quant à elle 606 000 dollars US par jour dans le développement et l’éducation partout dans le monde, en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie … Pour moi, le football se trouve sur la ligne de front du combat pour encourager la justice dans les relations. Personnellement, je suis heureux que vous ayez choisi de débattre autour de ces deux notions, justice et solidarité.

Autour de sa tombe, ses collègues ont relativisé les succès. Excusez ce jeu de mots, mais Gareth Bale se rachète-t-il lorsqu’il marque un but ? L’homme se présente à Dieu tel qu’il est. L’humilité est une valeur importante, y compris pour les footballeurs. L’existence terrestre prend fin à travers la mort. Les joueurs n’échappent pas à la règle. Avant ça, il faut gérer la fin de carrière. Les sportifs en sont conscients : ils savent qu’à 25 ans, ils ont déjà accompli beaucoup. Ils gagnent beaucoup d’argent, ils aident leur équipe, ils sont très présents dans les médias. C’est la célébration du corps. Mais que devient un sportif à 40 ou 50 ans ?

Vous demandez aux footballeurs de faire preuve de conscience sociale. Exactement. Dans les interviews, les joueurs pourraient rappeler plus souvent que le succès est relatif et que chaque vie vaut d’être vécue. J’ai enterré un dirigeant du FC Bâle il y a près d’un an. Le FCB connaît une certaine réussite en Ligue des Champions. Les collègues de ce dirigeant réunis autour de sa tombe ont pu relativiser ces victoires.

Jésus savait où sa critique de l’État romain le mènerait, c’est-à-dire sur la croix. Dans votre livre Einwurf, vous écrivez que Jésus nous a enseigné à nous montrer critiques envers nos conditions de vie. Les deux grands fondateurs religieux que sont Jésus et Mahomet l’avaient compris : il faut mettre des mots sur nos maux. T H E F I FA W E E K LY

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Le football est une confrérie. C’est la paix.

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Oscar Arias Lauréat du Prix Nobel


FOOTBALL ET RELIGION

Nous devons appuyer là où ça fait mal. C’est aussi ce que fait la FIFA. Le football donne du plaisir à des millions de gens et l’instance dirigeante du football mondial n’hésite pas à prendre position. Ce n’est pourtant pas chose facile, car les conséquences politiques sont souvent immédiates. Prenons par exemple les propos du Président de la FIFA, qui a exigé lors de sa visite en Iran que les femmes puissent accéder aux stades. Ou la question des conditions de travail des ouvriers du bâtiment au Qatar, sur laquelle Sepp Blatter a régulièrement demandé des explications publiques. Si ce n’était pas le cas, le football vivrait selon l’antique principe romain : “donnez-leur du pain et des jeux”. Il laisserait le monde se débattre avec ses problèmes. Ce serait insuffisant. La FIFA est active, dans la parole et dans les faits.

La FIFA a également lancé de grandes campagnes de fair-play comme la “Poignée de main pour la Paix” ou “Dites non au racisme”. Que signifie la tolérance à vos yeux ? La tolérance est très, très importante. Mais la tolérance n’est pas tout ; seule, elle ne suffit pas. La tolérance sous-entend souvent qu’on laisse simplement l’autre en paix. Je trouve que la joie est plus importante. Il y a de la joie dans l’existence de l’autre. Sans les autres, on ne pourrait pas jouer au football. La tolérance est une bonne chose, mais je préfère me réjouir qu’il existe des gens différents de moi. Å Propos recueillis par Perikles Monioudis

Salvatore Vinci / 13 Photo

Josef Hochstrasser est né en 1947 à Lucerne (Suisse). Cet ancien pasteur de l’église réformée et professeur de théologie a écrit plusieurs livres, dont la biographie officielle d’Ottmar Hitzfeld. Son dernier ouvrage, intitulé Einwurf (“Remise en jeu”), nous propose un dialogue piquant dans lequel Jésus et Mahomet expriment la façon dont ils voient le monde actuel (et donc le football) depuis le paradis. “Einwurf”, 112 pages, Verlag Rüegger, Coire et Zurich (Suisse)

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Š 2014 adidas AG. adidas, the 3-Bars logo and the 3-Stripes mark are registered trademarks of the adidas Group.

instinct takes over

#predatorinstinct

adidas.com/predator


TRIBUNE

F I F A ' S T O P 11

Coupe du Monde des Clubs : les meilleurs buteurs sur plusieurs éditions

Musculeux Sarah Steiner

Q

uand la fin d’une carrière marque le début d’une autre … Après avoir raccroché les crampons, de nombreux footballeurs mettent à profit leur connaissance du petit monde du ballon rond pour devenir entraîneurs, directeurs sportifs ou agents de joueurs. D’autres encore usent de leur célébrité pour ouvrir un restaurant, une boîte de nuit ou un hôtel. Certains décident également de se servir des diplômes passés dans leurs jeunes années pour se tourner vers les métiers d’agent en assurances, de dessinateur en bâtiment ou de banquier. Quelques-uns, enfin, sont incapables de vivre sans l’adrénaline procurée par le sport et débutent une seconde carrière dans une autre discipline. L’exemple le plus récent en est Tim Wiese. Le gardien allemand de 33 ans, bien qu’officiellement encore sous contrat avec Hoffenheim, est exempté d’entraînement et de match depuis le début de l’année. Il n’a toutefois pas vraiment cessé de s’entraîner. Au contraire. Délaissant les vertes pelouses pour les salles de musculation, Wiese affiche désormais 120 kg pour 1,93 m. “J’avais besoin de me défouler un peu”, se justifie-t-il simplement. La masse musculaire de l’ancien international est tellement impressionnante qu’elle a éveillé la curiosité de la WWE. La World Wrestling Entertainment, grande fédération de catch des États-Unis, a paraît-il soumis une offre au colosse. Si cette rumeur n’a pas été confirmée, Tim Wiese n’en a pas moins été l’invité d’honneur de la WWE pour l’un de ses récents spectacles organisés à Francfort. L’ex-dernier rempart a exhibé ses muscles sous les acclamations du public. “Je pourrais imaginer me lancer là-de-

dans. On prend des coups, bien sûr, mais je me jette bien sans crainte sur tous les ballons”, détaille-t-il. Wiese ne serait pas le premier footballeur à changer d’orientation. L’Argentin Gabriel Batistuta s’est découvert une passion pour le polo et a remporté certains des plus grands tournois de son pays. Le Français Bixente Lizarazu est devenu champion d’Europe de jiu-jitsu brésilien dans sa catégorie. Le Turc Ilhan Mansiz s’est quant à lui lancé dans le patinage artistique avec pour ambition de se qualifier pour les Jeux Olympiques d’hiver, sans succès hélas. Personne ne sait encore si Wiese connaîtra la gloire dans sa nouvelle carrière. Il semble en revanche disposer de tous les atouts nécessaires. Il a le style, la gestuelle, la prestance, l’aisance devant un micro. Il ne lui manque qu’un nom de scène. Gym Wiese ? The Holy Goalie ? Les possibilités ne manquent pas. Å

La rubrique hebdomadaire de la rédaction de The FIFA Weekly

1

5 buts César Delgado (CF Monterrey, MEX) 3 buts en 2012 au Japon 2 buts en 2013 au Maroc

2

4 buts Mohamed Aboutrika (Al Ahly, EGY) 3 buts en 2006 au Japon 1 but en 2012 au Japon

4 buts Lionel Messi (FC Barcelone, ESP) 2 buts en 2009 aux E.A.U. 2 buts en 2011 au Japon

4

3 buts Flávio (Al Ahly, EGY) 2 buts en 2006 au Japon 1 but en 2008 au Japon

3 buts Ronaldinho 1 but en 2006 au Japon (FC Barcelone, ESP) 2 buts en 2013 au Maroc (Atlético Mineiro, BRA)

6

2 buts Mbenza Bedi (TP Mazembe, COD) 1 but en 2009 aux E.A.U. 1 but en 2010 aux E.A.U.

2 buts Aldo de Nigris (CF Monterrey, MEX) 1 but en 2011 au Japon 1 but en 2012 au Japon

2 buts Dwight Yorke 1 but en 2000 au Brésil (Manchester United, ENG) 1 but en 2005 au Japon (Sydney FC, AUS)

2 buts Neri Cardozo 1 but en 2007 au Japon (Boca Juniors, ARG) 1 but en 2013 au Maroc (CF Monterrey, MEX)

2 buts Emad Meteab (Al Ahly, EGY) 1 but en 2005 au Japon 1 but en 2013 au Maroc

2 buts Humberto Suazo (CF Monterrey, CHI) 1 but en 2011 au Japon 1 but en 2013 au Maroc Source : FIFA (Coupe du Monde des Clubs de la FIFA, Kit statistique, 17.11.2014) T H E F I FA W E E K LY

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LE COMBAT CON T RE EBOL A

Ensemble contre Ebola Des médecins ont convaincu certains joueurs des plus grands clubs européens de s’allier à la FIFA et à la Confédération Africaine de Football dans le cadre d’une campagne sanitaire mondiale dont le but est de sensibiliser l’opinion publique à la lutte contre le virus Ebola et de mettre en œuvre des mesures préventives. Didier Drogba (Chelsea, Côte d’Ivoire)

L

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George Davies (SpVgg Greuther Fürth, Sierra Leone) et Jiří Dvořák, médecin en chef de la FIFA.

Plus d’infos sur cette campagne sur : http://tinyurl.com/ot3nq6b

FIFA

a campagne du “11 contre Ebola”, qui rassemble entre autres Cristiano Ronaldo du Real Madrid, Neymar du FC Barcelone, Didier Drogba de Chelsea et Philipp Lahm du Bayern Munich, transmet onze messages simples sélectionnés par des médecins et des experts de la santé qui sont issus d’Afrique, du Groupe de la Banque mondiale et de l’Organisation Mondiale de la Santé et combattent actuellement le virus en Afrique occidentale. Cette campagne multimédia a été lancée lundi 17 novembre et, sous l’étendard du slogan “Ensemble, nous pouvons battre Ebola” et du motdièse #wecanbeatebola, les joueurs y véhiculent chacun un message par le biais de séquences vidéo, d’enregistrements audio, de panneaux, ­d’affiches, etc. Des messages sanitaires tels que “Signalez toute maladie suspecte” ou “Cuisez la viande correctement” ont été choisis pour améliorer la compréhension d’ensemble au sujet du virus et fournir des informations claires et concrètes pour en réduire la propagation. “En tant que médecins, nous avons été témoins du pouvoir du football en matière de prévention et de santé publique lors de la mise en œuvre réussie du programme ‘FIFA 11 pour la Santé’ dans quinze pays africains dans le cadre de l’héritage médical laissé par la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud”, a déclaré Jiří Dvořák, médecin en chef de la FIFA. “Aujourd’hui, nous utilisons le même système pour combattre Ebola, en présentant des messages éducatifs simples qui tentent d’empêcher la propagation du virus à travers les voix de stars du football – ‘Quand le football parle, tout le monde écoute’.” La popularité du football et de ses meilleurs joueurs s’est avérée être


LE COMBAT CON T RE EBOL A

11 contre Ebola

Gareth Bale (Real Madrid, Pays de Galles)

1

SIGNALER TOUTE MALADIE INHABITUELLE Signalez toute maladie ou décès inhabituels dans votre entourage.

2

CONNAÎTRE LES SYMPTÔMES Souffrez-vous de fièvre et d’un manque d’appétit, avez-vous mal à la tête, êtes-vous fatigué, avez-vous des courbatures, des vomissements, des saignements ou la diarrhée ? Apprenez à connaître les symptômes d’Ebola.

3

RÉCLAMER UNE AIDE MÉDICALE D’URGENCE Demandez immédiatement une aide médicale si vous souffrez de fièvre et d’autres symptômes.

4

ÉVITER LES CONTACTS CORPORELS Évitez les contacts corporels et cutanés avec toute personne souffrant d’Ebola.

5

SE LAVER LES MAINS ET SE DÉSINFECTER Lavez-vous les mains régulièrement et désinfectez tout objet ayant été en contact avec une personne souffrant ou pouvant souffrir d’Ebola.

6

PORTER LES BONNES PROTECTIONS Portez des gants et des vêtements protecteurs adaptés si vous vous occupez d’un patient souffrant d’Ebola.

7

CUIRE LA VIANDE CORRECTEMENT Faites bien cuire la viande et les produits d’origine animale avant de les consommer.

8

PROTÉGER SES RELATIONS SEXUELLES Utilisez une protection si vous avez des relations sexuelles avec une personne convalescente.

9

ÉVITER LES CONTACTS AVEC LES ANIMAUX SAUVAGES ET LES CHAUVES-SOURIS Les animaux sauvages et les roussettes peuvent être porteurs du virus Ebola. Évitez-les ou portez des vêtements protecteurs.

10

NE PAS TOUCHER LES CADAVRES Évitez tout contact direct avec les personnes décédées des suites d’Ebola ou de maladies étranges.

11

DEMANDER DE L’AIDE POUR LES ENTERREMENTS Contactez les autorités locales pour leur demander de l’aide lors d’enterrements de victimes d’Ebola ou de maladies étranges.

En coulisses Jérôme Boateng s'apprête à poser por la campagne.

un moyen des plus efficaces de toucher un public nombreux et de transmettre ces messages. Il s’agit de la première campagne sanitaire d’urgence de ce type mise en œuvre par la FIFA. L’instance dirigeante du football mondial a obtenu des résultats positifs avec ses précédentes campagnes de sensibilisation à la santé publique, telles que le “FIFA 11 pour la santé”, qui a recruté de célèbres joueurs afin de promouvoir des messages sanitaires simples auprès des enfants du monde entier. “Il est capital de communiquer les bonnes informations aux ­personnes touchées par l’épidémie d’Ebola”, a déclaré Neymar. “Nous espérons tous que cette campagne positive permettra de mieux appréhender le virus Ebola et nous aidera à endiguer sa propagation. Soutenons tous cette campagne pour aider nos frères et sœurs qui vivent dans les régions les plus touchées. Ensemble, nous pouvons battre Ebola.” Le Président Blatter a déclaré à ce sujet : “La popularité du football nous donne une plateforme unique nous permettant de toucher toutes les communautés. Nous espérons que le football pourra jouer son rôle et que cette campagne contre Ebola qui rassemble le monde du football pourra faire la différence sur le terrain et venir en aide à ceux qui vivent au sein des communautés affectées par le virus.” Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, au 9 novembre 2014, un total de 14 098 cas – confirmés, probables et suspectés – de contamination au virus Ebola ont été rapportés dans six pays, conduisant ainsi à 5 160 décès. La Guinée, le Liberia et la Sierra Leone ont été les pays les plus touchés. Å

Neymar (FC Barcelone, Brésil) T H E F I FA W E E K LY

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LE MIROIR DU TEMPS

T

H

E

N

Stade Letzigrund, Zurich, Suisse

1927

Sepp Schmid  / Keystone

Un journaliste radio rapporte les événements du match opposant la Suisse à la Suède.

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LE MIROIR DU TEMPS

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Stade Maracanã, Rio de Janeiro, Brésil

2014

Friedemann Vogel / Getty Images

Des caméramen filment le match de Coupe du Monde entre l’Équateur et la France.

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LE CL ASSEMENT FIFA

http://fr.fifa.com/worldranking/index.html

Classement Équipe Évolution Points

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 46 48 49 50 51 52 52 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77

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Allemagne Argentine Colombie Belgique Pays-Bas Brésil France Uruguay Portugal Espagne

0 0 0 1 -1 0 2 -1 2 -2

1669 1565 1420 1388 1375 1307 1191 1184 1175 1119

Italie Suisse Chili Croatie Algérie Costa Rica Mexique Grèce Ukraine Angleterre Roumanie République tchèque États-Unis Slovaquie Côte d’Ivoire Bosnie-et-Herzégovine Équateur Islande Autriche Russie Tunisie Danemark Cap-Vert Pays de Galles Ghana Slovénie Écosse Égypte Suède Cameroun Sénégal Nigeria Irlande du Nord Pologne Israël Turquie Serbie Albanie Trinité-et-Tobago Hongrie Iran Japon Togo Pérou Guinée Panamá Afrique du Sud Mali Bulgarie RD Congo République d’Irlande Congo Finlande Monténégro Ouzbékistan République de Corée Gabon Norvège Honduras Antigua-et-Barbuda Burkina Faso Guatemala Libye Jordanie Arménie Paraguay Sierra Leone

2 -2 -1 5 5 -1 -1 -4 5 -2 5 6 -6 16 -3 -1 -6 6 10 -7 0 -5 8 -5 -2 17 -8 23 -7 2 -5 -5 28 26 19 -8 -12 -3 37 4 -7 -4 73 -7 -7 -1 10 1 -13 13 1 -14 2 -21 -7 -3 16 8 -13 10 -23 -15 -5 -5 -23 -16 -2

1064 1063 1060 1002 989 974 954 946 920 919 876 870 862 861 842 837 826 816 810 792 780 763 716 715 685 683 674 658 646 637 635 632 625 621 615 614 614 604 598 561 560 559 559 558 552 546 542 533 532 521 519 512 510 504 498 496 487 481 480 478 469 466 440 434 432 423 421

T H E F I FA W E E K LY

Rang

04 / 2014

05 / 2014

06 / 2014

07 / 2014

08 / 2014

09 / 2014

1 -40 -80 -120 -160 -200

78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 88 88 88 92 93 94 95 96 97 97 99 99 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 113 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 126 128 129 130 131 132 132 134 134 136 137 138 138 140 141 142 143 144

1ère place

Hausse du mois

Zambie Émirats arabes unis République dominicaine Irak Salvador Oman Ouganda Venezuela Bénin Angola Estonie RP Chine Maroc Qatar Lituanie Haïti Australie Rwanda Chypre Mozambique Arabie saoudite ARY Macédoine Lettonie Zimbabwe Botswana Bolivie Bahreïn St-Vincent-et-les-Grenadines Belarus Soudan Palestine Malawi Tanzanie Éthiopie Cuba Namibie Jamaïque Saint-Kitts-et-Nevis Kenya Géorgie Lesotho Moldavie Koweït Niger Canada Liberia Liban Guinée équatoriale Azerbaïdjan Luxembourg Burundi Philippines Guinée-Bissau Nouvelle-Zélande Kazakhstan Aruba Tadjikistan Afghanistan Vietnam Myanmar Turkménistan Sainte-Lucie Mauritanie Tchad Maldives Madagascar République centrafricaine

10 -6 27 9 -10 -7 -5 -19 -8 14 -7 9 -1 8 11 26 -10 -2 -11 12 -15 13 0 -9 -11 -9 0 1 -17 26 -6 -11 5 21 10 0 -13 2 -5 -7 -3 -14 4 -14 -2 3 -3 -11 -31 1 2 5 0 -13 -5 -3 2 1 6 6 3 -15 0 3 3 3 -7

Baisse du mois

418 413 405 393 392 391 389 388 375 373 369 369 369 369 364 360 359 356 348 341 341 340 340 330 323 310 308 302 301 298 297 292 291 289 286 284 284 279 273 271 266 262 261 258 251 249 246 238 233 233 232 229 226 225 218 218 214 214 208 207 197 197 195 194 183 180 178

145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 157 159 159 161 162 163 164 165 166 167 168 168 170 171 172 172 174 175 176 177 178 179 180 180 182 182 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 194 194 197 198 199 200 201 202 203 203 205 205 207 208 208

Grenade Barbade Curaçao RDP Corée Suriname Kirghizistan Syrie Guyana Nouvelle-Calédonie Laos Liechtenstein Malaisie Indonésie Malte Porto Rico Inde Singapour Guam Hong Kong Swaziland Thaïlande Tahiti Belize Gambie Nicaragua Montserrat Seychelles Bermudes Comores Sri Lanka São Tomé-et-Principe Bangladesh Îles Turks-et-Caicos Yémen Népal Îles Salomon Dominique Pakistan Timor oriental Macao Cambodge Soudan du Sud Îles Féroé Chinese Taipei Samoa Vanuatu Maurice Fidji Mongolie Bahamas Samoa américaines Tonga Îles Vierges américaines Brunei Papouasie-Nouvelle-Guinée Érythrée Îles Caïmans Andorre Somalie Îles Vierges britanniques Djibouti Îles Cook Anguilla Bhoutan Saint-Marin

-8 15 1 2 -2 1 1 1 -16 15 17 -2 -1 -2 -2 -1 -12 2 1 -4 -7 -4 -4 -2 2 -2 1 -2 2 2 2 5 3 6 4 2 -13 -7 11 2 14 -1 -8 -10 -2 -2 -2 -2 -2 -1 -1 -1 -5 -5 0 2 -3 1 1 -4 0 0 0 0 0

176 172 171 168 167 158 154 148 142 141 136 134 129 129 119 119 115 111 109 103 102 100 99 90 90 86 81 80 80 76 72 68 66 62 61 53 53 51 51 49 46 43 42 39 37 33 32 30 29 26 26 26 20 15 13 11 10 9 8 8 6 6 2 0 0


THE SOUND OF FOOTBALL

“Je je suis suis Jay Jay” Les feintes et les gestes techniques de Jay Jay Okocha sont légendaires. Est-il aussi à l’aise devant un micro ? Hanspeter Kuenzler

Sion Ap Tomos

S

ur le terrain, Jay Jay Okocha n’était pas un footballeur, mais un danseur. Personne ne trompait aussi bien les défenseurs que lui. Lorsque le ballon passait subitement au-dessus de la tête de l’adversaire et retombait sur les pieds en or du Nigérian, il fallait généralement un ralenti pour comprendre ce qu’il s’était passé. À 17 ans, alors qu’il venait simplement rendre visite à un ami en Allemagne, il s’est entraîné avec le Borussia Neunkirchen et a immédiatement été engagé. Deux saisons plus tard, il a explosé en Bundesliga avec l’Eintracht Francfort. Sa réalisation contre le Karlsruher SC, où il avait joué au chat et à la souris avec les trois défenseurs et le gardien Oliver Kahn, a été couronnée but de l’année 1993 par les téléspectateurs de l’émission sportive Sportschau, sur la chaîne allemande ARD. À l’époque, le commentateur s’était écrié : “Il arrache son maillot et danse la samba !”. L’année suivante, il a commencé et terminé sa carrière de chanteur. Martin Meinschäfer, directeur de studio et artiste, avait acquis une renommée locale avec son groupe de rock Hob et connu quelques succès grâce à Dolls United, un projet qui consistait à remixer des chansons d’émissions

télévisées pour enfants. Un ami de Meinschäfer, qui avait des relations à l’Eintracht, a attiré le footballeur en studio. Il n’était pas question d’argent. “Nous voulions simplement voir ce que ça allait donner”, se rappelle Meinschäfer en souriant. “Nous espérions qu’il puisse au moins chanter un petit peu, mais nous nous sommes trompés.” Il a fallu énormément de travail pour enregistrer le morceau et le tout petit texte – “Soccer is locker/the commander of Knickerbocker” – que Jay Jay a chanté en rap sur des rythmes eurodisco. “Un homme d’une grande gentillesse”, conclut Meinschäfer. Après Francfort, Okocha a joué pour Fenerbahçe, le Paris Saint-Germain et les Bolton Wanderers. Là-bas, il a une nouvelle fois été en contact avec la musique. Ses fans ont en effet composé une chanson en son honneur : “Jay Jay Okocha, so good that they named him twice.” En 2008, alors qu’il venait de mettre un terme à sa carrière à Hull City, il a encore été mis à l’honneur au hit-parade. Sur le single “Paper Planes” de la chanteuse Mathangi Arulpragasam, alias M.I.A., le rappeur nigérian Afrikan Boy s’exclamait en effet “I’m a legend, something like Jay Jay Okocha”. Æ T H E F I FA W E E K LY

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EVERY GASP EVERY SCREAM EVERY ROAR EVERY DIVE EVERY BALL E V E RY PAS S EVERY CHANCE EVERY STRIKE E V E R Y B E AU T I F U L D E TA I L SHALL BE SEEN SHALL BE HEARD S H A L L B E FE LT

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LE TOURNANT

“Sur le terrain, j’étais libre” Luigi “Gigi” Riva a passé la totalité de sa carrière professionnelle dans un seul et même club, le Cagliari Calcio. Le Sarde d’adoption a plusieurs fois refusé des offres en provenance du nord du pays, un choix qu’il n’a jamais regretté.

imago

C

omme le temps passe. Je viens de fêter mes 70 ans, incroyable … Dans mes jeunes années, j’ai été confronté à la dure réalité de l’après-guerre. Je n’ai pas eu une enfance facile et cette période m’a profondément marqué. On a dit de moi que j’étais une légende du football italien. Mais on a aussi dit que même lorsque je fêtais mes buts, je restais réservé, presque mélancolique. Une chose est sûre, c’est que ma liberté, je ne la trouvais que sur un terrain de football, quand j’avais le but adverse en face de moi. Oui, sur le terrain, j’étais libre. À 14 ans, après avoir terminé l’école élémentaire, j’ai commencé à travailler dans une entreprise d’ascenseurs. À cette époque, j’allais de stade en stade, disputant un match pour ce club-ci, puis juste après pour ce club-là. Pour le plaisir, mais aussi pour ce que cela me rapportait. C’était parfois de l’argent, parfois du jambon, du salami ou un kilo de beurre. Quand j’ai eu 18 ans, ma vie a connu un changement radical. J’ai été engagé par le Cagliari Calcio. Mon premier contrat professionnel. J’ai suivi un itinéraire peu conventionnel. La plupart des footballeurs partaient dans les clubs du nord du pays, alors que moi, je choisissais la Sardaigne. C’est une décision que je n’ai jamais regrettée jusqu’à aujourd’hui. Je suis tout de suite tombé amoureux de l’île et de ses habitants. Je vis d’ailleurs toujours à Cagliari. Avec l’équipe, je suis parvenu à monter en Serie A. La conquête du scudetto en 1969/70 a fait de moi une sorte de figure de proue locale. J’en ai tiré une énorme fierté. L’amour des Sardes était si grand que j’ai refusé toutes les offres des grands clubs et n’ai joué que pour les rossoblu. Je ne sais

Nom Luigi “Gigi” Riva Date et lieu de naissance 7 novembre 1944, Leggiuno (Italie) Poste Attaquant Club 1963 – 1976 Cagliari Équipe nationale 42 sélections, 35 buts

­ bsolument pas ce que je serais devenu si j’avais a quitté l’île pour aller jouer à Milan ou Turin. Même si la Sardaigne est ma terre d’adoption, je suis également très fier d’être Italien. Avec 35 buts en 42 sélections, je suis d’ailleurs encore aujourd’hui le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe nationale. J’ai toujours aimé porter le maillot de mon pays. Je repense volontiers à mes matches avec la Squadra Azzurra. En 1968, nous avons remporté le Championnat d’Europe chez nous et deux ans plus tard, nous n’avons échoué qu’en finale de la Coupe du Monde au Mexique, face au Brésil. Mais ce que je n’oublierai jamais, c’est le “Match du siècle”, notre victoire 4:3 en demi-finale contre l’Allemagne. Quel duel ! J’ai raccroché les crampons en 1976, mais je suis resté en Sardaigne et je suis devenu directeur sportif puis président de l’US Cagliari. En

2005, j’ai symboliquement reçu la nationalité sarde et le maillot rouge et bleu floqué de “mon” numéro 11 a été retiré par le Cagliari Calcio. Je suis maintenant âgé de 70 ans. J’ai soufflé mes bougies en Sardaigne. J’aurais préféré que l’on n’en fasse pas toute une histoire, mais ça n’a malheureusement pas été le cas … Å Propos recueillis par Giovanni Marti

Dans la rubrique “Le Tournant”, de grands noms du football reviennent sur les moments qui ont marqué leur vie. T H E F I FA W E E K LY

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Rassemblons tous les fans de football Faites de nouvelles rencontres et découvrez des passions communes dans le Bar Lounge de l’A380 d’Emirates.

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Hello Tomorrow


The FIFA Weekly Revue hebdomadaire publiée par la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) Site Internet : www.fifa.com/theweekly Éditeur : FIFA, FIFA-Strasse 20, Case postale, CH-8044 Zurich Tél. +41-(0)43-222 7777 Fax +41-(0)43-222 7878

COUPE MYSTÈRE DE L A FIFA

Des clubs d’origine mystérieuse et un stade de Coupe du Monde disparu figurent au programme de la semaine. À vous de jouer ! 1

L’un a joué lors des quatre mêmes éditions de la Coupe du Monde que l’autre. L’un a signé au moins un but lors de chacun de ces tournois, l’autre aussi. De qui s’agit-il ?

Président : Joseph S. Blatter Secrétaire Général : Jérôme Valcke Directeur de la Communication et des Affaires publiques : Walter De Gregorio

W

S

R

D

Rédacteur en chef : Perikles Monioudis Rédaction : Alan Schweingruber, Sarah Steiner, Tim Pfeifer

2

Conception artistique : Catharina Clajus

Plusieurs matches de Coupe du Monde ont eu lieu à cet endroit précis. Le cercle central se trouvait à gauche, là où apparaît le petit bout de terrain gazonné. Quelle rencontre mémorable de Coupe du Monde s’est déroulée ici ? A U O I

Service photo : Peggy Knotz Production : Hans-Peter Frei Mise en page : Richie Krönert (responsable), Tobias Benz, Marianne Bolliger-Crittin, Susanne Egli, Alissa Rosskopf

3

Italie – Costa Rica 0:1 Italie – Irlande 0:1 Italie - Israël 0:0 Italie – RDP Corée 0:1

À qui Sepp a-t-il remis cette récompense convoitée en novembre 2014 ?

Correction : Nena Morf, Kristina Rotach Collaborateurs réguliers : Sérgio Xavier Filho, Luigi Garlando, Sven Goldmann, Hanspeter Kuenzler, Jordi Punti, Thomas Renggli, David Winner, Roland Zorn G

Ont contribué à ce numéro : Andrés de Kartzow, Giovanni Marti, Bruno Sassi, Andreas Wilhelm Secrétaire de rédaction : Honey Thaljieh Responsables de projet : Bernd Fisa, Christian Schaub Traduction : Sportstranslations Limited www.sportstranslations.com Impression : Zofinger Tagblatt AG www.ztonline.ch

4

L

N

R

Deux clubs de la même ville ont disputé la même année une finale européenne. Le nom du club qui a gagné la finale ne précise pas dans quelle ville il est situé. Mais le club qui a perdu, lui non plus, ne dévoile pas sa ville dans son nom. D’où viennent ces deux clubs ?

D Italie G Grande-Bretagne E Allemagne N Espagne

Contact : feedback-theweekly@fifa.org La reproduction des photos et des articles, y compris sous forme d’extraits, est interdite, sauf accord de la rédaction et sous réserve de la mention “The FIFA Weekly, © FIFA 2014”. La rédaction n’a aucune obligation de publier des textes ou des photos non sollicités. La FIFA et le logo FIFA sont des marques déposées par la FIFA. Produit et imprimé en Suisse. Les opinions exprimées dans The FIFA Weekly ne reflètent pas nécessairement celles de la FIFA.

Solution de l’énigme de la semaine précédente : JUMP Explications détaillées sur www.fifa.com/theweekly Inspiration et application : cus

Faites-nous parvenir vos réponses le mercredi 26 novembre 2014 au plus tard à feedback-theweekly@fifa.org Les personnes ayant correctement répondu à l’ensemble des énigmes parues depuis le 13 juin 2014 participeront en janvier 2015 à un tirage au sort pour tenter de gagner un voyage pour deux pour le Gala FIFA Ballon d’Or, qui aura lieu le 12 janvier 2015. Avant de participer, nous vous invitons à consulter les conditions générales, ainsi que le règlement du concours. Vous trouverez toutes les informations utiles à cette adresse : http://fr.fifa.com/mm/document/af-magazine/fifaweekly/02/20/51/99/fr_rules_20140613_french_french.pdf T H E F I FA W E E K LY

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R É S U LTAT S D E L A S E M A I N E D E R N I È R E Qui remportera le championnat du Brésil 2014 ?

27+23+1815764

LE SONDAGE DE L A SEMAINE

Qui remportera la Ligue des Champions féminine de l’UEFA 2014/15 ?

4%

6%

7%

27%

15%

≠  ≠  ≠  ≠

Sao Paulo

Atletico Mineiro Cruzeiro

Choisissez entre : · Brondby (DEN) · Bristol Academy (ENG) · Francfort (GER) · Glasgow City (SCO) · Linköping (SWE) · Paris Saint-Germain (FRA) · Rosengard (SWE) · Wolfsbourg (GER)

23%

18%

≠  ≠  ≠

Internacional Gremio

Fluminense

Pour voter, rendez-vous sur : Fifa.com/newscentre

Corinthians

“Que valait vraiment Puskas ? Il était plus fort que les meilleurs. Il était pratiquement sans égal. Je l’ai affronté à Glasgow et à Madrid. Sur le terrain, il était le plus rapide et le plus affûté.” Willie Henderson, ancien joueur des Rangers, à propos de Ferenc Puskas

buts en 2 apparitions : telle est

126 matches et presque trois ans après son

dernier but sur coup franc direct, le Racing Club a retrouvé le chemin des filets sur une balle arrêtée. L’attente en valait la

34 matches et huit

années sans s’incliner à domicile. Le

la contribution de Sergio Diaz à

chandelle. Gustavo Bou est

plus long record du genre

la course à la conquête du titre

devenu le premier joueur de

dans le football mondial a pris

dans laquelle est lancé Cerro

son club à marquer sur coup

fin avec la défaite de l’Espagne

Porteno. La prouesse prend

franc, un missile des 25

face à l’Allemagne. Le but

une autre dimension si l’on

mètres, depuis Giovanni

de la victoire a été inscrit

ajoute que Diaz a

Moreno le 26 no-

par Toni Kroos à la 89ème

seulement 15 ans.

vembre 2011.

minute.

imago (3), Getty Images

3

LA SEMAINE EN CHIFFRES


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