Commission paritaire 0411C83022-ISSN0182-5852
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■hors-série - Le Roman des Romanov
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Le
oman des
1613 - 1917 DE MICHEL ROMANOV À NICOLAS II
omanov LES MYSTÈRES L’ÉPOPÉE LA TRAGÉDIE
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Editorial
© BLANDINE TOP.
par Michel De Jaeghere
Ils n’ont eu que trois siècles à peine. Trois siècles pour forger une nation,pour bâtir un empire. Au regard de l’histoire, un bref instant, un souffle, et l’on s’émerveille,en dépit de ses insuffisances,de ses ombres, de l’ampleur de l’œuvre accomplie. La Russie avait existé avant eux,bien sûr. Elle avait eu ses heures de gloire sous Vladimir, le Soleil rouge,ou sous Ivan le Terrible.Elles n’étaient plus qu’un souvenir.Le pays avait rompu tout lien avec l’Europe.Son commerce entravé par l’absence d’ouverture sur la mer, sa diplomatie réduite à l’insignifiance par son instabilité politique,son armée en retard de plusieurs guerres,il ne jouait plus aucun rôle hors ses frontières :condamné à subir la loi de ses puissants voisins,l’Empire ottoman,la Pologne,la Suède.Ni école ni université :sa noblesse n’était guère portée sur les lettres, elle n’excellait que dans la chasse à l’ours et l’art de la fauconnerie. Ses paysans associaient l’ignorance à l’ivrognerie. Les querelles dynastiques, l’esprit d’indépendance des grandes familles avaient fait basculer le pays dans l’anarchie. D’immenses territoires, un peuple laissé en friche. « Le plus beau mélange, dit Michel de Saint Pierre, de fermentation et de passivité dont la race humaine ait donné l’exemple » : telle était la Russie qui s’était donnée, un matin de février 1613, pour sortir de la guerre civile, à Michel Romanov. Un jeune homme de seize ans qui vivait jusqu’alors reclus dans un monastère. Un cœur pur sans aucune expérience politique, coiffé de la couronne de Monomaque par des boyards vêtus de peaux d’ours, dans un pays où l’on tuait les loups à main nue. Trois siècles plus tard, la Russie serait l’une des grandes puissances mondiales, l’un des acteurs majeurs du concert des nations. Son territoire s’étendrait des plaines de la Pologne aux confins de la Chine, de la Crimée au Kamtchatka, et des monts du Caucase à la mer Baltique. Sa population, en voie de triplement, atteindrait cent soixante-quinze millions d’habitants, et verrait apparaître, en lieu et place du servage dont l’aurait délivré un tsar libérateur, une classe de paysans riches.Son économie serait en cours d’industrialisation. Son commerce en pleine expansion. Elle posséderait le deuxième réseau ferroviaire du monde,après celui des Etats-Unis. Aurait mené un effort d’alphabétisation au terme duquel, en 1914, 75 % des conscrits sauraient lire. « Nul doute, écrit l’historien américain Alexander Gerschenkron, qu’au train où croissait l’équipement industriel pendant les années du règne de Nicolas II, sans le régime communiste, la Russie eût rattrapé les Etats-Unis. » D’un siècle l’autre, son histoire avait été ponctuée de sanglantes tragédies. De complots et de crimes. D’assassinats et de supplices. Pierre le Grand échappant de justesse, enfant, au couteau des streltsy,et faisant mourir sous la torture son propre fils,le tsarévitch Alexis ; Catherine II s’emparant du pouvoir en faisant empoisonner le tsar légitime, son mari, au cours d’une beuverie ; Ivan VI, rejeton d’une branche maudite, écartée du pouvoir, tué dans l’obscurité du cachot où il avait passé sa vie ; Paul Ier étranglé dans sa chambre lors d’une révolution de palais commanditée par son fils ; Alexandre Ier assistant, impuissant à l’incendie de Moscou ; Nicolas Ier inaugurant son règne en condamnant la fleur de son aristocratie ; Alexandre II assassiné par les anarchistes ; Nicolas II massacré avec sa femme et ses enfants par les bolcheviks, visages défigurés à coups de crosse par la soldatesque,corps démembrés à la pelle,arrosés d’essence et réduits en cendres avant d’être jetés dans un puits : l’histoire des
Romanov est une histoire de fureurs et de cris.Elle semble avoir été conçue pour illustrer le mot de Louis XIV à Philippe V d’Espagne, son petit-fils : « Si vous avez cru qu’il fût fort facile et fort agréable d’être roi, vous vous êtes fort trompé. » C’est une histoire haute en couleur aussi. On y assiste avec Pierre le Grand à de gigantesques fêtes où une salve de coups de canon salue le tsar chaque fois qu’il vide sa coupe, des nains ornés de rubans rouges jaillissent de gigantesques tourtes, un bouffon galope sur un petit cheval tout autour des convives en tirant des coups de pistolet tandis que l’empereur oblige des vieillards souffrant de la goutte à danser jusqu’à l’aube pour les initier aux mœurs occidentales (trop heureux s’il ne lui prend pas la fantaisie d’exercer sur eux ses talents de dentiste en leur arrachant à la diable une molaire ou une incisive). On y voit Elisabeth Ire gifler en plein bal sa parente, Nathalie Lopoukhine, parce qu’elle avait eu le malheur d’y paraître avec la même robe qu’elle (la tsarine en possédait elle-même quinze mille). Catherine II ordonner que l’on montre au peintre auquel elle avait commandé une série de tableaux sur ses victoires maritimes à quoi ressemble l’incendie d’un navire de guerre en faisant exploser un bâtiment en pleine mer devant lui. Nicolas Ier organiser un simulacre d’exécution capitale pour Dostoïevski et ses compagnons du cercle de Petrachevski, et attendre que les condamnés soient attachés au poteau, tête couverte, pour commuer leur peine et les envoyer, chaînes aux pieds,croupir dans les bagnes de Sibérie. Ces hommes de fer auront souvent eu la main lourde. Régir un pays de vingt-deux millions de kilomètres carrés (quarante fois la France), imposer des réformes à une myriade de peuples, européens ou asiatiques,sur des terres qui subissent,ici le froid polaire,là le climat désertique,où la violence des éléments a forgé,depuis des siècles,les caractères,où l’horizon est,comme l’imagination,sans limites,a,sans doute,des exigences inconnues de la gestion d’un canton suisse.« Le peuple russe, confiait en 1915 le prince Viazemski à Maurice Paléologue, l’ambassadeur de France, est le plus docile de tous quand il est sévèrement commandé ; mais il est incapable de se gouverner lui-même. Aussitôt qu’on lui lâche la bride, il tombe dans l’anarchie. Toute notre histoire le prouve. Il a besoin d’un maître absolu : il ne marche droit que lorsqu’il sent au-dessus de lui une poigne de fer. La moindre liberté le grise. » Ces intraitables autocrates avaient été cependant de fabuleux mécènes : on leur doit le miracle de pierre de Saint-Pétersbourg. Les deux mille portes et fenêtres du palais d’Hiver, les mille et une volutes de stuc des façades baroques dont les silhouettes se reflètent dans l’acier des canaux d’une nouvelle Venise. Des collections de tableaux où Rembrandt voisine avec Rubens,Van Dyck, Raphaël ou Vinci. Des résidences impériales qui feraient passer Schönbrunn et Sans-Souci pour de modestes Sam’ suffit. L’épanouissement ultime de leur autocratie et la mise en place de la plus tatillonne et la plus soupçonneuse des censures (« Le fouet, dit l’écrivain Alexandre Ivanovitch Herzen, sert autant à nous pousser à faire des études qu’à châtier ceux qui sont trop instruits. ») correspondirent au XIXe à un apogée artistique comme l’histoire en offre peu d’exemples. Le siècle de Nicolas Ier et d’Alexandre III fut aussi celui de Gogol et de Pouchkine, Tourgueniev et Dostoïevski, de Tchekhov et Tolstoï.Celui de Glinka et de Tchaïkovski,de RimskiKorsakov et Moussorgski.Comme si,pour ce peuple ingouvernable, il n’y avait pas eu de contradiction entre l’arbitraire des lois et le rayonnement d’une civilisation d’une richesse inouïe, la liberté créatrice et le knout.
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Société du Figaro Siège social 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Président Serge Dassault. Directeur Général, Directeur de la publication Francis Morel. Directeur des Hors-Séries Michel De Jaeghere. Rédacteur en chef adjoint Vincent Tremolet de Villers. Chef de studio Françoise Grandclaude. Secrétariat de rédaction Caroline Lécharny-Maratray. Enquêtes, reportages Isabelle Schmitz. Rédacteur photo Carole Brochart. Editeur Lionel Rabiet. Chef de produit Emilie Bagault Directeur de la production Bertrand de Perthuis. Chef de fabrication Philippe Jauneau. Fabrication Odile Colas. Communication Olivia Hesse. Relations presse Marie Müller. LE FIGARO Hors-Série Hors-Série du Figaro. Commission paritaire : N° 0411C83022 ISSN : 0182 - 5852 Edité par la Société du Figaro. Rédaction 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Tél. 01 57 08 50 00. Régie publicitaire Figaro Médias. Président-directeur général Pierre Conte. 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Tél. : 01 56 52 26 26. Photogravure Digamma. Imprimé par la Roto France. Janvier 2011. CE NUMÉRO A ÉTÉ RÉALISÉ GRÂCE À LA PRÉCIEUSE COLLABORATION D’ÉLISABETH BARSACQ, CONSUL GÉNÉRAL DE FRANCE À SAINT-PÉTERSBOURG, ÉDOUARD DE LUMLEY, DIRECTEUR DE L’INSTITUT FRANÇAIS DE SAINT-PÉTERSBOURG, ALEXANDRE NEKRASSOV, SON ADJOINT, ET ALEXIS VOLKOV. NOUS REMERCIONS PARTICULIÈREMENT POUR LEUR AIDE NICOLAS KOPANEV, DIRECTEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE VOLTAIRE DE SAINT-PÉTERSBOURG, OLGA TARATYNOVA, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU DOMAINE DE TSARSKOÏE SELO, LARISSA BARDOVSKAÏA, CONSERVATRICE À TSARSKOÏE SELO, GALINA SEMIONOVA, DIRECTRICE DE RECHERCHE À TSARSKOÏE SELO, GALINA FILIPTCHENKO, ASSISTANTE DU DIRECTEUR À TSARSKOÏE SELO, LIUBOV MARKOVA, GUIDE DU MUSÉE DES CARROSSES À TSARSKOÏE SELO, ANDREÏ NOVIKOV, RESTAURATEUR À TSARSKOÏE SELO, ELENA KALNITSKAÏA, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU DOMAINE DE PETERHOF, TATIANA VERBITSKY, CONSERVATRICE DU CHÂTEAU DE PETERHOF, IRINA STIOPITCHEVA, CONSERVATRICE DU PAVILLON MARLY, LIUDMILA KURENKOVA, DIRECTRICE DU CHÂTEAU SAINTMICHEL, VLADIMIR POUTCHOV, CHEF DU SECTEUR HISTORIQUE DU CHÂTEAU SAINT-MICHEL, LUDMILA KOVAL, DIRECTRICE ADJOINTE DU DOMAINE DE PAVLOVSK, NATALIA ZAÏTSEVA, CONSERVATRICE EN CHEF DU MUSÉE D’ORANIENBAUM, GLEB SEDOV, CONSERVATEUR DU PALAIS DE PIERRE III À ORANIENBAUM, ALEXANDRE CHEPUROV, DIRECTEUR DU THÉÂTRE ALEXANDRINSKI, NATALIA METELITSA, DIRECTRICE DU MUSÉE D’ÉTAT DE THÉÂTRE ET DE MUSIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG, MARGARITA TALAKDVAZE, GUIDE CONFÉRENCIÈRE À SAINT-PÉTERSBOURG, IVAN ARTSICHEVSKI, REPRÉSENTANT DE LA MAISON ROMANOV, INNA GOGOLINA, CONSERVATRICE AU PALAIS CONSTANTIN, ELENA PLOTNIKOVA, GUIDE AU PALAIS MENCHIKOV, ELENA OBUHOVICH ET LE SERVICE ICONOGRAPHIQUE DU MUSÉE DE L’ERMITAGE. En couverture : la famille de Nicolas II. © Escudero Patrick/Hemis.fr et © La Collection/Interfoto.
SOMMAIRE
LE GOÛT DES TSARS
Les trésors des collections impériales réunis en trois siècles par la dynastie Romanov.
12 JOURNÉES
DE LA VIE DES TSARS
Par Irina de Chikoff 24 Tsar malgré lui 26 La terre du géant 28 Les illuminations 30 Catherine le Grand 32 L’ange de la mort 34 Moscou brûle-t-il ? 36 Il a vaincu Napoléon ! 38 Décembre rouge 40 Jour de terreur 42 La ruée vers l’Est 44 Le dernier empereur 46 La maison Ipatiev
SPLENDEURS ET MISÈRES D’UNE DYNASTIE 50 Le songe des Romanov Par Hélène Carrère d’Encausse de l’Académie française 58 Les appétits de la Grande Catherine Par Isabelle Schmitz 62 Crimes et châtiments Par Vincent Tremolet de Villers 72 Paul Ier, l’inconsolé Par Vincent Tremolet de Villers 76 Ils ont construit Saint-Pétersbourg Par Michel De Jaeghere 88 Dans la loge de Nicolas Ier Par Isabelle Schmitz
92 Les derniers jours d’un condamné Par Jean-Louis Thiériot 102 Un tsar sans divertissement Par Isabelle Schmitz
COMPLÉMENTS D’ENQUÊTE
108 Plaisirs et lectures Par Michel De Jaeghere, Isabelle Schmitz, Jean-Louis Thiériot et Vincent Tremolet de Villers 112 Le rendez-vous de l’Astoria Par Isabelle Schmitz 114 Ra, Ra, Raspoutine ! Par Marie-Noëlle Tranchant
© WINNIE DENKER
NÉCROPOLE Vue de la forteresse Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg. On y voit la flèche de la cathédrale dans laquelle sont enterrés les tsars et les membres de la famille Romanov.
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Société du Figaro Siège social 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Président Serge Dassault. Directeur Général, Directeur de la publication Francis Morel. Directeur des Hors-Séries Michel De Jaeghere. Rédacteur en chef adjoint Vincent Tremolet de Villers. Chef de studio Françoise Grandclaude. Secrétariat de rédaction Caroline Lécharny-Maratray. Enquêtes, reportages Isabelle Schmitz. Rédacteur photo Carole Brochart. Editeur Lionel Rabiet. Chef de produit Emilie Bagault Directeur de la production Bertrand de Perthuis. Chef de fabrication Philippe Jauneau. Fabrication Odile Colas. Communication Olivia Hesse. Relations presse Marie Müller. LE FIGARO Hors-Série Hors-Série du Figaro. Commission paritaire : N° 0411C83022 ISSN : 0182 - 5852 Edité par la Société du Figaro. Rédaction 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Tél. 01 57 08 50 00. Régie publicitaire Figaro Médias. Président-directeur général Pierre Conte. 14, boulevard Haussmann 75009 Paris. Tél. : 01 56 52 26 26. Photogravure Digamma. Imprimé par la Roto France. Janvier 2011. CE NUMÉRO A ÉTÉ RÉALISÉ GRÂCE À LA PRÉCIEUSE COLLABORATION D’ÉLISABETH BARSACQ, CONSUL GÉNÉRAL DE FRANCE À SAINT-PÉTERSBOURG, ÉDOUARD DE LUMLEY, DIRECTEUR DE L’INSTITUT FRANÇAIS DE SAINT-PÉTERSBOURG, ALEXANDRE NEKRASSOV, SON ADJOINT, ET ALEXIS VOLKOV. NOUS REMERCIONS PARTICULIÈREMENT POUR LEUR AIDE NICOLAS KOPANEV, DIRECTEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE VOLTAIRE DE SAINT-PÉTERSBOURG, OLGA TARATYNOVA, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU DOMAINE DE TSARSKOÏE SELO, LARISSA BARDOVSKAÏA, CONSERVATRICE À TSARSKOÏE SELO, GALINA SEMIONOVA, DIRECTRICE DE RECHERCHE À TSARSKOÏE SELO, GALINA FILIPTCHENKO, ASSISTANTE DU DIRECTEUR À TSARSKOÏE SELO, LIUBOV MARKOVA, GUIDE DU MUSÉE DES CARROSSES À TSARSKOÏE SELO, ANDREÏ NOVIKOV, RESTAURATEUR À TSARSKOÏE SELO, ELENA KALNITSKAÏA, DIRECTRICE GÉNÉRALE DU DOMAINE DE PETERHOF, TATIANA VERBITSKY, CONSERVATRICE DU CHÂTEAU DE PETERHOF, IRINA STIOPITCHEVA, CONSERVATRICE DU PAVILLON MARLY, LIUDMILA KURENKOVA, DIRECTRICE DU CHÂTEAU SAINTMICHEL, VLADIMIR POUTCHOV, CHEF DU SECTEUR HISTORIQUE DU CHÂTEAU SAINT-MICHEL, LUDMILA KOVAL, DIRECTRICE ADJOINTE DU DOMAINE DE PAVLOVSK, NATALIA ZAÏTSEVA, CONSERVATRICE EN CHEF DU MUSÉE D’ORANIENBAUM, GLEB SEDOV, CONSERVATEUR DU PALAIS DE PIERRE III À ORANIENBAUM, ALEXANDRE CHEPUROV, DIRECTEUR DU THÉÂTRE ALEXANDRINSKI, NATALIA METELITSA, DIRECTRICE DU MUSÉE D’ÉTAT DE THÉÂTRE ET DE MUSIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG, MARGARITA TALAKDVAZE, GUIDE CONFÉRENCIÈRE À SAINT-PÉTERSBOURG, IVAN ARTSICHEVSKI, REPRÉSENTANT DE LA MAISON ROMANOV, INNA GOGOLINA, CONSERVATRICE AU PALAIS CONSTANTIN, ELENA PLOTNIKOVA, GUIDE AU PALAIS MENCHIKOV, ELENA OBUHOVICH ET LE SERVICE ICONOGRAPHIQUE DU MUSÉE DE L’ERMITAGE. En couverture : la famille de Nicolas II. © Escudero Patrick/Hemis.fr et © La Collection/Interfoto.
SOMMAIRE
LE GOÛT DES TSARS
Les trésors des collections impériales réunis en trois siècles par la dynastie Romanov.
12 JOURNÉES
DE LA VIE DES TSARS
Par Irina de Chikoff 24 Tsar malgré lui 26 La terre du géant 28 Les illuminations 30 Catherine le Grand 32 L’ange de la mort 34 Moscou brûle-t-il ? 36 Il a vaincu Napoléon ! 38 Décembre rouge 40 Jour de terreur 42 La ruée vers l’Est 44 Le dernier empereur 46 La maison Ipatiev
SPLENDEURS ET MISÈRES D’UNE DYNASTIE 50 Le songe des Romanov Par Hélène Carrère d’Encausse de l’Académie française 58 Les appétits de la Grande Catherine Par Isabelle Schmitz 62 Crimes et châtiments Par Vincent Tremolet de Villers 72 Paul Ier, l’inconsolé Par Vincent Tremolet de Villers 76 Ils ont construit Saint-Pétersbourg Par Michel De Jaeghere 88 Dans la loge de Nicolas Ier Par Isabelle Schmitz
92 Les derniers jours d’un condamné Par Jean-Louis Thiériot 102 Un tsar sans divertissement Par Isabelle Schmitz
COMPLÉMENTS D’ENQUÊTE
108 Plaisirs et lectures Par Michel De Jaeghere, Isabelle Schmitz, Jean-Louis Thiériot et Vincent Tremolet de Villers 112 Le rendez-vous de l’Astoria Par Isabelle Schmitz 114 Ra, Ra, Raspoutine ! Par Marie-Noëlle Tranchant
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NÉCROPOLE Vue de la forteresse Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg. On y voit la flèche de la cathédrale dans laquelle sont enterrés les tsars et les membres de la famille Romanov.
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© WINNIE DENKER.
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Le
oman des
omanov
LE GOÛT DES TSARS Esthètes et mécènes, les Romanov ont réuni dans leurs palais une extraordinaire collection de bijoux, de tableaux, de sculptures. Du goût hollandais de Pierre le Grand aux souvenirs de voyage de Paul Ier, en passant par l’incroyable trésor amassé par Catherine II, ils nous entraînent dans une fabuleuse galerie à travers l’histoire de l’art occidental. Ci-dessus : l’escalier des Ambassadeurs du palais d’Hiver à Saint-Pétersbourg, conçu par Rastrelli sous Elisabeth Petrovna, achevé sous Catherine II, reconstruit après un incendie sous Nicolas Ier. On l’appelle aussi escalier du Jourdain parce que le tsar l’empruntait le jour de la bénédiction des eaux de la Neva.
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LE GOÛT DES TSARS Esthètes et mécènes, les Romanov ont réuni dans leurs palais une extraordinaire collection de bijoux, de tableaux, de sculptures. Du goût hollandais de Pierre le Grand aux souvenirs de voyage de Paul Ier, en passant par l’incroyable trésor amassé par Catherine II, ils nous entraînent dans une fabuleuse galerie à travers l’histoire de l’art occidental. Ci-dessus : l’escalier des Ambassadeurs du palais d’Hiver à Saint-Pétersbourg, conçu par Rastrelli sous Elisabeth Petrovna, achevé sous Catherine II, reconstruit après un incendie sous Nicolas Ier. On l’appelle aussi escalier du Jourdain parce que le tsar l’empruntait le jour de la bénédiction des eaux de la Neva.
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BEAUTÉ TAURIDE La Vénus de Tauride, longtemps considérée comme une copie romaine, est une sculpture grecque du IIe siècle après J.-C. (SaintPétersbourg, musée de l’Ermitage). Alerté de la découverte, en Italie, de cette statue de culte, Pierre le Grand voulut l’acheter. Le pape s’en étant déjà porté acquéreur, le tsar la lui échangea contre les reliques de sainte Brigitte. Arrivée en Russie, elle fut installée dans le jardin d’Eté sous la protection d’un garde puis au palais de Tauride dont elle tire son nom.
L’OR DES SCYTHES Décoration (objet à la signification et à l’utilité énigmatiques) en or, turquoise, corail et pierre noire, VeIVe siècle avant J.-C. Collection sibérienne de Pierre le Grand (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Les Scythes n’ayant pas d’écriture, Hérodote est, à ce jour, notre seule source écrite de connaissance à leur sujet.
IMPERATOR
L’ÂGE D’OR HOLLANDAIS Ci-dessus : David et Jonathan, par Rembrandt, 1642, collection de Pierre le Grand (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Pierre Ier avait une réelle fascination pour la Hollande, son art de vivre, sa sobriété, et également sa peinture.
Celui qui voulait ouvrir en Russie une fenêtre sur l’Europe avait compris le rôle fondamental que pouvaient jouer les arts dans ce dessein. Son cabinet de curiosités, à la maison Kikine, puis à la Kunstkamera, réunissait aussi bien les œuvres achetées à l’étranger, que celles du patrimoine russe. Vers 1715, le prince Gagarine offrit au tsar une « collection sibérienne » de 200 objets en or (identifiés depuis comme des objets scythes) achetés à des pilleurs de tombes, qui auraient probablement sans cela été fondus. Pierre le Grand promulgua alors le premier oukase qui protégeait les trouvailles archéologiques sur le sol russe.
CHASSE AUX TRÉSORS Ci-dessus : cerf en or, art scythe, Ve-IVe siècle avant J.-C. Collection sibérienne de Pierre le Grand (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). En haut, à droite : buste en bronze de l’empereur Pierre Ier, par Bartolomeo Carlo Rastrelli, père de l’architecte Francesco Bartolomeo Rastrelli, 1723-1729 (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage).
PIERRE LE GRAND
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© THE STATE HERMITAGE MUSEUM/PHOTO BY VLADIMIR TEREBENIN, LEONARD KHEIFETS, YURI MOLODKOVETS. © MDJ. © AKG-IMAGES. © FINEARTIMAGES/LEEMAGE. © THE STATE HERMITAGE MUSEUM/PHOTO BY VLADIMIR TEREBENIN, LEONARD KHEIFETS, YURI MOLODKOVETS.
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BEAUTÉ TAURIDE La Vénus de Tauride, longtemps considérée comme une copie romaine, est une sculpture grecque du IIe siècle après J.-C. (SaintPétersbourg, musée de l’Ermitage). Alerté de la découverte, en Italie, de cette statue de culte, Pierre le Grand voulut l’acheter. Le pape s’en étant déjà porté acquéreur, le tsar la lui échangea contre les reliques de sainte Brigitte. Arrivée en Russie, elle fut installée dans le jardin d’Eté sous la protection d’un garde puis au palais de Tauride dont elle tire son nom.
L’OR DES SCYTHES Décoration (objet à la signification et à l’utilité énigmatiques) en or, turquoise, corail et pierre noire, VeIVe siècle avant J.-C. Collection sibérienne de Pierre le Grand (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Les Scythes n’ayant pas d’écriture, Hérodote est, à ce jour, notre seule source écrite de connaissance à leur sujet.
IMPERATOR
L’ÂGE D’OR HOLLANDAIS Ci-dessus : David et Jonathan, par Rembrandt, 1642, collection de Pierre le Grand (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Pierre Ier avait une réelle fascination pour la Hollande, son art de vivre, sa sobriété, et également sa peinture.
Celui qui voulait ouvrir en Russie une fenêtre sur l’Europe avait compris le rôle fondamental que pouvaient jouer les arts dans ce dessein. Son cabinet de curiosités, à la maison Kikine, puis à la Kunstkamera, réunissait aussi bien les œuvres achetées à l’étranger, que celles du patrimoine russe. Vers 1715, le prince Gagarine offrit au tsar une « collection sibérienne » de 200 objets en or (identifiés depuis comme des objets scythes) achetés à des pilleurs de tombes, qui auraient probablement sans cela été fondus. Pierre le Grand promulgua alors le premier oukase qui protégeait les trouvailles archéologiques sur le sol russe.
CHASSE AUX TRÉSORS Ci-dessus : cerf en or, art scythe, Ve-IVe siècle avant J.-C. Collection sibérienne de Pierre le Grand (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). En haut, à droite : buste en bronze de l’empereur Pierre Ier, par Bartolomeo Carlo Rastrelli, père de l’architecte Francesco Bartolomeo Rastrelli, 1723-1729 (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage).
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© THE STATE HERMITAGE MUSEUM/PHOTO BY VLADIMIR TEREBENIN, LEONARD KHEIFETS, YURI MOLODKOVETS. © MDJ. © AKG-IMAGES. © FINEARTIMAGES/LEEMAGE. © THE STATE HERMITAGE MUSEUM/PHOTO BY VLADIMIR TEREBENIN, LEONARD KHEIFETS, YURI MOLODKOVETS.
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PHOTOS : © THE STATE HERMITAGE MUSEUM/PHOTO BY VLADIMIR TEREBENIN, LEONARD KHEIFETS, YURI MOLODKOVETS. © THE BRIDGEMAN ART LIBRARY. PHOTOS : © THE STATE HERMITAGE MUSEUM/PHOTO BY VLADIMIR TEREBENIN, LEONARD KHEIFETS, YURI MOLODKOVETS.
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TSARINE DE LUXE
SAINTE MÈRE Ci-contre : Icône de la Vierge de Vladimir, Moscou, XVIIe siècle, bois, huile, étoffes, or, saphirs et émeraudes (SaintPétersbourg, l’Ermitage). C’était l’icône personnelle de la tsarine. Elle fut conservée dans la grande chapelle du palais d’Hiver. Ci-dessus : sucrier en argent décoré du monogramme de l’impératrice Anne Ire et de l’emblème des Romanov, l’aigle bicéphale. Années 1730 (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage).
LE POIDS DU POUVOIR Ci-dessus : couronne d’Anne Ire en argent, or et pierres précieuses, école russe, 1730 (Moscou, musées du Kremlin). Les regalia de chaque empereur appartenaient, par décret, au fond diamantaire de l’Etat. Créé par Pierre le Grand, celui-ci ne pouvait être vendu. Chaque tsar se devait de l’alimenter, pour la gloire de la Russie.
Anne Ire avait une véritable passion pour le faste, bien plus que pour le pouvoir, qu’elle délégua totalement à son favori Ernst Biron. Sa cour se distinguait par une opulence qui étonnait même les étrangers. Utilisé lors du cérémonial du lever de l’impératrice, le service de toilette en or exécuté à Augsbourg, en est un éloquent reflet : il comportait 46 objets, théières, cafetières, sucrier, lave-mains… Il fut utilisé par ses successeurs au moment où la fiancée impériale revêtait sa robe de mariée au palais d’Hiver, avant de se rendre à la cérémonie religieuse.
UNE FEMME À SA TOILETTE Ci-contre : boîte en or du service de toilette de l’impératrice Anne Ire, réalisé par l’orfèvre Johann Ludwig Biller II, 1736-1740 (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). En haut : tabatière ornée du portrait d’Anne Ire, par Andreï Spiridonov, atelier de Peterhof, vers 1740, jaspe (SaintPétersbourg, l’Ermitage).
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TSARINE DE LUXE
SAINTE MÈRE Ci-contre : Icône de la Vierge de Vladimir, Moscou, XVIIe siècle, bois, huile, étoffes, or, saphirs et émeraudes (SaintPétersbourg, l’Ermitage). C’était l’icône personnelle de la tsarine. Elle fut conservée dans la grande chapelle du palais d’Hiver. Ci-dessus : sucrier en argent décoré du monogramme de l’impératrice Anne Ire et de l’emblème des Romanov, l’aigle bicéphale. Années 1730 (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage).
LE POIDS DU POUVOIR Ci-dessus : couronne d’Anne Ire en argent, or et pierres précieuses, école russe, 1730 (Moscou, musées du Kremlin). Les regalia de chaque empereur appartenaient, par décret, au fond diamantaire de l’Etat. Créé par Pierre le Grand, celui-ci ne pouvait être vendu. Chaque tsar se devait de l’alimenter, pour la gloire de la Russie.
Anne Ire avait une véritable passion pour le faste, bien plus que pour le pouvoir, qu’elle délégua totalement à son favori Ernst Biron. Sa cour se distinguait par une opulence qui étonnait même les étrangers. Utilisé lors du cérémonial du lever de l’impératrice, le service de toilette en or exécuté à Augsbourg, en est un éloquent reflet : il comportait 46 objets, théières, cafetières, sucrier, lave-mains… Il fut utilisé par ses successeurs au moment où la fiancée impériale revêtait sa robe de mariée au palais d’Hiver, avant de se rendre à la cérémonie religieuse.
UNE FEMME À SA TOILETTE Ci-contre : boîte en or du service de toilette de l’impératrice Anne Ire, réalisé par l’orfèvre Johann Ludwig Biller II, 1736-1740 (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). En haut : tabatière ornée du portrait d’Anne Ire, par Andreï Spiridonov, atelier de Peterhof, vers 1740, jaspe (SaintPétersbourg, l’Ermitage).
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UNE COQUETTE
JOLIS BOUQUETS Ci-contre et ci-dessous : Bouquet de fleurs, par le joaillier genevois Jérémie Pauzié, vers 1740, or, argent, pierres précieuses et cristal (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Dans tous ces bouquets, les fleurs en améthyste, saphir jaune ou bleu, diamants, grenat, jaspe, agate sont serties dans des montures en argent. Ces bijoux se portaient à la ceinture ou à l’épaule. Plus tard, on fabriqua de petits vases pour les mettre en valeur.
LES DIAMANTS
DE LA REINE
Ci-contre : châtelaine (bijou agrafé à la ceinture) à laquelle sont suspendues une montre et sa clé, par les anglais Quare and Horseman, vers 1730. Or, argent, diamants et spinelle (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Ci-dessous : châtelaine, montre et clé, par l’horloger anglais Charles Cabrier, vers 1720. Or, argent, saphirs et verre (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Les montres étaient parmi les objets les plus précieux des collections des souverains.
En digne fille de Pierre Ier, Elisabeth invita de nombreux artistes étrangers à s’installer à Saint-Pétersbourg. Parmi eux, le jeune Jérémie Pauzié, venu de Suisse à l’âge de treize ans avec son père, joaillier, apprit le métier en Russie. Il mit à profit les prodigieuses ressources naturelles russes en pierres précieuses et semi-précieuses, en créant des bouquets de fleurs aux pétales de diamant, saphir jaune ou bleu, améthyste, jaspe, chrysolite… L’impératrice en raffolait. C’est également sous son règne que fut acquise la grande collection de montres de poche dues aux meilleurs horlogers britanniques.
ÉLISABETH I
13:56
RE
7/01/11
PHOTOS : © THE STATE HERMITAGE MUSEUM/PHOTO BY VLADIMIR TEREBENIN, LEONARD KHEIFETS, YURI MOLODKOVETS. © PHOTO RMN-JEAN-GILLES BERIZZI.
wd-NEW_ 57 Images 12-13
INTERFLORA Ci-contre : Bouquet de fleurs, par Jérémie Pauzié, vers 1740, or, argent, pierres précieuses et cristal (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). En haut : portrait d’Elisabeth Ire, médaillon en ivoire, seconde moitié du XVIIIe siècle (Paris, le Louvre). C’est Jérémie Pauzié qui réalisa la couronne de Catherine II pour la cérémonie de son couronnement.
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UNE COQUETTE
JOLIS BOUQUETS Ci-contre et ci-dessous : Bouquet de fleurs, par le joaillier genevois Jérémie Pauzié, vers 1740, or, argent, pierres précieuses et cristal (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Dans tous ces bouquets, les fleurs en améthyste, saphir jaune ou bleu, diamants, grenat, jaspe, agate sont serties dans des montures en argent. Ces bijoux se portaient à la ceinture ou à l’épaule. Plus tard, on fabriqua de petits vases pour les mettre en valeur.
LES DIAMANTS
DE LA REINE
Ci-contre : châtelaine (bijou agrafé à la ceinture) à laquelle sont suspendues une montre et sa clé, par les anglais Quare and Horseman, vers 1730. Or, argent, diamants et spinelle (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Ci-dessous : châtelaine, montre et clé, par l’horloger anglais Charles Cabrier, vers 1720. Or, argent, saphirs et verre (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). Les montres étaient parmi les objets les plus précieux des collections des souverains.
En digne fille de Pierre Ier, Elisabeth invita de nombreux artistes étrangers à s’installer à Saint-Pétersbourg. Parmi eux, le jeune Jérémie Pauzié, venu de Suisse à l’âge de treize ans avec son père, joaillier, apprit le métier en Russie. Il mit à profit les prodigieuses ressources naturelles russes en pierres précieuses et semi-précieuses, en créant des bouquets de fleurs aux pétales de diamant, saphir jaune ou bleu, améthyste, jaspe, chrysolite… L’impératrice en raffolait. C’est également sous son règne que fut acquise la grande collection de montres de poche dues aux meilleurs horlogers britanniques.
ÉLISABETH I
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RE
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PHOTOS : © THE STATE HERMITAGE MUSEUM/PHOTO BY VLADIMIR TEREBENIN, LEONARD KHEIFETS, YURI MOLODKOVETS. © PHOTO RMN-JEAN-GILLES BERIZZI.
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INTERFLORA Ci-contre : Bouquet de fleurs, par Jérémie Pauzié, vers 1740, or, argent, pierres précieuses et cristal (Saint-Pétersbourg, l’Ermitage). En haut : portrait d’Elisabeth Ire, médaillon en ivoire, seconde moitié du XVIIIe siècle (Paris, le Louvre). C’est Jérémie Pauzié qui réalisa la couronne de Catherine II pour la cérémonie de son couronnement.