Atlas des lieux maudits

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OLIVIER LE CARRER

Atlas lieux maudits DES

ATLAS DES LIEUX MAUDITS

Par delà les continents et les océans, l’Atlas des lieux maudits dresse un inventaire inédit des contrées les plus infréquentables de la planète. De la réserve naturelle de Kasanka en Zambie envahie par des nuées de chauves-souris, au ténébreux phare des disparus d’Eilean Mor perdu dans les îles Flannan, en passant par la sinistre forêt des suicidés d’Aokigahara au Japon ou la diabolique demeure coloniale du 112 Ocean Avenue à Amityville, chacun des quarante lieux recensés renferme une histoire aussi tourmentée que fascinante. Véritable manuel géographique de l’épouvante, cet atlas se feuillette d’une main fébrile, la peur au ventre…

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DES

maudits

13-X

Prix France : 25  ISBN : 978-2-0812-9552-0

Atlas lieux

Illustration : © Sibylle Le Carrer

Journaliste, passionné de voile, Olivier Le Carrer, arpente depuis trente ans tous les rivages de la planète. Il a écrit plusieurs ouvrages sur l’histoire de la cartographie et la navigation, en collaboration avec Sibylle Le Carrer, illustratrice.

OLIVIER LE CARRER

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Sommaire 6 Les risques du voyage Au cœur de la vieille Europe 10 Falaises d’Ault Au péril de la mer 14 Château de Montségur La synagogue de Satan 18 Roccasparviera Le village fantôme 20 Nuremberg L’écho sinistre des bruits de bottes Entre monde méditerranéen et Afrique australe 26 Oumaradi Les naufragés des sables 30 Charybde et Scylla Croisière à haut risque 34 Parc national de Kasanka L’invasion des chauves-souris 36 Vallée des Rois La malédiction d’Aton 40 Vallée de Siddim Un destin cataclysmique 42 Moriah et Golgotha Cauchemars spirituels 46 Kibera Cloaque non répertorié De la mer de Barents à l’océan Indien 52 Zapadnaya Litsa L’antichambre de l’enfer 54 Île Europa Cauchemar tropical 56 Golfe d’Aden Les damnés de la mer 60 Gour Emir Mausolée maléfique 62 Thilafushi Lagon empoisonné Autour du golfe du Bengale 68 Jharia Brasier souterrain 70 Plaine de Ream Un barrage contre le désespoir 74 Détroit de la sonde Le monstre Krakatoa

Entre l’Orient et l’Océanie 78 Houtman Abrolhos L’archipel du massacre 80 Aokigahara La forêt des suicides 82 Cap York Au pays des crocodiles tueurs 84 Takuu Un atoll en sursis 86 Nauru Ravagé par le phosphate D’une rive à l’autre de l’Amérique 90 Vague de Mavericks Un monstre au sang froid 92 Triangle du Nevada Menace dans le ciel 96 Mine d’or du Hollandais Le gisement du malheur 98 Tonina Le mystère des Mayas 100 Tippecanoe River La malédiction des Shawnees 102 Amityville L’antre du démon Dans les îles du Nouveau Monde 108 Cité Soleil Tous les maux de la Terre 110 Cap Horn Cauchemar de marin 114 Triangle des Bermudes Le royaume des énigmes 118 Île de Sable Un piège à bateaux sur l’Atlantique Sous le souffle de l’Atlantique 122 Plaine abyssale de Gambie Là où naissent les cyclones 124 Cumbre Vieja En attendant le tsunami 126 Cap Bojador La frontière du monde connu 130 Eilean Mor Le phare des disparus 132 Yeun Ellez Les marécages des damnés 134 Tiffauges Le château de Barbe-Bleue


10°

15°

Longitudes ouest

20°

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Longitudes est

7° 17’ E - 43° 53’ N

ROCCASPARVIERA Le village fantôme

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vec son panorama à couper le souffle, emporte une partie des maisons. D’autres secousses cette « roche à l’épervier » pourrait en 1612 et en 1618 finissent par détruire le village. En se passer de légende pour assurer sa 1723, le curé, dernier irréductible, quitte les lieux en renommée. Quel maléfice a dû frapper ce lieu abandonnant les ruines à leur solitude. pour que ses habitants fuient un panorama aussi Catastrophes naturelles ? Évidemment non, sublime ? Avant de le déserter, il leur avait fallu disent les conteurs lorsqu’ils évoquent l’épouvanconstruire ce drôle de village perché à plus de table nuit de Noël 1357. Quand la reine Jeanne, mille mètres d’altitude, à une heure de marche du souveraine de Naples, profite de l’hospitalité de son vassal et se rend pour la messe de minuit au hameau le plus proche par un sentier escarpé… bourg voisin de Coaraze. La seconde énigme ne connaît Avec Jeanne, mariée à huit guère de réponse ; tout juste Un diabolique ans et veuve à vingt, remasait-on que l’existence de Rocriée trois fois ensuite, rien ne casparviera remonte au moins inventaire se passe simplement tant elle au xiie siècle. Cent ans plus d’épidémies de peste, compte d’ennemis, y compris tard, on recense ici une église dans sa propre famille. Une et cent cinquante habitants. de renversements mauvaise surprise l’attend au Le château existait-il alors ? d’alliances retour : ses deux enfants asLes avis divergent, mais sa présassinés, leurs corps trônant sence est confirmée au siècle mettant en péril sur la table comme pour un suivant par le contrat d’inféola sécurité du lieu macabre souper. Quittant les dation établi au nom du sieur lieux le lendemain, folle de Marquesan, acquéreur de ce fief pour sept cents florins d’or. Bon an mal an, la douleur et de rage, non sans avoir incendié le châcommunauté grandit et finit par compter trois cent teau, elle aurait juré qu’à l’avenir « ni coq ni poule cinquante âmes. Et puis à l’aube du xve siècle tout se ne chanteront plus sur cette roche sanglante. » dégrade. Une invasion de sauterelles ravage les mo- La réalité des aventures de Jeanne en Provence destes cultures, entraînant une disette de plusieurs laisse planer le doute sur la chronologie de l’afannées. Un diabolique inventaire d’épidémies de faire, mais l’aridité des lieux et l’instabilité de peste, de renversements d’alliances mettant en péril la montagne auront fini par donner raison à la la sécurité du lieu de ruine du seigneur local est sui- légende, ne laissant subsister à flanc de rocher vi par un premier tremblement de terre en 1564 qui que ces ruines sinistres et magnifiques.

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Longitudes est

32° 36’ E - 25° 44’ N

VALLÉE DES ROIS La malédiction d’Aton

C

omment imaginer décor plus lumineux que cette nécropole toute simple, où l’ocre du rocher, chauffé par un soleil brûlant, contraste avec le bleu pâle d’un ciel sans nuages. On connaît des lieux plus sinistres et des morts moins bien lotis que ces grands d’Égypte, installés pour l’éternité dans leur majestueuse Vallée des Rois. Une éternité hélas très théorique compte tenu du zèle des pillards et des archéologues, sans parler de l’enthousiasme des touristes. Parmi les pharaons inhumés ici, à deux pas des fastes de Thèbes hier, des hôtels climatisés de Louxor aujourd’hui, l’un mérite une pensée toute particulière eu égard aux dérangements subis. Il s’agit de l’occupant du tombeau sobrement identifié KV62 – comme Kings Valley 62 – dans la terminologie officielle qui recense soixantequatre sépultures, dont vingt-sept royales. Ou plutôt faudrait-il dire l’ex-occupant ; car comme nombre de ses prédécesseurs et successeurs, l’infortuné Toutankhamon a été délogé sans ménagements de son petit mais richement meublé hypogée, sa momie achevant maintenant de se flétrir dans une vitrine du musée du Caire. Sombre destin que celui de ce souverain modeste au regard de l’histoire, devenu célèbre bien malgré lui : le mauvais œil ne l’aura jamais quitté, vivant puis mort, comme s’il devait expier indéfiniment la faute de son père, Amenhotep IV, alias Akhenaton, coupable

d’avoir voulu remplacer la religion des anciens par le culte d’Aton, le disque solaire. Né de l’union incestueuse de ce pharaon hérétique avec une de ses propres sœurs, le jeune Toutankhaton – son nom de naissance – souffrira toute sa courte vie de handicaps divers auxquels les habitudes de consanguinité du nouvel Empire ne sont manifestement pas étrangères. Doublé dans un premier temps pour l’accession au trône par sa demi-sœur Merytaton, il devient tout de même pharaon à neuf ans, et se trouve rapidement marié à une autre de ses demi-sœurs, Ankhesenpaaton. Union malheureuse, au moins en ce qui concerne la descendance, les deux enfants du couple étant mort-nés. Suivant les avis de ses conseillers, il entreprend de restaurer le culte d’Amon, divinité incontournable de l’Égypte ancienne, et de prendre le nom de Toutankhamon – « l’image vivante d’Amon » – mais la postérité ne lui fera guère crédit de ce retour à la tradition. Lorsqu’il meurt, en 1327 avant notre ère, vraisemblablement d’une infection liée au paludisme, son nom reste associé à l’idolâtrie solaire de son père, en vertu de quoi les traces de son règne seront systématiquement effacées. Et peu importe que ce soit précisément lui qui ait renoncé à la ville d’Akhetaton, capitale entièrement vouée au culte d’Aton, pour revenir régner à Thèbes, puis à Memphis, berceau ancestral de l’Empire dans le delta du Nil…

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65°

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Longitudes est

73° 26’ E - 4° 11’ N

THILAFUSHI Lagon empoisonné

I

l semblerait que le paradis ne soit pas si différent du monde réel : il y faut toujours quelqu’un pour descendre les poubelles. Et quand les services de voirie se laissent déborder, on réalise avec horreur que c’est l’enfer. Ainsi va la vie, entre félicité béate et contraintes triviales, dans l’archipel des Maldives, considéré par les amateurs de cocotiers et d’eau cristalline comme l’une des plus convaincantes représentations terrestres du jardin d’Éden. On ne peut leur donner complètement tort : le divin semeur qui a éparpillé dans l’océan Indien ces vingt-six atolls – chacun d’eux abritant des dizaines d’îles – avait un sacré sens des formes et des couleurs. Sans oublier un esprit pratique dont se sont félicités les nombreux hôteliers séduits par le site à partir des années 1970. Ces langues de sable délicatement posées sur des lagons peu profonds et préservés des vagues sont en effet idéalement adaptées au farniente balnéaire d’une part, à l’installation des bungalows sur pilotis dont raffolent les touristes d’autre part. Une centaine d’îles-hôtels, concept typiquement local consistant à transformer une partie des mille huit cents îlots inhabités en complexes touristiques haut de gamme, ont ainsi fait la réputation du pays. La géographie insulaire facilite d’ailleurs la séparation des genres : les touristes logent dans les îles-hôtels et ne sont pas censés visiter celles où vivent les Maldiviens, qui eux ne doivent pas approcher les îles-hôtels, sauf s’ils y travaillent.

Chacun chez soi. Et pour plus du quart des Maldiviens, « chez soi » se trouve maintenant dans la capitale, Malé, où ces néo-citadins regrettent amèrement que le génial créateur n’ait pas un peu mieux anticipé les questions d’espace et de traitement des déchets. Sachant que la population a doublé au cours des trois dernières décennies, atteignant les quatre cent mille habitants, que l’archipel reçoit chaque année près de huit cent mille touristes, et que la petite île-capitale loge à elle seule plus de cent mille personnes sur moins de deux kilomètres carrés, le sujet commence à virer au cauchemar. Les autorités pensaient avoir trouvé la parade en 1992 avec une idée géniale : transformer l’îlot voisin – Thilafushi – en décharge. Idée malheureusement vite mise à mal par l’arithmétique. L’habitant moyen de Malé produisant chaque jour 2,8 kilogrammes de déchets – contre 0,7 kilogramme pour celui des autres îles et 4 à 7 kilogrammes pour un touriste –, la capitale doit acheminer chaque jour plus de trois cents tonnes de rebuts variés vers Thilafushi. Laquelle, malgré toute sa bonne volonté, ne peut digérer ces volumes beaucoup trop importants pour une modeste bande de terre en forme de boucle dont la largeur ne dépasse guère deux cents mètres. Cela fait donc plusieurs années que l’île déborde sous les ordures, malgré les efforts méritoires d’une escouade d’immigrés bangladais qui font de leur mieux pour en brûler

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DANS LES ÎLES DU NOUVEAU MONDE Cité Soleil Cap Horn Triangle des Bermudes Île de Sable


105°

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Longitudes ouest

92° O - 16° 54’ N

TONINA Le mystère des Mayas

Q

u’a-t-il bien pu se passer à l’aube du x e siècle dans cette cité, jadis influente, dont il ne reste plus aujourd’hui que des ruines ? Le mystère demeure, mais les archéologues sont formels. C’est ici, dans l’actuel État mexicain du Chiapas, que l’on a retrouvé et daté les dernières traces d’activité de la grande civilisation maya : des inscriptions et des stèles remontant très précisément à l’année 909. Nul ne sait dire quels événements se sont ensuite produits. Comment cette place importante qui comptait treize temples, huit palais, et s’était montrée plus résistante que ses prestigieuses voisines de Palenque, Tikal ou Bonampak, a fini, elle aussi, par s’éteindre brutalement ? Entre 909 et 1808, date à laquelle les vestiges de la cité firent l’objet d’une première description complète par Guillermo Dupaix, officier d’origine française aux ordres du roi d’Espagne Carlos IV, un vide dérangeant de neuf siècles… Les conquistadors espagnols, dont on connaît la délicatesse à l’égard des populations indiennes de la Méso-Amérique, n’ont pour une fois pas grand-chose à se reprocher : à leur arrivée au tout début du xvie siècle, Tonina était déjà abandonnée depuis longtemps. Pas détruite, comme le veut la déplorable coutume chère aux guerriers conquérants comme aux cataclysmes naturels. Non, seulement abandonnée, puis dévorée par la forêt équatoriale. Comme si les habitants avaient décidé un beau matin d’envoyer promener la royauté sacrée et le concept de cité-

État, piliers jusqu’alors de leur système politique et qu’il convenait sans plus tarder de quitter les lieux pour refaire sa vie ailleurs… Les accidents climatiques diagnostiqués pour cette période par les scientifiques (une trentaine d’années de sécheresse, au tournant du ixe et du xe siècle) y sont-ils pour quelque chose ? Le déséquilibre entre l’évolution démographique et la dégradation des terres cultivables est-il à l’origine de ce drame ? Mais comment expliquer alors qu’une société si bien structurée ne se soit pas réorganisée de façon comparable sur un autre site mieux adapté ? On peut bien sûr chercher une clé dans le mythique calendrier maya, système à peine plus complexe à manipuler que les unités de Planck ou la chromodynamique quantique. L’honnêteté oblige cependant à souligner les aléas d’une telle quête, seuls quelques maniaques millénaristes parvenant à voir des promesses de fin du monde, précisément aux bonnes dates, dans cet ensemble pour le moins ésotérique. Il faut donc se satisfaire de questions sans réponses en contemplant les émouvantes vieilles pierres de Tonina, noyées dans la verdure à quelques kilomètres de la ville d’Ocosingo. Et guetter les clins d’œil du passé, comme cette découverte en 2010 d’un sarcophage de plus de mille ans. En appréciant à sa juste valeur le singulier pied de nez de cette civilisation perdue : l’une des seules de l’histoire de l’humanité à avoir su tenir en échec des générations de chercheurs.

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Longitudes ouest

64° 46’ O - 32° 17’ N

TRIANGLE DES BERMUDES Le royaume des énigmes

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es mauvaises langues ont tendance à dire aujourd’hui que ce qui disparaît le plus facilement à proximité des Bermudes, c’est l’argent, la « petite Suisse de l’Atlantique » faisant preuve d’une remarquable inventivité en tant que paradis fiscal. On serait ainsi toujours sans nouvelles des quelques milliards d’euros transférés dans l’archipel par Google Europe. Mais on sait qu’il ne faut pas écouter les mauvaises langues ni plaisanter avec les catastrophes aériennes et les drames de la mer. Et, en matière de drames, ce « triangle » maritime, calé entre Bermudes, Floride et Porto Rico, a reçu plus que sa part. À commencer par l’énigmatique affaire du vol 19, une escadrille de cinq chasseurs de l’US Navy, volatilisée le 5 décembre 1945 au nord des îles Bahamas. Au départ, une simple sortie d’entraînement : les TBF Avenger décollent en début d’aprèsmidi de Fort Lauderdale pour un exercice de bombardement au large. À 18 h 4, la tour de contrôle capte une ultime communication du chef d’escadrille : « Serrez bien la formation… Nous allons devoir amerrir… Dès qu’un avion aura sa jauge en dessous de dix gallons, on descendra tous ensemble. » Et puis plus rien. On ne retrouvera aucune trace, ni des appareils ni de leurs quatorze hommes d’équipage. L’enquête établira que l’escadrille avait tourné en rond une partie de l’après-midi, visiblement perdue, avant de se retrouver à court de carburant et de

tenter un amerrissage. La tragédie ne s’arrête pas là : l’hydravion Catalina envoyé en début de soirée pour porter secours au vol 19, avec treize personnes à son bord, ne reviendra jamais, lui non plus. Trois ans plus tard, deux avions transportant des passagers disparaissent tout aussi mystérieusement, l’un peu avant d’atterrir aux Bermudes, l’autre en approche de Miami. D’autres accidents aériens se produisent les années suivantes, jusqu’en 1963 où le naufrage du Sulphur Queen, navire de cent cinquante-trois mètres embarquant trente-neuf marins, dans le détroit de Floride fait monter la pression d’un cran. En février 1964, le journaliste américain Vincent Gaddis publie dans le magazine populaire Argosy un article décrivant pour la première fois la malédiction de ce qu’il nomme le triangle des Bermudes. On commence à faire l’inventaire des nombreux accidents survenus dans la zone au fil des précédentes décennies. Au total, quatre-vingts disparitions d’avions, cent quatrevingt-dix naufrages auraient été recensés en un siècle, et pas des moindres. Le prestigieux Joshua Slocum lui-même, premier homme à boucler un tour du monde en solitaire à la voile, n’a-t-il pas disparu dans ces parages en novembre 1909 ? On évoque toutes sortes d’hypothèses, des plus rationnelles aux plus audacieuses : anomalie magnétique perturbant les compas, complot gouvernemental ou fomenté par une puissance étrangère, trou spatiotemporel, intervention d’extraterrestres, influence

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Atlas lieux maudits DES

ATLAS DES LIEUX MAUDITS

Par delà les continents et les océans, l’Atlas des lieux maudits dresse un inventaire inédit des contrées les plus infréquentables de la planète. De la réserve naturelle de Kasanka en Zambie envahie par des nuées de chauves-souris, au ténébreux phare des disparus d’Eilean Mor perdu dans les îles Flannan, en passant par la sinistre forêt des suicidés d’Aokigahara au Japon ou la diabolique demeure coloniale du 112 Ocean Avenue à Amityville, chacun des quarante lieux recensés renferme une histoire aussi tourmentée que fascinante. Véritable manuel géographique de l’épouvante, cet atlas se feuillette d’une main fébrile, la peur au ventre…

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Illustration : © Sibylle Le Carrer

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