Brassaï, pour l'amour de Paris

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P O U R L’A M O U R D E P A R I S « J’étais à la recherche de la poésie du brouillard qui transforme les choses, de la poésie de la nuit qui transforme la ville, la poésie du temps qui transforme les êtres… » Au soir de sa vie, Brassaï confesse que Paris demeure au cœur de sa réflexion, le fil rouge de son œuvre, une source d’inspiration inépuisable. À ce Paris vécu qu’il découvre tout enfant dans les années 1900, cette ville où il s’installe en 1924, après des études d’art à Berlin, et qu’il parcourt sans cesse lors de ses déambulations nocturnes, se superpose le Paris éternel, qu’il sublime et dont il propose une vision très personnelle, capturant « l’esprit » de chacun de ses quartiers : la foule élégante de la rue de Rivoli, les badauds devant les magasins des Grands Boulevards, les charbonniers le long de la Seine à Bercy, mais aussi la majesté des monuments prestigieux, en particulier Notre-Dame et ses gargouilles qu’il traque de jour comme de nuit…

BRASSAI

Autoportrait, non daté

Prix France : 35  ISBN : 9782081300910

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P O U R L’A M O U R D E PA R I S

BRASSAI

Flammarion

1899 Gyula Halász naît le 9 septembre à Brassó (Brasov), en Transylvanie, dans la partie roumaine de la Hongrie d’alors. 1903-1904 Premier séjour en France où son père bénéficie d’une année sabbatique. 1917-1918 Sert dans la cavalerie austro-hongroise lors de la Première Guerre mondiale. 1918-1919 Suit les cours de l’Académie des beaux-arts de Budapest auprès de Mattis-Teutsch. 1921-1922 Se rend à Berlin pour suivre les cours de l’Académie des beaux-arts ; il y obtient son diplôme avant de fréquenter des académies libres où il rencontre le cercle d’artistes qui deviendront ses amis : Moholy-Nagy, Kokoschka, Kandinsky, Tihanyi mais aussi Varèse. Il dessine, grave mais surtout met en place sa démarche artistique et intellectuelle en se donnant Goethe comme maître à penser. 1924 Arrive à Paris en janvier et ne retournera plus jamais dans son pays natal ; parlant le hongrois et l’allemand, il se met à l’étude du français, ayant fait le choix de s’installer en France. Pour vivre, il devient journaliste et collabore avec un journal hongrois et des magazines allemands tandis qu’il occupe ses soirées au milieu de la colonie d’artistes, hongrois ou allemands principalement, qui fait les beaux jours de Montparnasse. 1925 Rencontre l’écrivain Henri Michaux ainsi qu’Eugène Atget, dont il admire le travail photographique. 1933 Pour le compte du Minotaure et d’Albert Skira, il collabore avec André Breton, Paul Eluard, Robert Desnos, Salvador Dalí, etc. Pratiquement chaque livraison de la revue présente soit un article, soit des travaux photographiques de Brassaï, soit les deux. Première exposition personnelle à la Batsford Gallery de Londres. Séjourne sur la Riviera avec ses parents et son plus jeune frère ; il y photographie le jardin exotique de Monte-Carlo et le monde minéral. Publie Paris de nuit. 1934 Poursuit ses études de mœurs pour les magazines, mais aussi pour une presse plus spécialisée qui lui demande parfois de mettre en scène des situations (Détective, Paris-Soir, Paris Tabou). Rencontre à Londres Bill Brandt qui devient l’un de ses plus proches amis. 1935 Emménage dans le XIVe arrondissement de Paris qui lui sert de point de départ pour toutes ses investigations photographiques ; installe son laboratoire dans son appartement. Confie la diffusion de ses images à son ami hongrois Charles Rado, qui part vivre à New York pendant la guerre et demeurera son agent. Engage Émile Savitry comme assistant et acquiert un Rolleiflex. Rencontre Matisse dont il fait les premiers portraits. 1937 Débute sa collaboration avec les directeurs artistiques Carmel Snow et Alexis Brodovitch pour Harper’s Bazaar, collaboration qui durera plus de vingt-cinq ans. Collabore à de nombreux magazines et revues français et étrangers : Vu, Verve, Labyrinthe, Coronet, Réalités, où il publie textes et photographies. 1939 À la demande de Matisse, exécute une série de Nus à l’atelier puis réalise pour Life une série sur Picasso à l’atelier. 1940-1942 Part en exode avec les frères Prévert et une partie de leur groupe qui se retrouvent à Cannes, mais Brassaï décide bientôt de rentrer à Paris pour retrouver ses négatifs. Refuse de demander une autorisation aux Allemands pour travailler et rejette une invitation à émigrer aux États-Unis. Sur les conseils de Picasso, il reprend le dessin. 1943 Écrit Bistro-tabac qui évoque les absurdités du temps de l’Occupation. Picasso lui demande de photographier ses sculptures dans son atelier, ce qu’il fera jusqu’en 1946 ; il note leurs échanges qui paraîtront sous le titre de Conversations avec Picasso. 1944 Mort de son plus jeune frère pendant la campagne de Russie. 1945 Expose ses dessins à la galerie Renou et Colle. Réalise en photographie les décors du ballet Le Rendez-vous de Jacques Prévert. 1947 Réalise le décor photographique de la pièce de Raymond Queneau En passant. 1948 Épouse Gilberte Boyer. Écrit Histoire de Marie, préfacée par Henry Miller. Il séjourne dorénavant une partie de l’année dans l’arrière-pays niçois. 1949 Naturalisé français. Réalise le décor photographique de la pièce d’Elsa Triolet D’amour et d’eau fraîche. Publie Les Sculptures de Picasso. 1949-1950 Voyage pour le compte de Harper’s Bazaar à travers les pays d’Europe et le continent américain. 1950 Réalise les décors de Phèdre, ballet de Jean Cocteau. 1952 Mort de sa mère. Publication de sa première monographie par l’éditeur français Robert Delpire et première exposition personnelle de ses photographies en France, à Nancy. 1956 Réalise son unique court métrage, Tant qu’il y aura des bêtes, qui est primé à Cannes. Edward Steichen réalise pour le Museum of Modern Art de New York son exposition Graffiti. 1957 Premier voyage aux États-Unis où il photographie la Louisiane en couleurs pour le compte du magazine Holiday. Fait la connaissance de Robert Frank et Walker Evans. 1958 L’Unesco lui commande un long panneau photographique pour représenter cette discipline dans les bâtiments parisiens. 1960 Exposition de sculptures et de dessins à la galerie Pont-Royal, à Paris. Termine les textes et la maquette de son livre Graffiti. 1961 Débute la rédaction de Conversations avec Picasso. 1962 Expose ses « Graffiti » à la galerie Daniel Cordier. 1963 Exposition rétrospective à la Bibliothèque nationale. 1964-1965 Publie Conversations avec Picasso, qui sera traduit dans une vingtaine de pays. 1967 Expose les « Transmutations » à la galerie Les Contards, à Lacoste. Se lance dans ses premières tapisseries sur le thème des graffiti. 1968 Expose ses sculptures, dessins et gravures à la galerie du Pont des Arts. Le MoMA, à New York, lui consacre une rétrospective. Mort de son père. Début de la rédaction d’un essai sur Henry Miller. 1971 Exposition de graffiti couleurs à la galerie Rencontre. Il reçoit une commande de l’État français pour une tapisserie réalisée à partir des graffiti. 1972 Exposition de dessins, sculptures et d’une tapisserie à la galerie Verrière, à Lyon. 1973 Nouveau long voyage aux États-Unis (Washington et Californie). 1974 Invité d’honneur des Rencontres internationales de la photographie, à Arles. 1975 Publie Henry Miller grandeur nature, bientôt suivi de Henry Miller, rocher heureux. 1976 Publie chez Gallimard son Paris secret des années 30. Il est élevé à la dignité de chevalier de la Légion d’honneur. 1977 Conférence au MIT de Cambridge et à la Columbia University. Publie Paroles en l’air. 1978 Reçoit le Grand Prix national de la photographie. 1982 Parution des Artistes de ma vie. 1983 Reçoit le Prix de la Société des gens de lettres pour ce dernier ouvrage. 1984 Termine son ouvrage sur Proust. Meurt en juillet à Beaulieu-sur-Mer.

Flammarion

13-XI

BIOGRAPHIE

Agnès de Gouvion Saint-Cyr

BRASSAI P O U R L’A M O U R D E PA R I S Flammarion


Le PARIS de Marcel Proust

BRASSAI page de gauche

Christian Bérard masqué, septembre 1946 Marie-Laure de Noailles, fin des années 1940


n

page de gauche

Enfants, vers 1930 Enfant à la péniche, 1930

BRASSAÏ LE PARIS DE MARCEL PROUST n

31


n

Le colleur d’affiches, 1948 page de droite

Marlene Dietrich, 1937

BRASSAÏ POUR L’AMOUR DE PARIS n 60


« La magie », 1930-1950 « Masques et visages », 1930-1950 page de droite

« Masques et visages », 1930-1950 « La magie », 1930-1950


page de gauche

La fille au billard, 1932 Kiki de Montparnasse, 1932 Kiki de Montparnasse et ses amies, 1932


n

Le pont du Carrousel, 1936 Le pont au Change, 1935 page de droite

Le Pont-Neuf, 1936

BRASSAÏ LE PARIS DES ANNÉES FOLLES n

163


n

BRASSAÏ POUR L’AMOUR DE PARIS n 194

Picasso rue des Grands-Augustins, 1939-1940 page de droite

Les pantoufles, rue des Grands-Augustins, 1943


P O U R L’A M O U R D E P A R I S « J’étais à la recherche de la poésie du brouillard qui transforme les choses, de la poésie de la nuit qui transforme la ville, la poésie du temps qui transforme les êtres… » Au soir de sa vie, Brassaï confesse que Paris demeure au cœur de sa réflexion, le fil rouge de son œuvre, une source d’inspiration inépuisable. À ce Paris vécu qu’il découvre tout enfant dans les années 1900, cette ville où il s’installe en 1924, après des études d’art à Berlin, et qu’il parcourt sans cesse lors de ses déambulations nocturnes, se superpose le Paris éternel, qu’il sublime et dont il propose une vision très personnelle, capturant « l’esprit » de chacun de ses quartiers : la foule élégante de la rue de Rivoli, les badauds devant les magasins des Grands Boulevards, les charbonniers le long de la Seine à Bercy, mais aussi la majesté des monuments prestigieux, en particulier Notre-Dame et ses gargouilles qu’il traque de jour comme de nuit…

BRASSAI

Autoportrait, non daté

Prix France : 35  ISBN : 9782081300910

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P O U R L’A M O U R D E PA R I S

BRASSAI

Flammarion

1899 Gyula Halász naît le 9 septembre à Brassó (Brasov), en Transylvanie, dans la partie roumaine de la Hongrie d’alors. 1903-1904 Premier séjour en France où son père bénéficie d’une année sabbatique. 1917-1918 Sert dans la cavalerie austro-hongroise lors de la Première Guerre mondiale. 1918-1919 Suit les cours de l’Académie des beaux-arts de Budapest auprès de Mattis-Teutsch. 1921-1922 Se rend à Berlin pour suivre les cours de l’Académie des beaux-arts ; il y obtient son diplôme avant de fréquenter des académies libres où il rencontre le cercle d’artistes qui deviendront ses amis : Moholy-Nagy, Kokoschka, Kandinsky, Tihanyi mais aussi Varèse. Il dessine, grave mais surtout met en place sa démarche artistique et intellectuelle en se donnant Goethe comme maître à penser. 1924 Arrive à Paris en janvier et ne retournera plus jamais dans son pays natal ; parlant le hongrois et l’allemand, il se met à l’étude du français, ayant fait le choix de s’installer en France. Pour vivre, il devient journaliste et collabore avec un journal hongrois et des magazines allemands tandis qu’il occupe ses soirées au milieu de la colonie d’artistes, hongrois ou allemands principalement, qui fait les beaux jours de Montparnasse. 1925 Rencontre l’écrivain Henri Michaux ainsi qu’Eugène Atget, dont il admire le travail photographique. 1933 Pour le compte du Minotaure et d’Albert Skira, il collabore avec André Breton, Paul Eluard, Robert Desnos, Salvador Dalí, etc. Pratiquement chaque livraison de la revue présente soit un article, soit des travaux photographiques de Brassaï, soit les deux. Première exposition personnelle à la Batsford Gallery de Londres. Séjourne sur la Riviera avec ses parents et son plus jeune frère ; il y photographie le jardin exotique de Monte-Carlo et le monde minéral. Publie Paris de nuit. 1934 Poursuit ses études de mœurs pour les magazines, mais aussi pour une presse plus spécialisée qui lui demande parfois de mettre en scène des situations (Détective, Paris-Soir, Paris Tabou). Rencontre à Londres Bill Brandt qui devient l’un de ses plus proches amis. 1935 Emménage dans le XIVe arrondissement de Paris qui lui sert de point de départ pour toutes ses investigations photographiques ; installe son laboratoire dans son appartement. Confie la diffusion de ses images à son ami hongrois Charles Rado, qui part vivre à New York pendant la guerre et demeurera son agent. Engage Émile Savitry comme assistant et acquiert un Rolleiflex. Rencontre Matisse dont il fait les premiers portraits. 1937 Débute sa collaboration avec les directeurs artistiques Carmel Snow et Alexis Brodovitch pour Harper’s Bazaar, collaboration qui durera plus de vingt-cinq ans. Collabore à de nombreux magazines et revues français et étrangers : Vu, Verve, Labyrinthe, Coronet, Réalités, où il publie textes et photographies. 1939 À la demande de Matisse, exécute une série de Nus à l’atelier puis réalise pour Life une série sur Picasso à l’atelier. 1940-1942 Part en exode avec les frères Prévert et une partie de leur groupe qui se retrouvent à Cannes, mais Brassaï décide bientôt de rentrer à Paris pour retrouver ses négatifs. Refuse de demander une autorisation aux Allemands pour travailler et rejette une invitation à émigrer aux États-Unis. Sur les conseils de Picasso, il reprend le dessin. 1943 Écrit Bistro-tabac qui évoque les absurdités du temps de l’Occupation. Picasso lui demande de photographier ses sculptures dans son atelier, ce qu’il fera jusqu’en 1946 ; il note leurs échanges qui paraîtront sous le titre de Conversations avec Picasso. 1944 Mort de son plus jeune frère pendant la campagne de Russie. 1945 Expose ses dessins à la galerie Renou et Colle. Réalise en photographie les décors du ballet Le Rendez-vous de Jacques Prévert. 1947 Réalise le décor photographique de la pièce de Raymond Queneau En passant. 1948 Épouse Gilberte Boyer. Écrit Histoire de Marie, préfacée par Henry Miller. Il séjourne dorénavant une partie de l’année dans l’arrière-pays niçois. 1949 Naturalisé français. Réalise le décor photographique de la pièce d’Elsa Triolet D’amour et d’eau fraîche. Publie Les Sculptures de Picasso. 1949-1950 Voyage pour le compte de Harper’s Bazaar à travers les pays d’Europe et le continent américain. 1950 Réalise les décors de Phèdre, ballet de Jean Cocteau. 1952 Mort de sa mère. Publication de sa première monographie par l’éditeur français Robert Delpire et première exposition personnelle de ses photographies en France, à Nancy. 1956 Réalise son unique court métrage, Tant qu’il y aura des bêtes, qui est primé à Cannes. Edward Steichen réalise pour le Museum of Modern Art de New York son exposition Graffiti. 1957 Premier voyage aux États-Unis où il photographie la Louisiane en couleurs pour le compte du magazine Holiday. Fait la connaissance de Robert Frank et Walker Evans. 1958 L’Unesco lui commande un long panneau photographique pour représenter cette discipline dans les bâtiments parisiens. 1960 Exposition de sculptures et de dessins à la galerie Pont-Royal, à Paris. Termine les textes et la maquette de son livre Graffiti. 1961 Débute la rédaction de Conversations avec Picasso. 1962 Expose ses « Graffiti » à la galerie Daniel Cordier. 1963 Exposition rétrospective à la Bibliothèque nationale. 1964-1965 Publie Conversations avec Picasso, qui sera traduit dans une vingtaine de pays. 1967 Expose les « Transmutations » à la galerie Les Contards, à Lacoste. Se lance dans ses premières tapisseries sur le thème des graffiti. 1968 Expose ses sculptures, dessins et gravures à la galerie du Pont des Arts. Le MoMA, à New York, lui consacre une rétrospective. Mort de son père. Début de la rédaction d’un essai sur Henry Miller. 1971 Exposition de graffiti couleurs à la galerie Rencontre. Il reçoit une commande de l’État français pour une tapisserie réalisée à partir des graffiti. 1972 Exposition de dessins, sculptures et d’une tapisserie à la galerie Verrière, à Lyon. 1973 Nouveau long voyage aux États-Unis (Washington et Californie). 1974 Invité d’honneur des Rencontres internationales de la photographie, à Arles. 1975 Publie Henry Miller grandeur nature, bientôt suivi de Henry Miller, rocher heureux. 1976 Publie chez Gallimard son Paris secret des années 30. Il est élevé à la dignité de chevalier de la Légion d’honneur. 1977 Conférence au MIT de Cambridge et à la Columbia University. Publie Paroles en l’air. 1978 Reçoit le Grand Prix national de la photographie. 1982 Parution des Artistes de ma vie. 1983 Reçoit le Prix de la Société des gens de lettres pour ce dernier ouvrage. 1984 Termine son ouvrage sur Proust. Meurt en juillet à Beaulieu-sur-Mer.

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BIOGRAPHIE

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BRASSAI P O U R L’A M O U R D E PA R I S Flammarion


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