Haute joaillerie et objets précieux par Cartier Flammarion
Flammarion, SA 87, quai Panhard et Levassor 75647 Paris Cedex 13 France editions.flammarion.com styleetdesign-flammarion.com
Haute joaillerie et objets précieux par
L’Odyssée d’un style f r a n ç o i s c h a i ll e
Flammarion
Sommaire 8
II n nt t rod rod uc uc t t ion ion
Parcours d’un style
28
Afrique
nature et et noblesse noblesse nature
74
Villes
architectures architectures précieuses précieuses
108
PanthèreS
l’élégance l’élégance souveraine souveraine
132
Orient
mirages mirages et et formes formes pures pures
158
Inde
fastes fastes et et ferveur ferveur
204
OrchidéeS la fleur fleur parure parure la
224
Chine
puissance puissance et et délicatesse délicatesse
AFRIQUE
Dans ce voyage en Afrique, tourmaline, obsidienne et diamants bruns font vibrer de profondes correspondances avec les ocres de la terre. 38
Collier — or gris, 1 tourmaline orange coussin de 21,13 carats, 1 quartz rutile taille cabochon, boules grenat mandarin, boules diamant brun, obsidienne, brillants.
Page de droite (dĂŠtail en atelier) et double page suivante
112
Belle, élégante, mystérieuse, mais aussi extrêmement douée pour l’art et les affaires, énergique et autoritaire, Jeanne Toussaint est surnommée « la panthère ». Au lendemain de la première guerre mondiale, tombé amoureux de cette jeune femme fascinante de trente ans, amie intime de Coco Chanel pour qui elle conçoit de précieux sacs à main, Louis Cartier l’engage à ses côtés. En 1933, elle est nommée à la tête du département Haute Joaillerie de Cartier. Elle reprend les rênes de la Maison parisienne à la mort de Louis, en 1942, pour la diriger durant un quart de siècle. Lors de la seconde guerre mondiale, elle sauve les joyaux laissés en dépôt chez Cartier par certains clients – un véritable trésor – en les transférant clandestinement à Biarritz. À la même époque, elle imagine le motif de l’ « oiseau en cage » – évidente évocation de la France occupée – repris sur des broches et des breloques. Cette provocation lui vaut d’être arrêtée quelques jours, le temps que son amie Chanel parvienne à obtenir sa libération. « La panthère » aime la nature et demande aux dessinateurs de la Maison de s’en inspirer largement. De magnifiques joyaux figurant des fleurs ou des animaux ornent dès lors les célébrités du temps, qui sont aussi ses amies et ont pour nom la duchesse de Windsor, Barbara Hutton, Daisy Fellowes, Mona Bismark ou la princesse Nina Dyer…
Dessin pour un nécessaire panthère réalisé en or, émail, émeraudes, rubis et diamants, Cartier Paris, 1926. Page de droite Sélection de dessins sur le thème félin : broches panthère exécutées en platine, diamants, onyx et émeraudes en 1966 et 1967 ; broche tigre exécutée par la Maison Cartier en 1964. De haut en bas et de gauche à droite, la marquise Luisa Casati, fidèle cliente de la Maison et personnalité centrale du milieu mondain et avant-garde de Paris dans les années 1920 ; la duchesse de Windsor portant son bracelet tigre lors d’un gala au Lido à Paris, 1959 ; Barbara Hutton et sa broche tigre en diamants jonquille, onyx et or jaune créée en 1957 ; illustration signée René Bouché parue dans le numéro de Vogue de mai 1955, représentant la duchesse de Windsor avec son face-à-main tigre créé par Cartier en 1954 (dessin à gauche, photo à droite). Ci-dessus
Haute joaillerie et objets précieux par Cartier
PA N T H è R E S
Jeanne Toussaint
113
PA N T H È R E S
118
Ci-dessus
Bracelet — platine, onyx, œil émeraude, brillants.
Page de droite
Bracelet — platine, onyx, œil émeraude, brillants.
ORIENT
152
Pendants d’oreilles — or gris, 2 aigues-marines taille briolette pour 32,87 carats, diamants bruns, émail plique-à-jour, brillants. page de droite Collier — or gris, 1 aigue-marine éventail de 31,59 carats, diamants bruns, tourmalines de Paraïba, boules quartz fumé, émail plique-à-jour, brillants. Ci-dessus
Inde
fastes et ferveur
La fleur parure
Ce charme de l’orchidée, qui envoûte et obsède, a depuis toujours déchaîné des passions de chasseurs et de collectionneurs, prêts à donner beaucoup pour elles : l’orchidomania s’est emparée de riches amateurs au xixe siècle. Dont deux prestigieux clients de Cartier : l’impératrice Eugénie dépense dix-huit mille francs pour un cattleya trianae ; le roi Léopold II de Belgique fait bâtir à Laeken des serres abritant la plus belle collection d’orchidées au monde, et c’est parmi elles qu’il s’éteint en 1909.
or c hi d é es
Les orchidées perdues
Il existe encore des chasseurs d’orchidées. Sans doute faudrait-il leur conseiller de partir à la recherche des plus inestimables, dont l’existence est attestée mais qui ont disparu : deux grosses orchidées en trois dimensions mais stylisées, en pavage de diamants clouté d’onyx et monté sur platine. Deux fleurs très précieuses, en principe impérissables, qu’on doit porter en même temps qu’un bandeau-peigne en écaille dans les cheveux. Ces bijoux de tête signés Cartier ont été conçus par le joaillier en 1925, puis présentés sur son stand de l’Exposition internationale des Arts décoratifs de Paris. Il n’en reste aujourd’hui qu’un beau
208
Ci-dessus Broche orchidée, or gris, améthystes, aigues-marines, clous émaillés bleu pâle et mauve entre les pierres, Cartier Paris, commande de 1937. Page de droite L’actrice Marlene Dietrich par Cecil Beaton en 1935 et dont la légende d’Hollywood affirme qu’elle exigeait de son coiffeur de la poudre d’or pour accentuer les reflets blonds et dorés de sa chevelure. Elle choisit notamment de porter de la Maison un bracelet de 1930 en argent et aux trois rangs de boules d’or.
or c hi d é es
220
Ci-dessus et page de droite (détail en atelier de glyptique)
Boîte — or jaune, 1 améthyste sculptée, diamants jaunes, brillants.
CHINE
Le goût de la Chine
En Europe, le goût de la Chine est longtemps un rêve. Celui qu’ont distillé auprès de lecteurs médusés les récits fabuleux de Marco Polo à la fin du xiiie siècle et du pseudo Sir John Mandeville au siècle suivant, tous deux tissus de mensonges propres à terrifier autant qu’à émerveiller. Deux siècles plus tard, les missionnaires jésuites en Chine, au premier rang desquels Matteo Ricci, font connaître à l’Occident la civilisation chinoise, en particulier les préceptes de Confucius. Mais il faut attendre le xviie siècle et la création des grandes compagnies maritimes pour que l’Europe goûte enfin aux délices et vertus du thé, tout en découvrant les beautés raffinées de la porcelaine et du laque. La soie, quant à elle, parcimonieusement importée par des pistes incertaines, est connue depuis l’Antiquité. Bientôt fleurissent les chinoiseries, pastiches parfois admirables : peintures de Watteau, de Boucher, de Tiepolo, décors de palais qui se doivent de posséder leur salon ou cabinet chinois, « fabriques » ou « folies » de jardins dits « anglais » qui évoquent, avec plus de fantaisie que de vérité, l’architecture du « Céleste Empire ». À Postdam, dans le parc de son palais de Sans-Souci, Frédéric II fait élever un « Pavillon chinois », un « Pavillon du thé », un « Temple du dragon »… Dans son extraordinaire jardin anglo-chinois qu’il baptise « Désert de Retz », François Racine de Montville bâtit en 1777 la première maison d’habitation chinoise en Europe, cette fois assez proche de la réalité, où il vit durant quatre ans. Ces reconstitutions se poursuivent longtemps encore. À Paris, en 1925, Ching Tsai Loo, marchand d’art asiatique, transforme un hôtel particulier de la plaine Monceau en pagode chinoise et y abrite sa galerie fréquentée par les collectionneurs français… dont Louis Cartier.
228 Estampe avec chinoiserie de Jean Pillement, xviiie siècle ; détail d’une gravure représentant la pagode dans les jardins botaniques royaux de Kew à Londres, xviiie siècle. Page de droite Sélection d’archives sur le thème chinois : extrait du registre de stock des broches, Cartier Paris 1883 ; nécessaire dragon exécuté en or, émail, onyx, émeraudes, diamants, Cartier Paris, 1926 ; nécessaire vase chinois, or, platine, émeraudes, saphirs, diamants, onyx, corail, émail couleur crème, rouge, blanc, vert, noir et jaune, à l’intérieur un miroir, un tube à rouge et deux compartiments avec couvercle, Cartier Paris, 1927 ; dessin pour un bracelet chimères, Cartier Paris, 1922 ; grande pendule magnétique chimère exécutée en marbre, argent, lapis-lazuli, néphrite, corail, nacre, émail et jade, Cartier Paris, 1929 ; dragon sculpté sur le toit du temple de Putuo du sud, Xianmen, Chine. Ci-dessus
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