Préface de Michel Hazanavicius
Il était une fois
HOLLYWOOD
Juliette Michaud
Juliette Michaud
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13-X
Flammarion
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Création Studio Flammarion
Avec plus de 300 photos et 600 films évoqués, avec des interviews inédites de ceux qui ont fait la légende, se trouvent ranimés le glamour et la créativité d’un Hollywood dont le style intemporel continue de séduire et d’influencer le monde.
Prix France : 39,90 € ISBN : 978-2-0813-0076-7
Michel Hazanavicius, auteur de la préface de cet ouvrage, est le réalisateur du film The Artist sorti en 2011.
Il était une fois
E
Flammarion
n 1914, Cecil B. DeMille tournait le premier long métrage de l’histoire d’Hollywood. Du cinéma muet qui bouleversa son temps au règne et à la chute de l’implacable Studio system, de Charlie Chaplin à Alfred Hitchcock et de George Cukor à Billy Wilder, de Greta Garbo à Marilyn Monroe et de Fred Astaire à Marlon Brando, d’Autant en emporte le vent à Lawrence d’Arabie et de Citizen Kane à Bonnie and Clyde, cet ouvrage, plus encore qu’un livre de référence, se veut une lettre d’amour à un cinéma unique, magique, inégalé.
Cent ans plus tard, l’âge d’or hollywoodien brille plus que jamais.
Juliette Michaud est une journaliste indépendante qui a longtemps été la correspondante française de Studio Magazine à Los Angeles. Elle est l’auteur du roman Junket : Les Tribulations de Juliette à Hollywood (Sonatine) paru en 2008.
Flammarion
En couverture : Marilyn Monroe, Tony Curtis et Jack Lemmon dans Certains l’aiment chaud. © United Artists / Album / akg-images
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Il était une fois
Sommaire préface de michel hazanavicius 7 l’âge de l’innocence 10
Entretien avec Lillian Gish 28 premières étoiles 32
Entretien avec Tippi Hedren 68 les usines à rêves 72
Entretien avec Shirley MacLaine 86 l’âge d’or des studios 92
Entretien avec Mickey Rooney 118 autant en emporte
1939
122
les sentiers de la gloire 142
Entretien avec Farley Granger 158 femmes fatales 162 hollywood quintessence 178
Entretien avec Kirk Douglas 202 tous en scène 208
Entretien avec Julie Andrews 228 la légende de l’Ouest 234
Entretien avec Ernest Borgnine 254 quelque chose doit craquer 260
Entretien avec Jane Fonda 282 index des films bibliographie
286
288
crédits photographiques
288
l’âge de
l’innocence Des innovations de D. W. Griffith au génie de Charlie Chaplin, des fresques babyloniennes à l’extase du gros plan : le cinéma muet dura moins de 20 ans, mais bouleversa le monde. « Faire des films devint comme une drogue1 », dira Cecil B. DeMille. Le premier long métrage hollywoodien, c’est lui. Il y a 100 ans ! Travelling sur tous ces pionniers du septième art, cette troupe de visionnaires qui inventèrent leur propre légende, et qui, au passage, révolutionnèrent une petite communauté bien tranquille nommée… Hollywood.
Le Kid (The Kid), Charles Chaplin, 1921.
1. The Autobiography of Cecil B. DeMille, Donald Hayne, Prentice-Hall Inc., 1959.
Ci-dessus : Ernst Lubitsch sur un tournage, 1929. Ci-contre en haut à gauche : Audrey Hepburn pendant une séance de maquillage lors du tournage de Comment voler un million de dollars (How to Steal a Million), William Wyler, 1965. Ci-contre en haut à droite : Alfred Hitchcock sur le tournage de Pas de printemps pour Marnie (Marnie), 1964. Ci-contre en bas à gauche : Buster Keaton se prépare à tourner son rôle dans le film Le Professeur (Speak Easily), Edward Sedgwick, 1932. Ci-contre en bas à droite : Séance de coiffure pour Marlene Dietrich pendant le tournage de Kismet, William Dieterle,1944.
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c’est un tourbillon enivrant, baroque, délirant et brossant tous les genres qui s’élève des cheminées de l’usine à rêves. D’autant que le parlant, s’il a d’abord enterré certains genres (comme le western qui va renaître dès cette décennie avec Raoul Walsh, John Ford et John Wayne, mais nous y reviendrons dans le chapitre dédié à l’Ouest), en a créé de nouveaux. Celui du film fantastique pour commencer : et de deux pour Universal, qui livre coup sur coup Dracula avec Bela Lugosi, et Frankenstein avec Boris Karloff. Tarzan, lui, trouve son meilleur interprète en l’ancien champion de natation Johnny Weissmuller. Avec Maureen O’Sullivan (mère de Mia Farrow dans la vie), ils forment un couple mythique. Début d’une série dont on aime chaque volet.
Ci-dessus en haut : Freaks, Tod Browning, 1932. Harry Earles (au milieu) et Olga Baclanova.
Ci-dessus en haut : Frankenstein, James Whale, 1931. Boris Karloff.
Ci-dessus en bas : Tarzan, l’homme singe (Tarzan the Ape Man), W. S. Van Dyke, 1932. Maureen O’Sullivan et Johnny Weissmuller.
Ci-dessus en bas : Dracula, Tod Browning, 1931. Bela Lugosi.
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Les Aventures de Robin des Bois (The Adventures of Robin Hood, 1938), du loup de mer de la Warner, Michael Curtiz, devient, lui, le modèle des aventures moyenâgeuses. Un bijou en couleur avec Errol Flynn (le rôle était au départ prévu pour James Cagney) qui reprend le flambeau des films de cape et d’épée. La douce et féminine Olivia de Havilland devient sa partenaire attitrée, même si le trublion Errol Flynn lui tape volontiers sur les nerfs. La couleur éclate. Becky Sharp de Rouben Mamoulian (1935) avec Miriam Hopkins, adapté du roman Vanity Fair de William Thackeray, est le premier long métrage en couleur utilisant le procédé technicolor trichrome. Le Britannique Michael Powell, à qui l’on doit l’un des plus beaux films en couleur de l’histoire du cinéma, Les Chaussons rouges (The Red Shoes, 1948), dira avoir été inspiré par l’éclat de Becky Sharp.
LES DÉBUTS DE L’EMPIRE WALT DISNEY En 1937, alors que Popeye est encore plus populaire que les aventures de Mickey, qui a déjà son journal, Walt Disney sort son premier dessin animé de long métrage en couleur, Blanche-Neige et les Sept Nains (Snow White and the Seven Dwarfs). À la première de ce film pour lequel son tenace créateur s’est battu sans relâche (coût de production : un million et demi de dollars à l’époque), toutes les stars de Hollywood se sont déplacées. Pour plus de réalisme, Disney le perfectionniste a utilisé de vrais acteurs comme modèles, et a fait apposer sur chaque cellulo une touche de fard, afin de rehausser la couleur des joues de Blanche-Neige. Walt Disney commence à bâtir son empire. Blanche-Neige et les Sept Nains (Snow White and the Seven Dwarfs), David Hand, 1937.
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Tout le monde aime W. C. Fields. Lui déteste tout le monde. Surtout les enfants, les femmes, les animaux. Ce comique unique en son genre cultive un personnage de bougon alcoolique et misogyne digne d’idôlatrie pour certains. Fields expose une autre facette de son génie (tout aussi croustillante) en incarnant au débotté (à la place de Charles Laughton) un truculent M. Micawber dans l’excellent David Copperfield de George Cukor (1935). Mae West pourrait presque être son pendant féminin. Le sexe en plus. Sa démarche la main sur la hanche et son verbe très haut ont contribué à accélérer la mise en place du code de censure. Mae West faisait déjà des siennes à Broadway. Elle aime les hommes, beaucoup d’hommes, elle n’est pas vraiment belle mais chaque centimètre de sa blondeur respire le péché. Elle est impayable, merveilleuse. « Quand je me conduis bien, je suis très bien, mais quand je me conduis mal, je suis encore mieux », susurre-t-elle. Est-ce parce que Cary Grant fait son apprentissage à ses côtés (Je ne suis pas
LA COMÉDIE S’ACCÉLÈRE En 1931, les spectateurs découvrent quatre passagers clandestins à bord d’un bateau… Groucho le pessimiste, Harpo le mime obsédé sexuel, Chico et ses fausses identités, Zeppo qui ne va pas tarder à se faire la malle. Monnaie de singe (Monkey Business) de Norman McLeod. Premier long des frères Marx. Après le départ de Zeppo, les Marx Brothers se surpassent en bouffonneries burlesques, inventant cet humour existentialiste qui sera plus tard le fonds de commerce de Woody Allen. La Soupe au canard (Duck Soup), Une nuit à l’opéra (A Night at the Opera), Un jour aux courses (A Day at the Races), Une nuit à Casablanca (A Night in Casablanca)… Un florilège ! Face à leur frénésie, Laurel et Hardy, qui sont arrivés au parlant en riant, continuent de faire se plier en deux des salles entières. Ils ont trouvé une parade flegmatique à l’hystérie ambiante et sont géniaux et touchants avec très peu de mots (Sous les verrous – Pardon Us – de James Parrott est leur premier long métrage). Le gros et le petit, c’est toi Laurel, c’est moi Hardy : saluons le tandem comique le plus célèbre de la planète.
un ange – I’m No Angel) qu’il aura toujours ce petit sourire en coin au-dessus de sa fossette dans le menton ?
DU BURLESQUE À LA COMÉDIE ROMANTIQUE Parallèlement, la comédie américaine trouve ses lettres de noblesse en raffinant le burlesque. Les anciens gagmen de Mack Sennett et Hal Roach, Frank Capra et Leo McCarey (complice des Marx Brothers) trouvent leur style et en créent un nouveau : la screwball comedy. Comprenez : lorsqu’un homme et une femme qui parlent très vite se chamaillent pendant une heure et demie pour mieux s’amouracher en chemin et tomber dans les bras l’un de l’autre à la fin. Fort du succès de La Grande Dame d’un jour (Lady for a Day) quelques mois plus tôt, Frank Capra nous offre en 1934 l’ancêtre du road movie : New York-Miami (It Happened One Night). Réunis par un trajet en bus, une héritière capricieuse et un journaliste à sensation se disputent en
Les Marx Brothers. En haut : Chico, Harpo, Groucho et « Samo » (Sam Wood), 1935.
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Ci-dessus : Les Sans-soucis (Pack Up Your Troubles), George Marshall, Raymond McCarey, 1932. Oliver Hardy et Stan Laurel.
Au milieu : Une nuit à l’opéra (A Night at the Opera), Sam Wood, 1935. Harpo, Chico et Groucho Marx.
Ci-contre : Affiche de Je ne suis pas un ange (I’m No Angel), Wesley Ruggles, 1933.
En bas : Affiche du film Monnaie de singe (Monkey Business), Norman Z. McLeod, 1931.
L’âge d’or des studios 103
LES COUPLES MYTHIQUES Si Ingrid Bergman et Humphrey Bogart sont en accord parfait dans Casablanca, les couples les plus mythiques des années de guerre le sont aussi dans la vie. En 1944, Humphrey Bogart et Lauren Bacall s’éprennent l’un de l’autre dans Le Port de l’angoisse (To Have and Have Not, de Howard Hawks). Bogie a rencontré « Slim » pour la première fois alors qu’il tournait avec Michèle Morgan Passage pour Marseille (Passage to Marseille). Les Bogart-Bacall sont mariés en 1945. En 1942, Spencer Tracy et Katharine Hepburn tournent la première de leurs neuf comédies ensemble : La Femme de l’année (Woman of the Year) de George Stevens. Tracy le catholique de souche irlandaise ne divorcera jamais de sa femme, mais son osmose avec Kate est telle que l’Amérique puritaine leur pardonnera de vivre leur idylle d’une vie en marge des conventions.
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Ci-contre à gauche : Le Port de l’angoisse (To Have and Have Not), Howard Hawks, 1944. Affiche du film et scène avec Lauren Bacall et Hoagy Carmichael.
Ci-dessus à gauche : Humphrey Bogart dans Le Port de l’angoisse (To Have and Have Not), Howard Hawks, 1944.
Ci-contre à droite : La Femme de l’année (Woman of the Year), George Stevens, 1942. Affiche du film et scène avec Katharine Hepburn et Spencer Tracy.
Ci-dessus à droite : Pour qui sonne le glas (For Whom the Bell Tolls), Sam Wood, 1943. Akim Tamiroff, Ingrid Bergman et Gary Cooper.
Les sentiers de la gloire 147
Femmes
fatales
Il y a celles qui les jouent à la perfection. Barbara Stanwyck, Lauren Bacall, Gene Tierney. Et puis il y a celles qui sont nées femmes fatales. Rita, Ava, Lana, sans oublier Veronica, Gloria, Ida : ces femmes-là ne vous laisseront jamais dormir en paix. Les séductrices ont toujours existé. Les femmes fatales sont nées à Hollywood. Pendant les années 1940, juste quand les hommes, pauvres créatures, pensaient que la guerre était finie.
Gilda, Charles Vidor, 1946. Rita Hayworth.
Ci-dessus et à droite : Chantons sous la pluie (Singin’ in the Rain), Stanley Donen, Gene Kelly, 1952. Cyd Charisse (ci-dessus) et Gene Kelly.
218 Il était une fois… hollywood
Autre tandem crépusculaire de l’Ouest : celui du réalisateur Budd Boetticher et son grand cow-boy sec Randolph Scott, qui tourneront sept westerns cultes aux intrigues anodines, aux personnages impassibles mais bavards, où bons et méchants jouent au poker avec les mêmes cartes. Des westerns teintés d’un étrange halo métaphysique comme Sept hommes à abattre (Seven Men from Now) ou L’Homme de l’Arizona (The Tall T). Rayon marginal, l’incendiaire Samuel Fuller (Le Jugement des flèches – Run of the Arrow, Quarante tueurs – Forty Guns) devrait aussi faire l’objet d’une petite danse du feu. Tout Hollywood s’est un jour ou l’autre confronté au western. Même Marlon Brando, qui connaîtra un fiasco en se mettant en scène dans La Vengeance aux deux visages (One-Eyed Jacks). Même un réalisateur sophistiqué comme Joseph L. Mankiewicz, qui fait mouche avec Le Reptile (There Was a Crooked Man…). Sans oublier toutes les comédies, et ce dès le muet, qui parodient allègrement le genre. La légende peut encaisser les coups. Dans l’un des chefs-d’œuvre atypiques de John Ford, L’Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance, 1962), James Stewart fait la vaisselle, et John Wayne est ce grand timide qui apporte des fleurs à Vera Miles. Le personnage du premier devient sénateur après avoir tué le bad guy Liberty Valance (Lee Marvin), mais le film nous apprend que c’est en fait John Wayne qui s’en est chargé. « Dans l’Ouest, lorsque la légende devient la réalité, il faut imprimer la légende », explique le directeur du Shinbone Star. Cette légende, c’est l’Italien Sergio Leone qui la dynamite Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari).
Ci-contre en haut à gauche : Tom Mix et son fameux cheval « Toni », vers 1920. Ci-contre en haut à droite : Butch Cassidy et le Kid (Butch Cassidy and the Sundance Kid), George Roy Hill, 1969. Paul Newman et Robert Redford. Ci-contre en bas à gauche : Seuls sont les indomptés (Lonely Are the Brave), David Miller, 1961. Kirk Douglas. Ci-contre en bas à droite : 3 h 10 pour Yuma (3:10 to Yuma), Delmer Daves, 1957. Van Heflin et Glenn Ford. En haut : Little Big Man, Arthur Penn, 1970. Dustin Hoffman. En bas : Bronco Apache (Apache), Robert Aldrich, 1954. Burt Lancaster et Jean Peters.
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La légende de l’Ouest 251
Ci-dessus : Lawrence d’Arabie (Lawrence of Arabia), David Lean, 1962. Peter O’Toole et Omar Sharif. Ci-contre : Le Docteur Jivago (Doctor Zhivago), David Lean, 1965. Julie Christie et Omar Sharif.
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Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty), Lewis Milestone, 1962. Marlon Brando.
Quelque chose doit craquer 277
Préface de Michel Hazanavicius
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Avec plus de 300 photos et 600 films évoqués, avec des interviews inédites de ceux qui ont fait la légende, se trouvent ranimés le glamour et la créativité d’un Hollywood dont le style intemporel continue de séduire et d’influencer le monde.
Prix France : 39,90 € ISBN : 978-2-0813-0076-7
Michel Hazanavicius, auteur de la préface de cet ouvrage, est le réalisateur du film The Artist sorti en 2011.
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n 1914, Cecil B. DeMille tournait le premier long métrage de l’histoire d’Hollywood. Du cinéma muet qui bouleversa son temps au règne et à la chute de l’implacable Studio system, de Charlie Chaplin à Alfred Hitchcock et de George Cukor à Billy Wilder, de Greta Garbo à Marilyn Monroe et de Fred Astaire à Marlon Brando, d’Autant en emporte le vent à Lawrence d’Arabie et de Citizen Kane à Bonnie and Clyde, cet ouvrage, plus encore qu’un livre de référence, se veut une lettre d’amour à un cinéma unique, magique, inégalé.
Cent ans plus tard, l’âge d’or hollywoodien brille plus que jamais.
Juliette Michaud est une journaliste indépendante qui a longtemps été la correspondante française de Studio Magazine à Los Angeles. Elle est l’auteur du roman Junket : Les Tribulations de Juliette à Hollywood (Sonatine) paru en 2008.
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En couverture : Marilyn Monroe, Tony Curtis et Jack Lemmon dans Certains l’aiment chaud. © United Artists / Album / akg-images
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