Saint Exupery, histoires d'une vie

Page 1

Alain Vircondelet Martine Martinez Fructuoso

Saint_Exupery_jaquette_Mise en page 1 28/09/12 13:37 Page1

couverture : en haut, à gauche : Antoine de Saint Exupéry en mission, probablement en Sardaigne. en haut, au centre : Détail d’une carte d’Amérique du Sud annotée et utilisée par Antoine de Saint Exupéry pour ses vols.

Martine Martinez Fructuoso est l’épouse de José Martinez Fructuoso, le secrétaire de Consuelo de Saint Exupéry pendant vingt ans, puis son légataire universel après la mort de celle-ci en 1979. Ils s’attachent depuis lors à faire vivre son héritage et sa mémoire. Elle a cosigné la biographie consacrée à Consuelo, Une mariée vêtue de noir, publiée en 2010 (éditions du Rocher).

en haut, à droite : L’avion, déjà figure centrale des premiers textes d’Antoine de Saint Exupéry.

en bas, à gauche : Antoine de Saint Exupéry en Sardaigne, en 1943. © Fondation John Phillips en bas, au centre : Lettre de Consuelo à Antoine de Saint Exupéry qui écrit alors Vol de nuit. Il hésite encore à lui donner pour titre Nuit lourde, emprunté à une expression poétique de Consuelo utilisée dans cette lettre. en bas, à droite : Antoine et Consuelo de Saint Exupéry.

Antoine de Saint Exupéry Histoires d’une vie

au centre : Télégramme de Consuelo à Antoine datant du 28 juin 1944, soit un mois avant sa disparition.

Il rêvait d’être simple jardinier mais il pratiqua tellement de disciplines, d’arts et de métiers que sa vie ressemble à ces poupées russes qui chacune, de la plus grande à la plus petite, cache mille et un secrets. Antoine de Saint Exupéry vécut ainsi plusieurs destinées aussi brillantes les unes que les autres dont témoigne cet ouvrage abondamment illustré de documents, pour beaucoup inédits, appartenant aux archives de Consuelo de Saint Exupéry.

4e de couverture : en haut, à gauche : Antoine à Saint-Maurice de Remens, vers 1907. en haut, à droite : Portrait officiel de la fratrie. en bas, à gauche : À Saint-Maurice, la fin de l’enfance. en bas à droite : Le service militaire à Strasbourg en 1922. Antoine de Saint Exupéry appartient au 2e régiment d’aviation de chasse.

Antoine de Saint Exupéry Histoires d’une vie Texte Alain Vircondelet Avant-propos Martine Martinez Fructuoso Archives Consuelo de Saint Exupéry

Universitaire et écrivain, Alain Vircondelet est aussi le biographe reconnu de grandes figures de la littérature et de la spiritualité, parmi lesquelles Antoine de Saint Exupéry, Albert Camus, Marguerite Duras, Françoise Sagan, Balthus, Séraphine de Senlis, Blaise Pascal, Arthur Rimbaud, Jean Paul II, Charles de Foucauld… Il est considéré aujourd’hui comme un des plus grands spécialistes de Saint Exupéry, auquel il a consacré de nombreux ouvrages.

Du même auteur Antoine de Saint-Exupéry, Julliard, 1994 Saint Exupéry, vérité et légendes, Éditions du Chêne, 2000 Préface aux Mémoires de la rose de Consuelo de Saint Exupéry, Plon, 2000 Préface aux Lettres du dimanche de Consuelo de Saint Exupéry, Plon, 2001 Antoine et Consuelo de Saint Exupéry, un amour de légende, Les Arènes/France Info, 2005

Flammarion

-:HSMASB=WZ]]VZ:

Flammarion

Prix France : 35 € ISBN : 978-2-0812-5881-5

12-X Création Studio Flammarion

© Sauf mention contraire, tous les documents proviennent du Fonds Succession Consuelo de Saint Exupéry.

La Véritable Histoire du Petit Prince, Flammarion, 2008 C’étaient Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry, Fayard, 2009 (prix Paris-Match) Dans les pas de Saint-Exupéry, L’Œuvre, 2011

Flammarion


En pension à Fribourg

ntoine arrive au collège de la villa Saint-Jean en novembre 1915, quelques semaines après la rentrée. Il en partira à la fin de l’année scolaire 1917. L’établissement est dirigé par des frères marianistes. Il y règne une stricte mais bienveillante discipline qui n’a rien à voir avec celle du collège Sainte-Croix du Mans. Au contraire, bien qu’il soit loin de la paix douce et maternelle de Saint-Maurice mais proche encore des siens, puisque François son cadet y est lui aussi pensionnaire, la villa Saint-Jean constitue un lieu rassurant et fécond pour Antoine. Il ne s’y ennuie pas, apprécie la vie un peu rude de ce canton suisse si chargé d’histoire. L’enseignement prodigué est souple et respectueux des élèves. Outre les disciplines obligatoires, on y pratique beaucoup de sport. Antoine, qui n’aime guère les sports collectifs, découvre toutefois avec un certain bonheur le patinage sur la Sarrine, le petit fleuve qui coule à Fribourg, le ski sur raquettes et la luge ; l’ambiance quelque peu rurale qui y règne (on dort dans des dortoirs, par exemple, ressemblant à des chalets) donne l’impression d’être non pas vraiment en vacances mais dans un lieu apaisant. Antoine, qui travaille toujours moyennement, se signale cependant par de bonnes rédactions et ses essais en littérature s’affirment : il écrit de petits poèmes, dont un rappelle ce baptême de l’air qui l’a tant marqué. Il y rédige même une petite opérette, Le Parapluie, qu’il adresse à son professeur de piano de Lyon. Quelque chose de Saint-Maurice semble flotter à la villa Saint-Jean. Une même parenté de climat et de couleurs, comme si, des fameux sapins noirs du parc de l’enfance à « la villa blanche sous les pins » qu’il décrit dans Courrier Sud, il n’y avait qu’un pas. Mais Antoine est habité par le sentiment constant de l’exil et de la solitude que révèlent ces airs sombres et graves qu’il adopte quelquefois et surtout cette impression de ne jamais pouvoir « rejoindre » les siens, de ne jamais être dans cette communion spirituelle à laquelle il aspire et qu’il ne peut réaliser. Et puis il y a la guerre. Antoine, qui apprend l’allemand à Fribourg, n’est guère sensible à cette langue, comme il ne le sera jamais aux autres langues, préférant le français à tout, par une sorte de patriotisme intuitif et une volonté d’appartenance. Quand il s’ennuie, ce qui arrive fréquemment, il gribouille de petites caricatures et charge le Kaiser, sa cible préférée, de ses sarcasmes et de ses moqueries.

28

Mais le sentiment d’être abandonné subsiste toujours. Les deux seules lettres aujourd’hui publiées écrites à Fribourg font état de cette inquiétude : « Je vous attends impatiemment », écrit-il à sa mère qui, au grand désespoir d’Antoine, retarde sa venue. Quelque chose de funeste habite ces années-là : la guerre, la solitude, l’absence de la mère, la maladie de François atteint de rhumatisme articulaire le plongent dans une forme de dépression qui sera toujours son état latent. L’ombre portée de son soleil intérieur projette en lui des lueurs inquiétantes qu’il a peine à dissimuler. La religion l’assiste en ces temps-là ; il pratique assidûment, poussé par les pères marianistes d’abord. La Vierge Marie, la vocation de ces pères, est quotidiennement célébrée. Antoine en gardera une certaine piété mariale jusqu’à sa mort, allant même à Lourdes avec sa femme, Consuelo, en 1940, pour se plonger dans la piscine miraculeuse. Il fait pour la Pentecôte 1917 une dernière retraite en Suisse, près de Lucerne, au bord du lac. Une photographie témoigne de ce séjour : on le voit avec deux autres garçons pensionnaires, juché sur un porche de pierre, avec en contrebas le lac. Antoine a dix-sept ans. Sa jeunesse est déjà assombrie de drames et d’inquiétudes intérieures. Comment échapper à l’usure du temps ? Comment rejoindre la clarté des vertes années ? Il mesure cette cruauté du temps, comprenant que nul ne peut revenir en arrière. Il en fera un mythe, peut-être même une fiction. Antoine, vers 1917.

29


Un lien entre les hommes : l’Aéropostale

Ci-dessus : Photographie dédicacée par le commandant Weiss à Antoine de Saint Exupéry, en date de juin 1929 à l’occasion des 5 000 kilomètres de vol qu’il a déjà parcourus. Ci-contre : Dîner d’adieu du pilote Paul Vachet, ami d’Antoine de Saint Exupéry, le 29 octobre 1929.

aint Exupéry sera donc de l’aventure pionnière. Mais très tôt il comprend que ce n’est pas une simple histoire d’avions et de défis. À peine intègre-t-il l’Aéropostale qu’il en mesure le projet, grandiose, dangereux et immense : celui qui consistera à ouvrir des lignes nouvelles pour toujours repousser plus loin l’inconnu de la Terre et rassembler une fraternité d’hommes par-delà les continents. L’histoire aventureuse suppose des esprits forts, entraînés intellectuellement et physiquement – il ajoutera « spirituellement ». Car ce que Saint Exupéry apporte à l’aviation, c’est sa dimension symbolique. Se tenir seul dans le cockpit d’un avion dont on ne connaît pas la fiabilité, c’est prendre le risque de mourir. L’aviation touche à l’essentiel : à la vie en installant des comptoirs un peu partout dans le monde, en même temps qu’à la mort, toujours imprévisible et que guettent, chaque jour, les mécaniciens et le poste de commandement de Toulouse. Saint Exupéry entre dans l’Aéropostale comme on entre en religion, fort d’une expérience encore jeune mais invincible, acquise depuis l’enfance, fortifiant sa volonté de se surpasser, de trouver d’autres repères. De (re)trouver le père aussi ? Avec ses ailes et sa capacité à réaliser le vieux rêve d’Icare, l’avion met son pilote au rang des anges et des héros des contes de fées. Il défie les orages, traverse d’épais nuages, va à l’aveugle quelquefois, risque de s’abîmer en mer ou de heurter de ses ailes les parois d’une montagne ; traversant des territoires inconnus, il frôle l’inconnu, il est au plus près du lieu où Dieu se tient, comme le prétend sa religion. Ange, archange, dragon ailé mais bienveillant, l’homme, durant les longues heures de solitude et de silence, seul avec lui-même, a tout le temps de méditer, de se retrouver avec l’essentiel, de côtoyer des mondes où sont accrochées les étoiles. Elles deviennent justement ses points de rencontre, ses alliées dans l’immense et sombre nuit. Comment alors ne pas se rapprocher des choses spirituelles ? Il s’en nourrit et en féconde son écriture. Citadelle en sera le chef-d’œuvre et l’accomplissement. Il vole donc dans cette nudité du pilote forçant la nuit. En bas, il a laissé toute sa nouvelle famille, le chef, les pilotes, les mécaniciens, les « rampants », les secrétaires ; il sait qu’ils le suivent et attendent son arrivée dont ils seront aussitôt prévenus par radio. Il sait aussi que, quelquefois, le radio annonce qu’un pilote n’est pas arrivé. L’heure est sombre et grave. Il sait encore que c’est la loi du pilote, que son devoir est de continuer, de ne pas s’alourdir de ce deuil, d’accepter. L’enjeu est autre, lumineux et ardent. Il rejoint la longue danse heureuse des hommes divers que les peintres de la modernité peindront dans les mêmes années 1920 : ronde fraternelle, ronde des hommes.

47


Une égérie, Hélène de Voguë Antoine de Saint Exupéry en gare de Paris avec Yvonne de Lestrange et la comtesse Hélène de Voguë (au centre).

l rencontre cette jeune femme mariée pour la première fois en 1929, chez Louise de Vilmorin. Elle a vingt et un ans, lui vingt-neuf. Deux années plus tard, il est marié à Consuelo ; le couple, entre séparations et réconciliations, ne parvient pas à trouver l’équilibre auquel Antoine souhaite accéder, n’envisageant le plus souvent la vie conjugale qu’en fonction de lui-même. La brûlante Consuelo ne l’entend pas de cette oreille et apparaît moins docile qu’Antoine le voudrait. Aussi s’est-il habitué à une vie de bohème, libre et souvent célibataire, grâce à laquelle il échappe aux contraintes de la vie de couple… La liaison qui va naître vers 1935 entre la richissime Hélène de Voguë – appelée surtout Nelly – et Antoine aura une influence majeure sur sa vie. Nelly ne pourra toutefois modifier les choix profonds d’Antoine, pas plus qu’elle lui permettra d’apaiser son angoisse ; son œuvre échappera complètement à son contrôle et sa présence restera relativement tenace dans l’existence de l’écrivain. De 1935 à 1944, malgré la rupture qu’il a provoquée à New York, elle restera une de ses interlocutrices les plus à l’écoute et les plus sûres. À elle, une de ses dernières lettres et celles où il s’exprime sur l’avenir du monde et sur le sens à donner à la vie. À elle, ses confidences sur sa dépression, et à elle aussi, avant la guerre, les demandes d’aide financière. D’elle, il reçoit les cadeaux les plus luxueux (nécessaires de toilette, malles et valises de grand prix), et jusqu’à l’achat d’un avion Simoun, selon un de ses biographes. C’est que les Voguë possèdent les sucreries Saint-Louis et de somptueuses propriétés. Hélène est elle-même issue d’une famille d’industriels de l’est de la France, et prendra d’ailleurs pendant la guerre la direction du conseil d’administration de l’entreprise familiale, Cérabati. Élégante, grande et blonde, cultivée et très introduite dans les milieux artistiques et surtout littéraires, elle passe aussi pour avoir un tempérament autoritaire, voire viril. Leur liaison, moins forte que celle qu’Antoine vit avec Consuelo, trouve certainement son accord sur un registre plus cérébral, sinon intellectuel. Il aime s’entretenir avec elle de Blaise Pascal, des grands classiques français, de théologie, d’histoire de France et des écrivains contemporains comme André Gide, dont elle est l’amie. Le fait d’être mariée et mère de famille oblige à une certaine discrétion et Antoine ne répugne pas à vivre cette liaison dans le secret. Il apprécie surtout qu’elle ne soit pas jalouse de ses frasques. Nelly, riche, discrète et influente, rassemble donc beaucoup d’atouts qu’Antoine mesure. De plus, elle porte à son œuvre une véritable admiration et entend apporter à son amant aide et relations nécessaires afin qu’il soit encore plus connu et reconnu. C’est pourquoi elle restera toujours à son écoute, malgré les problèmes que pourront poser à Antoine l’entourage de Nelly et ses opinions politiques – qui évolueront, comme pour beaucoup, à la fin de la guerre.

114

Comprend-il que Nelly, avec sa fortune et ses relations, peut être compromettante pour lui ? Leur excursion, si l’on peut dire, en Allemagne, à bord d’un avion qu’Antoine pilote, en 1937, a heureusement tourné court et s’est terminée en fiasco dans la cour d’un lycée qui se révèle être un camp des Jeunesses hitlériennes. Jamais Consuelo — qui avait beaucoup de bon sens — n’aurait participé à une telle expédition ; et l’aurait-elle apprise, elle aurait immédiatement déconseillé à Antoine de partir… Mais Consuelo n’est pas Nelly, dont les relations politiques sont encore ambigües. À partir des années difficiles d’Antoine, vers 1935, Consuelo retrouvera Nelly sur sa route, et réciproquement… Comme pour mettre les choses au clair, Antoine, peu de temps avant sa mort, avait écrit à Nelly que jamais il ne quitterait Consuelo et que cette décision ne varierait pas. Elles croiseront longtemps le fer, non pas directement, évitant de se rencontrer, mais par personnes interposées. Sommée par télégramme de rejoindre Antoine aux États-Unis en 1941, Consuelo apprendra au cours de son séjour que Nelly y a résidé à plusieurs reprises. Jusqu’aux derniers moments de sa vie, Saint Exupéry enverra à Nelly des lettres d’une grande force. Celles-ci ont abandonné le registre amoureux, car, revenu à Consuelo, il a rompu avec Nelly, supportant mal le désir qu’elle avait de tout organiser, d’ordonner le monde, de gérer sa vie. Quand elle a semblé s’opposer à sa volonté de partir à la guerre, il a décidé de rompre. Sa justification est claire : pour sa propre satisfaction, elle exige qu’il soit moins grand qu’il ne l’est… C’est néanmoins à elle qu’il adresse, le 30 juillet, cette lettre dans laquelle il évoque la « qualité de la substance » à quoi il reconnaît l’incarnation de Dieu dans l’homme. Après sa mort, Nelly continuera à exalter sa mémoire : elle aide à la création des Amis de Saint Exupéry, intervient dans l’édition de Citadelle et des Écrits de guerre, collabore avec Pierre Quesnel, en charge de l’édition critique des Notes de guerre, dans l’édition de la Pléiade (édition qu’Albert Camus, alors éditeur chez Gallimard, condamne comme étant médiocre, en mettant nommément en cause Nelly de Voguë), et promeut, toujours dans l’ombre, le nom de Saint Exupéry. Ce goût de la discrétion et du secret, elle le poussera jusqu’à publier chez Gallimard la première biographie consacrée à l’écrivain-pilote sous un pseudonyme masculin : Pierre Chevrier. L’ouvrage fait encore aujourd’hui référence, mais, au-delà de l’apparente impersonnalité du style, des frémissements d’âme, des détails perçus par celle qui l’a tant admiré, trahissent leur histoire mouvementée et secrète… Et avec une constance appliquée, elle s’est employée à évacuer Consuelo, ne l’évoquant en une ligne que pour mieux la dénier.


L’ami :

le rêve solidaire

(1914 – 1944)


Antoine de Saint Exupéry durant son service militaire, en 1922. Double page précédente : Le pilote-officier Antoine de Saint Exupéry monte dans son avion pour effectuer une mission depuis la base d’Alghero, en Sardaigne.

aint Exupéry eut-il réellement la vocation militaire ? S’il était d’usage, dans une famille aristocratique aussi prestigieuse que la sienne, de donner un de ses enfants à l’armée, la nature indépendante, bohème et imprévisible du jeune Antoine l’a tôt dissuadé d’envisager une carrière militaire. Ses études pour le moins aléatoires ne l’ont pas mené non plus à s’engager spontanément dans cette voie ; seul son désir de voler, confirmé lors de son baptême de l’air, l’a conduit à la carrière que l’on sait. Son entrée dans l’Aéropostale en fut l’occasion, que lui accorda en 1926 Beppo de Massimi. Sans but militaire, la Société, dirigée de main de fer à Montaudran par Didier Daurat, le révéla à son désir profond, à cette exigence intérieure qui trouvait soudain son accord dans le fait de voler. En vol, solitude monacale du pilote, au sol, fraternité retrouvée, et surtout communion absolue avec les éléments cosmiques : tout cela lui fit endosser ce rôle d’ange et de veilleur qu’il accepta comme un sacerdoce. Frustré de n’avoir pu combattre dans les derniers mois de la Première Guerre mondiale, il se retrouva mobilisé en 1939 avec le grade de capitaine, dans une situation où pouvaient à la fois se manifester son expérience de pilote civil et ce patriotisme affectif qui fut le sien, conçu comme un désir profond de protéger sa nation, sa terre natale, sa civilisation. Son engagement final en 1943, obtenu de haute lutte lorsqu’il résidait à New York, est à considérer comme un acte désespéré pour échapper à la culpabilité intérieure qui l’animait en exil, mais aussi comme le prix et le don du sang offert en sacrifice à la patrie. Peu de ses amis écrivains ou artistes se livrèrent avec une telle violence et une telle détermination dans le combat, converti ainsi en aventure mystique.

168


Alain Vircondelet Martine Martinez Fructuoso

Saint_Exupery_jaquette_Mise en page 1 28/09/12 13:37 Page1

couverture : en haut, à gauche : Antoine de Saint Exupéry en mission, probablement en Sardaigne. en haut, au centre : Détail d’une carte d’Amérique du Sud annotée et utilisée par Antoine de Saint Exupéry pour ses vols.

Martine Martinez Fructuoso est l’épouse de José Martinez Fructuoso, le secrétaire de Consuelo de Saint Exupéry pendant vingt ans, puis son légataire universel après la mort de celle-ci en 1979. Ils s’attachent depuis lors à faire vivre son héritage et sa mémoire. Elle a cosigné la biographie consacrée à Consuelo, Une mariée vêtue de noir, publiée en 2010 (éditions du Rocher).

en haut, à droite : L’avion, déjà figure centrale des premiers textes d’Antoine de Saint Exupéry.

en bas, à gauche : Antoine de Saint Exupéry en Sardaigne, en 1943. © Fondation John Phillips en bas, au centre : Lettre de Consuelo à Antoine de Saint Exupéry qui écrit alors Vol de nuit. Il hésite encore à lui donner pour titre Nuit lourde, emprunté à une expression poétique de Consuelo utilisée dans cette lettre. en bas, à droite : Antoine et Consuelo de Saint Exupéry.

Antoine de Saint Exupéry Histoires d’une vie

au centre : Télégramme de Consuelo à Antoine datant du 28 juin 1944, soit un mois avant sa disparition.

Il rêvait d’être simple jardinier mais il pratiqua tellement de disciplines, d’arts et de métiers que sa vie ressemble à ces poupées russes qui chacune, de la plus grande à la plus petite, cache mille et un secrets. Antoine de Saint Exupéry vécut ainsi plusieurs destinées aussi brillantes les unes que les autres dont témoigne cet ouvrage abondamment illustré de documents, pour beaucoup inédits, appartenant aux archives de Consuelo de Saint Exupéry.

4e de couverture : en haut, à gauche : Antoine à Saint-Maurice de Remens, vers 1907. en haut, à droite : Portrait officiel de la fratrie. en bas, à gauche : À Saint-Maurice, la fin de l’enfance. en bas à droite : Le service militaire à Strasbourg en 1922. Antoine de Saint Exupéry appartient au 2e régiment d’aviation de chasse.

Antoine de Saint Exupéry Histoires d’une vie Texte Alain Vircondelet Avant-propos Martine Martinez Fructuoso Archives Consuelo de Saint Exupéry

Universitaire et écrivain, Alain Vircondelet est aussi le biographe reconnu de grandes figures de la littérature et de la spiritualité, parmi lesquelles Antoine de Saint Exupéry, Albert Camus, Marguerite Duras, Françoise Sagan, Balthus, Séraphine de Senlis, Blaise Pascal, Arthur Rimbaud, Jean Paul II, Charles de Foucauld… Il est considéré aujourd’hui comme un des plus grands spécialistes de Saint Exupéry, auquel il a consacré de nombreux ouvrages.

Du même auteur Antoine de Saint-Exupéry, Julliard, 1994 Saint Exupéry, vérité et légendes, Éditions du Chêne, 2000 Préface aux Mémoires de la rose de Consuelo de Saint Exupéry, Plon, 2000 Préface aux Lettres du dimanche de Consuelo de Saint Exupéry, Plon, 2001 Antoine et Consuelo de Saint Exupéry, un amour de légende, Les Arènes/France Info, 2005

Flammarion

-:HSMASB=WZ]]VZ:

Flammarion

Prix France : 35 € ISBN : 978-2-0812-5881-5

12-X Création Studio Flammarion

© Sauf mention contraire, tous les documents proviennent du Fonds Succession Consuelo de Saint Exupéry.

La Véritable Histoire du Petit Prince, Flammarion, 2008 C’étaient Antoine et Consuelo de Saint-Exupéry, Fayard, 2009 (prix Paris-Match) Dans les pas de Saint-Exupéry, L’Œuvre, 2011

Flammarion


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.