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on ConnaiT La CHanSon Les Frères Dardenne et Stijn Coninx se sont associés pour raconter les jeunes années de Rocco Granata dans Marina et faire du tube éponyme un hymne aux vertus de l'immigration. PROPOS RECUEILLIS PAR Alex Masson PHOTO Danny Willems « Marina, Marina, Marina, Ti voglio al piu presto sposar ». Le refrain de 'Marina', tube international de Rocco Granata qui a bercé le début des années 60, parle de mariage. L'alliance entre Stijn Coninx et les Frères Dardenne, quant à elle, ne date pas d'aujourd'hui. « Nous avons rencontré Stijn au début des années 90. Dirk Impens, un de ses producteurs, avait travaillé sur Je pense à vous, notre second film, et nous sommes nousmêmes devenus coproducteurs de Daens. Depuis, nous avons toujours suivi le travail de Stijn. Il nous a parlé de Marina, nous a envoyé le scénario, et c'était parti. Il y avait déjà un lien : la chanson de Rocco Granata figure dans la bande son de La Promesse ». Le nouveau film de Stijn Coninx relate la jeunesse de Granata, un Calabrais
émigré en Belgique à la fin des années 40 pour rejoindre son père mineur de fond. Au-delà du biopic, c'est la dimension universelle de cette histoire qui a inspiré le réalisateur. « Je pensais à d'autres projets, notamment un film sur les sanspapiers et sur l'immigration, quand début 2007, Rocco m'a appelé. Il envisageait d'écrire ses mémoires et voulait savoir si j'étais intéressé par un documentaire sur sa vie. À notre dixième rencontre, je lui ai dit que ce qui m'intéressait dans son parcours, c'est l'histoire universelle d'un enfant qui devient un étranger. D'ailleurs on a assez vite décidé d'intituler le film Marina et non Rocco. Je me suis posé la question de l'intérêt de faire un film basé sur une célébrité. Pourquoi ne pas raconter plutôt l'histoire d'Adamo ? Il est beaucoup plus connu que Rocco
et leurs parcours sont assez similaires. La différence est que le père d'Adamo approuvait le fait que son fils se lance dans la chanson, du coup il n'y avait pas la dimension conflictuelle qu'il y a entre Rocco et le sien ».
des frères, un fils, son père et un pays
Une histoire de filiation, le monde ouvrier... une passerelle avec le cinéma des frères Dardenne s'esquisse. JeanPierre Dardenne : « Le projet Marina nous a attiré par sa thématique, mais aussi parce que c'était Stijn. Il nous a proposé le scénario, on a eu envie de le lire, et on s'est aperçu de certaines similitudes. Pas l'inverse. » Luc rajoute « Mais il n'est évidemment pas anodin que le rapport entre Rocco et son père
interview
Marina
nous ait touchés. Mine de rien, ce film raconte aussi un pan de l'histoire de Belgique. Nous produisons autant que possible des films qui parlent de notre pays. Marina est une coproduction entre Wallons et Flamands. Daens était déjà un échange collaboratif entre les deux communautés. Mais ça n'a rien d'intentionnel, c'est une histoire personnelle qui nous lie à Stijn. On l'a rencontré, il s'est intéressé à nous, nous à lui, tout est là. De toutes façons, cette histoire de mineurs immigrés en Belgique, qu'elle se soit passée en Flandre ou en Wallonie, c'est kif-kif. On a fait lire le scénario au rapporteur de la commission francophone, il était enthousiaste parce que cette histoire lui parlait en tant que Belge ». Stijn acquiesce : « Les films que je fais, comme ceux de Jean-Pierre et Luc, ne sont jamais manichéens, rien n'est tout noir ni tout blanc. C'est sans doute dans nos caractères, cette envie
de montrer la complexité de l'espèce humaine, dans ses différents aspects. Et surtout de ne pas trop vite la juger. Marina dépasse l'histoire personnelle de Rocco Granata. Je tenais par exemple à mettre en parallèle la relation entre Rocco et son père et celle entre l'épicier et sa fille, qui évoque une autre facette de notre pays. Le parcours de Rocco m'a surtout permis de rappeler qu'il y a eu une période où on a demandé à des étrangers de venir ici pour faire des choses que nous ne voulions plus faire. Et que ça a contribué à la richesse de la Belgique ». Pas de doute, Coninx et les Dardenne sont sur la même longueur d'onde. Le réalisateur ne tarit d'ailleurs pas d'éloges envers ses producteurs. « Coproducteurs ! » rectifient Luc et Jean-Pierre Dardenne, « le vrai producteur c'est Peter Bouckaert. Nous étions acquis au projet, mais c'est lui qui a dit ‘on y va’. Notre travail consiste à
travailler en équipe avec le réalisateur, à lui dire : ‘Ça, on ne comprend pas très bien’ ou ‘Ça, ça nous parait un peu long’. Mais pas ‘Il faut faire comme ça’. Il faut être à l'écoute. Nous collaborons avec des auteurs, nous ne sommes pas là pour les remplacer. Si vous travaillez avec des gens qui n'ont pas de point de vue, forcément le vôtre aura tendance à prendre le dessus. Mais ça ne nous intéresse pas. On serait incapable de faire un film comme Daens, avec toute cette figuration, ces costumes. Stijn, lui, s'en délecte ». Il sait aussi faire résonner Marina audelà de son évocation des années 50. « Faire un simple film d'époque ne m'intéressait pas. Il doit être lié à l'actualité, au présent, sinon ce n'est qu'une reconstruction, auquel cas il est difficile pour le spectateur de s'identifier, de voir le moindre rapport avec son
interview
quotidien. J'ai autre chose à faire que reconstituer les années 50 ou le passé pour le simple plaisir de le faire (rires). Il y a des éléments dans Marina qui viennent de ce que des gens m'ont raconté de leur vie actuelle. C'était un des points de départ du film : derrière la façade des années 50, incorporer des émotions, des préoccupations contemporaines. Ça passe aussi par le respect de la langue natale de Rocco. Marina est en grande partie parlé en Italien, parce que ça correspond à une des idées du film qui reste d’actualité : comment communiquer dans la vie quand on parle des langues différentes ? ». Luc Dardenne : « Marina parle forcément de l'immigration d'aujourd'hui : ce garçon qui laisse derrière lui son pays, son enfance, persuadé qu'il y retournera un jour. Mais il est devenu un autre, en opposition avec les racines et les valeurs de son père. C'est très douloureux pour l'un comme pour l'autre de s'affronter autour d'un rêve qu'ils avaient en commun : retourner en Italie. Il y a une Marina
part de tragique dans la relation entre ce père qui s'est sacrifié pour sa famille et ce fils qui prend une autre voie. Une des choses qui nous touchait beaucoup dans le scénario, c'est qu'au delà de permettre une réconciliation entre un père et son fils, le succès international de ‘Marina’ constitue aussi une réconciliation avec l'immigration. Quand Rocco chante cette chanson italienne à New York, tous les immigrés, qu'ils soient italiens en Belgique, au Canada ou ailleurs, sont avec lui. Ce succès a en quelque sorte rendu justice à l'immigration. C'est une victoire pour ces gens qui ont travaillé dur, dans de mauvaises conditions, sans reconnaissance sociale ».
Marina
paroles et musique
Avant Marina, il y a eu Sœur Sourire, autre film de Stijn Coninx centré sur l'histoire d'un énorme tube populaire. Jean-Pierre Dardenne : « Marina est un hommage à la chanson populaire, ça me plaît, car même si on la décrie parfois, la chanson reste un art et une forme de
travail, d'artisanat, qui perdure. Chanter, jouer de l'accordéon comme Rocco ou son père, ne s'apprend pas du jour au lendemain ». Au-delà de la musique, Marina et Sœur Sourire ont en commun le regard que Coninx porte sur ses personnages, qui prennent tous deux leur destin en main. « Pour faire un film, il faut être volontaire, croire à une histoire. Des personnages comme Sœur Sourire ou Rocco sont parfaits pour ça. Ceci dit, il y a d'énormes différences entre eux : Rocco a toujours à l'esprit les mots de son père : ‘ Il faut avoir un rêve pour avancer dans la vie ’. C'est une manière de se surpasser quand on est poursuivi par la malchance ». En attendant de savoir si le public fera la fête à Marina ou non, il y avait un premier spectateur à convaincre : Rocco Granata. Stijn est rassuré sur ce point : « Sa crainte était que Marina ressemble à d'autres biopics de chanteurs. Il est venu à une projection avec sa femme et ses deux enfants. J'avais l'impression que les enfants étaient prêts à consoler leurs parents en cas de déception. Après la projection, Rocco m'a pris à part car un détail le chiffonnait : dans une scène, on voit sur un disque un label qui n'est pas le bon. Je me suis dit que le reste devait lui convenir (rires) ».
rencontre
La reine de Czar Lorsque la BBC a annoncé la production de The White Queen au début de l'année 2012, elle a décrit la série comme l'un de ses projets les plus ambitieux. Il s'agit de la deuxième grande série télévisée britannique tournée en Flandre ces dernières années, après Parade's End, la série sur le thème de la Première Guerre mondiale. La productrice Eurydice Gysel de Czar Belgium a réuni les arguments nécessaires pour convaincre la BBC que la Flandre pourrait être le décor de l'Angleterre du 15e siècle. Czar est également l'un des coproducteurs de Borgman d'Alex van Warmerdam, en compétition officielle au Festival de Cannes cette année. PAR Ian Mundell PHOTO Thomas Vanhaute L’histoire de The White Queen se passe pendant la Guerre des Deux-Roses, lorsque des dynasties rivales se sont battues pour le trône d'Angleterre. Inspirée des romans de Philippa Gregory, qui a également écrit Deux sœurs pour un roi (The Other Boleyn Girl), l'intrigue met en avant le rôle important que les femmes ont joué pendant l'une des périodes les plus prestigieuses de l'histoire de l'Angleterre.
Jan Vrints, qui a réuni les financements nécessaires pour Parade's End, a présenté Eurydice Gysel aux producteurs de série de Company Pictures. À ce moment-là, plusieurs pays étaient pressentis pour tourner la série, dont l'Irlande et la Hongrie. Les avantages financiers que présentait la Belgique étaient évidents, mais il en fallait davantage pour en faire une véritable concurrente. « Ils étaient au
courant de notre régime fiscal dit de 'Tax Shelter', et ils voulaient connaître des lieux potentiels de tournage. Nous avons donc parcouru la Belgique pendant deux semaines à la recherche de châteaux, etc. », se souvient Gysel. « Compte tenu de ces endroits et de notre régime fiscal avantageux, ils ont décidé de tourner la série ici. » Des lieux de tournage en extérieur ont été trouvés dans les villes de Bruges et
rencontre
« Nos réalisateurs ont beaucoup d'exigences, donc il faut faire preuve de créativité avec le budget disponible. Au final, je suis toujours étonnée par les résultats, et cela me pousse à aller plus loin »
Sur le plateau de The White Queen en Flandre: Rebecca Ferguson (ci-dessus) et Faye Marsay (dessous)
de Gand, tandis qu'un studio à Bruges a été aménagé pour les scènes de la série tournées à l'intérieur. Entre-temps, le budget de la série avait été bouclé, avec une contribution au titre du Tax Shelter du BNP Paribas Fortis Film Fund, des fonds de coproduction de la chaîne publique flamande VRT et le soutien du Fonds audiovisuel de Flandre (VAF). Une demande a également été introduite auprès du fonds Screen Flanders, qui cherche à attirer des coproductions étrangères dans la région.
Veerle Baetens
La série a été tournée en 120 jours et près de 80 personnes étaient présentes tous les jours sur le tournage. Bien entendu, la plupart des acteurs sont britanniques, mais l'actrice flamande Veerle Baetens (The Broken Circle Breakdown) incarne un rôle important, celui de Marguerite d'Anjou, une redoutable noble française, épouse du roi d'Angleterre Henri VI. Plusieurs autres petits rôles sont joués par des acteurs locaux. Company Pictures a détaché son propre producteur éxécutif et, vu qu'il s'agissait de sa première expérience dans le pays, il a fait preuve de prudence dans la distribution des fonctions techniques à des professionnels étrangers. « Au
début, j'ai dû me battre un petit peu », indique Gysel. « Je ne voulais pas simplement que les Anglais débarquent et nous utilisent, et il a donc parfois fallu discuter fermement. Mais finalement, tout s'est très bien passé. » Il était prévu depuis le début que le son soit traité localement, mais au fil du temps, l'équipe flamande a assumé plus de responsabilités parmi l'équipe image, l'équipe artistique et au niveau des postes d’ assistants réalisateurs.
rencontre
Waste Land
Compte tenu de la nature de la production, l'équipe des costumes était également importante. « Au début, ils voulaient tout faire venir d'Angleterre », se souvient Gysel. « ensuite, nous avons réalisé quelques costumes ici et nous les avons convaincus que nous pouvions nous en charger. » Il s'agit de la première expérience de production télévisée à grande échelle de Gysel, même si son expérience en matière de longs métrages et de publicités fait qu'elle n'a pas été intimidée par l'ampleur de la tâche. « Parfois, le budget consacré à une publicité est le même que celui d'un long métrage, à la différence que le tournage ne prend que quelques jours ; on sait donc comment gérer les exigences et le budget. » La société de production Czar a déjà d'autres projets télévisés en attente. une deuxième collaboration avec Company Pictures fait l'objet de discussions. Il s'agira d'une autre série télévisée littéraire en costumes d'époque, qui pourrait être tournée en 2014/5 si tous les paramètres sont réunis. en interne, Czar cherche à développer un concept de série télévisée qu'elle espère coproduire avec la France et le Danemark. « Nous voulons un projet à vocation internationale, comme Mystères à Twin Peaks ou L’Hôpital et ses fantômes (The kingdom), une série qu'on a envie de suivre », dit-elle. « Selon les réalisateurs, elle devrait également être plus intéressante, sur le plan visuel notamment, que ce qu'on voit habituellement à la télévision. »
Le label Czar
Czar Belgium a été créée en 1999 par le réalisateur Koen Mortier en tant que filiale de la société de production néerlandaise Czar Netherlands. L'objectif était de lui donner plus d'influence créative sur le pitching et sur la réalisation de publicités en Belgique, et également de mettre sur pied une plate-forme de production
Borgman
de projets de fiction. Son premier long métrage, ex Drummer, a été achevé en 2007, suivi, en 2010, par 22nd of May. Progressivement, Czar s'est développée, attirant des réalisateurs qui partagent les mêmes idées et travaillent de façon créative à la réalisation de publicités et, occasionnellement, de projets de fictions et de documentaires. Gysel a rejoint l'équipe en tant que productrice en 2000. elle a commencé par la gestion des productions publicitaires, pour ensuite diriger le département des fictions. En 2010, elle est devenue productrice exécutive et directrice générale de toute la société. La publicité reste à la base des activités de Czar, grâce à la créativité de ses réalisateurs. « Ils ne voient pas les
publicités seulement comme une façon de faire de l'argent », explique Gysel. « Ils travaillent dur et s'ils pensent que nous devons filmer d'une certaine façon pour faire une meilleure publicité, ils se battent pour défendre leur point de vue. » Parallèlement, Czar aide ses réalisateurs à concrétiser leurs ambitions dans le domaine de la fiction, en commençant par les soutenir dans la rédaction de scénarios pour de courts et longs métrages, puis en les aidant à les produire. Parmi les derniers courts métrages, citons Rivers Return de Joe vanhoutteghem, une intrigue en boucle sur le cycle de la vie, diffusée au Festival du film de Locarno en 2012, et Perfect Drug, de Toon Aerts, une œuvre fantaisiste qui transcende la notion
rencontre
de genre, sélectionné au festival du film de Clermont-Ferrand de cette année. Les deux réalisateurs pensent à présent à des projets de suivi, Vanhoutteghem travaillant au scénario d'un long métrage.
Torino Filmlab
Un court métrage de Kevin Meul figure parmi les autres projets en cours. Il sera tourné en été, et sera suivi de son premier long métrage, My First Highway. Ce film sombre d'adolescents montre comment un jeune garçon apprend l'amour et la vie de la plus cruelle façon. En 2012, le projet
Tournage de The White Queen en Flandre
a été la première œuvre d'un réalisateur flamand à avoir été sélectionnée pour le prestigieux programme Script & Pitch du Torino Filmlab. Entre-temps, il a bénéficié d'une aide à la production du Fonds
KOEN MORTIER
En plus d'être le fondateur et l'un des principaux réalisateurs de Czar, Koen Mortier est également le producteur artistique de la société. « Au sein de la société, c'est lui qui lit les projets et qui aide à développer ceux dans lesquels il distingue l'œuvre d'un auteur », affirme Gysel. Il a également deux projets de longs métrages en cours. Le premier est une adaptation de A l’estomac (Haunted), un roman de Chuck Palahniuk, l'auteur culte américain dont l'ouvrage Fight Club a été porté au grand écran par David Fincher. Haunted parle de 17 auteurs qui décident
audiovisuel de Flandre (VAF). Kenneth Mercken poursuit sur la même voie. Son premier long métrage, Coureur, a en effet été sélectionné pour le programme du festival de Turin de cette année. Le film présente la vie d'un jeune coureur cycliste professionnel, incité à utiliser des substances pour améliorer ses performances et gagner. « Cela parle de la folie, de la drogue et du cyclisme, mais sans la victoire », explique Gysel. « Cela traite également de la relation entre son père et lui. » En plus des projets de Mortier en cours (voir encadré), la prochaine grande production de Czar est Waste Land, le troisième long métrage de Pieter Van Hees, après Left Bank (2008) et Dirty Mind (2009). Le film raconte l'histoire d'un policier bruxellois obsédé par un meurtre survenu dans le quartier africain de la ville, et qui finit par laisser celui-ci submerger progressivement sa vie tant professionnelle que privée. Le rôle principal sera assuré par le protégé des frères Dardenne, Jérémie Renier (Le Gamin au vélo, Cloclo), qui a appris à parler néerlandais pour pouvoir jouer son rôle bilingue. Natali Broods (Hotel Swooni) incarne sa femme. Le tournage a commencé début avril. Bac International se chargera des ventes internationales.
La société participe également en tant que coproductrice du film d'Alex van Warmerdam, Borgman, en compétition officielle à Cannes, et du film Étrange couleur des larmes de mon corps d'Hélène Cattet et Bruno Forzani. Si le rôle de Gysel en tant que productrice consiste davantage à gérer l'aspect financier que le contenu des films, c'est la créativité de Czar qui rend le travail aussi gratifiant. « Nos réalisateurs ont beaucoup d'exigences, donc il faut faire preuve de créativité avec le budget disponible. Au final, je suis toujours étonnée par les résultats, et cela me pousse à aller plus loin ».
de partir en retraite pendant trois mois dans l'espoir que l'un d'eux écrive le grand roman américain. Mortier et Gysel ont obtenu les droits de l'œuvre en 2008, mais la réunion des financements nécessaires pour tourner le film aux États-Unis aura demandé beaucoup de temps. Indus Media & Entertainment ont finalement acheté les droits de production cette année. Mortier a écrit le scénario, qui est actuellement finalisé par Brock Norman Brock. « Nous voulons que la version finale soit prête pour Cannes pour la vendre aux distributeurs, aux agents commerciaux et surtout aux acteurs », indique Gysel.
Si tout va bien, le film devrait être tourné en automne ou en hiver 2013/4. Entre-temps, Mortier a également acheté les droits de l'adaptation cinématographique du livre de Dimitri Verhulst, Monologue of Someone Who Got Used to Talking to Herself, qui traite de la mort mystérieuse d'un coureur cycliste belge au Sénégal. L'histoire s'inspire quelque peu de la mort soudaine de l'un des plus grands coureurs cyclistes que la Belgique ait jamais connus : Frank Vandenbroucke. Ce sera la deuxième fois qu'un ouvrage de Verhulst sera porté au grand écran, après The Misfortunates, de Felix van Groeningen.
Max Irons dans The White Queen
Shortissimo
Norman Le court métrage d’animation Norman de Robbe Vervaeke est en compétition au Festival international du film d’animation d'Annecy qui se déroule en juin. Produit par Cinnamon Entertainment, il s'agit du premier film professionnel de Vervaeke, depuis que ce dernier a obtenu son diplôme en 2008 à la KASK, l'Académie royale des Beaux-Arts de Gand.
Norman observe les choses trop attentivement. Il les regarde fixement. Ensuite, il doit encore s'en rapprocher. Dans la rue, il rampe à quatre pattes pour examiner la queue d'une crevette jetée sur le trottoir. Dans un café, il suit un homme jusqu'aux toilettes juste pour regarder de plus près son pied dans une sandale. Pas étonnant que les gens trouvent que Norman est étrange. Même sans dialogue, le court métrage d'animation Norman de Robbe Vervaeke est très expressif. Chaque image se compose d'une peinture à l'huile sur verre, photographiée, puis repeinte avant que les pigments ne sèchent. Quand Norman parcourt les rues, l'air qui l'entoure semble troublé et les
bâtiments gardent une trace de son passage. Quand il regarde fixement les choses, ses émotions sont visibles dans la peinture changeante de son visage. Les matériaux de Norman ne sont pas seuls à venir du monde de l'art. On retrouve une touche de Van Gogh dans les textures tourbillonnantes, et les personnages qui suivent le parcours étrange de Norman ressemblent à ceux décrits par les expressionnistes allemands. L'évocation de l'isolement et de la folie ne pourrait être plus forte, et pourtant, l'histoire ne dit pas clairement si Norman constitue une menace pour la société ou s'il est simplement un voyeur inoffensif. Par Ian Mundell