FLUIDE GLACIAL N°468 [compo presse]

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NOAGES DE POILADE EN BD-VISION 84 P

Can. 8$ • Sui. 10,70FS • Bel., Lux. 5,80€ • Dom 6,20€ • May. 8€ Esp., Port. (cont.) 6€ • D. 6,20€ • TOM S: 760 XPF • TOM A: 1500 XPF

LE JOURNAL D’UMOUR & BANDESSINÉES DEPUIS 1975 • N°468 MAI 2015

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A M É N I C LEUS DOIT TOUT  !

E PUR U O ! !! SC AN TAIRE S I ET LIC PUB


L’encyclopédie des films 4 FICHES À COLLECTIONNER PAR DYLAN PELOT

I NTROUVABLES

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LE SUPPLÉMENT

« Max, l’insoumis » Texte : Pascal Fioretto, illustrations : Isa

par Stéphane Belhomme

Romy Schneider, Helmut Berger, Alain Delon, Paul Preboist et Jean Lefebvre (1977) – Scène coupée au montage

I

l existe deux types de cinéastes  : ceux qui se contentent de chercher le beau pour le beau et ceux qui savent partout faire surgir le moche. Max Pécas a toujours appartenu à la deuxième catégorie. Pas étonnant que son œuvre ait tant scandalisé le petit monde bourgeois et réactionnaire du cinéma esthétisant où l’idiotie, cette défaite heideggérienne de l’intelligence, est si mal considérée. Il y eut d’abord l’inaugural « Marche pas sur mes lacets » (1975), devenu

un classique, qui provoqua un débat et une scission au sein de la rédaction des Cahiers. Puis ce fut le très controversé « Embraye, bidasse, ça fume » (1976) qui valut à Pécas d’être accusé de travailler pour le lobby militaroautomobile. S’ensuivit la tribune assassine de Jean-Paul Pote (Cahiers du Cinéma N°597) demandant la déportation et l’internement du cinéaste en camp de travail forcé. Exilé à Palavas, obligé de tourner des pornos sous-exposés, rejeté des festivals officiels,

honni par la critique internationale, montré clandestinement au off de La Bourboule, Max continuera pourtant de creuser malgré tout son sillon singulier en tournant (et produisant lui-même) d’innombrables objets filmiques provocateurs, grimaçants et paroxystiques dans l’ineptie, dont la fameuse trilogie tropézienne : « On se calme et on boit frais à Saint-Tropez » (1979), « Deux enfoirés à Saint-Tropez » (1983), et « Mon curé à SaintTropez » (1987). Trois bornes millaires sur un chemin escarpé, trois purs chefs-d’œuvre qui inspireront notamment la trilogie « Bleu » (1993), « Blanc » (1994) et « Rouge » (1994) de Krzysztof Kieslowski. A ceux qui méconnaîtraient son œuvre, les Cahiers proposent dans ce numéro un dossier spécial ainsi qu’un coffret de 20 DVD (dont 3 heures de scènes coupées avec Jean Lefebvre). On y découvre qu’en 27 ans de réalisation (19601987) et 179 films d’une imbécillité hébétée Pécas a exploré les possibles paradoxaux de fictions désécrites (« On est pas sortis de l’auberge  » – 1982) et dressé la cartographie, quasi bergmanienne, de nos désirs (« Belles, blondes et bronzées  » – 1984). Douze ans après sa mort, souhaitons à Max de crever encore longtemps (l’écran).

CAHIER CRITIQUE

La carcasse

de Jean-Pierre et Luc Dardenne

France, 2015. Avec Franck Dubosc, Gérard Darmon, Léa Seydoux, Line Renaud.

Robert (Franck Dubosc) est un ouvrier désosseur dans un abattoir industriel en liquidation judiciaire. Son contremaître, Réginald (Gérard Darmon étonnant de justesse), est un ami d’enfance de Robert qui a sacrifié ses idéaux de jeunesse pour faire carrière dans l’agroalimentaire. Au nom de leur vieille amitié, Réginald ordonne à Robert de 1

Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail

mélanger de la viande de porc dans les steaks pur bœuf. S’il refuse d’obéir, le site fermera. Révolté, Robert décide d’alerter Sylviane (Léa Seydoux) la présidente du CHSCT1, paralysée suite à un accident du travail... Comme à leur habitude, dès les premiers plans séquences, les frères Dardenne nous bousculent et nous déroutent. Par le choix des acteurs d’abord : Dubosc, tout en retenue et gravité, même lorsqu’il est vêtu d’un simple string et d’une perruque de la CGT. Darmon en petit chef sadique qui impose ses blagues de pied-noir et ses recettes de couscous aux ouvriers et enfin (et surtout) Léa Seydoux qui, dans son fauteuil roulant trop grand pour elle, réussit à faire oublier ce que Marion Cotillard aurait pu faire de ce rôle à César. Lourde et fascinante, la métaphore imparable des mixeurs géants qui broient les carcasses et les destins de ceux qui les alimentent nous force à nous rappeler que SUPPLÉMENT CAHIERS DU CINÉMA 6

nous sommes ce que nous mangeons et que nous mangeons ce que nous sommes. Michel Bourré

Shrek V – La der des der de Mike Mitchell

Etats-Unis, 2015. Avec les voix de Fanny Ardant, Bertrand Cantat, André Dussollier, Philippe Torreton, Léa Seydoux. 1h34. Sortie mai 2015.

Shrek coule des jours heureux avec sa compagne Fiona. Les choses se gâtent le jour où l’âne et le Chat Potté volent la pierre qui


rend riche à Merlan l’enchanteur... On a déjà signalé, ici même, les références douteuses qui traversent la saga Shrek : culte de la force, superstitions et obscurantisme médiéval païen, valeurs familiales hétéro-normées... Dans ce nouvel opus, les masques finissent de tomber, révélant la nature profonde si ce n’est l’ADN même du projet : Shrek, l’ogre kaki ( !), envahit le royaume de Merlan l’enchanteur (au nez crochu) afin de faire régner l’ordre et la sécurité dans tout son Royaume (à moins qu’il ne faille plutôt parler de Reich...). D’une fable « bon enfant » à un opus néo-nazi, il n’y a parfois qu’un épisode de trop. Le voici. Thierry Déranger

N’oublie pas que tu vas t’endormir de Manuel Poirier

France, 2015. Avec Romain Duris, Mélanie Laurent, Louis Garrel, Léa Seydoux. 1h49. Sortie juin 2015.

Eva, la quarantaine, tombe éperdument amoureuse de Mathieu, le petit ami de son fils Edouard. Consumée de passion, elle glisse un somnifère dans le Yop d’Edouard et emmène le fiancé de son fils au cinéma voir un film de Christophe Honoré. Mais malgré les avances d’Eva, Mathieu s’endort et rêve qu’il regarde un film d’Arnaud Desplechin dans lequel Edouard rêve qu’il s’endort avec Hippolyte Girardot... Poirier capture l’instant précis où les pôles

s’inversent pour mettre à nu la pantelante beauté des amours de contrebande. Les chansons d’Alex Beaupain infusent en sourdine un hypnotique repos au goût d’inachevé quand la lumière revient. Florence Archichian

ÉVÉNEMENT

« Liberté, j’écris ton nom » Entretien avec Pierre Bergé

R

La plupart de vos biographies vous donnent 83 ans... Si vous vous mettez à rapporter les ragots homophobes répandus sur les réseaux sociaux, cet entretien est terminé et j’appelle votre rédacteur en chef.

endez-vous à la Closerie des Lilas avec le plus glamourous de nos hommes d’affaires. Mécène influent et copropriétaire du Monde, l’homme semble pressé et d’humeur chafouine, menaçant de racheter et de fermer l’établissement à cause d’un steak tartare trop épicé. Pourtant, à peine lui parle-t-on de son premier film « Yves Saint-Laurent de l’intérieur » qu’aussitôt s’allume une lueur de fierté dans ses yeux bleu cobalt. Votre biopic sur Yves Saint-Laurent sera le troisième en moins de deux ans. Pourquoi avoir choisi ce sujet ? Ce « sujet », comme vous dites, a été mon compagnon pendant près d’un demi-siècle, excusez du peu. Et puis, je n’allais pas laisser de jeunes cabots tocards et mal habillés comme Guillaume Gallienne ou Jérémie Renier jouer mon rôle à l’écran sans réagir. Vous avez pris Robert Pattinson (NDLR : le vampire de Twilight) pour jouer votre rôle et Zazie pour incarner Saint-Laurent mais à part elle, il n’y a aucune femme dans le film. Pourquoi ces choix esthétiques radicaux ? Pattinson me ressemble de façon hallucinante avec quelques années de moins et Zazie, avec son côté hommasse et chtarbé, rend parfaitement bien le côté féminin d’Yves. En ce qui concerne

Le

TOP TEN

des

lecteurs

Revenons à votre film : les spectateurs vont être surpris de découvrir vos liens avec François Mitterrand, interprété par Jean-Michel Ribes, et votre histoire tumultueuse avec Bernard Lavilliers... Je crois qu’il est temps de dire que c’est moi qui ai fait Mitterrand. Sans mes conseils, il aurait été tout le temps habillé comme Jean Carmet dans La Soupe aux choux. Quant à Bernard, tout est dit dans la scène où nous nous baignons nus dans le fleuve Amazone, je n’ai rien à ajouter. l’absence de femmes, le tournage a été assez compliqué comme ça pour que je ne m’entoure pas, en plus, de pétasses capricieuses. A part faire la moue et retarder le mouvement avec leurs caprices insupportables, à quoi auraient-elles servi ? D’ailleurs, pour être fidèle à l’esprit YSL que je défends et protège, je me suis assuré que toute l’équipe était gay friendly. J’ai toujours été comme ça, hyper sensible aux détails, et ce n’est pas à 52 ans que je vais changer.

1 L’hiver de Kazuohara, Horikulo Terapi 2 Les âmes vagues, Bernard Clair 3 Les vagues âmes, Claire Bernard 4 The Gunthar’s vasectomy, Johana Fibröhm 5 Pschitt..., Guus Heineken

Les premières réactions des journalistes qui ont vu « Yves Saint-Laurent de l’intérieur » sont mitigées. Comment accueillez-vous ces critiques ? Comment voulez-vous que je les accueille ? Si j’investis des millions dans des journaux pour garantir leur indépendance, ce n’est pas pour laisser mes propres journalistes me débiner. Il y aura des sanctions, c’est inévitable. On ne peut pas laisser attaquer la liberté d’expression au cinéma sans réagir.

6 Hysterica !, Lars Von Trier 7 Connardus !, Katrïne Von trier 8 G.I Joe : final destruction, Bobby McTobby 9 Hein ?, Jean-Luc Godard 10 L’Adieu à Syriza, Guillaume Roquette

Stabilité dans notre TOP 10 avec la nouvelle victoire de L’Hiver de Kazuohara. Film présenté dans deux salles en France, il totalise déjà moins de 17 entrées en 11 mois d’exploitation et taquine le précédent record du cultissime Sangria, leche y tapas de Javier Coronado, jamais projeté, qui trôna plus de 22 mois en première place. Autre surprise de taille, l’irruption dans notre classement de G.I Joe : final destruction, (5, 2 millions de spectateurs en deuxième semaine) due à une erreur de calcul d’un des nouveaux pigistes qui a été remercié. SUPPLÉMENT CAHIERS DU CINÉMA 7


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