J'ai un gros dossier sur Coyote

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J’AI

UN GROS DOSSIER SUR COYOTE

PAR GÉRARD VIRY-BABEL

BLACK YELLOW MAGENTA CYAN

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Toute première histoire publiée par Coyote dans Fluide (n° 171, septembre 1990)

BIOGRAPHIE Né en 1962 dans l’Aveyron, Philippe Escafre est plus connu sous son pseudonyme Coyote, judicieusement emprunté au canidé comique et gaffeur des dessins animés de Chuck Jones. Moutard, il rêve d’être biker, mais se passionne également pour le dessin, l’humour et la bédé. Il fait sess dents avec les aventures du petit ou ourson urson danois Petzi, de Vilhelm Hansen, puis se passionne pour notre héros national gaulois Astérix, dont l’humour, le style et la pilosité inspireront plus tard ses propres personnages.

En 19 1987, 987, c’est la venue au monde de so son on fils Kévin et, dans son sillage, lage e, la naissance de Coyote.. Les premières prem mières piges arrivent, en particulier ticu ulier dans des revues spécialisées sée es dans les grosses cylindrées à deux d roues. C’est l’arrivée entre autres au utres de “Mammouth & Piston”.

Mais c’est en découvrant Pif Gadgett qu’il scelle définitivement son destin : il sera dessinateur de bédé. Il apprend sur le tas, redessinant du Gotlib, dévorant Mickey, Tintin, Spirou, Pilote et Mad… En 1975 1975, 5, c’est la claque Fluide Glacial, e ett il rêve un jour de rejoindre cet cette tte bande de joyeux lurons. En attendant, faut bien bouffer. En 1982, il trouve un petit boulot tranquille : graveur sur pierres tombales. Il essaime pendant deux ans ses œuvres dans tous les cimetières de la région. g Puis c’est une

En n 1990, il est repéré par J.-C. Delpierre, rédac chef de Fluide D Glacial.. Il crée un premier G Glacial personnage nommé “Bébert, p cclochard et philosophe”, puis un deuxième, qui lui ouvrira les highways de la gloire durant quinze ans : le moutard motard Litteul Kévin. Croquis tiré de “Carnets intimes”, intimes” 2003

période de disette, mais pas question de se laisser aller : Philippe en profite pour se mettre réellement à la bédé, et p prend des cours.

L’aven L’aventure nture Fluide Glacial se terminera en 2005, après quelques autres séries comme “Diégo de la SPA”, dont il fait les scénarios pour Cartier. Il part alors vers d’autres horizons et d’autres p projets, tels que “Les Voisins du 109” (Le Lombard, avec Nini Bombardier, 2006). Et toujours le petit Kévin, qui ne grandit pas mais prend des couleurs. En dehors de ça, il aime bien faire de la moto.

Fluide Glacial hors-série n° 24 “La moto”, 2003

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BD parue dans Fluide Glacial hors-série é ““20 ans”, 2005

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[INTERVIEW]

COYOTE

Comment es-tu tombé dans la marmite de la bédé ? J’ai toujours dessiné, comme tout le monde. À l’adolescence, la plupart des gens abandonnent, les garçons pour le foot, les filles pour se faire draguer… Les beaux et les belles ont toujours quelque chose à faire, et les autres doivent trouver d’autres moyens pour séduire leurs parents et leurs amis. Quand on a des vies compliquées, parfois le dessin est un putain de refuge : tu peux faire de la moto si tu n’as pas l’âge, du cheval si tu n’as pas les moyens, tu peux déshabiller les plus belles femmes du monde même si tu n’es qu’un gamin… Bref, je faisais déjà des motos dans les marges de mes cahiers, du karaté, et des hippies plus tard, des gangsters, et des bikers quand j’ai découvert cet univers. J’avais appris à lire tout seul avec “Astérix”, qui m’a profondément imprégné. J’ai le souvenir de ma grand-mère débarquant dans ma chambre parce que je riais à gorge déployée, à cause de la réplique “coucouche panier” d’Obélix chassant un loup dans “Astérix et les Goths” ! À cinq ans, ma marraine m’a abonné à Pif Gadget, j’ai alors compris que des gens faisaient ça toutes les semaines, et que ça pouvait être un métier. Et vers l’âge de treize ans, je découvre Fluide Glacial. Pour moi, c’était clair, je serais un jour dessinateur pour ce journal ! J’ai toujours recopié du Gotlib, que ce soit “Gai-Luron” ou la “Rubrique-à-brac”, ou plus tard les “Rhââ Lovely” ou “Rhâ-Gnagna” : ce trait à l’encre avec en plus de la “teub”, de la “chatte” – oh pardon, des sexes masculins et féminins –, bref, de l’humour “gras”. Il dessinait déjà Mahomet, Jésus et Bouddha en train de fumer des pétards ! C’était une époque bénie pour les magazines de bédé. Je me souviens de Plein pot, un mag spécial moto où avait commencé Debarre. Il y avait aussi BDD, “Bidules Débiles Dessinés”, Antirouille, avec le dessinateur Mathieu, et bien sûr Fluide, avec Coucho, Gotlib, etc. Ces années-là

étaient vraiment géniales ! À côté de ça, j’achetais Mad, qui nous arrivait des États-Unis. J’y ai découvert Wallace Wood et Jack Davis, un Maëster avant l’heure, avec des délirants cartoons à la Tex Avery… Quand, dessinateur professionnel, je suis devenu confrère et ami avec Fournier, je lui ai avoué que, petit ado, je recopiais “Tora Torapa” de Spirou et Fantasio, dont les méchants en chemises hawaïennes, cheveux longs, barbes, flingues et bottes s’appelaient “les tontons Mammouth”. C’était déjà tout moi ! C’est d’ailleurs inconsciemment que j’ai nommé mon premier personnage Mammouth. J’ai refait toute une page avec ses personnages sur papier Canson, que j’ai offerte à Fournier. Il m’a offert en échange une page de “Tora Torapa”.

Tu évoques “Astérix” : tes personnages ont une certaine filiation avec ceux d’Uderzo. Ce qui est drôle, c’est que, jeune, je n’avais jamais recopié d’Uderzo. Quand j’ai commencé ma carrière aux éditions Vents d’Ouest, j’avais fait dans le magazine BD Mag deux ou trois planches et une illustration autour d’Astérix et Obélix. C’est là que j’ai chopé un peu d’Uderzo dans le dessin. Puis, j’ai fait ailleurs “Mammouth & Piston”, et “Bébert, clochard et philosophe” (trois histoires dans Fluide Glacial). Et c’est là que Delpierre, le rédac chef de Fluide à l’époque, me dit : “T’aimes faire des Harley, fais-en pour Fluide !” Donc, je crée “Litteul Kévin”, et c’est au tome 4, avec la couv “Easy Rider”, que Maëster me dit : “Mais il est un peu bizarre ton

Crobards Litteul Kévin (“Carnets intimes”)

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Coyote, Algoud et Margerin dans le roman-photo “Le Biker charmant”

Litteul Kévin : blond avec des sourcils noirs…” D’abord, mon propre gamin, Kévin, était un peu comme ça. Celui de la bédé, c’est lui quand il avait trois ans. Mais je réponds à Maëster qu’il y a un autre personnage comme lui : Astérix. Au moment où je lui dis ça, je réalise l’influence d’Uderzo dans mon dessin. Le père a le nez d’Obélix, mais aussi les pommettes comme les fait Uderzo : un petit rond et une fossette. Finalement, ce que j’ai lu petit m’a imprégné, peut-être plus que ce que j’ai appris par la suite. J’ai marqué ma filiation uderzienne dans l’album suivant, en dessinant un chien, que le père achète. Un des gamins dit “On dirait Obélix et Idéfix”, et l’autre répond “Tais-toi, Romain”, et le père se tape le front du doigt en faisant “Toc, toc…” ! Finalement, je me suis rendu compte que mes bikers, c’était carrément le village gaulois. Mammouth ressemblait déjà furieusement à Cétautomatix, enfin tout était là : gros nez, moustaches, nuques mi-longues qui rebiquent, jusqu’au bracelet de Cétautomatix, etc. Tout ça était involontaire ! Ton côté biker trouve ses origines à quel moment ? J’ai eu très vite une moto. À treize ans, je l’ai conduite illégalement pendant une année. À quatorze ans, je faisais tous les week-ends les 300 bornes qui séparaient Toulouse et Rodez, et mes parents divorcés… C’était une moto d’enduro, une Peugeot SX5C, à laquelle j’avais mis un grand guidon et tout pour ressembler à celles de “Easy Rider”, que j’avais vu à onze ou douze ans, et qui m’avait marqué. Je m’étais dit : ce sera ma vie, ça ! Une moto, une cigarette mal roulée, et tailler la route. C’était fait pour moi ! J’ai aussi découvert les hippies avec ce film, les babas cool et les babas speed… Vraiment, “Easy Rider” a été un putain de déclic de vie, d’envie de rébellion. C’était le rêve californien. Je rêvais d’Harley, de soleil, de cheveux au vent et de cigarettes mal roulées ! (Rires.) Tu as mis beaucoup de toi dans les histoires de “Litteul Kévin”. Oui, mais ce n’est pas moi : le père a un gros nez et il est blond, quand j’ai un

nez fin et je suis brun… Hulk a plutôt ma chevelure, mais également un gros nez. J’ai plutôt la gueule et les lunettes de Dan, celui au béret. Tous mes personnages ont un peu de moi. J’étais allé voir une psy une fois, pour quelques séances. Je lui avais offert mes bédés, pensant que ça irait plus vite – prétentieux que j’étais –, et elle m’a dit : “Vous êtes le père ou le fils dans la bédé ?” Mais non, je suis les deux ! Je suis surtout Litteul Kévin : je me suis inventé une jeunesse que je n’ai pas eue, et des parents “rock and roll”. Et je me suis fait rêver avec Litteul Kévin. Ce n’était pas pour faire de l’argent. J’ai toujours fait des bédés que j’aurais aimé lire : en se faisant plaisir à soi, on fait obligatoirement plaisir à d’autres. Je suis donc tous les personnages, y compris la mère et le petit chien.

Tu avais démarché Fluide Glacial, ou c’est Fluide qui est venu te chercher ? C’est Fluide : dans les années 1990, je me donnais encore cinq ans avant d’aller voir le journal. Et c’est Delpierre qui m’appelle : “Bonjour, je suis le rédac chef de Fluide Glacial, ça vous dit de faire quelque chose pour le journal ?” J’ai répondu : “T’es qui, connard ?”, convaincu qu’un pote me faisait une sale blague. “Non, non, je suis bien M. Delpierre, j’ai eu votre téléphone par untel de Moto Magazine”, etc. Le lendemain, il avait trois tonnes de dessins sur son bureau. Le surlendemain, il me demande de créer un personnage pour Fluide, et j’ai fait “Bébert, clochard et philosophe”, puis très vite “Litteul Kévin”. Dès la première histoire, Delpierre trouve la mère géniale et me demande son prénom, je lui réponds que j’en sais rien, et lui demande “Comment s’appelle ta femme ?”, “Sophie”. C’est aussi bête que ça ! Un autre dessinateur de Fluide Glacial, Frank Margerin, est dans l’univers de la moto. Vous avez fait un roman-photo très drôle ensemble, pour Léandri (horssérie “La moto”, septembre 2003). Margerin, je me rappelle avoir fait la queue en dédicace, il y a une

trentaine d’années, pour lui montrer mes dessins et lui demander des conseils. J’étais très fan de son travail, on est devenus confrères, puis très potes. Le souvenir de ce roman-photo : un putain de speed pour moi ! Il y avait des grèves, j’arrivais à Paris en avion, je devais récupérer la moto d’un pote, faire le shooting et reprendre un train pour le festival d’Amiens. Mais ça reste un grand souvenir, on s’est bien marrés. Surtout, j’ai adoré être dans les bras de la “princesse noire”, qui s’appelait Radiah Frye, la chanteuse de jazz américaine. (Pour les plus jeunes : la mère de Mia Frye, la célèbre chorégraphe.) On s’est bien marrés, comme à chaque fois avec Léandri, d’ailleurs ! Ça fait plus de vingt ans et une dizaine d’albums que tu racontes les histoires de Litteul Kévin. As-tu songé à raconter sa vie d’adulte, un peu comme Margerin, qui a fait vieillir Lucien ? Ah non, jamais de la vie. Je l’ai fait de manière détournée dans le spécial ”20 ans“ de Fluide Glacial. C’est Kévin qui s’imagine vieillissant, dans plusieurs versions possibles de lui-même à 20 ans. Et dans le même temps, il réalise que ses parents vont aussi vieillir et mourir, ce qui le fait flipper. Et ses parents le rassurent en lui disant qu’on ne vieillit jamais si on lit Fluide Glacial. Je l’ai quand même fait une fois jeune homme, avec un super chopper, la nuque mi-longue évidemment (rires), mais c’est juste un rêve du père.Hors de question d’en faire un album. Il aura toujours le même âge, c’est la magie d’un personnage de bédé. Il ne vieillit pas et meurt encore moins.

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DU MÊME AUTEUR FLUIDE GLACIAL MAMMOUTH & PISTON (3 tomes) 1 MAMMOUTH & PISTON tome 1 1999 (1E ÉDITION : FREEWAY, 1992) 2 MAMMOUTH & PISTON tome 2 1999 (1E ÉDITION : FREEWAY, 1995) 3 MAMMOUTH & PISTON tome 3 2000 LITTEUL KÉVIN (7 tomes chez Fluide Glacial) L 1 LITTEUL KÉVIN 1993 (FLUIDE GLACIAL / LE LOMBARD) 2 LITTEUL KÉVIN : ÉPIQUE ET SAUVAGE 1994 3 LITTEUL KÉVIN : HASTA LA BISTA... BABY ! 1995 4 LITTEUL KÉVIN : BOOOOORN TOUBI HOUAAÏÏÏLD 1996 5 LITTEUL KÉVIN tome 5 1998 6 LITTEUL KÉVIN tome 6 2000 7 LITTEUL KÉVIN tome 7 2003 DIÉGO DE LA SPA (SCÉNARIO : COYOTE / DESSIN : CARTIER) D 1 DIÉGO DE LA SPA tome 1 2005 2 DIÉGO DE LA SPA tome 2 2005 3 DIÉGO DE LA SPA tome 3 2007 L BELLE ET LES BÊTES : UN SIÈCLE DE HARLEY DAVIDSON 2003 LA CARNETS INTIMES 2003 C

ÉÉDITIONS LE LOMBARD LITTEUL KÉVIN (3 tomes chez Le Lombard) L 8 LITTEUL KÉVIN tome 8 2009 9 LITTEUL KÉVIN tome 9 2010 10 LITTEUL KÉVIN tome 10 2013 LES VOISINS DU 109 (2 tomes) L 1 LES VOISINS DU 109 : VENDREDI 2006 2 LES VOISINS DU 109 : SAMEDI 2008

ÉDITIONS LE CYCLISTE COYOTE : 20 ANS DE MOTOS 1998

©Coyote – Fluide Glacial 2015 Éditions Audie, 87 quai Panhard et Levassor, 75647 Paris cedex 13 Imprimé et relié par Printer, Portugal. Dépôt légal août 2015. Première édition. Diffusion France et étranger : Flammarion.

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