14 | SCIENCE-FICTION | LA NUIT DE L’INVASION DES NAINS DE JARDINS VENUS DE L’ESPACE
France - 1997 Couleurs - Durée inconnue
TITRE INTERNATIONAL
The Night of the Invasion of the Garden Dwarves from Outer Space
GENRE
Science-fiction
RÉALISATION
Dylan Craosevich
SCÉNARIO, IMAGES, SON, MAQUILLAGE...
The Trance Pires Grillon and Pedro
DISTRIBUTION
Sortie France : film non achevé
RÉSUMÉ
Une nuit, alors qu’il tente de réparer sa moto, Vincent est témoin de l’atterrissage d’un vaisseau spatial en forme de champignon. Le lendemain, une série de meurtres atroces survient dans les jardins de petits pavillons de banlieue. L’inspecteur Lionel mène l’enquête. Devant l’étrangeté des crimes, il convoque le professeur Smurt qui ne tardera pas à découvrir les auteurs de ces abominables meurtres gratuits : des nains de jardins venus de l’espace ! Lors d’une attaque, le professeur, Vincent, et l’inspecteur sont acculés dans une cabane de jardin. Là, ils arrivent à faire prisonnier un nain. En le disséquant, le professeur découvre dans ses entrailles un œuf extraterrestre...
LA NUIT DE L’INVASION DES NAINS DE JARDINS VENUS DE L’ESPACE | SCIENCE-FICTION | 15
AUTOUR DU FILM De ce film jamais sorti en salles, seuls subsistent un flyer (page de gauche) et une bande-annonce diffusée en 1997 dans un festival vosgien. Ce « teaser » hilarant s’est mystérieusement retrouvé sur internet dans les années 2000 où il fait un carton (plus de 44 000 vues à ce jour) et réapparaît parfois dans des rétrospectives de films « Z ». Son réalisateur, le très discret Dylan Craosevich disparu mystérieusement en 2013, n’a laissé quasiment aucune trace de son film : quelques photos de tournage, une ou deux maquettes, et plusieurs marionnettes de nains mangés par les mites qu’ont bien voulu nous confier ses parents – Peter et Irma – pour les besoins de notre ouvrage. Peter, qui a travaillé sur le projet en qualité de maquettiste (il a conçu le cinéma et le restaurant Tex Mex du village ravagé par le nain géant); nous a confié ses rares souvenirs de tournage. « Mon fils, grand fan de cinéma d’horreur et de série “Z“, était un sacré bonhomme, hein Irma ? Bref, dans les années 80, lors d’un festival de geek (dont j’ai oublié le nom), il avait vu un film – aujourd’hui introuvable – dont le méchant était une sorte de nain cyborg qui venait du futur ou quelque chose comme ça, je ne me souviens pas très bien… [Terminanain, NDLA]. Dès lors, il n’a plus eu qu’une obsession : réaliser des films sur des nains tueurs avec du sang partout, des filles nues et tout le tintoin. Comme il ne trouvait pas de producteurs assez audacieux pour se lancer dans de tels projets (c’est tous des nuls, vous savez, c’est comme les éditeurs, des sacrés bons à rien, enfin passons…), il a décidé un jour de casser sa tirelire et de se débrouiller tout seul. Avec ses copains – ah !…
Leurs noms m’échappent mais je profite de votre bouquin pour leur rendre hommage – il a réalisé son rêve comme il pouvait, dans notre jardin, avec les moyens du bord. Ma femme et moi avons décidé de l’aider du mieux que nous pouvions : elle aux costumes et moi aux maquettes (je ne suis d’ailleurs pas peu fier de mon travail…). Il a tourné en anglais pour pouvoir vendre son film à l’étranger, enfin… je crois. Le film fini, il a fabriqué cette bande-annonce très rigolote avec cet acteur si drôle là… Machin… Aide-moi voir, Irma, tu sais, le marrant là, de ”mon cul”… enfin bref. Il a présenté sa bande-annonce qui a eu plein de succès au festival ” bidule-chose” pas loin d’ici. Il y a même eu une diffusion à la télé locale… RTF 3 ? (mais aide-moi donc !)… Je sais plus. En tout cas l’émission, je me souviens ! C’était celle d’un copain à nous, un gros qui fumait des cigares bon marché, qui était populaire à l’époque… [un Blanc]. Puis après, ben, c’est le trou noir, je ne me souviens plus de rien. » ► Pour visionner la bande-annonce du film de Dylan Craosevich, flashez le code ci-contre ou rendezvous sur www.fluideglacial.com/dylanpelot/nains.
À gauche : Image extraite du film Ci-dessous : Photo du tournage de la séquence d’ouverture
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En à peine dix minutes agrémentées de la voix de Daniel Prévost narrant en anglais les mille et une promesses de rebondissements de cette saga, la salle assista, médusée, à l’invasion en règle de notre pays par une horde de nains de jardin venus, eh oui, de l’espace.
Ci-contre : Article paru dans Movie Burger N°39 (Fanzine Lorrain - février 1997), et écrit par Tony Clifton
L’intrigue, d’une complexité que ne renierait pas un Arthur C. Clarke, semble faire un parallèle, pas toujours évident dans la bande-annonce, entre l’arrivée de nains de jardin sur terre à bord de leur vaisseau spatial en forme de champignon, et la possible prise de conscience et donc de vie de leurs homologues terriens. Gageons que tout cela s’éclaircira à la projection du film dans son intégralité que nous espérons pour bientôt, bavant d’impatience.
C’est littéralement estomaqués, pour ne pas dire carrément sur le cul, que nous sommes ressortis de la projection en exclusivité de la bandeannonce de La Nuit de l’invasion des nains de jardin lors du dernier festival de Gérardmer. En effet, quelques locaux, à comprendre par là des Vosgiens, ont réussi, tout du moins d’après les images que nous avons eu le privilège de découvrir, à produire et tourner une bande de SF-horreur dépassant, et de loin, tout ce qui avait pu être envisagé ou gravé sur de la pellicule jusqu’à ce jour. La bande-annonce du tout petit Independance Day de Emmérich le jour suivant fit l’effet d’un pétard mouillé, c’est dire.
Imaginez seulement qu’il soit possible de réunir, en un seul métrage, toute la verve d’un Max Pecas, la décontraction d’un Jacques Tati, des effets spéciaux ne craignant pas la démesure ni de comparaison avec les travaux de Douglas Trumbull ou Ray Harryhausen, du gore à faire péter une durite à Tom Savini. Rajoutez encore de l’action, des femmes en bikini, de la guitare et une deux chevaux, des interprètes au sommet de leur art, une diction à faire chialer Lawrence Olivier et vous aurez peut-être une vague idée du résultat. Passant de l’infiniment petit (oui bon, le nain de jardin n’est pas véritablement une particule élémentaire, mais soyons des critiques courageux pour une fois et osons dire que le nain de jardin, avec ce film, est sur le point de devenir une base dont il sera difficile de se passer par la suite, reléguant par exemple le zombi sur une voie de garage dont il ne ressortira plus jamais !), de l’infiniment petit donc, à l’infiniment grand, à savoir le nain géant, le film d’une audace sémantique sans égale (le nain géant, les mecs, puisqu’on vous le dit, le nain géant ! fallait oser quand même) se permet, comme tout bon classique immédiat, de lier le meilleur des réjouissances horrifiques à l’analyse sociale en profondeur. Soyons clairs, en un mot comme en cent, avec ces nains, le cinéma vient de faire un pas de géant. ■