RMF 64
Crise climatique et communautés locales juin 2020
www.fmreview.org/fr/numero64
MobilitĂ© Ă gĂ©omĂ©trie variable parmi les communautĂ©s des Ăźles du Pacifique Fanny Thornton, Karen McNamara, Olivia Dun, Carol Farbotko, Celia McMichael, Merewalesi Yee, Sabira Coelho, Tim Westbury, Sharon James et Frances Namoumou Dans les Ăźles du Pacifique, les types de mobilitĂ© sont divers et nombreux. Des Ă©tudes de cas nous permettent de mieux comprendre les actions et les dĂ©cisions des individus, des mĂ©nages et des communautĂ©s face Ă lâaccĂ©lĂ©ration de la vulnĂ©rabilitĂ© climatique. La rĂ©gion des Ăźles du Pacifique est souvent au centre des dĂ©bats mondiaux sur les dĂ©placements provoquĂ©s par le climat, en raison de sa vulnĂ©rabilitĂ© aux impacts du changement climatique. Selon certaines estimations, jusquâĂ 1,7 million dâhabitants de cette rĂ©gion migreront ou seront dĂ©placĂ©s dâici 2050 Ă cause de ces impacts climatiquesÂč. Ces dĂ©placements revĂȘtent de nombreuses formes, dont la rĂ©installation planifiĂ©e des communautĂ©s, la migration des zones rurales vers les zones urbaines (ou vers les Ăźles principales) et la migration transfrontaliĂšreÂČ.
RĂ©installation : Fidji
Ă Fidji, les autoritĂ©s ont identifiĂ© au moins 42 villages qui pourraient faire lâobjet dâune rĂ©installation planifiĂ©e dans le cadre dâune Ă©ventuelle rĂ©ponse adaptative aux risques du changement climatique. Les communautĂ©s concernĂ©es sont installĂ©es sur des sites cĂŽtiers de faible altitude qui souffrent de divers phĂ©nomĂšnes : inondation des logements et des cimetiĂšres ancestraux, Ă©rosion cĂŽtiĂšre, ondes de tempĂȘte et intrusion dâeau salĂ©e dans les terres agricoles arables et les sources dâeau potable. Plusieurs villages, parfois avec lâappui de ministĂšres, de bailleurs et dâONG, ont amorcĂ© le processus de transfert des logements, des moyens de subsistance et des communautĂ©s loin de ces sites et de leurs risques environnementaux. En 2014, par exemple, le village cĂŽtier de Vunidogoloa Ă Vanua Levu a Ă©tĂ© rĂ©installĂ© sur des terres plus Ă©levĂ©es afin de rĂ©duire son exposition Ă lâĂ©rosion cĂŽtiĂšre et aux inondations. Son nouvel emplacement se situe Ă environ 2 km Ă lâintĂ©rieur de lâĂźle, sur des terres claniques coutumiĂšres, et offre des logements et des infrastructures amĂ©liorĂ©s, un accĂšs Ă des terres agricoles et Ă des activitĂ©s de subsistance, ainsi quâun meilleur accĂšs aux services sanitaires et Ă©ducatifs, aux routes principales et aux marchĂ©s. Câest la communautĂ© elle-mĂȘme qui a pris lâinitiative de ce dĂ©placement, les membres et les chefs de la communautĂ© ayant jouĂ© un rĂŽle de premier plan dans la planification et la prise de dĂ©cision, et le
dĂ©placement ayant Ă©tĂ© facilitĂ© par des partenariats et une collaboration entre les chefs et les membres de la communautĂ©, les rĂ©seaux ecclĂ©siastiques, les agences donatrices, ainsi que le Conseil provincial et les ministĂšres gouvernementaux. La rĂ©installation a Ă©tĂ© difficile Ă plusieurs Ă©gards, notamment la modification du rĂ©gime alimentaire et du mode de vie (surtout en raison dâun accĂšs plus facile aux centres urbains), la rupture des liens avec la terre, lâabsence de lieux de culte (un problĂšme en cours de rĂ©solution grĂące Ă la construction dâune Ă©glise financĂ©e par la communautĂ©) et lâinsuffisance des infrastructures. Dâautres villages fidjiens sâĂ©loignent Ă©galement du littoral qui ne cesse de gagner du terrain, avec ou sans lâappui des autoritĂ©s et des bailleurs, bien que certains ne rĂ©installent pas leur communautĂ© entiĂšre. En 2015, par exemple, dans lâinstallation cĂŽtiĂšre de Vunisavisavi Ă Vanua Levu, seulement quatre nouveaux logements ont Ă©tĂ© construits (avec lâappui des bailleurs) au-delĂ de la zone inondable, tandis que tous les autres logements ont Ă©tĂ© modernisĂ©s pour les rendre rĂ©sistants aux cyclones. Le dĂ©placement de quelques mĂ©nages Ă peu de distance seulement a permis de limiter la perturbation du quotidien, des moyens dâexistence et du lien avec la terre. Ces rĂ©installations planifiĂ©es apportent des enseignements, notamment concernant le besoin de processus dĂ©cisionnels inclusifs avant, pendant et aprĂšs la rĂ©installation ; le maintient de la vie culturelle et spirituelle des communautĂ©s ; la prĂ©servation ou lâamĂ©lioration des conditions de vie, y compris de lâaccĂšs aux services (santĂ©, Ă©ducation, marchĂ©s) et les infrastructures, tant au niveau des mĂ©nages, que de la communautĂ© ainsi que la planification des moyens dâexistence afin que tous les membres de la communautĂ© puissent pratiquer des activitĂ©s de subsistance durables.
Lâattrait de la ville : Fidji
La migration rurale-urbaine peut ĂȘtre une bonne stratĂ©gie de diversification des moyens de subsistance et de renforcement de la rĂ©silience, y compris pour les communautĂ©s exposĂ©es Ă
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