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Traite et trafic des êtres humains www.fmreview.org/fr/numero64 droits des travailleuses qui ont pour mandat principal la garantie du respect des droits humains, économiques, sociaux, politiques et du travail de leurs affiliées par les acteurs étatiques et non étatiques. Dans une certaine mesure, leur travail est tout à fait similaire au travail des ONG de lutte contre la traite qui sont membres de GAATW. Par exemple, les organisations de travailleuses du sexe fournissent des informations sur les droits et sur les conditions de travail, et indiquent où obtenir de l’aide en cas de violation de ces droits. Dans le domaine de la lutte contre la traite, il est couramment fait référence à ce type d’activités en tant que prévention, sensibilisation ou autonomisation. Dans les cas de violations des droits, et notamment dans les cas de traite, les organisations de travailleuses du sexe proposent une assistance pour déposer des plaintes et traiter avec la police, les tribunaux et les services d’immigration ; couvrir les besoins élémentaires ; fournir un soutien psychosocial et une aide à la médiation familiale ; aider les femmes à retourner dans leur communauté et à trouver un emploi. Dans le domaine de la programmation contre la traite, on fait généralement référence à des activités d’intégration/réintégration ou des services d’inclusion sociale. L’amalgame automatique et inexact de tout travail sexuel à la traite et l’opinion selon laquelle toute forme de prostitution est une exploitation, empêchent de nombreuses organisations de lutte contre la traite de percevoir les similarités entre
juin 2020 leurs priorités et activités et celles des organisations de travailleuses du sexe alors qu’elles n’ont rien d’incompatibles : les organisations de travailleuses du sexe peuvent lutter contre les situations de traite et les organisations de lutte contre la traite peuvent respecter les droits des travailleuses du sexe. Nous espérons que l’étude de GAATW puisse favoriser une nouvelle approche respectueuse des décisions et des actions des travailleuses du sexe et les reconnaitre comme des partenaires essentielles dans la lutte contre la traite humaine. Borislav Gerasimov borislav@gaatw.org Coordinateur des Programmes de communication et de plaidoyer, Global Alliance Against Traffic in Women www.gaatw.org; Rédacteur d’Anti-Trafficking Review www.antitraffickingreview.org 1. bit.ly/UN-Palermo-Protocol 2. Bernstein E (2018) Brokered Subjects: Sex, Trafficking, and the Politics of Freedom, The University of Chicago Press 3. Voir par exemple Chuang J (2010) « Rescuing Trafficking from Ideological Capture: Prostitution Reform and Anti-Trafficking Law and Policy », University of Pennsylvania Law Review, Vol 158(6): 1655–1728 bit.ly/Chuang-2010 4. Un numéro de RMF publié en 2006, « Trafic d’êtres humains : préserver les droits et comprendre les failles » avait été produit avec le soutien et les conseils de GAATW. www.fmreview.org/fr/trafic-detres-humains-preserver-les-droits-etcomprendre-les-failles 5. GAATW (2018) Les travailleuses du sexe s’organisent pour le changement bit.ly/GAATW-travailleuses-du-sexe-changement 6. Ahmed A et Seshu M (2012) « “We have the right not to be ‘rescued’...”: When Anti-Trafficking Programmes Undermine the Health and Well-Being of Sex Workers », Anti-Trafficking Review, Vol 1: 149–165 https://doi.org/10.14197/atr.201219
Le retour en Italie des requérants d’asile vulnérables : la protection des victimes de traite Lucia Della Torre, Adriana Romer et Margarite Zoeteweij Les conditions d’accueil inadaptées des requérants d’asile vulnérables en Italie soulèvent de graves questions sur la légitimité des transferts de personnes victimes de traite au titre de la procédure de Dublin. En vertu du Règlement de Dublin III¹, un État membre de l’UE peut demander à un autre État membre de ré-accueillir un requérant d’asile qui a déjà déposé une demande dans son premier pays d’asile. L’application de ce Règlement impose une pression disproportionnée sur les systèmes d’asile des pays dont les frontières font également partie des frontières extérieures de l’UE et dont l’Italie fait partie. Le résultat d’une telle pression, associée aux récents développements politiques et juridiques en Italie, signifie que les besoins
spécifiques des requérants d’asile vulnérables – parmi lesquels on compte des victimes de traite – sont souvent mal identifiés et inadéquatement couverts, ce qui soulève des doutes sur la légitimité de ces « transferts au titre de Dublin ». L’identification précoce des victimes potentielles de traite au cours de la procédure d’asile est cruciale afin de leur donner les meilleures conditions possibles pour présenter correctement leur demande d’asile et les protéger de toute exploitation ultérieure. La Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte