Bulletin de liaison des amis du Comité contre les Maladies Respiratoires
Souffle la lettre du
N°65
fevrier 2012
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LES ACTUALITéS DU CNMR
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vos questions, nos réponses
Participer : au Congrès de la Société Française de Tabacologie en novembre 2011 ; au Congrès de Pneumologie de Langue Française en janvier 2012 à Lyon Agir : lors de la Journée Mondiale de lutte contre la tuberculose (24 mars 2012) Suventionner : 5 équipes de chercheurs récompensées Nos experts répondent à vos questions.
Fibrose pulmonaire idiopathique, la recherche doit continuer
édito
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Notre grand dossier
Les fibroses pulmonaires et la fibrose pulmonaire idiopathique Zoom sur la fibrose pulmonaire idiopathique Quel traitement pour la fibrose pulmonaire idiopathique ? Fibrose pulmonaire et maladies professionnelles
Les pathologies interstitielles pulmonaires ou fibroses pulmonaires sont des maladies pouvant conduire à l’insuffisance respiratoire chronique. 200 maladies peuvent être à l’origine d’une fibrose pulmonaire. Néanmoins, entre 20 et 25% des patients souffrent de fibrose pulmonaire idiopathique - c’est à dire : dont on ne connaît pas la cause -. C’est une maladie rare, qui touche plus de 100 000 personnes en Europe et aux EtatsUnis. En France, il y a probablement 3000 à 5000 nouveaux cas par an. Elle survient pratiquement toujours après 55 ans, le plus souvent après 65 ans et touche davantage les fumeurs. La fibrose pulmonaire idiopathique est très sous-diagnostiquée et il faut souvent de nombreux mois, voire des années, avant que le diagnostic soit posé.
Fibrose pulmonaire idiopathique, une maladie progressive et mortelle…
née en France plus de décès dus à une fibrose pulmonaire idiopathique que liés aux accidents de la route. Jusqu’à présent, il n’existait aucun traitement efficace.
…mais de l’espoir aujourd’hui
La Commission européenne a autorisé la mise sur le marché début 2011 d’un médicament indiqué pour le traitement des formes légères à modérées. Celui-ci ralentit l’évolution de la maladie. En outre, des travaux consistants permettent de mieux comprendre les mécanismes biologiques qui interviennent dans la maladie et au moins 25 molécules différentes sont en cours d’investigation. Il y a un grand espoir de trouver dans les années à venir des traitements ciblés efficaces. Continuer la recherche est donc plus que jamais nécessaire. Les pneumologues restent mobilisés. D’ailleurs, le 15ème Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF), qui s’est tenu à Lille en janvier 2011, avait mis le thème des fibroses pulmonaires à l’honneur. Le Comité National contre les Maladies Respiratoires, lui, informe sur les fibroses et soutient les travaux de recherche. Pour qu’un jour, nous sachions guérir cette maladie orpheline.
La fibrose pulmonaire idiopathique est le plus souvent grave avec néanmoins une diversité d’évolution d’un cas à l’autre : chez certains, la maladie reste stable sur une période plus ou moins longue ; chez d’autres personnes, la maladie s’aggrave très rapidement. Les chiffres restent terribles: Pr Dominique Valeyre, Pneumologue, Hôpital Avicenne - Bobigny le taux de survie estimé à 5 ans ne Président de la Société dépasse pas 20%. Il y a chaque ande Pneumologie de Langue Française.
notre grand dossier Les fibroses pulmonaires et la fibrose pulmonaire idiopathique Par Anne-Sophie Glover-Bondeau
Les fibroses pulmonaires sont des maladies qui peuvent conduire à l’insuffisance respiratoire. Leurs causes sont multiples. Parfois aucune cause n’est trouvée, il peut s’agir alors d’une fibrose pulmonaire idiopathique, forme la plus grave. Les pathologies interstitielles pulmonaires ou fibroses pulmonaires sont la conséquence de l’altération de la membrane alvéolo-capillaire par de l’inflammation et/ou de la fibrose du tissu interstitiel (tissu de soutien entre les alvéoles), essentiel aux échanges gazeux du poumon (oxygène/gaz carbonique). Elles rassemblent plus de 200 maladies différentes. Les plus fréquentes ? La sarcoïdose, la fibrose pulmonaire idiopathique ainsi que les connectivites, au premier rang desquelles la polyarthrite rhumatoïde, mais aussi les pneumopathies d’hypersensibilité liées à l’inhalation d’agents organiques (poumon de fermier ou des éleveurs d’oiseaux par exemple) et les maladies liées à la toxicité de certains médicaments. Autres maladies pouvant entraîner une fibrose pulmonaire : l’asbestose (maladie liée à l’amiante) et la silicose. Chez 65% des patients atteints, la maladie diagnostiquée reste de cause inconnue : il en est ainsi, parmi d’autres maladies, de la fibrose pulmonaire idiopathique. Pour d’autres, des facteurs exogènes sont responsables : matériels organiques (poussières d’origine végétale ou animale) et inorganiques (poussières minérales ou métalliques), certaines infections (tuberculose miliaire, pneumocystose…) ou médicaments.
Symptômes des fibroses pulmonaires Le symptôme principal des pathologies interstitielles pulmonaires est un essoufflement (dyspnée) progressif, à l’effort tout d’abord, puis également au repos lorsque la maladie a évolué.Les autres signes possibles sont une toux sèche qui doit alerter lorsqu’elle est persistante et l’existence de râles crépitants pulmonaires à l’auscultation et, plus rarement, une déformation des ongles en verre
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de montre décrite sous le nom d’hippocratisme digital.
Diagnostic des fibroses pulmonaires Le diagnostic est basé sur un interrogatoire minutieux relatant les expositions éventuelles, professionnelles ou non, les habitudes tabagiques,la notion d’antécédents familiaux similaires,les antécédents médicaux personnels et les traitements suivis, et l’historique des symptômes. Un examen clinique du thorax mais aussi général pour rechercher les manifestations d’une maladie systémique (connectivite, sarcoïdose, etc…) et une radiographie thoracique sont aussi pratiqués. Dans 10% des cas, la radiographie peut rester normale. La tomodensitométrie (scanner) thoracique est un examen clé,qui permet de révéler l’atteinte pulmonaire et de déterminer ou en tout cas d’orienter sur la maladie en cause. Une endoscopie (fibroscopie) bronchique avec lavage broncho-alvéolaire peut être réalisée, une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) également permettant d’évaluer au mieux le degré de retentissement de la maladie tout comme le test de marche des 6 minutes.
Traitement des fibroses pulmonaires Si un agent causal sous-jacent est en cause, il devra être éliminé (médicament, aéro-contaminant). Le tabagisme qui peut jouer un rôle favorisant pour certaines maladies est dans tous les cas délétère et doit faire l’objet d’une prise en charge. Le traitement des fibroses pulmonaires post-inflammatoires (par exemple sarcoïdose) vise à empêcher la réaction inflammatoire, afin de limiter le développement du tissu cicatriciel. Il consiste en l’administration de cortisone, d’immunosuppresseur et d’oxygène. Quand la maladie est à un stade très avancé, une transplantation peut être proposée.
Zoom sur la fibrose pulmonaire idiopathique La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) est la plus fréquente des fibroses pulmonaires. C’est une maladie particulièrement grave qui se manifeste par un essoufflement progressif évoluant vers l’insuffisance respiratoire. Cette maladie est caractérisée par une altération des poumons (fibrose) qui se rigidifient et ne parviennent plus à assurer de façon correcte la respiration. On ignore encore à quoi est due cette maladie.Plusieurs hypothèses ont été émises.Actuellement, les chercheurs pensent que le mécanisme en cause serait une agression des alvéoles pulmonaires par des facteurs encore mal identifiés. Celle-ci déclencherait alors la formation non contrôlée de cicatrices dans les poumons (fibrose).(1) Un certain nombre de FPI (5 à 15% des cas) sont d’origine génétique : plusieurs membres d’une même famille peuvent être touchés. La prévalence de la fibrose pulmonaire idiopathique (nombre de personnes atteintes à un moment donné dans la population) est très inférieure à 1/2000. C’est donc une maladie rare. La prévalence augmente avec l’âge : très rare avant l’âge de 50 ans, la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) débute le plus souvent entre 60 et 70 ans.Elle touche un peu plus les hommes et est souvent diagnostiquée à un stade tardif.
opacités dans les poumons correspondant aux zones de fibrose. Celles-ci peuvent avoir un aspect très caractéristique en « rayons de miel » quand la maladie a déjà progressé. Une fibroscopie avec lavage broncho-alvéolaire (LBA) peut être effectuée - instillation de fractions de 50ml de sérum physiologique dans un segment pulmonaire lors d’une fibro-bronchoscopie, réaspirées et analysées du point de vue cytologique, immunologique, bactériologique, minéralogique -permet surtout d’éliminer des maladies ayant des symptômes similaires à la FPI. Lorsque ces examens ne permettent pas un diagnostic de certitude,une biopsie pulmonaire chirurgicale peut être réalisée. Pour évaluer la capacité respiratoire et ainsi voir si la maladie est à un stade précoce ou avancé, une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) est effectuée.
La FPI s’aggrave de façon progressive et peut provoquer une insuffisance respiratoire sévère,conduisant au décès.La maladie peut ne pas trop évoluer pendant des années ou au contraire s’aggraver rapidement. Les infections respiratoires aggravent la maladie. Les symptômes de la fibrose pulmonaire idiopathique ? Les mêmes que pour toute fibrose. Dyspnée progressive (essoufflement), toux sèche dont la persistance nécessite de voir un spécialiste, râles crépitants, hippocratisme digital dans 25 à 50% des cas ; il s’agit d’une déformation des doigts (renflement de la phalange de l’ongle en baguette de tambour alors que l’ongle est habituellement bombé en « verre de montre »). Le diagnostic se fait à l’aide de plusieurs examens. Tout d’abord par l’imagerie pulmonaire : radiographie et surtout scanner, qui permet un diagnostic dans plus de la moitié des cas. Ce dernier montre des
Tabac et fibrose pulmonaire Les études récentes soulignent que,bien que les fibroses aient des origines multiples, le tabagisme est un facteur de gravité dans les fibroses idiopathiques et peut être un facteur au moins partiel de cause de fibrose. En particulier, dans le cas de fibrose pulmonaire d’origine génétique. Source : DA, Keane MP, Belperio JA, Strieter RM, Lynch JP 3rd, Pulmonary fibrosis, Methods Mol Med. 2005;117:3-44
(1) Fiche « la fibrose pulmonaire idiopathique », Orphanet, septembre 2008 Sources : fiche « la fibrose pulmonaire idiopathique », Orphanet, septembre 2008 ; Cottin V., Cordier JF., Fibrose pulmonaire idiopathique, Encyclopédie Orphanet, juillet 2006 ; dossier de presse CPLF 2011,
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Quel traitement pour la fibrose pulmonaire idiopathique ?
Le traitement actuel de référence ne guérit pas la fibrose pulmonaire idiopathique. Il permet juste de freiner la progression de la maladie. Le point avec le Pr Bruno Crestani, pneumologue à l’Hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris).
La trithérapie de référence pour la fibrose pulmonaire idiopathique repose sur l’administration de cortisone à faible dose, d’immunosuppresseurs et d’un anti-oxydant, la N-acétylcystéine. On traite ainsi la réponse inflammatoire en espérant que la réduction de l’inflammation préviendra l’extension du tissu cicatriciel (fibrose) dans les poumons et freinera la progression de la maladie. D’autres mesures sont plus symptomatiques: oxygénothérapie et réhabilitation respiratoire. A cela s’ajoutent parfois « des inhibiteurs de la pompe à protons,médicaments utilisés pour diminuer la quantité d’acide produit dans l’estomac, car le reflux gastro-oesophagien pourrait participer à l’évolution de la maladie » ajoute le Pr Crestani. Certains malades ont un syndrome d’apnées du sommeil associé à la fibrose : « nous le traitons s’il est sévère » indique ce pneumologue. Il faut bien sûr arrêter de fumer. La vaccination annuelle contre la grippe est conseillée, tout comme celle contre le pneumocoque.
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Témoignage
fibrose pulmonaire idiopathique
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Je suis aujourd’hui sous oxygène 24h/24 Marie-Thérèse R., 68 ans (71)
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« Un seul traitement améliore réellement la survie : c’est la transplantation pulmonaire » explique le Pr Bruno Crestani. Elle est proposée aux personnes de moins de 65 ans, arrivées à un stade évolué de la maladie.
« A la fin de l’année 1999, alors que j’étais en voyage, j’ai commencé à tousser subitement. En rentrant, je suis allée voir mon médecin, qui m’a prescrit un traitement pour une pneumocystose. Sans effet. Je suis retournée le voir, il m’a prescrit un deuxième traitement, sans effet lui non plus. Il m’a alors adressée à un pneumologue. J’ai passé toute une batterie d’examens qui ont révélé que j’avais une fibrose pulmonaire, vraisemblablement idiopathique. J’ai continué à voyager, à travailler. En 2006, mon pneumologue m’a adressée au Pr Cordier, à Lyon, un des spécialistes de cette maladie. Celui-ci m’a dit que la maladie évoluait pour le moment très lentement. A partir de 2006, ma maladie a commencé à s’aggraver et cela a encore empiré en 2008. J’étais très essoufflée, fatiguée. Je savais qu’il n’y avait pas de traitement efficace. Début 2009, je suis retournée dans le service du Pr Cordier à Lyon et celui-ci m’a parlé d’un nouveau traitement que je pourrais peut-être essayer. Il fallait que je fasse une biopsie pulmonaire avant. Celle-ci a confirmé que ma fibrose pulmonaire était bien idiopathique. Par contre, le médicament ne me convenait pas. En janvier 2011, j’ai eu une grippe qui m’a beaucoup fatiguée. J’ai été mise sous oxygène en permanence. J’ai refait une infection pulmonaire au mois de mai. Depuis, je ne peux plus rien faire, je ne peux même plus aller chez mes enfants. J’ai perdu 53% de ma capacité respiratoire. J’ai parlé avec les médecins du nouveau médicament antifibrosique qui arrive mais je ne me fais pas d’illusion, ma maladie est à un stade très avancé… Je souhaite que l’on trouve un traitement efficace pour les autres car je sais combien cette maladie est cruelle à vivre, pour soi, et pour l’entourage. »
Un nouvel espoir de traitement : l’Esbriet® (pirfenidone) Jusqu’à très récemment, aucun traitement réellement efficace n’existait pour combattre la fibrose pulmonaire idiopathique. En mars 2011, la Commission Européenne a autorisé la mise sur le marché de l’Esbriet® (pirfenidone), premier médicament approuvé contre la FPI.
Cette autorisation permet la commercialisation de ce médicament anti-fibrotique et anti-inflammatoire dans les vingt-sept Etats membres de l’Union Européenne.L’Esbriet® est indiqué pour le traitement chez l’adulte des formes légères à modérées de la fibrose pulmonaire idiopathique. « Ce médicament est déjà commercialisé au Japon depuis 2008 » indique le Pr Bruno Crestani, pneumologue à l’Hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris). « Au moins 3 études ont montré que ce médicament ralentissait l’évolution de la maladie par rapport à un placebo » explique-t-il. En revanche, « on ne sait pas encore si cela va influencer la durée de vie à long terme » précise le Pr Crestani. Ce médicament a été commercialisé en Allemagne le 15 septembre dernier et le sera en France début 2012. Un espoir pour les plus de 100 000 patients en Europe.
Fibrose pulmonaire idiopathique : une recherche très active « La recherche continue, au moins 25 molécules différentes sont en cours d’investigation » souligne le Pr Crestani. La plupart des essais sont en phase précoce, mais certains sont en phase 3 (celle-ci vise à confirmer à grande échelle l’efficacité et la sécurité du médicament). « Nous incluons des malades dans cet essai thérapeutique » nous apprend le Pr Crestani. En revanche, « une étude a été arrêtée aux Etats-Unis : elle testait l’effet des anti-coagulants mais il s’est avéré que ceux-ci ne ralentissaient pas l’évolution de la maladie et présentaient même un danger » indique-t-il. Autre piste : celle des anticorps thérapeutiques pour prévenir l’accumulation de fibroblastes dans le poumon.
En outre, le traitement de référence, constitué par la cortisone à faible dose, les immunosuppresseurs et la N-acétylcystéine, un anti-oxydant, est en train d’être évalué contre placebo - ce qui n’a encore jamais été fait dans un essai en cours aux Etats-Unis.Tout ® comme l’efficacité de la N-acétylcystéine (pirfenidone) seule est évaluée contre placebo. « Cette recherche très active constitue un réel espoir pour les malades » conclut ce pneumologue.
ZOOM
sur L’Esbriet
Source : communiqué de presse Intermune, mars 2011 ; interview du Pr Bruno Crestani, 14 septembre 2011
L’Esbriet® est une petite molécule administrée par voie orale qui inhibe la synthèse du TGF-
beta, un médiateur chimique qui contrôle de nombreuses fonctions cellulaires, dont la prolifération et la différenciation, et joue un rôle clé dans la fibrose. Il inhibe également la synthèse du TNF-alpha, une cytokine dont on sait qu elle joue un rôle actif dans les inflammations.
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La fibrose pulmonaire de cause connue : fibrose pulmonaire et maladie professionnelle Des maladies professionnelles peuvent être responsables de fibrose pulmonaire. Zoom sur les principales. Plusieurs métiers, en particulier ceux qui impliquent un contact avec de l’amiante, de la pierre concassée ou de la poussière de métal peuvent entraîner une fibrose pulmonaire. L’inhalation de ces fines particules endommage les alvéoles et est à l’origine d’une fibrose. Certaines substances organiques comme les moisissures du foin peuvent aussi causer la fibrose pulmonaire : c’est ce que l’on appelle le poumon du fermier. Asbestose : l’asbestose est une fibrose pulmonaire secondaire à une exposition à des fibres d’amiante. L’amiante a été utilisée de façon massive dans la construction au cours des années 1960 et 1970. L’inhalation de fibres d’amiante peut induire une fibrose pulmonaire grave après seulement quelques années d’exposition. Les professions exposées ? Electriciens, tôliers-carrossiers d’automobiles, plombiers, couvreurs, chauffagistes, maçons, plâtriers, peintres, menuisiers charpentiers, mécaniciens… Silicose : la silicose est due à l’inhalation de poussières de silice libre. Lorsque l’exposition à la silice est intense et prolongée, des particules de silice restant dans le poumon sont responsables d’une réaction inflammatoire. Autour de ces particules de silice se forment des nodules fibro-hyalins. L’évolution peut se faire progressivement par la suite vers la fibrose pulmonaire, qui s’installe en quelques mois dans les formes très sévères. De nombreuses professions exposent aux poussières de
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silice : personnes qui travaillent dans les mines de houilles,celles qui font des travaux de forage,abattage, concassage, broyage, polissage, taille, ponçage de roches renfermant de la silice, le sablage, la fabrication de poudres à nettoyer… Bérylliose : la bérylliose est une inflammation des poumons causée par l’inhalation prolongée de poussières ou de fumées contenant du béryllium. Elle entraîne une fibrose pulmonaire grave. Le béryllium est un métal dont l’utilisation industrielle est très répandue.Activités où l’on trouve du béryllium : métallurgie du béryllium, micro-électronique, fabrication de prothèses dentaires… Poumon du fermier : le poumon de fermier est une maladie allergique causée par la respiration de poussières de foin moisi. D’autres poussières peuvent provoquer cette maladie, notamment les poussières de paille, de maïs, d’ensilage, de céréales… Lorsque des antigènes (poussières étrangères à l’organisme) sont inhalés, une réaction antiallergique se produit avec production d’anticorps. Dans un premier temps, on assiste à une inflammation de l’alvéole. Succède un envahissement des globules blancs et une modification des structures alvéoles-capillaires : les échanges gazeux avec le sang sont perturbés. Dans la suite de l’évolution,on aboutit à une fibrose pulmonaire.
Fiche santé N°20
Peut-on prévenir la fibrose pulmonaire ? Par le Pr Dominique Valeyre Les personnes exerçant une activité les exposant à des aéro-contaminants (par exemple les prothésistes dentaires) doivent bénéficier de toutes les mesures nécessaires pour réduire leur exposition au minimum (par exemple, port d’un masque, hotte aspirante). Ils doivent faire l’objet d’une information et d’un suivi par la médecine du travail. Il faut savoir penser à une possible cause médicamenteuse au moindre
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doute de causalité et suspendre le traitement après avis du prescripteur en fonction du rapport bénéfice/risque. Le tabac peut aggraver le risque de développer une FPI, dans un contexte génétique prédisposant. Cette information doit être donnée aux familles des patients atteints qu’ils aient une fibrose familiale ou non (un cas apparemment isolé pouvant être un premier cas familial).
L’actualité du cnmr Les rendez-vous du Souffle
Bilan des actions passées Bilan de la Journée Mondiale BPCO (16 novembre 2011) : l’action du CNMR largement relayée par la presse « Plus on commence à fumer jeune, plus on risque d’altérer ses capacités respiratoires dès quarante ans » alerte le professeur Huchon, président du CNMR. C’est ainsi que commence l’un des nombreux articles consacrés cette année par la presse nationale (Le figaro, France 2, Le parisien, Le monde internet) et régionale aux actions organisées par le réseau des Comités contre les Maladies Respiratoires à l’occasion de la Journée Mondiale BPCO. Au cours de cette dixième édition qui avait pour thème « L’air de rien, le souffle c’est la vie », les comités ont en effet mis en place comme chaque année des points de mesures du souffle et informé le grand public. Plusieurs milliers de visiteurs ont été accueillis dans quarante villes de France. En outre, les médecins de plus de 250 entreprises ont été formés par les pneumologues du réseau au dépistage simple de la maladie : c’est l’espoir d’améliorer la prise en charge précoce de nombreuses personnes qui ignorent qu’elles présentent les premiers signes de la BPCO. CNMR et congrès Le CNMR a participé au Congrès de la Société Française de Tabacologie en novembre 2011 à Nancy et au Congrès de Pneumologie de Langue Française en janvier 2012 à Lyon. Cela a été l’occasion pour le CNMR d’informer les professionnels sur ses actions de lutte contre les maladies respiratoires et le tabagisme et de leur fournir les brochures, affiches ou dépliants élaborés par le Comité pour qu’ils les diffusent à leurs patients ou au grand public qu’ils côtoient. Les documents du CNMR rencontrent un grand succès auprès des professionnels,en particulier les outils de sensibilisation destinés à la prévention du tabagisme des adolescents.
Journée Mondiale de lutte contre la tuberculose (24 mars 2012) : les Comités départementaux encore une fois mobilisés La Journée Mondiale de lutte contre la tuberculose, le 24 mars 2012 sera comme chaque année l’occasion pour les comités d’organiser des actions de sensibilisation des populations les plus à risques en étroite collaboration avec les Centres de Lutte Antituberculeuse départementaux et de rappeler aux professionnels du secteur social la mission secours du Comité qui permet d’aider les malades à se soigner jusqu’à la guérison complète.Le site internet Ile de France dédié à la tuberculose, lancé en 2011, sera actualisé. Ce dernier donne des informations sur la maladie et ses traitements, à destination des professionnels, du grand public et des malades. Ce sont les CDMR-Ile de France qui l’ont conçu et ont piloté sa réalisation. www.toutsurlatuberculose.fr Remise des subventions de recherche : le CNMR aide la recherche Le CNMR a remis lors du Congrès de Pneumologie de Langue Française 5 bourses de recherche d’un montant de 15 000 euros chacune.Voici les équipes élues et les thèmes de leurs recherches : • Equipe du Pr Chantal RAHERISSON : Effets respiratoires de l’exposition aux pesticides chez des personnes vivant en milieu rural. • Equipe du Pr Yves PACHECO : Etude clinique et génétique des formes familiales de sarcoïdose. • Equipe du Dr Francis MARTIN : Recueil des nouveaux cas de cancer broncho-pulmonaire primitif diagnostiqués dans les services de pneumologie des centres hospitaliers généraux du 1/01 au 31/12/2010. • Equipe du Dr Capucine MORELOT-PANZINI : Interaction dyspnée-douleur et évaluation de l’efficacité symptomatique de la ventilation non-invasive au cours de la sclérose latérale amyotrophique. • Equipe du Pr Abdellatif TAZI : Enquête épidémiologique sur la prévalence et le pronostic de l’histiocytose Langerhansienne pulmonaire de l’adulte en France.
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Vos questions, nos réponses Vous êtes toujours aussi nombreux à nous transmettre vos questions (par courrier, par téléphone, par mail, via notre site internet) et nous vous remercions de l’intérêt que vous portez à cette rubrique.
Question posée par mail sur contact@lesouffle.org Monsieur P., 69 Je viens de lire la dernière lettre du souffle N°64 sur le radon. Je souhaiterais louer un appareil pour faire des mesures dans ma maison. Où me renseigner ? Réponse de Gilles Dixsaut Membre du bureau du CNMR Vous pouvez consulter le site Internet : http://www.sante-radon.com/evaluation-particuliers.html qui propose des moyens de faire une auto-évaluation ou des kits de mesure. Il existe des appareils en vente mais chers, 250 €, ou des mesures faites par des organismes de contrôle technique, mais c’est lourd. Par contre, je ne connais pas d’organisme qui loue des appareils de mesure. Question posée par mail sur contact@lesouffle.org Madame M. , 88 J’ai arrêté de fumer depuis 3 semaines. J’utilise des Patchs (14 mg) ce qui m’aide beaucoup. Je n’ai pas du tout envie de reprendre, mais la seule chose qui m’obligerait à le faire, c’est une prise de poids trop importante et cela semble bien parti, donc je songe à la reprise non pas par envie / manque, mais par nécessité. Quand l’envie de fumer se manifeste, on se jette sur n’importe quoi pourvu que cela soit sucré.
On oublie l’envie le temps que ce goût sucré reste en bouche, mais après l’envie de nicotine revient moins forte certes mais au moins on peut la canaliser. Pouvez-vous me donner un conseil ? Pourquoi je mange plus ? Le dosage du patch n’est pas assez fort ? Réponse de Dominique Bacrie Responsable éducation sanitaire du CNMR Vos efforts pour arrêter de fumer commencent visiblement à porter leurs fruits. A ce stade, il serait dommage de tout remettre en cause pour éviter une prise de poids, il est préférable d’améliorer votre aide à l’arrêt. Avez-vous recours à l’aide d’un médecin ou d’un tabacologue ? Si ce n’est pas le cas, ce serait probablement une bonne solution. Ainsi, vous évoquez un sous dosage possible en nicotine, ce peut être une explication qu’un apport complémentaire de nicotine par voie buccale (gommes à mâcher, comprimés) pourrait soulager et, sur ce point, un spécialiste pourrait vous guider. Une autre piste pourrait être le soutien d’un nutritionniste. En effet, l’arrêt du tabac semble provoquer chez vous une appétence particulière pour le sucré ce qu’un nutritionniste pourra discuter avec vous. Dans un cas comme dans l’autre, vous auriez l’accompagnement par un professionnel qui vous serait probablement très précieux pendant quelques temps pour rester non fumeuse et ne pas prendre de poids. Question consultation Donateurs Madame D. , 75 Le non–respect des fumeurs face aux non-fumeurs est-il réprimé par la loi dans le milieu professionnel ? Réponse de Dominique Bacrie Responsable éducation sanitaire du CNMR Selon la loi, il est interdit de fumer sur tous les lieux de travail y compris les bureaux individuels. Il appartient au responsable de l’entreprise et au Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) de faire respecter cette disposition. En cas de problème on peut s’adresser au médecin du travail ou à l’inspection du travail.
Merci de votre intérêt pour la Lettre du Souffle, merci de votre engagement à nos côtés. Professeur Gérard Huchon Président du CNMR
La Lettre du Souffle - Magazine trimestriel - 66 bd Saint-Michel - 75006 Paris - Tél. : 01 46 34 58 80 - www.lesouffle.org - Directeur de la Publication : Pr. Gérard Huchon - Rédaction : Anne-Sophie Glover-Bondeau - Conception : Fab2 - Imprimeur : Imprimerie GUEBLEZ, 197 rue du Général Metman, 57070 METZ - Commission paritaire : 0714 G 85 835 - Dépôt légal : Février 2012 ISSN : 1265-4868 - Abonnement : 12 € par an.