JANVIER
«Roméo et Juliette» de William SHAKESPEARE
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Mardi 17 / Mercredi 18 / Jeudi 19 Vendredi 20 / Samedi 21 Janvier - 19h30 Adaptation & mise en scène : Dominique Serron Assistanat à l’adaptation : Vincent Zabus Assistanat à la mise en scène : Barbara Van Dievel Comédiens : Patrick Beackers Lula Bery Afazali Dewaele Martinique Godart Fanny Hanciaux Jean-François Maun Fabien Robert Martin Swabey Luc Van Grunderbeeck Scénographie : Renata Gorka Assistanat costumes : Justine Drabs Création lumière : Xavier Lauwers Bande son : Claude Taymans Régie : Patrick Dhooge & Clément Papin Assistant régie : Orphée Lisein Production vidéo : Dragon Films - Directeur de production Gilles Morin Réalisation, image Dominique Serron - Assistant réalisateur Maxime Pistorio Montages Antoine Donnet & Cécile Féat Séquence du bal Directeur photographie Louis-Philippe Capelle Assistant caméra Laurent Denis Scripte Audrey Coeckelberghs Photographe de plateau Constant Dupuis
Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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Notes d’intentions
Nous avons décidé de monter un Shakespeare. Notre choix s’est porté sur Roméo et Juliette. L’adaptation et la mise en scène sont confiées à Dominique Serron. Le spectacle est produit par la Compagnie des Mutants, en co-réalisation avec l’Infini Théâtre. Pourquoi Shakespeare ? Pour la valeur universelle et éternelle de ses pièces qui gardent ainsi leur invariable « actualité ». Shakespeare ne sépare pas le monde de la chair et le monde de l’esprit.Tous deux coexistent et se heurtent dans le même cadre. «Le poète a un pied dans la boue, un œil sur les étoiles et un poignard à la main.» - Peter Brook Pour souligner l’intemporalité du drame, nos deux protagonistes évolueront dans des ambiances et des costumes qui mélangeront les époques. Dominique Serron possède cette extraordinaire faculté de moderniser un auteur classique tout en le respectant et en lui étant fidèle. Elle va au cœur du texte pour le faire éclater à nos sens. Avant d’être une histoire d’amour romantique, Roméo et Juliette est surtout une histoire de haine. La haine n’est-elle pas en chacun de nous ? Parfois, elle est légitime, parfois elle est injustifiable. Mais toujours, elle se propage. Nos sociétés vivent avec la haine sous-jacente, silencieuse, hypocrite, jusqu’à ce que les passions s’exacerbent et que les êtres retrouvent leur sauvagerie primitive. Dans ce contexte, ce qui aurait dû être une passion amoureuse adolescente devient une histoire d’amour puissante et tragique. L’amour nie la différence, l’amour donne la liberté, même si pour Roméo et Juliette, ils ne trouveront la liberté que dans la mort. Martine Godart, directrice artistique
La mort des amants de Vérone n’aura servi à rien !
Aujourd’hui on le sait, jamais aucune statue en or érigée à la mémoire des humains qui ont souffert, n’empêchera les haines ancestrales de resurgir au cœur des cités. Juliette et Roméo se sont aimés quatre jours et ils sont morts pour rien. Shakespeare nous place devant les questions brûlantes du pouvoir politique. Définitivement critique de la tyrannie, dans de nombreuses autres pièces, il exacerbe le personnage du tyran et explore les limites de sa volonté. Il n’y a qu’à voir comment Monsieur Capulet, le père caractériel de Juliette, sévit sur sa famille, pour comprendre les méfaits de l’autorité gratuite et abusive du tyran, souvent de plus en plus malheureux à force de constater l’échec de son règne. Mais pourtant, ses pièces nous montrent aussi les dangers du chaos, 3
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de l’absence de structure, d’une loi inexistante, qui engendre inévitablement le débordement. Le Prince qui gouverne la ville n’a aucune capacité d’exercer ses fonctions. Ce pouvoir « d’apparat » et de « pacotille » arrange bien ceux qui veulent décider à son insu, juger comme bon leur semble. Rien n’est plus dangereux qu’une image au pouvoir, elle impressionne les faibles qui s’émerveillent ou prennent peur, tandis que des forces néfastes font la loi. Et quelle loi ? Celle du plus fort, du plus violent, de celui qui aura raison. Alors, s’engouffrent, par la porte de la cité, toutes les absurdités les plus redoutables. On pourrait soudain revendiquer d’être plus blanc, moins pauvre, plus grand, plus blond, de tel nom, de telle religion, de tel territoire, de telle langue… de telle famille ! L’action qui suit automatiquement ces phrases empoisonnées, il n’y a aucun doute, c’est tuer ! Priver de nourriture, torturer, couper la tête, violer les femmes, humilier, détruire le patrimoine, brûler les livres,emprisonner les intellectuels, empêcher les artistes de créer… Une pièce qui nous montre le monde des humains, inhumain, infect, hostile. Une pièce qui nous montre une société qui n’est même plus capable d’intégrer naturellement les pulsions de vie de ses enfants. Une pièce qui fait du temps qui passe une force qui nous dépasse, l’ennemi de la vie. Une pièce qui montre que les êtres, même les plus courageux, doués, inspirés par l’amour, peuvent être enfermés dans un destin dont ils n’ont pas les clés. Quel désastre que cette jeunesse détruite, quelle honte que ce si bel amour perdu, quelle misère que ce monde gonflé d’orgueil et de passion néfaste. Que le théâtre souffle aux jeunes le goût de l’indignation, l’envie de dénoncer l’injustice. Nous faisons tous nos efforts pour léguer par cette représentation la force de parler, de dire, d’avouer, de dénoncer, d’être en colère. Qu’ils s’emparent du courage de devenir eux-mêmes, qu’ils s’affirment à travers des Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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pulsions positives et qu’ils vivent ! C’est la vieille haine qui est un mal, pas le jeune amour. Que la poésie dramatique nous rappelle le sens de nos vies et la beauté de l’art. Merci à Shakespeare de nous avoir donné une si belle histoire pour dire une telle horreur !
Muter vers l’Infini…
Il y a quelques années, je devais assister à une représentation du Tartuffe au Théâtre du Soleil. Je vois arriver une petite centaine d’élèves de l’école primaire de la commune. Inquiète, je me permets d’en toucher un mot à Ariane Mnouchkine qui me répond : Dominique, c’est comme un test pour moi, si je ne suis pas capable d’intéresser ces mioches avec ma mise en scène, c’est qu’il y a un problème ! Les enfants ont beaucoup apprécié la représentation, qui était splendide, et ont même apporté une spontanéité dans le public, qui a réchauffé les cœurs. Cette anecdote m’est restée en mémoire. Que penser d’un théâtre qui ne serait pas pour tous ? Il y a certainement des sujets, des textes, des images qui sont à épargner aux enfants, mais le théâtre n’est-il pas, par définition générique, un langage qui devrait s’adresser à tous ? Penser aux jeunes pendant la gestation d’une mise en scène, c’est penser à donner les codes de lecture, éclairer son œuvre, être d’aujourd’hui. Ma création est toujours adressée en priorité à la jeunesse, des interventions pédagogiques de formation du spectateur accompagnent toujours mes spectacles et permettent aux acteurs d’entretenir une relation privilégiée avec les jeunes. Nous les considérons comme témoins de notre création, ils nous permettent d’avancer avec notre temps et de réfléchir à ce que peut devenir le théâtre aujourd’hui. La rencontre entre Martine Godart et moi s’est faite sur ce terrain-là, celui du décloisonnement des secteurs arbitraires du théâtre. Une envie commune de faire un théâtre d’idées qui privilégie le travail d’acteur et la pertinence de la mise en jeu. Une envie de pratiquer, surtout, un théâtre de qualité qui s’adresse à tous et qui passe par une remise en question des méthodes. Pouvoir tout changer quand on sent qu’on se trompe, être entendu, ne pas se confronter à une autorité de production qui ne comprend pas le parcours d’une création. Travailler librement à la liberté du geste de création, pour une dramaturgie de l’homme libre. Martine est actrice, je suis metteur en scène, toutes deux nous dirigeons nos Compagnies et sommes complémentaires de par nos métiers et nos missions. L’actrice est passionnante et la femme : engagée idéologiquement, ambitieuse, rigoureuse, courageuse. Nous ne devons pas nous justifier l’une à l’autre. La confiance est acquise et le plaisir de se retrouver crée une complicité rare qui nous portent et nous inspirent. La Compagnie des Mutants que l’on appelle très souvent les Mutantes est Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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dirigée par deux femmes : Martine Godart, attachée aux choix artistiques et Yolande Cortesia, responsable de l’administration. Elles se connaissent bien et après 24 ans, leur connivence est intacte. Leurs tâches respectives se confondent dans un accord parfait. Elles aiment le changement et le prouvent en abordant des thèmes et des esthétiques parfois très différents d’un projet à l’autre, d’un metteur en scène à l’autre. L’infini quant à lui, n’a jamais fini avec la recherche et l’exploration d’un langage en progression : nous avançons donc bien ensemble sur un chemin balisé d’interrogations et de réflexions exprimées par une pratique La collaboration entre les deux compagnies représente aussi une initiative originale de coproduction ; chacun apporte ses moyens à la mise en commun et tout cela simplement, sans l’envie de dominer ou d’avoir le dernier mot. Cette expérience est extrêmement fructueuse pour les deux structures. Elle ouvre même des pistes de coréalisation qui, par la fusion des moyens permettent, dans la conjoncture actuelle, de monter des œuvres plus lourdes et de les faire tourner dans différents réseaux, en honorant le jeune public du grand répertoire. Et nous détenons encore de nombreux projets dans nos tiroirs secrets… Dominique Serron Remerciements : Dominique Serron Vincent Zabus Barbara Van Dievel Patrick Beckers Lula Bery Afazali Dewaele Martine Godart Fanny Hanciaux Jean-François Maun Fabien Robert Martin Swabey Luc Van Grunderbeeck Renata Gorka Justine Drabs Xavier Lauwers Claude Taymans Patrick Dhooge & Clément Papin Orphée Lisein Dragon Films Gilles Morin Dominique Serron Maxime Pistorio Antoine Donnet & Cécile Féat Louis-Philippe Capelle Laurent Denis Audrey Coeckelberghs Constant Dupuis
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Revue de presse SIGMA PRESSE
Depuis l’aube des temps, les histoires d’amours impossibles,malheureuses, qui finissent mal, tragiquement, ont toujours existé. Un jour, Shakespeare est arrivé avec son drame: Roméo Montaigu (Romeo Montecchi) et Juliette Capulet (Giulietta Capuleti) s’aiment à la folie mais leur famille se haïssent. Plus tard, Berlioz, Tchaïkovski, Prokofiev, Dire Straits, Lou Reed et Emir Kusturica les ont mis en musique. Bellini, Gounod les ont fait chanter, Maurice Béjart danser. Leonard Bernstein, dans son West Side Story, les a renommé Tony et Maria. Aujourd’hui, c’est Dominique Serron (dont on se souviendra de son extraordinaire «Jeu de l’amour et du hasard» de Marivaux où chaque rôle est servi par deux comédiens) qui les actualise magistralement, nous sommes déjà presque au 22e siècle. Dans un décor minimaliste, un simple praticable devant un écran, Roméo cherche le blog de sa dulcinée sur google. Ils communiquent par webcam sur internet. Le Prince, intouchable «big brother», assène ses conseils depuis le grand écran, les duels deviennent autant de «battle hip-hop». Les différents tableaux, tant sur scène que sur écran, se chevauchent, s’imbriquent, se percutent, se complètent. Pas une seconde de répit et le message passe, fort et clair: du courage, affirmez vous, donnez un sens à votre vie, la haine, l’injustice sont inutiles, vive l’amour, le vrai, le beau. Dans le public, les ados boivent du petit lait. La Compagnie des Mutants nous offre un spectacle de toute grande facture. La mise en scène de Dominique Serron et une scénographie épurée subliment l’art théâtral. Sans oublier un étonnant Luc Van Grunderbeek emperruqué, en intégriste virulent et une Martine Godart, omnipré-
sente et papillotante, dans le rôle de la nounou de Juliette (sa petite Juju), protectrice, autoritaire, subjective et impavide. De quoi réconcilier les ados (et pas seulement eux) avec le théâtre classique. Bref, ça déchire grave. Philippe Vassilieff
RUE DU THEATRE
VOYAGE DANS L’ESPACE-TEMPS Mise en scène par Dominique Serron, cette adaptation du drame de Shakespeare tisse des liens entre le passé et le présent, entre le théâtre de toujours et des techniques actuelles. L’histoire est éternelle qui raconte les haines entre clans, l’abus de pouvoir des patriarches ou des potentats, la force de l’amour étouffée par le fanatisme aveugle. Elle se retrouve sans cesse aux détours de l’actualité. Elle donne aux hommes des leçons qu’ils admirent et s’empressent de ne jamais y souscrire très longtemps. Serron brasse les conventions afin d’en établir de nouvelles. C’est le cas du temps. Non seulement des éléments d’aujourd’hui apparaissent dans le jeu tels que le hip-hop, les blogs et le multilinguisme - mais la vidéo intervient pour évoquer la foule, imposer les discours télévisés des chefs d’état, focaliser le regard sur un personnage comme au cinéma. L’intérêt scénique tient énormément au passage fluide de la durée. Les scènes se succèdent. Parfois celle qui est en train de se terminer laisse simultanément se commencer la suivante, parfois se passent ensemble deux moments qui n’étaient pas sensés être simultanés. Sur un principe similaire, l’espace se module sans cesse. Le minimalisme de la scénographie (un praticable, un écran, un dallage en perspective) laisse libre cours
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gue, sonne souvent de manière très actuelle. De nombreux éléments contemporains sont intelligemment glissés dans le spectacle : les garçons des deux familles s’affrontent comme dans une battle hip-hop, Romeo et Juliette (Juju pour les intimes) dialoguent par blog et webcam interposés et le Prince n’apparaît que sur grand écran comme un président livrant sa communication gouvernementale. Mais ces belles idées restent sans suite, donnant l’impression de n’avoir pas été poussées jusqu’au bout. Côté interprétation, les plus jeunes y vont de manière très physique, cumulant les acrobaties et la densité du texte. Mais ce sont les anciens qui emportent le morceau avec une Martine Godart irrésistible en nounou gouailleuse, un Patrick Beckers faisant ressortir, en une scène d’anthologie, tout le côté odieux du père Capulet face à sa fille, et un Luc Van Grunderbeeck campant un prêtre aux allures de Guy Gilbert Michel VOITURIER dont les prêches enflammés ont quelwww.ruedutheatre.info le 18/08/08 que chose d’inquiétant.
à l’illusion. Bien que restant là, les protagonistes changent d’endroit, se croisent même en des lieux supposés différents. Ce qui est montré à la salle ne correspond pas nécessairement à ce que voient les personnages. Les éclairages viennent au secours de l’oeil suscitant des atmosphères typées. Le public se voit mener ici et là hors de tout réalisme mais selon la richesse de son imagination sollicitée. Des images demeurent. Celle des provocations qu’on pense bien similaires à ces tensions entre jeunes dans les villes. Celle du dialogue visuel entre Roméo, Juliette et la caméra. Celle de cette ronde de torses nus au milieu desquels le couple vit son amour. Celle de la grande scène du père vociférant sur son autorité bafouée et son obstination en faveur de l’ordre traditionnel. Celle du cadavre de Juliette, debout, et qui finira par être porté en procession. Plus une série de trouvailles que le travail en finesse de Serron a inoculées à ses comédiens.
LE SOIR
JEAN-MARIE WYNANTS Le Soir – 19/08/2008
** Compagnie des Mutants (à partir de 13 ans) Le bonheur si je veux C’est avec un classique que les Rencontres de théâtre jeune public ont démarré cette année. La Compagnie des Mutants livrait en effet un Roméo et Juliette concocté par Dominique Serron. Adaptant le texte de Shakespeare, la metteuse en scène propose, pour un public adolescent, une version ramassée où la lanThéâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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Le Nouveau Théâtre des Nations : 9
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CONTES MARRONS Un diptyque de D’ de Kabal
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Ecorce de Peines Suivi de Œdipe l’Antillais ou République je te hais mon Amour Jeudi 8 / vendredi 9 / samedi 10 Mars - 19h30 Texte et mise en scène de D’ de Kabal Direction d’acteurs : Arnaud Churin et Emanuela Pace Avec Didier Firmin, D’de Kabal, Franco Mannara, Marianne Mathéus Création lumière : Gilles Gentner Costume : Olivier Beriot Maquillage : Fatira Tamoune Créateur son : Patrick Plisson
Une production R.I.P.O.S.T.E avec le soutien du TARMAC, de la Maison des Métallos et du Théâtre Jean Marais de Saint Gratien. RIPOSTE est soutenue par le Conseil général de la Seine Saint Denis et la Région Île-de-France.
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«Ecorce de Peines» est un récit sur l’esclavage et ce qu’il en reste aujourd’hui. La question de l’esclavage y est abordée de deux points de vue, à deux époques différentes. Un conte se déroulant au 18ème siècle puis une partie plus contemporaine qui tente de repérer ce qui reste de l’esclavage aujourd’hui, mettant l’accent sur la population des quartiers populaires et tentant d’apporter un éclairage sur la complexité des constructions identitaires. En 2011, 5 ans après cette création, il nous semblait qu’assortir «Ecorce de Peines» d’une suite, pouvais nous permettre de continuer notre travail d’exploration. CONTES MARRONS est le diptyque réunissant «Ecorce de Peines» et «Oedipe l’Antillais ou République je te hais mon amour». «Œdipe l’Antillais» est le théâtre d’un règlement de compte entre un fils et sa mère. C’est un face à face impitoyable, une dure confrontation entre deux générations de descendants d’esclaves. La question de la traite n’y est pas directement abordée. Ce qu’on observe, ce qui nous parvient, c’est une fois encore les conséquences, les résidus de l’histoire. A travers ce dialogue, construit comme deux monologues qui se répondent, c’est la structure familiale qui est le centre du propos. Quelle construction après le désastre ? Quelle place pour le père, la mère, l’enfant ? «Oedipe l’Antillais ou République je te hais mon amour» est aussi une allégorie : la mère incarnant La République, le fils étant le citoyen, enfant de celle-ci et interrogeant sa place dans son organisation. CONTES MARRONS est une réflexion partant de l’histoire du peuple antillais, avec l’ambition d’élargir la focale sur le questionnement de la place de chacun dans le monde d’aujourd’hui. Ecorce de peines est une création qui mélange Danse, Slam/Poésie et Musique Live, un conte en deux parties imaginé et écrit par D’ de Kabal. Le récit de fin de vie d’un esclave au statut particulier, au sein d’une plantation du 18ème siècle puis celui du quotidien d’aujourd’hui dans les quartiers populaires situés en périphérie des grandes villes. Ecorce de peines est un bout d’histoire et de poésie qui cherche et pointe les endroits où les blessures, même très anciennes, sont encore actives aujourd’hui.
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Le propos
La première partie d’Ecorce de Peines raconte les derniers instants de vie de « Jacquot Qu’on Casse Pas », un esclave qui s’est lui-même désigné pour prendre position entre le maître et ses compagnons d’infortune. Cet être, le plus robuste de sa plantation, endosse avec force et courage la responsabilité de toutes les fautes imputables à ses semblables, non pas parce qu’il est doté d’un courage hors norme, non pas parce que sa capacité de résistance est plus grande, mais parce qu’il est capable de cet amour pour les siens. Cet amour inexplicable, immuable que rien ne peut ébranler. Un amour plein, généreux que ses frères et sœurs de peine lui rendent avec force et attachement. Nous allons assister aux derniers instants de ce guerrier, qui semble diriger tacitement la plantation. Derniers instants puisqu’il aura commis l’outrage ultime, défiant une fois de trop le maître, il aura donné un enfant à « La P’tite Marie », qui pourtant ne lui était pas réservée. Il va une nouvelle fois être conduit et attaché à cet arbre, toujours le même arbre... Son arbre. De sorte qu’une étrange complicité va naître entre ses deux êtres vivants que la douleur 12 unit. Ecorce de peines va nous emmener aux côtés, tout contre cet arbre qui va être la dernière entrave, le dernier voyage de «Jacquot Qu’on Casse Pas». Nous allons être les témoins de cette rencontre inhabituelle entre un Homme, un « presque mort » et son tombeau, son arbre… Le Fromager. La seconde partie du spectacle amène un total bouleversement de la trame narrative. Nous quittons l’habitation de « Jacquot Qu’on Casse Pas ». Nous sommes projetés dans un autre espace temporel et géographique. La quête identitaire qui incombe à chaque enfant de nos sociétés modernes n’est pas un exercice propre au monde antillais, il est le passage obligé de n’importe quel individu qui tente d’évaluer sa place dans le monde. Le questionnement tourne autour de la culture « de sang » - celle qui a construit nos parents - et de la culture « d’adoption », celle construite et nourrie dans les quartiers populaires, à la périphérie de nos grandes villes. Quel serait l’intérêt de raconter l’esclavage si ce n’était pour souligner ce qu’il en reste encore aujourd’hui ? Quels sont les êtres avec qui je partage l’organisation de la société d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qui les a construits ? D’où viennent-ils ? Quel regard portent-ils sur leur histoire, leur parcours ? Qui sommes-nous ? Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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Une identité antillaise ?
Il me paraît primordial aujourd’hui de nous emparer de cette partie douloureuse de notre histoire, l’Histoire du peuple Antillais, d’en faire des poèmes, à écrire, à dire, à entendre et à voir. Nous devons nous approprier cette genèse douloureuse, et inventer des récits empreints de ces matériaux si particulier, cette douleur, cette peine profonde. Des histoires humaines, des histoires qui au-delà de la souffrance racontent l’amour dans sa forme la plus brute et la peine dans sa forme la plus poétique. Lorsque la peine devient moteur, vecteur d’émotions qui finalement nourrissent et donc construisent une partie du «squell’être» de l’identité, nous narrons plus qu’une parcelle du quotidien d’un peuple opprimé, nous proposons un regard sur un mode de construction d’un groupe d’individus. Par conséquent nous reconnaissons à ces individus leurs propres spécificités qui leur permettent d’être et de se penser en tant que groupe dans un ensemble, plus large, et plus complexe. Nous faisons de ces êtres un peuple du monde, dépositaire d’une infime partie de l’histoire de l’Humanité, un peuple bien vivant. Les Antillais ont depuis bien longtemps de grandes difficultés à s’approprier certaines parties de leur l’histoire. Comment se construire une identité en tant qu’esclave fraîchement affranchi quand ses semblables n’ont connu que la vie en captivité ? Quel peuple, quel ensemble d’individus devient alors « les Antillais » ? Il s’agissait de recouvrer un semblant de dignité humaine, et cela n’était pas envisageable sans une espèce de trait tiré sur le passé. Comment se construire un statut d’être humain en travaillant sur la question de la mémoire des ancêtres ? Les Ancêtres sont garants du patrimoine du peuple, comment penser ceux-ci alors qu’ils n’ont connus que le calvaire de l’esclavage ?
La filiation
Aujourd’hui, heureusement, les choses changent, comme si la période nécessaire à une première phase de cicatrisation était arrivée à terme. Depuis La Marche des Antillais du 23 mai 1998, en souvenir de leurs ancêtres esclaves (réunissant près de 40 000 personnes, dans l’indifférence médiatique la plus totale), les aspects historiques prennent une toute autre place dans la vie d’Antillais qui sont de plus en plus nombreux à être conscients de leur filiation. D’ailleurs, cette date emblématique reste un rendez-vous inévitable pour les activistes de cette question primordiale de la mémoire. Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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Chaque année, chaque 23 mai, Le comité de marche du 23 mai organise le plus important rassemblement d’Antillais de l’hexagone, dans une cérémonie qui n’a rien de festive et où le recueillement et la dignité sont de mise. Depuis 2 ans, dans le cadre de cette cérémonie, j’apporte ma petite contribution à cette entreprise de re-construction, je dis un poème à la mémoire de nos anciens, et à l’acceptation de leur présence dans notre quotidien. Pleinement investi de ce que nous portons en nous, je tente de poursuivre ce cheminement. ECORCE DE PEINES, est un bout d’histoire, un bout de poésie, qui traite de l’amour des nôtres pour les leurs, parce que j’estime que c’est de cet amour dont nous devons nous saisir, il est la clé qui ouvre la lourde porte du ressenti, et le ressenti, quel qu’il soit est gage de vie... Quelle qu’elle soit.
Le spectacle
Pour donner vie, justement, à cette Création/Conte nous avons choisi de mélanger la Danse, le Slam/Poésie, et la musique jouée Live. 14 Didier Firmin, le Danseur, est spécialiste de la Danse debout : la House et le New Style, il a présenté une création en duo aux Rencontres Urbaines de la Villette à Limoges en octobre 2005. D’de Kabal est une figure incontournable de la scène Slam Française, membre du collectif Spoke Orkestra, initiateur des soirées Bouchazoreill’Slam au Trabendo à Paris. Ses textes sont d’une précision et d’une profondeur parfois déroutante, sa voix basse et caverneuse est reconnaissable dès les premières syllabes. Blade, est Human Beat Box, cette technique qui consiste à produire des rythmes de toutes sortes avec la bouche comme unique instrument. Présent sur de multiples scènes, en tant qu’Human beat box ou slameur, il a notamment tourné ces deux dernières années avec la compagnie Montalvo Hervieu. Ecorce de Peines est un spectacle atypique, qui réunit trois artistes qui excellent dans leur discipline. De la Danse avec des mots pour unique support, De la Musique ne provenant d’aucune machine, De la voix comme unique instrument pour appuyer du texte ou pour appuyer des modules dansés, Voilà le parti pris d’Ecorce de Peines, Trois êtres humains, Deux micros, Des Corps et des Mots, Pour mettre en lumière les maux d’hier et d’aujourd’hui, puisque les mots portent les récits, puisque les sons racontent les époques, nous voulons parler sur ceux-ci, nous voulons danser sur ceux-ci. Dans une esthétique danse, dense, et complètement humaine. Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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ŒDIPE L’ANTILLAIS OU REPUBLIQUE JE TE HAIS MON AMOUR « Œdipe l’antillais ou République, je te hais mon Amour » est d’abord l’histoire d’un règlement de compte au sein d’une famille antillaise bourgeoise entre une mère et son fils sous le regard fantomatique du père. L’acte d’amour dans lequel a été conçu l’enfant a été d’une brutalité rare. Comme pour laver les plaies que le mâle a laissées sur son corps, la mère souhaite la naissance d’une fille. Mais c’est un garçon qu’elle engendre : Œdipe, 7ème progéniture, 7ème garçon. Dès lors, la mère voit dans cet enfant la personnification de son ex-mari et décide de l’empêcher de vivre. Il devient l’enfant maudit de la famille, celui auquel elle n’accorde aucun droit, celui qu’elle accepte de nourrir quand bon lui semble, celui qu’elle dépouille de toute identité et que seule la Peine accompagne, celui à qui elle laisse les traces du fouet sur sa peau. A cette brutalité, le fils ne répond rien et entame une lente décomposition de tout son être. Au fond du désespoir, il dit sa Peine et sa mère l’entend. Ce partage les modifie irrémédiablement. A côté des cicatrices, un tatouage, comme une seconde peau, envahit toute une partie du corps d’Œdipe : une histoire qu’il a, cette fois, choisi de raconter. En guérissant les plaies que le tatouage a laissées, la mère rend possible la renaissance de son fils. Les plaies ne resteront pas béantes et Œdipe redécouvre le « lien perdu », celui qui l’attache à sa mère, cette mère nourricière et protectrice, cette mère d’Amour dont il a besoin pour être.
Œdipe l’antillais, mythologie de la Mère noire
Dans un premier temps, j’ai voulu raconter une histoire familiale qui suive le fil de mon travail d’exploration de la cellule familiale antillaise après mon premier spectacle monté sur une scène de théâtre : Ecorce de peines. Cette histoire s’inspire du célèbre mythe d’Oedipe, un mythe occidental que tout le monde connaît et auquel tout le monde se réfère pour expliquer les rapports familiaux. Il m’a semblé intéressant de prendre cette histoire fondatrice et de me la réapproprier complètement pour raconter un autre mythe.
Spécificité de la cellule familiale antillaise
La cellule familiale antillaise contemporaine est directement issue des relations mère/père/enfant de l’époque esclavagiste. La reproduction des Africains aux Antilles était réduite, par les européens négriers, à une logistique d’élevage et le mariage entre esclaves était interdit. L’esclave mâle n’était considéré que comme un géniteur, sa responsabilité familiale était complètement un concept totalement inexistant, son autorité Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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remise en cause perpétuellement. Il ne pouvait rien transmettre, pas même son nom. Les femmes étaient des génitrices de pères différents réduites à leur fonction de procréation. Le lien familial et la transmission étaient ainsi maintenus par la mère. Mais les relations entre la mère et ses enfants étaient complexes : régulièrement victimes d’agressions sexuelles, que ce soit par le maître ou par un autre esclave, la femme était touchée au plus profond de son être par ces actes permanents d’irrespect. Il arrivait que certaines de ces femmes assassinaient leur progéniture dès la naissance ou reportaient sur leur enfant la violence qu’elles avaient subie. Aujourd’hui encore, la famille antillaise se construit autour de la figure de la mère, femme forte qui tente de maintenir l’autorité auprès de ses enfants, souvent de pères différents. De fait, l’homme antillais continue de pratiquer la relation sexuelle avec ses anciennes compagnes, mais il ne prend pas en 16 charge sa progéniture, et cela est toléré, voire encouragé par la mère antillaise. Ce dispositif familial fait que la mère occupe une place centrale, et ce, de façon transgénérationnelle. Il y a toujours dans la pensée occidentale – le mythe d’Œdipe en fait partie – une volonté de se présenter comme universelle, une ambition totalisante. Il s’agit d’un « effort » historique de domination qui continue aujourd’hui. En racontant l’histoire d’Œdipe l’antillais, il m’a semblé intéressant de montrer que cette manière de penser les relations mère/fils n’est pas pertinente au sein de la cellule familiale antillaise et qu’on pourrait rêver un autre mythe. Le rapport au mythe est essentiel car il ne s’agit pas de raconter simplement une histoire d’individus. Ce que je cherche à raconter, c’est une histoire comme matrice, son lien avec un peuple et son Histoire. C’est là que réside la puissance du mythe : sa capacité à expliquer des milliers de configurations singulières et la reproduction de génération en génération de ces modes de relation et de conflit au sein de la famille antillaise. Le mythe d’Œdipe l’antillais, c’est cette violence originaire du père (tour à tour maître, puis esclave de sa propre violence) qui laisse des traces puis qui s’absente, c’est cette mère qui tente d’annihiler son fils, c’est ce fils qui se débat avec la haine de sa mère et le fantôme de son père. Aujourd’hui encore, la famille antillaise a beaucoup de difficultés à sortir du mythe, comme une malédiction, comme la malédiction d’Oedipe. Bien-entendu Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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cette malédiction n’est pas divine, c’est une production humaine. Elle prend ses racines dans l’Histoire à l’époque esclavagiste. C’est pourquoi le mythe que je raconte est politique : Œdipe l’antillais pourrait être un descendant de Jacquot Qu’on Casse Pas. Avec Ecorce de peines, je retrace l’histoire de Jacquot Qu’on Casse Pas, un esclave qui reçoit des coups et qui entretient avec un arbre une relation si intime que l’écorce de l’arbre finit par le protéger, l’arbre saigne et pleure à la place de Jacquot. Avec Œdipe l’antillais, je retrace l’histoire d’un fils qui reçoit des coups par sa mère et qui pour survivre se fabrique une seconde peau en se faisant tatouer un arbre sur le corps « un immense tatouage, à la fois beau et effrayant, c’est un arbre, robuste, aux racines et à l’écorce pleines de nœuds, un arbre sans feuilles. ».
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«QUICHOTTE» de Cervantès
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Vendredi 23 / samedi 24 Mars - 19h30 Contact Cie STAR Théâtre / Mise en scène : Isabelle Starkier Avec Eva Castro Après Scrooge , d’après le Conte de Noël de Charles Dickens, j’ai voulu poursuivre l’adaptation des grands romans classiques à destination du jeune public – et plus généralement d’un tout public familial, puisqu’il s’agit d’une culture transgénérationnelle – avec Don Quichotte, d’après Cervantès….
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Pourquoi ce texte ? Parce que c’est un roman fondé sur le rêve, l’illusion, la fiction, le virtuel… toutes ces dimensions fondatrices de l’imaginaire enfantin. Pour Don Quichotte, les auberges sont des châteaux, les paysannes des princesses, les moulins à vent des géants. Don Quichotte vit dans ce monde virtuel créé par les livres – un clin d’oeil à cet imaginaire, qui fait d’ailleurs souvent référence aux chevaliers et qui supplante aujourd’hui la littérature. … Quichotte part, en enfant de cinquante ans, dans le monde réel recouvert du voile de la fiction. Il use d’objets, de marionnettes, de masques et surtout, surtout de jeu pour recréer le décor et les personnages de ses aventures depuis son lit/livre, transformé en champ de bataille. Le jeu de l’actrice magicienne et manipulatrice puisqu’elle incarne tous les personnages de cette folle épopée, ramène Don Quichotte épuisé à son lit et à son livre pour y mourir… ou y dormir… « Mourir, dormir, rêver peut-être... » Parce que, étymologiquement, Don Quichotte c’est aussi un totem : le porteur de Vérité (traduction de Q’Xote en araméen). Il est LE personnage qui nous aide à interpréter ce qu’il y a derrière la réalité, qui apprend aux enfants à décoder le monde, à décrypter les signes et à savoir regarder derrière le miroir comme Alice (les grands mythes se rejoignent). Dans notre société lisse du spectacle, qui nous impose ce qui fait tout de suite sens, Don Quichotte nous permet de réinventer les signes cachés, le non-dit, le jeu des mots, les métaphores – tout ce qui appartient au pouvoir du Livre et de son interprétation. Parce que Don Quichotte c’est enfin le redresseur de torts, l’homme épris de justice et d’utopie. Dans notre monde matérialiste, c’est une quête qui mérite qu’on la retrace au gré d’une histoire fantasque mais émouvante.Transformer la réalité, serinée par le parent obtus qu’est Sancho, pour qu’elle corresponde à nos rêves : une ambition que peut-être nous, adultes, avons gardé de notre enfance et qui demande « la bonne distance » - savoir se battre pour ses rêves mais savoir aussi renoncer à eux lorsqu’ils mettent en péril notre existence (physique ou psychique). La princesse charmante peut parfois n’être qu’une paysanne, c’est aussi là que la réalité peut être embellie par le rêve si on sait regarder et voir, derrière l’ordinaire, l’extraordinaire.
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Comment le monter ?
Lorsqu’on se trouve devant les deux volumes de l’oeuvre magistrale de Don Quichotte de la Mancha, on se demande par quel «bout» prendre ces histoires dans l’histoire, ces aventures toutes plus signifiantes l’une que l’autre, ces anecdotes et ces mots d’esprit, ces graves plaidoyers et ces comiques de situation… J’ai donc choisi d’insister davantage sur le dialogue que sur le récit et de retenir les scènes où se côtoient et se confrontent une trentaine de personnages, puis d’organiser ces scènes autour des trois axes qui m’ont retenue, charmée, bouleversée : l’apprentissage de l’échec chez un Don Quichotte qui n’est jamais humilié ou ridicule lorsqu’il se relève de ses justes mais impossibles combats ; l’humiliation, n’existant que dans le regard que les autres portent sur ce qu’ils nomment un « inadapté » ; la sagesse des fous ou comment le décalage, l’ « inadaptation » du rêveur rend son utopie réelle et juste. L’apprentissage de l’échec est illustré dans les trois premières aventures : les moulins, les moutons et les forçats… Apprendre qu’on peut, qu’on doit se 20 relever si le rêve est beau et l’opiniâtreté justifiée. Apprendre à s’accrocher à son imaginaire, à ne pas se sentir ridicule par le regard souvent acerbe que les autres portent sur soi. Apprendre la logique de la persévérance et de la foi en l’homme, en sa volonté, en son libre-arbitre… L’humiliation, c’est cette cruauté que nous éprouvons depuis notre enfance dès qu’il y a rébellion, ou différence ou non-conformisme. Cette humiliation par les autres (et non en soi), c’est la Duchesse, personnage terrible qui manipule et met en scène la dérision du rêve quichottien. Duchesse d’Alice et son château de cartes qui méprise Don Quichotte, mais n’en devient que plus méprisable en obligeant Sancho à se fouetter pour « désenchanter » Dulcinée. La sagesse des fous, c’est le règne (éphémère) de Sancho sur sa grande île du Baratin. Là, il va rendre des jugements dignes de Salomon pour finir par reprendre sa liberté, de son plein gré, en décrétant que le pouvoir détruit ceux qu’il touche, leçon d’une modernité stupéfiante… La comédienne rentre dans le livre-drap, fait et défait l’histoire en la lisant. Elle sera à la fois Quichotte qui manipule Sancho puis, après l’épisode de la Sierra Morena, Sancho manipulant Quichotte… Car Sancho est le rêve de Quichotte tout comme Quichotte, pour Kafka, est le rêve de Sancho…
Un projet à trois…
J’ai tout de suite pensé que ce projet était un projet commun : une rencontre entre un metteur en scène, une comédienne et une plasticienne. L’univers d’Anne Bothuon – avec laquelle je poursuis cette collaboration depuis 2004 – et ses sculptures « marionnettiques » encadrent ce cheminement main dans la main avec la comédienne, Eva Castro, avec qui est née une grande complicité dès l’aventure de Monsieur de Pourceaugnac (création 2008). Ayant travaillé Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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avec Ariane Mnouchkine et Omar Porras, elle était la partenaire idéale pour apporter tout son brio et son savoir-faire à l’incarnation de cette figure à deux têtes accompagnée d’une galerie de masques, d’objets, de pantins, de marionnettes plus surprenants les unes que les autres. Nous avons donc construit et inventé ensemble, dans des allers-retours entre le projet, le jeu, l’écriture, la musique et la scénographie le chemin de ce Quichotte qui se lance dans son épopée immobile. Le travail fusionnel souvent utopique entre le metteur en scène et ses comédiens a soudain magiquement pris corps avec ce face à face du seul en scène. Eva Castro porte à elle seule tout le poids de ce Quichotte à deux qu’elle a enfanté avec autant d’amour, de générosité, de ferveur que son metteur en scène…. Isabelle Starkier
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L’approche…
En relevant les thèmes abordés dans la pièce – le rapport héroïsme et générosité / égoïsme et intérêt, l’opposition entre réalisme et idéalisme, l’imaginaire, la folie – on soulignera les valeurs humaines que véhicule le personnage de Don Quichotte et que notre époque semble avoir oublié pour n’en faire qu’un personnage décalé et fou. En effet, derrière ces folles aventures, drôles, poignantes, cruelles, Don Quichotte se bat non pour la gloire ou pour survivre, mais dans un élan de courage et par souci de justice. Valeureux, généreux, affable, intrépide, il apparaît comme un utopiste révolutionnaire qui tourne en farce les pièges du pouvoir et dénonce le cycle insensé de la guerre. “ La paix est le plus grand des biens que les hommes puissent désirer dans ce monde ”. Il sera aussi intéressant d’envisager le fait que Don Quichotte renvoie à la 21 Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier / Mars / Avril / Mai / Juin 2012
posture de l’artiste, quelqu’un qui a des visions que les autres ne voient pas, et de l’acteur, qui se tient entre son rôle et sa propre personne, entre le rêve et le concret, tout en restant cependant conscient de l’illusion. Cette approche mènera enfin à l’observation de la représentation de Don Quichotte à travers les arts (peinture, théâtre, cinéma, musique – très présente dans le spectacle…).
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L’équipe Eva Castro – comédienne Eva Castro fait ses débuts auTeatro Estable de Granada, de la main de Fernando Cobos (Shakespeare, Brecht, Calderón…). Plus tard, elle travaille avec Ariane Mnouchkine (La ville parjure ou le réveil des Erynnies de H. Cixous), Omar Porras (Noces de Sang de Lorca), Hansgünther Heyme (en allemand, dans deux pièces de Lohenstein et en espagnol, dans Le roi Lear de Shakespeare), avec Charlotte Roos (Le merveilleux mutant de Heckmanns), Alain Fleury (Papa’s memori, de Alain Fleury), Eudes Labrusse et Jérôme Imard (Le rêve d’Alvaro de Eudes Labrusse), Isabelle Starkier (Monsieur de Pourceaugnac de Molière). Elle joue dans Goutte d’or, monologue extrait de Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli, créé par elle grâce au Collectif Femmes de Plume. Chant, lectures et soirées poétiques (Théâtre Éphéméride, Théâtre des Déchargeurs, La Balle au Bond…). Isabelle Starkier – mise en scène Après avoir usé ses fonds de jupe sur les bancs de l’École normale supérieure et avoir « passé l’agrégation d’abord », puis dans la foulée une thèse qui l’a menée sur les estrades (théâtrales) de l’université, Isabelle Starkier s’est Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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également formée aux cours de Daniel Mesguich, puis aux Quartiers d’Ivry dirigés par Antoine Vitez, et ensuite par Philippe Adrien. En 1985, elle crée la Compagnie du Star-Théâtre, qu’elle dirige depuis lors. Elle a mis en scène la Dernière Nuit d’Otto Weininger de J.Sobol (1988-91), les Joyeuses et Horribles Narrations du Père Duchesne de J-P Faye (1989), Alors, l’apartheid est fini ? (1991-1995), Liens de sang d’Athol Fugard (1991), le Cabaret de la grand’peur de Brecht et Weill (1992- 2008), Les lendemains qui chantent faux de J. Sobol (1995), Molly chante Bloom de J. Joyce (199496), Molly des sables de F. Gallaire (1994-2008), les Exclusés (1998-2001), En pièces de Marivaux-Feydeau-Pirandello (2000-2002), Où va-t-on mettre le piano ? de M. Chapsal (2001), la Comédie des travers de F. Sabrou et A. Blanchard (2001-2008), Le Marchand de Venise (2003) qu’elle a traduit avec M.Lederer aux éditions du Bord de l’eau, Têtes rondes et têtes pointues de Brecht (2004-2008), Scrooge d’après Dickens à destination du jeune public (2005), Le bal de Kafka (2006) de T.Daly, joué à guichet plein à Paris en 2008 toujours en tournée, Monsieur de Pourceaugnac de Molière en tournée et au Théâtre Silvia Montfort en 2009 et enfin Résister, c’est exister (2008) d’A. Guyard à partir de textes de résistants, interprété par F.Bourcier, en tournée et à Avignon Off. Elle a également été l’assistante de Daniel Mesguich et, outre nombre d’évènements et mises en espace, elle a mis en scène cinq spectacles en Israël. Elle a publié un essai sur l’antisémitisme (Le juif et l’assassin) et de nombreux articles dans diverses revues et colloques sur le théâtre. Elle travaille également beaucoup avec des choeurs amateurs. Anne Bothuon – création pantins, costumes, décors Formée aux Arts et Techniques du Théâtre à la Rue Blanche (ENSATT), Anne Bothuon a créé les costumes pour Werther, de Massenet, mis en scène par Mireille Laroche au Grand Théâtre de Tours (2001); Gianni Schicchi de Puccini et Amfiparnaso d’Orazio Vecchi, mise en scène de Laurent Serrano, à l’Atelier Lyrique de Tourcoing (Février 2002); Le Dragon de E.Schwartz, mise en scène de Laurent Serrano au Théâtre de l’Ouest Parisien (2003) ;Ya Basta de JeanPierre Siméon, mise en scène de Kristian Frédric au Théâtre National du Luxembourg (2003); Les Cocasseries mise en scène de Jacques Kraemer au Théâtre de Chartres (janvier 2004). Sa dernière création : Kvetch de Steven Berkoff, mise en scène de Laurent Serrano au Théâtre Mouffetard (2004). Elle a également créé des marionnettes pour Maria de Buenos Aeres de Piazola au Festival de Bregenz (2000) et pour La Belle Lurette à la Péniche Opéra (2000). Elle travaille depuis plusieurs années avec Isabelle Starkier (Têtes Rondes et Têtes Pointues, Le Bal de Kafka, Non/Actes de résistance…). Bertrand Llorca – création lumière Après une formation en arts plastiques dans les ateliers de Claude Delhief puis aux Beaux Arts de Paris, Bertrand Llorca a suivi sur le terrain une formation de 23 Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier / Mars / Avril / Mai / Juin 2012
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technicien du spectacle responsable des lumières. Depuis bientôt trente ans, il exerce son métier de régisseur et créateur lumière pour des spectacles et, parallèlement, une activité de potier. Jean-Pierre Benzekri– dessins, peintures Après une formation aux Beaux-Arts en Israël et une carrière d’illustrateur caricaturiste de presse, Jean-Pierre Benzekri a travaillé comme décorateur en Israël pour les Festivals d’Akko, du Teatr’Oneto, puis en France avec Isabelle Starkier, Jules-Benjamin Rosette, Alain Blanchard, Daniel Mesguich, William Mesguisch, Frédérique Smetana, Jean-Francis Maurel... Jean-Pierre Benzekri est aussi photographe et réalise tous les clichés des spectacles de la Compagnie Isabelle Starkier.
L’auteur Biographie de Miguel de Cervantès (1547-1616) Miguel de Cervantès est né en 24 1547 dans la petite ville d’Alcada de Henarès, à une trentaine de kilomètres de Madrid. Son père, médecin raté, n’arrive pas à nourrir sa famille et se trouve obligé de changer souvent de domicile pour fuir les créanciers. Voyages, détresse chronique, voilà de quoi fut nourrie son enfance et sa vie, qui fut elle-même un roman, placé sous le signe de l’aventure. Son goût pour le théâtre s’éveilla bientôt pour avoir assisté à des représentations que donnaient des comédiens ambulants.Très jeune il quitte ses parents pour vivre sa vie. Il se forge sa propre éducation au fil de ses rencontres avec quelques maîtres de la philosophie humaniste dont Erasme. C’est grâce à sa passion de la lecture que Cervantès complète sa culture. Pour gagner sa vie, il se fait soldat. À vingt-quatre ans, il perd une main dans la bataille de Sépante, est capturé par des pirates et vendu comme esclave. Sa captivité dure cinq ans. À son retour, il se lie avec une comédienne qui lui donne une fille hors mariage. Il se met à écrire sa première oeuvre : “ Galathée ”, une pastorale, style à l’eau de rose qui remporte un vif succès. En 1584, Cervantès se marie avec une jeune fille de la petite bourgeoisie terrienne et paysanne, mais bientôt il reprend sa liberté et commence à écrire pour le théâtre. Cependant ses pièces ne sont pas jouées. Sans doute à cause de la concurrence avec Lope de Vega, son contemporain et son rival dont Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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la gloire est bien établie. Pour survivre, il se fait alors collecteur d’impôts. Il connaît la gloire à la fin de sa vie, avec la publication en 1605 de son oeuvre maîtresse : Don Quichotte de la Mancha (publiée en deux parties avec un intervalle de dix ans entre les deux volumes : 1605-1615) qui participa à faire aujourd’hui de Cervantès la plus grande figure de la littérature espagnole. Il meurt peu de temps après, en 1616 à Madrid. En fait, Cervantes s’essaya à tous les genres littéraires. Sa poésie emprunta à tous les registres, de la plainte lyrique à l’ironie truculente, les mètres castillans alternant aux strophes italiennes : son poème burlesque sur l’odyssée imaginaire, Voyage au Parnasse, est la pièce maîtresse. Son théâtre, passion la plus vive de l’auteur, fonda son originalité sur l’horreur et la violence, empruntées à la dramaturgie de Sénèque. L’art de l’écrit court lui permit d’analyser aussi psychologie et détours sentimentaux, dans ses nouvelles qui élèvent à l’universel la somme des expériences singulières mises en scène. L’être humain est saisi, à tous les niveaux de la société, dans ses caractères particuliers comme dans ses traits les plus humains, confirmant que Cervantès s’inscrivait bien dans un temps qui consacra la notion d’individu… Chacun de ces récits ne baigne pas moins dans l’atmosphère de l’Espagne des villes ou des campagnes : les contes moraux de ses Nouvelles exemplaires (1613) en sont les pièces les plus significatives. Le roman Don Quichotte de la Mancha, qui marqua la fin du réalisme en tant qu’esthétique littéraire, est aujourd’hui reconnu comme le premier roman moderne, qui eut une très grande influence. En effet, en parodiant un genre en déclin, comme les romans de chevalerie qui dominait en son temps, Cervantès a créé un autre genre extrêmement vivace, le roman polyphonique, où se superposent les points de vue qui vont jusqu’à se confondre de manière complexe avec la réalité elle-même, en jouant avec la fiction.
Les grands thèmes de QUICHOTTE L’apprentissage de l’échec est illustré dans les trois premières aventures : les moulins, les moutons et les forçats…Apprendre qu’on peut, qu’on doit se relever si le rêve est beau et l’opiniâtreté justifiée. Apprendre à s’accrocher à son imaginaire, à ne pas se sentir ridicule par le regard souvent acerbe que les autres portent sur soi. Apprendre la logique de la persévérance et de la foi en l’homme, en sa volonté, en son libre-arbitre…C’est un thème important à développer pour les jeunes, en particulier au regard d’un environnement scolaire qui est de plus en plus exigeant et qui ne laisse pas ou peu de place à l’échec, qui catalogue vite. Redonner l’idée du chemin à parcourir et de l’apprentissage. Quichotte ne tombe jamais : il est battu mais ne se laisse jamais abattre. Il mûrit au cours de toutes ces aventures et sa victoire finale, sa victoire réelle, c’est de pouvoir dire : je suis qui je suis. 25 Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier / Mars / Avril / Mai / Juin 2012
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Nous ne sommes pas que dans le faire ou dans l’efficacité mais dans l’être, dans les valeurs que nous nous forgeons et que nous défendons. De ce point de vue Quichotte est une oeuvre civique, qui tend à lutter contre les valeurs élitistes et mercantiles de notre siècle. L’éthique de Quichotte : les grandes valeurs qu’il défend sont celles qui constituent non pas la réussite sociale, professionnelle, voire amoureuse mais celles qui font un homme, un homme à part entière, un « frère humain » pour reprendre les termes d’Albert Cohen. En ce sens, Quichotte se bat pour remettre au goût du jour et de son temps (donc du nôtre !) : la générosité, l’attention à autrui, l’empathie (qui n’est pas la charité), la solidarité, la lutte contre l’injustice, la réflexion (contre la violence), le discours (contre l’émotion), le respect, l’affirmation de soi non pas contre l’autre mais au travers des actes qui fondent son propre destin, enfin donc la responsabilité de l’homme devant ses actes qui font qu’on est…qui on est. L’humiliation, c’est cette cruauté que nous éprouvons depuis notre enfance dès qu’il y a rébellion, ou différence ou non-conformisme. Cette humiliation par les autres (et non en soi) , c’est la Duchesse, personnage terrible qui manipule et met en scène la dérision du rêve « quichottien ». Duchesse d’Alice et son château de cartes qui méprise Don Quichotte mais n’en devient que plus méprisable en obligeant 26
Sancho à se fouetter pour « désenchanter » Dulcinée. L’humiliation, elle est vécue à tous les niveaux de l’enfance et de la scolarité (voir « Sa majesté les mouches »). La cruauté entre enfants n’est pas nouvelle. Néanmoins elle est renforcée, comme chez la Duchesse, par l’appareil social. Aujourd’hui, cette humiliation à l’intérieur du monde scolaire est développée par l’idée de réussite, par l’individualisme et l’élitisme.Travailler, à partir de Quichotte, sur l’humiliation est un axe fort qui peut permettre aux élèves d’écrire ou d’improviser ou tout simplement de parler autour de ce thème. Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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La différence est un des points sensibles de Quichotte. Quichotte n’est pas comme les autres. Pourquoi. Parce que c’est un poète….ou un fou ? Qu’est ce qui fait que l’on est ou que l’on se sent différent des autres ? Qu’est ce qui fait que l’on peut valoriser ou rejeter la différence ? Il s’agit là d’une différence intérieure. Quichotte n’est pas comme M de Pourceaugnac (Molière) un étranger, un homme venu d’ailleurs. Il est ailleurs dans sa tête, dans son âme. Il est ailleurs parce qu’il n’est pas comme tout le monde, ou parce qu’il est différent d’un autre, parce qu’aucun homme n’est tout à fait le même (ni tout à fait un autre)…D’ailleurs, Quichotte est deux : lui et Sancho, les deux facettes d’un même corps ou d’une même âme. La dualité avec Quichotte le rêveur et Sancho le matérialiste, nous l’avons accentué en montrant d’abord Quichotte manipulant Sancho puis l’inverse. Kafka disait que Quichotte était le rêve de Sancho et non l’inverse, comme on le pense habituellement. Sancho questionne et Quichotte répond ; Quichotte rêve mais Sancho juge ; Quichotte agit et Sancho parle… . Nous sommes tous et toujours doubles. Le maître et le valet sont des figures intérieures avant d’être des classes sociales. On peut travailler avec les élèves sur le couple maître-valet au fondement du clown (auguste et clown blanc), du théâtre (le dialogue : l’un a le pouvoir et l’autre obéit), de la prise de conscience (Hegel). La quête de l’idéal qui est aussi la quête de soi. Car on tente de cheminer vers un objectif. Apprendre aux élèves à déterminer cet objectif qui est finalement soi-même mais qui passe par la constitution de soi à travers la quête d’un rêve, d’une utopie. Même si nous ne sommes plus dans un débat idéologique, le thème de l’utopie demeure présent pour motiver l’élève à aller vers un avenir professionnel mais aussi personnel, et surtout un avenir collectif dans une société qui doit se réfléchir aussi avec des rêves. La sagesse des fous, c’est le règne (éphémère) de Sancho sur sa grande île du Baratin. Là, il va rendre des jugements dignes de Salomon pour finir par reprendre sa liberté, de son plein gré, en décrétant que le pouvoir détruit ceux qu’il touche, leçon d’une modernité stupéfiante… Autour du jugement de Salomon et de la notion de justice, en mettant en balance la folie et le bon sens, on peut travailler sur ces notions de qu’est ce qui semble juste et injuste. Pourquoi ? Au regard de quoi ? Le visionnaire, c’est aussi Quichotte poète ou fou qui prend des objets pour autre chose que ce qu’ils sont. Or çà c’est la définition de la poésie ou du théâtre. Ceci n’est pas une pipe, dit Magritte. On peut articuler de nombreux jeux d’improvisation autour de ce thème qui est : comment voit on le monde autrement, avec les yeux de l’artiste. L’artiste est celui qui voit l’invisible, qui voit au-delà ou qui voit autre chose. Pourquoi ? Le visionnaire, c’est aussi celui qui peut prédire ce qui va se passer (Brecht avec les nazisme). C’est ce lui qui – par empathie avec le monde – va pouvoir le traverser plus vite, plus en profondeur, le décrypter avec les yeux de l’âme et en tirer la « substantifique moelle ». En cela il est fou, mais c’est une folie utile….Autour de ces notions qui font des moulins des géants et des moutons des armées, on peut chercher d’autres représentations en peinture, musique, poésie, théâtre….
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« Le
Vieux qui lisait des romants d’amour » De Luis SELPULVEDA
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COMPAGNIE ACTIV’ART 2 / CREATION 2012
Jeudi 29/ vendredi 30/Mars - 9h00 séances scolaires Jeudi 29/ vendredi 30/ samedi 31 Mars - 19h30 Tout public DISTRIBUTION Antonio, Le Vieux : Ali BALTHAZARD Joséphine, la prostitué : Jeanne BEAUDRY Le dentiste : Giovanni GERMANY COLLABORATIONS ARTISTIQUES Création – Mise en Scène : Jandira DE JESUS BAUER Création Illustration sonore : MAKADEM Création Photo-Vidéo : Anne GRANDHOMME Création Lumière :TORRIEP Costumes : Kelly MIGUEL Scénographie : Rita CANARIO Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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La Compagnie ACTIV’ART 2 compte, dans ses projets artistiques 2012, La création d’une adaptation du roman de Luis SEPULVEDA «Le vieux qui lisait des romans d’amour », adapté et mis en scène par Jandira de JESUS BAUER. Les personnages du roman qui ont été retenus dans l’adaptation scénique sont au nombre de trois : Antonio le vieux, Rubincondo le dentiste, et la prostituée Josefina. Personnage mineur dans le roman, cette dernière est pour notre adaptation le fil directeur de la narration. Elle raconte l’histoire du vieil Antonio, au début de la pièce, comme s’il s’agissait d’un extrait de ces romans d’amour que tous deux affectionnent. Elle imposera ensuite sa présence discrète en étant le cri qui précise, éclaire, illumine la vie des personnages. De fait, cette adaptation abandonne la forme romanesque du narrateur unique, et distribue la parole au moyen de trois voix. Loin d’être un artifice, ce dispositif permet de respecter l’univers baroque du roman, en superposant les histoires, les anecdotes, les chronologies. Ce parti-pris esthétique peut se rapprocher du chœur antique. En effet Josefina est le personnage qui parle de l’amour et des femmes, elle qui en est en quelque sorte l’image et la représentante ; le vieux, lui, représente la nostalgie du temps passé, la mémoire d’un monde disparu ; enfin le dentiste prend en charge tout ce que le roman peut avoir de débonnaire et d’indiscipliné.
« Le vieux qui lisait des romans d’amour » Et le pouvoir de la lecture L’axe principal retenu pour cette adaptation est le pouvoir de la lecture.La lecture a ce pouvoir de mettre en éveil nos sens, de nous transporter dans des mondes insoupçonnés de nous-mêmes, quel que soit notre milieu d’origine. L’homme a évolué par la lecture, avec la lecture, à travers les siècles. « Le vieux qui lisait des romans d’amour » est une oeuvre, non pas d’écologie mais plutôt d’écosophie, et traite surtout du pouvoir de la lecture, remède à la vieillesse, et refuge à la cruauté des hommes.Thème universel qui demande sans cesse sa réactualisation. La lecture et ses bienfaits sont au centre de cette adaptation.
Le Vieux et la lecture
Le livre occupe une part importante dans la vie du vieil homme, et l’aide à accepter sa vieillesse. L’auteur met en exergue également le pouvoir du livre sur l’imaginaire des hommes : Antonio, Le Vieux, ne connaît rien aux autres pays. Il découvre ainsi le monde. Assurément il n’aime pas se souvenir des 29 Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier / Mars / Avril / Mai / Juin 2012
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événements de sa propre vie. Il trouve alors dans ses romans des souvenirs d’emprunt qui remplacent les siens. Ses lectures lui offrent une mémoire de substitution. Il retrouve ainsi la paix : …»Il lisait lentement en épelant les syllabes, les murmurant à mi-voix comme s’il les dégustait, et quand il avait épuisé le mot entier, il le répétait d’un trait. Puis il faisait la même chose avec la phrase complète, et c’est ainsi qu’il s’appropriait les sentiments et les idées que contenaient les pages »… Au plus profond de sa mémoire se trouvent des souvenirs douloureux, enfouis, qu’il ne veut pas déranger, de même qu’au plus profond de la forêt il ne fallait pas déranger le jaguar : Tapi au fond de la forêt, le jaguar, et enfouis au fond de la mémoire, les souvenirs cruels. Mais Le Vieux va devoir chasser et tuer l’animal, pour ensuite pouvoir revenir à la lecture, et qu’enfin revienne l a paix. Toute l’immensité de l’Amazonie se réduit alors à un espace clos, exigu et fragile, tel le canoë retourné sous lequel il s’est réfugié pour guetter et en finir avec le jaguar. C’est là qu’il 30 a dormi, et rêvé sa mort. C’est de là qu’il va se relever pour affronter l’animal et la mort. Enfin délivré de sa propre animalité par la mise à mort du jaguar, il va pouvoir renaître à la vie. Cette chasse n’a été qu’une initiation. Il a vaincu sa peur. Maintenant capable d’affronter sa propre mort, n’ayant plus peur de vieillir et de mourir, IL RETOURNE A SES ROMANS D’AMOUR : …» Le Rosaire de Florence Barclay contenait de l’amour, encore de l’amour, toujours de l’amour. Les personnages souffraient et mêlaient félicité et malheur avec tant de beauté que sa loupe en était trempée de larmes »… Difficile de ne pas percevoir la dimension allégorique de ce conte, qui plonge le lecteur dans l’univers du livre, en insistant particulièrement sur les vertus élévatrices et les pouvoirs rédempteurs de la lecture. Plusieurs niveaux d’interprétation pour ce texte aux allures de fable, à la fois divertissant et moins léger qu’il n’y paraît…
L’auteur et son roman Luis Sepúlveda est né le 4 octobre 1949 à Ovalle, au Chili. Son premier roman est paru en 1992. Son œuvre, fortement marquée par l’engagement politique et écologique ainsi que par la répression des dictatures des années 70 en Amérique du Sud , mêle le goût du voyage et son intérêt pour les peuples premiers. « Le Vieux qui lisait des romans d’amour », traduit en 35 langues et adapté au grand écran en 2001, lui a apporté une renommée internationale. Le personnage central, Antonio José Bolivar, est arrivé dans le village d’El Idilio 30
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plein de l’espoir que peut faire naître la misère noire, il y perdra ses illusions et son unique lien avec le monde, sa femme. Après une tranche de vie passée à vivre au sein de la tribu Jivaro, tribu des réducteurs de tête, Antonio aura appris la jungle et un nouvel art de vivre. L’âge de ses articulations le conduira à rejoindre un semblant de civilisation où le but de chacun reste de ne pas mourir à défaut de vivre, de s’ennuyer à défaut de travailler. « …Un trou perdu au centre de nulle part, un monde d’hommes fait pour les hommes, un monde dont les femmes se sont enfuies, un endroit où ne restent que des certitudes d’ivrogne et des rêves impossibles… » Comme son personnage, Luis Sepúlveda a vécu plusieurs mois chez les indiens Shuars dans le cadre d’un programme de recherche sur l’impact de la colonisation sur les populations amazoniennes. « J’ai appris le shuar, les méthodes de chasse des Indiens, j’ai participé à leurs rituels. Ça a changé ma vision du monde. Toute la théorie révolutionnaire d’Amérique latine est la pire répétition du discours du conquistador ... …Ma génération a toujours pensé qu’on ne parle que deux langues en Amérique latine, l’espagnol et le portugais, alors qu’il en existe près de quatrevingt-dix. L’indien n’est pas seulement l’image touristique du joueur de flûte des Andes. J’ai découvert un monde inconnu qui vit des réalités plus intéressantes et plus profondes que la théorie communiste. » Au travers de ces pages, c’est notre condition qui se dessine : Antonio José Bolivar Proano comprit qu’il ne pouvait retourner à son village de la Cordillère. Il était condamné à rester, avec ses souvenirs pour seule compagnie. Il voulait se venger de cette région maudite, de cet enfer vert qui lui avait pris son amour et ses rêves. Il rêvait d’un grand feu qui transformerait l’Amazonie entière en brasier.
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« Les pauvres pardonnent tout, sauf l’échec » Sépulveda n’entonne pas la vieille antienne du bon sauvage qui s’oppose au méchant civilisé, son vieux héros n’a rien d’un innocent primitif – il dévore des romans d’amours, c’est tout dire – et le monde dans lequel il vit ne s’appelle El Idilio (le lieu idyllique) que par ironie et antiphrase. Rien de moins idyllique que ce bord de fleuve noyé de pluie et de boue, dangereux, brutal hanté par la peur et par souffrance, enfermé dans sa solitude et son ressassement. La dédicace de Sepulveda à Chico Mendès nous laisse entendre que ce conte est loin d’être une pure fiction « …l’une des figures les plus illustres et les plus conséquentes du mouvement écologique universel, assassiné par des hommes de main armés et payés par de plus grands criminels… ». Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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AVRIL Beaucoup de bruit pour rien
crédit photo : Emmanuel Barrouyer
de William SHAKESPEARE
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Mercredi 25 /Jeudi 26 / Vendredi 27 Samedi 28 Avril -19h30 LA COMPAGNIE PHILIPPE PERSON (Much ado about nothing) De William Shakespeare Librement adapté par Philippe Honoré Durée : 1h15 Mise en scène : Philippe Person Avec Béatrice : Anne Priol Héro : Caroline Victoria Marguerite : Sylvie Van Cleven Léonato : Michel Baladi Bénédict : Emmanuel Barrouyer Claudio / Don Juan : Olivier Guilbert Décor :Vincent Blot Lumières : Alexandre Dujardin Costumes : Emmanuel Barrouyer et Anne Priol Production Cie Philippe Person / Collet – Grouard – Lalouette - Levanti Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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La pièce
Écrite en 1598, Beaucoup de bruit pour rien s’insère dans le carnet de ces comédies légères qui ont fait les délices du public élisabéthain. C’est sans doute, aujourd’hui, une des comédies les plus populaires de Shakespeare. Shakespeare fait ici le portrait d’une société enjouée, égoïste et superficielle, à l’intérieur de laquelle souffle un revigorant vent d’insouciance et de légèreté. Bénédict et Claudio, de retour de la guerre, rendent visite à Léonato. Léonato a une fille, Héro, dont Claudio tombe follement amoureux et une nièce, Béatrice. Cette dernière, célibataire endurcie, ne cesse d’exprimer son dédain pour le mariage et l’amour. Bénédict, lui aussi ne jure que par le célibat. Ce point commun suffirait à les rendre complices, mais non, au lieu de se séduire, ils s’assassinent à coup de bons mots. Autour d’eux, on s’évertuera à les faire se marier… et dans le même temps Don Juan, frère bâtard, s’attachant les services de Marguerite, voudra faire échouer le mariage de Héro et Claudio. On veut unir les uns, désunir les autres. Shakespeare mêle ici, avec humour, haine et amour.
Note d’intention
J’ai situé l’action de Beaucoup de bruit pour rien, aux Etats-Unis, dans les années 50. Bénédict et Claudio, sont deux GI’s revenant de la guerre, Béatrice et Héro deux jeunes filles ne pensant qu’à danser, chanter et s’amuser. Ce sont des années d’après-guerre, des années de légère insouciance où la gaité et la liberté s’emparent de la jeunesse. Les mots de Shakespeare volent dans l’air comme des bulles, parfois acides, parfois acidulées, la bande son souligne l’époque. Volontairement ramenée à 1h15 et interprétée par six comédiens, cette version ne garde que les évènements majeurs. Ici, pas de psychologie inutile, Shakespeare dépeint un monde où la chose vue ou entendue fait loi. On aime et puis on n’aime plus. On croit sans réserve ce que l’on veut bien nous faire croire. Ce théâtre est, à travers une écriture pleine d’humour, le vrai théâtre de l’amour et de la liberté. La jeunesse revendique, les certitudes ne font pas long feu, tout cela donne un rythme effréné que cette adaptation, très libre, s’est efforcée de garder. Philippe Person Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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L’équipe artistique
L’adaptateur, Philippe Honoré
Déjà à l’origine de 3 adaptations d’œuvres de Bruckner avec Monsieur TAC, Le Palais des claques et L’Euphorie perpétuelle, il est également à l’auteur de plusieurs adaptations et mises en scène avec Délivrez Proust, d’après l’œuvre de Marcel Proust, Suzanne, femme de Vicaire d’A. Bennett, La Dame aux Camélias d’A. Dumas Fils, L’amie, des journées entières avec Marguerite Duras de M. Manceaux, L’inconvenante de S. de Beauvoir, Les Imparfaits de M. Proust, L’année des Treize lunes de Fassbinder, Après la pluie, le beau temps de La Comtesse de Ségur, Un amour inconnu de S. Zweig ou Gide 84 de Gide. Il a dirigé le Théâtre de Lons-le-Saunier, puis l’Onde, nouveau théâtre de Vélizy Villacoublay. Il a publié son premier roman La mère Prodigue en 2001. Le metteur en scène, Philippe Person
Il a mis en scène tous les spectacles de la Compagnie depuis 1995 (L’Euphorie perpétuelle de Bruckner, Angelo, tyran de Padou de Victor Hugo, Linge sale 34 de Grumberg, Délivrez Proust de Philippe Honoré…) Egalement comédien, il a aussi joué dans Gouttes dans l’Océan de R.W. Fassbinder, mise en scène Catherine Beau, Il est trop tard et Piaf -Cocteau de Stéphane Auvray–Nauvroy, Gide 84 de Philippe Honoré, Un amour inconnu de Stefan Zweig, Le Palais des claques d’après Pascal Bruckner, Après la pluie, le beau temps d’après La Comtesse de Ségur.
Les comédiens Sylvie Van Cleven
Au théâtre, on l’a vue dernièrement dans « Petits bonheurs parmi les moins tristes ». Elle a joué Le roi Jean de Shakespeare, Les précieuses ridicules de Molière, Narcisse de J.J. Rousseau, Augustine de Villeblanche de Sade Les petits mondes de J.G. Nordmann, Pigeon vole de G.Berdot, … Avec la Cie Philippe Person : Manger, L’enfer des plaisirs et La Pèlerine Ecossaise. Elle est aussi metteur en scène au sein de sa compagnie : Les Sincères Caroline Victoria
Au théâtre, on l’a vue récemment dans La Pèlerine Ecossaise de Guitry, Danger Public de Frédéric Sabrou. Elle a aussi joué Molière, Anouilh, Tchekhov, Llorca (en anglais), Musset, Racine, Corneille mais aussi Catherine Anne, Duras,… A l’écran, on l’a vue dernièrement dans “Table rase” d’Etienne Périer, dans la série Kaamelott sur M6, et Christophe Malavoy lui a confié le premier rôle féminin de « Ceux qui aiment ne meurent jamais. » Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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Anne Priol
Au théâtre, elle a joué Esther, La Tisbe dans Angelo, tyran de Padoue. Elle a travaillé avec Elisabeth Leenard (Short Sentences de Gertrud Stein) au Théâtre des Halles à Bruxelles et avec Jean-Louis-Martin Barbaz.dans Pendant que vous dormiez au Théâtre de l’Oeuvre. Elle enregistre des dramatiques pour FranceCulture et prête sa voix à des documentaires. C’est son onzième spectacle avec la Compagnie Philippe Person. Emmanuel Barrouyer
Après « La Pèlerine Écossaise » et « Délivrez Proust » la saison dernière, c’est sa huitième collaboration avec Philippe Person. Il joue Shakespeare pour la troisième fois après Othello ( Cassio), et Le Songe d’une nuit d’été (Lysandre et La Tisbe), mis en scène par Anne Delbée.. 35
Olivier Guilbert
Débute sa carrière il y a vingt ans en remportant le concours de comédien de l’émission “Les habits du dimanche”(TF1) avec « On passe dans huit jours » de Sacha Guitry Avec la Cie Philippe Person, il a joué Angelo, tyran de Padoue, Quadrille et La Pèlerine Ecossaise Michel Baladi
Une trentaine de pièces dont « Une nuit avec Sacha Guitry ». Récemment, On l’a vu dans « La main passe », « La Pèlerine Ecossaise », « Danger Public », « Le mariage de Figaro », « Le mystère de Saint-Martin » ou encore « Les Monthy – Pythons ; Best Off » de Thomas le Douarec. Il a joué aussi dans Cyrano de Bergerac, Coupable non coupable, etc… A la télévision, il a tourné dans une trentaine de téléfilms La compagnie Philippe Person
Créée en 1995, en résidence au Théâtre du Lucernaire à Paris, la compagnie Philippe Person a produit à ce jour une dizaine de spectacles. L’EUPHORIE PERPETUELLE – LA SUITE…
création d’après pascal Bruckner Avec le soutien des ATP Biarritz Avec Pascal Thoreau – Mise en scène : Philippe Person – Adaptation : Philippe Honoré Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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Création Festival d’Avignon 2008, au Petit Chien – DELIVREZ PROUST, de Philippe Honoré, d’après l’œuvre de Marcel Proust
Avec l’aide le la FNAC et du T.A.C Avec :Anne Priol, Pascal Thoreau ou Emmanuel Barrouyer -Mise en scène : Philippe Person Festival d’Avignon 2006 et 2007, au Chien qui Fume. Lucernaire, Paris, 150 représentations -Tournée France : Biarritz, L’Ile de Ré, Rueil-Malmaison, Issy-les-Moulineaux, Jouy-le-Moutier, Oyonnax, Neuves Maisons, Bron, Melun, Gênas, ODC Orne, Lure, Neuilly-surSeine, LA PELERINE ECOSSAISE, de Sacha Guitry
Avec : Sylvie Van Cleven, Caroline Victoria, Anne Priol, Emmanuel Barrouyer, Olivier Guilbert, Michel Baladi. Mise en scène : Philippe Person Lucernaire, Paris, 200 représentations 36 QUADRILLE, de Sacha Guitry Mise en scène : Philippe Person. Avec Anne Priol, Florence Tosi, Alexandra Galibert, Olivier Guilbert, Pascal Faber, Denis Leroy. Fort-de-France, Martinique. L’EUPHORIE PERPETUELLE, création d’après Pascal Bruckner
Avec Pascal Thoreau -Mise en scène : Philippe Person – Adaptation : Philippe Honoré Théâtre du Lucernaire, Paris : 350 représentations Festival d’Avignon 2001, 2002, 2003 -Tournées : Biarritz, Montpellier, Surgére, Festival de Dax, Festival de Sarlat, Rouillac, L’Ile de Ré, Jouy-le-Moutier, Bruxelles, Lille… ANGELO, TYRAN DE PADOUE, de Victor Hugo
Avec Pierre Santini ou Denis Leroy, Anne Priol, Olivier Guilbert,… Co-Réalisation avec le Théâtre Mouffetard, avec l’aide de l’ADAMI Création Avignon 2003. Théâtre Mouffetard, Paris : 65 représentations Tournée : Bienne, Sion, Ermont, Fort-de-France… MANGER, création de Philippe Person et Elisabeth Gentet
Avec Anne Priol, Nathalie Feyt, Arnaud Arbessier,… -Mise en scène : Philippe Person Co-Production Cie Philippe Person -Cie Picrokole. Avec l’aide de l’ADAMI Création festival d’Avignon 2001. Théâtre du Lucernaire, Paris : 70 représentations Tournée : Nîmes, Aurillac, Sèvres, Beyrouth, Istanbul, Bruxelles, Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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Esch sur Alzette… Et aussi LINGE SALE de Grumberg, ESTHER de Racine, LA QUITTANCE DU DIABLE d’Alfred de Musset, L’ENFER DES PLAISIRS d’après l’Enfer de la Bibliothèque nationale, AVORTER de Nathalie Feyt et Philippe Person, TOUT SAUF AIMER de Philippe Person.
Revue de presse du spectacle Coup de cœur de Gilles Costaz - Le Masque et la Plume – France Inter …Les mots de Shakespeare volent dans l’air en paroles acidulé et subtiles. La version ne gardant que les éléments majeurs de la pièce, ce sont 6 comédiens jeunes et performants qui s’amusent et nous amusent pendant 1h15, imprimant au spectacle un ton allègre et décalé et un rythme soutenu grâce à une bande-son formidable. Il faut sans hésiter aller à cette comédie rafraîchissante, jubilatoire et pleine d’entrain. Pariscope Drôle et frais… L’Express Se voit avec infiniment de plaisir… Télérama …les comédiens sont vraiment bien et on a du plaisir à les voir sur le plateau. Le Figaro Joyeux sacrilège. Une comédie classique brillamment compressée. Le metteur en scène, Philippe Person, transpose l’action aux Etats-Unis, dans les années 1950. Ses héros masculins sont des G.I. et ses héroïnes des jeunes filles qui écoutent Elvis. Voilà une soirée « librement adaptée » de Shakespeare. Avec un esprit frondeur, dont les vieux docteurs en littérature lui tiendront certainement rigueur, Philippe Honoré a écrit une version « digest » de « Beaucoup de bruit pour rien » en fonction des acteurs d’une jeune troupe, la compagnie Philippe Person. Il a fait sauter quelques personnages, en a développé d’autres et a tout compressé en une heure et quart. L’histoire était assez complexe, elle est un peu simplifiée. Ballet hilarant. Un jeune homme et une jeune fille devraient se plaire et s’aimer mais leurs caractères et les manipulations de l’entourage les Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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séparent plus qu’ils ne les rapprochent. Par ailleurs, un méchant bâtard fait tout ce qu’il peut pour nuire à l’union d’un autre couple. L’amour triompherat-il ? L’adaptation s’amuse à aller vite en respectant ce somptueux langage courtois piqué de flèches diaboliques. Le metteur en scène, Philippe Person, tout aussi dédaigneux des docteurs de la loi, transpose l’action aux Etats-Unis, dans les années 1950. Ses héros masculins sont des G.I. et ses héroïnes des jeunes filles qui écoutent Elvis. Dans un dispositif très simple, les comédiens jouent avec une heureuse précision cet hilarant ballet des sentiments. Les Echos, Gilles Costaz Même nanisée, même transformée en bonsaï, la pièce garde une bonne partie de sa saveur. Sans doute la cocasserie d’Anne Priol n’y est-elle pas pour rien. Sa voix chevrotante et sa diction chuintante, déjà remarquées dans “Délivrez Proust”, font merveilles dans le rôle de Béatrice. 38
Le Nouvel Observateur, Jacques Nerson …L’intelligence et la légèreté des comédiens, d’ailleurs, avec mention spéciale pour l’interprète de Bénédict, emportent le spectacle. C’est un plaisir de les voir jouer, s’amuser visiblement entre eux et avec les mots qui leur sont offerts. Bien sûr, le texte de Shakespeare ainsi revisité est de nature à générer l’enthousiasme : jeux de mots, billets d’humeur, maximes drolatiques, tout y est. Mais il y a aussi beaucoup de générosité et d’humour chez les comédiens. Ils jouent au second degré, tout en finesse. Le texte les sert bien, autant qu’eux le servent juste. - Les trois coups On ne respecte plus rien ! De même qu’Eric Lacascade réécrivait sans gêne Tchekhov et Gorki, Ph. Honoré refait à sa guise et à son humeur Beaucoup de bruit pour rien du grand Shakespeare ! Honoré a élagué, compressé, resserré, suivi les lignes de fantaisie, supprimé des personnages, développé la présence de tel autre.Tout cela pour le plaisir de s’amuser en compagnie d’un génie dont il a, bien sûr, conservé les répliques d’un somptueux humour courtois et pour donner à la compagnie Philippe Person, une pièce servant équitablement les six acteurs qui la composent. Joli travail de ciseaux et de cisèlement. Philippe Person, à son tour, a pris ses libertés. Il a transposé l’action aux Etats-Unis dans les années 50. Les jeunes princes sont devenus du G.I.’s en uniforme, les filles à marier des jeunes femmes travaillées par le rock, le swing et la voix Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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d’Elvis. Person est un iconoclaste. Le décalage est malicieusement et totalement maîtrisé. Il faut être intelligent et précis pour retrouver la gentille stupidité des films sirupeux de la fabrique hollywoodienne du temps du technicolor ! Le jeu des acteurs, dans un décor minimal mais qui fournit ses propres gags, a la précision et la rapidité qu’exige à chaque seconde la comédie. Dans le rôle de l’insupportable Béatrice, Anne Priol fait penser – et ce n’est pas, pour nous, un mince éloge – à Raphaëline Goupilleau. Voilà un bienfaisant swing élisabéthain ! - WEBTHEA Du swing pour Shakespeare
Au théâtre du Balcon, Philippe Honoré adapte Beaucoup de bruit pour rien, du célèbre maître anglais, de manière contemporaine. C’est une très amusante transposition d’une des grandes comédies de Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien, que propose la Compagnie Philippe Person. L’adaptation est due à Philippe Honoré, qui a réussi à respecter le texte et son humour décapant en ramenant la pièce à une durée d’un peu plus d’une heure. Un temps qui passe à la vitesse de l’éclair tant la mise en scène est enlevée et la musique entraînante. L’action ne se passe plus au XVIIe siècle à Messine, mais dans les années cinquante aux États-Unis. Les deux héros, Claudio et Benedict, y ont pris la forme de deux GI revenant de la guerre et qui ne songent plus qu’au repos du guerrier. Claudio, le romantique, tombe amoureux pour de bon de la fille de la maison du seigneur Leonato, Hero, sous les risées de son ami Benedict, qui fait profession de détester les femmes et d’être allergique au mariage. Par chance, il y a là une belle dame, Beatrice, sorte de Célimène avant la lettre, persifleuse et buveuse de Coca, qui en tient autant à l’égard des hommes. Cela donne lieu à des passes d’armes de mots d’esprit, tandis que se noue une intrigue fumeuse menée par un Don Juan jaloux qui réussit à transformer en traîtresse la suivante de Hero, Marguerite, pour assouvir une obscure vengeance. Le tout ponctué de joyeuses scènes dansées sur les airs de swing des années cinquante, du rock’n roll et des chansons d’Elvis Presley. Comédiens et comédiennes sont excellents et le public, qui s’amuse autant qu’eux, en redemande. F. G. R L’Humanité ( juillet 2009) Shakespeare à la sauce fifties, l’idée peut sembler saugrenue mais le résultat, lui, est remarquable. Dans cette mise en scène de Philippe Person, la comédie prend place dans l’Amérique des années 50. Claudio et Bénédict sont deux Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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GI’s fraichement revenus de la guerre, et Béatrice et Héro deux jeunes femmes dont l’esprit semble principalement occupé par le rock. Claudio aime Héro, Beatrice et Benedict eux, s’échangent piques et autres sarcasmes sous forme de bons mots. Intervient Don Juan, qui par vengeance, fera tout pour séparer Claudio et Hero, tandis que ces derniers eux, feront des pieds et des mains pour réunir Beatrice et Benedict. Rien de tragique ni de si compliqué ici, il suffit de se laisser porter par les tubes d’Elvis et le talent des six comédiens. Drôle, original, décalé, en somme très réussi, ce « Beaucoup de bruit pour rien » risque de faire parler de lui. - La Provence (juillet 2009)
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JUIN
«La palabre des vestibules» de Ladji Diallo Contes
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Vendredi 8 / Samedi 9 Juin -19h30 Où nous nous aventurons dans les villages de l’Afrique de l’Ouest. Où hommes et bêtes auront en partage l’intelligence et la bêtise, l’amour et l’amitié. Où l’on apprendra comment Tortue battit tous les animaux à la course, comment deux chacals tinrent tête au lion, pourquoi les arbres n’ouvrent plus leur cœur, à quoi servent les « cocos », pourquoi les animaux ne sont pas toujours sensibles à la musique et bien d’autres choses extraordinaires, le tout en suivant les pas de Moussa. Entre contes et proverbes, paroles et musiques, l’Afrique se révèle peu à peu et nous éblouit. Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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Ladji Diallo, conteur Je suis né à Paris, rue Saint Maur, y ai vécu neuf ans, puis j’ai immigré en Seine et Marne laissant traîner derrière moi un tronc nu… Mes racines sont restées quelque part entre Gao, près du fleuve Niger, et Bobo Dioulasso. A vingt et un ans, je ressens le besoin de nourrir ces racines pour m’épanouir dans un pays qui est le mien, la France, sur une terre qui n’est pas la mienne. Cette quête d’identité me guide dans les profondeurs de l’Afrique, où l’art et le sacré sont intimement liés. Je découvre l’héritage des premiers peuples africains fondé sur la cosmogonie qui considère que le tout est un et indivisible, et un est le tout. L’Afrique se révèle peu à peu. Je m’en imprègne, j’en vis et j’en ris. Jeune comédien-conteur, fraîchement sorti des cours d’art dramatique de Paris VIII et de stages où je rencontre Bakary Sangaré, Pépito Mateo, Hassan Kouyate, Alain Paris, Pierrot Souma …, je me lance dans mon premier spectacle la Palabre des Vestibules sous l’œil bienveillant de Benoît Schwartz, comédien-conteur. Recherches bibliographiques, voyages en Afrique, rencontre de griots m’ont permis de comprendre ce que je voulais dire aujourd’hui. 43
Ce qui se dit à son sujet… LA SCENE NATIONALE DE TARBES :
« Avec ce nom et cette couleur de peau, nul doute, Ladji Diallo est un conteur africain. Et pourtant… Ce que l’apparence ne dit pas, c’est que sa culture est avant tout occidentale et qu’il a grandi en banlieue parisienne. Sa richesse vient de ce que, devenu grand, il a fait le voyage à l’envers, jusqu’en pays Dogon, pour découvrir ses racines. Et le pont qu’il jette aujourd’hui entre deux continents, lui permet de jouer avec deux cultures, d’abuser avec délices de l’une et de l’autre. Tour à tour hyène, singe, femme, tortue, toutes créatures vraisemblables, si réelles, et soudain poussées à la caricature, Ladji incarne autant qu’il détourne la matière des contes à son profit. Avec Ladji Diallo, le conte prend corps à corps perdu… ». Emmanuel Gérard Scène Nationale de Tarbes.
FESTIVAL DE CONTE « LES CENT VOIX » : « Surprenant Ladji qui a su, à merveille, intégrer l’art théâtral au conte. Quel chanteur ! ». Dany Blanchet Directrice artistique de l’association « Caus’ette » à Châtellerault (86)
Théâtre Aimé Césaire Programme Janvier
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PLANING DES REPRESENTATIONS Représentations « Roméo et Juliette»
Dates 17/18/ 19/20/21 Janvier
Horaires
Particularités
19h30
Tout public
Le Nouveau Théâtre des Nations
« Conte Marron » Dytique « Quichotte »
19h30
Tout public
19h30
Tout public
9h00 19h30
Scolaires Tout public
19h30
Tout public
3Mai au 2 juin
19h30
Tout public
« La palabre des Vestibules»
8/9 Juin
19h30
Tout public
« Fête de la Musique »
21 juin
19h30
Tout public
«Le Vieux qui lisait des romans d ’amour »
8/9/10 Mars 22 /23 /24 Mars 29 /30 29/30/31 Mars
« Beaucoup de bruit pour rien »
25/26/27/28 Avril
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ème
Rencontre Théâtre Amateur
TARIFS THEATRE Tout public 18€ • Seniors / Etudiants / Chômeurs 15€ Carte de fidélité 12€ • Enfants 9€ • Séances scolaire : Primaire : 5€/ Lycée : 7€ TARIFS DANSE / MUSIQUE Tout public 22€ • Seniors / Etudiants / Chômeurs 20€ • Carte de fidélité 15€ • Enfants 15€ En règle générale les représentations commencent à l’heure (19h30). Ouvertures des portes ¼ heure avant le début du spectacle. Les spectateurs retardataires ne pourront être placés que lors d’une interruption du spectacle en fonction de l’accessibilité ; les places numérotées ne sont alors plus garanties. Pour des raisons de sécurité, l’accès à la salle est interdit aux enfants de moins de 3 ans. EQUIPE DU THEATRE DE FORT-DE-FRANCE Michèle CESAIRE: Directrice Artistique/Administration. Michèle MONDESIR : Communication/Relations publiques. Joselyne MITRAM : Secrétariat – Accueil. Pierre MARIE-ROSE : Régisseur Général TECHNICIENS Etienne DIBANDI Joseph CLOVIS Roland POLOMAT
MAINTENANCE Jacqueline SYLVANIE Marie-George MOREAU
RENSEIGNEMENTS / RESERVATIONS Théâtre de Fort-de-France Rue Victor Sévère Réservations : 05.96.59.43.29 Secrétariat : 05.96.59.42.39 Fax : 05.96.59.60.32 Mobile : 06.96.22.07.27 E-Mail : theatre.foyal@fortdefrance.fr Site internet : www.fortdefrance.fr