Les actes de la 3ème édition de la Biennale de l'éducation

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LES ACTES Biennale de l’éducation

Espaces publics, espaces d’éducation ?

www.biennaledeleducation.fr


Nantes | Octobre, novembre, décembre 2010 Thématique de la 3ème édition

Agora des initiatives jeunes

15-19 ans, l’âge où les jeunes construisent leur propre monde et souhaitent être acteurs de la société. Comment s’approprient-ils l’espace public et comment penser la ville pour répondre à leurs interrogations ?

La semaine de l’éducation a débuté par une journée de rencontres où des jeunes présentent leurs initiatives. L’agora est un espace pour témoigner de la diversité des formes d’engagement pratiquées ; des tables rondes ont permis de réfléchir aux conditions nécessaires à cet engagement et à ses mécanismes.

La semaine de l’éducation

La biennale de l’éducation

Les associations affiliées aux Francas des Pays de la Loire ont proposé une série de soirées-débats tout au long de la semaine. Ces rendez-vous permettent l’échange et la participation des acteurs de la jeunesse afin de soulever des préoccupations communes rencontrées lors de la réalisation de leurs actions sur les territoires de vie. Les questions soulevées ont été approfondies lors de la biennale.

La biennale est un événement national pour échanger sur l’éducation des 15-19 ans. Les acteurs éducatifs (animateurs, techniciens, politiques...) se donnent rendez-vous pour questionner l’adolescence avec des sociologues, des psychologues et contribuer à ouvrir de nouvelles pistes. Conférences, ateliers de connaissances, ateliers de pratiques, autant de moments pour répondre à nos interrogations.

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sur le web

Retrouvez l’intégralité des contributions des conférenciers, toutes les synthèses des ateliers de réflexion et de production ainsi que des interviews, des reportages vidéos réalisés lors de la semaine de l’éducation.

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propos d’ouverture

Olivier David Président de la Fédération Nationale des Francas

La

question des jeunes et de l’espace public est très complexe à aborder parce qu’elle s’intéresse moins aux formes de prise en charge et d’accompagnement des jeunes pour répondre à leurs besoins sociaux, culturels et éducatifs, qu’à la définition de leur place dans nos sociétés, c’est-à-dire à leur coprésence avec les adultes et à leur participation active dans le processus de transformation sociale. L’enjeu est donc éminemment social et politique, et renvoie très clairement au vivre ensemble intergénérationnel. Il s’agit tout d’abord de réaffirmer que les jeunes représentent l’avenir de nos sociétés, notamment dans un contexte qui donne aujourd’hui très clairement la priorité aux personnes âgées. Il s’agit ensuite de s’intéresser à la place réellement faite aux enfants et aux jeunes dans les sociétés contemporaines, et plus particulièrement à leur intégration. Olivier Galland montre non seulement que la conception française de la jeunesse est stigmatisante mais qu’en plus elle survalorise le classement plutôt que la promotion et l’émancipation. Il s’agit enfin de s’intéresser à la question des inégalités entre les jeunes eux-mêmes. Parce que les environnements n’offrent pas les mêmes ressources ou n’exposent pas aux mêmes risques, ils participent à la

« L’espace public est un espace de participation et d’implication dans la vie politique.» production des inégalités. La question des politiques éducatives ne peut se poser uniquement en termes d’offres de services, d’équipements ou d’aménagements, mais doit aussi intégrer les composantes sociales et culturelles des inégalités pour mieux les résorber. Cette réflexion autour de la place des jeunes dans l’espace public révèle à mes yeux plusieurs enjeux concomitants : en premier lieu, des enjeux éduca-

tifs : les espaces publics constituent de réels espaces d’éducation, où s’exercent diverses influences auprès des jeunes. Les ressources mobilisables qui leur sont offertes participent en partie à la construction de leur parcours éducatif, favorisant l’apprentissage de l’autonomie, l’exercice de leur liberté et de leurs responsabilités, offrant des possibilités d’expérimentation. J’y vois également des enjeux sociaux: les segmentations, qu’elles soient intra-urbaines ou plus largement entre villes, couronnes périurbaines et campagnes, sont de plus en plus nombreuses et participent au rétrécissement de l’espace public pour certaines catégories de population, dont les jeunes. L’accessibilité suppose très clairement que l’espace public constitue le lieu de rencontre des individus les plus différents qu’il soit, et qu’il réunisse les conditions d’une réelle appropriation par le plus grand nombre. L’espace public est central dans toute réflexion portant sur la vie de la cité, au sens politique du terme. C’est en effet un espace de participation et d’implication dans la vie politique d’une communauté, dans la mise en œuvre de projets collectifs, dans la prise d’initiatives et de responsabilités, qu’elles soient individuelles ou collectives. Il reste à aborder les enjeux d’aménagement : pour favoriser les rencontres entre toutes les catégories sociales et toutes les classes d’âge, l’ouverture et l’accessibilité des espaces publics passent par des aménagements adaptés et réfléchis. Ainsi, considérer les jeunes comme ressource et les placer comme acteurs à part entière du développement suppose très clairement de prendre en compte leurs actions et de leur donner les moyens d’agir et de participer au même titre que les adultes au processus de transformation sociale. A travers cette entrée problématique, nous abordons l’éducation d’une façon très globale et transversale. La question que nous avons choisi de travailler est fondamentalement universelle et ne doit pas être appréhendée au seul prisme de nos sociétés occidentales. L’ouverture internationale que nous avons souhaitée en programmant ces rencontres vous permettra de le mesurer plus concrètement.

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Conférence

Comment définir la ou les

jeunesses ?

La Biennale de l’éducation a donné la parole à Marion Haza, psychologue clinicienne et docteur en psychologie. Dans le cadre de sa conférence « La jeunesse, les jeunesses, les années lycée », elle précise la notion de jeunesse, période où les jeunes sont en quête de nouveaux repères et de sens dans une société où les rites de passages sont rares.

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Marion Haza • Psychologue clinicienne, Docteur en psychologie

La

j eunesse est une notion culturelle portée par un discours social. Les sociétés définissent cet âge. Elles donnent au jeune un statut et un engagement particulier, par rapport à la société, à la famille, à la sexualité. Cette notion varie au cours du temps mais on retrouve des constantes, à travers les époques. C’est seulement au XIXème siècle, en Occident, que le concept voit le jour. L’émergence de la jeunesse comme catégorie sociale s’est faite au lendemain de la seconde guerre mondiale avec la naissance de la société de consommation. Le jeunesse s’écarte du conformisme : c’est à cette période que les premières bandes se forment. L’Etat commence alors à penser les caractéristiques et les troubles de cette jeunesse. Une

le jeune les bricole selon ses codes ; il prend des risques, occupe certains espaces. La transgression va lui permettre de se connaître et de s’affirmer. néo-culture va naître où les jeunes vont évoluer dans une société qui a du mal à leur trouver une place. Aujourd’hui, si la notion de jeunesse est claire, elle désigne une période qui s’allonge et peut aller jusqu’à

l’âge de trente ans. Un phénomène expliqué par une entrée plus tardive dans le monde du travail. La notion de responsabilité sociale reste la plus importante. La construction identitaire doit être finalisée pour considérer l’individu comme un adulte à part entière. Dans ce processus de construction, le jeune va passer par une crise, période où il est en quête d’indépendance et est soumis à l’obéissance. Il doit quitter l’univers sécurisant de l’enfant et en même temps intégrer l’univers social adulte. Dans les sociétés primitives, il existe des rites de passage permettant aux jeunes de se libérer de leurs angoisses. Ces rites se sont raréfiés dans notre société. Maintenant, le jeune les bricole selon ses codes ; il prend des risques, occupe certains espaces. La transgression va lui permettre de se connaître et de s’affirmer. Il va chercher les limites des figures d’autorité, en s’opposant à sa famille ; une rupture qui traduit un désir d’indépendance, d’autonomie. Ce sont les groupes de pairs qui vont remplacer la structure familiale. L’adolescent va construire son identité grâce à ses relations au groupe. Un nouveau processus de socialisation va s’engager avec des normes et des valeurs propres à la bande. Un autre point marquant de cette période est la créativité adolescente. Le jeune se projette dans l’avenir et aime les découvertes. Un élan créateur s’observe dans le domaine de l’art, rattaché au besoin de rêverie de l’adolescent. L’adolescent est donc un être multiple, en évolution. Il doit se concevoir en tant que sujet et en tant qu’être, porteur d’idéaux.

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Conférence

Espace public &

espaces publics Si l’avènement de la culture de masse a changé la nature et la perception de l’espace public, la société moderne semble rétrécir le territoire autorisé à la jeunesse, en limitant notamment les libertés individuelles. Alors comment voir, observer, interpréter les espaces publics ? Comment les choix d’aménagement des espaces influent-ils sur la mixité sociale ?

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Maria Veltcheva • Architecte et Urbaniste, Université «La Sapienza», Rome

L

es notions d’espace public et d’espace privé renvoient au concept de collectif et d’individuel, qui s’opposent ou se complètent. Ce sont des séquences dont la qualité spatiale change progressivement, en fonction de la ou les personnes qui en ont la responsabilité et de leur accessibilité. Celles-ci influent sur les revendications territoriales dont elles peuvent faire l’objet. Une salle de classe peut se concevoir comme un espace privé par rapport au hall commun, à son tour perçu comme privé par rapport à la rue. L’interprétation diffèrera donc selon le statut privé ou public du lieu. L’espace public a une fonction sociale importante. Quel partage de responsabilités s’opère alors dans les différents espaces publics ? Il faut aussi tenir compte des espaces semi-publics et semi-privés. Le seuil ou « In-Between », est un lieu de transition entre deux espaces, un lieu d’échange et de dialogue. C’est la traduction architecturale de l’hospitalité d’où l’importance de sa fonction psychologique. Les concepteurs de bâtiments doivent donc faire un effort de planification. La création d’espaces de transition entre les lieux privés et le domaine public permet au résident d’élargir sa sphère d’influence. Il s’agit ici d’améliorer le domaine public pour augmenter l’interaction sociale et favoriser la cohésion et la mixité sociale. Il faut donc se demander comment il fonctionne et pour qui il a été conçu. Au XIXème siècle, la révolution industrielle a favorisé l’apparition des bâtiments publics. L’accélération et la massification du système de production et de distribution ont conduit à la création d’espaces privés accessibles publiquement (foires, centres commerciaux). Avec le passage couvert puis la galerie marchande, on assiste à l’expansion du domaine public dans le privé, les notions d’intérieur et d’extérieur cohabitent. Aujourd’hui, ces bâtiments offrent les fonctions de centralité dans des zones périurbaines où justement l’espace public fait défaut, devenant par là des lieux

de cohésion et de mixité. Les promoteurs et concepteurs de lieux de consommation l’ont bien compris et construisent leur offre sur ce modèle avec un accès public ouvert à tous pour satisfaire un besoin privé. Les lieux contemporains sont des espaces destinés à être franchis, traversés mais très peu habités. L’avènement des TIC a créé une migration du réel vers le virtuel. Ce qui manque, ce sont les éléments constitutifs d’une histoire commune qui permettrait de créer du lien social, à l’exemple du playground. Le playground est un système de composition de l’espace qui interprète le lieu public comme un lieu de loisir et de temps libre. Les espaces publics de la ville sont aussi des en-

Les espaces publics de la ville sont aussi des endroits où commence et se termine le processus éducatif droits où commence et se termine le processus éducatif, c’est pourquoi la nécessité de transparence dans la clôture des espaces publics est importante. Les écoles et universités sont des éléments urbains structurants de la ville, leur implantation doit pouvoir favoriser la mixité sociale et intergénérationnelle. L’espace public a toujours joué un rôle structurant dans la ville. Il est donc important que ces espaces, publics ou privés, demeurent sous le contrôle des pouvoirs publics. Cette problématique est liée aujourd’hui également à la question du développement durable qui légitime le contrôle de l’environnement. Une problématique qui replace au sein de l’agora la question de la stratégie de développement urbain. Un programme de développement de l’espace public associé à un Observatoire de l’espace public pourraient y répondre en identifiant de nouveaux espaces ou en requalifiant les espaces urbains.

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Conférence

Pourquoi appeler

les jeunes

à participer ? Expériences locales en Europe

On constate un engagement en faveur de la participation des jeunes dans les discours institutionnels. Que ce soit au niveau européen, national ou local, les initiatives formelles ou informelles se multiplient. Ce qui est en jeu : la citoyenneté des jeunes, le renouvellement du système démocratique et de la protection sociale. 08


Patricia Loncle • Enseignante-chercheur à l’EHESP

C

et encouragement des jeunes « à prendre part » concerne tous les niveaux de décision. Il peut venir des pouvoirs publics ou, inversement, être réclamé par les jeunes. La participation peut être vécue de façon active ou passive par les jeunes, rester conforme aux attentes ou être perçue comme illégale.

alors que les jeunes sont les premiers utilisateurs des services en Europe, leurs besoins et opinions sont peu connus. Les enjeux de la participation des jeunes sont liés à la situation politique et sociale de la jeunesse marquée par la croissance des incertitudes des parcours et les difficultés d’accès au marché du travail. Conséquence : des parcours plus difficiles à construire, marqués par un allongement de la jeunesse, une déconnexion des seuils de passage vers l’âge adulte et des trajectoires réversibles. Parallèlement, on assiste à une individualisation en matière politique et associative. Les individus construisent leurs propres lieux d’expression et prennent leurs distances avec les syndicats et les partis politiques. Ils s’engagent, mais de manière plus locale et éphémère, et privilégient au vote d’autres modes d’expression politique (manifestations, TIC).

Cela pose problème en termes de représentation politique et de liens avec la chose publique : alors que les jeunes sont les premiers utilisateurs des services en Europe, leurs besoins et opinions sont peu connus. Or leurs difficultés économiques remettent en cause leur accès à la citoyenneté sociale (culture, protection sociale). La participation permettrait donc d’améliorer le dialogue entre les jeunes et les pouvoirs publics, qui peinent à atteindre les jeunes les plus exclus. Au niveau européen, on constate une grande variété des politiques de jeunesse basées sur des définitions de la jeunesse et du chômage différentes, et des objectifs différents assignés aux politiques d’emploi. Par contre, les délégations de pouvoir aux associations locales sont systématiques, celles-ci laissent peu de place aux jeunes et connaissent des problèmes de financement élevés. Les formes formelles de participation des jeunes sont favorisées au détriment de la réflexion sur les techniques, les budgets et les domaines de consultation. Les jeunes concernés sont éduqués, déjà convaincus de l’intérêt à participer, et peu représentatifs. Mais l’intérêt pour la participation augmente avec les difficultés sociales et économiques d’un territoire. Enjeu majeur pour le futur des démocraties européennes, la participation des jeunes doit donc être soutenue dans ses différentes formes et dans tous les contextes qui les concernent. Il faut associer les jeunes à la réflexion en amont et intégrer la richesse des cultures juvéniles.

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propos

Johanna Rolland,

Chloé Le Bail,

Adjointe au Maire de Nantes en charge de l’éducation et de la jeunesse.

Vice-présidente du Conseil Régional des Pays de La Loire pour la Culture, le Sport, la Jeunesse et l’Education populaire.

Par son approche transversale, cette 3ème Biennale renouvelle les modes de questionnement sur la jeunesse. Elle associe les valeurs de l’éducation populaire et l’ouverture à des regards extérieurs d’autres pays. Le lien entre espace public et jeunesse est d’actualité à Nantes : un Nantais sur trois a moins de 25 ans. Comment rendre le territoire attractif tout en renforçant la cohésion sociale ? Comment faire la ville éducatrice, permettre aux jeunes et aux éducateurs de travailler ensemble ? En sortant des logiques institutionnelles pour replacer les adolescents au cœur des questions d’éducation, source d’émancipation individuelle et collective. Lieu de rencontre et de partage, l’espace public porte ces enjeux d’éducation, d’égalité d’accès et de mobilité.

En 2004, le nouveau Conseil Régional a voulu identifier les réalités vécues par les jeunes en Pays de La Loire. S’ils appartiennent à une même génération, leurs situations s’avèrent très différentes selon les statuts (lycéens, collégiens, apprentis) et les territoires (urbains ou ruraux). L’enquête révèle un phénomène inédit : le déclassement social de la jeunesse qui vit moins bien que la génération précédente. D’où la perte de foi des jeunes dans les institutions et la politique. Quel projet de vie construire dans ces conditions ? Sur ces bases, la Région a élaboré un schéma régional des jeunesses associant les acteurs de l’éducation autour d’actions et de propositions afin d’améliorer les conditions de vie des jeunes ligériens en 2011.

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Michel Ménard, Vice-Président du Conseil Général de LoireAtlantique, pour la jeunesse, le sport et l’éducation populaire. Dans un contexte difficile, les collectivités territoriales de Nantes affirment la volonté de construire un vivre ensemble plus solidaire. Si la jeunesse permet d’envisager l’avenir plus sereinement, les réalités des jeunes de Loire-Atlantique n’échappent pas à la crise nationale. Pour cela, la politique éducative des Pays de la Loire accompagne l’éducation dans sa globalité. Les infrastructures d’éducation sont revalorisées ou construites, les étudiants reçoivent des guides dans leur vie citoyenne (réseaux d’éducation populaire) et leurs projets. La solidarité est le structurant de l’accompagnement social. Les FJT, MJC et les maisons des associations portent les valeurs de la jeunesse pour lier les citoyens dans la société de demain.

François Laco, Directeur adjoint de la DRJSCS des Pays de la Loire. La Direction de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale des Pays de la Loire souhaite un partenariat à long terme avec les Biennales sur la question de l’éducation. Elle s’engage sur la coéducation, la cohésion sociale, la coproduction des politiques et la laïcité. Nous souhaitons valoriser l’espace public pour lui donner un réel statut. Le but : développer l’autonomie des jeunes dans cette sphère publique. Il faut « cadrer pour éduquer » la jeunesse, définie comme une ressource. Cinq mesures de politique jeunesse sont mises en place : le soutien à l’autonomie des jeunes, des mesures pour l’insertion, la reconnaissance de l’engagement, la professionalisation des parcours et le développement de la vie associative.

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portfolio

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1. Table ronde : réactions à la conférence «Penser l’espace public dans la ville éducatrice». De gauche à droite : Thierry Guidet, Directeur de la revue Place Publique, Johanna Rolland, Adjointe au Maire de la ville de Nantes, Tarik Kabbage, Maire de la ville d’Agadir au Maroc, Olivier David, Président de la Fédération nationale des Francas, Jean-Marie Morel, Vice-Président du CESER, Yves Fournel, Président du Réseau français des Villes éducatrices. 2. Hall d’accueil : arrivée des participants à la biennale. 3. Johanna Rolland, Adjointe au Maire de la ville de Nantes. 4. Michel Ménard, Député et Conseiller général de Loire-Atlantique. 5. Yanick Lorée, Président des Francas de Loire-Atlantique. 6. Les jeunes participants au séminaire européen. 7. Philippe Deplanque, Fédération nationale des Francas.

Une sélection photos par Thomas Ruisseau. 2

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Ateliers de réflexion

Espace public, architecture, bâti. synthèse des ateliers de réflexion sophie dargelos • Chargée de mission, Fédération nationale des Francas

Lors des ateliers de réflexion de la première journée de cette biennale, des compléments à la problématique posée en plénier ont été apporté autour de deux entrées, celle de l’espace public, celle de l’architecture, du bâti.

Les premières orientations pour l’action ont été évoquées dans trois registres : • les formes et modalités d’association, d’implication des jeunes, • l’intérêt de démarches d’expérimentation, • la posture ou l’éthique des animateurs. Espace public, espaces publics. Durant les ateliers de réflexion, des intervenants ont réaffirmé le fait que l’espace public, les espaces publics participaient de la construction de soi. Le terrain vague d’autrefois était un espace à investir, ayant cette fonction de construction de l’identité personnelle, nous a

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dit Guillaume Macher. Certains d’entre nous ont pensé au film « Un coin sans importance » et à la démarche des Francas revendiquant des espaces pour jouer, des espaces pour se construire. C’est encore Guillaume Macher qui se demandait si nos villes permettaient un droit de cité aux adolescents et aux jeunes, si les ados et les jeunes avaient le droit de faire valoir leur identité générationnelle dans la ville. Si la question a été posée, il n’y a pas eu pour autant de réponse négative ou positive. Les adolescents s’arrangent finalement, peut-être, sans doute avec les adultes, avec les craintes de ceuxci, et dans cette période de passage, de transition où ils


dans cette période de passage, de transition où les adolescents ont besoin de lieux intercalaires et de lieux générationnels, dans cette période où ils tentent, où ils doivent passer d’un espace rassurant, à l’espace où ils seront autonomes, ils composent. ont besoin de lieux intercalaires et de lieux générationnels, dans cette période où ils tentent, où ils doivent passer d’un espace rassurant, à l’espace où ils seront autonomes, ils composent, pourrait-on dire. Les adolescents, les jeunes apprécient notamment les galeries marchandes, parce qu’elles sont tout à la fois espace public fermé et ouvert, espace rassurant. En effet pour qu’un adolescent accède « facilement » à un espace public, trois conditions seraient à réunir : • cet espace doit être accessible, leur autonomie de circulation est réduite, • cet espace doit être sécurisé, condition sine qua non de l’autorisation parentale à la liberté de circuler, • cet espace doit être sécurisé, au sens où la présence de jeunes y est admise, y est tolérée. L’architecture, les espaces dédiés. « La qualité du cadre de vie conditionne la pensée et le comportement ». Cette citation de Nicolas Ledoux illustre parfaitement toute l’importance du bâti, des structures scolaires ou structures d’animation en termes d’apprentissages et de relations. Maurice Mazalto regrettait, voire dénonçait le fait que nous ne parvenons que trop rarement à associer conception des usagers et conception des prescripteurs lorsqu’une structure d’animation, lorsqu’un établissement scolaire voient le jour. Ne pas confronter ces perceptions, c’est prendre le risque de la désertion voire du détournement. L’architecture scolaire, notamment, matérialise les conceptions de ceux qui construisent des structures scolaires, prenant en compte une des missions de l’institution scolaire, celle de l’apprentissage des savoirs au détriment de la socialisation, soit la deuxième mission de cette institution. Or une structure, un espace bâti ne vit que par celui et ceux qui les habitent. Or les adolescents plébiscitent les espaces dédiés où circule la parole. Ces adolescents qui lorsqu’ils sont associés, nous y reviendrons, à des projets de réhabilitation, d’aménagement sont bien peu normatifs, tiens c’est heureux !

et sont presque subversifs, selon certains adultes. Ces adolescents qui sont d’abord -régulièrement – en demande d’espaces dédiés, réservés, sans doute parce que nous ne savons guère leur donner à vivre autre chose. Un témoin décrivait hier « une Maison des rencontres » qui avait eu pour ambition de favoriser le brassage inter-générationnel, mais qui finalement est revenue vers un fonctionnement plus cloisonné, où chaque groupe d’âge a retrouvé des créneaux d’ouverture spécifiques. Presque tous, presque tous les groupes, étaient d’accord pour affirmer et simultanément regretter, le fait que notre société participe au cloisonnement, à l’évitement inter générationnel. Alors comment faire ? Des questions et quelques pistes ont émergé des ateliers de réflexion. Associer les jeunes Cette expression est revenue dans tous les ateliers, voire dans les expressions de chacun, avec force. Je cite : • « ... associer les jeunes, une ambition.... » • « ... associer les jeunes, un impératif.... » • « ... associer tous les usagers de l’espace public, des espaces publics, une nécessité impérieuse... ». Mais ce n’est pas si simple et les questions sont nombreuses.

Comment associer les jeunes les plus éloignés des processus de participation ? Comment associer les jeunes les plus éloignés des processus de participation ? les publics captifs ? Comment ne pas désespérer des jeunes consultés lorsque les temporalités s’en mêlent ? Entre le moment où la demande est exprimée, les besoins exprimés pris en compte et le moment où le projet, la structure, l’espace est réalisé, il peut s’écouler du temps, tant et si bien que demandes et besoins ont évolué, que le groupe de jeunes a vieilli... Et nous avons relevé encore des questions ou des réflexions plus ou moins unanimes : les systèmes de délibération proposés aux jeunes doivent-ils être calqués sur ceux des adultes ? • Les jeunes usagers doivent-ils nécessairement être mis au travail avec les adultes usagers ? • Les jeunes doivent-ils être associés systématiquement à toutes les démarches, au processus de concertation dans son intégralité ? • Faut-il associer les jeunes à la définition des bâtiments ou seulement sur les fonctionnements et aménagements ?

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Expérimenter, tâtonner. Il s’agirait d’oser une démarche, une posture : oser inscrire les politiques jeunesses dans un registre d’expérimentation, non pas celles qui ne durent qu’un temps pour finir aux oubliettes, mais une expérimentation ou tâtonnement expérimental qui permette tout à la fois l’adaptation au territoire et l’acceptation de la prise de risque. Ceci pour conjuguer la mobilité des jeunes et la mobilité des interventions des animateurs. Ceci pour proposer trois types d’espaces publics ou d’espaces collectifs : • des espaces où l’on peut accompagner, • des espaces auto-gérés, l’exemple de skate parc est venu illustrer cette catégorie d’espace, • des espaces ou équipements dédiés. Ceci nécessite de repenser les métiers de l’accompagnement, les formes de l’animation, la posture de l’animateur.

L’animateur détenteur, spécialiste de la démarche de projet porte parfois plutôt un projet pour les jeunes qu’un projet avec les jeunes.

A propos du projet L’animateur accompagnateur de projets de jeunes, c’est une de nos références, un « incontournable ». L’animateur détenteur, spécialiste de la démarche de projet, porte parfois plutôt un projet pour les jeunes qu’un projet avec les jeunes. Deux groupes de réflexions, peut-être plus, ont parlé hier « d’injonction du projet » et même de « tyrannie du projet » voulant signifier sans doute que nous ne savons penser l’accueil d’adolescents et de jeunes sans les inviter à construire un projet, voire même en ayant à leur endroit un niveau d’exigence que nous n’avons pas toujours peut-être à l’égard d’adultes. A propos ou en terme d’éthique : c’est notamment dans l’atelier qui abordait l’espace numérique que cette réflexion est apparue. Il semble nécessaire de réfléchir à la posture de l’adulte qui pour accompagner des jeunes dans la découverte des risques que recèle l’usage des TIC, utilisent les mêmes canaux que les jeunes. Est-ce réellement pour expliciter la fragilité de la frontière entre vie privée et vie publique ? Ou n’est-ce pas – aussi- pour vérifier, contrôler justement cette vie privée ? Marion Haza suggérait qu’une démarche adulte respectueuse se devait de ne pas générer de perméabi-

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lité ; elle invitait par contre à utiliser les TIC « avec » les jeunes, à faire « avec » les jeunes. Ce groupe de réflexion sur la question des médias numériques nous invitait donc à définir une posture éthique, notamment à propos du net et simultanément à développer des actions favorisant : • la connaissance des outils et de leur conception, • la connaissance des risques : ce qui est incontrôlable, ce qui est « indécidable », • des connaissances juridiques telles que le droit à l’image, les clauses d’utilisation. C’est Marion Haza, encore, qui a dit, je cite « quand les jeunes commencent à maîtriser ce qu’ils montrent ou pas à l’adulte, c’est qu’ils ont compris les enjeux et les risques de l’outil ». Et pour finir quelques freins et d’autres pistes d’action ont encore été évoqués. En terme de freins : • le manque de formation sur les problématiques jeunesse des techniciens en charge des projets de construction et d’aménagement, • les rigidités administratives. En terme de leviers : • l’intérêt de choix éducatifs, raisonnés, • l’importance d’échanger avec les familles sur les usages d’internet. Je voudrais conclure sur l’inter générationnel qui rime dans les expressions saisies hier avec :  • le fait de susciter l’envie d’aller voir ce que font les adultes et bien-sûr le fait d’inviter les adultes à comprendre ce que font les jeunes, • des moments festifs et conviviaux. Il nous semble que cette ambition doive être davantage fouillée afin que nous sachions mieux la décliner, concrètement. Inter générationnel, inter culturel également, des mots à nourrir de pistes d’action, à habiter... les ateliers de production ont contribué à ceci.


Ateliers de production

Eduquer dans l’espace public synthèse des ateliers de production sophie dargelos • Chargée de mission, Fédération nationale des Francas

« Une politique de jeunesse est une politique d’accompagnement des jeunes dans leur conquête de l’autonomie » a affirmé un témoin invité aux ateliers de production, une façon de donner le ton des ateliers de production. Ces ateliers ont permis de préciser quelques pistes d’actions en termes de conception des équipements, mais aussi de rôle et posture des éducateurs et animateurs.

Il

devient urgent d’accepter que l’aménagement des espaces dédiés aux jeunes puisse évoluer, que leurs usages ne soient pas figés. Une conception, même concertée, ne sera valable qu’un temps ; un fonctionnement, même contractualisé, ne perdurera pas, parce que les usagers changent, parce que leurs attentes évoluent. Accepter de changer, de renouveler cadres et règles, ce n’est pas renoncer, mais traduire en actes une fonction d’animation. Il faudrait en outre oser travailler sur l’éphémère, ont suggéré certains participants, ce y compris dans le

choix des matériaux utilisés. Ceci permettrait de favoriser l’expérimentation et réduirait sans doute le décalage temporel entre réflexion et réalisation. Et pour concrétiser la dimension intergénérationnelle que nous appelons de nos vœux, lors de la conception d’espaces et de structures, nous pourrions réhabiliter la notion d’intérêt commun, qui peut libérer la définition de projets partagés. Mais, organiser consultation et dialogue avec les futurs usagers d’un bâtiment, en amont de la conception de celui-ci, n’est pas toujours démarche aisée. En effet les appels d’offre des collectivités invitent urbanistes et architectes à préciser leur projet, et il n’y a finalement

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L’animateur est légitime pour intervenir dans un parcours d’accompagnement de jeunes sans être pour autant un intervenant du champ du social, il est celui qui peut initier des démarches participatives. plus guère d’espace d’initiative pour les futurs usagers lorsque le programme architectural est décrit. Pourquoi les collectivités ne prendraient-elles pas le temps de la concertation en amont de la conception de ces cahiers des charges ? Quelques participants, enfin, ont énoncé l’idée que les équipements dédiés avaient vécu et qu’il s’agissait aujourd’hui de penser d’abord l’animation hors les murs, ce qui nous amène à penser ou repenser le rôle et la posture de l’animateur ! Accompagner les jeunes dans une logique d’animation plutôt que d’insertion. L’animateur est légitime pour intervenir dans un parcours d’accompagnement de jeunes sans être pour autant un intervenant du champ du social, il est celui qui peut initier des démarches participatives. Il peut, il doit articuler son intervention autour de trois entrées : • l’accueil et l’écoute, • l’information et l’orientation, • le soutien des initiatives et des projets. Nous avons exprimé, durant cette biennale, l’ambition de favoriser l’expression des jeunes. Mais simultanément nous craignons celle-ci, du moins les effets pervers de certains « dérapages » et la contre productivité de certaines expressions auprès d’habitants, voire d’institutions. Des animateurs contrôlent et surveillent parfois au lieu de travailler sur la notion de respect, de considération, de respecter l’intimité de jeunes et simultanément d’éduquer à la prise en compte des frontières

L’animateur a par contre un rôle essentiel pour penser des espaces de paroles pour et avec les jeunes, des espaces favorisant la médiation en se gardant d’être un filtre de cette parole, seul détenteur des expressions. 18

entre sphère privée et sphère publique. L’animateur n’est pas légitime pour intervenir dans la régulation des usages de l’espace public, c’est davantage le rôle de la puissance publique, des élus et de leurs représentants. Il a par contre un rôle essentiel pour penser des espaces de parole pour et avec les jeunes, des espaces favorisant la médiation en se gardant d’être un filtre de cette parole, seul détenteur des expressions. Les animateurs ne peuvent pas penser les propositions en direction des jeunes que sur le seul registre « de l’agir ». Les jeunes sont intéressés par la vie de la cité, en tant que sujets, en tant qu’acteurs, pour peu que nous leur laissions le loisir de prendre leur place dans cette cité et que les animateurs : • favorisent l’information, la transmission, • pensent des espaces d’animation d’accueil, d’orientation, • accompagnent des projets, des étapes de parcours sans être dans une réponse immédiate, • mettent les pratiques culturelles au centre de leurs démarches d’animation, en n’omettant pas de valoriser les pratiques des jeunes.


table ronde Réactions à l a conférence

Penser l’espace public dans la ville éducatrice Olivier David Président de la Fédération nationale des Francas Un espace public, des enjeux multiples : L’action éducative est inhérente à l’espace public. Cette sphère publique est garante de la diversité des modèles d’action. Terreau fertile du vivre ensemble, l’espace public doit permettre de faire bouger les lignes d’appartenance, de citoyenneté, de représentation. Le but : dépasser la segmentation de la société. Au centre, il y a le jeune. Pour le Président des Francas, la définition des politiques publiques doit résoudre les points de rupture dans la mise en œuvre des actions liant les jeunes et le territoire. L’espace public est à aménager pour imaginer les enjeux.

Johanna Rolland Adjointe au Maire de la Ville de Nantes Créer des passerelles pour la réussite éducative : à Nantes, un constat : les structures d’éducation privées se multiplient. Une volonté forte de la mairie : s’engager sur la réussite éducative pour tous. La notion de territoire anime le projet. Il s’agit d’expérimenter des passerelles pour aider ceux qui ne bénéficient pas de l’offre de droit commun en matière éducative. Deux quartiers sont moteurs de ce programme : Bellevue et Nantes-Nord. Les circulations au sein du territoire étant pardois complexes, les plus démunis rencontrent parfois une réticence à venir chercher l’aide dans les structures publiques.

Yves Fournel Président du Réseau français des villes éducatrices

des villes éducatrices pose la nécessité de repères communs. Les modèles d’éducation sont en recherche : ils doivent être incarnés par des objectifs transversaux des politiques publiques. L’identité, le lien social sont des moteurs de la réflexion qui s’engage. Si l’on entend par espace public tout ce qui n’est pas privé, il subsiste quelques difficultés dans la réponse aux aspirations des jeunes, spécialement les 15/20 ans.

Tarik Kabbage Maire de la ville d’Agadir (Maroc) Vivre l’espace public quand 50% de la population a moins de 25 ans : La moitié de la population d’Agadir est en dessous de la barre des 25 ans. L’espace public est très occupé par cette jeunesse ; il doit s’adapter aux mutations. La politique publique occupe une place centrale dans la gestion de l’aménagement et la régulation de la spéculation foncière. La politique d’éducation envers les jeunes vient soutenir la question de l’intergénérationel pour encourager la mixité citoyenne dans toute la ville. Un enjeu universel.

Jean-Marie Morel Vice Président du CESER La place des jeunes dans le processus de décision : le Conseil Economique, Social et Environnemental Régional (CESER) fait de la place des jeunes une priorité. Avec la complexité de l’espace public, les catégories sociales ne rencontrent plus la mixité, créatrice de lien social. Jean-Marie Morel, Vice-Président du CESER, pose une réflexion sur l’engagement des jeunes dans les décisions d’avenir qui engagent le modèle urbain et citoyen.

Des villes éducatrices pour des repères communs d’identité : un réseau, c’est créer du liant dans un cadre structurant. Les terrains de l’éducation s’hybrident à l’échelle des territoires. Le Président du Réseau

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point de vue

« La démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un bulletin dans une urne, à déléguer les pouvoirs à plusieurs élus, puis à se désintéresser, s’abstenir, se taire pendant cinq ans, elle est l’action continuelle du citoyen… » ; « si cette présence vigilante ne se fait pas sentir, les gouvernements, les corps organisés et les élus en butte aux pressions de toutes sorte de groupes cèdent bientôt soit aux tentations de l’arbitraire, soit à la tentation de la routine et aux droits acquis. La démocratie n’est efficace que si elle existe partout et en tout temps… » Pierre Mendès France

Les jeunes &

les espaces publics La société française évolue dans un contexte multiculturel, les conséquences de cette situation sont importantes pour les politiques publiques mais également sur les pratiques des professionnels. La question des normes, des codes est bousculée et les représentations doivent être réinterrogées. Progressivement, la société évolue vers une société interculturelle où ces questions restent complexes et les réponses fragiles. Le public jeune et les espaces publics n’échappent pas à ces évolutions, les tensions qui existent en sont le reflet.

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michelle bureau • Déléguée nationale des Francas en Pays de la Loire

Le

rapport des personnes à l’espace en général et à l’espace public en particulier est fortement marqué par la culture (on est plus fréquemment à l’extérieur, tard le soir dans le sud de la France que dans le nord). « Vivre ensemble » c’est tout d’abord vivre ensemble dans les espaces publics et là se posent de nombreuses questions liées à la reconnaissance des spécificités de chacun, de ses pratiques, de ses représentations.

Ibrahima Barry

Secrétaire général du Ministère de la Jeunesse et des Sports de Guinée Dans les pays du Nord, la question de l’espace public n’est pas abordée de la même façon que dans ceux du Sud. Pour ces derniers, c’est un espace d’échange et de préservation des valeurs propres à leur culture. Mais, dans un contexte globalisé, un travail doit être fait pour qu’elles ne soient pas fragilisées. Le rôle des ONG en France est donc important, à l’heure où les médias véhiculent une image négative des pays en voie de développement. En créant un plan stratégique dans le cadre d’une politique nationale de l’Education, la Guinée espère développer des partenariats s’appuyant sur des valeurs de solidarité et bâtir un véritable processus commun avec les pays dits « développés » autour de la gouvernance et de la démocratie participative.

Si la reconnaissance de pratiques différentes est un élément indispensable à la construction du vivre ensemble elle n’en reste pas moins difficile à mettre en place tant elle impacte des intérêts différents voir divergents (politiques, éducatifs, économiques,…) Tarik Kabbage, Maire de la ville d’Agadir au Maroc, explique comment dans une ville où l’activité touristique représente une part conséquente dans l’économie, la collectivité locale a du faire preuve d’une volonté politique importante pour aménager le front de mer. Sans cela les habitants et en particulier les jeunes des quartiers n’auraient plus eu accès, à leur patrimoine culturel (l’une des plus belles baies du continent africain). Quelques soient les pays, même si les contextes sont différents ces tensions entre des intérêts divergents sont prégnantes. D’un pays à l’autre, d’une rive à l’autre les pratiques sont différentes pour autant il reste intéressant de regarder comment sont pensés les espaces publics , au service de la rencontre, du partage et du « vivre ensemble » ? En France, quelle place est faite à la culture de l’autre, dans le respect du cadre républicain, dans l’aménagement des espaces publics ? Le rapport des jeunes à l’espace public c’est aussi la question de la participation des jeunes à la décision publique. Derrière les objectifs de participation éducatifs, politiques, gestionnaires, la participation a des conséquences sur les jeunes euxmêmes, sur les acteurs qui interviennent auprès des jeunes mais également sur les politiques publiques. Face aux enjeux à l’échelle planétaire, ce sont bien des processus démocratiques qui doivent se construire pour permettre aux jeunes de prendre toute leur place dans l’espace public, dans les espaces publics. La prochaine biennale pourrait permettre d’approfondir ces questions avec l’ensemble de nos partenaires.

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propos de clôture

Olivier David Président de la Fédération nationale des Francas

L

es biennales de l’éducation constituent désormais un évènement attendu au plan local, participant au même titre que d’autres manifestations à nourrir la réflexion sur les questions éducatives, et contribuant en quelque sorte à construire le projet de ville apprenante ou de ville éducatrice que défend et porte l’équipe municipale nantaise. La richesse des débats me conforte dans l’idée que ces évènements sont essentiels parce qu’ils alimentent directement le débat public sur les enjeux éducatifs, dans une période où ils sont trop souvent marginalisés.

Notre responsabilité d’éducateur, d’élu local, de militant, de parent est de rappeler sans cesse la place centrale de l’éducation dans tout processus de développement. Notre responsabilité d’éducateur, d’élu local, de militant, de parent est de rappeler sans cesse la place centrale de l’éducation dans tout processus de développement, notamment parce que c’est un facteur incontournable d’émancipation individuelle et collective. L’accès aux savoirs et l’acquisition de compétences sociales, par les enfants et les jeunes mais aussi par l’ensemble du corps social, permet aux sociétés de se développer et de construire leur avenir. Pour toutes ces raisons, l’éducation est devenue une dimension

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centrale du développement humain, car elle traverse, voire réunit, plusieurs dimensions de la vie en société. Les enjeux économiques, sociaux, culturels, mais également démocratiques, sont très importants, dans la mesure où l’accès à des ressources éducatives de qualité déterminent la capacité des jeunes à s’intégrer et à devenir acteur de leur vie. Je fais donc le vœu que cette question émerge beaucoup plus durablement dans le débat politique, pour éviter qu’elle ne resurgisse qu’aux seuls moments de crises sociales. Malheureusement, ces manifestations telles que les biennales, bien qu’essentielles, sont aujourd’hui menacées. La réforme territoriale, maintenant votée, après un débat public bien maigre, pour ne pas dire inexistant, s’accompagne d’une série de décisions qui risquent de mettre en péril et de fragiliser encore davantage les associations de jeunesse et d’éducation populaire. Nous nous bagarrons pour rouvrir le débat, pour promouvoir un autre modèle de décentralisation, et pour vulgariser les impacts de la réforme en cours sur le devenir des politiques de jeunesse et d’éducation populaire. Quelle que soit l’évolution du cadre institutionnel et législatif, les Francas entendent renforcer leur partenariat avec les grandes villes, car ils le considèrent comme essentiel dans l’émergence et dans la construction de politiques enfance-jeunesse. Nous sommes attachés à l’organisation d’évènements et de rencontres de réflexion, pour porter haut et fort la cause de l’enfance et de la jeunesse, des enjeux éducatifs contemporains. Nous poursuivrons notre engagement dans ces biennales aux côtés des partenaires qui nous ont toujours accompagnés et soutenus.


Le comité de pilotage Michelle Benais (ARPEJ-Rezé), Cédric Bernier (CAF de Loire-Atlantique), Michelle Bureau (Fédération Nationale des Francas), G.Chaix représenté par Mireille Grellou (Académie de Nantes), Pascal Couffin (Les Francas des Pays de la Loire), Céline Cremades (C.E.M.E.A.), Philippe Deplanque (Fédération Nationale des Francas), Maryvonne Dupuis (Les Francas de Loire-Atlantique), Hervé Divet (Conseil Général de Loire-Atlantique), F.Laco représenté par Jean-Louis Duc (DRDJSCS), Eric Gutknecht (Ville de Nantes), Chloé Le Bail (Région des Pays de la Loire), Yanick Lorée (Les Francas de Loire-Atlantique), Michel Ménard (Conseil Général de La Loire-Atlantique), Hervé Moracin (ACCOORD), Fabrice Moreau (Les Francas de la Loire-Atlantique), Jean-Marie Morel (CESER), Johanna Rolland (Ville de Nantes).

Les partenaires La Biennale de l’éducation est une initiative de la Fédération nationale des Francas organisée par les Francas de Loire-Atlantique avec leurs partenaires : • La Ville de Nantes • Le Conseil Général de Loire-Atlantique • La Région des Pays de la Loire • La CAF de Loire-Atlantique • La Direction Régionale Jeunesse, Sport et Cohésion Sociale • L’académie de Nantes

Avec la collaboration de : • Les C.E.M.E.A. des Pays de la Loire • l’ACCOORD à Nantes • l’ARPEJ-Rezé • Start’Air à Montoir de Bretagne • Le CESER des Pays de la Loire • La Ville de la Chapelle sur Erdre • La Ville de Rezé • Le Ministère de la Culture et de la Communication • L’ENSAN • Le Crédit Coopératif


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Propos d’ouverture Comment définir la ou les jeunesses ? Espace public & espaces publics Pourquoi appeler les jeunes à participer ? Propos

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Portfolio

Espace public, architecture, bâti. Synthèse des ateliers de réflexion Eduquer dans l’espace public. Synthèse des ateliers de production Les jeunes et les espaces publics Propos de clôture

Illustration : Diane Morel, www.dianemorel.com | Mise en page : Pascal Couffin - Les Francas | Imp. ALLAIS - BASSE GOULAINE - 02 40 03 39 29

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