Lyonpeople decembre 2016

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DOSSIER CIGARE Havane a encore du mal à s’accommoder de la vision de ces gentes dames, un gros module incandescent à la bouche. Pourtant, certaines Lyonnaises en vue n’ont que faire du regard des hommes et de leurs remarques – souvent graveleuses. Un club de femmes baptisé Epicura a même été fondé il y a quelques années. Mais il a fait long feu... « Nous étions une vingtaine dans le club, dont une dizaine présentes lors de chaque réunion. Epicura a fonctionné cinq ou six ans avant de s’éteindre progressivement. C’est dommage », explique la nutritionniste Martine Creson, ex-présidente d’Epicura, toujours membre du Havane Club de Lyon, qui confie fumer « presque tous les jours » petits ou gros modules. « J’ai commencé en 1968 avec mon frère. J’avais 17 ans ! », se souvient-elle. « C’est un fait. Je vois de plus en plus de femmes venir acheter des cigares. Elles n’ont plus de complexe à fumer en public », souffle Claude Gabet, le patron de Cigarestore, rue Mercière.

Albert Constantin (à gauche) et Fernand Galula (à droite) en compagnie du maître Alejandro Robaina lors d’une visite dans son domaine de San Luis, en novembre 1997.

A LYON, LE CIGARE FAIT UN TABAC Souvent associé à d’autres plaisirs épicuriens, le cigare est devenu prétexte à diverses initiatives de bon goût, souvent dans le cadre de clubs plus ou moins fermés. Qui sont les amateurs de cigares lyonnais ? Où se réunissent-ils ? Plongée dans les volutes d’une passion brûlante.

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uel est le point commun entre Albert Einstein, Sigmund Freud, Winston Churchill, Bill Cosby, John F. Kennedy, Georges Sand, Madonna et Christine Okrent ? Le cigare, bien sûr ! Toutes et tous ont succombé – ou succombent encore – au plaisir d’allumer un gros module aux épaisses volutes. Loin de l’image d’Epinal du fumeur de Havane ventripotent, costume trois pièces, cravate ajustée et haut-de-forme, l’amateur de cigare du XXIe siècle est un épicurien avant d’être un surdiplômé coincé de Cambridge ou un brooker frimeur de Wall

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Street. Un tel phénomène de mode ne pouvait évidemment échapper à la capitale de la gastronomie. En quelques années, une bonne demi-douzaine de clubs a ainsi vu le jour, lieu de ralliement de tous les aficionados du cigare. Pourquoi un tel engouement autour de ces clubs ? « Parce qu’il devient de plus en plus compliqué de trouver un endroit pour fumer dans un espace public. Nos réunions mensuelles permettent ainsi de partager une même passion dans un lieu dédié, sans risque de nuire à l’environnement, avec toujours un esprit convivial et bon enfant », explique Jean-Marie Bourgeois, président-fondateur du Havane

Club de Lyon. En vingt ans, le plus ancien club lyonnais a vu défiler près de 300 membres. « Aujourd’hui, parmi notre quarantaine d’adhérents, la moyenne d’âge tourne entre 40 et 50 ans. Toutes les professions sont représentées, du chef d’entreprise à l’artisan, du cadre supérieur à l’avocat ».

Les femmes n’ont plus de complexe Le Havane Club de Lyon est même l’un des rares clubs de la Métropole à intégrer des femmes en son sein. De fait, un brin misogyne, le milieu du

Feuillas, Olivier Balas, Jacques Pédrini, Olivier Martin, Jean-Jacques Baudouin, Jacques-Antoine Bonjean, Jean-Louis Diot, Christian Studer...

Club cherche lieux de rendez-vous Bague à Par a limité à 18 le nombre de ses adhérents, en référence aux 18 trous d’un parcours de golf. D’autres clubs ont aussi instauré des quotas, non par ostracisme, mais

Bien qu’accompagné d’une puissante symbolique phallique (syndrome Monica...), le cigare a ainsi conquis le cœur de la restauratrice Catherine Roux (Le Comptoir d’Alice) mais aussi de la pétillante consul de Saint-Domingue, Béryl Maillard, de Florence Guyot (Champagne Marguerite Guyot), de la conseillère d’orientation Christine Croizat, de Ginette Baudouin, de Danièle Lupin... sans oublier la très communicante Carole Dufour, qui a d’abord fait partie du CLAC (Club Lyonnais des Amateurs de Cigares) avant d’être intronisée à Bague à Par, petit groupe de fumeurs constitué en toute discrétion du côté de Villette-d’Anton, siège du Golf Club de Lyon. « Mon examen de passage s’est déroulé autour d’une L’architecte Albert Constantin marie l’agréable à l’agréable grande table ovale chez Léon sur le parcours du Golf Club de Lyon de Lyon. Ils m’ont bombardé de questions sur le cigare durant pour des questions purement organisationnelles. tout le repas. Heureusement, j’avais révisé Ainsi, le Habana Club de Lyon a dû constituer durant quatre heures dans le TGV. Au final, une liste d’attente afin de gérer les nouvelles j’ai été acceptée et gagné leur respect ! », se candidatures. « Aujourd’hui, le club compte 25 souvient la fondatrice d’Idées en Tête. Cette membres issus de tous les milieux professionnels, dernière était du voyage, en juin dernier, à même si les avocats sont surreprésentés. On Evian, pour célébrer sur les bords du lac Léman ne peut aller au-delà pour des questions de le vingtième anniversaire de Bague à Par autour logistique. Rares sont les lieux à Lyon disposant du président, Francis Truchot, accompagné d’un fumoir capables d’accueillir plus d’une de la plupart de ses condisciples : Albert vingtaine de fumeurs en salle. C’est un vrai Constantin, Jacques Chalvin, Patrice casse-tête ! », confie Yves Rioton, le trésorier Rosier Pierre-Yves Béné, Philippe Liucci, Pierre Doucet, Benoit Licour, Jean-Marc d’une association dont les membres ont pour

nom Daniel Buguet, Xavier Velasco, Gérard Airoldi, Richard Sansavini, Arnaud Besson, Claude Hochdoerfer, Eric Baroin, Eric Delorme, Christian Borel, Henrik Hagelin, Borhane Benali, Jean-François Bourrec, Emmanuel Audusseau, Jean-Baptiste Lejarriel, Simon Hoayek, Stéphane Beaufront, Ali Afshar, Silvio Iaccovino, Erick Zenou, Lionel Clément, Jean-Christian Vialelles, Paul Vollin, Christian Lerognon... L’été, les rendez-vous mensuels du HCL sont ouverts aux invités des membres lors de soirées organisées sur les belles terrasses de la ville (La Maison, Villa Florentine, Château de Sans-Souci, Guy Lassausaie...). Le choix est beaucoup plus restreint dès les premiers frimas venus. Dans ce contexte, la chute du mercure fait brusquement remonter la cote du Diplomatico, point de ralliement de plusieurs clubs dans le vaste fumoir aménagé à l’étage par Franck Hamouilli. « Notre système d’extraction permet aux fumeurs de vivre leur passion en totale autonomie, avec en plus une belle collection de rhums à leur disposition et une cave à cigares riche d’une demi douzaine de marques et au moins 120 modules en permanence en cave ». Réservé aux clubs et aux possesseurs d’un casier à bouteilles, le fumoir du quai Saint-Antoine est « surtout fréquenté par une clientèle de CSP+ mais on constate aussi une forme de démocratisation, de rajeunissement, avec l’émergence de nouvelles marques moins onéreuses que les purs Havane ». Un phénomène également constaté par Claude Gabet dans sa civette de la rue Mercière. « De plus en plus de jeunes fument le cigare avec une nouvelle approche du produit. A la fois pour des questions de prix et une plus grande ouverture d’esprit, ils apprécient de découvrir de nouveaux terroirs (Nicaragua, Honduas, Saint-Domingue..), alors que leurs aînés restent fidèles aux Cubains », note le patron de Cigarestore. Une nouvelle génération d’amateurs épicuriens qui laisse augurer de beaux jours aux clubs de cigares lyonnais... Pascal Auclair

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DOSSIER CIGARE

OÙ ACHETER SON CIGARE À LYON ?

Le choix, mais aussi la qualité de l’humidification, la présentation des produits, la science et les conseils avisés d’un patron havanophile. Autant de critères qui ont guidé notre sélection des meilleures civettes à Lyon. LE DIPLOMATE

D’OÙ VIENT LE MOT

99, rue Edouard-Herriot – Lyon 2 Tél 04 78 42 38 05 Ouvert du lundi au samedi, de 9 heures à 19h30

“CIVETTE” ?

Un emplacement stratégique, à deux pas de la place Bellecour, pour une petite civette bien ordonnée. Le plus: une large palette d’accessoires et de caves à cigares.

LE NARVAL LUGDUNUM

11, avenue de Grande-Bretagne - Lyon 6 Tél 04 78 93 09 92 Ouvert du lundi au vendredi, de 8h30 à 12h30 et de 14 heures à 19 heures, le samedi de 8h30 à 12h30 et de 14 heures à 18 heures. Proche du parc de la Tête d’Or, une petite civette qui a tout d’une grande avec une humification fort convenable. Le plus: la science du patron… lorsqu’il est bien luné !

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LA CIVETTE DU PHARAON

70, quai Charles De Gaulle - Lyon 6 Tél 04 78 17 53 60 Ouvert du lundi au vendredi de 10 heures à 20 heures, le week-end de 12 heures à 20 heures. La plus grande civette de Lyon dotée d’un vrai fumoir de six fauteuils pour déguster son Havane. Le plus: 20 minutes de parking gratuits pour les clients.

CIGARE STORE

23, rue Mercière - Lyon 2 Tél 04 78 37 07 57 Ouvert du lundi au vendredi de 7 heures à 19 heures, le samedi de 7 heures à 20 heures. Au cœur de la presqu’île, cette civette très fréquentée est le fournisseur attitré de nombreux clubs Lyonnais. Incontournable. Le plus: une qualité d’humidification optimum pour plus de 220 références.

RENAULT

L’origine du mot “civette” - qui n’est autre qu’une boutique spécialisée dans les cigares - fait l’objet d’un débat “fumeux” entre théoriciens. Mais tous font référence à l’animal du même nom, anciennement appelé “chat musqué”. Selon certains, ce petit mammifère carnivore proche de la martre dégage une odeur très forte provenant de sécrétions des glandes anales. Une fois diluées, ces sécrétions émettent des effluves à la fois musquées et fleuries qui servaient autrefois à parfumer des cigares… Pour d’autres, l’étymologie de la civette se rapporte à la poche interne de ce même animal, petite panse odorante située sous l’anus, utilisée à l’époque pour conserver le tabac à l’abri des intempéries et l’imprégner d’une odeur bien particulière. A défaut de trancher sur cette question existentielle, il convient de rappeler que le mot “civette” est également employé pour désigner l’enseigne rouge indiquant la présence d’un bureau de tabac.

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DOSSIER CIGARE

OÙ FUMER UN CIGARE À LYON ? Les amateurs de cigares seraient-ils des pestiférés ? Ou seulement les premières victimes d’une législation draconienne en matière de consommation de tabac ? Toujours est-il que les amateurs de Havane n’ont pas vraiment l’embarras du choix lorsqu’ils veulent partager un moment de plaisir épicurien autour d’une bonne bouteille. Sélection de nos adresses favorites. VICTORIA HALL Matériaux nobles, salon chesterfield, large bibliothèque en bois, tableaux de peintres lyonnais au mur... Dans l’esprit des vieux salons anglais, le Cigar Club de David et Samuel Campus n’ouvre ses portes qu’aux clients du restaurant et à quelques habitués privilégiés. Un espace cosy de 60 mètres carrés capable d’accueillir jusqu’à 30 personnes, dont une quinzaine de places assises. Possibilité de privatisation du lieu. 33, rue du Repos - Lyon 7 Tel. 04 37 28 07 97

L’AUBERGE DE L’ÎLE BARBE

Lui aussi grand amateur de - bons cigares cubains, Jean-Christophe Ansanay-Alex (une étoile Michelin) a aménagé à l’étage de sa belle bâtisse du XVIIe siècle un fumoir de 30 mètres carrés baptisé « Salon Havane ». Doté de huit fauteuils clubs en provenance du paquebot Normandie, ce lieu privilégié dispose d’une jolie cave composée essentiellement de tripes cubaines mais aussi de quelques modules venus du Nicaragua. Place Notre Dame de l’Île Barbe - Lyon 9 Tel. 04 78 83 99 49

LE DIPLOMATICO

Peut-être le plus grand fumoir de la Métropole. Implanté au premier étage de l’établissement des bords de Saône, un lieu très cosy, complètement hermétique, réservé aux membres d’un club ou aux possesseurs d’une des bouteilles (dont beaucoup de vieux rhums) sagement alignées dans des casiers muraux en bois. Le point de ralliement favori du Delta Habana, du Havane Club de Lyon et du Habana Club de Lyon. Franck, le boss, est lui même un fan de cigares... 1, quai des Célestins - Lyon 2 Tel. 04 78 37 41 80

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DOSSIER CIGARE LA COUR DES LOGES

Ambiance intimiste et rétro, lumière tamisée, parquets cirés, bibliothèque, profonds canapés et vision nocturne de la rue du Bœuf. Un joli fumoir de 18 mètres carrés, d’une capacité de 12 places assises, adossé au bar de l’hôtel pour fumer un Havane associé à l’un des cocktails maison. Ouvert 24/7 pour les clients de l’hôtel et tous les jours de l’année, à partir de 16h (ouverture du bar) pour la clientèle extérieure. 6 rue du Bœuf - Lyon 5 Tel. 04 72 77 44 44

LE MARTINI

Reprise par Patrice et Narguize Sinanian, cette institution du 6e arrondissement bien connue du milieu des affaires et de l’immobilier s’est dotée en fond de salle d’un fumoir d’une dizaine de places. Entre mezzés, keftés et verres de raki, l’une des adresses favorites de Pierre Nallet, Serge Manoukian et Jacques Couniot. L’approvisionnement de la cave est assuré par Jean-François Butori (Le Lugdunum). Une référence. 12, avenue Foch - Lyon 6 Tel. 04 78 93 16 61

MORETEAU

ET BIENTÔT PEUT-ÊTRE… MARRIOTT CITÉ INTERNATIONALE

CHRISTIAN TÊTEDOIE

Heureux comme des poissons dans l’eau, les fumeurs de Havane se retrouvent dans ce « bocal » panoramique situé juste à l’entrée du restaurant étoilé. Six fauteuils confortables, un mobilier design, une magnifique cave bien garnie... Bref, une cage de verre dorée pour fumer un gros module après avoir goûté au homard et tête de veau, le plat-signature du Meilleur Ouvrier de France 1996. Montée du Chemin Neuf, 69005 Lyon Tel. 04 78 29 40 10

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Sous – l’amicale – pression d’Albert Constantin, architecte en charge de la rénovation du Marriott Hôtel Cité Internationale, Jean-Claude Lavorel s’est laissé convaincre de l’intérêt d’implanter un fumoir high-tech au cœur de l’ancien Hilton, en lieu et place de feu le Blue Elephant. Le président du groupe éponyme veut ainsi proposer « un vrai fumoir conçu avec un système d’extraction de fumée révolutionnaire ». De fait, cette Rolls-Royce des fumoirs, déjà implantée à l’Hôtel d’Angleterre et au Cotton Pub, à Genève, ainsi qu’au Grand Hôtel Park de Gstaad, a été conçue par Vahé Gérard, la référence des amateurs de cigares sur les bords du lac Léman (voir interview page xx). Baptisé Airkel, cet espace fumeur sans fumée et sans odeur s’appuie sur un concept breveté, simple mais efficace: la diffusion d’air par flux laminaire depuis le sol. Ce souffle crée des « jets d’air » imperceptibles qui emportent la fumée et les odeurs sans leur permettre d’imprégner la pièce, les habits et les cheveux. « La distribution homogène de l’air empêche les courants d’air frais et les poches d’odeurs de fumée froide stagnante », précise le concepteur helvétique. Reste à savoir quand les fumeurs lyonnais pourront tester le concept, Jean-Claude Lavorel ayant apparemment toussé en découvrant le devis estimé à plus de 150 000 euros, hors aménagements intérieurs...P.A.

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DOSSIER CIGARE

ALBERT CONSTANTIN, le grand maître

DANIEL BUGUET, le gentleman du Havane

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omme de goût, membre du Habana Club de Lyon, le fondateur du Show Room Déco s’est converti au cigare il y a plus de 40 ans. Une passion pour le Havane qu’il continue de consumer avec le même enthousiasme. Costume croisé, pochette et chemise claire, cheveux poivre et sel, barbe de trois jours, petites lunettes cerclées... Il a le look, l’élocution et les bonnes manières d’un lord britannique. Comme Winston Churchill (l’embonpoint en moins), il est souvent aperçu avec un impressionnant barreau de chaise aux lèvres, en hiver dans le fumoir du Diplomatico, sur les quais de Saône, ou l’été sur la terrasse de La Maison, à Gerland. Pourtant, Daniel Buguet n’est pas un sujet de sa Gracieuse Majesté. N’en déplaise à nos voisins d’outre-Manche, ce Lyonnais, père de quatre enfants, marié à Nathalie, médecin gastroentérologue, a repris en 1998 le groupe lyonnais UTD fondé par son beau-père, Michel François (Tapis François). Une entreprise familiale prospère dont l’impressionnante vitrine, le Show Room Déco, trône au cœur de la zone d’activités de Saint-Priest. Chaque début d’été, cette exposition

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permanente de 2 500 mètres carrés est le cadre d’une soirée de prestige au cours de laquelle se dégustent de beaux modules entre amis et clients. « J’ai découvert le monde enchanté du cigare à 18 ans avec mon père, qui fumait des cigarillos, lors d’une visite chez Davidoff, à Genève. J’ai commencé avec des Montecristo en tube métal », se souvient Daniel Buguet, resté depuis fidèle au terroir cubain.

Sur la terrasse ou au coin du feu Epicurien assumé, amateur de grands vins et de bonne chère, l’ancien cadre supérieur d’IBM n’a jamais touché à la cigarette. En revanche, il avoue fumer trois à quatre cigares par semaine, « surtout le week-end et en été, sur ma terrasse, en contemplant la vue de Lyon depuis Saint-Cyr, ainsi que l’hiver, devant ma cheminée, au fond du canapé, en regardant le feu crépiter ». Des moments propices à la détente et au bien-être. « Pour moi, le cigare a toujours été synonyme de décompression. On ne le fume pas à la vavite, entre deux portes. Davidoff disait : il faut

se consacrer à son cigare. Et il avait raison ! ». Toujours en quête de nouvelles saveurs, Daniel Buguet se rend régulièrement sur les bords du lac Léman pour découvrir les dernières trouvailles de Vahé Gérard dans sa boutique genevoise. « Il est incroyable. C’est le seul capable d’ouvrir dix boites avant de trouver la bonne ». Il est devenu aussi l’un des membres éminents du Habana Club de Lyon, un groupe d’amis épicuriens dont il apprécie le rendez-vous mensuel dans l’une des bonnes tables de la ville. « Grâce au club, j’ai découvert d’autres origines, d’autres terroirs, mais aussi des gens de valeur avec qui je partage ma passion, juste pour le plaisir ». Lors de chaque soirée, Daniel Buguet fume un cigare d’apéritif puis un « gros module » à l’heure du dessert. « Je ne peux pas imaginer finir un bon repas sans un bon cigare. Un Havane est notamment parfait pour accompagner un verre de Bordeaux, un vieux rhum ou simplement un café ». De subtiles associations qu’il évoque avec délectation avant de plonger la main dans une magnifique cave en noyer garnie de capes brunes bien humidifiées. It’s time to smoke, sir Buguet... Pascal Auclair

De Genève à Cuba Depuis, l’architecte lyonnais effectue régulièrement des allers-retours à Genève pour s’approvisionner chez l’expert helvétique. Des modules – exclusivement cubains – qu’il consume après le dîner, bercé par un air de Mozart ou de Bach, un verre de VEP ou de bas Armagnac en main, en attendant les beaux jours pour méditer à la belle étoile sur la terrasse de sa bucolique demeure iséroise. « Les cigares sont mes compagnons, à la maison comme en voyage », souffle-t-il, évoquant dans la foulée quelques souvenirs de lointains périples insulaires. « Je suis allé trois fois à Cuba, d’abord avec Roger Monnami (Ndlr : fondateur du Mat’Electrique) puis avec mon ami Fernand Galula. Ensemble, nous avons eu la

Photo © Jean-Luc Mège

Photo © Jean-Luc Mège

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e nature épicurienne, l’architecte lyonnais se révèle intarissable dès que l’on évoque sa passion pour le cigare. Un sujet qu’il maîtrise… sur le bout des doigts ! Vous avez deux bonnes heures devant vous ? Une soif de connaissance sur l’histoire du Havane depuis Fidel Castro ? Une simple envie de vous initier aux subtilités du cigare ? Alors, prenez rendez-vous avec Albert Constantin ! Co-fondateur du club Bague à Par (voir par ailleurs), l’architecte du Grand Hôtel-Dieu et de la Tour Incity est un puits de science, teintée d’envolées lyriques, lorsqu’il évoque l’une de ses passions épicuriennes. « Le cigare n’est pas une addiction mais un plaisir, un plaisir sensuel, assène d’emblée l’urbaniste. Le cigare, c’est comme une femme. Il y a d’abord le désir, l’émotion, puis l’excitation de savoir s’il va tenir ses promesses ». Un rapport presque charnel où les cinq sens sont en éveil. « D’abord, le caresser du regard, puis toucher sa cape, sentir sa tripe, écouter s’il n’est pas trop sec et enfin le goûter au moment de l’allumage ». Fumeur de pipe durant ses vertes années, Albert Constantin a flirté avec ses premières amours cubaines à la trentaine. Sa rencontre avec Vahé Gérard, en 1991, lors d’une soirée au Gourmandin – à l’époque tenu par Daniel Abattu – bouclera cette période de séduction juvénile. « Vahé m’a fait découvrir l’univers du cigare dans toute sa splendeur. Il a été mon initiateur ».

chance d’être reçus par Alejandro Robaina, le pape du Corona, dans son domaine de San Luis. En bottes de cheval et chapeau de paille, il nous a fait visiter les plantations, les ateliers, et nous a offert un cigare roulé sur place, le meilleur que je n’ai jamais fumé. Je garde encore en mémoire ses arômes incomparables ». Au gré de la conversation, l’architecte évoque aussi ses retours de chasse enfumés, à refaire le monde, au coin de la cheminée, en compagnie du regretté Alain Chapel, à Mionnay. Il se remémore aussi cette bouteille de Taragone ouverte par

Marc Veyrat pour déguster un double corona avec Jacques Henninot, à Veyrier-du-Lac. Des escapades gastronomiques qu’il égraine, l’œil pétillant, avant de porter à sa bouche un cigare délicatement maintenu du bout des doigts. «J’ai horreur de trois choses : ceux qui tiennent mal leur cigare (Ndlr : comme une cigarette), ceux qui l’écrasent quand il est fini et ceux qui allument une cigarette après un cigare ». Dont acte… Pascal Auclair

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RICHARD SANSAVINI Fumeur contemporain

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xpert en mobilier design, le président d’Arrivetz aime aussi approfondir sa science du cigare lors de ses voyages à Cuba ou avec ses amis du Habana Club de Lyon.

Tel un pacha, il pose pour la postérité dans un sublime fauteuil Poltrona Frau couleur crème, observé du coin de l’œil par sa charmante fille cadette, Marion. Gros module coincé entre le majeur et l’index, regard vif et petit sourire aux lèvres, Richard Sansavini a l’assurance et le léger embonpoint de la réussite. Pourtant, la vie n’a pas été forcément tendre avec cet enfant de Grandclément, remis sur le droit chemin dans une austère pension du Beaujolais, qui a su déjouer les pièges et se relever de toutes les épreuves grâce à la vigilance de ses parents puis la bienveillance de ses proches. Formé à bonne école dans l’univers du prêt-à-porter, le destin professionnel de Richard Sansavini bascule à la fin des années 80 lors de sa rencontre avec Pierre Arrivetz, fondateur en 1968 de l’enseigne éponyme. « Il préparait sa succession. A l’époque, je n’avais pas beaucoup d’argent. Il m’a proposé de lui racheter ses parts, soit 35% du capital, sous forme de crédit vendeur ». Banco. Richard Sansavini patientera jusqu’en 1995 pour négocier l’acquisition des

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65% restants avec Jean-Marc Maurice, l’associé de Pierre Arrivetz. L’ancien élève turbulent du lycée du Parc se retrouve dés lors seul maître à bord du vaisseau-amiral de l’aménagement contemporain lyonnais. Une enseigne qui, trente ans plus tard, demeure une référence en matière de mobilier design. « On réalise un chiffre d’affaires annuel compris entre 3,5 et 3,7 millions d’euros, réparti équitablement entre entreprises et particuliers », confie-t-il. Parmi les références d’Arrivetz, l’aménagement de La Maison du Café à Paris, du Centre des Congrès à Tignes, de la Skyroom Only Lyon (Tour Oxygène), des palais de justice, des centres de formation de l’Institut Carrel et de la SEPR, mais aussi de quelques fleurons de l’art de vivre lyonnais comme les Trois Dômes (Sofitel Bellecour) ou la Mère Brazier.

Le cigare ? Le meilleur des déstressants Dans son show-room de la rue Jarente, entouré de ses deux filles, Julie et Marion, Richard Sansavini ne se lasse pas de caresser les courbes des créations signées Cassina, Knoll, Tecno, Vitra, Zanotta ou Moooi. Mais dés la nuit tombée, il s’empresse de rejoindre son appartement accroché sur la colline de Sainte-Foy pour allumer

un généreux Havane, enfoncé dans son canapé Edra ou à l’extérieur, face aux lumières de la ville. « J’ai arrêté de fumer la cigarette il y a une quinzaine d’années. Après cinq ans de frustration, j’ai découvert le plaisir du cigare lors d’un voyage à Cuba, initié par mon guide, un ancien agent secret de Fidel Castro, sur la terrasse du restaurant de la citadelle de La Havane. Un souvenir magique ». Depuis, Richard Sansavini n’a jamais fait d’infidélité à sa voluptueuse passion cylindrique, avouant fumer chaque soir un gros module après le dîner. « Quand je l’allume, j’oublie tout. Les soucis s’évaporent au milieu des volutes. Pour moi, c’est le meilleur des déstressants ! ». Un sentiment de plénitude qu’il aime aussi partager avec ses amis, toujours prêt à vanter les vertus du cigare ou à parfaire son expertise du sujet. Cette soif de connaissance(s) l’a amené à intégrer d’abord le Havane Club de Lyon, puis le Habana Club de Lyon depuis 2012. Un rendez-vous mensuel en phase avec sa philosophie de vie. « J’apprécie cette ambiance, ce moment de partage entre épicuriens. Le cigare rapproche, apaise les esprits ». Une philosophie qui pourrait l’inciter à effectuer prochainement un cinquième voyage en terre cubaine, histoire de remonter aux sources de sa passion, entre Pinar del Rio et Trinidad. Pascal Auclair

Photo © Fabrice Schiff

Photo © Fabrice Schiff

DOSSIER CIGARE

CATHERINE ROUX La toquée du Havane

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igne héritière des mères lyonnaises, cette cuisinière autodidacte ne craint pas de s’afficher un gros barreau de chaise à la bouche. Les clients du Comptoir d’Alice adorent... L’adresse est devenue au fil des ans l’un des repaires gourmands préférés des milieux économiques lyonnais. Au coin du zinc ou attablés dans le petit salon discret de l’arrièresalle, les François Turcas, Pierre Nallet, Guy Mathiolon, Jacques Vuillermoz, Norbert Charreyron, et autres bons vivants de la vie économique locale apprécient les petits plats autant que la gouaille de Catherine Roux. Une sacrée bonne femme tombée tardivement dans la grande marmite de la gastronomie, après avoir gravité dans l’univers de la coiffure et de l’immobilier. Carrière tortueuse souvent dictée par des motifs sentimentaux. Le cœur a ses raisons que la raison ignore.... C’est ainsi avec le très amical soutien de l’architecte Bernard Corsini que la cuisinière autodidacte formée par Antonin à Loyettes ouvre son Comptoir d’Alice, au cœur du 6ème arrondissement, en février 2001. Son crédo, « la tradition revisitée avec une cuisine bourgeoise, simple et généreuse », recueille vite l’adhésion des barons du BTP. Le bouche-à-oreille fait le reste. Aujourd’hui encore, le petit monde du bâtiment, de l’immobilier et du judiciaire se régale de ses poireaux vinaigrette, de sa terrine

de joue de bœuf, de sa tête de veau, d’une belle platée de tripes à la lyonnaise ou d’un savoureux flanc aux œufs.

« Le cigare fait fantasmer les hommes » Le bistrot chic de la rue Duguesclin est aussi devenu une destination fréquentée par les amateurs de vitoles. Chaque mois, Catherine Roux organise en effet une soirée privée dédiée aux amoureux du cigare. Un bon moyen de concilier l’utile et l’agréable pour la maîtresse des lieux, sur le pas de la porte pour accueillir les clients épicuriens, un imposant module au bec. « C’est Bernard Corsini qui m’a initiée à la culture du cigare. J’ai ensuite arrêté de fumé avant qu’Eric Verbrugge (Eurocave) ne me fasse redécouvrir le cigare, il y a un an et demi », confie-elle. Depuis, la cheffe du Comptoir d’Alice s’offre en moyenne deux beaux modules par semaine, calibres robusto ou corona, sélectionnés avec soin par JeanFrançois Butori (Le Lugdunum). « Il était client du restaurant avant que je ne le sois chez lui. Il connaît son métier ». Des capes cubaines qu’elle humidifie dès la nuit tombée, avant de se verser quelques larmes d’un vieux rhum, « un Centenario 25 ans d’âge Grande Réserve de préférence » dont les notes de vanille et de fruits en provenance du Costa Rica se marient à merveille avec la puissance du Havane. « J’ai remarqué que les

femmes qui fument le cigare sont souvent des femmes de tête ou à forte personnalité. »

Il faut avoir du caractère pour soutenir le regard lubrique des hommes qui vous observent avec un gros module à la bouche « C’est devenu une forme de jeu. Mais il faut bien reconnaître le côté sensuel du cigare. Il y a forcément une part de fantasme », sourit Catherine Roux. Et de confier prendre son pied avec un diptyque cigare-rhum dans un bain chaud, même si elle a aussi pris beaucoup de plaisir, cet été, lors de l’anniversaire pharaonique de Valéry de Guisa, à La Chapelle-de-Guinchay, ou sur les plages branchées de Saint-Tropez, à Pampelonne ou Moorea. « Le cigare est souvent lié à un lieu, un moment, un contexte. Voilà pourquoi j’en fume rarement seule ». Franck Hamouilli (Diplomatico) et Alexandria Delmau figurent parmi ses partenaires de jeu, au même titre que d’autres femmes dont elle préfère préserver l’identité. « Elles sont de plus en plus nombreuses à fumer le cigare mais ont encore parfois du mal à assumer. Voilà pourquoi j’envisage d’organiser bientôt une soirée, voire un club privé, réservé aux femmes », conclut Catherine Roux, qui rêve également de s’envoler vers Cuba pour remonter aux sources de sa passion. Pascal Auclair Lyonpeople / Décembre 2016

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DOSSIER CIGARE

NOUVEAU

ZINO HUMIDOR Z80 PAULONIA LAQUE NOIRE

DISTRIBUTEUR DES BRIQUETS ZINO HUMIDOR GRAPHIC LEAF ROUGE

Photo © Fabrice Schiff

C IGARESTORE

SEDAT KARTAL La cape et l’épée

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omme de réseaux et d’influence, le président de la Chambre de Commerce franco-turque en Auvergne Rhône-Alpes est aussi membre du Cercle Delta Habana. Pour lui, le cigare contribue à rapprocher les hommes.

Dans le fumoir du Diplomatico, Sedat Kartal remonte le temps, un imposant cigare en bouche. De sa naissance à Kayseri, au pied du mont Erciyes, en Capadocce, à son arrivée à Lyon, au début des années 70, à l’âge de huit ans, avec ses parents et ses deux frères, en passant par des étapes intermédiaires à Istanbul et Zurich. Une itinérance juvénile qui explique peut-être (sans doute) son goût prononcé pour les échanges internationaux. « Cela tient aussi à la composition ethnique de la Turquie, une mosaïque de cultures qui favorise une ouverture d’esprit et sur le monde. Bref, après un DEUG d’Histoire et une formation de programmateur informatique, je me suis vite tourné vers le commerce international ». Aujourd’hui encore, Sedat Kartal met sa science des affaires et ses réseaux d’influence au profit des relations francoturques. « J’aide les entreprises régionales à accéder au marché turc, mais je cherche aussi à intégrer par le travail et la réussite professionnelle

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tous les Français d’origine turque », explique le président de la Chambre de Commerce francoturque Auvergne Rhône-Alpes. Entretemps, le dirigeant du Club d’Affaires franco-turc aura connu bien des aventures professionnelles, dans l’informatique, l’import-export, l’immobilier, le bâtiment et même... l’hôtellerie-restauration. En 2006, Sedat Kartal s’associe en effet à son ami Jacques Champion pour la reprise – à la barre du tribunal de commerce - de La Tour Rose. « A l’origine, on ne voulait que les murs et Nicolas Le Bec devait racheter le fond ». Las. L’ex-chef de la Cour des Loges jette l’éponge et Jacques Champion, « dans un excès d’euphorie », fait main basse sur le mur et le fond. Le début de la galère.

Le cigare, « accélérateur et facilitateur de lien social »

Maniaco-dépressif, son associé est bientôt interné. Bon gré mal gré, Sedat Kartal récupère l’encombrant – et ruineux – bébé porté sur les fonts baptismaux par Philippe Chavent. « La première année, on perd 90 000 euros par mois ! Il fallait sauver les meubles, me défaire de ce sparadrap qui me collait aux doigts ! ». Finalement, les murs sont cédés à la SACVL en 2008, puis l’exploitation à Alain Dinc. Des péripéties qu’il évoque au milieu des

volutes de son opulent module, le meilleur des antidépresseurs à ses yeux. « Le cigare est toujours associé à un moment de détente, de partage. J’en ai d’ailleurs toujours deux ou trois sur moi à offrir. Comme le golf, une autre de mes passions, il est prétexte à des rencontres, à la découverte de personnalités que l’on n’aurait pas l’occasion d’approcher. La langue de bois disparaît. C’est un accélérateur et un facilitateur de lien social ». Dans cet esprit, le dirigeant apprécie les apéros partagés autour d’un vieux rhum dans la moiteur de l’été sur sa terrasse de Saint-Didier-au-Montd’Or avec ses amis, Claude Astic, Denis Di Leonardo, Serge Palombi, Christophe Ethore, Franck Hamouilli ou Jean-François Delettre, son vice-président à la Chambre de Commerce franco-turque. « L’hiver, j’aime bien déguster un bon cigare dans ma cave à vins avec une bouteille de Côte-Rôtie ou un grand Bourgogne ». Secrétaire du Cercle Delta Habana Club, il se retrouve aussi chaque mois au Diplomatico pour « fraterniser » et partager quelques agapes avec ses frères épicuriens dans la loge enfumée du quai Saint-Antoine. Un rite bien établi qu’il ne raterait pour rien au monde... Pascal Auclair

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DOSSIER CIGARE

VALÉRY DE GUISA, very good tripe... Producteur de l’un des rares cigares français du marché, ce châtelain du Beaujolais tente de faire rivaliser la marque édito avec les bagues cubaines. Un challenge audacieux à l’image du personnage, insolite.

Photos © Jean-Luc Mège

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e ses années de combat sur alors que la cape (l’enveloppe du cigare) est à Jean-Christian Gounon : le château les tatamis (il est ceinture noire de Loyse. Dans les 1450 mètres carrés de roulée avec des feuilles en provenance du 3e dan, fils d’un professeur de la bâtisse principale, Valéry Guisa, grand Connecticut (cape claire) et de Cuba (cape judo), il a gardé le goût du chasseur devant l’éternel, réserve deux salles foncée). « On produit environ 10 000 cigares défi et ce caractère de battant, du rez-de-chaussée à ses deux cents trophées. par an selon un cahier des charges très prêt à renverser des montagnes pour gagner Sous le regard vitreux des chevreuils, chamois, rigoureux : contrôle de hygrométrie et un pari. Il est vrai qu’il faut une bonne dose léopards, ours brun du Ketchikan, mouflons du mûrissement en cave d’au moins trois mois, avec d’optimisme, voire un peu d’inconscience, pour Tadjikistan, buffles du Mozambique et autres un taux d’humidité de 70% et une température tenter de faire de l’ombre aux prestigieuses grands mammifères à poils, Valéry de Guisa stable de 21 degrés ». Des modules roulés productions cubaines depuis un coin de Saônepeut dès lors consumer sur place les modules à la main qui sont ensuite vendus dans une et-Loire. Un challenge que tente de relever extraits des dépendances du château, l’autre vingtaine de civettes en France, dont celle de Valéry de Guisa depuis le rachat d’édito en partie des bâtiments étant réservée à ses la Cité Internationale (Le Pharaon) rachetée en 2002. Fondée en 1999 par Denis Pozin, la sociétés spécialisées dans l’analyse financière, 2005 à Maurice Tordjmann. « Depuis le manufacture de cigares « Casa de Francia » le renseignement commercial et le recouvrement rachat de Casa de Francia, j’ai perdu 800 000 ambitionnait de battre en brèche le monopole de créances. euros. Mais je n’ai pas lâché ! Et le challenge de la Seita en commence à commercialisant payer puisqu’en le premier cigare réduisant toutes roulé en France. les charges, on L’aventure allait a enfin bouclé faire long feu. le dernier Moins d’un an et exercice sur un demi plus tard, bénéfice », se l’affaire partait en félicite Valéry de fumée, liquidée Guisa. Ce dernier en mai 2002 espère confirmer avant de renaître de ses cendres cette embellie avec par la grâce d’un la sortie de quatre jeune entrepreneur nouveaux modules de 37 ans, (Sphynx, Phenix, Valéry de Guisa. Condor, Aventador) « J’ai eu de la gamme VDG. connaissance du Un assemblage à dossier par mon la tripe complexe voisin du dessus, (Nicaragua, Piloto conseiller juridique et Cuba) qui vient de l’entreprise. J’ai compléter les racheté la société à gammes Allegro la barre du tribunal et Piano déclinées de commerce. A Plus de 10 000 cigares sont produits chaque année au Château de Loyes chacune en sept l’époque, le passif modules (Churchill, de Casa de Francia Panatela, Torpedo, Corona, Robusto, Petit Dans la manufacture, 200 mètres carrés sont était estimé à plus de 1,6 million d’euros. Corona et Rothschild). dédiés au stockage des cigares et autant à Moyennant un chèque de 182 000 euros, le Pour diffuser ses produits, le chef d’entreprise leur production, sous le contrôle du maître tribunal a accepté notre offre de reprise de souhaite aussi renforcer son réseau de dominicain Jose Reyes Guzman, le seul l’actif, en l’occurrence un stock de 120 000 distribution en France et à l’étranger. Il a tabacceros rapatrié de Châteauneuf-decigares, les machines et la marque ». enfin aménagé son caveau de La ChapelleGalaure. Sa matière première ? La tripe (cœur Implantée à l’origine sur la commune de de-Guinchay pour le transformer en site de du cigare) arrive en ballots par avion ou par Châteauneuf-de-Galaure, dans la Drôme, la réception. Un cadre idéal pour accueillir bateau, composée de tabacs importés de Cuba, manufacture est transférée un an plus tard des événements d’entreprise associés à des de Saint-Domingue, du Pérou, du Mexique, à La Chapelle-de-Guinchay, aux confins du dégustations cigarophiles. La formule devrait du Nicaragua et du Costa Rica. La sousBeaujolais et de la Bourgogne, dans une magnifique propriété de 10 hectares rachetée cubaine est essentiellement d’origine cubaine, faire un tabac... Pascal Auclair Lyonpeople / Décembre 2016

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DOSSIER CIGARE

JOSE REYES GUZMAN Le geste parfait

Le Diplomate CAVE à CIGARES Le cigare des moments privilégiés Raffinement, sensualité & plaisir Cigares faits main, en provenance de la Havane, du Honduras, de République Dominicaine ou du Nicaragua , Grand choix d articles fumeurs, pipes, coupes-cigares, étui à cigares, briquets, cigarettes, accessoires de luxe pour fumeurs , ainsi qu une gamme très étendue de caves à cigares.

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« Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage »

Valéry de Guisa, qui vient de célébrer avec faste son cinquantième anniversaire dans la propriété de La Chapelle-de-Guinchay, a découvert tardivement toute la subtilité du cigare. « Je m’en souviens encore. J’avais 27 ans. Le père de la marraine de mon fils ainé m’a fait gouter un Lusitania sur un matelas pneumatique dans la piscine. J’ai cru vomir, à deux doigts d’être malade ». Pour autant, cette expérience initiatique malheureuse n’a pas dissuadé le jeune entrepreneur. Au contraire. Il a appris peu à peu à apprécier le cigare, au point d’en fumer entre trois et quatre chaque jour. « Un le matin, un après le déjeuner, un l’après-midi et un dernier le soir, au coin du feu l’hiver ou sur la terrasse l’été ». Un bon moyen de vérifier la qualité du travail de son rouleur dominicain...P.A.


DOSSIER CIGARE

VAHÉ GÉRARD

« le cigare, réservé à l’élite du goût ! » Lyonnais d’origine expatrié très jeune en Suisse, Vahé Gérard est devenu une référence pour les amateurs de cigares. Confession dans sa boutique genevoise. Propos recueillis par Pascal Auclair

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e nombreux amateurs de cigares connaissent le chemin qui mène à Gérard Père et Fils, une boutique implantée sur les rives du Lac Léman. Mais tous ne savent pas que le maître des lieux, expert ès cigares devenu le fournisseur attitré de nombre de personnalités locales, est originaire de Lyon. Vahé Gérard a en effet vu le jour à la Clinique Saint-Marguerite, dans le sixième arrondissement, avant de faire ses premiers pas dans l’appartement familial de la rue de Créqui. « Et je passais toutes mes vacances dans la maison de SaintCyr au Mont d’Or », se souvient cet épicurien qui coule désormais des jours heureux en terre helvétique. Rencontre avec un passionné. Le cigare est-il toujours un produit réservé aux « vieux friqués » ? Oh non, pas du tout. Le profil de l’amateur de cigares a évolué en même temps que la société. Le produit s’est démocratisé. Dans les années 60, le cigare était synonyme d’élégance, associé à une redingote et un haut de forme. Cette image un peu caricaturale s’est dissipée dans les années 80 avec une mainmise progressive des épicuriens. Tous ceux qui aimaient la bonne chère, l’art de vivre au sens large, se sont mis à découvrir et aimer le cigare. Pour répondre à leur attente, on a assisté à l’émergence de nouveaux formats, de nouveaux arômes plus généreux. Aujourd’hui, le cigare n’est plus réservé à une élite, ou alors à une élite du goût. Je suis

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Le fumoir de l’Hôtel d’Angleterre, à Genève, est équipé du système Airkel

d’ailleurs régulièrement sollicité pour des sessions de formation dans le cadre d’écoles hôtelières. L’âge moyen de l’amateur de cigares a-til aussi évolué ? Oui. Depuis une dizaine d’années, on constate un net rajeunissement. Avant, la grande majorité de mes clients avait plus de 55 ans. Aujourd’hui, ils ont régulièrement entre 25 et 40 ans. Ces « jeunes » amateurs ont moins de temps. Ils fument moins de cigares de dégustation à l’heure du digestif mais davantage de cigares de compagnie, plus courts, à l’apéritif ou au café. Ils sont aussi moins attachés à une marque ou une bague. Ils aiment découvrir de nouvelles saveurs, de nouveaux terroirs, de nouveaux modules. Cette ouverture d’esprit, ce caractère moins exclusif, s’explique par l’évolution de nos pratiques de consommation. A Lyon, par exemple, on aime aller dans les bouchons mais on prend aussi plaisir à tester un bon asiatique ou un thaï... Le Havane n’est donc plus la référence absolue ? Si, dans la mesure où le cigare cubain garde une signature gustative et aromatique unique en raison de ses origines. Mais on assiste aujourd’hui à la montée en puissance d’autres terroirs, notamment en provenance du Nicaragua ou du Costa Rica qui proposent d’autres tonalités de goût. Il y a aussi de plus en plus d’assemblages réussis entre plusieurs terroirs. C’est un peu comme pour le vin. Les grands crus bordelais demeurent la référence mais d’autres régions du monde produisent aujourd’hui de très grands vins. Quelle est la prochaine étape dans cette évolution sociétale ? L’émergence de nouveaux lieux de consommation pour s’adapter au renforcement de la législation. Les fumoirs sont rares et pas toujours en phase avec

l’attente des clients. On va tendre vers la création de véritables salons à cigares. Voilà pourquoi j’ai créé un concept comme Airkel, un lieu où il est possible de déguster un Havane sans porter sa veste au pressing le lendemain. Plusieurs hôtels de renom ont déjà adopté le concept. Comme les spas il y a quelques années, ces salons à cigares vont de devenir une vraie valeur ajoutée pour les établissements.

plus corsés jusqu’à trouver son module idéal. Bien conserver ses cigares pour qu’ils donnent toute leur puissance aromatique, ni trop secs, ni trop humides. Donc pas de frigo qui assèche les cigares. Conservez vos modules dans leur boite d’origine pour éviter de mélanger les parfums, chaque cigare ayant sa propre identité. Enfin, tenez votre cigare avec élégance...

Quel est le meilleur moment pour fumer un cigare ?

Tous les moyens sont bons. Certains usent de la guillotine pour une coupe droite et une combustion plus généreuse que le puncher ou emporte-pièce. Mais d’autres préfèrent mettre l’ongle ou les dents. Bref, une affaire très personnelle !

Personnellement, c’est le matin, avec le petitdéjeuner et une bonne tasse de café. Il y a aussi le cigare plus festif que j’allume en rentrant à la maison, vers 18h30, et puis celui du soir, après le dîner, si je ne suis pas trop fatigué... Bref, tous les moments sont propices à déguster un bon cigare, même si je fume rarement au milieu de la journée car je n’aime pas les choses bâclées... Quels conseils pouvez-vous donner aux novices du cigare ? Aborder l’initiation au cigare comme une visite en terre inconnue, comme la dégustation d’un plat aux saveurs insoupçonnées. On ne se jette pas dessus ! On commence par l’observer, le humer, le toucher éventuellement, avant d’en apprécier toutes les subtilités. Il y a une dimension sensuelle. Il faut aussi prendre le temps de s’imprégner de la culture du cigare, découvrir le principe des trois tiers (Ndlr : d’abord, le foin, puis le divin et enfin le purin). C’est cette approche intellectuelle qui fascine et nous différencie du consommateur de cigarettes.

Et pour la coupe ?

Quelles sont les mauvaises habitudes à bannir ? D’abord, évidemment, ne pas avaler la fumée du cigare au risque de se sentir mal. Ne pas porter son cigare à l’oreille et le faire rouler sous ses doigts pour juger de sa souplesse. C’est désuet et ça n’a pas de sens. Pour l’allumage, évitez les briquets à essence et à la bougie. Préférez le briquet à gaz ou l’allumette. Enfin, ne trempez pas votre cigare dans un verre de Cognac ou d’Armagnac. Là encore, une habitude d’un autre temps, une vieille tradition espagnole qui va vous saouler en dénaturant les aromes du tabac. La salle des coffres de Vahé Gérard. Du cigare en barres !

D’autres conseils de base ? Commencer son parcours initiatique par un cigare léger, volatile, doux, soyeux, digeste, pour éviter le malaise vagal. Puis, par la suite, passer à des modules plus riches, plus puissants,

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DOSSIER CIGARE

L’accessoire, c’est essentiel ! Tout bon amateur de cigares se doit de posséder un « outillage » adapté à sa passion. Sélection d’accessoires (utiles) à mettre au pied du sapin du fumeur esthète.

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