CCP 2018-2019 Rapport des débats

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Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes 2018 -2019 Promotion Jamy Gourmaud


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

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Le mot de la présidente

3•

Les idées à retenir

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Le trombinoscope de la promo Jamy Gourmaud

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Une année en dates

10 •

La place de la télévision et de France Télévisions aujourd’hui et demain Autour de la télévision, de nouveaux usages puissants mais la persistance d’usages « traditionnels » Perception de France Télévisions au sein de l’offre actuelle La télévision et le France Télévisions de demain

16 •

Se divertir sur les écrans : faire son choix aujourd’hui Une définition élargie du divertissement sur les écrans Les types et registres de divertissement plébiscités par les conseillers à la télévision Les attentes de divertissement sur France Télévisions

25 •

La culture sous toutes ses formes : celle qui vous parle, pas seulement celle qui fait bien Grâce au Web, une conception élargie et protéiforme de la culture Les genres et formats culturels plébiscités à la télévision aujourd’hui Les attentes des conseillers à l’égard de la culture sur France Télévisions

29 •

L’information à l’épreuve des fake news et les nouvelles façons de s’informer Les nouveaux contextes de l’information L’information à la télévision Les attentes des conseillers en matière d’information à la télévision

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Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

© Nathalie Guyon / FTV

Les idées à retenir Je me réjouis que nous célébrions cette année les dix ans du Conseil consultatif des programmes. La longévité et le succès de ce dispositif, désormais incontournable, me confortent dans l’idée que le dialogue permanent que nous avons instauré avec nos publics est un atout inestimable et le garant de notre exigence quant à la qualité de notre offre. Pour que cette date anniversaire revête un caractère exceptionnel, j’ai souhaité que la promotion soit composée de jeunes adultes de 18 à 35 ans. À travers cette décision, mon ambition était que nous allions à la rencontre d’une population nombreuse (16 millions de 15-34 ans en France), peu représentée et qui se détourne de la télévision, notamment publique. À l’heure où l’audiovisuel doit se réinventer et investir de nouveaux territoires, comprendre les attentes des plus jeunes est un enjeu crucial que je place au cœur des réflexions menées par le groupe. Ce choix a porté ses fruits et les conclusions que vous allez découvrir dans ce rapport en sont la preuve. Au cours des quatre ateliers de travail qui les ont réunis, les conseillers ont imaginé la télévision de demain. Ils ont débattu de la culture qui les touche, pas de celle qu’il convient d’apprécier. Ils ont exprimé leurs attentes en matière d’info en général et de fake news en particulier. Enfin, ils ont mené une réflexion sur ce qu’ils considèrent comme un bon divertissement compatible avec la mission du service public. Cette année encore, les débats ont été animés, passionnés et passionnants et ils ont donné lieu à des échanges riches d’enseignements. Persistance de la singularité de l’offre du groupe dans le paysage audiovisuel, poursuite des efforts en matière de diversité, expérimentation de nouveaux formats, élargissement du spectre de la culture, présence accrue sur les réseaux sociaux, développement de l’infotainment, etc. Autant de pistes que les membres nous ont suggéré d’explorer. Comme à chaque restitution des conclusions, ces précieuses recommandations seront le socle d’un travail collectif pour bâtir la future télévision de tous les citoyens. Je remercie chaleureusement tous les membres qui se sont impliqués avec ferveur et enthousiasme dans cette entreprise. Sans leur contribution rigoureuse, le présent rapport n’aurait pas pu voir le jour. Je remercie également l’équipe qui a accompagné ce Conseil tout au long de son mandat, ainsi que les professionnels et animateurs qui ont pris part aux ateliers de travail, participant ainsi à l’efficacité du dispositif. Je vous laisse découvrir le produit d’une réflexion féconde dont France Télévisions saura tirer profit pour être au plus près des attentes de chacun. Comme chaque année, ce rapport sera remis aux commissions chargées des Affaires culturelles et des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat, largement relayé auprès des salariés du groupe et publié sur le site du CCP*. La restitution des travaux du Conseil consultatif des programmes est devenue au fil du temps un rendez-vous attendu et apprécié. Ce succès est aussi le vôtre. Bon anniversaire ! Delphine Ernotte Cunci Présidente-Directrice générale de France Télévisions *

http://ccp.francetelevisions.fr

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Les conseillers ont travaillé et échangé autour de quatre thématiques en lien avec les problématiques éditoriales touchant à l’offre de France Télévisions et les enjeux actuels de l’industrie audiovisuelle. La place de la télévision et de France Télévisions aujourd’hui et demain Les conseillers ont disserté sur leurs usages de la télévision aujourd’hui et témoigné d’habitudes de visionnage fortement délinéarisées, essentiellement autour des plateformes de replay et de SVOD. Un type de consommation que les conseillers plébiscitent pour le confort et les facilités de visionnage qu’il permet. Cependant, la consommation de contenus en linéaire ne se révèle pas complètement absente des usages des conseillers et le direct garde à leurs yeux certains atouts spécifiques qui contribuent à faire de lui un mode de consommation toujours d’actualité, notamment grâce à sa valeur fédératrice lors des grands rendez-vous. Pour les conseillers, France Télévisions se distingue au sein de l’offre actuelle, principalement par le sérieux et l’exigence de son traitement de l’information, qui repose sur des marques fortes et différenciantes comme franceinfo ou Cash Investigation ; la qualité d’exécution de ses séries (réalisation, casting) ; la richesse globale de son offre au sein d’un bouquet cohérent ; et enfin par l’engagement « citoyen » et porteur de sens du groupe au sein de la société. Le Conseil encourage France Télévisions à davantage s’adresser à leur génération. Les conseillers ont redit l’importance de faire connaître les contenus du groupe en étant présent sur leurs réseaux sociaux (Snapchat, Twitter). Les conseillers poussent également France Télévisions à poursuivre ses efforts sur la diversité en allant vers davantage de mixité sociale et à veiller à la représentativité de l’Outre-mer après la disparition de France Ô.

Dans le contexte d’une consommation de contenus fortement délinéarisée, le Conseil souligne l’impératif pour France Télévisions de s’appuyer sur une plateforme éditorialisée intégrant des fonctionnalités récentes. Enfin, les conseillers attendent que le groupe se fasse toujours plus le reflet des enjeux sociaux et sociétaux actuels et l’écho des nouveaux engagements, notamment environnementaux. Se divertir sur les écrans : faire son choix aujourd’hui Amenés à réfléchir à la thématique du divertissement, les conseillers ont établi le constat que le divertissement sur les écrans se conjugue aujourd’hui sous une multitude de formats et de médias différents (notamment digitaux) qui n’en font plus un genre typique de la télévision. Au sein de cet univers éclaté et protéiforme et face à la « guerre » de l’attention, les conseillers encouragent France Télévisions à se démarquer en faisant preuve de toujours plus d’audace et d’innovation dans son offre. Le Conseil incite France Télévisions à davantage intégrer la notion de divertissement à ses programmes, notamment en n’hésitant pas à croiser les registres et les formats et à développer des formes d’écritures audacieuses. Les conseillers enjoignent aussi France Télévisions à explorer de nouveaux territoires en investissant notamment le genre de la téléréalité d’aventure (tout en veillant à éviter la télé-réalité d’enfermement), à proposer davantage d’humour et à aborder des thématiques nouvelles à la télévision comme la sexualité ou la religion. La culture sous toutes ses formes : celle qui vous parle, pas seulement celle qui fait bien Le Conseil a tenu à saluer la qualité de l’offre culturelle et la volonté de promotion de la culture sur France Télévisions.

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Afin de toucher un plus large public, les conseillers ont encouragé le groupe à sortir d’une définition de la culture encore trop restreinte à la culture « classique », en élargissant le spectre des cultures et sous-cultures promues à l’écran pour aller vers toujours plus de diversité culturelle. Également, les conseillers ont émis le souhait de voir aborder la culture différemment, de manière plus désacralisée, sous des formats variés, une écriture neuve, des incarnations décalées, afin de proposer des clés d’entrée différentes et ainsi faciliter son accès. L’information à l’heure des fake news et les nouvelles façons de s’informer Les conseillers ont fait le constat d’évoluer dans un environnement où l’information est omniprésente et les émetteurs d’information multiples. Dans ce nouvel écosystème, les marques d’information historiques apparaissent alors comme des repères notamment face au risque des fake news et comme un réflexe en cas d’actualité « chaude ». En ce sens, le Conseil encourage France Télévisions à compléter son offre d’information par des formats qui empruntent au genre de l’infotainment dont le registre hybride propose des clés d’entrée multiples autour de l’actualité. Dans le contexte actuel de prolifération des fake news et de défiance à l’égard des journalistes, les conseillers insistent sur la nécessité d’articuler la lutte contre les fausses informations entamée par France Télévisions avec la nécessité de rendre plus transparents les rouages de la fabrique de l’information et de rapprocher journalistes et citoyens.


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

EMMANUEL,

18 ans, étudiant, Île-de-France

Le trombinoscope de la promo Jamy Gourmaud

ANGÉLIQUE,

CLAUDIE,

EILLEEN,

La télévision demeure un média capable de réunir beaucoup de personnes. Mais, parce qu’elle nous impose en quelque sorte son contenu, j’ai tendance à préférer Internet et YouTube. Chaque chaîne de France Télévisions a ses thèmes et son public, mais toutes manquent peut-être de programmes plus inédits, inventifs, comme sur la TNT.

ISABELLE,

22 ans, étudiante en soins infirmiers, Île-de-France

21 ans, étudiante en langues Rhône-Alpes-Auvergne

28 ans, responsable qualité dans l’industrie, Île-de-France

Je pense que la télévision est aujourd’hui devenu un mode de divertissement comme un autre, au même rang que la tablette ou le téléphone. La télévision ne disparaîtra pas, mais deviendra un outil de facilitation pour regarder des contenus.

Selon moi, l’avenir de la télévision se trouve sur les smartphones et sur Internet, car nous nous informons de plus en plus sur les réseaux sociaux. Malgré tout, je ne pense pas que la télévision disparaîtra. Notamment France Télévisions, qui parvient à toucher des personnes de tout âge.

La télévision a une place centrale dans notre société. Je la regarde beaucoup pour me détendre et pour m’instruire. Malgré l’émergence des tablettes, la télé reste le point de rendez-vous des familles. J’ai une bonne image de France Télévisions. Face aux chaînes privées, le service public me paraît être une source sûre qui reste accessible à tous.

La télévision est selon moi en déclin. Les contenus en ligne sont si nombreux, accessibles et ciblés, que la télévision a tendance à s’effacer. L’avenir de la télévision se fera en ligne avec des chaînes de télévision adaptées et ciblées, des programmes de qualité qui rivalisent avec ce qu’il y a sur la Toile et un lien plus étroit avec le téléspectateur.

© Gilles Gustine / FTV

29 ans, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, Bourgogne

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GARY,

31 ans, technicien supérieur principal à la mairie de Paris Île-de-France L’avenir, c’est de voir l’ordinateur et la télévision ne faire plus qu’un. C’est aussi avoir une télévision plus représentative de la société, avec plus de femmes pour présenter des émissions, plus de personnes invalides représentées, plus de personnes aux origines différentes.

JEFFREY,

24 ans, ostéopathe, Île-de-France La télévision demeure une institution mais elle s’essouffle. La télévision en direct perd de son intérêt avec les vidéos à la demande et les podcasts. Également, elle paraît trop enfermée par rapport à Internet, et représente moins un espace de liberté que YouTube, par exemple.

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GERMAIN,

31 ans, cadre commercial Île-de-France Selon les chaînes, le contenu peut être très disparate, elles suivent des lignes éditoriales différentes. L’image que j’ai de France Télévisions est globalement positive par rapport aux chaînes historiques et à la TNT. Il est important de conserver le service public pour garantir une qualité minimale au niveau des contenus (fond et forme).

JÉRÉMIE,

22 ans, étudiant en droit Île-de-France La télévision me permet de rester au contact de l’actualité de la société tout comme elle me permet de me détendre grâce à ses programmes variés. Cependant, je me suis peu à peu éloigné de France Télévisions avec le temps. En effet, je trouve qu’il manque de programmes qui suscitent plus l’attention des jeunes. J’ai donc une image un peu trop « conventionnelle » de France Télévisions.


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

JONATHAN,

JULIETTE,

LIORHA,

MATHIS,

MATTHIEU,

MÉLINA,

21 ans, développeur informatique Île-de-France

24 ans, infirmière Pays de la Loire

33 ans, secrétaire Île-de-France

32 ans, metteur en scène et comédien, Bretagne

27 ans, responsable d’accueil Occitanie

32 ans, rédactrice technique Île-de-France

La télévision n’a pas dit son dernier mot. Elle se renouvelle sans cesse, innove en permanence pour faire plaisir aux petits comme aux grands, cherche toujours à créer de nouveaux programmes. Je crois bien que notre bonne vieille boîte à images aura toujours une place dans nos salons et nos chambres !

La télévision est un média que j’affectionne particulièrement. Quand je ne regarde pas la télé, elle reste allumée en fond chez moi le temps que j’effectue mes tâches de la journée. À mes yeux, France Télévisions tend à se moderniser. Elle fait un peu peau neuve, et cela lui va très bien.

La télévision est indispensable, tout comme la place du service public en son sein. Je pense qu’elle évolue du bon côté et que nous regardons de plus en plus la télévision de façon mobile et en replay.

Malgré la multiplication des écrans et des supports, je pense que la télévision a encore une belle place dans notre société. Je suis un enfant de la télé, donc j’ai pu voir depuis une vingtaine d’années la mutation de ce média. Mon métier me permet de cerner beaucoup d’aspects des programmes et de garder un œil critique.

La télévision a toujours une place centrale, mais celle-ci s’effrite de plus en plus avec l’arrivée du numérique et des nouvelles pratiques de consommation de l’information et de la culture, notamment auprès des nouvelles générations.

La télévision s’adapte désormais à mon quotidien, à mon rythme de vie. J’aime le fait que l’on puisse accéder aux contenus de la télévision quand on veut grâce au replay. J’adore échanger, transmettre mon avis et l’idée d’avoir peut-être contribué à pouvoir faire évoluer les choses dans le meilleur sens possible à travers le CCP me réjouit !

LISETTE,

MAEVA,

MARIE,

NICOLAS,

LOUISE,

QUENTIN,

21 ans, étudiante en STAPS Bourgogne-Franche-Comté

34 ans, secrétaire comptable Île-de-France

24 ans, ingénieur Île-de-France

18 ans, étudiante en gestion Île-de-France

22 ans, négociateur immobilier Île-de-France

La télévision perd de plus en plus sa place à cause d’Internet, des applications et des réseaux sociaux. Les personnes veulent désormais avoir des informations rapidement. Concernant France Télévisions, ils ne passent, à mon sens, pas assez de programmes modernes et pour le jeune public. Pour évoluer, ils devraient davantage répondre aux attentes de ce public jeune.

Selon moi, la télévision est une bonne chose pour s’informer, se divertir, se cultiver. Le CCP est l’occasion pour moi de donner mon avis pour participer à l’évolution de France Télévisions et partager mon expérience auprès des autres.

La télévision reste toujours aussi importante, même si d’autres supports sont venus la concurrencer. Elle continue d’être créative en proposant de nouveaux programmes, séries, téléfilms, jeux et émissions. Pour moi, elle évolue et se renouvelle sans cesse.

Regarder la télévision tous les jours est une habitude depuis que je suis tout petit. J’y suis donc très attaché, mais je pense qu’elle tend à prendre moins de place. J’ai une bonne image de France Télévisions, grâce à ses chaînes et ses programmes diversifiés. Grâce au déploiement du numérique, le service public conserve toujours une grande place.

Quand je suis arrivée au CPP, je ne regardais absolument pas la télévision, encore moins France Télévisions. Lors de cette expérience, j’ai pu rencontrer des présentateurs et des journalistes, et je me suis rendu compte qu’ils sont tous investis dans leur travail pour nous offrir des contenus intéressants et de bonne qualité. Lorsque nous avons par exemple parlé des fake news, je me suis rendu compte que franceinfo faisait de réels efforts pour nous délivrer une information exigeante.

Ayant un choix toujours plus large pour m’informer (sites, applications, radios) et me divertir (Netflix, YouTube, Internet), la télévision n’est plus un élément aussi central qu’auparavant. Néanmoins, je constate qu’elle reste un vecteur de réunion et de partage via la diffusion d’événements, ainsi qu’un canal parmi d’autres pour m’informer et m’ouvrir sur le monde.

© Gilles Gustine / FTV

22 ans, étudiante en ressources humaines, Île-de-France

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Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

Une année en dates RICHARD,

22 ans, étudiant en industrie graphique Normandie Même avec l’avènement de Netflix, la télévision sait tirer son épingle du jeu en développant des séries et téléfilms originaux. Elle sait aussi évoluer avec les nouvelles technologies et se détache petit à petit du petit écran pour arriver sur les smartphones et tablettes, sans pour autant renier sa fonction principale : informer et divertir !

RUTH-ELLEN,

SONIA,

33 ans, linguiste et traductrice Île-de-France

23 ans, étudiante en architecture Île-de-France

Pour moi, la télévision joue principalement trois rôles : informer, divertir et influencer. Et la manière dont elle le fait dépend beaucoup de la société et des nouveaux moyens qu’offre celle-ci, que ce soit en termes de technologie, d’ouverture d’esprit ou encore d’horaire. Elle restera selon moi privilégiée grâce à sa manière de rassembler et de résumer nos centres d’intérêt.

Je pense qu’il est important, à travers le CCP, d’avoir l’avis d´usagers tout à fait banals, comme moi, qui suis une simple étudiante, jeune fille de 23 ans qui traverse pleinement ce boom audiovisuel actuel.

Le 10e Conseil consultatif des programmes a été nommé en septembre 2018. Il s’est réuni quatre fois au siège de France Télévisions : deux fois en séance plénière et deux fois en demi-groupes de travail. En dehors des réunions, des échanges réguliers entre les membres et les intervenants ont eu lieu tout au long de la session sur une plateforme d’échange en ligne. Le groupe a validé le rapport final vendredi 29 mars 2019 et a rendu les conclusions publiques lors d’une conférence au siège de France Télévisions mercredi 10 avril 2019. Vendredi 5 octobre 2018 Journée d’accueil, de prise de contact et de présentation des enjeux du Conseil. Delphine Ernotte Cunci, présidente-directrice générale de France Télévisions, a prononcé un discours de bienvenue à tous les membres et a échangé avec eux pendant plus d’une heure.

VICTOIRE,

YONI,

ZAINABA,

33 ans, vendeuse Île-de-France

La télévision me permet de m’évader, de m’apporter une présence, de m’instruire et de parfois me mettre en colère. Je suis très attachée à France Télévisions, car j’ai grandi en regardant beaucoup France 2, qui propose des créations de séries très intéressantes.

La télévision a énormément évolué depuis quelques années, et France Télévisions en est le groupe historique. Je pense néanmoins qu’il doit se moderniser et innover dans ses émissions pour toucher un public jeune.

La place de la télévision perd de son importance au profit d’Internet et des géants du streaming comme Netflix. France Télévisions est un grand groupe public qui reflète la société actuelle. Toutefois, certains programmes sont un peu obsolètes et l’offre ne se renouvelle pas assez à mon goût.

© Gilles Gustine / FTV

29 ans, comédienne Île-de-France

24 ans, ostéopathe Île-de-France

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Intervenants Pour France Télévisions : Chantal Neret, directrice du marketing relationnel, Florent Dumont, directeur de la stratégie des publics, Armelle Henri, responsable du pôle expérience clients à la direction du marketing relationnel, Mathieu Brunier, chargé de marketing relationnel, Jean Chrétien, adjoint au directeur délégué de franceinfo, Daniel Yadjian, responsable cursus intégration, Christophe Tortora, directeur de la rédaction, Djamel Mazi, Marianne Théoleyre et Adrien Rohard, journalistes à franceinfo, et Mélanie Taravant, journaliste à France 5. Pour l’agence marques et média Think Out : Jean-Maxence Granier, directeur fondateur, Bertrand Horel, directeur d’études, consultant, et Florian Jésupret, chargé d’études, consultant.

Vendredi 9 novembre Deux thématiques • « La place de la télévision et du service public aujourd’hui et demain » Sensibilisation collective et temps d’échange et de questions entre les téléspectateurs et les professionnels de France Télévisions sur le rôle du service public et la télévision de demain. Invités : Alexandre Dureux, directeur adjoint à l’antenne et aux programmes, et Catherine Lottier, directrice de la veille et de la prospective programmes. Ateliers en deux sous-groupes de sept membres sur le thème de la place de la télévision et du service public. Présentation des travaux en plénière et synthèse collective. Déjeuner en compagnie des animateurs : Jamy Gourmaud, parrain de la promotion, Djamel Mazi et Adrien Rohard, journalistes à franceinfo, Jacques Cardoze, journaliste à France 2. • « La culture sous toutes ses formes, celle qui vous plaît, pas celle qui fait bien » Sensibilisation collective et temps d’échange et de questions sur le thème de la culture entre les membres et les professionnels de France Télévisions. Invités : Michel Field, chargé de mission sur l’offre culturelle, Noémie Roussel, chef de projet numérique culture, Chrystelle Cotillard, responsable de l’unité de programmes Culturebox, et Carole Pujol, responsable éditoriale pour france tv éducation. Ateliers en deux sous-groupes de sept membres sur le thème de la culture. Présentation des travaux en plénière et synthèse collective.

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Vendredi 25 janvier Deux thématiques • « S’informer à l’heure des fake news » Sensibilisation collective et temps d’échange entre les conseillers et les professionnels de France Télévisions sur le thème de l’information et des fake news. Invités : Yannick Letranchant, directeur de l’information, Célia Mériguet, directrice de franceinfo édition numérique, et Amel Cogard, directrice de l’éducation. Atelier en deux sous-groupes de neuf membres sur le thème de l’information à l’heure des fake news. Présentation des travaux en plénière et synthèse collective. Déjeuner en compagnie des animatrices Sophie Jovillard, France 5, et Flore Maréchal, France 2. • « Se divertir sur les écrans, faire son choix aujourd’hui » Sensibilisation collective et temps d’échange entre les conseillers et les professionnels de France Télévisions sur le thème du divertissement. Invités : Nicolas Daniel, directeur des jeux, variétés et divertissements, Sened Dhab, directeur de la fiction numérique, et Antonio Grigolini, responsable éditorial de france tv slash. Ateliers en deux sous-groupes de neuf membres sur le thème du divertissement. Présentation des travaux en plénière et synthèse collective. Vendredi 29 mars 2019 Relecture, amendement et signature du rapport final. Mercredi 10 avril 2019 Conférence publique de restitution des conclusions animée par Adrien Rohard.


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

La place de la télévision et de France Télévisions aujourd’hui et demain

Les conseillers ont réfléchi à la place actuelle de la télévision dans leur consommation de contenus en établissant un état des lieux de leurs usages et des qualités qu’ils prêtent aux différents modes de consommation actuels.

« J’allume la télé et je reste grosso modo sur une chaîne en faisant autre chose »

Malgré des habitudes de visionnage largement délinéarisées chez les conseillers, la télévision en linéaire garde à leurs yeux certains atouts qui contribuent à en faire un mode de diffusion encore d’actualité.

• Face à l’hyperchoix et la difficulté d’avoir à effectuer un arbitrage entre tous les contenus disponibles, le linéaire possède le bénéfice de proposer d’emblée des contenus présélectionnés.

• Pour le Conseil, le linéaire représente le temps des grands rendez-vous, des grandes compétitions sportives internationales, des divertissements fédérateurs, de l’actualité importante et des grands rendezvous politiques, et est donc associé à des instants d’intense communion collective, voire nationale. « Pour moi, la télé en direct, c’est la Coupe du monde, les élections présidentielles, des trucs qu’on ne vit qu’en vrai » • La télévision fonctionne encore pour certains conseillers comme une présence, comme un compagnon, lors de moments spécifiques du quotidien.

« La télé m’apporte une sorte de présence humaine pendant la journée »

« La télé, c’est le support “On ne se pose pas trop de question” » « Par réflexe, je vais allumer la télé en rentrant chez moi, et après c’est seulement s’il n’y a vraiment rien que je vais aller sur Netflix » • L’écran télé, grâce à sa centralité domestique, représente encore au sein des familles un lieu de retrouvailles, d’échanges, de partage entre des publics différents. « La télé, c’est un peu un rendezvous familial comme lorsque je regarde Fort Boyard avec ma nièce » « Je regarde encore certains divertissements en famille »

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Mais, chez ce public, la télé en linéaire présente un certain nombre de freins qui contribuent à la mettre à distance. • La contrainte de l’horaire au sein de routines de vie moins régulières. « Aujourd’hui, c’est à la télé de s’adapter à mon rythme de vie et non plus l’inverse » « Avant j’avais rendez-vous avec les programmes, je devais m’adapter par rapport à l’émission que je voulais regarder. Mais, aujourd’hui, avec le replay, on peut accéder à nos programmes quand on veut » • Le manque de renouvellement perçu de l’offre télévisuelle globale « C’est toujours les mêmes jeux, les mêmes émissions » « Mis à part les séries qui ne sont plus les mêmes, le reste n’a pas bougé » • La perception que la majorité de l’offre n’est pas adressée à leur génération. « Je ne m’y retrouve pas » « Aujourd’hui la télé semble être destinée plus aux seniors qu’aux jeunes comme nous, c’est dommage »

« Je n’ai plus regardé France Télévisions depuis la primaire je pense » La digitalisation des contenus et les nouvelles plateformes affectent profondément les habitudes de visionnage des conseillers. • En se déclinant sur les écrans personnels, le visionnage s’est individualisé et l’offre s’est personnalisée notamment grâce à la pertinence des contenus mis en avant par les algorithmes.

« On a davantage le choix qu’avant, surtout plus de séries avec Netflix et des vidéos type documentaire sur YouTube »

• La recréation d’un nouveau type de rendez-vous en délinéaire lors de la sortie sur les plateformes d’une série événement par exemple.

• Sur les plateformes, les programmes finissent par prévaloir sur les chaînes.

« Ce n’est pas vrai qu’on ne partage plus rien, lorsqu’une nouvelle saison de Game of Thrones sort, tout le monde en parle, même si on ne regarde pas tous en même temps »

« Je ne suis pas sûr de réaliser à chaque fois quel programme de quelle chaîne je regarde, je regarde vraiment un programme » « Je croyais que Dix pour cent était une série Netflix »

« C’est un peu chacun son écran, on peut regarder ce qu’on veut, on ne se bat plus pour la télécommande comme quand on était petit » « Sur les plateformes, on vous pousse les séries, les films que vous pourriez regarder, tout est personnalisé, personne n’a la même page d’accueil » • Sans contraintes, le visionnage se fait plus sélectif. « Je sélectionne, j’entends parler d’une émission précise et je regarde en replay » • L’offre éclatée donne le sentiment d’un choix vaste de contenus toujours différents, toujours plus variés, inédits. « Si rien ne m’intéresse, je vais sur Netflix »

© Gilles Scarella / FTV

AUTOUR DE LA TÉLÉVISION, DE NOUVEAUX USAGES PUISSANTS MAIS LA PERSISTANCE D’USAGES « TRADITIONNELS »

Fort Boyard

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Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

PERCEPTION DE FRANCE TÉLÉVISIONS AU SEIN DE L’OFFRE ACTUELLE Aux yeux des conseillers, l’offre de France Télévisions se distingue principalement par le sérieux de son traitement de l’information, la qualité et la variété des contenus proposés, et son engagement dans la société. • Le Conseil identifie notamment France Télévisions à travers l’exigence de son offre d’information dont il souligne le sérieux du traitement de l’actualité, dans lequel il estime avoir confiance. – Les conseillers saluent les efforts d’actualisation de l’offre, dont franceinfo est un marqueur fort, en démontrant une écriture innovante et à contre-courant. « Sur franceinfo, il y a beaucoup de formats vidéo comme on peut voir sur Internet, sans commentaires, avec juste des sous-titres pour décrire l’info. Et souvent les vidéos s’enchaînent comme sur YouTube »

• Les conseillers ont tenu à saluer la richesse globale de l’offre, tant au niveau des types de format qu’au niveau des domaines abordés sur l’ensemble des antennes du groupe. « J’identifie assez bien les différentes chaînes du groupe, toutes ont leur identité » « L’offre de documentaires est très large, entre ceux sur France 3, France 5 et France Ô par exemple » • Le Conseil reconnaît également la qualité des programmes du groupe, notamment en termes de qualité de réalisation des séries. « Leurs séries sont assez réussies. Dix pour cent, j’ai adoré, il y a de grands acteurs, c’est bien écrit, drôle »

« Philharmonia, je me suis dit “Wouah, ça pourrait être sur Netflix”, les images sont belles, je trouve » • Enfin, les conseillers plébiscitent l’engagement « citoyen » de France Télévisions, porteur de sens et de valeurs, notamment en comparaison de l’offre des chaînes privées. Et particulièrement autour de sujets tels que le harcèlement scolaire ou la promotion d’une société ouverte et plurielle. « Le doc sur le harcèlement était très fort, France Télévisions était dans son rôle » Cependant, le Conseil regrette de ne pas toujours se sentir concerné par l’offre de France Télévisions. • Notamment par les contenus présents en after school et en access. « Quand je rentre chez moi, il n’y a que des jeux, du jeu du jeu du jeu » « Quotidien, et hélas Touche pas à mon poste ! ou Les Ch’tis, ce sont les seules offres pour les jeunes à cette heure-là »

– Une offre qui se distingue également à travers des rendezvous d’information puissants qui font événement.

« Quand j’étais petit, il y avait C’est pas sorcier, aujourd’hui il n’y a plus rien pour les jeunes »

« Je ne loupe jamais Cash »

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LA TÉLÉVISION ET LE FRANCE TÉLÉVISIONS DE DEMAIN • Mais également, et de manière plus générale, par une mise en scène et un habillage des contenus moins attirants car jugés trop neutres. « Les émissions appréciées par les jeunes sont assez colorées, dans le sens où les plateaux télé sont riches en couleurs. Or, France Télévisions paraît terne à côté » « Les jingles pub de TF1, ils sont joyeux, festifs ; France 2, c’est plus sérieux, strict » Également, le Conseil se montre davantage exigeant à l’égard du service public dont il attend plus d’audace et d’innovation que de la part des chaînes privées, qu’il juge logiquement plus frileuses pour des raisons économiques. « Plaire à tous, ça ne veut pas dire être lisse ou ne pas prendre de risque » « Il faut que ça sorte de l’ordinaire, de ce qu’on peut voir ailleurs » « On pourrait utiliser France 4 comme laboratoire, avec des programmes ambitieux »

Les conseillers ont été amenés à réfléchir aux évolutions récentes de la télévision, ainsi qu’au futur de l’offre de France Télévisions. Le conseil s’est penché sur la problématique de la diversité et, tout en saluant les efforts de France Télévisions, a souhaité encourager le groupe à poursuivre ses efforts en démontrant davantage de pluralité au sein de ses contenus. • Au-delà de la question des animateurs, les conseillers attendent plus de diversité dans les castings des séries, des jeux, etc. « Il faut être le reflet de la France, la télé a un rôle à jouer làdedans parce qu’elle influence les mentalités, surtout la télé publique » • Dans le contexte de la suppression de France Ô, les conseillers sont particulièrement attentifs à ce que la représentativité de l’Outremer soit préservée sur les antennes généralistes et nationales du groupe. Par exemple à travers la création d’un rendez-vous hebdomadaire consacré à l’Outremer.

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« France Ô va disparaître, c’est important qu’on continue de représenter l’Outre-mer sur les grandes chaînes » « Avec un magazine de l’Outre-mer sur France 2 tous les dimanches après-midi par exemple » • La problématique de la diversité sociale a également été abordée par le Conseil, qui souhaite une représentation plus forte des catégories sociales peu représentées dans l’espace médiatique. « Il y a des catégories qu’on ne voit jamais à la télé : les ouvriers, les mères célibataires, les pauvres » Dans un contexte ultraconcurrentiel où France Télévisions est autant challengé par les chaînes privées que par les nouveaux acteurs comme Netflix, les conseillers encouragent France Télévisions à faire preuve de prise de risque, avec la volonté d’accrocher le téléspectateur, de provoquer la surprise, de susciter l’événement pour se démarquer. « Ils sont trop stricts actuellement, trop lisses, il faut qu’ils se lâchent, c’est que de la télé »


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

« Ils n’ont pas la contrainte de l’audience, ils peuvent inventer, oser plus » « Je veux des programmes qui me donnent envie de binge watcher France Télé » • Ce faisant, le Conseil encourage le groupe à demeurer une référence des grands événements sportifs et des grands moments d’actualité en direct afin de se distinguer des nouveaux acteurs.

© Nathalie Guyon / FTV

• Les conseillers attendent un rallongement de la durée de disponibilité des contenus sur la plateforme. « Il faut enlever la barrière des sept jours »

linéaire subsiste sur la plateforme sous la forme de playlists de flux, thématisées, qui auraient valeur de vitrine de l’offre. « Selon les moods ou les tags qu’on a rentrés, une playlist de vidéos est créée, comme un flux personnalisé qui nous fait découvrir des programmes » Les conseillers attendent également un service public qui implique davantage le téléspectateur au sein d’une relation plus horizontale.

« C’est important que la télé conserve les grands rendez-vous, ce que Netflix ne pourra pas faire »

• Les conseillers attendent une plateforme davantage éditorialisée, personnalisée, plutôt qu’un simple catalogue de contenus.

« Le direct, c’est la raison d’être de la télé »

« On ne veut pas être encombré par ce qu’on ne veut pas voir »

« À l’avenir, je vois les chaînes de télé se radicaliser sur ce qu’elles savent faire de mieux, les grands rendez-vous qui parlent à tous »

« Avec des contenus mis en avant, suggérés, qui correspondraient à nos goûts et auxquels on n’aurait pas pensé »

• Également, le Conseil souhaite que les programmes innovants et destinés à leur génération ne soient pas uniquement destinés au digital mais soient également diffusés en linéaire de façon à être connus du plus grand nombre et à impacter l’image des chaînes de France Télévisions.

« Une plateforme avec des chaînes thématiques sous forme de tags »

• La possibilité offerte au téléspectateur de pouvoir par exemple choisir les sujets traités dans certains magazines.

• Une plateforme fondée sur l’inversion de la priorisation des contenus.

« On voterait pour choisir sur quel thème Élise Lucet pourrait enquêter »

« Il y a des programmes sur france tv slash qui sont super, or selon moi ces programmes devraient aussi être à la télé » Dans le même temps, face aux nouveaux usages du délinéaire, les conseillers ont souligné l’importance pour France Télévisions de posséder

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une plateforme qui réponde davantage aux canons actuels des plateformes de SVAD qu’ils ont l’habitude de fréquenter.

– En pouvant accéder sur la plateforme à des contenus inédits, originaux, premium et pas uniquement à des contenus déjà diffusés. « Que le “replay” devienne juste du “play”, qu’on ne retrouve pas uniquement les programmes diffusés à la télé » – À terme, certains conseillers imaginent que la diffusion

• À travers la mise en place de budgets participatifs par exemple. « Que les téléspectateurs puissent contrôler une partie du budget et puissent décider quels programmes financer »

Les conseillers attendent également une télé davantage citoyenne, impliquée, toujours plus investie dans le réel, qui se fait plus le reflet des enjeux sociaux et sociétaux actuels et fait davantage écho aux nouveaux engagements, notamment environnementaux. « Une télé plus citoyenne, plus écologique, qui sensibilise à la planète »

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Le Conseil a souhaité émettre quatre recommandations à destination du France Télévisions de demain :  Faire preuve de plus d’audace et de prise de risque, notamment autour des incarnations, de l’identité visuelle et du ton de l’offre, sans confiner cette innovation au digital et aux petites chaînes.  Intégrer davantage le public dans les orientations de France Télévisions (budget participatif) et dans ses choix éditoriaux (choix des sujets).  Bien faire connaître l’offre du groupe en étant présent sur les réseaux sociaux de leur génération (Snapchat, Twitter, YouTube). Et appuyer la diffusion de ses contenus sur une plateforme digitale éditorialisée, personnalisée, centralisatrice de l’offre, intégrant les fonctionnalités des plateformes les plus récentes.  Envisager davantage le télévisuel sous le signe de l’hybridité des formats, en cassant les barrières entre les genres, en mêlant les tons, les écritures et les formes.


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

Se divertir sur les écrans : faire son choix aujourd’hui UNE DÉFINITION ÉLARGIE DU DIVERTISSEMENT SUR LES ÉCRANS

• Au sein de cette offre élargie, les conseillers plébiscitent les plateformes de SVOD pour leur large choix de séries inédites et toujours renouvelées. « Sur MyCanal, il y a beaucoup de séries originales : Le Bureau des légendes, Hippocrate, Engrenages » « Sur Netflix, j’ai adoré La Casa de papel et Stranger Things, j’ai enchaîné tous les épisodes en quelques jours » • Le Conseil cite également les jeux vidéo qui sont perçus comme très immersifs, interactifs et dont l’expérience sans cesse renouvelée peut se « vivre » sans limite. « Dans GTA, on est complétement happé par l’histoire » « Je joue beaucoup aux jeux vidéo, je trouve ça plus divertissant qu’un film, c’est sûrement le côté réseau qui me plaît » • Les conseillers apprécient les youtubeurs pour l’aspect artisanal et authentique de leurs productions et la proximité qui en découle.

« J’aime bien les youtubeurs comme Cyprien ou Le Rire Jaune. Ils abordent en vidéo des sujets très simples mais qui parlent à tous » « Je regarde beaucoup de formats YouTube autour du jeu (jeux vidéo, jeux de rôles, de plateau) et quelques youtubeurs » – Mais les conseillers ne se projettent pas dans une adaptation de ce type de format à la télévision. « Tous les formats des youtubeurs sont calibrés pour Internet. Selon moi, les adapter à la télévision ne fonctionnerait pas, car on ne la consomme pas de la même manière que YouTube » « Ce n’est ni le même temps d’écoute ni la même recherche de divertissement. Ce qui est sur YouTube doit rester sur YouTube » • Les conseillers apprécient également les formats courts comme les stories sur Instagram et Snapchat ou les vidéos d’actualité type Brut qui s’intègrent aux fils de leurs réseaux sociaux avec les contenus de leur réseau personnel. « Maintenant, les médias se modernisent en faisant des stories, comme sur Discover » « Je regarde les stories de Konbini sur Snap ou les vidéos de Brut sur Facebook »

• Les conseillers ont par ailleurs beaucoup souligné le rôle de YouTube dans leur consommation de contenus, notamment documentaires et musicaux. « Pour moi, YouTube, c’est le documentaire ; quand je veux apprendre des choses sur un sujet, je vais chercher sur YouTube » « YouTube, c’est assez pratique pour retrouver des vidéos d’artistes, des lives, des clips » Les conseillers ont isolé plusieurs éléments qui, à leurs yeux, forment les ingrédients du divertissement sur les écrans. • Le divertissement sur les écrans doit permettre de s’évader du quotidien, de se déconnecter de la réalité en demandant peu d’effort. « Le divertissement serait pour moi un moment d’évasion, d’oubli de la vie de tous les jours » « C’est le moment où l’on coupe court avec la réalité et où la fiction et le rêve prennent le pouvoir » « Se vider la tête, juste regarder l’écran sans avoir à réfléchir, juste pour décompresser » – Il doit adopter un ton léger pour être accessible. « Je préfère quand ça ne se prend pas trop au sérieux »

« Pour moi, un vrai divertissement c’est quand il y a de l’humour, quand ce n’est pas prise de tête » ­– Et une écriture rythmée. « Brut, le montage est rapide, ça se regarde tout seul » • Pour le Conseil, un bon divertissement se construit autour d’incarnations fortes, charismatiques, qui suscitent de l’attachement et accompagnent le téléspectateur le long de son visionnage. « Mes personnages de série, c’est un peu comme si je vivais avec eux » « Marie s’infiltre, Solange te parle, elles ont de la personnalité, du talent » « Ce que j’aime dans Koh-Lanta, c’est qu’on retrouve les participants semaine après semaine. On finit par s’identifier à eux et par adorer en détester d’autres » • Les conseillers apprécient également la capacité du divertissement à croiser les registres et les formats, sa dimension hybride (drame et comédie, actu et humour, etc.). « Certaines séries mélangent les genres, par exemple les séries policières humoristiques sur France 2 » « Dans Quotidien, on sort du plateau, il y a des vidéos, de l’humour, de l’actu »

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© Pixabay license / FTV

Pour les conseillers, le divertissement sur les écrans se conjugue aujourd’hui dans de nouveaux formats et sur de nouveaux médias, privant ainsi la télévision de sa situation de monopole.

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Les conseillers ont réfléchi au thème du divertissement sans limiter leurs réflexions à sa définition télévisuelle, mais en se basant sur sa définition première, élargie, entendue comme « moyen de se divertir ». En ce sens, le Conseil a souhaité souligner qu’à ses yeux la notion de divertissement était un préalable à chaque programme, une notion applicable à tous les champs de l’offre télévisuelle. « On veut que la notion de divertissement soit une notion globale, il ne faut pas que des moments de divertissement et que des moments sérieux, il faut pouvoir mêler les deux » Au premier chef des divertissements, les séries ont été majoritairement citées par les conseillers pour leur capacité à tenir en haleine le téléspectateur grâce à des trames narratives riches et leur capacité à créer de la proximité et de l’attachement envers des personnages et des univers. • Les conseillers apprécient l’aspect « feuilletonnant » des séries qui repose sur le suspense et crée une certaine forme d’addiction.

« Ce que j’aime dans les séries comme Game of Thrones ou Breaking Bad, c’est le suspense, le rythme, l’action, et surtout le fait que lorsqu’un épisode se termine, on a tout de suite envie de voir la suite » « J’aime les séries à suspense car elles sont addictives. Avec mon compagnon, on se fait des soirées où on enchaîne trois ou quatre épisodes à la suite » – A contrario, les épisodes bouclés ont tendance à lasser plus rapidement les conseillers. « J’ai longtemps regardé des séries type Les Experts, mais le format me lasse » « Le format téléfilm ne me plaît pas du tout, ça fait télé à la papa » • Les conseillers sont sensibles à l’écriture du récit et plébiscitent les formes de narration originales, complexes, qui créent des ruptures au sein des épisodes. « C’est bien quand ce n’est pas linéaire, avec des flashbacks, des allers-retours passé-présent, ou

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lorsqu’on suit plusieurs personnages en même temps » • La dimension « miroir » de certaines séries peut être un facteur d’adhésion, en illustrant des mœurs et des situations authentiques à travers lesquelles le téléspectateur se sent concerné et par le biais de personnages dans lesquels il se retrouve lui ou ses proches (dans le cas des séries générationnelles par exemple). « J’aime bien les séries qui parlent de la vie de tous les jours, qui me ressemblent, comme Plus belle la vie ou Fais pas ci, fais pas ça » « J’ai beaucoup aimé Sex Education car on se sent concerné » • Mais la force d’une série réside aussi dans sa capacité à transporter le téléspectateur dans un univers insolite, une atmosphère singulière. « Philharmonia parlait d’un univers qu’on n’a pas l’habitude de voir, qui ne m’aurait pas spontanément attiré »

« Certaines séries nous emmènent dans des univers particuliers, je pense par exemple aux dystopies, comme dans The Handmaid’s Tales »

« Pour moi, le divertissement passe aussi par l’humour. Des séries comme The Big Bang Theory et How I Met Your Mother, je peux les regarder en boucle »

« Black Mirror, c’est de la sciencefiction, mais avec un fond de réel flippant »

« Dix pour cent, j’ai trouvé ça très drôle »

L’humour, que l’on retrouve dans des formats très variés, demeure une composante essentielle du divertissement et fut régulièrement évoqué par les conseillers.

La télé-réalité est aujourd’hui un genre très installé à la télévision, au sujet duquel les conseillers portent désormais un regard mûr et critique.

• Les conseillers lient beaucoup l’humour au registre du stand-up et à la figure du comique, un registre qu’ils souhaiteraient voir plus à la télévision, au sein de talk-shows par exemple. « Il y a quelques années, il y avait On ne demande qu’à en rire, c’était une bonne émission, autant pour le spectateur que pour l’humoriste, car c’était un tremplin » « J’aimais bien ce que faisait Fary dans On n’est pas couché, des petits sketchs sur la société, les invités » « Quotidien, ils ont Vincent Dedienne, Nora Hamzawi » • Le Conseil a réaffirmé son attachement au genre de la série comique, de la comédie, trop peu présent à la télévision. « J’aime les séries comme Fais pas ci, fais pas ça et Quadras sur M6. Je trouve ça vraiment drôle »

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LES TYPES ET REGISTRES DE DIVERTISSEMENT PLÉBISCITÉS PAR LES CONSEILLERS À LA TÉLÉVISION

© Nathalie Guyon / FTV

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• La télé-réalité d’enfermement est plutôt mise à distance par les conseillers pour son registre trash, sa dimension factice, scénarisée. « Les émissions sur Les Chti’s et Les Marseillais à Cancún ou je ne sais où sont très vulgaires. Je m’interdis de regarder ce genre de choses, même au troisième degré » « Toutes les émissions sur NRJ12, Les Anges de la télé-réalité par exemple, c’est horrible, tout est faux, c’est exagéré »


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

« C’est presque une émission de service public » • La télé-réalité, lorsqu’elle réemploie les codes du sport (compétition, entraide) et de l’évasion (découverte, voyage), est très appréciée par les conseillers. « Dans Rendez-vous en terre inconnue, ils partent à la rencontre de cultures qu’on connaît peu, c’est une fenêtre sur le monde » « Koh-Lanta, c’est une de mes émissions préférées. Ils sont prêts à tout pour gagner, le côté survie n’est pas négatif, on sait que ce n’est qu’un jeu »

• Le live qui permet de découvrir les artistes autrement.

Le Conseil a aussi témoigné de sa forte appétence envers le registre de l’infotainment qui propose un angle rafraîchissant et décalé sur l’actualité et se conjugue parfaitement avec l’attente de divertissement.

« Taratata sait mettre en valeur les artistes »

• Le format du talk-show d’actualité a notamment été beaucoup cité par les conseillers qui apprécient sa vocation hybride. « Dans Salut les Terriens !, on passe d’une interview à un débat politique » « On n’est pas couché est une émission que j’adore et dont je ne me lasse pas, car je trouve qu’elle aborde l’actualité sous plein d’aspects différents (politique, société, arts…) » « Quotidien, c’est mon réflexe chaque fois que je rentre chez moi ; c’est un bon mix entre actu, humour, on apprend des trucs et il y a un vrai ton, c’est différent »

« Dans Pékin Express, c’est aussi le fait qu’ils soient en duo qui est plaisant. On les voit s’engueuler, mais aussi se soutenir, s’aider »

Le Conseil a redit son attachement au genre musical à la télé et rappelé l’importance de pouvoir compter sur une offre variée et complémentaire.

• Les talent shows sont également prisés par les conseillers pour leur aspect compétitif, leur capacité à susciter de l’émotion et à révéler des talents.

• Les talent shows, télé-crochets qui permettent l’émergence de nouveaux talents et la redécouverte de standards réinterprétés.

« Top Chef, c’est inspirant et en même temps ça accroche »

« Je regarde The Voice autant pour la compétition que pour la performance »

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• Les clips qui s’accordent particulièrement avec la fonction accompagnement de la télé. « Quand je suis chez moi, que je révise, je mets les clips en fond » Enfin, le Conseil considère le sport comme un réel divertissement en raison de l’intensité permise par le direct et la compétition, et grâce à la dimension spectacle de la performance pure. « Je regarde beaucoup de foot, les grandes affiches, c’est comme du cinéma » « Je vais essentiellement regarder du sport, peu importe s’il est connu ou non. Il m’est arrivé de regarder du sumo ou du snooker, tout comme j’apprécie le foot et, évidemment, le Tour de France »

Grâce à des formes renouvelées d’écriture et des formats singuliers, les conseillers rattachent au divertissement des domaines traditionnellement plus éloignés tels que la science, la culture et la découverte.

© Laurent Seroussi

« Dans L’amour est dans le pré, c’est plaisant de voir toutes ces personnes évoluer, vivre une expérience, c’est de l’aide »

« Il m’arrive d’être très ému devant The Voice »

© Eric Vernazobres / FTV

• Une autre télé-réalité, adjuvante de la transformation des candidats (et in fine des téléspectateurs), est davantage plébiscitée par les conseillers pour son ancrage dans le réel qui lui confère un bénéfice « apprentissage », pratique.

• Le Conseil apprécie les émissions qui abordent la science sous un angle vulgarisateur au travers d’expériences scientifiques en plateau par exemple. « On peut très bien considérer On n’est pas que des cobayes ! comme un documentaire tout en étant un divertissement » « Je regarde C’est pas sorcier sur YouTube. J’ai toujours regardé cette émission en revenant de l’école, j’y ai appris plein de choses »

• Les émissions culturelles qui abordent la culture sous un angle léger tout en délivrant du savoir. « J’aime bien Stupéfiant ! car on apprend plein de choses sans se prendre trop la tête » • Les conseillers plébiscitent également les documentaires à l’écriture innovante et à l’incarnation décalée.

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« Nans et Mouts de Nus & Culottés mériteraient d’apparaître plus souvent à l’écran et surtout sur France 2 » « J’irai dormir chez vous, c’est génial, le fait qu’il aille chez les gens, ça amène quelque chose de différent, c’est parfois émouvant »


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Le Conseil encourage France Télévisions à innover et renouveler davantage son offre de divertissement, notamment pour s’adresser plus à leur génération. Les conseillers attendent que France Télévisions investisse de nouveaux territoires et registres de divertissement et démontre plus d’audace afin d’attirer l’attention du public avec une offre inédite. • Les conseillers attendent des jeux télé qui vont plus loin et qui leur parlent plus. – Notamment vers plus de compétitions mettant en scène des défis physiques amateurs par exemple. « Il y a encore et toujours Des chiffres et des lettres et Questions pour un champion et Les Z’amours… Ça fait quoi, vingt ans que c’est diffusé ? C’est un peu toujours la même chose » « Il faudrait plus de jeux avec des efforts physiques, des jeux sportifs »

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« J’aimerais bien retrouver des jeux comme Intervilles ou voir Ninja Warrior sur France Télévisions » • Le conseil souhaite également retrouver dans les jeux des castings plus représentatifs de leur génération et une écriture davantage en adéquation avec leurs références. « Il n’y a pas beaucoup de jeux avec des jeunes »

© Delphine Ghosarossian / FTV

LES ATTENTES DE DIVERTISSEMENT SUR FRANCE TÉLÉVISIONS

« Beaucoup d’émissions restent destinées aux seniors, il n’y a qu’à voir les blagues qu’ils font » • Le Conseil souhaite que le groupe continue de proposer des séries et des programmes humoristiques accessibles à leur génération, notamment autour du registre du stand-up et sous forme de talent show par exemple. « J’aimerais bien qu’ils diffusent plus de séries humoristiques dans le genre que Dix pour cent, qui était vraiment super ! »

Stupéfiant !

• Les conseillers ne sont pas opposés à ce que France Télévisions investisse le genre de la télé-réalité, mais à certaines conditions, par exemple autour de programmes d’aventure permettant la découverte, l’évasion, le dépassement de soi, mettant en valeur l’entraide.

« Il faudrait créer le Jamel Comedy Club de France Télévisions »

« J’aimerais bien qu’ils diffusent de la télé-réalité, ça ne me choquerait pas, mais pas n’importe quoi »

« Je pense qu’On ne demande qu’à en rire répondait à la mission de service public, dans le sens où certains humoristes découverts dans l’émission font carrière aujourd’hui »

« Je pense que Pékin Express et Koh-Lanta pourraient être diffusés sur France 2, ce ne sont pas des programmes où on se moque mais de vraies compétitions »

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« Il n’y a pas que des choses trash en télé-réalité. Aujourd’hui, on trouve des programmes de téléréalité captivants sur TF1 ou M6 » • Les conseillers ont également exprimé leur souhait de retrouver sur le service public des divertissements fédérateurs, qui fonctionnent comme des rendezvous et fassent événement. « Il n’y a pas d’émission comme The Voice ou Danse avec les stars sur France Télévisions. C’est dommage » « Il y a un manque de programmes forts, pour lesquels on se dise “je ne veux pas le rater, celui-là” »


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Les conseillers ont voulu porter trois recommandations issues de leurs débats autour de l’idée de divertissement :

© GTV

 Faire du divertissement non plus un genre en soi mais une notion transversale et englobante du télévisuel, caractérisée par un ton léger, accessible, et des formats hybrides qui intègrent une forte variété de territoires et de thématiques. Skam

• Les conseillers émettent également l’idée de voir France Télévisions investir de nouvelles thématiques peu abordées à la télé sous l’angle du divertissement. – La religion « Les émissions religieuses ne sont pas du tout attractives, elles sont complétement has been » « Selon moi, ça fait partie de la mission du service public de nous parler de religion. Ils pourraient faire quelque chose de moderne et divertissant, quelque chose destiné aux jeunes » – La sexualité « Une série comme Sex Education pourrait être sur France Télévisions. Si ça nous plaît autant, c’est aussi parce qu’on se sent concerné »

« Ils pourraient parler de sexe, mais il faut que ce soit actuel, destiné aux jeunes » Enfin, les conseillers insistent sur la nécessité de faire connaître les contenus de France Télévisions à leur génération, notamment sur les plateformes sur lesquelles ils sont présents : YouTube, Instagram, Twitter, Snapchat. « Il faut qu’ils fassent de la pub sur les réseaux sociaux, car on ne sait pas vraiment ce qui est diffusé » « Il faut qu’ils nous informent autrement, de façon plus actuelle » « Je n’avais jamais entendu parler de Skam, par exemple »

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 Privilégier des séries qui entraînent dans des univers singuliers, forts, inédits, autour de personnages charismatiques, originaux. Tout en étendant leur diffusion sur le digital au-delà de la barrière des 7 jours de replay.  Investir la télé-réalité d’aventure, en proposant de la compétition, de l’épique, de l’évasion autour de castings d’amateurs variés, jeunes.

La culture sous toutes ses formes : celle qui vous parle, pas seulement celle qui fait bien GRÂCE AU WEB, UNE CONCEPTION ÉLARGIE ET PROTÉIFORME DE LA CULTURE Les conseillers définissent d’abord la culture comme un moyen de s’ouvrir au monde, de découvrir l’autre, l’ailleurs, l’inconnu, en s’enrichissant soi-même.

élargie de la notion de culture en permettant un accès plus facile et direct à toutes les cultures autour d’une conception de la transmission très horizontale.

« La culture pour moi, c’est tout ce qui permet d’enrichir sa pensée, d’apprendre, de se nourrir intellectuellement, de mieux comprendre le monde qui nous entoure »

• Pour les conseillers, le Web agit comme un espace d’expression pour la culture amateur et de niche (sous-culture, culture des minorités, culture étrangère), peu présente dans les grands médias.

« La culture, c’est une manière de s’ouvrir aux autres »

« Ma culture, c’est les documentaires sur YouTube, mais aussi le visionnage de films et de séries étrangères en streaming »

« La culture, c’est la curiosité » Pour le Conseil, la notion de culture recouvre des domaines très variés et s’étend au-delà de la seule culture dite « classique ». « On peut trouver de la culture partout, dans un livre, une musique, un journal, la rue »

• Le Web se distingue également par une approche de la culture plus horizontale, notamment à travers les liens directs que tissent les réseaux sociaux et la possibilité d’une prise de parole plus authentique.

« La cuisine, la science, c’est autant de la culture »

« Je peux retrouver les photos d’artistes photographes sur Instagram »

Pour les conseillers, c’est notamment le digital qui accompagne cette définition

« Ma passion, c’est le dessin, alors je partage mes travaux, je regarde ceux des autres. Ça me met en lien

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avec d’autres personnes qui ont les mêmes centres d’intérêt » « Twitter est une bonne source d’inspiration, les artistes relayés par les autres me font découvrir des choses » « C’est surtout Facebook qui me permet d’accéder à la culture, car j’ai de nombreux amis dans le domaine de la littérature, du théâtre et beaucoup d’amis engagés dans des causes ou autres ; du coup, je découvre souvent sur Facebook des articles qui m’apprennent des choses » • L’évocation de la culture sur le Web se fait également à travers des tonalités variées et porteuses d’aspérités : sous l’angle critique de l’amateur éclairé ou sous l’angle passionné du fan par exemple. « Sur Internet, y a du débat, c’est vivant ! »


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

Au sein de l’offre culturelle actuelle, le Conseil a réaffirmé les genres et les types de programmes auxquels il est fortement sensible. • Les formats longs ou les programmations thématiques qui permettent une mise en perspective historique des enjeux actuels ou d’une époque. « Histoires d’une nation, c’était très intéressant, ça prenait le contrepied de tous les discours négatifs qu’on entend aujourd’hui sur l’immigration, j’ai appris plein de choses »

« J’aime bien les Summer of… sur Arte où on va suivre la mode, la musique, les films d’une époque comme les années 60 » • Le genre de la découverte, de l’évasion est particulièrement apprécié lorsqu’il permet de faire l’expérience d’autres civilisations, de cultures différentes dans un registre qui mêle humour et émotions. « Nus & Culottés, c’est décalé, ça change »

• Le Conseil plébiscite également les émissions musicales, notamment lorsque que celles-ci proposent des réinterprétations inédites. « Taratata, je regarde des extraits sur YouTube, il y a des duos, ils font parfois des reprises » – Mais certains regrettent ne pas toujours se sentir concernés par les genres et les artistes présentés. « Niveau musique, je me tourne plus vers W9 et CStar, qui proposent plus de musique urbaine et pop » • Les émissions de vulgarisation scientifique sont aussi particulièrement appréciées par les conseillers dont la génération a été très influencée par C’est pas sorcier, notamment quand ces formats incluent des expériences. « Les émissions de vulgarisation scientifique type C’est pas sorcier manquent beaucoup, c’est aussi une forme de culture »

© Nans et Mouts / Bonne Pioche

« On n’est pas des pigeons !, c’est cool, jeune et on apprend des choses » • Le Conseil a souligné son appétence envers les talk culturels lorsque ceux-ci intègrent une dimension critique comme clé d’entrée. Nus & Culottés

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« On n’est pas couché aborde les choses d’un point de vue critique, on peut se faire son avis »

LES ATTENTES DES CONSEILLERS À L’ÉGARD DE LA CULTURE SUR FRANCE TÉLÉVISIONS France Télévisions est jugé comme un acteur culturel légitime dont l’une des missions majeures est la promotion de la culture auprès de tous les publics. « C’est important que la télé amène les gens à la culture. Pour des personnes qui ne peuvent pas en bénéficier. La culture doit parler à tout le monde » « Sur France Télévisions, la culture est assez éclectique, on peut parler aussi bien de musique que de littérature » En ce sens, le Conseil encourage France Télévisions à aller plus loin dans ses propositions d’offres culturelles afin de toucher un plus large public tout en continuant à faire la promotion des cultures au pluriel. « Il existe de nouveaux artistes, de nouvelles manières de parler de culture, on ne s’adresse pas encore assez à nous » • Le Conseil attend que le groupe aille vers toujours plus de diversité culturelle et ne se fasse pas seulement le reflet de la culture classique, en élargissant le spectre des cultures et sous-cultures promues à l’écran. – Investir des domaines culturels moins présents à la télévision

© Nathalie Guyon / FTV

LES GENRES ET FORMATS CULTURELS PLÉBISCITÉS À LA TÉLÉVISION AUJOURD’HUI

comme la culture hip-hop, la culture geek (informatique, Web, jeux vidéo), la culture sportive. « La culture des jeux vidéo est totalement absente de la télé. Quand on connaît le nombre de joueurs de jeux vidéo en France, c’est un vrai manque » « Sur Viceland, ils sont allés chercher des rappeurs pour parler du 13 novembre, c’était fort » « La culture sportive, avec des archives » – Évoquer davantage les cultures des minorités issues de la

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diversité, notamment dans les domaines artistiques. « Je trouve qu’on ignore un peu les cultures des communautés étrangères vivant en France » « Pourquoi pas un Secrets d’histoire en Afrique ? » « Il faut apporter de la diversité dans tous les sens du terme » – Mieux représenter toutes les nuances du spectacle vivant. « Le théâtre de boulevard, ça n’est pas représentatif de la culture et ça fait vieux »


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

L’information à l’épreuve des fake news et les nouvelles façons de s’informer critique. « Sur YouTube, on parle de culture de manière moins verticale, à la télé on se sent inférieur »

© Bernard Barbereau / FTV

« Parler de cinéma à travers l’analyse de films comme Le Fossoyeur de films sur YouTube » « Voir ce qu’on ne voit jamais, avoir un accès backstage, aux coulisses » Les Victoires de la musique

• Le Conseil incite également France Télévisions à aborder la culture sous des formats et des angles plus variés et des incarnations renouvelées, afin de proposer des clés d’entrée différentes et ainsi s’adresser davantage à tous les publics. – En adoptant des formats à l’écriture neuve, qui puissent se marier avec un usage digital qui emprunte davantage aux codes actuels comme l’humour, le détournement. « On peut parler de culture de manière pas trop sérieuse » « Ça manque d’aspérités quand on parle de culture à la télé » – En optant pour un angle différent, un point de vue qui désacralise la culture, qui en dévoile par exemple les coulisses ou qui l’aborde sous l’angle de la

« Faire le pas de côté, s’infiltrer, voir en dessous » – Davantage impliquer le public, notamment dans le cadre des cérémonies comme les Victoires de la musique, par exemple. « Les Victoires de la musique on devrait pouvoir voter, c’est une compétition, là ça fait trop entre soi, ils font comme si on n’était pas là » – Par l’intermédiaire d’incarnations décalées, passionnées, rafraîchissantes, qui ont un point de vue. « Comme Édouard Baer sur France Inter » « J’aime bien Jimmy Fallon, c’est super, il est drôle, habité » – Et des rendez-vous récurrents autour de la musique ou du cinéma. « Une émission hebdomadaire, pas promo, mais qui met en valeur des artistes pas forcément très connus » « Une émission avec du débat, de la

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critique, une bande »

LES NOUVEAUX CONTEXTES DE L’INFORMATION

« Comme un On n’est pas couché mais spécialisé cinéma ou musique avec de l’humour, de l’autodérision »

Le digital influence fortement la manière de s’informer des conseillers.

« Ou une émission pédago sur le modèle de Faux Raccord ou du youtubeur Maskey »

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Le Conseil a désiré isoler trois recommandations issues de ses échanges autour de la culture :  Ouvrir la notion de culture en sortant de sa définition académique pour aller vers les cultures émergentes du gaming ou du hip-hop, de l’écologie et des nouvelles technologies, mais aussi en se tournant vers les cultures de la diversité.  Aborder la culture sous des angles variés et des formes neuves qui la désacralisent et facilitent son accès autour, par exemple, de formats de bandes, qui intègrent du débat, de la critique.  Envisager la culture de manière élargie comme ayant tout autant sa place au sein de formats de divertissement ou au sein de la fiction, notamment les séries.

• Pour les conseillers, la forte intégration de l’information et des réseaux sociaux tend à dessiner un environnement où l’actualité est présente partout, réactualisée en permanence. « Je m’informe principalement via les sites de franceinfo, LCI, parce que je suis leurs comptes Twitter et qu’ils apparaissent aussi dans mon fil d’actu Facebook » « Je ne vais pas à la recherche d’informations, mais l’information vient à moi, je vois apparaître des articles sur mes fils d’actualité et, si le titre m’intéresse, j’ouvre l’article et je le lis » • Les conseillers estiment que les nouveaux médias de type pure players sont plus accessibles et plus proches de leur façon de consommer l’information que les médias traditionnels, notamment parce qu’ils mêlent différents types de formats (articles, vidéos) et jonglent entre les registres, à l’image des fils des réseaux sociaux (entre actualité « sérieuse » et divertissement).

« Les atouts de Slate sont son format coloré et ses articles courts » « Le format de Brut est percutant, c’est dynamique » • Cependant, dans ce contexte où l’information est omniprésente, les conseillers ont parfois le sentiment d’être submergés face au flux et à l’accumulation d’informations dont il est difficile de faire le tri. « Sur Internet, on a l’impression d’être toujours en contact avec l’actu, il se passe toujours un truc, on ne sait plus ce qui compte vraiment ou non » Pour les conseillers, les marques d’information historiques apparaissent alors comme des repères au sein de cet écosystème. • Le Conseil demeure attaché aux marques d’information historiques à forte légitimité et qui sont pour eux gage de sérieux, et auxquelles ils peuvent faire confiance dans la livraison de l’information. « Sur France 2 et franceinfo, je sais que l’information est vérifiée. Je peux faire confiance »

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« Je préfère croiser l’information, mais j’ai tendance à faire confiance aux grands médias » • De plus, quand un événement important survient dans l’actualité, les conseillers expliquent avoir le réflexe de se tourner vers les médias traditionnels, en particulier la télévision, afin d’être en prise directe avec l’information, d’avoir le sentiment de communier autour de l’actualité. « J’allume ma télé quand il y a des événements un peu exceptionnels comme l’hommage à Johnny Hallyday, le mariage de Harry et Meghan ou, malheureusement, les attentats » • Les conseillers articulent pour la plupart leur consommation d’information entre deux types de médias qui se complètent. D’un côté, ils se tiennent au courant de l’essentiel de l’actualité grâce aux médias historiques, de l’autre, ils peuvent être amenés à approfondir certaines actualités en consultant des sources plus précises et principalement digitales.


Une année d’échanges avec les téléspectateurs : compte-rendu du Conseil consultatif des programmes

« Certains journalistes, dans leur manière de filmer, ne sont pas honnêtes. Sur les pompiers de Paris par exemple. Le journaliste va dire que la personne est en urgence vitale, alors que ce n’est pas le cas »

« Si un sujet m’intéresse vraiment, je vais alors chercher plus d’informations dans diverses sources »

• Un esprit critique, une vigilance qui trouve sa source notamment dans la remise en cause de l’indépendance des médias.

Mais, aujourd’hui, dans ce contexte, les entités émettrices d’informations sont davantage remises en question par le public.

« Je multiplie les sources d’info pour vérifier, c’est à moi de me débrouiller pour m’informer indépendamment »

« Je sais qu’il y a des risques que l’info soit orientée »

• Si les médias traditionnels restent légitimes aux yeux des conseillers, ces derniers ne les considèrent pas pour autant comme des entités omniscientes et ils développent une posture critique à leur égard, qui les conduit à questionner la fabrique de l’information.

L’INFORMATION À LA TÉLÉVISION Les conseillers se sont penchés sur les grands genres de l’information à la télévision et ont réaffirmé la place majeure de France Télévisions au sein de l’offre globale. Bien que sa valeur rituelle se soit affaiblie au sein des habitudes de visionnage des conseillers, le journal de 20 heures conserve en image sa valeur totémique qui fait encore de lui un rendez-vous audiovisuel important. • Pour les conseillers, le journal de 20 heures demeure un programme fort, un rendez-vous symbole du télévisuel. « Le journal de 20 heures a pour moi encore du sens, car c’est un rendezvous de la télé, je regarde au moins les titres »

« Les mots utilisés peuvent manipuler les informations, il y a une différence entre un “fou” et un “terroriste”, une différence entre un “héros“ et une “personne qui a fait un acte héroïque“ »

« Tout le monde sait qu’à 20 heures, il y a le JT, même quand on ne regarde pas la télé »

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• Aux yeux des conseillers, le journal incarne le ton de l’information d’une chaîne, la voix d’une rédaction. « C’est la vitrine de l’info d’une chaîne » • Il a fonction de synthèse en réalisant la somme condensée de ce qu’il faut retenir de l’actualité du jour. « Le journal de 20 heures, c’est la grand-messe qui rassemble en une trentaine de minutes un condensé de l’actualité du jour avec des grands formats, des feuilletons » « Je ne rate jamais les titres, si un sujet me plaît, je reste, sinon j’ai un aperçu de ce qu’il faut savoir » • Il permet, face au flux de l’actualité, de prendre du recul, le temps de comprendre, de digérer l’information. « C’est une pause dans le feu de l’actu » « C’est le principe de L’Œil du 20 heures. On prend le temps de comprendre un point d’actualité et c’est bien expliqué »

© Delphine Ghosarossian / FTV

« Les médias généralistes informent sur plein de choses et très souvent les sujets sont survolés, il est alors important qu’existent certains médias spécialisés qui prennent le temps de développer ces sujets avec un regard expert »

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moins lisse que celui du journal, un ton plus impliqué.

afin de se retrouver immédiatement face à l’actualité.

« Le JT avec un animateur assis et lisant un prompteur est aujourd’hui selon moi obsolète »

« Dans Cash, Élise Lucet s’engage complètement dans l’enquête. Elle monte au créneau et elle va chercher des réponses jusqu’au bout, quitte parfois à être un peu partiale »

« BFM, CNews, c’est des chaînes qui collent vraiment à l’actu. Dès qu’il y a un événement, ils sont sur les lieux »

« Pour moi, Le 19.45 de M6 est un rendez-vous plus court, plus jeune et avec des petits points explicatifs clairs sur la vie de tous les jours »

« Le week-end, j’aime bien regarder les formats pour approfondir un sujet, car j’ai enfin le temps ! Je vais souvent zapper sur Sept à Huit »

Pour les conseillers, les magazines d’information fonctionnent de manière complémentaire des journaux télévisés, en permettant au public d’approfondir certains thèmes d’actualité ou d’aborder des thèmes d’actualité plus « froids ». « Ça permet de mieux comprendre les enjeux, ou de découvrir ceux qui sont derrière les grands faits de l’actualité » Pour le Conseil, les magazines d’information traduisent la volonté de France Télévisions de proposer une offre d’information aux points de vue variés. • À travers l’enquête et l’investigation, les conseillers estiment que les magazines d’information proposent une information plus fouillée, restituée davantage dans sa complexité, et emploient un ton

• Les magazines d’information se distinguent également aux yeux des conseillers par leur faculté à mettre en valeur le journalisme à travers la mise en scène du travail d’enquête, des tâches de recherche, etc. « J’apprécie beaucoup de voir comment les journalistes travaillent dans Cash, il y a un côté réel, on est avec eux » Les conseillers entretiennent un rapport ambivalent aux chaînes d’info en continu qu’ils affectionnent pour leur réactivité vis-à-vis de l’actualité mais qu’ils ont, dans le même temps, tendance à mettre à distance pour leur penchant à la mise en tension permanente de l’actualité. • Le « réflexe » chaîne d’info en continu s’est installé chez les membres du Conseil dès qu’un événement important survient

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« Je préfère regarder franceinfo parce que c’est moins anxiogène que les autres chaînes d’information en continu. Ils prennent le temps de traiter les informations et savent prendre du recul, expliquer »

« Il m’arrive de regarder tout au long de la journée, par exemple pour suivre les manifestations des gilets jaunes »

À la croisée de l’information et du divertissement, les membres du Conseil plébiscitent le genre de l’infotainement.

• Cependant, face à une mise en tension parfois jugée artificielle de l’actualité, certains conseillers ont tendance à se détourner des chaînes d’info.

Lassés par les formats d’information classiques parfois jugés trop rigides, les conseillers apprécient de se tourner vers le genre plus hybride de l’infotainment qu’ils jugent plus accessible.

« C’est souvent caricatural, c’est du spectacle » « Souvent, ils ne prennent pas de recul sur les événements, ils traitent l’info de façon anxiogène, c’est assez stressant » Cependant, pour les membres du Conseil, franceinfo se distingue comme un contre-exemple dans le paysage des chaînes d’information en continu. • Unique chaîne d’info publique, franceinfo bénéficie aux yeux des conseillers de la légitimité, du sérieux et de la rigueur qu’on prête à l’audiovisuel public au sujet de l’information. « On sait que l’information délivrée est vérifiée, validée et donc de qualité »

© Charlotte Schousboe / FTV

• Cependant, le format du 20 heures apparaît encore un peu comme étant trop classique aux yeux de certains conseillers qui imaginent un format moins figé, plus libre.

Cash Investigation

« J’aime bien regarder franceinfo, qui me paraît plus proche de la réalité que les autres chaînes, comme BFM TV par exemple »

« L’équipe est jeune, dynamique. En plus ils sont debout et donc pas figés comme les présentateurs classiques »

• Selon les conseillers, franceinfo se distingue aussi en développant une mise en récit moderne de l’actualité constituée de formats à l’écriture digitale et d’incarnations rajeunies qui tranchent avec le traitement de l’information sur les autres chaînes.

• Contrairement aux autres chaînes d’information en continu, les conseillers soulignent sur franceinfo la tendance à faire preuve de moins de sensationnalisme autour de l’actualité, et à proposer une information davantage portée sur le décryptage que sur l’opinion.

« Franceinfo, ils diffusent des vidéos Brut »

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• Un genre qui propose une hybridité des formats au sein même du programme (chronique, édito, débat, humour, reportage, etc.) et qui mêle les registres et les thématiques. « J’aime beaucoup Quotidien, il y a de vrais reportages, on apprend des choses et en même temps il y a des humoristes par exemple » « Ils ont un ton plus léger que les JT, l’info passe mieux » « Dans Touche pas à mon poste !, ils parlent bien sûr de télé, mais ils abordent aussi des sujets de société plus sérieux »


© Nathalie Guyon / FTV

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• Notamment à travers des formats qui fonctionnent comme des making of du travail des journalistes.

LES ATTENTES DES CONSEILLERS EN MATIÈRE D’INFORMATION À LA TÉLÉVISION Pour les conseillers, France Télévisions représente un gage de qualité en termes de traitement de l’information. Cette confiance envers le service public se traduit aussi par une exigence plus élevée de la part du Conseil à l’égard de l’offre de France Télévisions. « Je fais plus confiance à France 2, France 3 et franceinfo pour l’info. C’est des chaînes du service public, elles doivent diffuser une info de qualité » Les membres du Conseil attendent que France Télévisions continue de mettre en avant et de développer des solutions pour répondre aux attentes de décodage et de vérification de l’information dans un contexte propice aux fake news.

• Les conseillers sont particulièrement sensibles aux initiatives de fact checking mises en place par les médias et notamment France Télévisions. « J’aime bien Désintox parce qu’ils traitent d’une fake news et démontrent pourquoi elle est fausse » « Je me sers d’AFP Factuel sur Twitter, un nouveau service de l’AFP pour lutter contre les fake news » • Dans ce contexte, le Conseil émet l’idée que France Télévisions puisse proposer une offre de fact checking accessible à tous, qui permette à chaque citoyen de vérifier par luimême chaque information sous la forme d’un moteur de recherche. « Créer une plateforme qui serait une sorte de Google du fake news, comme une sorte d’outil que l’on peut avoir sous la main »

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• Le Conseil propose également d’insérer au sein de l’offre d’information de France Télévisions un module de fact checking des discours tenus sur les antennes de France Télévisions par les invités politiques. « Un miniprogramme qui reprendrait les mensonges, les erreurs des invités d’On n’est pas couché ou de L’Émission politique » Dans ce contexte de méfiance à l’égard des journalistes et de mise en cause des médias, les conseillers proposent de davantage dévoiler, à destination du citoyen, les coulisses de la fabrique de l’information afin de faire acte de transparence, d’ouverture.

« Ce qui fait peur aux téléspectateurs, c’est que l’on n’a que l’info, on n’a que le travail fini, mais on ne sait pas comment c’est fait » « Je pense qu’il faudrait mettre en place un rendez-vous comme une sorte de making of, où on voit le journaliste à l’œuvre, comment il vérifie une information, pourquoi il choisit un angle plutôt qu’un autre » • Afin de corriger le hiatus qui peut exister entre le citoyen et le journaliste, le Conseil soutient la nécessité de rapprocher davantage les rédactions des citoyens en organisant des Rencontres de la presse localement, par exemple, ou en faisant intervenir davantage le médiateur de France Télévisions.

« Il y a un vrai travail à faire entre le journaliste et le citoyen. Il faudrait un médiateur entre les deux qui puisse répondre aux courriers, aux mails des citoyens et qu’il puisse ensuite dire aux journalistes : “J’ai été interpellé sur tel ou tel sujet” afin de les sensibiliser à ces causes » • Pour les conseillers, il est également impératif dans ce contexte que les formats d’informations s’adaptent au jeune public en investissant encore davantage les plateformes qu’ils utilisent et en adoptant ses codes et formats. « Ce qui est important, c’est le langage, il faut que ce soit accessible. Il faut se développer sur Snapchat et les stories Instagram, car c’est très utilisé pour les jeunes »

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Les conseillers ont souhaité mettre en avant trois idées issues de leurs échanges autour du thème de l’information :  Davantage dévoiler les dessous de la fabrique de l’information, le travail des journalistes dans un objectif de transparence et d’éducation aux médias.  Toujours proposer plus de moyens de fact checker l’information, de décrypter les faits, tout en exposant la pluralité des points de vue, afin de développer l’esprit critique du public à l’égard de l’actualité.  Compléter l’offre d’information de France Télévisions par des formats d’infotainment dont la forme hybride et le mélange des genres rendent plus accessible l’actualité.

« J’aimerais une info qui nous représente plus, qui donne plus la parole aux gens, qu’on puisse poser nos questions aux journalistes »

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Édité par la direction de la Communication de France Télévisions – Avril 2019 Présidente-directrice générale de France Télévisions et directrice de la publication : Delphine Ernotte Cunci Directeur général délégué aux antennes et aux programmes : Takis Candilis Directrice de la Communication : Ève Demumieux Directeur de la Stratégie des publics : Florent Dumont Directrice du Marketing relationnel : Chantal Neret Responsable Expérience clients – coordination du Conseil consultatif des programmes : Armelle Henri Assistée de Mathieu Brunier, chargé de Marketing relationnel Rédaction : Jean-Maxence Granier, Bertrand Horel, Florian Jésupret et Cassandre Sevestre de l’agence marques et médias Think Out Conception et réalisation : Studio France Télévisions En savoir plus sur le Conseil consultatif : ccp.francetelevisions.fr La Direction du Marketing relationnel et la Direction de la Stratégie des publics de France Télévisions tiennent à remercier tous les intervenants qui ont participé au projet et contribué à sa réussite : Jean Chrétien, adjoint au directeur délégué de franceinfo, Daniel Yadjian, responsable cursus intégration, Christophe Tortora, directeur de la rédaction, Alexandre Dureux, directeur adjoint à l’antenne et aux programmes, Catherine Lottier, directrice de la veille et de la prospective programmes, Michel Field, chargé de mission sur l’offre culturelle, Noémie Roussel, chef de projet numérique culture, Chrystelle Cotillard, responsable de l’unité de programmes Culturebox, Carole Pujol, responsable éditoriale pour france tv éducation, Nicolas Daniel, directeur des jeux, variétés et divertissements, Sened Dhab, directeur de la fiction numérique, Antonio Grigolini, responsable éditorial de france tv slash, Céline Limorato, responsable des programmes non linéaires jeux, variétés, divertissement. Ainsi que les animateurs et journalistes qui ont partagé un moment de convivialité avec les membres lors des déjeuners : Jamy Gourmaud, parrain de la promotion, Djamel Mazi, Adrien Rohard et Marianne Théoleyre, franceinfo, Mélanie Taravant et Sophie Jovillard, France 5, Jacques Cardoze et Flore Maréchal, France 2.

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