Stade 2

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ÉDITO

À 40 ans, dans le sport, on est déjà un vétéran. L’exception existe. Elle s’appelle Stade 2. L’émission hebdomadaire multisport reste la plus connue et la plus suivie par les téléspectateurs français. À quoi doit-elle ce succès exceptionnel et durable ? D’abord aux exploits enthousiasmants des sportifs français et du monde entier qui sont sa raison d’être. Dans Stade 2, tous les sports, tous les champions, hommes et femmes, ont eu ou auront la chance d’être mis en valeur. L’émission doit aussi beaucoup à la passion et à l’énergie qui ont toujours animé ses équipes. Des équipes désireuses de comprendre, d’expliquer, de valoriser et de fêter les champions sur les plus grands terrains de sport. Le slogan du groupe France Télévisions trouve ici son écho le plus juste. Et ces 40 ans, nous allons les fêter ! Dès le 8 novembre, Michel Drucker animera un Vivement dimanche prochain exceptionnel en compagnie de journalistes qui ont marqué l’histoire de Stade 2, comme Gérard Holtz, Laurent Luyat, François Brabant, Lionel Chamoulaud et Céline Géraud. Plusieurs grands champions et personnalités viendront témoigner de leurs souvenirs et de leur attachement particulier à cette émission emblématique. Et puis, jusqu’à la fin décembre, une série de programmes courts diffusée le week-end sur France 2 nous replongera au cœur des grands moments de l’émission. Nous finirons en apothéose, le dimanche 27 décembre, avec un Stade 2 spécial qui nous fera revivre « 40 ans d’émotions » en compagnie de quatre sportifs emblématiques des quatre dernières décennies : Bernard Hinault, Didier Deschamps, Roger Federer et Teddy Riner.

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DANIEL BILALIAN Directeur général adjoint en charge des sports de France Télévisions

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40 ANS TOP

VOIR LES GÉNÉRIQUES

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1975

1986

2001

2003


S

CHRONO !

1993

2000

2005

2013 5


SUR LE TERRAIN

40

ANS 6

1975-1985

Robert Chapatte

1985-1992 Gérard Holtz

2004-2005 Laurent Luyat

2004-2005 François Brabant


1992-1995 Patrick Chêne

1995-2000 Pierre Sled

2000-2003

2005-2008 Gérard Holtz

2008-2012 Lionel Chamoulaud

Depuis janvier 2013 Céline Géraud

Christian Prudhomme

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GÉRARD

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Figure emblématique du JT au début des années 1980, Gérard Holtz assure la présentation de Stade 2 de 1985 à 1992, puis de nouveau entre 2005 et 2008. Féru de courses automobiles, il couvre le Dakar à partir de 1994, ainsi que les 24 Heures du Mans. Il présente aussi tous les Jeux olympiques depuis 2002, et anime le Vélo Club lors du Tour de France.

Stade 2 a 40 ans. Que signifie pour vous cet anniversaire ? C’est un honneur absolu d’avoir dirigé et organisé cette émission. J’ai eu la chance de recevoir la Légion d’honneur en novembre dernier : mais d’une certaine façon, j’en avais déjà reçu une en 1985 quand Jean-Claude Eberlé, le PDG d’Antenne 2, et Christian Quidet, mon patron de l’époque, m’ont appelé pour me demander de présenter Stade 2. C’est un peu comme être sélectionné en équipe de France de football. Une sélection en tant que numéro 10 ; car être présentateur de Stade 2, c’est être une sorte de chef d’orchestre. Un orchestre formé de copains journalistes, chacun étant spécialiste dans sa discipline et jouant en soliste. C’est une émission qui a marqué des générations entières. Il n’y

en a pas eu tant que cela : Cinq Colonnes à la Une, ChampsÉlysées, Apostrophes… Stade 2 s’inscrit dans la lignée de ces émissions cultes. Que représente Stade 2 pour vous, comme téléspectateur et comme présentateur ? Une addiction. Combien de fois, comme des millions de gens, j’ai tout plaqué pour regarder l’émission ! Pour les résultats, pour les images, qu’avant on ne trouvait pas aussi facilement avec Internet. Et puis surtout pour les personnages, la bande à Chapatte. Robert Chapatte a inventé quelque chose d’extraordinaire qui a depuis été repris partout : dans Le Grand Journal, chez Laurent Ruquier ou Cyril Hanouna… Dans tous ces programmes, on retrouve ce concept : des personnalités diffé-

« Être présentateur de Stade 2, c’est être une sorte de chef d’orchestre. Un orchestre formé de copains journalistes, chacun étant spécialiste dans sa discipline et jouant en soliste. »

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Si j’étais... Un sourire ? Celui de Laura Flessel La fleurettiste guadeloupéenne a été capable d’avoir un visage de guerrière, de samouraï… Complètement crispé. Mais quand elle sourit, c’est l’un des plus beaux sourires du sport.

Une émotion ? Les larmes de Surya Bonaly Aux Championnats du monde de patinage artistique à Chiba au Japon, en 1994. Elle refuse de monter sur le podium et retire sa médaille d’argent.

Un podium ? Le premier titre européen d’un club français En 1993, le CSP Limoges de Richard Dacoury remporte la Coupe d’Europe des clubs champions de basket en battant le Trévise de Toni Kukoc.

Un sportif ? Jean-Baptiste Grange époustouflant Beaver Creek, février 2015. Après s’être classé 5e de la première manche des Championnats du monde de slalom, il réalise une seconde manche parfaite et reconquiert l’or mondial à la surprise générale.

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« C’est une table d’amis, qui rient et se chambrent. Comme au théâtre, chacun a un “emploi”. »

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rentes, réunies autour d’un chef d’orchestre, qui, par leurs dialogues, leur humour et l’information qu’ils délivrent, mettent de l’ambiance sur le plateau. C’est une table d’amis, qui rient et se chambrent. Comme au théâtre, chacun a un « emploi » : le rigolo, c’était Daniel Cazal ; l’accent du Sud, c’était Couderc ; le Titi parisien, c’était Thierry Roland. Le chat noir, c’était Richard Diot : à chaque fois qu’il allait sur un reportage, l’équipe perdait.

Nicolas Geay, Marie-Christelle Maury, Patrick Montel ou Arnaud Romera, nous avons eu au cours de ces dernières années des documents assez extraordinaires. Nicolas Geay, par exemple, est allé aux États-Unis rencontrer Floyd Landis, qui a avoué s’être dopé, et aussi en Afrique du Sud voir les anciens rugbymen frappés par la maladie de Charcot... Ce sont des sujets durs mais tellement informatifs qui m’ont beaucoup touché.

Y a-t-il une séquence de Stade 2 dont vous êtes fier ? Nous avons dans notre équipe de super reporters. Avec notamment

Quel invité vous a particulièrement marqué ? Il y en a eu tellement ! La rencontre avec Kareem Abdul-Jabbar, l’an-


cien pivot des Los Angeles Lakers, m’a vraiment bluffé. C’était pratiquement le meilleur joueur de basket au monde. Lorsqu’il est venu sur le plateau, il était obligé de se baisser pour entrer dans le studio. Je crois que c’était la première fois que je voyais un gars aussi grand et aussi sympathique. J’ai aussi eu la chance de devenir copain avec Björn Borg, ce qui m’a permis de réunir pendant Roland-Garros, sur le même plateau, Borg et McEnroe. Ils avaient pratiquement toujours refusé de se retrouver et de reparler de leur finale dantesque de 1980, à Wimbledon. Et nous, on a réussi ! Avec deux réactions extraordinaires allant de pair avec leur tempérament : Borg, très gentiment, disait bonjour à tous les cameramen, à la maquilleuse, aux journalistes… McEnroe, lui, est directe-

ment parti s’enfermer à clef dans la cabine de maquillage. Je suis allé toquer à la porte pour lui expliquer le déroulé de l’émission, il ne voulait rien savoir. Il voulait juste un Coca-Cola, le reste ne l’intéressait pas. Mais, sur le plateau, ils ont joué le jeu et ç’a été une très très belle séquence.

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Si j’étais... Un sport ? Le tennis L’un des rares sports que je pratique en amateur. Et aussi parce qu’avec Roland-Garros j’ai la chance de présenter le plus grand tournoi du monde sur terre battue.

Un sourire ? Celui de Ronaldinho Lorsqu’il est venu sur le plateau de Stade 2 en 2002. C’est un garçon charmant, souriant, et dont la gentillesse n’a d’égal que l’immense talent.

Un podium ? L’or olympique La médaille d’or de Teddy Riner aux JO de Londres, car il s’agit de la dernière qui manquait à son immense palmarès. Et aussi celle de Jeannie Longo, une Grenobloise comme moi, pour sa première médaille d’or olympique en 1996 à Atlanta.

Un trophée ? La Coupe Davis 1991 C’est le déclencheur des succès des équipes françaises, qui allaient rarement jusqu’au bout. Et ce sont les tennismen qui ont vraiment donné le la et ouvert la voie aux handballeurs champions du monde, puis à l’équipe de France de football.

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Le Grenoblois Laurent Luyat prend les commandes de Stade 2 en 2004 après avoir fait ses premières armes sur l’antenne locale de France 3 Alpes. Le public retrouve également cet inconditionnel de tennis et de football à la présentation de grands événements sportifs comme Roland-Garros, les Jeux olympiques, ainsi que Village Départ, le talk-show de France 3 qui suit le Tour de France.

40 ans. Que vous évoque cet anniversaire ? Stade 2 est l’une des plus anciennes émissions de la télé­ vision française avec Des chiffres et des lettres. Prendre part à l’aventure d’un programme qui existe depuis quarante ans est une chose rare et extraordinaire, que beaucoup peuvent nous envier. Mais, aujourd’hui, la façon de faire de la télévision a profondément changé. Auparavant, tout le monde attendait Stade 2 le dimanche pour connaître les résultats ou voir un but ou un essai. Désormais, les gens les ont en temps réel grâce à Internet. C’est donc une émission qui a su s’adapter à l’évolution de la société. La première chose qui me vient à l’esprit, c’est le générique de Bernard Parmegiani, celui avec ce chronomètre et cette musique unique. Avec Robert Chapatte, Thierry Roland et Roger Couderc, qui étaient un peu nos maîtres à tous.

Comment se sont déroulés vos débuts à Stade 2 ? Mon premier Stade 2, c’était le 24 juin 2001. Présenter un magazine mythique qu’on regardait étant enfant procure une impression assez particulière. Il y a eu beaucoup d’émotion, mais ça s’est très bien passé. J’arrivais de Grenoble, où je présentais le journal du soir depuis plusieurs années. J’ai ensuite rejoint le service des sports et l’émission Tout le sport. En prenant les rênes de Stade 2, en 2004, je n’ai reçu aucune consigne particulière. Sans doute parce que le présentateur n’est pas là pour être le spécialiste d’un sport en particulier. C’est davantage un chef d’orchestre qui doit mettre en valeur les sujets de son équipe. À la fin de l’émission, Charles Biétry, alors directeur des sports, m’a simplement dit que c’était bien. J’étais soulagé.

« Une émission qui existe depuis quarante ans est une chose rare et extraordinaire. »

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« C’était une époque où il ne semblait pas y avoir de limite. Il n’y avait pas ce filtre du politiquement correct qui nous aseptise souvent aujourd’hui. » Quels moments forts gardez-vous particulièrement en mémoire ? Je me souviens surtout de deux séquences, datant de mon adolescence. D’abord, quand Yannick Noah, qui venait de gagner Roland-Garros, est venu participer au Stade 2 spécial qui venait d’être mis en place dans la foulée. Toujours en 1983, mais cette fois sur le Tour de France, Thierry Roland, dans une interview d’après-course, pose une question en direct à Laurent Fignon : « À quel moment vous avez fait le trou, Fignon ? » Ce propos illustre l’esprit potache qui était propre à

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Stade 2. C’était une époque où il ne semblait pas y avoir de limite. Il n’y avait pas ce filtre du politiquement correct qui nous aseptise souvent aujourd’hui. Et puis, il y a le Stade 2 le plus dingue qu’il m’ait été donné de présenter. Nous sommes le 20 juin 2010, à l’occasion de la grève des Bleus à Knysna pendant la Coupe du monde de football. Nous détenions les droits, à cette époque. Après le match Italie–NouvelleZélande, je suis en plateau avec Emmanuel Petit, et c’est alors que se succèdent tous ces incidents : l’altercation entre Patrice


Evra et le préparateur physique, les joueurs qui font grève dans le bus, Raymond Domenech qui lit la lettre des grévistes, la démission d’un cadre de la fédération… Le conducteur de l’émission vole en éclats. Fabrice Colin, le responsable éditorial, reçoit en régie les images venant d’Afrique du Sud, et on les diffuse quasiment instantanément. Je les commente à chaud avec Emmanuel Petit, dont je vois le visage se décomposer en découvrant l’ampleur de la situation à Knysna. Il avait encore plein d’amis dans l’équipe de France et il ne comprenait pas : « Mais que font-ils ? Ils détruisent tout l’héritage des Bleus… » C’était fou.

nirs ; mais instinctivement, je revois Ronaldinho. Lorsqu’il faisait le bonheur du PSG, il était passé nous voir et avait été super sympa ! Je me souviens aussi des adieux de Richard Virenque en plateau. C’était un moment très émouvant. Tout comme une émission faite depuis Moscou, au cours de laquelle Teddy Tamgho avait été sacré champion du monde à Moscou en août 2013 et Marion Bartoli s’était confiée sur sa retraite anticipée. C’était un Stade 2 riche en émotions fortes. Parmi les moments gênants, il y a eu Raymond Domenech, en 2004, qui n’avait pas du tout apprécié mes questions et qui était reparti un peu furieux du studio.

De quels invités vous souviendrez-vous toujours ? En quelque 200 Stade 2, j’ai emmagasiné pas mal de souve-

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LIONEL


Si j’étais... Une balle ? La balle de golf En sport, c’est le projectile qui est lancé le plus vite. C’est aussi un objet qu’on peut personnaliser : une balle de golf appartient à un seul et même joueur. Contrairement à une balle de tennis, par exemple.

Un sourire ? Celui de Michel Platini Surtout lorsqu’il tirait les coups francs. On percevait toute la malice du personnage. Personne ne savait jamais de quel côté le ballon allait atterrir.

Un trophée ? La Coupe Davis 1991 Quand les Français soulèvent le saladier d’argent, ils mettent un terme à cinquante-quatre ans d’échec. Alors qu’en face il y avait quand même le duo Sampras-Agassi.

Un exploit ? Celui de Zidane À l’Euro 2004, au Portugal. Les Anglais mènent 1-0 contre la France lors du premier match. À quelques minutes de la fin, Zidane plante deux buts en trois minutes, un penalty et un coup franc, et nous assure la victoire. C’était incroyable !

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Commentateur de Roland-Garros aux côtés d’Arnaud Boetsch, Lionel Chamoulaud a débuté sa carrière en tant que spécialiste de Formule 1 dans les années 1980. D’abord joker de Gérard Holtz, il devient présentateur de Stade 2 de 2008 à 2012. Il assure également la présentation des directs lors des Jeux olympiques. Stade 2 a 40 ans. Quel est votre sentiment immédiat ? Chapeau ! Au départ, ce n’était pas évident que Stade 2 devienne l’une des plus anciennes émissions de la télévision française. Ça me touche beaucoup que l’héritage de Robert Chapatte perdure. Je ressens aussi une grande fierté d’y avoir participé quasiment depuis le début. J’avais 21 ans, je pensais que j’allais rester deux mois puisque c’était à l’occasion d’un stage d’été. J’ai très vite ressenti une affinité, une proximité particulière avec ces journalistes alors que je ne les connaissais pas. Un mélange d’admiration et aussi de connivence. Que représente Stade 2 pour vous ? J’avais l’envie absolue de ne jamais rater la diffusion parce que j’étais passionné de sport, d’images de sport, de résultats… J’étais aussi séduit par l’atmosphère décontractée de l’émission. Je me suis rendu compte que sourire, s’envoyer des vannes ou faire des jeux de mots n’exclut absolument pas

la rigueur, la précision dans l’information, dans la syntaxe... C’est une rédaction avec tellement de talents ! Professionnellement, je me suis imprégné de leurs qualités, de leur façon de faire. J’ai commencé par remplacer Gérard Holtz, Patrick Chêne, quand il faisait le Tour, ou, l’été, Pierre Sled assez souvent aussi. J’étais très fier quand on m’a proposé la présentation en tant que titulaire : j’ai ressenti une forme d’accomplissement. J’ai tellement grandi avec cette émission, je la connais tellement dans ses moindres recoins, qu’il y avait presque une sorte d’évidence professionnelle. Et cela m’a touché quand Daniel Bilalian et François Brabant m’ont proposé de prendre la responsabilité et la présentation de l’émission. Quels moments forts de l’émission sont pour vous indélébiles ? Ceux que le téléspectateur ne voit pas. Ma grande fierté, c’est d’avoir participé à des émissions où l’on a improvisé, où l’on a mis à la fin ce qui était prévu au début. Ça donne

« S’envoyer des vannes ou faire des jeux de mots n’exclut absolument pas la rigueur, la précision. »

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« Ma grande fierté, c’est d’avoir participé à des émissions où l’on a improvisé. » le frisson. Parfois, on s’installait, le générique partait… et on ne savait pas ce qu’on allait faire parce que des choses étaient en train de se jouer ailleurs. Par exemple, l’affaire des paris truqués au handball : je me souviens que les hand­balleurs de Montpellier ont été interpellés à leur sortie du match à Coubertin, pendant l’émission. Et là, où va-t-on ? À Coubertin ? On a l’info ou pas ? Carlo Ancelotti, notre invité, était stupéfait : « Whaou ! c’est un truc compliqué que vous avez fait là ! » On a l’habitude, car on travaille tout le temps en direct, donc on sait gérer nos émotions. Autre exemple. Au milieu des années 1990, on avait fait un pari

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insensé avec Patrick Chêne à propos de la ville qui serait désignée pour organiser les Jeux de l’an 2000. Ça pouvait être Pékin, Sydney ou une ville europénne. Et on voulait faire Stade 2 depuis cette ville. Donc en attendant la décision du CIO, on est allés à Singapour afin d’être à égale distance de Pékin, Sydney et de l’Europe. Quand on a su que ce serait Sydney, on a pris l’avion le vendredi matin. C’était fou car on a eu deux jours pour faire l’émission ! Mais on a eu beaucoup de chance. L’équipe australienne de rugby, championne du monde en titre, a accepté de tourner quelques séquences devant l’opéra ! Le week-end se déroulait


la finale du rugby à 13, le plus gros événement sportif qui existe là-bas, et nous n’étions pas accrédités. On s’y est rendu au culot. Sur place, je tombe sur un cadre de la communication du rugby à 13. Il avait vécu et entraîné en France, et il nous a fait entrer sans problème. À la mi-temps, nouveau coup de chance : Tina Turner tournait un clip et elle a accepté aussi de nous parler. On se disait : « C’est pas possible que ça se goupille aussi bien ! » C’est ce que je retiens de Stade 2 : une émission qui a la « baraka » et qui est capable de prouesses techniques, d’improvisations, de changements de programme, de réactivité… On peut le faire, car on traite le direct tout le temps, en permanence. Si vous ne deviez retenir qu’un invité ou une interview… Celle de Laurent Fignon, notre

consultant cyclisme, quand il est venu parler de sa maladie sur le plateau. C’était une interview assez lourde sur le plan émotionnel. Il était très direct. Il n’attendait pas d’apitoiement ou de compassion de la part de qui que ce soit. Il m’était déjà arrivé de devoir gérer des choses comme cela à l’occasion du décès de Jean Mamère. Ça fait déjà plus de vingt ans qu’il n’est plus avec nous. Il était très jeune (44 ans) et c’était la veille d’un Stade 2 que je présentais. À tel point que quand on a fait les sujets sur lui, sur les bons moments qu’on avait vécus ensemble, j’ai demandé à toute l’équipe de venir voir les images avant pour ne pas avoir trop d’émotion sur le plateau. Il était vraiment l’ami de tout le monde. Il fallait quand même faire l’émission et être capable de gérer ses émotions.

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E N I L É


En quarante ans, elle est la seule femme à avoir pris les rênes de Stade 2. Ancienne judoka de haut niveau (vice-championne du monde en 1986), Céline Géraud intègre le service des sports de France Télévisions en 1993. Après avoir participé à la couverture de plusieurs grands événements, elle succède à Lionel Chamoulaud à la présentation de Stade 2 en janvier 2013.

40 ans. C’est un anniversaire rare pour une émission de télévision… C’est la preuve qu’elle a su évoluer. Elle a connu plusieurs retouches mais pas de révolution. Elle n’a pas perdu son âme, celle insufflée par Robert Chapatte et son équipe. C’est un véritable exploit aujourd’hui, quand on voit toutes ces émissions qui cherchent à suivre la mode ou à changer de formule en permanence. Stade 2 a traversé les époques en gardant « la table » c’est-à-dire les chroniqueurs. Nous sommes passés dans l’ère de l’instantanéité, de l’hyperinformation et des réseaux sociaux, mais on a su garder notre signature. Stade 2 reste, et j’en suis très fière, le seul magazine hebdomadaire omnisports du PAF et conserve ce côté « vintage » sympa tout en accompagnant le virage numérique et digital. Que représente Stade 2 pour vous ? En tant que téléspectatrice, c’est l’émission qui a bercé mon

enfance, avec laquelle j’ai grandi. C’était le rendez-vous incontournable de tous mes dimanches d’enfant, je me dépêchais de finir mes devoirs pour être à 18 h 30 devant le poste. Plus tard, quand on m’a proposé de présenter l’émission, ç’a été à la fois un honneur et un challenge permanent. On ressent le poids de l’héritage et la mission de perpétuer « l’esprit Stade 2 » chaque semaine, avec de l’engagement, de l’exigence et beaucoup d’énergie. C’est aussi un travail d’équipe que je suis fière de pouvoir incarner tous les dimanches. Quelle séquence forte en émotion retenez-vous ? Les adieux en direct de Roger Couderc, l’un des 4 Fantastiques (avec Robert Chapatte, Daniel Cazal et Thierry Roland), lors du match France-Pays de Galles du Tournoi des V Nations, en mars 1983. Le départ de « la » voix du rugby a marqué la fin d’une époque, d’autant que ça coïncidait

« Stade 2 a traversé les époques en gardant “ la table ”, c’est-à-dire les chroniqueurs. »

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Si j’étais... Un sport ? Le judo C’est mon sport de prédilection. Je continue de le pratiquer. J’ai passé mon 6e dan l’année dernière. Ce sport m’est toujours aussi utile, notamment au bureau, avec mes collègues.

Un podium ? Le skicross olympique C’était aux JO de Sotchi. À la fin de la course, les Français ont décroché les trois premières places. Depuis, tout le monde les appelle les triplés.

Un exploit ? Une course folle La finale du 4 x 400 m féminin aux championnats d’Europe d’athlétisme à Zurich en 2014. La France est quatrième, loin derrière la Russie, l’Ukraine et la Grande-Bretagne. Mais, dans un dernier relais incroyable, les Bleues font leur retard et arrachent la première place.

Un présentateur sportif ? Robert Chapatte J’ai commencé à regarder Stade 2 en 1975. J’avais 7 ou 8 ans. Pour moi, c’était hallucinant de voir Robert Chapatte et son équipe annoncer autant de résultats de sport. Il reste le maître incontesté. Le véritable gardien du temple, c’est lui.

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« C’est ça aussi Stade 2, c’est Jonah Lomu, la légende, et Amane Draméra, l’anonyme, c’est tous les sports et tous les sportifs. » avec le moment où je m’apprêtais à entrer en sport-études. Et depuis que vous êtes passée à la présentation ? L’interview de Jonah Lomu en octobre 2013. Le légendaire ailier des All Blacks était venu sur le plateau alors qu’il était très malade et souvent en dialyse. Il avait vraiment l’air fatigué mais, quand le générique est parti, la lumière dans son regard s’est allumée et il a été hyper pro. Nous avons senti après coup que ça lui avait demandé un gros effort. Ce dimanche-là, nous recevions également François

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Cluzet, pour son film En solitaire sur le Vendée Globe, et ils avaient été très complices. Au-delà de l’interview, l’échange inattendu survenu entre le rugbyman et l’acteur était très fort. Je me souviens aussi des retrouvailles entre Laure Manaudou et Philippe Lucas, le 12 octobre 2014. Ils ne s’étaient pas réellement revus depuis leur brouille, même s’ils avaient quelque peu correspondu. C’était émouvant parce qu’il était content de la revoir et elle, de son côté, était comme une petite fille avec son père. On sentait un peu de pudeur entre eux,


au milieu des remarques taquines. Nous nous étions arrangés pour qu’ils ne se voient pas avant d’être sur le plateau, on avait vraiment créé l’événement. Nous avons aussi vécu un moment très fort à l’occasion d’un reportage de Fabien Lévêque sur le calvaire des footballeurs africains, à qui certains agents promettent monts et merveilles, mais qui finissent SDF. Amane Draméra, un jeune footballeur malien que l’on voyait dans le sujet, était sur le plateau ; quand je reprends la parole après le reportage pour lui demander où il en est actuellement, il s’effondre complètement ! Le fait de se revoir, de revivre son échec et celui d’autres jeunes lui revient en boomerang ! C’était très dur, mais l’histoire a connu un dénouement heureux. Thierry Braillard, le secrétaire d’État chargé des Sports, se

trouvait aussi sur le plateau et… je l’ai appris il y a très peu de temps, lui a trouvé un travail dans le bâtiment ainsi qu’une place dans un club amateur de la banlieue lyonnaise. C’est ça aussi Stade 2, c’est Jonah Lomu, la légende, et Amane Draméra, l’anonyme, c’est tous les sports et tous les sportifs.

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AUTOUR DES 40 ANS

LES PROGRAMMES

STADE 2, 40 ANS D’ÉMOTIONS

LES PROGRAMMES COURTS Les samedis et dimanches à 20 h 40 du 7 novembre au 27 décembre 2015 sur France 2 16 programmes courts évoqueront, à l’occasion des 40 ans de Stade 2, les moments marquants de l’émission, de 1975 à nos jours, grâce à des images d’archives et de beaux témoignages.

STADE 2, 40 ANS D’ÉMOTIONS

L’ÉMISSION SPÉCIALE

Dimanche 27 décembre 2015 à partir de 17 h 25 sur France 2 À l’occasion de cet anniversaire, Céline Géraud reviendra sur 40 ans de sport et d’émotions en compagnie de quatre des plus grands champions des années Stade 2. Bernard Hinault, Didier Deschamps, Roger Federer et Teddy Riner évoqueront chacun leurs souvenirs de carrière et leurs impressions sur les grands moments qui ont marqué leur décennie de succès. Images d’archives à l’appui, Céline Géraud fera revivre aux téléspectateurs les séquences mémorables qui ont fait la légende de Stade 2 depuis son lancement, le 28 décembre 1975.

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SPÉCIALE 40 ANS DE STADE 2

VIVEMENT DIMANCHE PROCHAIN

Sur son célèbre canapé rouge, Michel Drucker recevra plusieurs des journalistes emblématiques de Stade 2, dont notamment François Brabant, Lionel Chamoulaud, Céline Géraud, Gérard Holtz, Laurent Luyat, Jean-Paul Ollivier, Christian Prudhomme, qui seront accompagnés d’invités exceptionnels comme Pierre Albaladejo, Philippe Candeloro, Nicolas Canteloup, Christian Constant, Tony Estanguet, Luis Fernandez, Jean Gachassin, Marie-José Pérec et Bernard Pivot. (Sous réserve de modification)

LIVRE

Dimanche 8 novembre 2015 à partir de 18 h 30 sur France 2

STADE 2, 40 ANS D’ÉMOTIONS

Écrit par Lionel Chamoulaud avec Bruno Godard (éditions Solar) Stade 2, le rendez-vous de tous les passionnés de sport, fête ses 40 ans ! Structuré par grandes périodes correspondant aux différents présentateurs de l’émission, ce bel ouvrage, magnifique album souvenir concocté par Lionel Chamoulaud, retrace à la fois 40 années d’émission racontées de l’intérieur et aussi 40 ans de sport. Toutes les figures mythiques de Stade 2 (Robert Chapatte, Gérard Holtz, Daniel Cazal, Pierre Fulla, entre autres) se mêlent aux grands sportifs français et internationaux invités en plateau et qui ont fait l’actualité sportive de ces 40 dernières années.

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CONTACTS PRESSE Jennifer Armand 01 56 22 22 90 jennifer.armand@francetv.fr Fanta Traoré 01 56 22 50 77 fanta.traore@francetv.fr

Édité par la direction de la communication – Novembre 2015 Présidente-directrice générale de France Télévisions et directrice de la publication : Delphine Ernotte Cunci Directrice de la communication de France Télévisions : Nilou Soyeux Directrice de la communication de France 2 : Chantal Neret Directeur délégué au Studio : Éric Martinet Responsable du service rédaction : Béatrice Dupas-Cantet Responsable éditorial : Gaël Nivollet Rédaction : Amandine Deroubaix, Yannick Sado et Gaël Nivollet Secrétariat de rédaction : Bénédicte Mielcarek et Pierre-André Orillard Responsable du service PAO : Nathalie Autexier Directeur artistique : Philippe Baussant Conception et réalisation : Antoine Vu Dinh Khiem Responsable du service photo : Violaine Petite Coordination photo : Sandra Roussel Crédit photo : Nathalie Guyon / FTV Iconographes : Meije Randetti et Joseph Delahaye

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