Château de Versailles : le jardin - Garden of Versailles Palace

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tout le monde

DEHORS !

Avril 2020


Promenade au fil de l’eau. Ce magazine n’a d’autre ambition que celle de vous emmener dans les jardins du Château de Versailles pour y faire une promenade des plus agréables.

Les bosquets ne sont pas ouverts au public tous les jours. Pour y accéder accompagné de musiques mais sans les jets d’eau choisissez un jour avec « Jardins Musicaux ». Pour faire une visite royale en musique et avec tous les jets d’eau venez un jour de « Grandes Eaux Musicales » soit en journée soit en nocturne.

Ce n’est ni un guide touristique ni un livre sur l’histoire des lieux ; seulement quelques photographies dans une mise en page artisanale accompagnées de commentaires courts.

Les dieux, déesses et autres héros mythologiques qui ont élu domicile dans les bosquets, bassins et fontaines vous attendent depuis plus de 300 ans ; ne les faites pas attendre davantage et partez maintenant à leur rencontre.

L’eau sera notre fil conducteur, au hasard de nos découvertes, sans tenir compte de toutes les recommandations énoncées par Louis XIV qui avait fait un programme de visites.

Bonne promenade.

Ces jardins sont beaux toute l’année, différents d’une saison à l’autre, d’un jour à l’autre.

Grandes eaux, quand le ciel s’en mêle !

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André LE NÔTRE, Le bon génie du jardin.

Détail portrait d’André LE NÔTRE. (1613 Paris – 1700 Paris) Carlo MARATTA. Huile sur toile en 1679. Château de Versailles.

Jardinage en famille

L’apogée pour Louis XIV

André nait en 1613 dans une famille de jardiniers, son grand-père et son père sont jardiniers aux Tuileries pour le roi. Sa mère, son parrain, sa marraine sont également issus de familles de jardiniers. Son épouse Françoise Langlois sera l’exception, elle est la fille du gouverneur des pages de la Grande Ecurie du roi.

Le frère de Louis XIII lui confie la réalisation des jardins de St Cloud et du Luxembourg, il a alors 22 ans. Ensuite il ne s’arrête plus de « jardiner ». A Vaux le Vicomte il travaille avec Le Vau (architecte) et Le Brun (peintre) jusqu’à l’arrestation de Nicolas FOUQUET. Au service de Louis XIV, en 25 ans il fait du jardin du château de Versailles le plus beau jardin à la française jamais réalisé. Parterres de dentelles, bassins, fontaines, bosquets sont aujourd’hui comme il les a créés, avec leurs sculptures vivantes sous l’effet des jets d’eau. On commence la visite ?

Elève de grands maitres A l’âge de 7 ans, André commence son apprentissage : six ans d’études du dessin dans l’atelier de Simon VOUET (peintre du roi Louis XIII). Puis il étudie la sculpture. C’est avec François Mansart qu’il apprend l’architecture.

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Suivons les conseils de Louis XIV, commençons notre promenade dans le jardin du château de Versailles par le parterre d’eau, nous sommes au milieu de la façade ouest au plus près du mur. Ici commence notre première leçon de « jardinage », au programme symétrie, ordre, mise en valeur du jardin et glorification de Louis XIV. Rien n’est laissé au hasard, tout est calculé. Tout à une histoire, la mythologie romaine est mise au service du roi; nous allons essayer de retrouver les clés pour comprendre ce qui nous est donné à voir.

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Une grande étendue plate nous apparait en premier. Deux grands bassins de forme rectangulaire, identiques, symétriques occupent l’espace. Des statues sont judicieusement installées aux points géométriques les plus significatifs de ces deux bassins, là encore on remarque une symétrie dans la répartition et les silhouettes des statues. Ces deux bassins (nord, sud) sont de vrais miroirs qui captent la lumière du soleil et la reflètent dans la galerie des glaces située juste au-dessus.

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Les statues, figures allégoriques, représentent les fleuves et certaines rivières de France, des nymphes ainsi que des enfants associés à des Amours. Les quatre français Louis

fleuves sous XIV (Seine,

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Loire, Rhône et Garonne ; le Rhin n’en fait pas partie) sont représentés par des hommes. Quatre jeunes femmes représentent des rivières. Fleuves et rivières sont facilement repérables, les personnages sont appuyés sur au moins une jarre d’où s’écoule de l’eau, symbolisant la source. Hommes et femmes sont presque allongés, les références aux représentations de fleuves dans l’Antiquité Romaine sont très fortes, c’est la source majeure d’inspiration des


artistes du XVIIe siècle à Versailles. Les nymphes elles aussi allongées ne disposent pas de jarre symbolisant la source, attribut réservé aux fleuves et aux rivières.

Tous les personnages adultes sont couchés seuls les enfants et les Amours de petite taille sont debout. Aucune statue ne vient obstruer la vue, la perspective est complète.

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Depuis la façade du château vous ne pouvez pas voir le prochain bassin ; il est temps maintenant de s’avancer vers l’ouest en suivant la course du soleil pour le découvrir.

alimenter les fontaines et bassins en contrebas. Les installations hydrauliques sont celles d’origine ou restaurées comme à l’origine, certains tuyaux en fonte portant la fleur de lys sont toujours en place depuis plus de 340 ans.

En marchant sur l’esplanade que constitue le Parterre d’Eau vous ne pouvez pas soupçonner que sous vos pieds se cachent trois énormes réservoirs (3400m3) enterrés destinés à

Les toutes premières conduites étaient en bois, pas assez résistantes à la pression de l’eau elles furent remplacées par des tuyaux en grès puis en plomb et finalement à partir de 1672 par des conduites en fonte d’un mètre de longueur. Nouvelle technique qu’il fallut mettre au point et que Colbert fit développer et industrialiser.

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Sur le Parterre d’Eau, en s’éloignant du château, soudain, à vos pieds, comme une apparition voici que s’offre à vous la Grande Perspective, qui traverse le jardin et le parc suivant un axe Est-Ouest comme la course du Soleil. 14


Vous découvrez le Bassin et le Parterre de Latone, l’Allée Royale avec ses sculptures et son Tapis Vert, le Bassin d’Apollon, le Grand Canal et enfin l’Etoile Royale située à environ 3km de vous. Pour l’Axe Est-Ouest au complet ajoutez 15 le Parterre d’Eau.


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Jupiter n’est pas un mari fidèle. Lorsque Junon, son épouse, apprend qu’il est le père des futurs enfants de Latone elle condamne cette dernière à errer éternellement sur terre. Latone donnera naissance à des jumeaux, Diane et Apollon. Sa fuite sans fin conduit Latone et ses enfants en Lycie (Turquie actuelle). Un jour, assoiffé, au bord de l’épuisement le trio arrive à proximité d’un étang aux

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eaux limpides où des paysans s’affairent, occupés à couper des joncs, à ramasser des algues. Latone s’apprête à donner à boire à ses enfants et à se désaltérer mais sur ordre de Junon, les paysans l’en empêchent. Pour rendre l’eau imbuvable ils vont dans l’étang, remuent la vase et transforment l’eau limpide en une eau boueuse, non potable.


Furieuse, Latone jette une malédiction sur tous les paysans qui ont pollué l’eau l’empêchant de boire. Ils sont condamnés à vivre dans les eaux boueuses de leur étang. Immédiatement les uns après les autres ils sautent dans l’étang, s’ébattent, se transforment au fur et à mesure en grenouilles, lançant des insultes à Latone.

Dans ce bassin vous assistez à la métamorphose de ces paysans en batraciens sous les yeux de Latone, d’Apollon et de Diane. Les jets d’eau émis par les paysans sont la représentation de leurs insultes et cris ; ces jets dirigés vers Latone ne l’atteignent pas, ils retombent à ses pieds.

La morale de ce conte mythologique transformé en fable écologique contemporaine pourrait être : si vous polluez l’eau, vous serez punis.

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Ne cherchez pas de dieux dans cet amphithéâtre, ils sont ailleurs. C’est une muse qui vous attend et va vous inviter à danser. A peine entré, avant même d’avoir admiré ce qui vous entoure, vous avez envie de bouger, votre corps vous échappe, vos bras esquissent des mouvements souples et lents, vos jambes marquent le tempo de la musique baroque de Jean-Baptiste Lully, JeanMarie Leclair et Jean-Philippe Rameau. Vous effectuez quelques pas de danse, prenez la main des personnes qui vous

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accompagnent et ensemble vous laissez le rythme et la musique vous envahir de bonheur. Cet effet magique qui vous rend heureux est dû à Terpsichore la muse de la danse et de la poésie, amie d’Apollon. Avant de quitter ce lieu enchanteur prenez le temps de regarder la cascade semi-circulaire composée alternativement de quatre, sept et huit étages ornés de pierres meulières attachées par des fils de cuivre et de coquillages de la mer Rouge et de


l’océan Indien. Des gradins de verdure complètent l’amphithéâtre. Des vases dorés et des candélabres (qui rappellent ceux de la Galerie des Glaces) structurent l’ensemble. Vous vous imaginez en costume de bal dansant en compagnie du roi et de la cour.

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Le péristyle circulaire tout en marbre, avec ses colonnes à chapiteau ioniques fait penser à un amphithéâtre romain. Les cinq marches sont comme des gradins. Sans le vouloir vous êtes déjà dans l’arène, vous n’êtes pas spectateur mais acteur. Au centre, un combat se déroule sous vos yeux. Plus vous vous rapprochez plus vous allez y participer. Trois personnages, deux femmes et un homme, se battent dans un mouvement elliptique ascendant. Ils ne se regardent pas. Trois bas-reliefs sur le socle cylindrique complètent la scène. Une première scène montre une jeune femme occupée à cueillir des fleurs entourée de deux autres femmes, figées dans une position de peur. La seconde scène montre des Amours dont l’un a déjà envoyé sa flèche vers un homme barbu tenant une jeune femme, tous deux sur un char tiré par deux chevaux. Une autre jeune femme semble vouloir retenir l’homme. La dernière scène montre une femme portant deux flambeaux allumés, montée sur un char tiré par deux dragons ailés. Deux hommes tenant chacun un flambeau allumé courent derrière le char. Vous venez d’assister à l’enlèvement de Proserpine par Pluton, dieu des Enfers.

Proserpine accompagnée de nymphes cueille des fleurs. Pluton reçoit une flèche de Cupidon et tombe amoureux d’elle. Il l’enlève et l’emmène chez lui, c’est-à-dire aux Enfers. Cérès (déesse de l’agriculture, des moissons, de l’été) la mère de Proserpine part à sa recherche. Finalement Proserpine pourra quitter régulièrement les Enfers pour retrouver Cérès sa mère. Lorsque Cérès retrouve sa fille la terre donne de bonnes récoltes, le reste du temps la terre ne produit plus rien : c’est le rythme des saisons.

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Dans ce bosquet il n’y a pas un seul arbre, pas d’herbe ni fleurs, que de la pierre. Tout autour de la statue centrale les témoins de l’enlèvement de Proserpine sont nombreux mais pas un n’est concerné par le forfait de Pluton. La clé de chaque arche est recouverte d’un mascaron, visages en haut relief de femmes, d’hommes, de faunes ceints de végétaux. Dans les écoinçons, à la jonction de chaque arche à l’aplomb de la colonne, se trouve un haut relief représentant des angelots joyeux, s’amusant, jouant de la musique... Proserpine ne peut compter que sur sa mère pour la secourir.

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c’est l’été !

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Cérès est heureuse elle est donc généreuse avec la Terre et donne de belles récoltes. Le bonheur de Cérès fait le bonheur des Hommes.

Les moissons ont été bonnes, il y a des céréales en abondance. Des gerbes de blé tapissent le sol. Il y aura suffisamment de farine pour faire le pain pendant toute une année et nourrir toute la population du pays.

Si Cérès est heureuse cela signifie que sa fille Proserpine est sortie des Enfers pour la retrouver.

Une femme vêtue à la romaine, le sein droit nu, est allongée sur des gerbes de blé, le front ceint d’une généreuse couronne d’épis de blé, c’est Cérès déesse de l’agriculture, des moissons.

Dans les quatre bassins des saisons, les saisons chaudes sont figurées par des femmes, les saisons froides par des hommes. Fêtons la fin des moissons, fêtons l’été avec Cérès.

Trois Amours, tête nue, jouent.

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Une généreuse couronne de feuilles de vigne et de grappes de raisin sur la tête un jeune homme est assis au centre du bassin contre une grande jarre posée sur une estrade circulaire. Il tient dans chaque main une énorme grappe de raisin. Il est accompagné de quatre personnages au physique étonnant. La tête, les bras et le tronc correspondent à l’anatomie

d’un enfant mais les membres inférieurs sont des pattes de bouc. Une cordelette ceint leur tête et maintient quelques feuilles de vigne et de petites grappes de raisin. Ils sont affalés, appuyés sur des grappes de raisin, endormis, leurs ventres bien arrondis indiquent qu’ils ont bien mangé. Apparemment ils n’ont pas fait que manger, l’un deux tient une coupe ; ils ont également beaucoup bu, ils sont ivres.

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l’automne

C’est Bacchus qui règne sur ce bassin, entouré de quatre jeunes Satyres, au milieu des grappes de raisin. Bacchus (Dionysos en Grèce) figure de la mythologie romaine apprend aux hommes à cultiver la vigne.

Dieu du vin et de l’ivresse il symbolise l’automne, la saison des vendanges.

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l’hiver Des coquillages vides jonchent un socle cylindrique bordé de stalactites. Un Amour actionne un soufflet pour attiser un feu imaginaire. Un autre Amour cache son visage derrière un masque, pour évoquer la fête de carnaval. Il fait froid nous sommes en janvier ou février, c’est l’hiver. Un vieillard barbu ailé tient contre lui une grosse pierre enveloppée dans un tissu, voici Saturne (Cronos en Grèce).

Pour ne pas être détrôné par ses enfants, Saturne applique une mesure radicale : il les dévore à leur naissance. Son épouse Cybèle vient de donner naissance à Jupiter, pour lui éviter d’être dévoré par son père elle offre à Saturne non pas son fils mais une pierre enveloppée dans un lange. Le subterfuge fonctionne, Saturne va avaler la pierre ; plus tard il sera chassé du ciel par son fils Jupiter. On n’échappe pas à son destin.

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Flore (ou Flora) est la déesse de la fertilité agraire à l’origine de la vie. C’est par sa grâce que les végétaux fleurissent, permettant aux abeilles de créer le miel et surtout de polliniser les fleurs qui pourront produire des fruits et ainsi nourrir les humains et les animaux. Dans la Rome Antique elle était fêtée durant cinq jours en avril, les Floralies, c’est le renouveau de la nature après l’hiver.

Aujourd’hui encore les floralies sont des évènements consacrés aux expositions de fleurs. Au centre du bassin vous admirez une jeune femme, les seins nus, les cheveux tressés et agrémentés d’un diadème de fleurs, allongée sur un lit de fleurs. Quatre Amours complètent le groupe. Ils jouent avec une guirlande de fleurs. L’un d’eux et Flore regardent en direction du soleil levant.

Revoilà le printemps

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Dans cette grande étendue d’eau toujours accessible, il n'y a pas de sculpture, pas de dieu ou d’histoire mythologique ; seuls quelques vases en marbres agrémentent le pourtour. Pourtant ce bassin est un endroit où il fait bon s’attarder.

Ici on s’installe sur les pelouses, on se repose sur les digues en pente où il est agréable de s’asseoir pour apprécier l’évolution et la transformation des différents jets d’eau synchronisées avec la musique classique pour un spectacle d’environ 15 minutes. Grands jeux d’eau reposants.

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Quatre chevaux fougueux s’élancent au galop vers le ciel entrainant un char conduit par un jeune homme portant une couronne de laurier. Le quadrige va vite, très vite ; les crinières des chevaux sont soulevées par le vent, « la cape» de l’aurige, le conducteur du char, virevolte sous l’effet de la vitesse. Voici Apollon qui sort des ténèbres pour entamer le cycle quotidien du

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soleil, apportant lumière et chaleur à la terre et aux hommes. Phaéton, le fils d’Apollon gît sur le dos à ses pieds. Il porte des ailes. Il est mort après avoir perdu le contrôle du char de son père occasionnant d’importants dégâts sur Terre. Quatre Tritons soufflent dans des conques pour annoncer l’arrivée triomphale du soleil.


Quatre énormes poissons aux dents acérées complètent la composition. Situé sur l’axe Est/Ouest ce groupe monumental est le point culminant et ultime de la Grande Perspective des jardins. Le point de départ de cet axe côté Est est la chambre du roi. A Versailles ce n’est pas la chapelle qui est le centre du château mais la chambre du roi.

Les sculptures en plomb ont été réalisées par Jean-Baptiste TUBY entre 1668 et 1670 à la manufacture des Gobelins sur la base des dessins de Charles LE BRUN. La dorure a été appliquée in situ. Le jardin du château a été conçu par André LE NÔTRE pour magnifier Apollon et pour glorifier Louis XIV qui s’identifiait à ce dieu.

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Ce bosquet, créé par Le Nôtre en 1675 a été souvent modifié. Les deux pavillons richement décorés ont été, démolis en 1820. Leur partie supérieure étaient en forme de dôme, d’où le nom de ce bosquet.

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Le bassin hexagonal est alimenté en eau par l’intermédiaire des balustrades. L’eau tombe dans le bassin depuis le dessus des balustrades, formant des rideaux d’eau ondulants au grès du vent.

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Les Titans (des géants) menés par l’Encelade leur chef se révoltent contre les Dieux de l’Olympe. L’Encelade lance des pierres énormes et des rochers contre eux. Mauvaise, très mauvaise idée. Les Dieux renvoient les pierres et ensevelissent l’Encelade sous une montagne de roches, il y en a tellement qu’ainsi nait la Sicile.

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L’Encelade gronde, exprime sa douleur, sa colère ; c’est l’Etna. Sous l’amas de roches parfois il remue, essaie de se dégager c’est un tremblement de terre. Il pousse des cris, souffle son haleine embrasée, c’est une éruption volcanique. Il pousse des cris, souffle son haleine embrasée, c’est une éruption volcanique.


Au-delà de la référence mythologique, en créant ce bassin, Louis XIV rappelle à tous qu’il ne faut pas s’attaquer au roi sous peine d’être sévèrement puni. C’est aussi une référence à la Fronde. Réalisée par Gaspard MARSY cette composition est en trois parties. La plus importante montre le torse de l’Encelade, sa main droite tenant une grosse pierre, de sa bouche ouverte

s’échappe un énorme jet d’eau de plus de 25 mètres symbolisant sa colère. La plus grande partie de son corps est invisible, ensevelie sous des rochers. La programmation musicale de ce bassin renforce l’aspect pathétique du géant qui se débat sous les rochers.

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En 1674 Le Nôtre aménage ici un premier bosquet, le bosquet de la Salle des Festins, dont il ne reste que l’empreinte générale. C’est en 1706, que Jules Hardouin-Mansart conçoit et aménage le bosquet tel que nous pouvons le voir – aujourd’hui. Un vaste bassin rectangulaire surélevé déverse ses eaux dans un bassin périphérique surbaissé. L’écoulement de l’eau se fait sur quatre escaliers en partie droits en partie circulaires. Au centre bu bassin supérieur un obélisque d’eau est formé par une multitude de jets dont la puissance se concentre au centre.

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Avec le coucher du soleil c’est Apollon qui termine son travail quotidien, le moment est venu pour lui de se reposer. Six nymphes s’affairent autour de lui le temps d’un bain. Ce groupe est constitué de sept statues. Pendant ce temps, ses quatre chevaux, répartis par groupe de deux, sont soignés par des Tritons.

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Pour renforcer le lien entre Apollon et le roi (qui lui aussi travaille dur tous les jours pour son royaume) les traits d’Apollon s’inspirent fortement de ceux de Louis XIV. A partir de 1666, Louis XIV a connu l’ensemble des statues de ce bosquet d’abord dans la Grotte de Téthys. Puis à partir de 1684 (destruction de la grotte lors de l’aménagement de l’aile


Nord du château) elles sont installées à l’endroit actuel mais avec une topographie et une scénographie très différentes. Louis XV ne changea rien au bosquet laissé par son arrière-grand-père Louis XIV.

Hubert Robert crée un jardin à l’anglaise avec un immense rocher artificiel dans lequel est aménagée une grotte où prennent place Apollon et les nymphes. Les chevaux sont placés de chaque côté. Un petit lac reçoit l’eau des cascades qui coulent dans et autour de la grotte.

Ce n’est que sous Louis XVI, en 1781, que le bosquet trouve sa configuration actuelle.

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Prévu à l’origine pour le parc du château de Marly ce petit bassin est finalement installé par Jules Hardouin-Mansart à Versailles en 1709. L’ensemble est formé d’un élément principal, une ile fleurie sur laquelle jouent huit enfants ou chérubins et de deux petits ilots avec chacun un enfant semblant flotter sur l’eau du bassin. Tous ces éléments sont en plomb doré, les fleurs sont peintes, c’est le chef d’œuvre le plus accompli de la statuaire en plomb du jardin de Versailles. Le choix de représenter des enfants ne doit rien au hasard, cela correspond au goût du roi qui à cette époque de sa vie à connu de très nombreux décès de ses enfants, petits-enfants. La présence des enfants dans les décors de cette époque se retrouve également dans les pièces du château.

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Le bassin des Enfants dorés est situé dans l’enceinte du bosquet du Théâtre d’Eau. La statuaire et la maçonnerie ont été entièrement restaurées après la tempête de décembre 1999 qui a amplifié les dégradations plus anciennes. Les enfants jouent avec des fleurs, avec l’eau du bassin et avec celle d’un jet d’eau dont la hauteur et la puissance sont volontairement réduites pour s’adapter à de jeunes enfants. Des prénoms sont gravés sur les enfants. Est-ce une dédicace en souvenir d’enfants décédés proches de Louis XIV? Ici il n’y a aucune nostalgie ou tristesse bien au contraire, c’est la joie, le mouvement, les couleurs qui dominent avec ce bassin, une vraie ode à la vie.

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Du Théâtre d’Eau terminé en 1674 il ne reste plus rien. A l’origine un espace aménagé pour les spectateurs permettait d’admirer une scène d’eau de laquelle jaillissait des jets d’eau qui formaient des figures spectaculaires, véritables prouesses techniques.

Mais le coût élevé de son entretien lui fut fatal. Abandonné, détruit en 1775 ce n’est qu’en 2015 que le lieu retrouva vie avec l’aménagement du paysagiste L. Benech et les trois compositions contemporaines de l’artiste verrier J-M. Othoneil intitulées « Les belles danses du Roi-Soleil. »

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Après l’Axe Est-Ouest et sa fameuse « Grande Perspective » voici l’autre axe principal du jardin du château de Versailles. Il s’agit de l’axe Nord-Sud. La topographie des lieux ne permet pas d’avoir une « Grande Perspective » sur cet Axe mais s’y succèdent de remarquables bassins et Parterres avec de magnifiques jardins à la française. Le premier lieu c’est le bassin dédié à Neptune, puis viennent l’Allée des Marmousets (ou l’Allée d’Eau) et la Pyramide. Suivent un jardin nommé le Parterre du Nord puis le Parterre d’Eau point commun aux deux Axes du jardin. Enfin l’Axe Nord-Sud traverse successivement le Parterre du Midi, le Parterre de l’Orangerie et se termine avec la pièce d’eau des Suisses.

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Le bassin de Neptune est vraiment différent de tous les autres bassins. Il tourne le dos au soleil, c’est le seul bassin orienté vers le nord, il fait partie de l’axe Nord-Sud incluant la pièce d’eau des Suisses l’Orangerie, la Pyramide, l’allée d’eau et le bassin du Dragon. Lorsque vous arrivez à proximité du bassin, si vous longez l’alignement des vases vous ne voyez pas les sculptures. Il faut descende au niveau de l’eau pour découvrir ce qui se cache. Les sculptures sont adossées à un mur de soutènement rectiligne avec une légère avancée au centre et d’environ 170m de longueur. Elles forment 3 groupes, toutes en plomb sur le thème de la mer. Ces trois

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groupes sont totalement indépendants les uns des autres ; pas de dorure, pas de marbre blanc, tout est sombre, à contrejour. Commencé en 1678 sous Louis XIV le bassin sera plusieurs fois modifié et trouvera sa forme actuelle sous Louis XV (1740). Le mur de soutènement forme le rideau de scène d’un gigantesque amphithéâtre. La scène est constituée de l’immense bassin où les acteurs (les statues d’hommes et d’animaux) s’apprêtent à entrer pour jouer leur rôle. Vous, spectateurs, êtes assis sur les gradins de verdure qui entourent la scène. Ici vous devez marcher et vous asseoir sur les pelouses pour profiter du spectacle, l’exception à la règle.


Les Grandes Eaux ne se terminent pas à 17h00, ne partez pas, dépêchez-vous d’aller jusqu’au bassin de Neptune, le spectacle commence à l’heure. A 17h20 précises, vous voyez d’abord les fontainiers ouvrir manuellement les nombreuses vannes à l’aide de lourdes clé–lyres, celles qui sont utilisées depuis l’origine. Pendant seulement 8 minutes, vous assistez au plus beau spectacle de la journée : 99 jets d’eau au son de la musique de Lully et de Charpentier. Un vrai feu d’artifice aquatique.

Les coquilles cascades.

deviennent

des

A chaque extrémité du bassin, un Amour maitrise un dragon marin à l’aide d’un simple morceau de tissus. Les sculptures disparaissent presque entièrement derrière les jets d’eau. A l’arrière des vases, le Dragon installé au centre d’un autre bassin, en surplomb du mur de soutènement, lance son jet formant une flèche d’eau de 27 mètres de haut en complément du rideau d’eau du bassin de Neptune. Ne passez pas à côté de magnifique spectacle aquatique.

Les vases installés sur le mur dans une parfaite symétrie lancent leurs jets et forment un écran d’eau.

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Le Triomphe de Neptune et d’Amphitrite est au centre, sur la partie du mur en saillie, il compte 6 personnages, des animaux et des végétaux marins. Il est très facile d’identifier Neptune (Poséidon pour les Grecs) grâce à son légendaire trident. Il porte une vraie couronne de roi. Installé dans une grande coquille recouverte d’une peau

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de monstre formant un véritable trône il se lève. Amphitrite son épouse assise à sa gauche, reçoit une branche de corail de la part d’une Néréide, symbolisant la mer, les océans. Selon la mythologie, Amphitrite assista Latone lorsqu’elle accoucha d’Apollon et de Diane. Un jeune Triton tenu par la Néréide s’approche d’Amphitrite.


Un Triton chevauche un cheval marin déjà au galop. Un ange des mers souffle dans une conque pour annoncer l’arrivée de Neptune.

aussi s’élancent sur scène, dans l’océan

Tous sont prêts à entrer en scène, à jouer leur rôle. Ils sont déjà en mouvement, leurs vêtements ondulent sous l’effet du vent. Les animaux

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Un dragon au milieu du bassin s’élance vers le ciel dans un mouvement désordonné. Quatre Amours chevauchant des cygnes s’éloignent du dragon; ils tiennent chacun un arc, les flèches sont déjà lancées. Quatre dauphins complètent le groupe.

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Ce bassin surplombe le bassin de Neptune et s’associe à son spectacle d’eau. 27 mètres, c’est le plus haut jet d’eau des jardins de Versailles et c’est le souffle du Dragon, représentation des cris du Serpent Python que le jeune Apollon tua d’une seule flèche. La


mauvaise idée de ce monstre a été de poursuivre Latone la mère d’Apollon lorsqu’elle était enceinte d’Apollon et de Diane (Artémis). Après cet exploit, à Versailles, Apollon peut symboliquement remonter l’Allée d’Eau (ou allée des Marmousets) sous

les acclamations des enfants parvenir jusqu’à la Pyramide.

et

A nous de remonter l’Allée des Marmousets jusqu’à la Pyramide puis de poursuivre l’Axe Nord-Sud.

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Bordée par le bosquet des Trois Fontaines et le bosquet de l’Arc de Triomphe, cette allée conduit jusqu’au discret bassin du Bain des Nymphes de Diane situé pratiquement au pied de la Pyramide

Sept paires de fontaines, identiques réparties sur deux alignements forment une allée centrale et deux contre-allées. Les vasques des fontaines en marbre rouge sont toutes portées par trois jeunes personnages en bronze qui reposent dans un bassin inférieur circulaire. Les trios de personnages sont soit de jeunes enfants garçons et filles, soit de jeunes satyres soit encore de jeunes Tritons. Pour renforcer la symétrie et l’alignement, entre deux fontaines trois ifs taillés en topiaire trônent sur une pelouse épousant la forme circulaire des bassins inférieurs des fontaines.

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Au milieu d’un bassin circulaire construit en 1683 s’élève une pyramide constituée de quatre vasques.

La dernière vasque est supportée par quatre grosses pattes de lion. Sous cette dernière vasque quatre Tritons adultes au visage souriant semblent libres et jouer avec l’eau avant qu’elle termine sa course dans le bassin.

Au sommet le vase décoré de têtes de satyres déverse son eau sur une petite vasque soutenue par quatre écrevisses séparées par une coquille Saint-Jacques.

Toutes ces sculptures en plomb forment un ensemble très travaillé d’une grande qualité technique et artistique.

L’eau tombe ensuite dans une vasque un peu plus grande supportée par quatre dauphins réunis par une guirlande.

La Pyramide symbole de connaissance incarne ici l’aboutissement de la quête d’Apollon après s’être vengé du Serpent Python.

La vasque suivante toujours plus grande que la précédente est supportée par quatre jeunes Tritons.

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On découvre un peu par hasard depuis le parterre du Midi, à nos pieds, une dizaine de mètres plus bas ce magnifique jardin à la française. L’effet de surprise est accentué par la vue en contre plongée et la perspective offerte jusqu’à la pièce d’eau des Suisses. D’ici on réalise que sous le parterre du Midi se trouve l’immense Orangerie. C’est en 1683 que Jules HardouinMansart termine le bâtiment actuel en remplacement de l’Orangerie existante. L’architecture est impressionnante, La galerie centrale fait 150m avec une hauteur de 13m, elle est prolongée par deux galeries latérales. A l’intérieur, l’art de la stéréotomie (taille et assemblage de la pierre) est à son apogée. Ces deux galeries sont situées sous les deux escaliers monumentaux dits « des cents marches » Dans le jardin, un bassin circulaire seulement agrémenté d’un modeste jet d’eau est entouré par quatre parterres. Deux autres parterres complètent l’ensemble. Les bassins sont symétriques suivant l’axe de la perspective Nord-Sud. Le pourtour de chaque parterre dessine des formes géométriques précises accentuées par une bordure de buis taillé. A l’intérieur le contraste des petites allées pierrées et des parties couvertes de pelouses dessine d’harmonieuses courbes.

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Ces jardins seront la référence pour toutes les cours d’Europe et sont encore le plus bel exemple de jardin à la française.


C’est à partir de 1665, à l’emplacement d’une zone marécageuse, que l’on commence à creuser dans le prolongement du parterre de l’Orangerie ce qui deviendra dix-sept ans plus tard l’actuelle pièce d’eau des Suisses.

pièce d’eau des Suisses (13 hectares) n’est plus dans l’enceinte du jardin du château de Versailles, mais prolonge toujours la perspective du parterre de l’Orangerie depuis le parterre du Midi.

L’une des dernières phases de construction de cet étang a été réalisée par les Gardes Suisses, mercenaires d’élites au service de la sécurité du roi, qui donnèrent leur nom à cette pièce d’eau. D’accès entièrement libre, élément le plus au Sud de l’Axe Nord-Sud, la

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Travaux de réfection de l’étanchéité d’un bassin. La fonte du plomb. Grand Trianon 2019.

Respect des techniques du XVIIe et des règles d’hygiène et de sécurité du XXIe.

Hommage à tous ceux qui ont fait ce magnifique jardin et à tous ceux qui, au quotidien, travaillent pour que nous puissions profiter de ce lieu à nul autre pareil.


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