Lesedi Lesedi
Institut Français d’Afrique du Sud [IFAS-Recherche] Lettre d’information - no. 11 Juillet 2010
Sommaire
pour l'IFAS particulièrement riches en évenements de valorisation, alors même que les programmes de recherche en cours ont continué à mobiliser les chercheurs associés à l'Institut. Plusieurs ouvrages pour lesquels l'IFAS a joué le rôle de coéditeur ont été finalisés et présentés sur la période, occasion de réjouissances et de toasts avec les auteurs tant du côté français que du côté africain: Vol de vaches à Christol Cave (Publications de la Sorbonne) de J-L. le Quellec, F-X. Fauvelle-Aymar et F. Bon lancé en Novembre 2009 à la société de Géographie à Paris, Sécurisation des quartiers et gouvernance locale (Karthala) par C. Bénit-Gbaffou, S. Fabiyi et E. Peyroux lancé à la Wits en Mars et à Paris en Avril 2010, et enfin Struggle over Land in Africa: Conflicts, Politics & Change co-édité aux HSRC Press par C. Alden et W. Anseeuw et lancé au South African Institute of International Affairs en Avril 2010... Tous ces ouvrages sont l'aboutissement de travaux de longue haleine menés par des chercheurs initateurs, acteurs et ardents promoteurs de programmes pluriannuels qui ont mobilisé toute l'équipe de l'IFAS depuis le début des années 2000 : que ces nombreux chercheurs soient ici tous salués pour cette production, qui marque certes la fin d'un cycle de recherche, mais demeure la plus belle preuve de la qualité de la production scientifique de l'Institut et de l'intérêt que lui portent nos partenaires d'Afrique australe. Outre ces publications ; ce même pas de temps a également vu l'aboutissement des travaux, là encore de longue haleine, de plusieurs doctorants qui ont ou sont sur le point de soutenir leur thèse de Doctorat : Nathanaël Tsotsa fin 2009 (politique du VIH), Adrien Delmas début juillet 2010 (Histoire de l'écrit), et très bientôt on l'espère Vincent Darracq (transformations de l'ANC) et Maud Orne-Gliemann (petit aménagement hydraulique des campagnes), tous les quatre au titre du contingent des boursiers BAR, mais aussi de nombreux autres doctorants dont les recherches sur le terrain ont été soutenues par l'IFAS. Nous leur souhaitons à tous bonne route pour la suite, et espérons que nous les reverrons très bientôt à l'occasion de la mise en place de nouvelles collaborations de recherche à l'échelle de l'Afrique australe. Bonne recherche, bonnes soutenances, et bonnes lectures.
Sophie Didier Directrice IFAS-Recherche
P.S.: L'IFAS remercie Anne Corval, ancienne représentante CNRS, et Jean-Marie Fritsch, ancien représentant IRD, pour leurs précieuses contributions à la recherche en en SHS en Afrique australe. Nous leurs souhaitons bonne chance dans leurs projets futurs, en Guyane pour Anne et en retraite pour Jean-Marie.
Editorial
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Magazine... La gestion des violences xénophobes en Afrique du Sud : une « machine anti-politique » ? par Lydie Cabane
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Regard géographique sur L’idée de justice d’Amartya Sen par Karine Ginisty
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Programmes... APORDE
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Yeoville Studio
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Observatoire de la nature en ville
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Pedi lepedi
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Publications...
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Actualités...
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A propos de nous...
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Contact
La fin de l'année 2009 ainsi que la première moitié de l'année 2010 ont été
IFAS - Recherche PO Box 542, Newtown, 2113 Johannesburg Tel.: +27 11 836 0561 Fax.: +27 11 836 5850 Courriel: research@ifas.org.za
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Lesedi: terme sesotho qui signifie «connaissance»
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La gestion des violences xénophobes en Afrique du Sud : une « machine anti-politique » ? Lydie Cabane Doctorante, Sciences Po Paris - Centre de Sociologie des Organisations
Les violences dans le Western Cape. ■
En mai 2008, des violences xénophobes d'une ampleur inédite depuis la fin de l'apartheid ont secoué l'Afrique du Sud pendant près de deux semaines au cours desquelles 62 personnes ont péri et près de 200 000 ont été déplacées. Les réponses du gouvernement sud-africain à cette crise, ont été largement critiquées non seulement en raison de sa lenteur à répondre aux violences ou de ses insuffisances dans la prise en charge des étrangers déplacés, mais aussi parce que le gouvernement lui-même portait sa part de responsabilité dans ces évènements du fait de ses politiques migratoires ou des pratiques d'exclusion institutionnelle des étrangersi. La crise a été gérée par les disaster management centres, dispositifs de gestion des catastrophes déployés pour gérer les dizaines de milliers de déplacées. Quels sont les enjeux de tels dispositifs et que traduisent-ils ? Plutôt que de considérer les raisons du « mauvais » fonctionnement du disaster management, il apparaît pertinent de se demander s'ils ne constituent pas des « machines anti-politiquesii » qui, en cherchant à répondre aux conséquences d'une catastrophe, ne font peut-être que participer à la production du problème. A ce titre, ce n'est pas tant leur échec que le déplacement du pouvoir bureaucratique de l'Etat sudafricain qui, en se saisissant (même partiellement) de nouveaux objets tels que les migrants, crée les conditions de leur vulnérabilitésiii. Pour ce faire, nous retracerons ici les réponses apportées aux violences xénophobes dans le Western Cape autour de la scène de la catastropheiv. Le premier temps de la catastrophe, marqué par l'ampleur d'un déplacement soudain de personnes à
Tente du HCR, BlueWaters, Cape Town
Par rapport au Gauteng où se déroula l'essentiel de la crise, les violences xénophobes dans le Western Cape furent moins intenses : elles survinrent une dizaine de jours plus tard (le 22 mai) furent plus rapidement pacifiées, et « seuls » deux morts ont été dénombrés. Les violences se concentrèrent dans les townships du Cap (Kayelitsha) et tout particulièrement dans les « quartiers informels » d'Hout Bay et de Du Noon. Cependant, leurs conséquences ne furent pas moindres pour autant : en 24 heures, plus de 20 000 personnes fuirent massivement à travers la ville du Cap, se réfugiant d'abord dans les centres communaux, les églises, puis dans des camps ouverts par la municipalité dans des camps militaires ou des sites de camping (BlueWaters, Soetwater, Silverstroom, Youngsfield). Si, en moins de trois semaines, près des trois quarts des personnes déplacées avaient « réintégré » les townships, les camps se pérennisèrent au fil des mois et retinrent l'essentiel de l'attention et des des réactions à la crise.
travers l'espace urbain, voit le débordement des autorités gouvernementales et la réponse massive et rapide de la société civile capetonienne, composée d'une myriade d'ONG, de syndicats, et d'associations spécialisées dans les questions migratoires. Cette mobilisation dessine l'espace de la catastrophe via la prise en charge initiale des déplacés (nourriture, hébergement, soins) ainsi qu'un important travail de sensibilisation de l'opinion et des médias. L'assistance humanitaire souligne en creux ce qui devrait constituer l'espace d’intervention du vi gouvernement : « it's not a job for civil society, it's a job for vii the state ». Des ONG regroupées dans un forum mené par le TAC (Treatment Action Campaign) vont pendant les six mois qui suivent, développer des controverses soulignant les défaillances de l'action gouvernementale : la première à propos de l'ouverture très critiquée de camps par la ville du Cap, puis une seconde sur les conditions sanitaires dans ces camps qui aboutira, après un passage devant les cours de justice, à l'adoption de guidelines humanitaires par le Disaster Management Centre du Western Cape. Ces interventions sont prises en tension entre une logique d'assistance humanitaire, qui participe à la définition de la catastrophe, et une logique de critique politique, qui cherche justement à retourner ces dispositifs pour déployer des viii « politiques de la vie » qui participent d'une extension de la citoyenneté biologique aux migrants et d'une extension de l'inclusion par les « droits » (à la ix santé, au logement..) . Du côté des autorités responsables (gouvernement local du Cap et gouvernement provincial), après des hésitations initiales, des
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premières interventions policières et des initiatives séparées de la ville et de la Province, une situation de x catastrophe est finalement déclarée par le Premier du Western Cape. La gestion des violences xénophobes devient alors clairement du ressort du Disaster Management Centre, qui six mois durant s'est occupé de gérer les camps. L'attribution de ce rôle au Disaster Management n'a cependant rien d'évident (s'agit-t'il d'une catastrophe ou d'un problème de sécurité ?) et ne va pas sans poser problème. En effet, la gestion des catastrophes est dans le schéma institutionnel sud-africain une structure de coordination et non une agence humanitairexi. De ce fait, les défaillances pointéesxii de son action pendant la crise résultent en partie de sa difficulté, en tant qu'acteur récent et mal connu, à obtenir la coordination des autres départements gouvernementauxxiii, et ce d'autant que la
Une vue du « safety site » de BlueWaters, Cape Town
crise est fortement politisée et constitue un terrain d'affrontement entre la maire du Cap, Helen Zille, à la tête du parti d'opposition Democratic Alliance, et Ebrahim Rasool, leader ANC du gouvernement provincial. En outre, la réticence connue à prendre en charge le problème des xénophobesxiv se trouve compliquée ici par le schéma institutionnel de gestion des catastrophes qui nécessite d'identifier pour chaque type de catastrophe une autorité responsable; or, ni le conflit social, ni la xénophobie ne rentraient a priori dans le champ de cette politique, et il n'est guère évident de savoir qui est responsable du problème des violences xénophobes (Home Affairs, Social Development ?), et ce d'autant qu'aucun département n'a beaucoup d'intérêt à alourdir son agenda d'action et son budget avec des évènements non prévus, surtout en période pré-électorale où leurs performances en matière de service public sont sous surveillance . En quoi ces difficultés techniques et cet usage de la gestion des catastrophes pour gérer un conflit social et politique participent de ces « machines anti-politiques » que sont les politiques publiques post-apartheid, des formulations bureaucratiques qui technicisent sans apporter de réponses politiques ? Fondamentalement, gérer le conflit comme une catastrophe revient à gérer des victimes « vulnérables » sans considérer la complexité de la situation sociale qui produit cette catastrophe, à savoir les tensions et les difficultés d'intégration des communautés pauvres sud-africaines, mécanisme qui n'a rien d'exceptionnel et peut également s'observer dans la
gestion des catastrophes routinières des townships sudxv africains que sont les incendies et les inondations . Les dispositifs d'assistance aux victimes fournissent un exemple révélateur des limites de ces politiques : les sommes d'argent proposées par le Haut Commissariat aux Réfugiés et le gouvernement aux déplacés des camps sont, à la grande incompréhension des autorités, refusées dans la mesure où une telle prise en charge les rend plus vulnérables aux attaques de Sud-africains puisque justement l'accès différentiel aux ressources et le manque d'intégration font partie des causes invoquées des violences. Comme le soulignaient les déplacés lors de visites de terrain dans les camps : « ils ne comprennent pas notre problème. » Cette dépoliticisation se retrouve également dans le fait que le champ d'intervention du gouvernement vise à répondre aux effets d'une catastrophe plutôt qu'à en gérer les causes, l'intégration sociale et la régulation politique des townships. Peu d'actions signifiantes ont véritablement été menées, en dépit d'initiatives éparses ; les seuls modes de régulation des conflits qui parviennent à des équilibres (fragiles) sont le résultat d'initiatives locales, en continuité avec des actions de terrain, comme par exemple, à Gugulethu où une procédure de médiation menée par l'ONG Anti-Eviction Campaign a permis de trouver un compromis entre les associations de businessmen locaux et les Somaliens, propriétaires de petites boutiques. Ces initiatives font reposer sur les individus la charge de leur intégration sociale sans répondre aux enjeux soulevés par l'« économie moralexvi » de l'émeute xénophobe, qui appelait justement le gouvernement à jouer son rôle d'intégration des plus démunis dans la modernité sociale, économique et politique de l'Afrique du Sud post-apartheid. À cet égard, la continuité avec les émeutes réclamant des services publics qui se produisent de façon régulière depuis 2008 est symptomatique. L'interprétation du conflit social en termes de catastrophes a-t'elle un avenir en dépit de ces limites ? Face à la complexité de la prise en charge politique, gérer des catastrophes présente une solution de facilité qui dépolitise la question xénophobe en évitant une réelle prise en charge du problème. En outre, la mémoire des crises produit une institutionnalisation des réponses qui se répètent à chaque nouvel évènement : ainsi dans le Western Cape, le « conflit social » a été ajouté aux risques identifiés dans les schémas d'évaluation des risques et des vulnérabilités, à la suite de quoi un plan de gestion des conflits sociaux a été élaboréxvii. Cependant peut-on gérer le conflit social sans répondre aux enjeux politiques sousjacents ? Ces plans de gestion des catastrophes devraient dès lors être articulés avec les politiques migratoires et les politiques de développement localxviii afin d'intégrer la question migratoire aux problématiques d'intégration urbaine. De nouvelles violences xénophobes, qui ont eu lieu en
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novembre 2009 à De Doorns, un district rural au cœur des Winelands du Western Cape, illustrent les difficultés et les limites de ces enjeux : 2 000 Zimbabwéens furent chassés du township local au prétexte de compétition sur le marché xix du travail agricole local . Très vite, les mêmes solutions se mettent en place : le Disaster Management du district des Winelands ouvre un « site de protection » sur un terrain de sport à l'entrée de la ville avec le soutien du HCR. La situation ne résout en rien le conflit local, voire attise les tensions puisque les Zimbabwéens reçoivent de l'aide tout en continuant à percevoir un salaire. La situation est encore plus insoluble qu'au Cap, puisqu'en milieu rural, les Zimbabwéens n'ont nulle part d'autre où aller tant que dure la saison agricole et que la communauté locale refuse de les laisser revenir. In fine, la situation s'enlise, le camp se pérennise au fil des mois sans qu'aucune solution ne s'impose jusqu'à ce jour. Une grande partie de la difficulté à agir sur ces crises réside dans l'impossible intégration politique entre les capacités d'action, les organisations et les politiques publiques existantes et fait écho à la définition du politique donnée par Frederick Cooper à propos de l'État postcolonial en Afrique : « la politique ne va pas de soi ; elle implique d'amener les gens à penser des liens qu'ils xx n'avaient peut-être pas perçus auparavant ». Et il n'est pas certain que le découpage opéré par la gestion des catastrophes entre des victimes et les situations sociales des townships pauvres soit à même de penser ce lien politique.
Une réunion de crise à De Doorns J'ai pu lors d'une journée d'observation suivre des « disaster managers » de la Province à De Doorns afin d'assister à une réunion de gestion de crise faisant suite à l'échec d'une première tentative de réintégration. Étaient présents des policiers, des syndicalistes de la COSATU, des représentantes d'une ONG féminine locale, des membres d'une association de défense des droits de l'homme ainsi que des représentants du HCR. Pour que la réunion puisse commencer, nous avons attendu les conseillers locaux et représentants politiques, en vain car ils étaient à plusieurs dizaines de kilomètres de là, au conseil de district, en train de se livrer une bataille politique. Ainsi l'inertie de cette journée fut révélatrice de l'incapacité des différents acteurs à gérer la crise en l'absence d'une autorité politique, aboutissant à l'enlisement de la situation.
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Landau, Loren. « Loving the alien? Citizenship, law, and the future in South Africa's demonic society ». African Affairs, vol. 109, n° 435 (2010), pp. 213-230 ; Wa Kabwe-Segatti, Aurélia. « Violences xénophobes en Afrique du Sud : retour sur un désastre annoncé ». Politique Africaine, vol. 112 (2008), pp. 99-118. Ferguson, James. The anti-politics machine: "development," depoliticization, and bureaucratic power in Lesotho, Cambridge, CUP, 1990. A cet égart, le parallèle avec les travailleurs domestiques qui, en dépit de la mise en place d'un cadre législatif protecteur, estiment que leur situation est pire que sous l'apartheid, est éclairant. Selon Shireen Ally, ce n'est pas un défaut de mise en oeuvre des politiques publiques qui est en cause mais précisément la prise en charge par le gouvernement sud-africain de la protection de ces travailleurs vulnérables. Cf. Ally, Shireen. From Servants to Workers. South African Domestic Workers and the Democratic State, Ithaca; Durban, Cornell University Press, UKZN Press, 2009. Cet article est issu de mon travail de thèse en cours qui porte sur la réforme de la sécurité civile après 1994 et sa transformation en « gestion des risques et des catastrophes ». Mes recherches de terrain en 2008 et 2009 ont bénéficié du soutien financier et logistique de l'IFAS. Il reste à ce jour toujours 187 personnes à BlueWaters, aujourd'hui menacées d'expulsion. Historiquement, l'institutionnalisation d'un système de secours d'urgence par l'État remonte à la fin des années 1970 avec la mise en place d'une « défense civile ». Bien que des formes de prise en charge aient existé dès les années 1950 avec notamment les fonds d'assistance aux victimes de catastrophes, la protection des individus était militarisée et reposait largement sur les associations caritatives et religieuses. Dans cette perspective historique, la faible réponse du gouvernement à la crise des violences xénophobes et le rôle important de la société civile n'ont rien d'exceptionnel et soulignent a contrario la difficile mise en œuvre des réformes postapartheid. Nathan Geffen, « Shattered Myths: The xenophobic violence in South Africa. » 1er juin 2008, Treatment Action Campaign (http://www.tac.org.za/community). Robins, Steven. « Humanitarian aid beyond "bare survival": Social
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movement responses to xenophobic violence in South Africa ». American ethnologist, vol. 36, n° 4 (2009), pp. 637-650. Il faut également souligner à l'intersection entre les mobilisations qui s'appuient sur leurs catégories et les interventions qui reposent sur leur aide, le rôle des organisations internationales qui, faute de place ne sera pas détaillé ici. . Le Premier est le président du gouvernement provincial exécutif. Ainsi qu'indiqué par le Disaster management Act de 2003. Pour le Western Cape, le Provincial Disaster Management Framework qui met en œuvre cette législation date seulement de 2007. V. Igglesden, T. Polzer and A. Monson. Humanitarian assistance to Internally Displaced Persons in South Africa. Lessons learned following attacks on foreign nationals in May 2008. Forced Migration Studies Programme/University of the Witwatersrand and Oxfam, January 2009, 187p. ; UNOCHA – ROSA. Recommendations stemming from Lessons Observed. Response to Internal Displacement Resulting from Xenophobic Attacks in South Africa. May – December 2008. 62p. Cette difficulté à coordonner les structures de l'État n'a rien de spécifique à cette crise et s'ancre dans une histoire longue de batailles de départements ministériels ; cf. Seekings, Jeremy. « South Africa after Apartheid: Who holds power ? » in Abdul Raufu Mustapha et Lindsay Whitfield. Turning points in African democracy. Oxford, James Currey, 2009. Report on the South African Human Right Commission investigation into issues of rule of law, justice and impunity arising out of the 2008 public violence against non-nationals ; mars 2010. Murray, Martin J. « Fire and Ice: Unnatural Disasters and the Disposable Urban Poor in Post-Apartheid Johannesburg ». International Journal of Urban and Regional Research, vol. 33, n° 1 (2009), pp. 165-192. Cooper, Adam. “Let us eat airtime”: youth identity and 'xenophobic' violence in a low-income neighbourhood in Cape Town, Cape Town, CSSR, University of Cape Town, 2009; Thompson, Edward P. Customs in Common: Studies in Traditional Popular Culture. New York, The New press, 1992; Siméant, Johanna. « “Économie morale” et action collective dans les Afriques. Valeur heuristique et usages d'un concept. » Colloque Lutter dans les Afriques, Université Paris-I Panthéon Sorbonne. Janvier 2010, 30p. Une initiative similaire a été développée dans le Gauteng, à chaque fois avec le soutien d'OCHA, l'organisme de coopération humanitaire de l'ONU. Wa Kabwe-Segatti, Aurélia et Loren Landau. Migration in postapartheid South Africa: challenges and questions to policy-makers, Paris, Agence Française de Développement, 2008. L'accès au travail agricole l'été est crucial à De Doorns car il constitue la seule ressource économique autant pour les Zimbabwéens qui viennent faire la saison que pour les Sud-africains locaux. Cependant, il ne semble pas qu'il y ait une réelle pénurie d'emplois, la cause des tensions devant plutôt être recherchée dans une articulation entre le rôle des fermiers, des intermédiaires et des politiques locales. Cooper, Frederick. Africa Since 1940: The Past of the Present. Cambridge, CUP, 2002.
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Regard géographique sur L’idée de justice 1 d’Amartya Sen Karine Ginisty, Doctorante, Université Paris Ouest Nanterre IFAS
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Avant propos : La réunion annuelle de l'ANR JUGURTA à Nairobi a été l'occasion pour Karine GINISTY, boursière BAR à l'IFAS, de présenter le nouvel ouvrage d'Amartya Sen, L'idée de justice. Préoccupation récente de la géographie française, la justice est accompagnée du qualificatif « spatiale ». Une idée qui fait engouement : aux recherches menées dans le cadre de cette ANR, une revue lui est consacrée et plusieurs jeunes chercheurs lui vouent leurs années doctorales. JUGURTA est l'acronyme de Justice Spatiale, Gouvernance et Territorialisation dans les Villes des Suds. Il s'agit d'un programme de recherche ANR/AIRD coordonné par le Pr. Philippe Gervais-Lambony de l'Université Paris Ouest Nanterre-La Défense et qui réunit 4 équipes françaises et 5 équipes du Sud. L'IFAS est associé aux travaux de cette ANR qui fait la part belle à des études de cas africaines et tout particulièrement d'Afrique australe. (pour en savoir plus sur les partenaires et les objectifs scientifiques du programme, voir www.jugurta.org). Le séminaire annuel du programme s'est tenu à Nairobi du 24 au 26 mai 2010. L'un de ses principaux objectifs a été de structurer les différentes contributions des participants autour des 3 axes de recherches définis à Johannesburg en mai 2009 (1. Echelles, gouvernance et justice spatiale ; 2. Territorialisation, gouvernance et justice spatiale ; 3. Représentations locales de la justice, mobilisation et contrôle) et de déterminer les collaborations possibles au sein de ces thèmes pour la construction de l'ouvrage collectif de clôture du programme.
Un regard géographique sur la justice se focalise sur la manière dont l'organisation, la représentation et l'expérience des réalités de distance dans nos sociétés concourent aux faits de justice et d'injustice dans le monde. Dans l'idée de justice, de nombreuses références géographiques bousculent certaines idées reçues quant à la nature a-spatiale des approches universalistes et des réflexions philosophiques sur la justice. Tout d'abord, A. Sen souligne l'importance de penser la justice à l'échelle monde. Cet impératif rompt avec l'approche transcendantaliste, pour qui l'Etat est le cadre territorial privilégié de la définition et de la mise en œuvre de la justice. En effet, en accordant la priorité aux institutions, les sociétés s'exposent à cloisonner le raisonnement public à l'échelle nationale et à (re)produire des injustices. En effet, les effets de frontières sont porteurs de localisme (spécificités sociales et culturelles propres à
un groupe, etc.), dont les valeurs et les normes collectives peuvent survivre à l'examen critique d'une injustice. Par ailleurs, dans des sociétés marquées par la mondialisation, limiter spatialement le cadre de réflexion revient à ignorer une partie du monde concernée par nos décisions et nos actes, justes comme injustes. Enfin, les tentatives de plus de justice dans le monde s'avèrent réduite à une procédure internationale , mobilisant un cadre de décisions interétatique et institutionnel. Pour A. Sen, promouvoir la justice à l'échelle monde comme humanité nécessite un raisonnement public le plus ouvert possible, reposant sur une mise en relation d'échelles d'horizons différents. Cette interconnexion des échelles est permise par le droit de chacun à participer au débat public et la reconnaissance de la pluralité de nos appartenances identitaires. La question n'est donc pas celle de la « bonne » échelle, mais du choix entre différentes logiques de justices concurrentes et toutes impartiales. La justice est donc une idée fondée sur le comparatisme. En rejetant la nécessité et la faisabilité des approches transcendantales de la justice, A. Sen se détourne des sociétés imaginaires, présentées comme des modèles de justice, et se consacre à l'analyse des réalisations concrètes. Plus qu'un positionnement éthique, étudier les vies que les gens mènent ou pourraient mener a une grande valeur heuristique. Pour A. Sen, la focalisation sur les moyens , caractéristiques des approches utilitaristes, ne renseignent en rien sur les possibilités de valoriser ces biens à nos propres fins ou à celles des autres. Disposer d'un même niveau de revenu ou de services publics doit être considéré comme un moyen d'accéder aux vies que l'on souhaite et non comme une finalité, qui supposerait que la distribution des moyens équivaut à la jouissance des vies qu'ils permettent. A. Sen développe alors le concept de capabilités, construit sur une acception plurielle de la liberté (ensemble de possibilités et procédure de choix). Ignorer les différences de capabilités au cours de la vie d'un individu, et entre les individus, est au fondement des injustices dans nos sociétés. Cette idée de la justice pose donc la question de l'évaluation des capabilités et de son rôle dans l'examen des différentes logiques de justice jugées impartiales. La recherche de l'égalité de capabilités n'est ni indispensable ni souhaitable pour corriger les injustices. Aussi l'absence de consensus sur la meilleure option impartiale n'est-elle pas incompatible avec le choix de solutions de justice partielles. En définitive, ce qui importe dans le déroulement du raisonnement public n'est pas tant l'identification de ce qui est le plus juste que de mobiliser le plus de connaissances possible pour examiner objectivement ce qui est impartial et écarter ce qui ne l'est pas. Par conséquent, la justice mobilise un savoir empirique, construit sur des connaissances et des informations en partie issues de nos représentations du monde. L'importance accordée à la base informationnelle dans l'examen critique ouvre une porte aux approches empiriques, légitimant l'intérêt des géographes pour les questions de justice. La connaissance intervient à deux niveaux : elle permet de comprendre et
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d'évaluer les capabilités et participe de l'objectivité du raisonnement public. Dans cette démarche, le géographe peut participer à l'élaboration d'un point de vue pertinent : ses connaissances participent de la compréhension des capabilités et, mobilisées, n'érigent-elles pas le géographe comme l'un des spectateurs impartiaux potentiels du raisonnement public ? Si la dimension empirique de l'idée de justice ouvre un espace de réflexion en géographie sur la justice, A. Sen nous délivre quelques pistes de réflexions sur le lien entre justice et espace : ?
L'impartialité ouverte : échelle et processus de décision
Sen mobilise la notion d'échelle pour définir l'objectivité d'un raisonnement public. L'objectivité n'est pas définie en opposition à ce qui est subjectif (concept du point de vue positionnel), mais renvoie à l'impartialité des points de vue. L'impartialité qualifie un point de vue qui peut résister à l'examen critique d'une variété d'individus, concernés comme non concernés par l'issue du processus de décision. A. Sen établit alors une relation entre partialité et localisme. Certaines valeurs et pratiques partagées collectivement à une échelle donnée peuvent, dans un contexte de débat public « fermé », participer à la reproduction de certaines injustices (contexte d'oppression et de chronicité de l'injustice). Les progrès de justice sont alors conditionnés à l'introduction d'autres points de vue, autres que ceux des individus intéressés. La participation d'individus extérieurs est légitimée par la pertinence de leur point de vue, pertinence basée sur le caractère différent de leurs expériences, valeurs et normes en termes de justice. Aussi l'échelle est-elle l'instrument qui permet le passage de l'impartialité fermée à l'impartialité ouverte. La mise en relation de l'échelle concernée par le raisonnement public à d'autres échelles de raisonnement (échelle individuel, celle d'un groupe, un pays, etc.) contribue à poser les bases d'un raisonnement public objectif vis-à-vis des injustices vécues. ? Voisinage et universalisme : solutions de justice et éthique Si institutions et individus nouent des relations complexes, dont les effets de réciprocité s'inscrivent dans des temporalités différentes (phénomène d'inertie, etc.), A. Sen rappelle que les individus peuvent faire le choix d'agir pour plus de justice sans répondre à des injonctions juridiques. En effet, l'issue du raisonnement public n'est pas tant la (re)définition des institutions que la prise de
conscience des injustices dans notre voisinage et de notre pouvoir d'action. Par-delà la pluralité de nos appartenances identitaires, nos idées et nos valeurs de justice, même concurrentielles, renvoient au partage d'une même expérience, celle d'Etre. A. Sen pose alors les bases de l'universalisme de l'idée de justice : l'impossibilité du consensus sur la solution juste est dépassée par le partage de points de vue objectifs sur ce qui es impartial, révélant un accord sur ce qui relève des droits humains. Le consensus sur un ensemble de droits nécessaires à une vie digne d'être vécue ouvre sur l'énonciation de devoirs éthiques, que chacun est libre de suivre. La mise en œuvre de ces énoncés éthiques comme solutions de justice transcende tout type de frontières, de celles de l'espace vécu à celles de l'Etat. Puisque dans nos sociétés interconnectées, connaissances et informations rendent caduques l'acception classique du voisinage, les notions de près ou de loin ne sont plus déterminantes dans la construction de nos relations à l'Autre. Nos responsabilités envers les injustices qui nous entourent s'inscrivent alors à l'échelle de l'humanité. L'association de la justice à une idée résume à elle seule le projet de Sen et toute sa portée par-delà le monde de la philosophie politique. Puisque la justice est une idée, elle renvoie à une manière de lire le monde qui nous entoure et comporte par définition une dimension floue et inachevée que Sen appelle l'incomplétude, qui prend forme tant dans les procédures que dans les réalisations de la justice. Malgré son caractère inachevé, la justice comme idée n'est pas incompatible avec plus de justice dans les sociétés d'aujourd'hui. Bien au contraire, la justice comme idée est une posture intellectuelle forte, qui légitime tout individu, tout groupe, toute société, et particulièrement ceux qui ont le plus de responsabilités, à interroger et réexaminer nos décisions et nos actions face à l'injustice. Raisonner sur la justice est à la portée de tous, mais surtout nous dit A. Sen nécessite la participation du plus grand nombre, assurant la pluralité des intérêts en jeu et des points de vue pertinents. A. Sen confère à nos propres mots, expériences, connaissances et valeurs, aussi imparfaits soient-ils, une richesse utile à l'examen critique des raisons des injustices dans notre voisinage. Sen ouvre donc la porte à toutes les formes de savoirs contribuant à la lutte contre les injustices. ■ 1. 2. 3.
Sen A. (2009) « L'idée de justice », Paris, Flammarion, 558 p. La revue Justice Spatiale / Spatial Justice a vu le jour en 2009. www.jssj.org Par exemple l'auteure sur le thème « Justice spatiale et services urbains à Maputo (Mozambique) » ou encore Quentin Mercurol sur le sujet « Justice spatiale, gouvernance urbaine et politiques d'échelles, Kisumu (Kenya) ».
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APORDE Programme africain pour repenser l'économie du développement Coordinateurs Nicolas Pons-Vignon Directeur du programme Nicolas.Pons-Vignon@wits.ac.za
Christian Kabongo Administrateur aporde@ifas.org.za
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PORDE, « Programme africain pour repenser l'économie du développement », est une initiative conjointe du DTI, de l'AFD et de l'IFAS. L'édition 2010, qui s’est tenu du 13 au 27 mai à Durban, était la quatrième du programme. Son succès a une nouvelle fois conforté le double objectif de renforcer les capacités de conception et de mise en œuvre des politiques économiques en Afrique, mais aussi de contribuer à améliorer la qualité des débats sur le développement. APORDE est avant tout un séminaire fermé de haut niveau, dont les participants sont
selectionnés, puis entièrement financés. Il s'est tenu cette année à Umhlanga, près de Durban, et plusieurs séminaires publics ont également été organisés en collaboration avec l'Université du KwaZuluNatal (Durban), l'Université du Cap, et les Universités de Johannesburg et du Witwatersrand. En parallèle, le DTI a aussi organisé deux sessions d'ateliers fermés à Prétoria. Pour plus de renseignements, voir le site : www.aporde.org.za.
Yeoville Studio / Histoires de Yeoville Coordinatrices Naomi Roux Naomi.Roux@wits.ac.za
Sophie Didier sophie@ifas.org.za
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La Wits University School of Architecture and Planning a lancé cette année un projet intitulé « Yeoville Studio » dans le quartier de Yeoville, dont l'objectif est de donner aux étudiants l'occasion de diriger des recherches et des travaux de terrain, tout en produisant un travail de recherche utile et pertinent en collaboration avec la communauté de Yeoville. Le projet est soutenu par le Yeoville Stakeholders Forum et le Yeoville Bellevue Community Development Trust. Plusieurs projets et domaines de recherche entrent dans le cadre du projet Yeoville Studio. L'IFAS travaille en étroite collaboration avec l'Université du Witwatersrand sur une série d'ateliers et d'activités autour des “Histoires de Yeoville”, animés par Naomi Roux (Wits) et Sophie Didier (IFAS). L'objectif du programme est de rassembler des histoires sur Yeoville en général, ainsi que des récits de vie des habitants de ce quartier. Le projet explore les notions d'identités dans les villes et les quartiers, ainsi que les lieux de mémoire dans des sites ordinaires et souvent quelconques, et Yeoville est un quartier particulièrement intéressant pour ce type d'étude, en tant que lieu de
passage et de diversité. À ce jour, trois ateliers ont été organisés avec les m e m b r e s d e l a communauté, qui ont participé à des travaux de cartographie, de photographie participative, de dessin et de contes d'histoire. Les résidents ont été invités à pointer sur des cartes de Yeoville des sites importants pour eux, ainsi qu'à inventer et raconter des histoires sur leur pays d'origine, Johannesbourg et leur lieu de résidence. Ils ont également participé à un projet photographique basé sur le thème « Que veut dire Yeoville pour vous ? ». Par la suite, d'autres travaux seront menés dans le cadre de ce programme, en vue de rassembler des histoires de vie à travers des entretiens individuels. Les travaux des Histoires de Yeoville, ainsi que certains des autres projets du Yeoville Studio ont été présentés lors du festival Africa Week qui s’est tenu à Yeoville du 19 au 29 mai 2010. Pour plus de renseignements sur Yeoville Studio / Histoires de Yeoville, contacter Naomi Roux: Naomi.Roux@wits.ac.za. http://web.wits.ac.za/Academic/EBE/ArchPlan/YEOVILLESTUDIO.htm
Lettre d’Information de l’IFAS Recherche - no. 11 - Juillet 2010
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Réseau « Aires urbaines protégées » Observatoire de la nature en ville Coordinateur Estienne Rodary Estienne.rodary@wits.ac.za
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L’IFAS a créé cette année dans ses programmes de recherche un axe pluridisciplinaire « Justice environnementale » associant plus étroitement des collègues de l'IRD et du MPA de Sciences Po dans le cadre d'un projet plus large de mise en place d'un Observatoire de la nature en ville. Le programme, lancé en janvier, consiste en la rédaction d'une étude sur les problèmes de gestion du Parc national de Table Mountain (et notamment du point de vue de l'articulation avec les pouvoirs publics municipaux des politiques de conservation mises en place par SANParks) : la grande diversité des usages et des pressions sur le parc (habitat informel, collecte, voire chasse informelle) obligent à en repenser la gestion et à sortir de la traditionnelle approche en termes de sanctuarisation jusqu'alors privilégiée. La problématique est similaire dans les Parc Nationaux dans d'autres villes des Suds (Brésil et Inde notamment). Dans le cadre du projet, une équipe de quatre étudiants du Master en Affaires Publiques de Sciences Po, guidée par Glen Hyman, chercheur du Centre de Sociologie des Organisations (Sciences Po Paris) est venue au Cap deux semaines fin janvier pour du terrain permettant la
réalisation d'une étude sur la gouvernance multi-acteurs du Parc. Côté IFAS, Estienne Rodary (chercheur IRD en poste à Wits), assure le suivi scientifique en compagnie de notre collègue de Sciences Po. Le produit final, document de synthèse, sera retransmis aux autorités concernées. Au final, c'est un projet d'envergure moyenne visant à se raccorder à terme à une structure plus vaste de comparaison de la gestion des parcs nationaux en milieu urbain en Inde / Brésil / Kenya / Afrique du Sud, associant des laboratoires et instituts français (Gecko et Libertas de Paris Ouest Nanterre la Défense) et des universités des pays concernés (Saõ Paulo, University of Cape Town), ainsi que le réseau des IFREs présents dans ces pays (IFRA Nairobi, IFAS Johannesburg, CSH Dehli) et le MPA de Sciences Po. Le projet doit permettre, dans sa dimension appliquée, la mise en place d'une plate-forme de dialogue et d’échange entre gestionnaires des parcs et fonctionnaires municipaux des différents pays. Parallèlement à ce programme et dans le cadre de l'Année internationale de la biodiversité, le Réseau « Aires Urbaines Protégées » organisera un colloque international sur les rapports villes-nature à travers les enjeux et stratégies de gestion durable des aires protégées confrontées aux dynamiques urbaines, au Nord et au Sud. Ce colloque se tiendra à Paris du 6- 8 septembre 2010. Pour plus d’informations sur la conférence biodivercities, voir le site : http://biodivercities.net.
Pedi lepedi Développement et modernisation des langues africaines Coordinateur Michel Lafon michel@ifas.org.za
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‘La place des langues africaines dans l'éducation', atelier organisé par la Faculté d'éducation de l'Université de Pretoria, le 12 mars 2010.
L
'atelier conjointement organisé par le CentRePoL et Umalusi, avec le soutien de la Faculté d'éducation de l'Université de Pretoria, fait partie intégrante du programme Pedi lepedi, développement et modernisation des langues africaines, soutenu par l'IFAS-Recherche. Cet évènement a fait suite à un atelier tenu en mars 2009, dédié à la formation des enseignants pour l'utilisation des langues africaines. L'atelier a rassemblé des universitaires de toutes les provinces sud-africaines, ainsi que des représentants d'organisations du milieu éducatif souvent réticents a participer à de tels rassemblements, tels que SADTU (SA
Democratic Teachers Union), PSG (Parents in School Governance), ainsi que l'organisation non gouvernementale Read. L'atelier, qui était dédié aux questions relatives à l'utilisation des langues africaines dans l'éducation et plus particulièrement comme Langue d'apprentissage et d'enseignement lors de la Phase de fondation, a inclus diverses contributions et tables rondes. La journée, qui a été ouverte par Liz Burroughs, Directrice du Qualifications, Curriculum and Certification Unit de Umalusi, s'est déroulée comme prévu avec diverses présentations, dont celle de M. Prinsloo du HSRC sur les questions relatives aux différentes phases des processus d'apprentissage et basées sur des résultats de recherches en psycho- et neurolinguistique. Une contribution mémorable, qui a apporté un nouveau regard sur le problème de la langue durant la période éducative initiale et même durant la période précédente. Les deux tables rondes prévues ont finalement été combinées, donnant l'occasion aux participants d'exposer leurs problèmes et de contribuer à un débat animé.
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Land, Liberation and Compromise in Southern Africa Chris Alden et Ward Anseeuw, Octobre 2009, Editions Palgrave-Macmillan ISBN-13 : 978-0-230-23048-2 ISBN-10 : 0-230-23048-9 272 pages, £57,50. ■
Lancement de la revue en ligne Carnets de géographes Dirigé par Karine Ginisty et Amandine Spire
Les conflits fonciers font partie du paysage politique du continent africain. Ils se répètent souvent en adoptant une nouvelle approche, ce qui peut les rendre extrêmement complexes et ingérables, remettant en cause la légitimité des formes d'intervention et de prévention. Ultérieurement, ces conflits sont traités d'une manière qui ne tient pas compte de la complexité de leurs causes principales.
Sécurisation des quartiers et gouvernance urbaines Enjeux et défis pour les villes africaines (Afrique du Sud, Kenya, Mozambique, Namibie, Nigeria)
Claire Benit-Gbaffou, Seyi Fabiyi et Elisabeth Peyroux (éds.) Décembre 2009, Co-édition Karthala/IFAS ISBN: 978-2-8111-0318-7 468 pages, 32€.
A chaque géographe son carnet ? Trois jeunes géographes créent un nouvel espace de publication en géographie, les carnets de géographes. Le premier numéro qui sortira à la rentrée prochaine, Varia, fait le pari de promouvoir les recherches émergentes tout en dépassant les difficultés afférentes à la valorisation de la recherche et aux exigences actuelles du monde scientifique (classement AERES, format et style académique, calendrier des revues). En promouvant une écriture plus libre en termes de formats, de sujets et de tons, l'objectif de la revue consiste avant tout à transmettre de nouvelles problématiques de recherche, à poser des problèmes de méthodes et de terrain, à communiquer la diversité des positionnements novateurs. Le support de la publication est électronique, www.carnetsdegeographes.org, et la parution de numéros Varias et thématiques est envisagée semestriellement, tout en réservant dans chaque numéro un espace à d'éventuelles propositions non thématiques. La revue est organisée en cinq Carnets d'écriture, les Carnets de débats - les Carnets de recherches - les Carnets de lectures - les Carnets de terrain - les Carnets de soutenance, dont les pages restent à écrire… Karine Ginisty, Amandine Spire, Jeanne Vivet
Collection : Hommes et Société : Histoire et Géographie Livre en français avec quatres chapitres en anglais. ■
Cette
publication, sortie en français chez IFAS-Karthala, est le résultat d'un programme de recherche initié en 2003 par Philippe Guillaume (alors Directeur de l'IFAS-Recherche), qui s'était particulièrement intéressé aux fermetures de rues, à la cartographie sur SIG et aux recherches sur la sécurité au sein des quartiers de la classe moyenne. Le projet a fait participer un certain nombre d'universitaires de France, du Nigeria, du Kenya et du Mozambique, ainsi que des chercheurs d'autres instituts de recherche français en Afrique (IFRA Nairobi et IFRA Ibadan). Le projet a ensuite été recentré pour mieux refléter les intérêts variés de recherche des participants : l'utilisation d'un SIG a pris moins d'importance, les fermetures de routes
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et de quartiers sont restées l'un des objets clés de la recherche, mais le projet a été recadré pour inclure les quartiers à faibles revenus ainsi que d'autres formes de réactions communautaires contre le crime (par exemple le vigilantisme et la police de quartier). Elle a également adopté une approche moins spatiale et plus sociopolitique par rapport à la sécurité et à la ville, vers une étude de la gouvernance sécuritaire. Ce programme de recherche a bénéficié du soutien continu de l’IFAS-Recherche, et a débouché sur un atelier qui s'est tenu à Ibadan (Nigeria) en 2005 et qui, aujourd'hui encore, continue d'inspirer nombre des chercheurs impliqués d'une manière ou d'une autre dans le projet. Cette publication finale vise à documenter la gouvernance de la sécurité dans le contexte africain, en se basant sur les pratiques courantes plutôt que sur l’analyse des systèmes institutionnels de gouvernance, et en se basant sur des études des cas approfondies, principalement au niveau local. Elle vise également à vérifier et contester les théories du nord sur la gouvernance de la sécurité, en adoptant un point de vue africain. La publication contient trois parties. La première porte sur le comment et le pourquoi de l'origine locale d'une initiative de sécurité spécifique, et sur la manière dont une telle initiative devient un 'modèle' circulant dans l'espace et le temps, à des échelles différentes (pourquoi, par exemple, les fermetures de rues sont-elles plus importantes à Johannesburg qu’au Cap?). La deuxième partie analyse la manière dont les dispositifs de sécurité locale sont producteurs d'exclusions et d'inclusions, sur la base des pratiques principalement spatiales et sociales des agents ; elle questionne les effets de ces pratiques aux différentes échelles de la ville (notamment celles du quartier et de la métropole). Enfin, la troisième partie examine la manière dont la prolifération des initiatives de sécurité locales et des agents de sécurité (initiatives communautaires et compagnies de sécurité) remet en question l'État et sa capacité à gouverner la ville.
The Struggle over Land in Africa: Conflicts, Politics and Change Ward Anseeuw et Chris Alden(éd.), ISBN-13 : 978-07969-2322-6 ISBN-10 : 0-7969-2232-1 Mars 2010, Co-edition HSRC / IFAS 280 pages, R280. ■
Cette
publication analyse le rôle du foncier comme lieu et source de conflit, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des politiques, la gestion des crises et la reconstruction à la suite d'une guerre ou d'un conflit. L'objectif principal des auteurs est de se familiariser avec la nature de la prise de décision sur la question foncière, et d'approfondir les causes qui sous-tendent les questions relatives au foncier, non seulement au niveau national, mais également au niveau du continent. La publication traite des problèmes fonciers au Kenya, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Nord-Cameroun, en Namibie, au Mozambique, en Angola, en République Démocratique du Congo, en Tanzanie et au Zimbabwe. Certains des thèmes explorés incluent : les conflits fonciers par rapport aux questions ethniques et indigènes ; traditionalisme contre modernité ; intérêts fonciers renouvelés ; occupation des sols et conflits ; la construction de l'État ; la politique et le foncier ; l'élaboration des politiques foncières ; la planification ; inclusivité/non-inclusivité ; le champ régional des conflits fonciers et normes en transformation.
Vivre avec le sida après l’apartheid. Afrique du Sud Frédéric le Marcis, Juin 2010, Editions Karthala ISBN : 978-2-8111-0387-3 Collection : Hommes et Sociétés : Anthropologie 192 pages, 24€. ■
Alors que l'Afrique du Sud était enfin libérée du régime d'apartheid et désignait en 1994 son premier président démocratiquement élu, l'épidémie du sida explosait pour atteindre au début des années 2000 près de 20% de la population générale. La jeune nation démocratique se trouva ainsi contrainte de se construire en négociant avec l'héritage de plus de cent ans de politique raciste et inégalitaire ainsi qu'avec un contexte épidémiologique sans précédent. Comment les Sud-Africains des townships - principales victimes du régime d'apartheid et du sida - réussissent-ils à vivre cela au quotidien ? Quelles peuvent être leurs espérances alors que les soins permettant de survivre au sida ne sont pas disponibles ?
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Festival Rio Loco Stand « Art Rupestre »
Un archéologue au Congo Web documentaire de Geoffroy Heimlich
17 - 21 juin 2010 Toulouse
Pour son 16
Doctorant en Archéologie, Université de Toulouse / Université Libre de Bruxelles
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I
l arpente le Bas-Congo depuis des années à la recherche de sites d’art rupestre. Chercheur acharné, il voyage en solitaire sur des chemins peu fréquentés par l’archéologie moderne. Une aventure hors du commun et hors du temps. Web-documentaire réalisé avec Le Monde.fr et ARTE Radio.com : www.lemonde.fr/congo
Cycle d’ateliers Chaînes opératoires
■ ème
anniversaire, le Festival français de musique du monde « Rio Loco » a choisi d'inviter l'Afrique du Sud. 300 artistes sud-africains ont fait le voyage jusqu'à Toulouse (sud de la France) pour y exporter leur culture, avec des concerts et des animations organisés dans toute la ville. Dans le cadre de ce festival, l'IFAS Recherche a soutenu la mise en place d’un stand « Art Rupestre », animé par Karim Sadr (Université du Witwatersrand), Jean-Loic Le Quellec (CNRS) et Francois-Xavier Fauvelle-Aymar (CNRS). Des conférences scientifiques et une présentation de l'ouvrage « Vols de vaches à Cristol Cave » (Jean-Loïc le Quellec, François-Xavier Fauvell-Aymar, François Bon, 2009, Paris, Publications de la Sorbonne), ont été réalisés à cette occasion.
Destination Johannesburg Web documentaire de Laure Poinsot
29 mars - 1er avril 2010 Université du Witwatersrand
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Quatre journées d'un séminaire spécialisé sur la technologie de la pierre taillée préhistorique ont été réalisées par Nicolas Teyssandier (Chargé de Recherche au CNRS, UMR 5608-TRACES, Toulouse) pour les étudiants en archéologie de l'université du Witwatersrand, avec le soutien de Karim Sadr. Des présentations théoriques ont permis de définir les fondements, les objectifs et les méthodes d'une approche technologique et comportementale des productions en pierre taillée préhistoriques. Des applications ont ensuite été envisagées à partir d'ensembles modernes et expérimentaux de pierre taillée. L'intérêt était ici de mettre en pratique les acquis théoriques et de donner aux étudiants les principaux fondements méthodologiques de classement et d'interprétation des industries en pierre taillée. Des démonstrations expérimentales de taille des roches dures sont également venues agrémenter ce travail. Enfin, des cas d'application concrets à partir d'industries lithiques archéologiques sudafricaines ont également été étudiés.
Tentaculaire, contrastée, « Joburg » n’est pas ville à se laisser apprivoiser facilement. Avec ses confrontations sociales, sa réputation en matière de criminalité, les touristes la délaissent souvent... Pourtant la métropole constitue le coeur de l’économie du pays et un laboratoire où les comunautés apprennent à vivre ensemble depuis la fin de l’apartheid. A travers la découverte de leurs quartiers, dix Jobourgeois nous font partager les richesse de leur ville et leur vision de la nation « arc-en-ciel». www.destinationjohannesburg.tv
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L’équipe
L’IFAS-Recherche
Directrice Scientifique Sophie Didier
L'Institut
Français d'Afrique du Sud, créé en 1995 à Johannesburg, dépend du Ministère des Affaires Étrangères. Sa mission est d'assurer la présence culturelle française en Afrique du Sud, et de stimuler et soutenir les travaux universitaires et scientifiques français sur l'Afrique du Sud et l'Afrique australe
Chercheurs Michel Lafon - Linguiste Doctorants IFAS Adrien Delmas - Histoire Karine Ginisty - Géographie Maud Orne-Gliemann - Géographie Personnel administratif Laurent Chauvet – Traducteur Werner Prinsloo - Webmestre & Bibliothécaire Christian Kabongo - Administrateur APORDE Marie-Eve Kayowa - Secrétaire à la Recherche Claire Doyen - Chargée de communication
l'IFAS-Recherche (UMIFRE 25) est une Unité mixte de recherche CNRS-MAEE, et fait partie de l’USR 3336 « Afrique au sud du Sahara ». Sous l'autorité de son conseil scientifique, l'IFAS-Recherche participe à l'élaboration et la direction de programmes de recherche dans les différentes disciplines des sciences sociales et humaines, en partenariat avec des institutions universitaires ou d'autres organismes de recherche. L'Institut offre une plate-forme logistique aux étudiants, stagiaires et chercheurs de passage, gère une bibliothèque spécialisée, aide à la publication des résultats de recherche et organise des colloques et conférences.
Doctorants accueillis à l’IFAS Raphael Botiveau - Sciences Politiques Pauline Guinard - Géographie Marie Jacobs - Science de l’Education Mélanie Kuhn - Economie
Pour plus de renseignements sur nos programmes de recherche et nos activités, veuillez consulter notre site Web:
www.ifas.org.za/research Pour recevoir des informations de l’IFAS Recherche, veuillez nous envoyer un courriel à ifas@ifas.org.za avec ‘subscribe research’ comme objet.
Institut de Recherche pour le Développement Yves Savidan est le nouveau représentant de l'IRD en Afrique australe. Généticien, spécialiste de la biologie de la reproduction et des plantes fourragères tropicales, il a travaillé en Côte d'Ivoire, au Brésil et au Mexique. Il était jusqu'à il y a peu le président du Centre International d'Agriculture Tropicale (CIAT) en Colombie, et le président du Conseil Scientifique d'Agropolis Fondation en France. Yves Savidan Représentant IRD Afrique du Sud c/o IFAS - 66 Margaret Mcingana Street PO Box 542 - Newtown 2113 Johannesburg - Afrique du Sud Tel.: +27 11 836 0561 Fax.: +27 11 836 5850 irdafsud@iafrica.com Courriel:
www.ird.fr Lettre d’Information de l’IFAS Recherche - no. 11 - Juillet 2010 12