
7 minute read
JANN ARDEN 46 PIERRE LAPOINTE
L’heuremauvedePierreLapointe: parcequ’onatous besoind’unpeudebeauté
En célébrant les classiques de la chanson québécoise et européenne qui ont servi de trame musicale à l’exposition de l’artiste suisse Nicolas Party au Musée des beaux-arts de Montréal, Pierre Lapointe se réinvente une fois de plus, dans son nouveau spectacle L’heuremauve.
À l’origine, les 14 chansons de L’heure mauve — 7 reprises et autant de compositions originales — ne devaient que servir de trame musicale à l’excellente et colorée exposition de l’artiste suisse Nicolas Party présentée au Musée des beaux-arts de Montréal à compter de samedi, elle-même intitulée L’heuremauve. Cela dit, bien que ces chansons aient été pensées pour interagir avec les tableaux et les mises en scène du plasticien suisse, l’œuvre musicale est bien capable de vivre indépendamment.
Pierre Lapointe a fait plus que simplement s’inspirer des œuvres de l’artiste visuel, il est allé jusqu’à mimer sa démarche artistique et à créer des dialogues entre les pièces d’autres artistes et les siennes. Comme Nicolas Party propose une « conversation » entre des œuvres à travers le répertoire chansonnier québécois et européen, Lapointe a sélectionné des pièces d’artistes qu’il admirait pour ensuite écrire de nouvelles chansons.
L’œuvre est conçue en sept tableaux. Chacun d’eux réunit deux chansons : une réinterprétation d’un classique de la chanson, en plus d’une nouvelle composition. Les interprétations ont été choisies dans l’optique de rendre hommage à certains des plus grands maitres de la chanson et de la musique classique, dont Charles Aznavour, Léo Ferré, Erik Satie, Kurt Weill, Félix Leclerc et Gilles Vigneault.
Naviguant avec élégance dans les profondeurs de l’être, Pierre Lapointe explore à travers ces 14 pièces des thèmes qui lui sont chers comme l’éphémérité de l’existence, le deuil amoureux et le désir charnel, dans une atmosphère mélancolique de laquelle jaillissent des éclats de lumière. Lapointe a créé cet album avec la volonté de mettre en valeur une certaine vision du classicisme, tout en restant assurément contemporain. « Depuis plus d’une décennie, j’aspire à faire renaitre une forme de classicisme en chanson, une forme d’intemporalité, tout en demeurant contemporain », explique l’auteur-compositeur-interprète québécois.
Réalisé par Philippe Brault, l’album repose sur une trame acoustique composée de piano, de guitares, de percussions et de voix. Certains titres — auxquels a notamment participé le Quatuor Molinari — intègrent de somptueux arrangements constitués de chœurs, de cordes et de vents.
Le chanteur ne veut pas être le porte-étendard de la cause gaie, car selon lui l’homosexualité — au Québec à tout le moins — n’est plus un enjeu. « Le combat est ailleurs », a-t-il affirmé quelquefois en entrevue. Lapointe explore néanmoins l’esthétique et les codes de la culture LGBTQ dans ses clips, notamment avec des chansons comme Sais-tuvraiment qui tu es ou Le monarque des Indes, sans pour autant vouloir faire de différence entre les différentes formes d’amour et de sexualité.
En 20 ans de carrière, Pierre Lapointe, un des plus productifs auteurs-compositeursinterprètes de la francophonie, a lancé 16 albums, dont une douzaine composés de matériel original, créé au moins autant de spectacles inédits et collaboré avec des artistes de réputation internationale aussi bien issus de l’art contemporain (de Sophie Calle à David Altmejd), de la musique classique (Jean-Willy Kuntz, Yannick Nézet-Séguin), que de la musique populaire (Albin de la Simone, Hubert Lenoir, Mika, Clara Luciani, etc.).
Parmi ses albums, plusieurs sont certifiés or et platine, d’autres ont remporté des prix tant au Québec qu’en France et au Canada, avec près d’un million d’albums vendus à travers le
monde. 6 LoGAN CArtiEr cartierlogan@gmail.com

GiLLES rENAUD

CHEr tCHEKHoV : LA rÉPoNSE DE trEMBLAY à «QUE PUiS-JE Y FAirE? »
La nouvelle pièce bouleversante, féroce et drôle de tremblay, Chertchekhov, sera présentée du 3 au 28 mai 2022 au tNM, dans une mise de Serge Denoncourt.
Ce que cette pièce raconte se base sur la réalité. Tremblay a commencé une pièce, en 2013 qu’il a eu de la difficulté à finir parce qu’elle lui faisait peur. «J’avais un petit peu peur où ça menait, où ça s’en allait et j’ai comme figé». au début de 2018, il s’en inspire pour l’écriture de Le cœur en bandoulière une espèce d'hybride entre le roman et la pièce de théâtre, qui permet à Tremblay de parler du doute d’un auteur qui vieillit.
«Quand j’ai relu la pièce, étonnamment, même si je n’en gardais pas un bon souvenir, j’ai aimé ça», nous racontait Michel tremblay à la sortie de Lecœurenbandoulière, il y a un peu moins de trois ans. Revenant sur le blocage qu’il avait eu dans l’écriture de CherTchekhov, Tremblay confiait que « Quand tu bloques, tu n’es pas capable de l’analyser sur le coup, ça prend une distance pour dénouer tout ça. Ça m’a permis de revoir les personnages, les relations entre eux, et de repenser à ce que je voulais dire avec cette pièce-là. »
Il y a deux choses qui lui ont fait peur. La première, c'est que ça se passe dans une famille d'artistes. Il a eu peur que les acteurs ne l’aiment pas, qu'ils pensent qu’il ne les aime pas, qu’il les critique. Parce qu’il y a des «bitcheries», beaucoup de choses inside dans la pièce. Et ça lui a fait peur nous expliquait-il.

La deuxième chose qui a fait peur à Michel tremblay, c'est qu'il s'est rendu compte qu'il était en train d'écrire une pièce réaliste. «Ce qui m’a fait le plus peur en fait, c’est que j’aime beaucoup le théâtre réaliste, mais je n’aime pas en écrire. Ça a beau être un hommage à l’un des auteurs que j’aime le plus, est-ce que je veux donner une pièce réaliste? Je n’étais pas sûr… C’est la deuxième chose qui m’a un petit peu figé.»
Cela dit, après quelques années, les doutes se sont estompés et Michel tremblay a finalisé sa pièce au trois-quart écrite pour en faire quelque chose de différent. Dans CherTchekhov, un auteur se confie à nous: bien des années auparavant, il a laissé inachevée une pièce en hommage à Tchekhov dont l’action se déroule dans une famille de gens du théâtre. Dans une belle maison de vaudreuil, un frère et ses trois sœurs se réunissent avec leurs conjoints pour l’action de grâce. Dans cette famille, il y a un auteur en panne d’écriture depuis qu’un
ERoIcA : à nos héros de la santé
L’orchestre classique de Montréal termine sa saison avec un grand concert qui rendra hommage aux travailleurs de la santé, sous la direction du chef Jacques Lacombe, le 27 mai 2022 à 20h00, à la Maison symphonique. Plusieurs stars lyriques canadiennes et le talentueux pianiste Jean-Philippe Sylvestre accompagneront l’oCM dans un programme présentant la Fantaisie chorale et la symphonie Eroica de Beethoven.
Grâce au généreux soutien du commanditaire de la soirée, Medicom, l'oCM invitera gratuitement au concert 200 travailleuses et travailleurs de la santé du Centre hospitalier de l’université de Montréal (ChuM) et de l’hôpital général juif (hGJ) et un vibrant hommage leur sera rendu. « C'est avec beaucoup d'émotion que nous organisons ce dernier concert de la saison afin de mettre en lumière les vrais héros de notre société qui travaillent sans relâche et prennent soin de nous depuis plus de deux ans ! » affirme Taras Kulish, directeur général de l’oCM. Ce concert sera également l’occasion d’entendre plusieurs musiciennes et musiciens sélectionnés au sein du programme de mentorat Canimex, soutenu par le Groupe Canimex et la Fondation RBC. Les treize étudiantes et étudiants issus de la Faculté de musique de l’université de Montréal rejoindront l’orchestre pour ce grand concert. 6
LoGAN CArtiEr cartierlogan@gmail.com iNFoS | BILLETS (25$ À 150$) EN vENTE SuR PLaCEDESaRTS.CoM ou vIa LE 514-842-2112.
JACQUES LACoMBrE
critique l’a descendu trois ans auparavant. Lorsque l’aînée, étoile de cette dynastie, paraît avec le critique en question à son bras, on comprend que le ciel va leur tomber sur la tête.
Pour notre plus grand plaisir, l’aînée, actrice vieillissante affronte la colère de son frère, dramaturge, qui l’accuse de se trahir pour rester dans le coup à tout prix.
Michel Tremblay, en totale maîtrise de son art, nous entraîne à travers les doutes et les bonheurs de la création. Tour à tour léger et poignante, caressante et féroce, drôle et bouleversante, cette pièce de Michel tremblay, pose les questions universelles et les doutes qui viennent avec l’âge sous le regard malicieusement bienveillant de Tchekhov : ai-je déjà donné le meilleur de moimême? Suis-je dépassé par la jeunesse? Que puis-je faire de plus?
Serge Denoncourt, qui fréquente avec bonheur Tremblay – et Tchekhov! – depuis plus de trente ans, a rassemblé une distribution à la hauteur de cette création d’envergure, où brillent entre autres les noms de Gilles renaud, AnneMarie Cadieux, Éric Bruneau et Maude Guérin. 6
YVES LAFoNtAiNE yveslafontaine@fugues.com
