Les invisibles de Tchernobyl / Carnet photos

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Les in VISIBLES de

TCHERNOBYL Voyage dans la zone d’exclusion Gaëlle MC DERMOTT



LES INVISIBLES DE TCHERNOBYL Voyage dans la zone d’exclusion

Gaëlle MC DERMOTT


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D E É R T L’EN

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Y B O N R TCHE

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« Bienvenue à Tchernobyl » C’est bien ce que nous annonce ce panneau, arborant fièrement symboles communiste et nucléaire dans ce bloc de béton et son air indestructible. Porte d’entrée vers la ville nucléaire déchue, où la toute puissance technologique s’est écroulée.



de grandir malgré le poison

Et tout autour de ce bloc de béton, la résistance.

En silence, la forêt poursuit

son histoire, lente et puissante. Elle continue nucléaire.

Elle purifie le sol, elle nettoie les particules radioactives déplacées lors des passages des mini-vans à touristes.


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E G A H P ARCO

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Sans doute le monument ultime de la catastrophe. Sous le sarcophage, le réacteur n°4, éventré, où vit encore le corium, ce magma radioactif, un des éléments les plus mortels sur terre. Le sarcophage n’est pas éternel, le corium, lui, l’est.



Avant de l’admirer au plus près, on l’admire de loin, comme l’objet de toutes le convoitises. Il semble lointain, inaccessible.

La rivière nous sépare.

La rivière Pripyat qui serpente autour de la centrale avant de se jeter 200 km plus bas, dans le Dniepr, à Kiev.


Cette rivière justement, elle aussi s’affranchit de la limite stricte de la zone d’exclusion.

Elle fait couler l’eau qui, autrefois refroidissait la centrale et hydratait la forêt, et qui, aujourd’hui contamine le territoire bien au delà du périmètre d’exclusion.





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YA S S I L O P L E T O H L’

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L’hôtel Polissya, le plus haut bâtiment de Pripyat. Autrefois point d’accueil pour les visiteurs de la centrale, aujourd’hui point d’arrêt incontournable pour les visiteurs de la ruine radioactive.



Mais aujourd’hui, sa grandeur, sa prestance s’écroule sous une végétation à la force incontestable. Tout autour, les bouleaux, les sapins recolonisent les lieux, et leur taille entre en concurrence avec celle de l’hôtel.


La place bétonnée au pied de l’édifice explose sous la puissance végétale qui redessine peu à peu l’espace. Les petits animaux installent leur nid dans les décombres radioactifs.Ce sont eux les nouveaux habitants du quartier. Tout comme la flore, ils y trouvent leur équilibre, un nouvel équilibre. Un équilibre unique dans un milieu où urbain et végétal ne font plus qu’un.





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T A Y P I R E DE P

LA ROU

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La roue est posée sur le sol, comme un trophée. Symbole ultime de la vie merveilleuse à Pripyat, c’est aujourd’hui le symbole d’un rêve désenchanté.



La roue trône au milieu de ce qui était autrefois un parc d’attraction jamais utilisé, maintenant devenu jungle radioactive. Au sol, le vent emporte et disperse le sable radioactif qui tourbillonne et retombe plus loin dans la zone. Le vent active aussi la roue.

Ses faibles rotations invoquent les fantômes d’une vie courte et stoppée dans son apogée, tandis que tout autour, au fil des saisons, des années, une végétation dense et audacieuse vient petit en petit enfouir à tout jamais l’édifice de rouille empoisonné.






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AT Y P I R P NE DE

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LA PISC

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Comme une sculpture, le plongeoir domine la piscine de Pripyat, vide. Construite pour une vie saine, des habitants sains, aujourd’hui elle se noie sous un taux de radiation élevé.



haut.

suivent cette verticalité, et les arbres derrière s’elèvent encore plus

La hauteur du plafond est elle aussi élevée, les barreaux des fenêtres


Il y a quelque chose de spirituel dans la piscine, une sorte d’élévation vers la vie dans un lieu où tout s’est effondré. Les vitres ont été cassées et maintenant les arbres s’insèrent dans les ouvertures béantes comme des vitraux de verdure. La piscine est presque devenue une chapelle, un sanctuaire interdit où les clapotis de l’eau ont été remplacés par les chants de vie des oiseaux.





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T A Y P I R E DE P

L’ENTRÉ

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« Bienvenue à Pripyat» Comme à Tchernobyl, c’est ce qu’annonce ce panneau daté de la création de la ville, seize ans avant son abandon.



Pripyat, c’est un rêve éphémère. Mais Pripyat n’est pas figée dans le temps, elle continue de vivre, selon des rythmes différents. Il y a la vie animale, la vie végétale et la radioactivité qui est toujours active dans les ruines, dans les sols, dans l’eau.


L’allure élancée du panneau retombe sur d’autres panneaux, tout autour. Des panneaux arborant le symbole radioactif. Et sous chacun de ces panneaux, des hot-spots : des taches de radioactivité extrême où ont été enterrés des déchets contaminés. Malgré le sol souillé, la forêt s’érige, comme un mur protecteur, solide, invicible. Et c’est finalement ce mur protecteur qui incarne, mieux que toutes les ruines, l’apocalypse nucléaire.







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