(PFE) HABITER A CAULNES - Pour une densité sociale en centre-bourg

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Gaëtan Favrie

HABITER À CAULNES Pour une densité sociale en centre-bourg



DE LA COUR AU JARDIN Histoire d’une densité sociale en centre-bourg

Rapport de projet de fin d’étude - Atelier Le faire et le dire Equipe pédagogique - Sylvain Gasté, Carlo Grispello, Marie Rolland, Wilfrid Lelou, Olivier Caro, Théo Fort-Jacques. Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes - juin 2018



A Caulnes, le chantier de la déviation a commencé depuis novembre 2017. La petite ville de 2500 habitants, aujourd’hui régulièrement traversée par près de 10 000 véhicules par jour, va connaître un changement radical d’activité dès 2020. La situation de la commune est un cas d’étude sur l’avenir des centrebourgs ruraux.


PROLOGUE

Faire projet à Caulnes


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Le semestre dernier, j’ai présenté un travail de mémoire faisant récit des déplacements pendulaires et des modes d’habiter de trois familles, habitants en territoire périurbain à la métropole de Nantes. Dirigé par Eric Chauvier, j’ai appris à avoir une sensibilité anthropologique dans mon approche du territoire.   Suite à cet exercice et mes différentes lectures, faire projet à Caulnes devient l’occasion de travailler la correspondance entre ma démarche d’enquêteur et la pratique du projet architectural. Je m’interroge sur l’identité de ce territoire « rural » de Caulnes dépendant des pôles urbains de Rennes, Dinan, etc.   Quels sont les modes de vies et les besoins des habitants de la commune? Comment se positionner vis-à-vis du développement de la commune? Quelle réponse architecturale peut être apportée à ce contexte?   Sur le terrain, le contact avec les habitants a sans doute été facilité par leur première expérience des projets étudiants autour de la ferme de la « Ville Gate ». Je joue de cette référence pour m’introduire auprès des habitants. En leur rappelant les travaux étudiants sur le site de l’ancienne exploitation agricole, ils comprennent rapidement qui je suis et quels sont mes objectifs, la discussion peut donc commencer dans une relation de confiance. A partir de ces récits et de la compréhension des enjeux d’un territoire, des intentions urbaines et architecturales prennent forme.   Ce rapport veut rendre compte de l’enquête menée sur le territoire en parallèle de la conception de matières à un projet d’architecture. Il fait d’abord l’état des lieux de la ville de Caulnes, du sentiment habitant d’une « ville dortoir » et des témoignages de nouvelles initiatives associatives. Il raconte ensuite des scènes de vie dans le bourg de Caulnes, depuis les observations sur site jusqu’au scénario de projet de densification d’un ilot de centre-bourg. Il esquisse enfin les premières matières de projet, dans l’approche urbaine de la restructuration d’un ilot et la définition architecturale de nouvelles typologies de logement ouvertes sur l’espace commun de la rue.


SOMMAIRE


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PROLOGUE FAIRE PROJET À CAULNES

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CHAPITRE 1 RÉVEILLER UNE « CITÉ-DORTOIR » 10 Un territoire péri-métropolitain 11 Un sentiment habitant partagé 14 Une démarche locale 16 CHAPITRE 2 RÉHABILITER ET DENSIFIER LE CENTRE-BOURG Un ilot en centre-bourg – zone Ua Des scènes de vie quotidienne et des parcours résidentiels Une cohabitation de différentes populations

22 23 28 36

CHAPITRE 3 HABITER LA RUE 40 La question du frontage 41 Une restructuration de l’existant 46 De nouvelles typologies habitées 48 EPILOGUE FAIRE RÉCIT À CAULNES

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RÉFÉRENCES

52


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CHAPITRE 1

Réveiller une « cité-dortoir »

St Malo Morlaix St Brieuc

Lamballe

Dinan

CAULNES

Re Situation géographique de Caulnes en Bretagne et dans la communauté d’agglomération de Dinan >


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UN TERRITOIRE PÉRI-MÉTROPOLITAIN

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Le premier contact avec le terrain s’effectue avec les étudiants de l’atelier. Le 15 mars à 14h, nous avons rendez-vous avec le maire de Caulnes, Jean-Louis Chalois. Il est en poste depuis 2003 et ne se représentera pas en 2020. Fervent défenseur du projet de la déviation routière, il a également mené une politique de lotissements et ainsi fait grossir la commune de 500 nouveaux habitants. La commune s’est étalée et s’est équipée de quelques nouveaux services (vétérinaires, agence immobilière, opticien, cabinet médical, …). Dinan   Sur la carte, la ville de Caulnes se situe au carrefour de deux axes>routiers St Malo majeurs de Bretagne : de l’est à l’ouest, de Rennes à Brest et du nord au sud, de Dinan à Vannes. En voiture, Dinan est à 20 minutes, Rennes et Lamballe on à 30 minutes. En train, Rennes est à 40 minutes.vLe iatimaire nous explique qu’il é n’a pas de mal à attirer de nouveaux habitantsD grâce à cette situation géographique, les faibles coûts du foncier (48€ le m2) et l’importance des équipements. Ce sont la plupart du temps des actifs qui partent travailler dans les métropoles aux alentours. En 2014, 62,5 % des actifs travaillaient hors de la commune (insee 2015). ne

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> Développement du bourg fortement influencé par les axes routiers

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Cahier des clauses particulières, p.5 >

> Etapes de construction et périmètre de l’étude urbaine sur le centre-bourg

A partir du centre historique, la ville s’est étalée le long de la rue de Dinan (l’axe nord-sud) et s’est remplie progressivement de pavillons. Plusieurs époques de construction sont facilement repérables. Elles donnent lieu à des urbanités distinctes : plus les constructions sont neuves, moins elles sont denses. Les rues sont plus larges et délaissées par les habitants.   Les commerces et la vie de la commune sont aujourd’hui affaiblis de cette contradiction entre un territoire attractif pour y habiter, mais dont la majeure partie de l’activité sociale et culturelle se trouve au nord de l’agglomération, à Dinan et sur la côte (communauté d’agglomération de Dinan depuis le 1er janvier 2017). Caulnes est fortement dépendant des bassins d’emploi des métropoles de Dinan, Rennes et Lamballe.   De fait, l’économie locale de la ville est fragile et la déviation inquiète les commerçants. Si M.Chalois annonce être confiant sur le devenir du centrebourg, il nous informe du lancement de l’« Etude de plan de développement de Caulnes et de dynamisation de son centre-bourg » avec le soutien de Dinan Agglomération :   « L’étude doit permettre de définir un projet global du centre-bourg de Caulnes, d’anticiper les impacts de la déviation (habitat, commerces, espaces publics, renouvellement urbain), puis de bénéficier d’un plan d’actions sur les secteurs de projets identifiés. »   Ce document explicite les enjeux majeurs pour le futur proche de la commune : polariser la vie communale en centre-bourg, rénover les logements vacants, densifier le tissu bâti et adapter les programmes de logements aux parcours résidentiels des habitants.


Réveiller une « cité-dortoir »

Avant 1950

1960’

1980’

2000’

Aujourd’hui

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14 Chapitre 1 UN SENTIMENT HABITANT PARTAGÉ

> Résidence des Peupliers, Exemple de tissu pavillonnaire construit depuis les années 2000

> Bar PMU, Rue de Dinan

Après le discours du maire, les premiers échanges avec les habitants laisse place à une certaine morosité. Ils nous parlent tous de « cité-dortoir ». De nombreuses familles se sont installées à Caulnes ces quinze dernières années, mais on leur reproche de ne pas s’investir localement, comme le souligne une salariée de l’Ehpad, propriétaire d’une maison dans le nouveau lotissement du Fougeray :   « Il y en a qui ne disent pas bonjour dans ma rue. C’est triste. (…) la fête des voisins, ça ne se fait plus non plus. Il y en a deux qui ont essayé, mais personne n’a participé.»   Ces nouveaux habitants travaillent pour la plupart à l’extérieur et fréquentent davantage l’Intermarché de la zone commerciale proche du centre que le marché du mardi matin sur la place de la mairie, quasi inexistant avec seulement deux exposants.   A l’image de nombreuses communes rurales, Caulnes a perdu de son activité sociale. Il n’existe plus qu’un restaurant et un café PMU en centrebourg. Je rencontre le tenant du bar par hasard alors qu’il est en train d’aller chercher sa voiture sur le parking. Il a 64 ans et m’informe qu’il a déjà été maire d’un village du Centre jusqu’en 2001. Il profite de mes questions pour exprimer son profond désaccord avec l’action politique de M.Chalois.   « Lorsque tu es maire, qu’est-ce que tu fais pour redynamiser ton marché ? Tu vas sur le marché aux alentours, dans un périmètre de 30 kilomètres, tu vas voir les commerçants qui exposent sur le marché, et tu leur demandes, si éventuellement, ils pourraient venir sur le marché de Caulnes, comment ça peut s’articuler, quel jour serait le plus préférable pour eux, et d’une façon motivante, en faisant des petites animations, en demandant à des artistes de rue, par exemple, de venir dans la rue le jour de marché faire un petit peu les zazous. Et voilà, c’est bizarre, mais à la place d’avoir deux commerçants, on peut en avoir dix. (...) Il faut qu’il y ait une volonté politique, dans le bon sens du terme. (...) La politique d’une commune, c’est effectivement de fédérer les citoyens qui sont dans cette identité. Seulement, ça demande du boulot. »


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Réveiller une « cité-dortoir » Le premier passage à Caulnes révèle les signes d’une population peu investie sur le territoire de la commune. La politique de la ville a décidé de beaucoup construire pour encourager la venue de nouvelles populations et d’offrir de nouveaux équipements. Néanmoins, nous décrivons une commune rurale en manque d’identité locale et de cohésion sociale. Face à cet état des lieux, je commence à imaginer un espace de média pouvant rassembler les paroles habitantes. Pourquoi ne pas proposer un café associatif couplé avec un espace de radio pour donner une voix aux habitants ? Il serait capable de diffuser les connaissances et savoir-faire locaux.

> Centre historique de Caulnes, Rue de Dinan


16 Chapitre 1 UNE DÉMARCHE LOCALE

> Association de théâtre «Les Souliers à Bascule»

Pour soutenir cette intention programmatique, j’effectue des recherches sur l’activité socio-culturelle de la commune. La création d’un café associatif repose d’abord sur le bon vouloir des habitants de Caulnes.   J’apprends qu’une association de théâtre Les Souliers à bascule a commencé à lancer des projets d’événements culturels destinés à la population de Caulnes. Je me rends pour un entretien le 6 avril à 14h. Je m’adresse à Anne-Cécile et Gilles-Pascal, un couple de comédiens professionnels. En parallèle de leur activité parisienne, ils ont décidé de revenir à Caulnes habiter la maison du grand-père de Cécile.   Nous parlons pendant une heure et trente minutes sous leur préau derrière la maison. Contrairement à l’impression de ma première visite de Caulnes, ils ne veulent pas se résigner à l’inaction et une attitude passive de la population caulnaise :   « Ici tout ce qui est artistique c’est secondaire, c’est pour amuser les enfants, on est dans un autre monde ».   Ils m’expliquent qu’il faut toucher les gens d’abord par des sujets qui leur tiennent à cœur, et ensuite les emmener au gré de surprises créatives, vers des animations riches culturellement et socialement. Ils veulent éduquer les gens à la culture en les intéressant par la thématique des spectacles. Leur documentaire « Mémoires de Terroir », reposant sur les témoignages d’anciens du village sur la seconde guerre mondiale a eu un très grand succès. Ils me révèlent un de leurs futurs projets :   « Ce serait l’occasion là de faire quelque chose avant fin 2018 pour le centenaire de 14-18. Avec nos contacts à Paris, nous avons beaucoup d’amis comédiens potentiellement intéressés pour venir jouer ici. On se dit qu’on va essayer de mettre sur pied un événement sur deux jours où évidemment Les Souliers à Bascule présenteraient un spectacle en plus d’organiser, et inviteraient une première compagnie à jouer son spectacle qui serait sur 14-18. L’idée est non seulement de présenter le spectacle, mais aussi de parler derrière, de faire des ateliers dans les écoles, aller faire des ateliers dans le lycée agricole, … et faire dormir les artistes chez l’habitant pour qu’il y ait un échange, une proximité, pour qu’il y ait une connexion entre différents milieux. (…) Et il faut communiquer ça du mieux qu’on peut dans la presse. »


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Réveiller une « cité-dortoir »   Anne-Cécile est aussi active auprès de l’association de mise en valeur du patrimoine Kaonia, relancée depuis 2017. L’initiative de cette association souhaite raconter l’histoire de Caulnes grâce à quatre commissions : les journées européennes du patrimoine, l’exposition d’objets gallo-romains, la communication sur le patrimoine de l’église et le tracé de chemins de randonnées. Kaonia travaille sur l’attractivité de la commune à partir de la richesse de son patrimoine.

> Documentaire des souvenirs de la population caulnaise sur la seconde guerre mondiale


18 Chapitre 1 Ainsi, des structures associatives sont aujourd’hui porteuses d’initiatives et seraient prêtes à prendre en main un service de café associatif, comme une première pierre à une nouvelle attractivité du centre historique du village. Les deux comédiens me confient leur sentiment sur la vie du centre-bourg :   « C’est bizarrement fait le bourg avec la zone commerciale, il y a deux endroits et le centre du village n’est pas mis en valeur (…) il n’y a même pas de café sympa, nous, on avait même imaginé, ça pourrait être super sympa d’avoir un café associatif par exemple, un café associatif où les gens se réunissent, qui seraient tenus par des assos’ (nous), des permanences où il y a aurait la possibilité de faire des tas de choses!»   Après la réunion de l’association Kaonia, Maryline Choux, la présidente, réclame une terrasse à Caulnes. « Il faut commencer par planter un platane et tout se fera autour » me raconte Caroline Dorange, la propriétaire du château de Couellan.   Au regard de la population de Caulnes, la démarche de l’association Les Souliers à Bascule montre la nécessité d’un ancrage fort dans le territoire pour légitimer leur pratique et leur place dans la vie commune publique du village. Ils sont porteurs de nombreuses idées, parfois concrétisées en projets autofinancés. Avec l’association Kaonia, les projets culturels sont en train de monter, promettant un renouvellement de la vie du village et la définition d’une identité locale appréciable depuis l’extérieur. Même si les premiers témoignages habitants étaient pessimistes sur le dynamisme de la commune, ces entretiens montrent le potentiel habitant d’une vie sociale animée.




« Une disposition bâtie est le ferment de toute urbanité : la continuité de maisons mitoyennes alignées sur une rue. Une maison s’appuie à une autre, attend la suivante. Leurs alignements cristallisent les routes en rues, définissent les espaces publics et privés, forment le gène de la matière urbaine, de son tissu. (…)   Le projet s’appuie sur une double action combinée: réhabiliter et densifier. Eu égard à l’importance de la situation retenue (maison mitoyenne sur rue), la réhabilitation de ces maisons existantes et la densification de leurs parcelles instrumente l’avenir tout autant – voire plus - que la construction d’une écocité en métropole. » Philippe Madec, « Urbain, Rural. L’équilibre des mondes » (2015, p.5)


CHAPITRE 2

RĂŠhabiliter et densifier le centre-bourg

?

Passage du centre-bourg vers la zone commerciale, enjeux urbains >


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UN ILOT EN CENTRE-BOURG – ZONE UA En parallèle de tous ces entretiens menés, je remarque le potentiel d’un ilot proche du centre-bourg et sur le passage vers la zone commerciale. Seulement construit le long de la rue de Dinan, un fond de parcelle est déjà à vendre, et un autre est réservé par la mairie pour aménager davantage de places de stationnements. Plusieurs témoignages récoltés auprès des usagers des rues adjacentes et des propriétaires de parcelles de l’ilot vont appuyer le choix de cet ilot, décrit comme un lieu de passage et un espace foncier destiné à se développer dans un futur proche.   L’ilot accueille déjà des activités de services, un office notarial, le comité cantonal d’entraide de Caulnes et l’agence Groupama, mais il ne compte que dix unités de logements. Il est donc un terrain propice à expérimenter la densification du centre-bourg. Cette intention de densification urbaine de l’habitat a pour objet de participer à la requalification d’un centre-bourg et de porter le projet de création de café associatif.   Aujourd’hui, la rue Mathieu Ory, la rue Ludovic Jean et la rue Neuve sont très peu construites mais occupées par de grands espaces de jardins ou bien d’espaces de stationnements. En occupant ces jardins de fond de parcelle et en réorganisant les places de stationnement, en injectant un programme de café associatif et davantage de logements, l’ilot offre une opportunité de travail sur la densification construite et sociale d’un centre-bourg.


24 Chapitre 2

Densité de 16 logements / hectare

Densité de 46 logements / hectare

Place de la mairie Densité de 80 logements / hectare

Densités et échelle d’ilot de centre-bourg, enjeux urbains >


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Réhabiliter et densifier le centre-bourg

Zone commerciale

Zone commerciale

Rue Mathieu Ory

Rue Neuve

Rue Saint Paul

Place de la mairie

Rue Valaise

Rue de l’hôpital


26 Chapitre 2

Rue M. Ory

Passage entre la rue de Dinan et le coeur d’ilot - porche

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CENTRE -BOURG

Mme Rauflet : « La maison avec la fenêtre rouge appartient au notaire, elle est vide depuis que la propriétaire du café Briand est partie en maison de retraite. »

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Mme Rauflet : « Il y a deux appartements accesibles par derrière, et deux autres par la rue de Dinan. Mais le propriétaire a du mal à louer le rdc, ils sont vides aujourd’hui. Il est en train de rénover celui avec la cour. »

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Mme Rauflet : « Cette maison est vieille, c’est un logement en location. Devant, c’est leur espace de parking. »

Emplacement réservé par la mairie, après le départ de la propriétaire du terrain (café Briand) en Ehpad.

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Réhabiliter et densifier le centre-bourg

Une salariée de l’office notarial : « Cette parcelle est à vendre en effet, le même propriétaire met en location la maison à l’adresse 24, rue de Dinan.»

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Parking public de 18 places, dont 2PMR

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Parking public 18 places

Parcelles à vendre

Une salariée du comité d’entraide: «Nous avons emménagé dans ces locaux en 2003. Nous avons 5 voitures pour les aides à domicile, 2 pour le portage de repas et 2 autres pour le jardinage. Nous intervenons aussi à l’Ehpad auprès des foyer-logements.»

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Parking de l’office notarial d’une capacité de 20 places.

Zone UA de centre-bourg Site de projet Propriétés privées de logement Propriété du comité d’entraide Propriétés de l’office notarial

M. Jehan : « Notre terrain fait 714 m², la maison comprise. On a une maison de 7 pièces depuis qu’on a cassé un cloison récemment. »

Propriété de la mairie et à vendre

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> Etat des lieux de l’ilot, échelle 1-1000


28 Chapitre 2 DES SCÈNES DE VIE QUOTIDIENNE ET DES PARCOURS RÉSIDENTIELS Pour mieux appréhender la vie sociale du bourg de Caulnes, je retourne plusieurs fois sur place et j’interroge les habitudes et relations des habitants au village.   Rue Mathieu Ory, j’observe l’usage d’un espace de parking situé entre l’ilot étudié et la zone commerciale. Un homme est venu ici garer sa voiture pour aller chercher son journal au PMU, rue de Dinan. Trois jeunes ont traversé le parking après avoir acheté à manger à l’Intermarché. Une aide à domicile salariée du comité d’entraide vient de se stationner.

> Parking public, Rue Mathieu Ory


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Réhabiliter et densifier le centre-bourg

> Parcelle à vendre, Rue Mathieu Ory

> Magasin Agrilec, Zone Commerciale

En face l’intermarché dans la zone commerciale, je me rends au magasin Agrilec. J’ai appris de la secrétaire de mairie que le gérant de cette entreprise est le propriétaire de la parcelle à vendre de l’ilot (c’était l’ancien site de l’entreprise). Je m’avance vers un vieil homme debout derrière son établi. C’est M. Serot, l’ancien chef de l’entreprise et maintenant à la retraite. Nous nous installons autour du bureau et commençons par dessiner sur le cadastre imprimé les limites exactes de la parcelle mise en vente. J’apprends alors le tracé de la nouvelle ligne de délimitation de la parcelle et le ménagement d’une servitude de passage pour le jardin du fond. Il me dessine le plan schématique de son ancien appartement, maintenant en location. A partir du moment où j’explique mon attitude et mon projet de logements vis-à-vis de l’ilot, nous poursuivons l’échange avec le fils de M. Serot, maintenant gérant de l’entreprise familiale. Il m’explique ses autres scénarios pour la parcelle à vendre. Il pensait construire pour des personnes âgées quatre logements individuels avec deux places de parkings au nord, et le jardin au Sud ou bien un logement collectif, avec les chambres et salle de bain individuelles et un grand espace de séjour partagé et tenu par un employé de maison.


30 Chapitre 2 Rue de Guenroc, entre des lotissements et la zone commerciale, je croise le chemin d’une salariée de l’Ehpad, en train de se balader avec une amie. Elle habite aujourd’hui dans un des nouveaux lotissements au nord de la commune. « J’ai acheté en bas, j’ai fait de la location et après j’ai acheté là-bas. C’est une histoire de vie. (…) Le jardin m’intéressait et la tranquillité. Avec les camions dans le centre, c’est insupportable. »

> Chemin derrière le cabinet de vétérinaire, ZC, Rue de Guenroc


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Réhabiliter et densifier le centre-bourg

> Résidence des Hortensias, Rue Basse

Rue Basse, je m’avance vers une femme très âgée qui vient de sortir avec son déambulateur de la résidence des Hortensias. Elle a rendez-vous chez le coiffeur dans le centre. Elle m’explique qu’elle loue un des appartements au rez-de-chaussée, les douze appartements du bâtiment sont occupés par des personnes âgées. A proximité du centre-bourg, elle parvient à conserver une certaine autonomie, elle devrait se rendre à l’Ehpad si elle n’avait pas ce logement.  Un peu plus loin dans la même rue, je vois un homme retraité bricoler dans son jardin et m’observer discrètement. Je m’avance donc vers lui pour discuter sur son usage du jardin. Il a un grand garage, des poules, une grande pelouse, un tas de bois, … Il est manifestement heureux de vivre ici, il pêche beaucoup, ramasse du bois de chauffage lors de l’éclaircissage de la vallée et marche trente kilomètres par semaine, à travers tous les chemins qui s’offrent à lui. Il va jouer aux cartes tous les mois avec le club des anciens pompiers de Caulnes. > Jardin, Rue Basse


32 Chapitre 2

> Devant chez Mme Rauflet, Rue Ludovic Jean

Rue Ludovic Jean vers 12h, je croise Mme Rauflet (60 ans) en train de rentrer chez elle. Elle revient tout juste de chez sa voisine au 1er étage, 10 rue de Dinan. Elle aimerait bien qu’un des garages situé en face de chez elle lui appartienne. Son mari revient aussi surement pour déjeuner, il a jardiné chez sa mère toute la matinée.   Vingt mètres plus loin, je vois M et Mme Jehan (70 ans) sur leur palier en train d’accueillir deux couples d’amis, venus déjeuner chez eux. Ils m’expliquent que leur maison date des années 1960. A l’époque, ils avaient pour seul vis-à-vis un champ et un chemin de terre. Leur terrain fait 714m², pas trop grand mais assez pour avoir un bon potager d’après M Jehan.

> Entrée de M et Mme Jehan, Rue Ludovic Jean


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Réhabiliter et densifier le centre-bourg

> Entrée de service de Mme Louessard, venelle privée au sud de l’église

En traversant la venelle de l’ilot au sud de l’église, je vois Mme Louessard (65 ans) sortir de chez elle par la porte de derrière. Quand je m’avance pour l’interroger, elle se rend dans une de ses dépendances (qu’elle utilise pour stocker des affaires diverses) de l’autre côté de la ruelle. Elle m’informe qu’elle a un espace de garage et de jardin séparé de sa maison, dans l’ilot voisin derrière l’église. « Aujourd’hui, nous n’utilisons pas les jardins de la même manière. C’est plus un jardin d’agrément, il n’y a pas de maraîchage. Avant c’était un potager, une culture. On voit plus le jardin comme un prolongement de la maison, c’est pas une deuxième pièce mais presque. » Elle m’explique s’avancer dans la venelle en voiture pour décharger ses courses par la « porte de service » avant d’aller ranger sa voiture.


34 Chapitre 2 Dans le square situé rue Valaise en fin d’après-midi, je suis assis sur un banc et assiste à une scène de jeux entre quatre enfants autour du toboggan. J’aperçois de nouveau M et Mme Jehan en train de se balader avec leurs amis invités. Le repas était copieux, ils sortent de table vers dix-huit heures. La femme m’aborde et blague. Son mari, aussi avenant, s’exclame : « Ah, bah ils travaillent les jeunes ! ». Et derrière la scène à quelques dizaines de mètres, Mme Louessard écrit, maintenant assise dans son jardin.

> Square, rue Valaise


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Réhabiliter et densifier le centre-bourg

> Magasin Coccinelle Express, Rue de Broons

Rue de Broons, aux abords de la superette-boucherie, je vois une voiture se garer rapidement devant le magasin, et laisser le moteur tourner le temps d’aller chercher rapidement sa commande. Il revient une minute après. Le parking de proximité remplie entièrement son rôle.


36 Chapitre 2 UNE COHABITATION DE DIFFÉRENTES POPULATIONS

> Collage d’ambiance Depuis le café associatif vers les nouveaux logements pour personnes âgées et familles avec enfants.

Je témoigne d’une atmosphère de village déjà présente mais peu stimulée. Cela me questionne sur la manière de densifier la ville dans cet espace rural. Le calme et la stabilité, la respiration et la liberté de passage doivent rester de mise. Quelle échelle de densité de population est acceptable dans un territoire rural, de manière à activer l’en-commun, le partage et l’émulation d’un centre-bourg, sans pour autant étouffer par des images trop urbaines, les usages d’une population souhaitant son indépendance et son isolement ..? D’après la description du ressenti des lieux, il serait peut-être préférable de ménager des pauses. Le temps est ralenti, nous sommes loin d’un rythme urbain. Seuls les “50” des ados roulent bruyamment vite dans Caulnes ou les voitures d’actifs au travail.   La densité de construction ne signifierait pas forcément densité de population. La venelle correspond d’abord à une logique de passage et de mise à distance du bâti par rapport à ses voisins, de manière à capter suffisamment de lumière. Droite et dense, elle organise fonctionnellement le passage. Si nous définissons l’espace commun par le ménagement d’un passage au gré de différents espaces de place, de jardin et de terrasse de résidents, les usages seraient moins contraints et laisseraient la place aux regroupements informels chez les habitants.


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Réhabiliter et densifier le centre-bourg De ces récits, j’esquisse une ambiance et un programme. A côté du comité d’entraide, un nouveau café va commencer par être actif en soirée grâce aux associations locales. De l’autre côté de la rue, le café PMU fait toujours office de point presse et relais café pendant la journée.   Dans l’ilot, différents profils de personnes cohabiteront. Des personnes âgées en perte d’autonomie physique vont éviter l’isolement de l’hébergement en Ehpad et aménageront dans des foyers-logements, à quelques mètres du comité d’entraide. Dans des logements de rez-de-chaussée et toujours sur place, elles participent aussi à l’activité sociale du bourg. A l’étage, des étudiants du lycée agricole pourront être hébergés pendant leur période d’étude. Lors des vacances scolaires et de nouveaux festivals d’été, des artistes logeront dans ces mêmes studios.   Des familles avec enfants souhaiteront accéder à la propriété en centrebourg, pour être à proximité des services de la commune, comme le marché, le café, le square, l’école, la médiathèque, le terrain de sport. Un espace de jardin et une rue privée permettra aux enfants de jouer en sortant de la maison. De plus petits logements seront offerts à des jeunes couples ou familles venues résider dans le bourg de Caulnes pour une période transitoire, en attendant une évolution professionnelle ou familiale. Des familles monoparentales souhaiteront aussi accéder à ce type de logement, pour retrouver une maison plus petite après la séparation.   Le cœur du projet architectural va consister en la manière d’articuler ces différentes typologies et populations, afin d’obtenir une cohabitation de l’ilot animée et collective, tout en permettant une individualisation des modes d’habiter.



« Les ruelles, qui sont plus que de simples instruments de transit, sont fonctionnelles à la résidence. Découpées par des escaliers et des recoins, ce sont des aires interpersonnelles où les gens installent des chaises et des tables, et où les enfants jouent ; « l’usage sympathique, aspect de la civilisation de la ruelle, de nettoyer le bout de route qui donne sur l’habitation, est connu de tous ».   De là, naît le « voisinage », qui trouve son expression culminante dans les Sassi de Matera. Le lieu de coagulation sociale de l’agrégat de maisons est fourni par la petite place, par la « cour », par le campiello (…). » Bruno Zevi, Dialectes architecturaux (2016, p.24)


CHAPITRE 3

Habiter la rue

> Coupe imaginaire, dessinÊe après la visite de Trentemoult, le 2 avril 2018


41

LA QUESTION DU FRONTAGE Avec cette intention de densité sociale en centre-bourg, le projet questionne la manière dont est occupé le seuil de la maison et l’espace de la rue. Comment rencontrer l’autre devant chez soi ? Je pars faire l’expérience de Trentemoult et je ressors plusieurs ambiances de rues qui m’ont marqué pendant mes voyages. Trentemoult est un ancien village de pêcheurs, aujourd’hui complètement gentrifié. Je m’y promène le jour de Pâques et croise la route de quelques autres curieux venus se perdre dans les petites rues du quartier. Ce qui séduit, c’est le caractère habité des rues. Tout le monde peut passer, même les voitures, les venelles ne sont jamais en cul-de-sac mais on y ressent une ambiance domestique. J’observe un quartier aux volumes bâtis homogènes, mais où les habitants vont s’identifier à leur maison. Les façades sont peintes de différentes couleurs, un espace de la rue se transforme en petit salon extérieur, grâce à une table, deux chaises, et quelques plantes, un jardin d’hiver met à distance le logement vis-à-vis de la rue, une rue s’élargit et laisse place à une cour partagée autour d’un arbre et deux bancs.


42 Chapitre 3 Venise est une ville très dense et très visitée, c’est une autre échelle. Lorsque je commence à marcher dans les rues, je deviens curieux de tous les scénarios de passages pour entrer son logement. Un escalier se détache de l’espace public pour desservir un bâtiment privé, des maisons ont leur propre espace de ponton, ouvert sur le canal. Au rez-de-chaussée, il n’y a pas d’appropriation habitante à proprement parler, la fréquentation des passages est trop importante et publique. Néanmoins, les configurations spatiales de seuil, la manière dont les façades sont habitées donne à voir l’échelle humaine de la ville.

> Passages et canaux de Venise, octobre 2016

«Reconquérir les rues» (p.144-147) Frontages actifs >

Amsterdam est souvent cité comme une référence pour les architectes dans la gestion des rez-de-chaussée habités. Nicolas Soulier* montre cette gestion historique des seuils appelée stoep. Ouvert sur la rue, l’espace d’entrée peut être signifié par une matérialité du sol différente, par une ou plusieurs marches et agrémenté d’un banc fixe, d’un garde-corps, … En me rendant sur place, j’observe une scène difficilement imaginable dans un centre-ville en France. Des habitants ont apparemment invité des amis et occupent temporairement la rue. Les baies de leur salon sont grandes ouvertes sur l’espace public, les tables sont de l’autre côté de la rue, à proximité du canal. Je passe à travers la scène, alors qu’une femme est encore en train de faire des allers-retours entre le salon et la cour improvisée sur la voirie publique.


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Habiter la rue

> Quartier Kinkerbuurt, Sud-Ouest d’Amsterdam, juillet 2017

Au sud de Porto, je me rends dans un ancien village de pêcheurs, intrigué depuis la carte par la rigueur de la trame urbaine du quartier. J’observe la forme d’un habitat populaire, aux maisons toutes mitoyennes et aux façades personnalisées par de la faïence. L’espace de la maison déborde sur la rue, les habitants étendent leur linge, entreposent des affaires personnelles et prennent soin de leur entrée de maison.

> Village de pêcheurs de Afurada, au sud de Porto (Vila Nova de Gaia), octobre 2017


Chapitre 3

> Intentions spatiales, volume bâti et espace de la rue (croquis fusain)

A Caulnes, j’imagine une vie sociale et solidaire entre les habitants du bourg. Dans ce nouvel ilot dense, des espaces de venelle se dessinent entre les différentes habitations. Le passage est un lieu de scène joué par la vie quotidienne, la rue est une succession de cours privées ouvertes, où les enfants jouent entre amis, où les vieux discutent et partagent un thé ou un verre de vin, où un étudiant va se sentir moins isolé et où un actif échappe au stress du travail sur le chemin du retour grâce à une discussion brève avec son voisin.   En plus de fréquenter les mêmes passages, des initiatives habitantes vont prendre forme autour de la structure associative du café. D’abord en soirée, des activités vont commencer à être conduites. Avec l’aide de la médiathèque, des ateliers de lecture et d’écriture vont apparaitre, ils pourront être diffusés à la radio ou enregistrés en ligne sous forme de podcast. L’association des Souliers à Bascule pourra communiquer davantage sur les festivals à venir, l’association Kaonia sur les journées du patrimoine. De petites projections de cinéma seront accessibles aux habitants, à l’étage sera disponible un espace d’exposition pour les découvertes archéologiques sur le territoire de Caulnes. On pourra enfin révéler au public les 33 pièces gallo-romaines, aujourd’hui stockées dans le grenier de la Poste. Dehors en cœur d’ilot et à l’abri de la circulation, un espace de terrasse et de jeux sera disponible pour les clients du café. D’autres services d’entraide et de partage émergent entre les nouveaux habitants de l’ilot : un livre de recettes de cuisine, une collection de graines, ou encore une assistance à la garde des enfants.


Habiter la rue

> Collage (individuel), succession de cours privĂŠes formant un espace de passage commun aux habitants

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46 Chapitre 3 UNE RESTRUCTURATION DE L’EXISTANT A la mesure de la taille de la commune de Caulnes, il est sans doute nécessaire de penser le développement du projet de restructuration de l’ilot suivant un ordre établi de différentes phases, toutes ou en partie réalisées, selon le principe d’une opération à tiroir.

> Topographie ajustée à la rue, passages depuis le centre-bourg vers la zone commerciale, depuis le café associatif vers les habitations, servitude vers les jardins existants

> Déménagement de l’office notarial dans des nouveaux locaux, nouvelles places de parking

> Installation du café associatif et réhabilitation des logements vacants, 20 nouveaux logements construits

N


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Habiter la rue

> Maquette concept, échelle 1-50

> Prototype du seuil et matérialités, échelle 1-10

Premièrement, je fais le choix de reloger l’office notarial et de lui offrir de nouvelles infrastructures. Leurs bureaux actuels ne sont pas ouverts sur la rue de Dinan et empêchent tout nouveau développement en fond de parcelle. Les nouveaux bureaux du notaire prennent en partie place sur l’emplacement réservé de la mairie. La gestion des stationnements générés par l’office notarial se fera conjointement au projet de stationnement de la commune.   Ensuite, les nouvelles habitations vont prendre place dans un espace relativement contraint de l’ilot, comme un espace d’expérimentation à de nouvelles typologies de centre-bourg. A commencer par la parcelle à vendre, l’objectif est de pouvoir financer la suite des opérations par la mise en vente des nouvelles propriétés construites. Un des premières interventions auquel je tiens, est le travail sur la topographie de l’ilot. Travailler sur la continuité de l’espace de seuil vers l’espace de la rue impose d’ajuster le niveau du sol avec le niveau de la rue, et ainsi éviter cet effet de mur sur la rue aujourd’hui présent.   Maintenant, le travail sur l’espace public de la rue de Dinan et le café associatif peut être financé. A la place de l’actuel office notarial, il prend alors une place centrale dans la composition de l’ilot. Couplé avec le comité cantonal d’entraide, il forme un espace social et de service à destination des habitants du bourg. Une terrasse est aménagée en cœur d’ilot.   Enfin, les typologies anciennes de logements de centre-bourg conservent un espace de jardin attenant à la maison, c’est une qualité d’habitat à préserver. Néanmoins, des espaces de passages vont être réaménagés de manière à offrir des places de stationnement pour chacun des logements et permettre à la voiture d’accéder aux jardins. Après avoir construit toutes les nouvelles habitations du projet, la réhabilitation des logements vacants de l’ilot va pouvoir être financée.   A partir du travail en maquette et en prototype, je projette le dessin d’une architecture d’enveloppe s’ouvrant ou abritant l’espace de rue, protégeant ou mettant à distance la façade de la maison.


48 Chapitre 3 DE NOUVELLES TYPOLOGIES HABITÉES L’objectif est de proposer des logements de centre-bourg pour un public varié, des personnes âgées aux familles nombreuses, en passant par les étudiants et les familles monoparentales. La densité habitée veut apporter une qualité de vie sociale plus riche entre les habitants de la commune. Mais comment concilier ces intentions de gestion négociée et collective de l’espace de seuil tout en conservant un rapport individuel à son habitat ?   En plan, ces situations de seuil deviennent multiples. Le rapport à l’espace extérieur est partout et différencié. L’habitant peut faire le tour de sa maison, depuis sa cour (dans l’épaisseur de la venelle privée et partagée), jusqu’à son jardin. Il peut entrer et sortir de sa maison différemment. Il a la possibilité de modifier son itinéraire, de parcourir son chez-soi différemment.   Ce dessin de typologie veut marquer le caractère individuel de la maison dans un contexte d’habitat dense de centre-bourg. Il appuie le sentiment d’appartenance et d’identification individuelle de l’habitant pour son espace habité privé. Les espaces en creux sont divers permettant une flexibilité du plan, un agrandissement de la maison, la construction d’un appentis, d’une pièce supplémentaire, d’un service collectif.   A proximité de l’ilot étudié, des fonds de parcelles sont peu utilisés par les habitants. Ce modèle de typologie d’habitat groupé pourrait être continué.

> Travail sur les typologies de logement: plan RDC et maquette plein-vide


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Habiter la rue

> Collage, espace de passage et forme architecturale, gestion des degrÊs d’intimitÊ


EPILOGUE

Faire récit à Caulnes


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Pour mon dernier projet étudiant, il était important pour moi de continuer cette attitude d’écoute des habitants, expérimentée pendant mon mémoire de master. Ici, elle me permet de rendre compte des histoires locales et de me positionner par rapport à un territoire habité, de prendre conscience des problématiques locales et de tenter d’y répondre par une architecture.   Ainsi, la réflexion programmatique et urbaine repose sur des initiatives et des observations vérifiées sur place. L’ilot concerné par le projet est un espace privilégié pour l’avenir du centre-bourg, du fait de ses fonds de parcelle déjà porteurs de quelques projets et de sa position dans le bourg. Cette échelle de travail me permet alors d’engager une réponse urbaine, avec un travail sur les passages publics, la recomposition d’infrastructures et de stationnements publics et la mise en place d’un commerce associatif. Dans ce cadre, je dessine de nouvelles typologies d’habitat denses mais ouvertes sur le passage. La réponse architecturale tient dans le traitement de l’épaisseur de l’enveloppe du logement et sa relation à l’extérieur, le ménagement des vues et des espaces privés.   Le projet veut rassembler différents profils d’habitants dans le bourg et les fédérer autour d’activités partagées portées par le café associatif. Avec les typologies de logements, les habitants font partie d’un même espace commun et sont capable de s’isoler et de se réaliser indépendamment de leurs voisins.   Le dessin d’architecture tente de résoudre le problème de sociabilité et de développement du centre-bourg. Néanmoins, il dépend d’une politique de la commune et des initiatives habitantes pour pouvoir prendre. L’architecture est là pour expérimenter dans un contexte, proposer et créer des occasions à une vie sociale. Aux habitants de faire de ces espaces bâtis, des lieux vivants au quotidien et d’identification à un territoire. A eux de jouer les personnages de l’histoire de Caulnes. L’objectif est alors de faire récit à partir des histoires racontées, d’inscrire sa réponse architecturale dans une vie de village déjà présente.


RÉFÉRENCES

BIBLIOGRAPHIES Association Les Souliers à Bascule. http://celianogs.wixsite.com/ BOUGON François. Les podcasts « natifs » renouvellent la radio. Le Monde. 28 mars 2018, page 8 BLANC Nathalie. Esthétique, mobilisations et pratiques artistiques : Un art des environnements naturels et construits. 27 février 2018, Lieu Unique, Nantes. CERTEAU Michel de. L’invention du quotidien : Arts de faire. Tome 1. Editions Gallimard. Paris, 1990, 349 pages CHAUVIER Éric. La Petite ville. Editions Amsterdam. Paris, 2017. 106pages Commune de Caulnes. https://communedecaulnes.fr/mairie-de-caulnes/ Commune de Caulnes. Plan Local d’urbanisme. 22 février 2007, 64 pages Commune de Caulnes. Etude de plan de développement de Caulnes et de dynamisation de son centre-bourg, Cahier des Clauses Particulières. Document de travail, 20 pages


53 Dinan agglomération. https://www.dinan-agglomeration.fr/ Dinan Agglomération. Plan local d’urbanisme Intercommunal. Janvier 2018, 122 pages FRANCE CULTURE. Terre-à-terre : Hangars Hagards à Concoret. Emission du 14 mars 2015, 55 minutes. Institut national de la statistique et des études économiques. https://www. insee.fr/fr/accueil MADEC, Philippe, « Urbain, Rural. L’équilibre des mondes », (philippemadec.eu), 13.10.2015, http://www.philippemadec.eu/ecrits.html MAGNAGHI Alberto. La conscience du lieu. Editions Etérotopia. Paris, 2017, 176 pages MANGIN David. La ville franchisée : formes et structures de la ville contemporaine. Editions de la Villette. Paris, 2004. 398 pages OZU Yasujirō. Bonjour. 1959, 94 minutes. Pays de Dinan. Schéma de COhérence Territorial. 20 février 2014 SAUVAITRE Estelle. Rural multiple. Rapport de PFE, Atelier Territoires Traversés, Paysages Inventés. Ensa nantes, 2017, 69 pages SOULIER Nicolas. Reconquérir les rues. Editions Ulmer. Paris, 2012, 285 pages ZEVI Bruno. Dialectes architecturaux. Editions du Linteau, Paris, 2016, 149 pages ZUMTHOR Peter. Atmosphères. Editions Birkhäuser. Bâle, 2008, 75 pages


54 TÉMOIGNAGES Premier passage – 15 & 16 mars 2018 Rendez-vous avec le maire de Caulnes : Jean-Louis Chalois. Entretiens dans la rue avec plusieurs personnes âgées, le gérant du bar-pmu, une salariée de l’Ehpad, une salariée du comité cantonal d’entraide, une salariée de l’office notarial, une salariée de l’agence immobilière Guy Hoquet et la boulangère près de l’église. Deuxième passage – 6 avril 2018 Rendez-vous avec l’association Les Souliers à Bascule : Célia Nogues et Gilles-Pascal Valette. Entretiens dans la rue avec Mme Rauflet, M et Mme Jehan, Mme Louessard, appel téléphonique auprès du Service Territorial de l’Architecture et du Patrimoine (STAP) de St-Brieuc. Troisième passage – 27 avril 2018 Rendez-vous avec la secrétaire de mairie de Caulnes : Jannick Buchon. Entretiens avec M. Serot et son fils, au bureau de l’entreprise Agrilec, une personne âgée dans son jardin, courte visite de la médiathèque « Le Marquepage » avec la personne de l’accueil, appel téléphonique à Vinciane Kerguiduff, coordinatrice des politiques culturelles de Dinan Agglomération. Quatrième passage – 24 mai 2018 Rendez-vous avec l’association de mise en valeur du patrimoine Kaonia : Maryline Choux. Entretiens avec les habitants membres de l’association.


55 ICONOGRAPHIES Toutes les illustrations sont la propriété de l’auteur, excepté les suivantes : P.15 > Centre historique de Caulnes, Rue de Dinan : GUEYRAUD Simon P.16 > Image Les Souliers A Bascule : http://celianogs.wixsite.com/ P.17 > Affiche Mémoires de Terroir : http://celianogs.wixsite.com/ P.28 > Parking public, Rue Mathieu Ory : GUEYRAUD Simon P.33 > Entrée de service de Mme Louessard : SULEIMAN Amin



Merci aux enseignants pour leurs critiques constructives, aux habitants de Caulnes pour leur accueil chaleureux et leur gentillesse, à Simon et Amin pour les premiers travaux de groupe, à Jeanne et Pierre pour l’aide apportée entre pfe, à Nina pour sa patience et ses conseils, et à papa et maman pour leur soutien permanent dans mes études.




Ce rapport témoigne d’une atmosphère de village déjà présente mais peu stimulée. Il questionne la manière de densifier la ville dans cet espace rural. Le calme et la stabilité, la respiration et la liberté de passage doivent rester de mise. Quelle échelle de densité de population est acceptable dans un territoire rural, de manière à activer l’en-commun, le partage et l’émulation d’un centre-bourg, sans pour autant étouffer par des images trop urbaines, les usages d’une population souhaitant son indépendance et son isolement ..?

Rapport de projet de fin d’étude Sous la direction de Sylvain Gasté et Carlo Grispello Atelier Le faire et le dire - ensa nantes - juin 2018


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