VARIA.

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« VARIA », autrement dit varié, divers. Parce que les œuvres présentées dans l’exposition le sont, bien sûr, mais aussi parce que l’exposition elle-même représente un pas de côté dans un univers artistique différent de celui présenté habituellement par la galerie Laurent Strouk.


Davide Balula Brian Calvin Radu Cioca David Malek Mathieu Mercier Olivier Mosset Kaz Oshiro Virginia Overton Bruno Peinado Adam Pendleton Gerald Petit Sylvain Rousseau Chris Succo Vincent Szarek Blair Thurman Morgane Tschiember Ida Tursic & Wilfried Mille Sebastian Wickeroth Peter Zimmermann


Comme le suggère le titre de la peinture, la surface du tableau a été volontairement dégradée. La toile enduite, passée dans une cabine simulant

Davide Balula

les changements de chaleur et d’humidité, a été soumise à des variations climatiques artificielles, formant à sa surface un réseau de craquelures la faisant apparaître hors d’âge. En mettant en avant ces signes de vieillissement, la peinture de D. Balula renvoie les spectateurs à leur fétichisme pour l’ancien, et à la façon dont l’obsolète est a priori valorisé dans notre culture.

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Artificially Aged Painting (Wet, Dry, Wet, Dry, Wet, Dry) 2014 Ø : 152 cm Lin prétraité en usine, cadre en bois

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Le personnage regarde fixement le spectateur du tableau, il lui renvoie son propre regard, cassant la convention voulant que ce qui se

Brian Calvin déroule à l’intérieur de l’espace du tableau soit un univers distinct de celui du spectateur. Mais la schématisation des traits du visage dépeint, le vide qu’il exprime suspendent cette interpellation et laissent la place à un entre-deux troublant.

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Amnesia 2015 213,36 x 142,24 cm Acrylique sur toile

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Vertical Curtain fait partie d’une série de pièces sur ce thème. Il s’agit à la fois d’une recherche formelle, l’effet de drapé appliqué au béton jouant sur le

Radu Cioca contraste entre un matériau particulièrement rigide et quelque chose de fluide, mais aussi d’une œuvre chargée symboliquement. Elle est posée contre le mur, en grande partie évidée, le cadre en acier formant ce qui s’apparente aux montants d’une fenêtre, symbole de la perspective classique, volontairement occultée pour se protéger du reste du monde.

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Vertical Curtain 2013 273 x 29 x 8 cm Béton et métal

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Au lieu d’un marteau et d’une faucille, l’œuvre représente deux marteaux accolés, comme s’ils

Radu Cioca étaient une créature siamoise. Les deux outils se détachent sur un fond dont la forme évoque un blason.

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Tool 2013 49 x 52 x 9 cm Résine, peinture, bois et inox

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Hexagone est une shaped canvas géométrique. Le motif en grille qui se détache sur le fond argenté rappelle le principe de construction et

David Malek de cartographie mis au point par l’architecte Buckminster Fuller, qu’il appelait Dymaxion – acronyme de dynamic maximum tension –, un principe transposé ici dans cette composition.

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Hexagone 2015 87 x 100 cm Acrylique sur toile

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Le relief lunaire représenté dans ce tableau est inspiré d’une planche d’un livre de James Nasmyth, un astronome du xixe siècle. En partant

David Malek

d’une carte dessinée de la Lune, ce dernier avait réalisé des maquettes en plâtre extrapolant le relief de certaines régions lunaires (dont il avait mal évalué le dénivelé), puis avait pris des photographies de ces simulations. La peinture de David Malek entretient donc un rapport lointain, simulacral, avec ce qui paraît être son sujet.

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Overlapping Craters (After James Nasmyth 1885) 2011 205 x 158 cm Peinture industrielle sur toile

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Ce tondo est une peinture abstraite, mais les motifs géométriques évoquent un diamant facetté. « Au début, il s’agissait de faire une peinture

Mathieu Mercier

géométrique inscrite dans un cercle, dont l’organisation était de l’ordre du kaléidoscope. Mais au final, c’est également la représentation d’un diamant avec toute sa valeur symbolique. » (M. Mercier) Le tableau évoque le type d’images produites par un kaléidoscope, contrariant l’espace perspectif classique en multipliant les points focaux.

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Untitled 2016 Ø : 150 cm Acrylique sur toile

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Peinture emblématique du travail récent d’Olivier Mosset, ce tableau fait partie d’une série de monochromes noirs parfois présentés en groupes

Olivier Mosset de plusieurs peintures. Mosset aime confronter la peinture, son histoire noble, avec ses usages triviaux : peinture en bâtiment, signalisation routière… A priori « hermétique », ce monochrome noir l’est en réalité au sens propre, le type de peinture utilisé servant normalement de revêtement pour étanchéifier le plancher arrière des pick-up trucks. 20

Untitled 2010 120 x 120 cm Acrylique sur toile

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Ces « natures mortes » (still life) de Kaz Oshiro sont des sortes de vanités, comme ces tableaux de l’âge classique symbolisant le caractère

Kaz Oshiro transitoire de l’existence. La nature « morte » en question, c’est celle d’un tableau qui aurait été poussé dans un angle ou qui serait tombé par terre, avec pour conséquence dans les deux cas de briser son châssis. Symboliquement, le tableau est représenté ici comme une chose parmi les autres, tout aussi éphémère et périssable qu’elles.

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Untitled Still Life 2014 140 x 160 x 62 cm Acrylique sur toile

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Kaz Oshiro

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Untitled Still Life 2015 61 x 50,5 x 42 cm Acrylique sur toile

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Kaz Oshiro

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Untitled 2014 46 x 35 x 5 cm Acrylique sur toile

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Untitled (Gold) fait partie d’une série de quatre pièces uniques, toutes identiques, et installées selon le même protocole. Réalisée avec un matériau destiné au placage, conçu pour recouvrir

Virginia Overton une surface, la pièce paraît vouloir se détacher (ou s’émanciper) de son support. Son principe rappelle celui d’un contre-relief de Tatline qui aurait été exilé dans le junkspace contemporain décrit par Rem Koolhaas.

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Untitled (Gold) 2014 90 x 45 x 10 cm Plexiglas miroir

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Virginia Overton

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Untitled (Silver) 2014 90 x 45 x 10 cm Plexiglas miroir

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Cette série de pièces, conçues comme des enseignes, représente un globe saturé par les logotypes. L’œuvre est comme une extrapolation

Bruno Peinado outrancière de l’emprise des emblèmes commerciaux privés sur l’espace public, de la façon dont les sociétés imposent leur héraldique sur des territoires à conquérir. Une œuvre, c’est aussi une enseigne, dans la mesure où elle est la manifestation de la personnalité de celui qui l’a réalisée. Et cette surcharge est effectivement une signature de Peinado.

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Untitled 2008 221 x 150 cm Plaque d’aluminium découpée

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Bruno Peinado

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Untitled 2008 242 x 124 cm Plaque d’aluminium découpée

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À l’origine titre d’une série de pièces, l’expression « Black Dada », souvent utilisée par Adam Pendleton, met en relation le Manifeste Dada

Adam Pendleton

d’Hugo Ball (1916) et le poème « Black Dada Nihilismus » de LeRoi Jones de 1964. Cette peinture s’inscrit et, implicitement, inscrit son auteur dans cette généalogie imaginaire.

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If the function of dada 2017 214 x 153 cm Sérigraphie et spray sur toile

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Les peintures récentes de Gerald Petit superposent les couleurs jusqu’à ce qu’elles s’annulent pour rendre une impression de noir

Gerald Petit et former des motifs évoquant un paysage. Dans cette peinture, par contre, ce processus a été arrêté avant son terme, laissant les couleurs éclater, et le motif est laissé en suspens, encore à venir.

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Sans titre 2017 200 x 166 cm Huile sur toile

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Cette peinture est faite de couches colorées successives, qui rendent progressivement une sensation de noir profond. Le résultat évoque

Gerald Petit un paysage imaginaire ressemblant à un ciel. De même que la photographie, au moins à son origine, transformait une réalité colorée tridimensionnelle en une image noir et blanc, les peintures de cette série de Gerald Petit prennent le contrepied de ce processus, en superposant les couleurs jusqu’à ce qu’elles s’annulent pour rendre une impression de noir.

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Sans titre (Dark Sky, Last Day) 2017 200 x 150 cm Huile sur toile

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Dans les peintures de cette série, la fragmentation de l’image la rend abstraite, mutique. Les peintures exigent un effort d’imagination du spectateur pour en reconstituer

Gerald Petit la signification ; elles l’invitent à une expérience spécifique, visuelle et tactile. Les tableaux se livrent sans clef de compréhension. « Fouiller », « caresser de l’œil des sensations » devient un préalable nécessaire à leur appréhension.

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Sans titre (Black Bird #4) 2017 50 x 40 cm Huile sur bois

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Lonely You est une sculpture à échelle 1/1 d’un inséparable, réalisée à partir du moulage d’un oiseau naturalisé. Les inséparables sont une espèce de petits perroquets connue

Sylvain Rousseau pour former des couples extrêmement liés ; en captivité, ils sont généralement vendus par paire. Celui-ci, resté seul sur son perchoir, compose une sculpture mélancolique.

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Lonely You 2015 130 x 20 x 16 cm Bronze et acier inoxydable - 13 exemplaires

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Un nombre impair d’inséparables peints, perchés sur une composition abstraite, sont occupés à recomposer les couples qui leur valent leur

Sylvain Rousseau

nom. L’utilisation de Plexiglas coloré fait suite à l’observation consternée, par Sylvain Rousseau, de certains visiteurs traversant les salles d’exposition de la Biennale de Venise sans enlever leurs lunettes de soleil. Plutôt que de laisser les regardeurs défaire les tableaux de cette manière, l’artiste a préféré s’en charger lui-même.

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Lonely You #15 2016 206 x 157 cm Plexiglas, papier, gouache et cadre en bois

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The Modern Lovers est le nom d’un groupe de rock américain du début des années 70, dont le chanteur et compositeur était Jonathan

Chris Succo Richman. Le titre du tableau est une allusion directe à ce groupe, les titres des peintures de Chris Succo renvoyant souvent à la musique.

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The Modern Lovers 2015 230 x 172,5 cm Huile et laque sur toile

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Vincent Szarek a appliqué pour cette peinture sur toile des procédés empruntés aux techniques de carrosserie automobile, techniques qui lui sont

Vincent Szarek familières depuis son adolescence. Le résultat est une couleur indéfinissable, car changeante selon l’angle de vue ou l’éclairage, du fait des paillettes métalliques incorporées dans le médium. La peinture est ainsi presque l’opposé parfait d’un monochrome : un tableau contenant virtuellement toutes les couleurs.

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The Magician 2016 Ø : 91 cm Uréthane et paillettes sur toile

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Dynamic Friend (Night Owl) a été composé en suivant le dessin (vue d’en haut) de la Batmobile (modèle de 1966), le véhicule du super-héros

Blair Thurman Batman. La voiture fonctionne ici comme un substitut de personnage, un masque qui le cache et l’identifie à la fois, ce qui peut s’entendre également du rapport de l’artiste à sa peinture.

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Dynamic Friend (Night Owl) 2016 243,84 x 114,3 x 16,51 cm Acrylique sur toile sur bois

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La composition reprend la forme d’une visière en papier comme celles que l’on distribue dans le public sur les circuits automobiles (l’équivalent

Blair Thurman américain des bobs et casquettes distribués sur le Tour de France). Cette forme trouvée n’est pas à proprement parler le sujet du tableau. La peinture n’est pas la chose dépeinte, elle est un fait nouveau, distinct de ce qu’elle représente ; elle est à propos d’elle-même, en premier lieu.

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CCKSCKR (Safe Kracker) 2016 188 x 121,9 x 10,2 cm Acrylique sur toile sur bois

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Thurman a réalisé un certain nombre de peintures dont la forme évoque des circuits automobiles. Dans ces peintures, la route se substitue à

Blair Thurman la ligne, elle en devient l’équivalent pictural. Carl Andre disait que sa sculpture préférée était une route. Mais on peut considérer aussi la couche de bitume comme une peinture épaisse, un aplat noir sur le sol, une ligne traversant le paysage.

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Endless Cassette 2017 213 x 105 x 5 cm Acrylique sur toile sur bois

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Les Pop Up de Morgane Tschiember sont une série de volumes en bois recouverts de laque pour la carrosserie automobile. Leur épaisseur

Morgane Tschiember

évoque le procédé graphique de l’extrusion (rendu automatisé d’un volume à partir d’une image). Tableau Pop, ses différentes strates de couleurs font également penser à une pâtisserie assemblée pour célébrer l’union improbable de Mao et du Walk of Fame hollywoodien.

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Pop Up 2007 160 x 160 x 20 cm Peinture laquée sur bois

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Comme toutes leurs peintures, cette composition est reprise d’une image photographique et, en l’occurrence, d’une photographie de mode.

Ida Tursic & Wilfried Mille L’association du modèle/mannequin et de la moto semble mettre en concurrence deux sujets, mais à vrai dire, cette incertitude est un indice du vrai « sujet » du travail d’Ida Tursic & Wilfried Mille, qui est le rapport entre la peinture et l’image, entendues de façon générique.

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La Motocycliste 2001 150 x 150 cm Huile sur toile

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Le tableau évoque une action cosmétique. La toile est « liftée » sur son châssis, de façon à réduire au maximum l’effet de drapé, qui consti-

Sebastian Wickeroth

tue un ensemble de rides. La surface du tableau est luisante, comme sous l’effet de l’application d’une couche de gloss. La toile synthétique recouvre l’ossature du châssis à la manière d’un vêtement ajusté.

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Untitled 2016 105 x 95 x 6 cm Film de vinyle sur cadre en bois

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Bien que le sujet soit dissimulé par les opérations informatiques successives effectuées dans un premier temps par Zimmermann (recadrage,

Peter Zimmermann

lissage des contours), ce tableau n’est pas à proprement parler une peinture abstraite. Il est comme cette photographie du film Blow-Up (d’Antonioni), tellement agrandie et recadrée que le regard se perd dans ses détails, et qu’elle en devient illisible.

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Untitled 2008 250 x 160 x 4 cm Résine sur toile

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Davide Balula Adepte d’un art mettant en avant les processus de fabrication, Davide Balula recourt à toutes sortes de techniques et de formats pour créer ses pièces, laissant parfois les éléments et phénomènes naturels (matières liquides ou solides, organiques ou artificielles, feu, gaz…) déterminer aléatoirement le résultat final, par exemple en plongeant des toiles dans des cours d’eau ou en les enterrant. Ses œuvres prennent parfois une dimension immatérielle, comme pour Coloring the WiFi Network (2015), qui intervenait directement sur l’aspect des écrans des spectateurs de son exposition. Peu intéressé par une réflexion sur le médium per se, mais beaucoup plus par la façon dont celui-ci affecte notre perception de la réalité, il peut, selon les nécessités de ses projets, s’orienter vers la peinture, la sculpture, ou la mise en scène de performances. Né en 1978 au Portugal, Davide Balula vit et travaille entre New York et la France, où il a étudié ; son œuvre est présente dans de nombreuses collections publiques, parmi lesquelles le Centre Pompidou et le Fonds national d’art contemporain.

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Radu Cioca

Brian Calvin La peinture de Brian Calvin est depuis quelques années essentiellement une peinture de portraits. Ses personnages sont représentés d’une manière simplifiée, presque symbolique : leurs « traits » sont littéralement réduits à des lignes. Chaque élément acquiert une valeur iconique : bouche, sourcils, yeux sont figurés d’une façon quasi générique. L’ouverture de la bouche est figurée par du noir. Ses compositions privilégient les aplats de couleurs franches et les lignes claires, sans effets de matière, et s’insèrent dans un espace qui rappelle les recadrages et les gros plans de la photographie. Les scènes qu’il dépeint ne sont pas des éléments d’un récit. Elles cherchent à créer un espace entre-deux, méditatif, suspendu entre la réalité du spectateur et celle de la peinture. « Je ne cherche pas, se confiait-il au critique d’art Bruce Hainley, à distraire ou communiquer avec quelqu’un en particulier. Je veux établir une connexion avec quelque chose de transcendant à travers la peinture, mais je ne sais pas ce que ça pourrait être. L’acte même de peindre, combiné avec celui qui consiste à regarder, crée un portail à travers lequel beaucoup de choses peuvent transpirer. Donc je peins tous les jours, en essayant de rester suffisamment ouvert pour que cette connexion se fasse. » Né en 1969 en Californie, Brian Calvin vit et travaille à Los Angeles. Son travail a récemment fait l’objet d’une rétrospective au centre d’art Le Consortium, à Dijon (2015). Ses peintures sont présentes dans plusieurs collections publiques majeures, dont celles du MoCA (Los Angeles) et du Los Angeles County Museum of Art.

Auteur d’une œuvre symboliste, et formellement très variée, Radu Cioca réinvestit, au travers de peintures, dessins, sculptures, vidéos, photographies ou installations, des formes communes, culturellement liées à l’histoire récente de la Roumanie. Né en 1982 en Roumanie, Radu Cioca vit et travaille à Cluj (Roumanie). Son travail a été présenté dans un nombre important d’institutions en Roumanie, en Allemagne, en Pologne et en Russie.

David Malek David Malek est un peintre dont les préoccupations concernent, très classiquement, des questions de perspective(s), de lumière et de couleurs. Son travail mêle les théories scientifiques contemporaines, les règles de perspective à la Renaissance ou dans le monde de l’informatique, au même titre que l’histoire de la peinture abstraite et les hypothèses de la science-fiction, considérée comme la mythologie de notre ère. Le résultat de ces centres d’intérêts variés est une peinture abstraite ambiguë, en premier lieu parce que ses compositions évoquent toujours, sans en être la stricte reproduction, différents aspects de la réalité. En second lieu, parce que l’abstraction « pure » lui semble aujourd’hui impossible. Du fait qu’elle est entrée dans l’histoire, la peinture abstraite est aussi devenue aujourd’hui un répertoire d’images préexistantes auquel aucune composition ne peut manquer de renvoyer. C’est pourquoi la peinture de David Malek est une abstraction maniériste, entendue en un sens fort. Ses peintures sont composées à la manière de peintures abstraites (minimales ou optiques, le plus souvent), mais contaminées par leurs produits dérivés (la reprise de l’abstraction dans des domaines comme l’illustration, le cinéma, la publicité, le design graphique…). Né en 1977 à Springfield (Illinois), David Malek vit et travaille à Poitiers. Il a exposé son travail aux États-Unis, en France, en Suisse, en Belgique. Le FRAC Limousin a récemment fait l’acquisition d’une de ses peintures.

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Mathieu Mercier Sans se limiter à la sculpture, le travail de Mathieu Mercier a souvent consisté à mettre en scène, modifier ou concevoir des objets, produisant des pièces à la fonctionnalité plus ou moins contrariée ou nécessaire. Cette activité l’a rattaché naturellement à une tradition moderniste hétéroclite, incluant le ready-made de Marcel Duchamp, le productivisme russe, le Bauhaus et, plus près de nous, le travail d’artistes comme Haim Steinbach. Ses œuvres peuvent être regardées comme les étapes d’une réflexion sur l’art et ce que nous en attendons, par comparaison avec d’autres formes qui lui sont apparentées, comme le design industriel ou graphique, le bricolage, l’artisanat… L’attention de l’artiste dans ces domaines comme dans l’art se porte non seulement sur les conditions de l’émission des artefacts qu’il produit (le versant de la création ou de la conception), mais aussi sur leur réception, active ou passive. Détaché des préoccupations spécifiques à un médium particulier, il a réalisé toutes sortes de choses, allant des photographies, des peintures, des maquettes d’architecture, aux éléments de mobilier. Né en 1970 en région parisienne, Mathieu Mercier vit et travaille à Paris. Il a été lauréat du prix Marcel Duchamp en 2003, et le Musée d’art moderne de la Ville de Paris lui a consacré une rétrospective. Ses expositions les plus récentes ont eu lieu à la Fondation d’entreprise Ricard, au Crédac à Ivry et au Kunstmuseum de Saint-Gall, en Suisse. Son travail a aussi fait l’objet de très nombreuses expositions en France, dans toute l’Europe, en Asie, aux États-Unis et en Amérique du Sud.

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Kaz Oshiro Olivier Mosset Les premières peintures d’Olivier Mosset, dans les années 60, peuvent être vues comme un équivalent, dans leur domaine, du « degré zéro de l’écriture » théorisé par Roland Barthes pour la littérature. Auteur de peintures « minimales », simples à l’extrême, il rejoint en 1967 Daniel Buren, Michel Parmentier et Niele Toroni dans ce qui est plus ou moins improprement désigné comme « le groupe BMPT ». Partageant avec les trois autres artistes un certain nombre de convictions critiques sur la peinture et l’art en général, Mosset, qui vit à Paris à l’époque, réalise invariablement à cette période des peintures de cercle noir sur fond blanc du même format. Après la dissolution du groupe, son travail va peu à peu s’orienter vers la peinture monochrome, et être associé à ce qu’on a appelé aux États-Unis, où il s’installe, la « Radical Painting ». Dans les années 80, sa peinture évolue vers une abstraction plus « impure » proche, dans sa logique (qui repose sur la reprise de motifs préexistants), de l’appropriation et de ce que certains critiques de l’époque ont appelé le « Neo-Geo » (Peter Halley, John Armleder…). Mosset est depuis revenu à la peinture monochrome. Ses peintures, aussi radicalement abstraites qu’elles demeurent, renvoient toujours à quelque chose de réel : une peinture ancienne, le format d’une porte, la couleur d’un produit, les contours d’un symbole. Né en 1944 à Berne, Olivier Mosset vit et travaille à Tucson (Arizona). Il a exposé a exposé à peu près partout dans le monde, à l’occasion d’innombrables expositions qu’il serait fastidieux d’énumérer. Ses dernières expositions en France ont eu lieu au MAC Lyon et au Centre national d’art contemporain Le Magasin (Grenoble). Il a également récemment réalisé le rideau et les décors scéniques pour un ballet à l’Opéra Garnier.

Kaz Oshiro est un peintre malgré les apparences, qui ne jouent pas contre lui, mais avec lesquelles lui joue en permanence. Sa peinture est une peinture en trompe-l’œil, ultra-réaliste, appliquée sur des châssis qui reconstituent des objets en volume comme des machines à laver, des amplificateurs électriques ou des poubelles. Si le choix de ses sujets peut paraître surprenant, c’est que la tradition à laquelle ils renvoient n’est pas tant celle du ready-made (ses œuvres n’en sont évidemment pas, puisque ce sont des peintures, et non des objets trouvés) que celle, beaucoup plus ancienne, de la nature morte, au sens restreint d’un sous-genre des vanités. Car c’est bien à cela que correspond structurellement sa peinture : le trompe-l’œil y fonctionne comme un rappel des illusions suscitées par les sens, tandis que la trivialité des sujets représentés (avec la plus grande virtuosité et méticulosité), qu’il s’agisse d’une benne à ordures ou d’un four à micro-ondes, est quant à elle une évocation du caractère transitoire de l’existence, comme l’étaient autrefois les nourritures pourrissantes et les insectes éphémères dans la peinture des maîtres du Nord. Né à Okinawa en 1967, Kaz Oshiro vit et travaille à Los Angeles. Son travail est exposé en ce moment à La Panacée, à Montpellier. Il a été exposé auparavant dans différentes institutions aux États-Unis et en Europe, parmi lesquelles le Swiss Institute (New York), la Royal Academy à Londres et le Walker Art Center de Minneapolis.

Virginia Overton Principalement sculptrice, même s’il lui arrive d’utiliser la photographie ou l’image imprimée, Virginia Overton pratique un art apparenté à l’art post-minimal, au sens où il tient pour acquis un certain nombre de ses caractéristiques, comme la prise en compte de l’espace réel et de son incidence sur la perception de l’œuvre, la mise en avant des moyens de l’art (des matériaux, des procédures), la déconstruction d’éléments symboliques comme le socle ou tous les dispositifs d’apparat liés aux lieux d’exposition. « Les pièces sont ce qu’elles sont, des vraies choses dans le monde, et non des objets étrangers à placer sur un piédestal », explique-t-elle. Ce qui fait sa grande singularité, par contre, est la décontraction avec laquelle elle applique ces principes, avec humour, facilité, prenant ce qui lui tombe sous la main pour construire ses expositions : des rebuts, une voiture d’occasion, des matériaux de construction, un vieux plancher, de la plomberie… Tout est susceptible de trouver grâce à ses yeux, dans un effort pour reconnecter un monde, celui de l’art, avec celui dont il s’efforce en permanence de se distinguer, celui de la réalité ordinaire. Née en 1971 à Nashville (Tennessee), Virginia Overton vit et travaille à Brooklyn et New York. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles dans des institutions de premier plan, dont le Whitney Museum of American Art (New York), le Museum of Contemporary Art de North Miami, le Westfälischer Kunstverein à Münster et la Kunsthalle de Berne.

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Bruno Peinado Bruno Peinado est un artiste utilisant différents moyens d’expression ; mais dans chacune de ces utilisations, on peut retrouver au moins un caractère spécifique à son travail dans toutes ses occurrences : l’excès, ou l’intensité (abondance excessive de sources iconographiques, surdimensionnement par rapport à l’image ou l’objet original modifié, variation des couleurs en intensité) est le trait saillant de son travail, bien plus que la nature du médium utilisé. Peinado est un artiste héritier du pop art, au sens où la réalité qu’il représente (et déforme) n’est pas la « nature » de la mimêsis ancienne, mais une réalité déjà filtrée par les représentations mass-médiatiques : images publicitaires, logos, emblèmes culturels, pochettes de disques, bandes dessinées… Ce qu’il représente et transforme n’est pas une nature, mais un paysage culturel. Tous ces éléments sont ajoutés dans un système artistique qui agit comme une centrifugeuse, d’où ils ressortent altérés. « Ma logique est celle de la créolisation, du métissage. Le monde est une collision d’images. J’ai dans l’idée de casser la pureté », explique Bruno Peinado. Né en 1970 à Montpellier, Bruno Peinado vit et travaille à Douarnenez. Le Palais de Tokyo, le Casino Luxembourg - Forum d’art contemporain lui ont notamment consacré des expositions importantes. Parmi ses expositions personnelles récentes, on notera celles au Musée de Sérignan et au FRAC des Pays de la Loire. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques : Fonds national d’art contemporain, FRAC des Pays de la Loire, de BasseNormandie, de Corse, du Nord-Pas-de-Calais, de Poitou-Charentes.

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Gerald Petit

Adam Pendleton La littérature, l’histoire ne sont pas seulement présentes de façon allusive dans les titres des œuvres d’Adam Pendleton, elles sont au contraire la matière première de son travail, un matériau dont l’artiste se sert abondamment. Pour l’essentiel réalisé en noir et blanc, ce travail par ailleurs très varié formellement (peinture, performance, vidéo…) est explicitement focalisé sur les questions raciales et politiques qui hantent la culture américaine. Afro-Américain, Adam Pendleton a élaboré une idée, « Black Dada », qui rend compte d’une partie importante de ses pièces. À l’origine titre d’une série de pièces murales qui reprenaient des vues d’œuvres de Sol LeWitt, accompagnées d’une ou plusieurs des lettres formant l’expression « Black Dada », l’expression a aussi donné lieu à une série de peintures et un manifeste (ainsi qu’une performance associée) mettant en relation le Manifeste Dada d’Hugo Ball (1916) et le poème « Black Dada Nihilismus » de LeRoi Jones de 1964. Adam Pendleton est né en 1984 à Richmond (Virginie, États-Unis). Son travail est notamment présent dans les collections du MoMA (New York), du Solomon R. Guggenheim Museum (New York) et de la Tate Gallery (Londres). Il a été exposé, entre autres lieux, au Whitney Museum (New York), au New Museum (New York) et au Palais de Tokyo, à Paris.

Gerald Petit s’est longtemps dit simultanément peintre et photographe, menant de front les deux pratiques, les étayant l’une par l’autre. Confronté à la remise en cause de son activité de photographe par le développement de la photo sous ses formes mobiles, qui restreignent sa prétention à l’autorité artistique à mesure qu’elle est plus universellement répandue, et le partage immédiat de l’intime impliqué par ce développement, il a récemment recentré son travail sur une pratique de la peinture dont il se sert comme contrepoint à l’image photographique. De même que la photographie, au moins à son origine, transformait une réalité colorée tridimensionnelle en une image noir et blanc, ses peintures récentes prennent le contrepied de ce processus, en superposant les couleurs jusqu’à ce qu’elles s’annulent pour rendre une impression de noir. Même si elles semblent être faites avec du noir et du blanc, ses peintures ne sont composées qu’avec des couches de couleurs successives, formant à terme des paysages imaginaires qui ressemblent à des ciels. Dans ce processus, la peinture « absorbe » la photographie, non pas dans sa qualité de référent, mais dans sa chimie. Elle fabrique du noir et du blanc avec la couleur, là où la photographie fabriquait du noir et du blanc avec le prisme coloré. Gerald Petit est né en 1973 à Dijon. Il vit et travaille à Paris. Parmi ses expositions personnelles récentes, on peut mentionner « L’entremise » à la Fondation d’entreprise Ricard en 2013 et « Sexy Dancer » à La Salle de Bains à Lyon. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques dont le FNAC à Paris, le FRAC Auvergne et le FRAC Alsace.

Sylvain Rousseau Une partie de la réflexion à l’œuvre dans le travail de sculpteur et de peintre de Sylvain Rousseau se focalise sur les différents filtres à travers lesquels la réalité nous est donnée, et qui en sont ses conditions de perception. Une façon de focaliser son attention sur cette question a consisté pendant plusieurs années, pour lui, à la resserrer sur les modes de présentation et d’appréhension de l’œuvre, et la façon dont la première influe sur la seconde. Une de ses peintures murales, reprenant sur toute la surface de la cimaise (sur laquelle étaient accrochées d’autres œuvres de l’artiste) l’aspect du béton brut, avait pour titre Suggestion de présentation, la même expression trompeuse qui sert à justifier l’absence de corrélation entre la réalité d’un produit comestible industriel et son image idéale figurant sur l’emballage. Sa réflexion se nourrit d’une fascination pour le faux et les faussaires. (Qui implique cette question lancinante, quand on évoque cette dernière profession : qu’est-ce qui la distingue, par nature, de celle des artistes ?) Ses procédés relèvent ainsi souvent du domaine de l’illusion : anamorphoses, raccourcis perspectifs en bas relief, trompe-l’œil, images numériques transformées en marqueterie, tableaux mêlant matériaux réels et leur représentation, peintures en faux marbre… Né en 1979 à Saint-Nazaire, Sylvain Rousseau vit et travaille à Douarnenez. Son travail est présent dans plusieurs collections publiques, dont le Fonds national d’art contemporain (Paris). Parmi les lieux lui ayant consacré récemment des expositions personnelles, on peut retenir le CRAC (Sète), La Salle de Bains (Lyon), Le Transpalette (Bourges). Son travail a également été exposé à la Fondation d’entreprise Ricard (Paris), au MAC, Musée d’art contemporain de Lyon, et au CAPC, à Bordeaux.

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Chris Succo

Blair Thurman

Chris Succo travaille avec différents procédés et matériaux, créant des tableaux à l’aide de peinture en spray et de peinture à l’huile, en utilisant une palette réduite, essentiellement composée de noir mat et de blanc. Ses peintures ressemblent souvent à une forme d’écriture ou de calligraphie, renvoyant à l’importance de la poésie et de la musique dans son travail. Il réalise également des collages sérigraphiés sur toile et des sculptures avec de l’acier ou des équipements pour la boxe. Né en 1979, Chris Succo vit et travaille à Düsseldorf (Allemagne). Parmi ses expositions personnelles récentes : Kunstverein Heppenheim (Allemagne), Kunstverein Schichtwechsel (Liechtenstein). Il a aussi participé à des expositions de groupe au Kunstverein de Düsseldorf ainsi qu’au Museum Kunstpalast, également à Düsseldorf.

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L’œuvre de Blair Thurman peut être située à la croisée de différentes influences : le pop art, l’Abstraction géométrique des années 50 et 60, et l’« Americana », autrement dit l’iconographie liée à la culture populaire vernaculaire des ÉtatsUnis. Ces influences ne sont pas le « sujet » de son travail, mais ses matériaux, le sujet étant leur transfiguration en des peintures abstraites poétiques, indépendantes de leurs sources.

Vincent Szarek Vincent Szarek est peintre et sculpteur. Ses œuvres manifestent une fascination particulière pour la culture de la côte ouest-américaine, pour son art (minimal et pop), mais aussi pour certains de ses produits comme les voitures customisées ou les planches de surf. Szarek a commencé à travailler sur des voitures par hobby dès son adolescence, avant de devenir employé dans un garage spécialisé dans la carrosserie, ce qui lui a permis d’acquérir un savoir-faire (qu’il a transposé à son art) dans l’application de techniques de peinture spécifiques à cet univers. Cet accès privilégié à des méthodes et des matériaux industriels l’a orienté vers la réalisation d’œuvres au fini impeccable, qui le rattachent à une tradition très californienne de l’art minimal. Né en 1973 à Westerly (Rhode Island), Vincent Szarek vit et travaille à Los Angeles. Parmi ses expositions personnelles les plus importantes, on peut distinguer celle que lui a consacrée le MoMAPS1 à New York. Vincent Szarek a également exposé à l’Albertina Museum, à Vienne (Autriche), au Magasin, Centre national d’art contemporain, à Grenoble, et à Albright-Knox Museum, à Buffalo.

Ses compositions, aussi abstraites qu’elles paraissent, sont en fait souvent des images figurant par exemple des éléments d’architecture ou de mobilier, le dessin d’un circuit automobile, le châssis d’une voiture, l’emballage d’un bonbon, le diaphragme d’un appareil photo, ou les montants d’une fenêtre… On pourrait exprimer ce paradoxe en disant qu’il pratique une abstraction « trouvée », comme on dit d’un objet qu’il est « trouvé ». Les peintures de Thurman sont en partie accidentelles, au sens où les motifs en sont donc trouvés, mais aussi parce que Thurman cherche à conserver l’imperfection et l’aléatoire propre au « fait main ». Né en 1961 à La Nouvelle-Orléans (Louisiane), Blair Thurman vit et travaille dans l’État de New York. Parmi ses expositions personnelles récentes, on peut mentionner celles au Magasin, Centre national d’arts plastiques à Grenoble. Son travail est présent, entre autres, dans les collections du Fonds national d’art contemporain (Paris), du centre d’art Le Consortium, à Dijon, et du FRAC Limousin.

Morgane Tschiember Morgane Tschiember a progressivement délaissé la peinture au profit d’un travail sur les volumes, sculptures ou éléments d’architecture. Elle utilise des matériaux très variés : acier, céramique, verre soufflé, bois, résines synthétiques… Ses œuvres jouent souvent sur l’opposition entre un sujet ou une forme familière et un rendu, des effets de surface, qui semblent en contradiction avec ce sujet ou cette forme. Tschiember organise dans son travail la collision de mondes a priori éloignés les uns des autres, comme la peinture et la pâtisserie, l’architecture et le maquillage, la sculpture abstraite et la carrosserie automobile ou la céramique. Née à Brest en 1976, Morgane Tschiember vit et travaille à Paris. Elle a été lauréate du prix de la Fondation Ricard pour l’art contemporain. Son travail a récemment fait l’objet d’expositions personnelles au Mac/Val à Vitry-sur-Seine et au Musée des beaux-arts de Dole. Son travail a été exposé au CRAC de Sète, à la Zoo Galerie (Nantes) et dans de nombreux autres lieux culturels en France.

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Ida Tursic & Wilfried Mille

Peter Zimmermann

Les images peintes par Ida Tursic & Wilfried Mille sont un échantillon représentatif plausible de la masse de photographies numérisées qui fonde désormais notre environnement culturel et, par conséquence, contribue à la formation de notre imaginaire : images publicitaires, pornographiques, reproductions de peintures, clichés historiques, film stills, portraits de célébrités ou d’anonymes, photographies de mode… La variété des techniques et des formats qu’ils utilisent est égale à l’abondance de leurs sujets.

Les tableaux de Peter Zimmermann sont réalisés en superposant des couches de résine époxy teintée dans la masse. Leur empilement change les couleurs, en crée de nouvelles. D’apparence parfaitement abstraits, ces tableaux sont pourtant le produit d’images. Ces images peuvent être celles de détails de tableaux antérieurs, recoupés et grossis à l’aide de l’outil informatique, ou bien avoir comme source des photographies prises par l’artiste. « C’est par le hublot de la télévision ou l’écran de mon ordinateur que je suis l’actualité, explique Peter Zimmermann. Les informations que je consomme me sont transmises par l’intermédiaire d’un écran. Il est difficile de vérifier leur véracité. […] Quand j’opère une modification de ces images, je cherche à exagérer ce processus. L’ordinateur me permet d’aller dans ce sens. »

D’une certaine façon, leur démarche est semblable au sujet de l’une de leurs peintures, qui fait partie de la collection du Musée national d’art moderne (Centre Pompidou) ; intitulée The Back of the Sign, elle représente l’autre face de la pancarte « Hollywood », à Los Angeles. Passer derrière l’image, exposer sa face cachée, c’est ce que font Tursic & Mille, au moyen de la peinture qui, par sa nature, requiert le temps, l’attention nécessaire pour suspendre le flux des images. Ida Tursic est née en 1974 à Belgrade, en Serbie. Wilfried Mille est né en 1974 à Boulogne-sur-Mer. Ils vivent et travaillent dans le sud de la France. Leurs peintures ont fait récemment l’objet d’expositions personnelles au Stiftung zur Förderung der Zeitgenössischen Kunst, à Weidingen (Allemagne), et à la Fondation Ricard, à Paris. Les deux artistes ont également exposé à l’IAC (Villeurbanne), au Consortium (Dijon) et au MAC de Lyon. Leur travail est, entre autres, présent dans les collections du Centre Pompidou, du Fonds national d’art contemporain, du FRAC Auvergne et du Musée Berardo (Portugal).

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Sebastian Wickeroth La forme géométrique et sa destruction ou sa déformation constituent le ressort essentiel de l’œuvre de Sebastian Wickeroth. Son travail prend souvent l’aspect de sculptures minimales régulières ou de peintures qui auraient été endommagées. Il ne s’agit pas à proprement parler d’accidents, car ce qui apparaît dans son travail comme une dégradation de volumes ou de tableaux exécutés avec un soin quasi industriel est en fait une élaboration réfléchie. Sebastian Wickeroth est né en 1977 à Düsseldorf, où il vit et travaille. Son travail a notamment été exposé au Museum für konkrete Kunst à Ingolstadt, à la Kunsthaus d’Essen, à la Villa Arson (Nice) et au Ludwig Forum, à Aix-la-Chapelle, ainsi qu’au Museum Kunstpalast de Düsseldorf.

Né en 1956 à Fribourg-en-Brisgau, Peter Zimmermann vit et travaille à Cologne. Des expositions personnelles lui ont notamment été consacrées au Kunststiftung Baden-Württemberg, au Museum gegenstandsfreier Kunst, à Otterndorf, et au Kunstverein Heilbronn. Son travail a également été exposé à la Kunsthalle Bielefeld, à la Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, au Museum Morsbroich, Leverkusen, ainsi qu’à la Schirn Kunsthalle de Francfort.

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Vincent Pécoil

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16.03.18 - 14.04.18 Coordination Marie Laborde Textes Vincent Pécoil Relecture Juliette Kobusinski Graphisme Catherine Sofia Photos Jean-Louis Bellurget André Morin Marielle Huneau Impression Agpograf, Barcelone

ISBN : 78-2-35906-244-1 Imprimé en Europe Achevé d’imprimer : mars 2018 Dépôt légal : février 2018 © Galerie Laurent Strouk Paris, © Davide Balula © Brian Calvin, © Radu Cioca © David Malek, © Mathieu Mercier © Olivier Mosset, © Kaz Oshiro © Virginia Overton, © Bruno Peinado © Adam Pendleton, © Gerald Petit © Sylvain Rousseau, © Chris Succo © Vincent Szarek, © Blair Thurman © Morgane Tschiember, © Ida Tursic & Wilfried Mille © Sebastian Wickeroth, © Peter Zimmermann

2, avenue Matignon 75008 Paris Tél. : 01 40 46 89 06 galerie@laurentstrouk.com www.laurentstrouk.com

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