Pat Andrea

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Quel est le monde peint par Pat Andrea ?

Celui qui a entretenu pendant plusieurs années un dialogue avec l’Alice de Lewis Carroll peint des icônes. Profanes et contemporaines, elles demeurent la part obscure d’un univers inversé et clos dans le champ de la toile. Si la peinture d’icônes a ses règles, Pat Andrea exerce les siennes. Proche de la Nouvelle Subjectivité, il demeure radicalement libre dans la construction de son langage et le développement de sa pensée pour l’acte de peindre qu’il pratique avec délectation et une grande maîtrise du métier. À un refus de la littéralité du récit, il répond par un réalisme onirique du graphisme, récepteur de l’expression virtuose du trait qu’il domine sans maniérisme. Pour ce grand connaisseur des Maîtres, héritier de la Renaissance, puisant aux sources de l’âge d’or de la peinture des Pays-Bas, marqué par Mondrian, son compatriote, le sujet est un leurre. L’illusionnisme plastique se double dans sa peinture de celui du sens. Voilà ce qui fascine et déconcerte dans ses scènes dont les acteurs sont incorruptibles à la rationalité. Son audace réside dans le paradoxe qui consiste à nous montrer dans sa vérité descriptive la plus éloquente ce qui ne cesse de se dérober à la raison en nous égarant bien malgré nous. Le rêve a pris forme dans une boîte de Pandore qui a libéré des êtres devenus, par la magie picturale, plus présents et plus vrais que nature. Troublants, dérangeants, ses personnages déclenchent une catharsis qui délivre tous les fantasmes, les hallucinations et les désirs tus, tous les rites et les pulsions dans leur ambivalence nietzschéenne. Partir de l’imaginaire pour recréer le réel ou, inversement, trouver dans les signes du réel les enjeux interprétatifs offerts à un rêve ininterrompu, c’est dans ce balancier que naît le corps de sa peinture. La traversée du miroir implique de renouer avec la perte de nos délires, de nos visions, de nos peurs et de nos extases. Le peintre est un imagier, au sens médiéval où le pouvoir initiatique de l’image raconte, enseigne et surtout révèle. Faire apparaître ce qui restait caché. Tableau après tableau, l’histoire de sa peinture s’écrit dans son épiphanie.

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L’image se prête à toutes les fantasmagories sur la toile comme lieu de la peinture. En cela, sa narration s’octroie tous les droits. De l’érotisme glacé à la violence la plus subtile, l’ambiguïté sexuelle exerce sur le spectateur un trouble d’autant plus prégnant que le peintre pratique l’arrêt sur image. Tout se fige. Les figures dans leur chute semblent en apesanteur dans un espace délimité renvoyant à celui du cadre d’une scène de théâtre dont il reprend la géométrie des horizontales et des verticales découpant une perspective feinte, qui s’ouvre et se rabat en démultipliant les phases du récit. Tout commence avec un dessin préparatoire de mise en place. Identique à la sinopia des fresquistes du Trecento florentin et pisan, l’esquisse préliminaire mûrit sur un support particulier, une toile qui évoque un papier parfaitement lisse. La composition s’élabore selon les règles d’un classicisme construit sur des lignes de force ordonnatrices d’harmonie et d’équilibre. De ce jeu plastique rigoureux naît une chorégraphie mue par des rythmes qui dispensent une tension née d’un réel identifiable, échappant brusquement à toute logique soumise à la déviation.

à sa mise en matière, un mélange d’huile et de caséine, qui dispense une sensualité en écho à l’univers placé sous les figures tutélaires de Hypnos, Thanos, Éros et Némésis, l’irrationnel étend son emprise sur notre lecture violée dans nos certitudes. Sans nuire à la pureté de la ligne, parfois doublée d’un trait blanc pour une discrète mobilité, la densité matiériste délivre toutes ses splendeurs. Riche de la flamboyance d’un chromatisme savoureux et satiné, sa palette privilégie les couleurs primaires chères à Mondrian, déclinées dans leurs complémentaires. Amorales, ses scènes assument la complaisance exhibitionniste qui demeure la part sombre de la séduction originelle révélée en plein jour. Sous la lumière d’un monde transgressé jusqu’à l’absurde, une dimension poétique submerge sa peinture. Pat Andrea cultive le déséquilibre comme un divertissement pascalien qui revêt les atours de la peinture, éternelle.

© Lydia Harambourg Une métaphore visuelle se déroule dans un huis clos implacable où ont pris place des femmes-enfants, lolitas pourvoyeuses d’artifices, manipulatrices d’hommes lilliputiens mis en abyme dans des divertissements pervers, auxquels se joint souvent un chien. L’étrangeté pactise avec la métamorphose inductrice d’avatars au service d’une narration de plus en plus équivoque. On assiste à un renversement dialectique pour lequel le peintre propose des clés. Elles ouvrent sur des mondes personnels laissant filtrer des détails constitutifs d’une storia comme lieu virtuel engendré par un travail mémoriel. Les briques évoquent les maisons en Hollande, ailleurs un avion perdu dans le lointain d’une scène est un clin d’œil à la chute d’Icare de Brueghel. Les mythes historiques et littéraires, l’actualité dramatique – l’allusion aux attentats avec la femme-mitrailleuse à trois jambes, la femme terrorisée qui pisse, inspirées par les monstres de Bosch, un de ses premiers amours picturaux avec la peinture hollandaise – développent une iconologie qui nous piège par sa transsubstantiation picturale. Du dessin objectif

Historienne Critique d’art Correspondant de l’Académie des Beaux-Arts

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The Goddess - huile et casĂŠine sur toile - 210 x 140 cm - 2015


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Bébé tinto - huile et caséine sur toile - 210 x 140 cm - 2014

la représentation du cri est venue dÈs le déBut, comme envie de montrer les émotions.

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nature morte - huile et casĂŠine sur toile - 300 x 330 cm - 2013



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sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016


sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016

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sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016

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la maison jaune - huile et casĂŠine sur toile - 200 x 330 cm - diptyque - 2015/2016

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la mort de Bertrand delacroix - huile et casĂŠine sur toile - 300 x 330 cm - 2015

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sniper 2 - huile et caséine sur toile - 300 x 330 cm - 2016

dans ma peinture, le chien joue deux fonctions essentielles : il est messager entre l’homme et la femme, récepteur de leurs émotions, véhicule d’amour ou d’agressivité, mais il est aussi un élément de construction, une forme horizontale qui permet de tisser la profondeur de l’espace.

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tripoĂŻds - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2016


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j’ai une grande admiration pour la Beauté des femmes, leur regard, leur corps. et en même temps, souvent je ne les comprends pas.


la vierge de l’objet volant - huile et casÊine sur toile - 60 x 73 cm - 2016

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sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016

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36 sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016




sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016

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40 sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016 sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016


sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016

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mujer con perro - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 70 cm - 2014 /2016

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la question de la déformation est importante dans la recherche de l’image. comment dessiner spontanément une forme qui n’est pas la réalité oBjective mais qui est meilleure, plus forte, qu’une forme physiquement correcte.


construction workers - technique mixte sur papier - 100 x 80 cm - 2014

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46 dans les ruines - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2016


le trophĂŠe - technique mixte sur papier - 80 x 100 cm - 2016

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48 peintre handicapĂŠ - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2015


sans titre - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2016

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50 déséquilibres - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2015 un grand vase de fleurs - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2015


ceinture de feu - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2014 luchtdruk - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2013

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je voulais aussi comprendre le merveilleux rendu des primitifs flamands.


(different lights) pachamama - huile et casĂŠine sur toile - 81 x 100 cm - 2015 /2016

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56 miss upside-down - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 73 cm - 2013 /2014


voortrekker - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 73 cm - 2014 /2015

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les dessins, c’est la premiÈre recherche d’une idée vague, donc il y a quelque chose d’essentiel, des images pures, pas encore contaminées par des réflexions esthétiques.


tulipe qui tombe - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2014 /2015

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60 Kunsttheorie - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2009


head off - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2009

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la petite kamikaze 2 - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 160 cm - 2012 /2016

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c’est un peu dans cet entre-deux que j’ai créé mes intérieurs, comme des théâtres dans lesquels est donnée à voir l’intimité de scÈnes quotidiennes.


tronc etc. - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 160 cm - 2013 /2016

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66 pompei iii - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 250 cm - 2009/2016


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68 Pompei IV - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 250 cm - 2009/2016


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70 ça vole partout - huile et casÊine sur toile - 160 x 180 cm - 2014




EntrEtiEn EntrE Pat andrEa Et améliE adamo, à l’atEliEr dE l’artistE, Paris, décEmbrE 2016



a.a. il y a, dans les tableaux récents que tu présentes à la galerie strouk, une confrontation entre des pièces de petites dimensions et des très grands formats. Qu’estce que la monumentalité amène comme spécificité dans ta manière de travailler ? P.A. c’est une approche nouvelle de la peinture, une autre manière de penser le tableau. Quand l’œuvre est très grande, cela entraîne le spectateur dans le tableau. le grand format convient aussi beaucoup à ma gestuelle, je suis très à l’aise. Je peux inventer des personnages en tout petit et les exécuter ensuite en gigantesque avec mon ordinateur intérieur qui les agrandit sans problème. Je vais de plus en plus vers ce type de format car il me donne la sensation que j’ai vraiment terminé l’œuvre, dans tous les sens : ce n’est pas la peine de discuter ou de changer les choses, c’est comme ça et c’est tout. avec les petits formats, c’est plus intime, j’ai toujours l’impression que je pourrais y changer quelque chose. autre différence par rapport aux grands tableaux, si l’on considère les dessins : c’est la première recherche d’une idée vague, donc il y a quelque chose d’essentiel, des images pures, pas encore contaminées par des réflexions esthétiques. certaines subtilités de ces premières tentatives disparaissent lorsque l’on fait le grand œuvre. Et puis il y a quelque chose de miraculeux dans la pratique du dessin, ce presque rien de graphite et de fusain, posé sur un petit bout de papier, grâce auquel s’ouvre aux yeux un monde entier.

a.a. on retrouve dans les tableaux exposés des thématiques récurrentes, présentes dans ton travail depuis les débuts : en particulier le thème de l’intérieur. Pourrais-tu parler de ton attachement à ce thème et de ses liens avec la peinture hollandaise ? car il semble y avoir, dans les fonds de tes œuvres, l’empreinte du calme et de l’ordre des petits intérieurs bourgeois hollandais…

P.A. l’intérieur est en effet une chose très hollandaise. Encore aujourd’hui, si tu marches dans les rues le soir, tu peux regarder à l’intérieur des maisons parce que les fenêtres ne sont pas fermées par des volets. Pour les Hollandais, l’intérieur est un espace très intime mais aussi presque public, que tout le monde peut voir. c’est un peu dans cet entre-deux que j’ai créé mes intérieurs, comme des théâtres dans lesquels est donnée à voir l’intimité de scènes quotidiennes. la question de la

construction est aussi très importante : j’ai besoin de cadrer mes personnages. Je pars de représentations d’intérieur où résident l’ordre, le calme, le silence, le bien-être mais qui toujours dérapent vers un certain bordel : toujours une petite ou une grande catastrophe vient déséquilibrer le tableau.

a.a. Une construction classique mais renversée par un désordre baroque ?

P.A. oui, tout à fait. il y a dans mes intérieurs une mesure, un silence, une gestuelle posée, une atmosphère, qui peuvent faire écho au Quattrocento hollandais et italien mais dans lesquels j’introduis une perturbation. ce sont toutefois des petites catastrophes. ce qui m’intéresse, c’est cette intrusion d’accidents dans la petitesse tranquille de l’intérieur : ici un vase de fleurs qui tombe, là un chien qui fait trébucher une personne.

a.a. ce goût pour la réalité triviale, quotidienne, avaitil une origine autobiographique ?

P.A. oui, absolument. dès le début, j’ai voulu faire une peinture personnelle, guidée par une nécessité intérieure. Je m’inspirais de ma vie quotidienne, avec ses hauts et ses bas. Une vie intime qui, à l’époque, était très conflictuelle : ce que j’ai appelé ma guerre des sexes. à partir de cette réalité intime, de ces expériences profondément vécues, je désirais créer une œuvre d’art. créer un tableau intéressant qui ne soit pas illustratif ni mièvre, mais qui puisse s’ouvrir, au-delà de l’anecdote, à quelque chose de plus universel et d’archétypal. Je voulais représenter non pas une chute, un cri, une femme, mais la chute, le cri, la femme.

a.a. Parmi les petites catastrophes que tu dépeins, la chute est une thématique récurrente dans ton travail. cette chute des personnages ne révèle-t-elle pas un déséquilibre tant physique que psychique ?

P.A. oui, tout à fait. Et il y a dans la chute déjà le côté baroque qui se montre. cela apparaît très tôt, presque en même temps que s’affirme l’aspect plus classique, silencieux et tranquille de l’intérieur bourgeois. cette ambivalence correspond aussi à ma manière d’être et de penser. lorsque l’on me dit ou que je dis quelque

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A.A. Pour revenir à l’idée d’un héritage classique

de synthèse avec une tradition plus réaliste. Je voulais créer des cassures entre différentes optiques et visions du monde. Je désirais jouer avec des combinaisons de styles, en mêlant la planéité et les déconstructions modernes aux techniques plus classiques. J’ai essayé dans ma figuration d’être le plus libre possible, de n’avoir aucune règle préalable ni contrainte de style et d’utiliser tous les moyens qui pouvaient me servir à faire une image intéressante et inoubliable.

dans ton travail, pourrais-tu parler de ton rapport à la Renaissance ?

A.A. Dans cette recherche, quel regard à l’époque as-

chose, je peux voir ou penser aussitôt son contraire. Je m’intéresse à la limite des choses, à leur point de basculement, au moment où une réalité, un état ou une attitude peuvent d’un coup vaciller et se renverser. Le changement d’attitude qu’induit la perte d’équilibre, psychique et physique, crée une forme nouvelle dans l’espace du tableau, c’est ça qui me plaît.

P.A. Ce qui m’a beaucoup intéressé, c’est surtout la pré-Renaissance. C’est précisément un moment où d’un coup les choses basculent. On passe de l’art formaté et maniériste du Moyen Âge, qui vient de la tradition des icônes, à la Renaissance et à sa conquête de la réalité. C’est en particulier l’attachement au portrait et la découverte de l’individu. Après, quand la Renaissance bascule vers le baroque, à la fin du xvie, avec toutes ces grandes compositions, débordantes d’hommes nus qui sautent et volent dans les cieux, là non, je décroche. Pourtant, je dois bien reconnaître que j’ai un peu de ça en moi : l’envie de faire des images composées, avec des mouvements d’objets ou de personnages, des choses et des attitudes inattendues, pour créer la surprise, pour taper dans l’œil. Mais s’il y a en moi un côté baroque, je ne le veux pas aussi grandiose ou sérieux que celui du grand art. Ce qui m’intéresse, dans cette grandiloquence, c’est aussi de chercher le contraire : la petitesse et l’humour.

A.A. Cette complexité et cette ambivalence que tu recherches dans les thématiques, elles s’affirment aussi dans ta manière de peindre, volontiers hybride et mêlant les formes de réalisme : tantôt proche d’un certain illusionnisme, tantôt jouant de déformations du réel (aplanissement, erreur d’anatomie, etc.)… P.A. Oui, j’ai toujours recherché les déformations et aimé jouer avec les fautes. C’est une intuition que j’ai eue dès les débuts. Quand tu regardes l’histoire du xxe siècle, après l’invention de la photographie qui pouvait parfaitement fixer le monde tel qu’on le voyait, tu vois que les artistes ont cassé la figuration et cherché d’autres possibilités. Je suis parti de cette modernité mais d’une façon modérée, c’est-à-dire en cherchant une forme

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tu porté sur le pop art ?

P.A. Le pop art, c’était une gentille indication que l’on pouvait faire autre chose et détourner des graphismes déjà existants, utiliser la publicité et se référer à une culture populaire. ça a été introduit quand j’étais aux Beaux-Arts et ça a donné une impulsion, comme forme de libération et nouvelle vision du monde, mais je ne voulais pas faire des choses qui avaient la marque pop art. Et il ne faut pas oublier que l’art de Picasso par exemple a été une ouverture bien plus importante que le pop art…

A.A. Comment est venu ton goût pour les techniques traditionnelles, comme l’usage de la caséine ? P.A. Aux Beaux-Arts, grâce à l’un de mes professeurs que j’admirais beaucoup, j’ai exploré diverses techniques et j’ai commencé à utiliser la caséine que je faisais moi-même dans la cuisine. J’ai découvert que c’était agréable. Je voulais aussi comprendre le merveilleux rendu des primitifs flamands dont on disait qu’ils avaient inventé la peinture à l’huile, mais qui en réalité utilisaient la tempera (la peinture à l’œuf) ou la caséine (au lait). Une base sur laquelle ils ajoutaient de l’huile, en transparence, pour créer un éclat et une profondeur spéciale. C’était ça, l’invention. C’est cette qualité de surface qui m’intéressait beaucoup, mais il n’y avait aucun académisme là-dedans, je ne voulais pas faire des tableaux comme les anciens. Même si je les ai beaucoup regardés étant étudiant. À l’époque, mon premier héros, c’était Jérôme Bosch et les primitifs flamands. J’avais aussi une grande admiration pour un peintre cruel comme Goya.

A.A. Quelle place accordes-tu au dessin par rapport à la couleur ?


P.A. Je pars en principe d’une image linéaire. Si je pars de la ligne, c’est qu’elle définit plus les choses que la couleur. Le contour est ce qui sépare une forme d’une autre et qui permet donc de définir une chose reconnaissable. Je suis pratiquant de la religion de la ligne, invention pour laquelle on pourrait édifier une église ! C’est une grande découverte, une abstraction totale du monde que de pouvoir le représenter par des lignes. Il n’y a pas de lignes dans la nature. Il n’y a que des directions, des croisements de volumes, des aplats. Un animal ne voit pas et ne comprend pas une image en lignes. C’est complètement abstrait. En général, mes images naissent avec des petites esquisses. Je suis un analytique. Dès le début, je visualise et je réfléchis au placement de telle ou telle ligne. Car il y a une qualité esthétique et psychique de la ligne, de la forme ou de la déforme. La question de la déformation est importante dans la recherche de l’image. Comment dessiner spontanément une forme qui n’est pas la réalité objective mais qui est meilleure, plus forte, qu’une forme physiquement correcte.

A.A. Peux-tu parler de la nature de tes fonds, et de leur rapport avec les figures ?

P.A. Je varie souvent les moyens qui permettent de distinguer les protagonistes et le fond. Parfois j’ai envie de garder un paysage, parfois j’utilise un aplat de couleur. J’utilise aussi souvent des représentations de murs en brique. Je pense que cela vient de mes origines, j’ai grandi en Hollande où les maisons sont construites en brique. Cela rejoint aussi mon désir de représenter la notion d’intérieur, d’abri tranquille. Ces différents types de fonds permettent toutefois de créer des effets ambivalents : soit ils renvoient à quelque chose d’intime et d’agréable, soit ils se donnent comme surface chromatique plus agressive. L’usage décoratif de la couleur posée en aplats, séparés par une ligne noire, est bien sûr un écho à l’abstraction de Mondrian que j’ai toujours trouvé harmonieuse, magnifique. J’ai eu envie de combiner cette harmonie avec le désordre de mes intérieurs. Plus prosaïquement, cela m’a aidé à structurer mes tableaux.

A.A. Dans les tableaux exposés, je vois des représentations de snipers et de mitraillettes, d’explosions et de kamikazes. Ces sujets renvoient à la

violence du monde contemporain : une réalité sensible et une dimension politique auxquelles tu as été réceptif dès les débuts de ton travail…

P.A. Oui, tout cela renvoie à la situation dans le monde, aux guerres que l’on nous raconte tous les jours, à tous ces personnages qui se font sauter et qui se sont introduits d’un coup dans notre quotidien. Et c’est vrai que j’ai été très tôt fasciné par ce type de sujet : l’un de mes premiers tableaux était inspiré de la mort du président Kennedy, tué dans sa voiture. Tous ces événements tragiques sont l’expression de la violence qui est à l’intérieur de l’homme. C’est tellement fort, terrible et incompréhensible, cet irrespect de la vie. Détruire la vie pour des raisons politiques ou religieuses, c’est tellement absurde ! ça l’est autant que les absurdités présentes dans les images de Jérôme Bosch, mon premier grand amour en peinture. Je ne voulais pas être un peintre dans sa tour d’ivoire. Je voulais représenter cette présence de la violence dans la quotidienneté, mais je ne désirais pas représenter une grande catastrophe, je cherchais plutôt une manière personnelle, timide et petite. Au quotidien, je suis quelqu’un de relativement équilibré et, quelque part, je ne comprends pas la violence. C’est pour ça qu’elle me fascine et que j’essaie de vivre avec en l’introduisant dans ma peinture. C’est sans doute la même chose avec les femmes, je ne les comprends pas trop, alors je les peins pour espérer peut-être mieux les comprendre !

A.A. Parmi les tableaux récents qui font référence à un événement tragique, l’un d’entre eux fait écho à la mort de Bertrand Delacroix… Peux-tu évoquer la manière dont tu as traité ce sujet qui passe en second plan dans la construction de l’image ?

P.A. Bertrand Delacroix était mon galeriste de New York. L’un de ses loisirs était la pratique du deltaplane. Souvent, avec l’un de ses petits chiens, il allait voler le week-end. Cela m’impressionnait beaucoup. J’ai exposé chez lui en 2012. C’était une exposition qui fut un peu catastrophique car il y a eu au même moment une grande tempête qui s’est abattue sur New York et la rue où était située la galerie fut inondée. Ce drame annonçait peut être celui qui allait se produire deux ans après lorsque le galeriste fut tué dans un accident de deltaplane. C’est une mort vraiment bizarre dont j’ai

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appris la nouvelle lorsque j’étais en train de chercher une composition pour ce grand tableau. J’ai imaginé un paysage bucolique où un petit homme tombe du ciel quelque part au loin, comme un petit détail presque invisible. bien sûr, ça m’a tout de suite fait penser à un tableau de brueghel, la chute d’icare, au musée old masters de bruxelles. dans ce tableau, on ne distingue que les jambes du personnage qui se débat dans la mer, détail infime noyé dans la composition. chez brueghel, à l’avant-plan de l’œuvre, on voit un paysan qui laboure la terre et dans mon tableau, ce sont des femmes et des chiens dans un parc. mes personnages ne semblent pas savoir ce qui se passe, en dehors d’une figure qui paraît voir la catastrophe. il n’y a donc pas d’unité de temps. c’est comme dans cet intérieur où une femme semble réagir en entendant le début d’une explosion, de même qu’une petite construction de maisons sur la table chute et prend la forme d’une tête de mort, tandis qu’un personnage à gauche est déjà complètement détruit par l’explosion. il y a aussi la série Pompéi, où je représente une catastrophe, l’éruption d’un volcan, qui surprend des personnages occupés à diverses choses. à cette époquelà, j’ai été inspiré par une visite de Pompéi. J’ai imaginé une vie tranquille soudainement bousculée, avec des personnages qui ne comprennent pas toujours ce qui se passe. c’était l’occasion de faire une belle composition. il y a, dans cette série, la présence du céphalopode, une tête sur jambes. c’est un personnage que j’ai inventé à une époque où je faisais beaucoup de collages avec divers morceaux d’éléments figuratifs. mais finalement je me suis rendu compte que c’était une représentation assez naturelle car les premières images d’homme généralement dessinées par les enfants, ce sont des têtes posées sur des jambes : une tête pensante qui se déplace dans le monde comme conception primordiale de l’espèce humaine… J’ai souvent utilisé cette déformation anatomique car cela me permettait de créer une image forte, plus expressionniste que certains détails très réalistes.

a.a. Parmi les figures archétypales récurrentes, il y a aussi la femme qui crie…

P.A. oui, la représentation du cri est venue dès le début, comme envie de montrer les émotions. ce n’est pas quelque chose qui se faisait à l’époque dans la peinture figurative. il y avait une retenue, des répétitions

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d’expressions stéréotypées, un certain maniérisme qui voyait la représentation des émotions comme quelque chose d’anecdotique. sans être illustratif ni tomber dans l’anecdote, moi j’ai voulu défendre ce possible-là.

a.a. tout comme la figure du chien… P.A. J’ai surtout utilisé deux animaux domestiqués : le cheval et le chien. le chien, c’est pour moi la figure qui renvoie le plus logiquement à l’idée du foyer, de la famille. il vit dans la maison et joue une place essentielle dans les rapports humains. les femmes seules ont leur petit chien pour le caresser. les hommes ont leur chien pour se sentir plus forts, pour s’entraîner, pour aller chasser, pour attaquer. dans ma peinture, le chien joue deux fonctions essentielles : il est messager entre l’homme et la femme, récepteur de leurs émotions, véhicule d’amour ou d’agressivité, mais il est aussi un élément de construction, une forme horizontale qui permet de tisser la profondeur de l’espace.

a.a. la femme demeure toutefois le motif central de ton travail, elle est omniprésente : seule, à plusieurs ou aux côtés d’une figure masculine…

P.A. J’ai une grande admiration pour la beauté des femmes, leur regard, leur corps. Et en même temps, souvent je ne les comprends pas. J’ai toujours été intrigué par cette autre moitié de l’espèce humaine et j’ai questionné leurs rapports avec les hommes. armées de couteaux ou de fusils, certaines figures féminines peuvent être, dans mes tableaux, des moyens de représenter la violence. la violence est sans doute le sujet de mes tableaux, dans les thèmes mais aussi dans la manière de peindre qui résulte d’une tension, d’un conflit plastique. mais la tendresse et l’humour sont aussi des éléments présents dans mon travail. Je pense par exemple à cette figure de la pisseuse qui revient dans certains tableaux. la pisseuse, c’est un motif insolite en art, déjà là chez rembrandt ou Picasso. sujet trivial, inspiré d’une scène vécue, il est apparu chez moi dans un tableau à la lumière crépusculaire très poétique, baigné dans la fraîcheur bleue d’une soirée d’été. à la fois dérisoire et profond. Finalement, quel que soit le sujet, je crois qu’en réalité ce qu’un peintre cherche vraiment, c’est la beauté et peut-être le désir secret, grâce à elle, de vouloir sauver le monde… n’est-ce pas ?



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Kamikaze sous la table - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2015

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L’autre kamikaze - huile et casÊine sur toile - 300 x 330 cm - 2012


Dans une maison au Pakistan - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 180 cm - 2011 Madame fleur - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 160 cm - 2011

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84 Jolie kamikaze avec sa ceinture de feu - huile et casĂŠine sur toile - 300 x 330 cm - 2012


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86 Pompei II - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 250 cm - 2009/2016


Popocatepetl : dawn of night - technique mixte sur papier - 80 x 100 cm - 2013 Plusieurs personnages, explosion lointaine - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 180 cm - 2010/2011

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L’usage DécoratIf De La couLeur Posée en aPLats, séParés Par une LIgne noIre, est bIen sûr un écho à L’abstractIon De MonDrIan que J’aI touJours trouVé harMonIeuse, MagnIfIque. J’aI eu enVIe De coMbIner cette harMonIe aVec Le DésorDre De Mes IntérIeurs. PLus ProsaïqueMent, ceLa M’a aIDé à structurer Mes tabLeaux.


the bleeding door - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 160 cm - 2010

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somewhere I’m there - huile et casÊine sur toile - 114 x 146 cm - 2015

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92 Livre piégé - huile et caséine sur toile - 300 x 330 cm - 2011/2012



94 universal games - huile et casĂŠine sur toile - 140 x 210 cm - 2014/2015



96 Wom(bm)an - huile et casĂŠine sur toile - 220 x 160 cm - 2013


cave canem - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 73 cm - 2014/2015

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98 genius - huile et casĂŠine sur toile - 210 x 140 cm - 2011


nature - huile et casĂŠine sur toile - 210 x 140 cm - 2011

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100 Julio et Pat - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2015 une descente assistĂŠe - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2015


toys - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2015

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Victime - technique mixte sur papier - 45 x 45 cm - 2013

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Je VouLaIs rePrĂŠsenter non Pas une chute, un crI, une feMMe, MaIs La chute, Le crI, La feMMe.


Kind in cabrera - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2008/2015

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106 Zumbido de insectos - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2007/2008 and one is on roller skates - huile et casĂŠine sur toile - 160 x 180 cm - 2012


fears - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 73 cm - 2013

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110 Volcana 2 - huile et caséine sur toile - 60 x 73 cm - 2007/2013 on the beach - huile et caséine sur toile - 60 x 73 cm - 2015 /2016


Detroit –Dzinni - huile et caséine sur toile - 60 x 73 cm - 2013 Me as a shadow of my drawing - huile et caséine sur toile - 160 x 180 cm - 2011

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112 bradamante - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 70 cm - 2014


La vierge de la musique cĂŠleste - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 73 cm - 2016

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Pallas athena en normandie - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 73 cm - 2016

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116 La Virgen de las rocas - huile et casĂŠine sur toile - 200 x 235 cm - 1988/2015




anna-trinitĂŠ plus Lilith - huile et casĂŠine sur toile - 300 x 330 cm - 2014

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Je VouLaIs créer Des cassures entre DIfférentes oPtIques et VIsIons Du MonDe.


Landslide - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2015

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124 een dansje - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2009


rotsbodem - ceinture de feu - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2007/2008

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126 Les rites de printemps - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2009


Plaza freud III - technique mixte sur papier - 60 x 70 cm - 2010 soft warm rain - technique mixte sur papier - 150 x 180 cm - 2014

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128 recto verso - huile et caséine sur toile - 60 x 73 cm - 2014 salomé - huile et caséine sur toile - 60 x 70 cm - 2007/2014


Latin Lover - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 73 cm - 2007

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130 sniper 1 - huile et casĂŠine sur toile - 300 x 330 cm - 2016





134 Le déjeuner sur bois - huile et caséine sur toile - 140 x 210 cm - 2013 /2015 effet de fraîcheur d’un crépuscule estival : susan pisse entre les souches - huile et caséine sur toile - 80 x 100 cm - 2005 /2009


stamdrift of stronklust - huile et casĂŠine sur toile - 180 x 160 cm - 2007/2008

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Moed-er,13 - huile et casĂŠine sur toile - 60 x 73 cm - 2010 /2013

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138 Zoophile - huile et casĂŠine sur toile - 70 x 200 cm - 2012








Expositions individuelles

1966 Amsterdam, gallery 20 1967 Arnhem, gallery 20 1968 La Haye, Gemeentemuseum 1972 La Haye, galerie Item 1973 Amsterdam, galerie Jurka 1974 La Haye, Pander Kunstcentrum 1975 Hasselt, galerie Wittepoppentoren Arnhem, Gemeentemuseum : rétrospective 1977 Amsterdam, galerie Jurka 1978 Bruxelles, galerie Charles Kriwin Bruxelles, Palais des Beaux-Arts Buenos Aires, galeria Arte Multiple La Haye, Gemeentemuseum 1979 Vlissingen, gallery Marquis Paris, galerie Nina Dausset 1980 Amsterdam, galerie Jurka Tilburg, Centre culturel Knokke-le-Zoute, Elisabeth Franck Gallery Buenos Aires, galeria Arte Multiple 1981 Bruxelles, galerie Charles Kriwin Vlissingen, gallery Marquis

1982 Amsterdam, galerie Jurka Buenos Aires, galeria Arte Nuevo Paris, FIAC, one-man-show, Elisabeth Franck Gallery 1983 Knokke-le-Zoute, Elisabeth Franck Gallery Milan, galeria Naviglio 1984 Madrid, galeria Juana Mordo 1985 Atlanta, gallery Ann Jacob Amsterdam, galerie Jurka Paris, FIAC, one-man-show, Elisabeth Franck Gallery 1986 Bruxelles, Le salon d’Art Buenos Aires, Palais de Glace (Palais national des Arts) Chicago, CIAE, one-man-show, Elisabeth Franck Gallery 1987 Fribourg, galerie Ruta Correa Knokke-le-Zoute, Elisabeth Franck Gallery 1988 Chicago, CIAE, one-man-show, Elisabeth Franck Gallery Paris, galerie Jacqueline Moussion 1989 Buenos Aires, galeria Jorge Mara – La Ruche Lyon, galerie L’Œil écoute 1990 Chicago, gallery Carl Hammer La Haye, gallery Sistema Paris, galerie Jacqueline Moussion

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1992 New York, Baldacci-Daverio Gallery Lyon, galerie L’Œil écoute Utrecht, galerie Quintessens Cordoba (Argentine), Centro de Arte Contemporaneo : rétrospective Buenos Aires, fundacion San Telmo Buenos Aires, galeria Klemm 1993 Paris, galerie Jacqueline Moussion Knokke-le-Zoute, Elisabeth Franck Gallery Bruxelles, galerie Ziggourat Schiedam, Stedelijk Museum : rétrospective 1994 Paris, Institut néerlandais : rétrospective Lyon, galerie Patrick Martin Nice, galerie Raph Debarn Paris, FIAC, one-man-show, Elisabeth Franck Gallery Clermont-Ferrand, galerie Gastaud 1995 New York, Paolo Baldacci Gallery Bruxelles, Le salon d’Art Cadaquès, galeria Carlos Lozano Porto, galeria Fernando Santos 1996 Montpellier, galerie Hélène Trintignan La Haye, galerie Ramakers 1997 Fribourg, galerie Ruta Correa Paris, galerie R&L Beaubourg Utrecht, galerie Quintessens Paris, galerie Rabouan Moussion Paris, FIAC, galerie Willy d’Huysser

1998 Madrid, galeria SEN Lisbonne, Palacio Galveias Paris, Institut néerlandais

2006 La Coruña, MACUF : The last 25 years Paris, Ensb-a : The Alice Series

1999 Bruxelles, galerie Willy d’Huysser Figeac, galerie Le Rire bleu Madrid, galeria SEN

2007 Istanbul, Dirimart Art gallery : Pat Andrea : autour de l’éloge de la folie Chenonceau, château de Chenonceau : Pat Andrea – Alice Athènes, Frissiras Museum : Alice au pays des merveilles Athènes, galerie Thanassis Frissiras : Pat Andrea – recent work Bruxelles, Le salon d’Art : Le Botanique Bruxelles, Cook & Book : sélection

2000 Madrid, ARCO, galeria SEN Paris, galerie R&L Beaubourg La Haye, galerie Ramakers La Seyne-sur-Mer, Villa Tamaris : rétrospective 2001 Athènes, Frissiras Museum : rétrospective. Amsterdam, Kunst RAI, galerie Ramakers 2002 Lyon, galerie IUFM Confluences Buenos Aires, Centro Cultural Recoleta : La Puñalada 2003 Madrid, galeria SEN La Haye, galerie Ramakers Barcelone, galeria Victor Saavedra Buenos Aires, RO-Art : Pat Alonso 2004 Utrecht, galerie Quintessens : Dubbele Identiteit (avec Mark Brusse) Francfort, Art Frankfurt (galerie Ruta Correa) Fribourg, galerie Ruta Correa Istanbul, Dirimart Art gallery Monaco, Espace Quai Antoine-Ier 2005 Berne, galerie Artdirekt Barcelone, galeria Victor Saavedra

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2008 Paris, galerie Argentine : La Puñalada La Haye, Gemeentemuseum : Pat Andrea – Alice La Haye, galerie Ramakers : Met andere woorden Barcelone, galeria Victor Saavedra : Work in progress, Les fleurs du mal 2009 Calais, musée des Beaux-Arts : Pat & Alice Paris, galerie Eric Mircher : Kunsttheorie ! Arcueil, Espace Julio Gonzalez : Du bon goût au comet 67 Bruxelles, galerie Withofs Belgrade, galerie (C)Haos Luxembourg, galerie Bernard Ceysson Saint-Arnoux-en-Yvelines, Maison Elsa Triolet et Aragon : Couple avec Cristina Ruiz Gunazu Nice, Galerie des Ponchettes/ MAMAC : Pat Andrea & Alice


2010 Madrid, Benveniste Contemporary : Mama coleccionaba cuchillos Barcelone, Arts Santa Monica : Projet Alice Barcelone, galeria Victor Saavedra Lyon, galerie Anne-Marie et Roland Pallade 2011 Utrecht, galerie Quintessens La Haye, galerie Ramakers Tournai, Rasson Art Gallery 2012 Utrecht, galerie Quintessens : Het Gebaar New York, Bertrand Delacroix Gallery : Pat Andrea Irrealism 2013 Hasselt, Cultuurcentrum : On the walls Madrid, Benveniste Contemporary : The Klinger suite Paris, galerie AREA : Rien à vendre San Juan (Argentine), MPBA Franklin Rawson : Pat Andrea y Alicia Cordoba (Argentine), Museo Emilio Caraffa : Pat Andrea y Alicia Bruxelles, galerie Petits Papiers (avec Milo Manara) 2014 Lyon, galerie Anne-Marie et Roland Pallade Buenos Aires, Fortabat Art Collection La Haye, galerie Ramakers Trouville, mairie de Trouville 2015 Santiago du Chili, Botanico (centro de eventos) : Pat & Alice Paris, galerie AREA : L’Atelier transparent Barcelone, galeria Victor Saavedra : La Virgen de las Rocas

Expositions Collectives

1969 Zurich, Helmhaus : Haager Kunstler 1970 Recklinghausen, Städtische Kunsthalle : Zeitgenossen 1971 Bruxelles, galerie Withofs : 9 dessinateurs européens 1974 Schelderode, Kunstforum : Nederlandse tekenaars 1975 Düsseldorf, Kunstpalast : Niederländiske Künstler 1976 Paris, galerie Jean Briance Trait pour Trait Rotterdam, Doelen : 12 Hagenaars 1977 Paris, CNAC : Papiers sur nature 1978 Norwich, Castle museum : Contemporary watercolours from The Hague 1979 Bruxelles, Palais des Beaux-Arts : La nouvelle subjectivité 1980 Kortijk, campus : Woord en beeld Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght : Les dessins Leiden, Lakenhal : Schilderkunstig realisme... Bruxelles, Palais des Beaux-Arts : Aktuele Kunstmarkt Rijeta : VIII international drawing exhibition

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1981/1985 Schilderkunsting realisme in Germany, Denmark, Belgium, Greece, Bulgaria, Ireland, Great Britain… 1982 Madrid, ARCO (Elisabeth Franck Gallery) Mexico : Modern Art from Holland Paris, Centre Georges-Pompidou : Dessins d’expression figurative 1983 Bruxelles, musée d’Ixelles : La grande absente Apeldoorn, Van Reekum museum : Een hond aan de waslijn Acquoy, Kijkschuur : Accenten 9 1984 Bruxelles, Palais des Beaux Arts : Artennis Amersfoort, Zonnehof : Andrea, Blokhuis, Van Dreven en de Haan Paris, Centre culturel WallonieBruxelles : Un musée, des chefs-d’œuvre 1985 Varna, Biennale de gravure Paris, Espace Mercedes-Benz : Europe et toiles Paris, musée-galerie de la Seita : Autoportraits contemporains 1986 La Haye, Gemeentemuseum : Met het oog op Den Haag Saint-Goazec, Château de Trévarez : À cor et à cri Los Angeles, ICAF (Elisabeth Franck Gallery) 1987 Amsterdam, Stedelijk Museum : De Ahold-collectie

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1988 Den Bosch, Noordbrants Museum : De Collectie Cleveringa 1989 La Haye, Pulchri Studio : De aquarelisten Paris, Bibliothèque historique : Centenaire de Barbey d’Aurevilly Paris, SAGA, galerie AREA : Bronzes de peintres Tilburg, musée du Textile : 8 in opdracht 1990 Paris, CNAC, Acquisitions FNAC 89 Paris, Institut néerlandais : Pleins feux sur La Haye Rotterdam, World Trade Center : Modern Art Travels East-West Singapour, Empress Place museum : Modern Art Travels East-Weast Nice, Art Jonction (galerie L’Œil écoute) Aix-en-Provence, Fondation Vasarely : Scène et mise en scène Bourg-en-Bresse : 8e Biennale d’Art contemporain Fribourg, galerie Ruta Correa : Aspects 1991 Paris, musée du Luxembourg : La femme enfin Saint-Priest, musée municipal : Passions privées Francfort, Art Frankfurt, galerie Ruta Correa 1992 Barcelone, musée Melcior Colet : Suite olympique Miami, Art-Fair, Andres gallery 1993 Saragosse, Palacio Sastago : 11 de France

Madrid, Casa Velazquez : 11 de France La Haye, Pulchri Studio : Pères et fils Toulon, musée de Toulon : L’éloge de la peinture 1994 Amsterdam, Arti : Pulchri in Arti Homécourt, galerie Pierre Gouverneur : Transréalisme La Haye, Smelik & Stokking galleries : Raakvlakken Grenoble, galerie Antoine de Galbert Paris, Centre culturel du Mexique : Territorios Paris, Pavillon Tusquets : Images pour la paix Porto, galeria Fernando Santos Nice, galerie Raph Debarn : Retour à l’œil et au-delà 1995 Paris, galerie Pascal Gabert : Collection d’artiste Cannes, Art Jonction, galerie Raph Debarn Paris, Fondation Coprim : L’éveil artistique et ses enjeux Paris, FIAC, galeria Fernando Santos 1996 Arnhem, Museum voor Modern Kunst : Stromingen lans Rijn Paris, Fondation Coprim : Paysages de la mémoire Madrid, ARCO, galeria Fernando Santos Monaco, 3e prix d’Art contemporain Paris, Salon de Mai Buenos Aires, Museo Sivori : Viajes en la palabra y en la imagen Weert, De Tiendschuur museum : De collectie Weegels Bruges, beffroi : 20 nederlandse kunstenaars La Haye, galerie Ramakers : 6 visies op de werkelijkheid Bruxelles, musée d’Ixelles :


Groeninge collection Amsterdam, Palais royal : 125 jaar koninklije subsidie 1997 Paris, galerie Claude Lemand : Tondo Paris, Fondation Guerlain : Visages Francfort, Art Frankfurt : Funktion der Zeichnung Bruxelles, Le Botanique : Magritte en compagnie 1998 Madrid, ARCO : Arte no Tiempo Cascaïs, Gandarinha Buenos Aires, Arte BA : Jorge Mara – La Ruche Cadiz, Palacio Provincial : Fondo de Arte de Sen Paris, galerie R&L Beaubourg : Œuvres choisies, mosaïque Porto, galeria Fernando Santos : Arte no Tiempo 1999 Buenos Aires, Recoleta : Proximamente en Argentina Antony, La Maison des Arts : Dessins Paris, galerie Claude Lemand : Tondo 2 Paris, galerie Pascal Gabert : Moraïma 2000 Barcelone, galeria Victor Saavedra Athènes, Bazaar gallery : 2000 conserves Nice, musée d’Art moderne Amérique latine, exposition itinerante M2 A2 Canaries, Las Palmas de Gran Canaria, galeria Manuel Ojeda Utrecht, galerie Quintessens (avec Kees Andrea)

2001 Paris, Musée du Luxembourg Paris, Espace Accatone : Cruci-fictions Paris, galerie Pascal Gabert : Figure La Rochelle, Pachamama : Les Chemins de la liberté La Haye, Pulchri Studio : Beautiful Girls 2002 Istanbul, Dirimart Art gallery : Complicité Maastricht, TEEFAF Amsterdam, PAN Paris, galerie Rachlin-Lemarié Beaubourg 2003 Arnhem, MMKA : De ontmoeting Créteil, Maison des Arts : Painting in progress Paris, galerie Pascal Gabert : Le Voyage Barcelone, galeria Victor Saavedra : Singular Barcelone, Teatro del Liceo : Visions sur la Walkyria Taïwan, Musée Kaohsiung, Musée Taichung : Peintres de Paris La Haye, Gemeentemuseum : Nieuwe Hàagse School, jaren 70 Zagreb, Musée Klovicévidvori : Under the same sky Paris, Salon de Mai Rotterdam, ING : Réalistes de La Haye 2005 Mont-de-Marsan, Centre d’Art et contemporain Raymond Farbos : Un Aix-sur-Vienne : Au-delà du corps Issy-les-Moulineaux, Biennale 2006 Paris, Café El Sur : El Colectivo Paris, Art Paris, galerie Beaubourg

Spanbroek, Frisia Museum : Image – aliénation de l’homme Gorinchem, Gorcums Museum : La magie du réalisme Fuentetodos, Sala Ignacio Zuluaga : Monotypes Buenos Aires, galerie RO : Cuestion de Familia Saint-Paul-de-Vence, galerie Catherine Issert : Dessins 2007 Paris, galerie Serge Aboukrat : Dessine-moi un… Rotterdam, Kunsthal : Vive la peinture La Haye, Pulchri Studio : La Nouvelle Histoire Mexico, Fundación Sebastían : Volcan Mexico, Museo de la Catedral : Ex Voto Utrecht, galerie Quintessens, avec Vittorio Roerade. Paris, galerie Kamchatka : L’eau et les rêves Paris, El Sur : Plusieurs Paris, galerie Baudoin Lebon : Mues 2008 Paris, galerie Argentine : Lo Argentino Oyonnax, Centre Aragon : Autour d’Alice Paris, Salon du Dessin contemporain, galerie Eric Mircher Mont-de-Marsan, centre d’Art contemporain Raymond Farbos : Figuration de l’imaginaire Barcelone, galeria Victor Saavedra : La Nouvelle Histoire 2009 Paris, Art Paris, galerie Bernard Ceysson. Madrid, Benveniste Contemporary : A limerence reaction Périgueux, Espace culturel François-

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Mitterrand : De la couleur au trait Paris, Semaine du dessin – Un salon particulier : Les inattendus du désir 2010 Paris, Casa Argentina : El Colectivo Paris, galerie Pierrick Touchefeu : Disturbing Mons, Cercle d’Art Paris, galerie Pierrick Touchefeu : Chic Dessin Paris, galerie Lefor Openo : Avoir vingt ans Besançon, musée des Beaux-Arts, Collection Guerlain Bruxelles, galerie Aeroplastics Bourg-la-Reine, 15e Rencontres d’Art contemporain : Une affaire de famille Madrid, Benveniste Contemporary : La Estampa Bruxelles, galerie Mineta : Salvation Athènes, Frissiras Museum : The naked truth Buenos Aires, galeria Jorge Mara – La Ruche : Collages 2011 Hanovre, galerie Kubus : Arc-en-ciel Paris, galerie Pierrick Touchefeu : Chic Dessin Issy-les-Moulineaux, Biennale Paris, galerie Argentine : El Arte de por medio Manille, Altro Mondo Gallery : High Notes La Haye, Galerie Van Heijningen : Hommage à Kees Andrea La Haye, Pulchri Studio : Aan Walter Nobbe Shanghai, Art Fair, Altro Mondo Gallery Lyon, galerie IUFM Confluences : Hommage à Christian Caligarot La Haye, galerie Ramakers : Ode aan Brecht La Haye, Leo Van Heyningen : Hommage à Kees Andrea

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Paris, Casa Argentina : Padrinos Shanghai : Art Affaire Shanghai Lyon, galerie Elisabeth Couturier : Braun Renaud Utrecht, galerie Quintessens : Met Pepe Cerdà La Haye, galerie Ramakers Tournai, Rasson Art Gallery Issy-les-Moulineaux, Musée français de la Carte à jouer : Alice et la carte à jouer, de John Tenniel à Pat Andrea 2012 Madrid, ARCO, Benveniste Contemporary Madrid, Benveniste Contemporary, Community Paris, galerie Pierrick Touchefeu, Carrousel du Louvre : Art Paris Lyon, IUFM Confluences : 10 ans après Utrecht, galerie Quintessens : Het Gebaar met HP de Boer Bruxelles, galerie Aeroplastics : Leopold Rabus & Guests/Tiré d’une histoire vraie Madrid, Benveniste Contemporary : The Klinger Suite 2013 Paris, galerie Albert Benamou : Contes cruels Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght : E-motion, Collection Massini Barcelone, galeria Victor Saavedra : La Cruda Paris, galerie Argentine : Hommes peintres – femmes sculpteurs Paris, Angoulème, Perpignan, Bruxelles : Quelques instants plus tard Istanbul, Art Bosporus, galerie d’Ys Athènes, Frissiras Museum : The deceit of the flesh Paris, Institut Cervantes : Rayuela : el Paris de Cortazar

Paris, ChiFra#1, Chine-France Nice, Collection Fauchon-Banque de Nice 2014 Pékin, ChiFra#1, Chine-France, Musée national de Chine Shenzhen, ChiFra#1, Chine-France Chongqing, ChiFra#1, Chine-France, Chongqing Art Museum Paris, galerie Routes : Un quart d’heure avant la fin du monde Paris, Centre Georges-Pompidou : Collection Guerlain, Paris, Drawing Now Paris, Salon du dessin contemporain Paris, Art Paris, galerie Claude Lemand Paris, Casa Argentina : Musica Paris, 10 ans de la galerie Poppy Arvani : Errance Libourne, Sélection Guerlain Utrecht, galerie Quintessens : Paris Nu La Haye, Pulchri Studio : De Tekeningen La Haye, galerie Ramakers : 20 ans Perpignan, ACMCM : 10 ans de passion Miami, Pinta-art fair, Teresa Anchorena Galeria de Arte Andalousie (Cadiz…) : Cortazar 2015 Singapour, Art stage, galerie Altro Mondo Mons, Salon du Bon vouloir : L’autoportrait La Haye, Pulchri Studio : Family matters Paris, La Maison Rouge, MAD Benveniste Contemporary Perpignan, ACMCM : La Nouvelle Histoire


2016 Montpellier, espace d’art Dominique Bagouet : Esprit éclairé, esprit libre Perpignan, ACMCM : Juste pour le plaisir Barcelone, galeria Victor Saavedra : Singular 2016 Florac, Tribunal : Voyelles Casablanca, Ambre : Voyelles Paris, Grand Palais : Hergé Paris, galerie Laurent Strouk : Paperworks Paris, galerie M. C. Duchosal : Templum Paris, Casa Argentina : Cosas de la mente

MUSÉES ET Collections PUBLIQUES

Amsterdam, Collection ABN AMRO Amsterdam, Collection ING Amsterdam, Stedelijk Museum Arnhem, Museum voor Moderne Kunst Assen, Drents Museum Athènes, Copelouzos Family Art Museum Athènes, Frissiras Museum Belgrade, musée d’Art moderne Bruxelles, Collection du Parlement européen Buenos Aires, El Museo de Arte Tigre (MAT) Buenos Aires, Museo Fortabat Buenos Aires, Museo Nacional de Bellas Artes Calais, musée des Beaux-Arts Cordoba (Argentine), Museo Emilio Caraffa Enschede, Collection Hans Melchers, museum MORE Issy-les-Moulineaux, Musée français de la Carte à Jouer La Coruña, MACUF La Haye, Caldic collection, museum Voorlinden La Haye, Haags Gemeentemuseum La Haye, Institut Collectie Nederland Lausanne, musée Olympique Liège, musée d’Art moderne Maldonado (Uruguay), MAAM Mons, Beaux Arts Mons (BAM) New York, Museum of Modern Art (MOMA) Nice, Collection Massini Nice, MAMAC Paris, Centre Georges-Pompidou Paris, Collection Guerlain Paris, Fonds national d’Art contemporain Rotterdam, Boymans Van Beuningen Saint-Paul-de-Vence, Fondation Maeght San Juan, MPBA Franklin Rawson Schiedam, Stedelijk Museum Tilburg, musée du Textile

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EXPOSITION du 24 février au 23 mars 2017

COORDINATION Marie LABORDE TEXTES Amélie ADAMO Lydia HARAMBOURG RELECTURE Anne TERRAL GRAPHISME Antje WELDE, voiture14.com PHOTO Jean-Louis BELLURGET Patrick CHAPUIS IMPRESSION AGPOGRAF - Barcelone LIENA R T ISBN : 978-2-35906-210-6 Imprimé en Europe Achevé d’imprimer : février 2017 Dépôt légal : février 2017

© Galerie Laurent Strouk, Paris © Pat Andrea Seules les œuvres présentées de la page 8 à la page 70 sont exposées à la galerie Laurent Strouk.

galerie Laurent STROUK 2 avenue Matignon 75008 Paris

www.laurentstrouk.com galerie@laurentstrouk.com + 33 1 40 46 89 06


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