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LA RESPIRATION coNTRôlg DU souFFLE uaNrÈnES ETARTDE RESPTRER

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"Récit de deux expériences"

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BIBLIOTHEtlUE LE COURRIËRDU LIVRE 27, rue de Seine75006Paris

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AVANT - PROPOS

fe ne suis pas dans l'ignorance des principaux textes écrits sur ce sujet, issus tant de la tradition de l'orient que de celle de l'occident. Cependant, l'enseignement que j'ai reçu à ce propos est principalement un enseignement oral dont la source est tibétaine. Iiayant expérimenté d'abord sur moi-même, puis durant un certain nombre d'années sur de nombreux élèves,j'ai acquis une ridre expÉriencevécue sur les plans profonds,les plus subtils de mon être. C'est ce que j'envisage de transmettre ici pour que ceux qui me liront soient tentés de faire, eux aussi, un effort personnel. Il s'agit en effet de dépasserl'acquis intellectuel auguel on se limite le plus souvent en occident sur ce sujet primordial. Il convient, si l'on désire obtenir une transformation reelle et profonde, de faire vibrer notre être intégralement sur tous les plans de consciencequi le composent. Cela par des exercicespratiques et progressifs, principale ment respiratoires, exécutésavec persévérance. Là réside le secretde toute réussite. Tout d'abord le corps de chair doit rester un support dense, solide et harmonieux pour pouvoir accéderaux plus hauts sommets sans risque d'engendrer un déséquilibre.

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Il r'y a aucun mirade à espérer d'une imagination maladive ou d'un volontarisme intempestif. C'est au contraire en vivant consciemment et intensément dans le moment présent, et en respectant les lois qui régissent l'IJnivers, que l'on avancera sûrement sur la Voie. Ici tout est précis, concret,même sur les plans les plus subtils. Seul tout ce qui est vécu dans une recherche qualitative, de plus en plus subtile, portera sesfruits. Après avoir preparé le terrain, en couunençant par le corps dense, c'est tout un art de respirer qu'il est nécessaire de découvrir pour faire vibrer prâna. Ainsi pourra-t-on espérer joindre la Puissance Cosmique, cette Energie Primordiale, pour obtenir de la faire descendre dans le Soi, au plus profond de l'Etre.

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çA RESPIRE La respiration : fonction végétative Dans tout être humain la fonction respiratoire fait partie des fonctions végétatives. C'est bien ainsi, car si nous pouvons rester quelques semaines sans manger, le temps pendant lequel nous pouvons rester sans respirer se limite à quelques minutes. (A l'exception occasionnelle ment de quelques pratiquants de la plongee sous-marine entraînés à tenir des apnfus de longue duree, ou corune des pêcheurs d'éponges ou de coraux). Notre système nerveux sympathique est heureuse ment chargé de moduler notre rythme respiratoire en fonction des besoins de notre organisme dans le moment vécu. C'est ainsi que nous pouvons penser, et agir par ailleurs sans avoir à nous préoccuper de la respiration. Ça respire ! c'est la respiration animale, réflexe, automatique. Quel merveilleux instrument nous possédonslà ! En avons-nous conscience,et sommes-notrssuffisamment reconnaissantsà son égard ? Ce n'est pas certain. Il est vrai que la vie moderne stressantene le ménage pas. Mais parfois n'en rajoutons-nouspas? C'est ainsi que j'ai constaté à diverses reprises, dans l'enseignement du yoga, l'intervention trop directive de professeurs, bien intentionnés mais inexpérimentés, qui

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perturbaient profondément l'élève débutant hypersensible. Hélas ce qæe d'élève n'est pas r.ue, ventrnt au yoga sur conseil médical pour se rééquilibrer. Lui imposer une respiration spécifique, sanstenir compte de son tempérament dominant, lequel le fait respirer naturellement de façon précise, Cest le faire entrer en litige avec son système nerveux sympathique. f'ai à ce propos le souvenir d'un cas spectaculaire. Une jeune femme vient me trouver pour m'expliquer son cas.Débutante en yoga, on l'a fait respirer en lui imposant, prématurément, un rythme précis à l'aide d'un métronome. Elle en fut très troublée, au point de ne plus savoir comment respirer. Le soir son mari appela un médecin qui la fit transporter d'urgence à l'hôpital où on la fit respirer normalement. Cas pathologique direz-vous. C'est certain, mais hélas pathologie assezcourante chez nos contemporains stressés. fe ne mets en causeni le métronome, ni le professetrr. je dis simplement, ce que je répète depuis des années, qu'en occident nous devons avant tout détendre et reequilibrer les débutants dans un préyoga. Iæ yoga est une technique de transformationrapide de l'être humain, transformation qui intéressetous les plans de conscienceet qui par conséquent s'adresseà des individus équilibrés, c'est-àdire en bonne santé. Uun des moyens de cette transformation est juste' ment le souffle, support de prâna, l'énergie. Tout apport intempestif d'énergie sur un système nerveux affaibli, ne peut que Ie déséquilibrer. Les rythmes respiratoires impe' sés,et le prânâyâma,avecsesapnéesimportantes,sont des exercicesdangereux, si le pratiquant n'a pas subi un entraînement progressif pour obtenir un bon équilibre physiolo' gique et psychologique.

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CHAPTTREI

LES MANIERES DE RESPIRER


COMMENCER PAR LE COMMENCEMENT

ExerciceN"l Définition de la conscience. S'allonger sur un tapis, sur le sol, à plat dos. les jambes légèrement écartéeset les bras de chaque côté du buste. Ces derniers sont tendus sans raideur, les paumes des mains dirigees vers le haut. La conscienceémane de l'esprit situé dans le ceryeau. Il faut donc porter l'attention dans la tête et imaginer cette conscience(composee de la pensée dans sa forme et des senssubtils) comme le faisceaulumineux d'un phare, pivotant autour de son point d'émission dans toutes les directions. Décontracter les mâchoires et laisser les lèwes s'entrebaîller légèrement. Puis prâtiquer une rotation de la consciencepour détendre successivementle menton, la massemusculaire desjoues,autour des lèvres,des oreilles, des sourcils. Décrisper les ailes du nez, les sourcils et le front jusqu'au cuir chevelu.

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Ecoute de la respiration anirnale. Diriger ensuite la conscienceà l'intérieur de soi, et écouter le petit son que fait la respiration, produit par l'air qui entre par les narines puis en sort, emplissant et vidant successivementles poumons. II faut donc prendre l'habitude de ne pas agir sur la respiration, ce qui n'est pas facile pour un débutant. Le pratiquant doit devenir le témoin,l'observateur objectif. Ça respire ! Ce n'est qu'à cette condition, qui est donc primordiale, que l'adepte pourra par la suite acquérir le contrôle de son souffle et en obtenir la maîtrise. J'ai bien des fois constaté, avec stupeur, que des enseignants du yoga n'avaient pas eu cette formation essentielleet qu'ils avaient beaucoup de mal à revenir à cette base indispensable. Rôle de cette respiration Cet exercicesi simple, (ce qui ne veut pas dire facile), Iorsqu'il est répété avec persévéranceet en évitant de tomber dans un automatisme complet, permet d'acquérir avec cet état de dualité et d'objectivité, une amélioration rapide de l'attention et un développement de la concentration. Lorsque l'écoute reste discontinue, Cest le constat d'une penséevagabondeet d'un mental agité. A l'inverse, lorsque l'écoute est continue et que sa duree peut s'allonger de plus en plus, Cest que l'attention se développe et que le mental se stabilise. Cet exercicesimple est efficace.Il fait partie des exercices de base qu'il faut répéter le plus souvent possible, avec persévéranceet toujours en quête de perfection. Ainsi cette respiration "animale" est suffisante pour entretenir la vie en nous; elle est également indispensable. Uanatomie comme Ia physiologie de cette fonction vitale sont parfaitement connues de nos jours.

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Rappelons succinctement que Cest l'oxygène contenu dans l'air que nous inspirons gui, maintenu au niveau des alvéoles pulmonaires durant le temps d'apnée inspiratoire, agit sur le sang chargé d'impuretés pour brûler ces dernières. C'est grâce à ce phénomène drimique de purification que nous pouvons viwe. On comprend l'importance de la régulation du rythme respiratoire par notre système nerveux Pour répondre aux besoins de cette purification. On saisit l'intérêt de bien respirer et lefficacité de respirer lentement en respectant un temps d'apnée inspiratoire suffisant pour bien oxygéner le sang. Respirer par le nez Bien respirer, Cest tout d'abord respirer par le nez. C'est l'organe principal pour cette fonction. La bouche est réservéepour manger et n'est qu'accidentellement utilisée, soit en natation soit pour des expirations violentes en sport, ou en yoga dans la pratique de respirations Purifiantes. Cela se justifie par la complexité de cet organe méconnu. Poils, secrétions et chaleur internes filtrent, humidifient et réchauffent l'air inhalé, tandis que l'innervation nasale et les réflexes neryeux du nez ont des effets sur les diverses fonctions du corps (réflexothérapie). Ajoutons-y des phénomènes vibratoires complexes qui expliquent l'importance que les yogîs attachent à la respiration nasale pour utiliser effectivement prâna, l'énergle, par les narines. Donc, cette fonction respiratoire commence par le nez. Celui-ci ne doit pas être plus ou moins obsEué. Toute malformation, tout polype gênant l'entrée de l'air doivent être pris en considération. Le nez étant la porte d'entrée de l'air dans les poumons, si cette porte n'est qu'entrouverte on conçoit les répercussions malfaisantes dans cette fonction vitale!

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ExerciceNo2 Sensibiliser les narines: les faire vibrer, En position assise,ledos droit. Abaisser les paupières pour Êviter toute distraction extÊrieure et pouvoir mieux vous recentrer sur les narines. Diriger l'attention alternativement sur la narine gauche, puis sur la droite. Commencer lentement en res-

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tant sur chaque narine et en prenant consciencede l'air qui y entre et qui en sort de façon naturelle sans l'intervention de votre volonté. Puis progressivement alterner plus rapidement. Terminer sur les deux narines. Maintenir I'attention simultanément sur la narine gauche et la narine droite en minimisant l'effort. Prendre consciencede la respiration naturelle qui se fait sans votre intervention. Lorsque vous serezbien détmdu, et que vous sentirez les narines bien vivantes, avec un minimum de volonté essayez de les faire vibrer. Obtenez crcrnmeune pulsation, chaque narine s'écartant de la doison médiane pour s'en rapprocher ensuite. N'hésitez pas à reprendre souvent cet exercicedurant la journee.

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Exercice No3

Relation geste-respiration: à tout geste Pié:i: conespond it t"tpitation automatique spécifique' "

gnets pour mettre les dos de mains en contact. constater vers l,avant et que la ["" t"i épaules viennent davantage fàrmeturô du thorax s'accentue,Provoquant une expiration plus complète. LemouvementestfacileetefficacequantàlarespiraIl tion. favorise la souplesse.c'est f image du nageur qui va

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dans le sensdu courant de la rivière. Aller à contre courant développera davantage la musculature. Dans le casde la respiration, faire intervenir la volonté dans le mouvement précitér pour inspirer en fermant la cage thoracique, provoque une tension intérieure. Ce n'est pas sans intérêt. Cela pourra être employ4 à bon escient, par o(emple dans des torsions. Chez des débutants et des pratiquants peu musdés,la torsion Poumons pleins protè ge la colonne vertébrale. Mais la torsion sur expiration va incontestablementplus loin, accentuantla décontraction.

ExerciceNoA. S'asseoirsur le sol, jambescroiséesdevant soi ou sur une chaise,jambes en équerre. Respiration basse,diaphragmatique Maintenir le dos vertical,le corps en aplomb. Croiser les bras devant le buste en posant la main droite sur le genou gauche et Ia main gauche sur le genou droit. L^aisser la tête s'incliner vers l'avant, sanseffort,le menton vers la poitrine.

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Maintenir l'attention dans le ventre et écouter le son la de respiration. Constater que celle.ci se localise dans cette partie du corps. C'est une respiration basse,abdominale, appelée aussi diaphragmatique. Ainsi ce gesteprécis, qui ferme le haut de la cage thoracique et favorise le mouvement du diaphragme, entraîne une respiration basse. Cet exercice doit être exécuté durant un temps suffisamment long pour obtenir un lâdrer-prise des musdes qui ne sont pas nécessairesà la bonne exécution du mouve ment. Le pratiquant qui a une profession sédentaire et un tempérament nerveux-penseur a généralement une respiration haute, sus-mamelonnaire.Son diaphragme mtmque de souplesse, et cet exercice lui sera pénible au début. Cependant, s'il est persévérant,quelques mois de pratique transformeront sa vie. Avec un diaphragme assoupli il retrouvera un transit intestinal normal. Une respiration reequilibrée vers le bas Ie recentreradans le centre de gravité du corps situé dans le ventre. Cette respiration basse faisant vibrer le centre ombilibal dans le corps de l'énergie, lui donnera plus de force vitale pour agir dans le quotidim.

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ExerciceNo 5 Bien vider pour mieux remplir On est habitué en occident à inspirer d'abord pour expirer ensuite. Il est pourtant logique de vider un récipient avant de pouvoir le remplir ! Que de fois m'a-t-on rétorqué: "mais comment voulez-vous que j'expire puisque je n'ai pas inspiré"? Essayezcependant, et vous veftez qu'il est possible de faire sortir une grande partie de l'air résiduel qui reste toujours dans les poumons. Avec l'habitude, vous constaterez très vite que lorsque l'expir devient un temps actif dans la respiration, l'air résiduel devient minimum et le temps d'inspir passif développe les poumons dans toute leur amplitude en évitant toute crispation restrictive. Dans la même posture, suite à I'exercice précédent, faire intervenir la volonté pour rendre actif le temps d'expiration et remonter le diaphragme de plus en plus. IJinspiration qui suit est alors passive,se faisant d'autant plus ample que l'expiration a été profonde. De plus,les effetsbénéfiquesd'une contractionsuivie d'une décontraction se font rapidement sentir. Les organes internes d'assimilation et d'excrétion qui sont concernés, sont mieux irrigués de sang et retrouvent un fonctionne ment régulier. Il faut toutefois veiller à minimiser tout volontarisme, le mouvement devant, pour être efficace, devenir très souple grâce à une pratique persévérante.

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ExerciceNo 5 Respiration haute, sous-claviculaire Dans la position assise de son choix, porter les paumes des mains jointes sur le sommet de la tête,les bras en "as de pique". Laisserla tête s'incliner en avant,le menton vers la poitrine en expirant, sansbouger les bras. Pousserles mains, toujours jointes, vers le haut verticalement,les bras s'allongeant et le menton suivant le mouvement. Les poumons s'emplissent d'air: Cest l'inspiration. Ramener les mains et le menton en position de départ. Les poumons se vident d'air: Cest l'expiration. Répéter plusieurs fois ce geste et maintenir constamment une partie de I'attention sur l'effet de ce geste précis. Vous constaterezaisément que la respiration s'est localisée à la partie haute de la cage thoracique, et vous en avez oublié le ventre. Vous avez provoqué ainsi une respiration

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haute dite sous-claviculaire,complètement différente de la respiration basse,abdominale. Cette respiration est la respiration dominante chez les nerveux-penseurs qui sont des cérébraux. Elle les situe le plus souvent dans le cerveau,siègede l,esprit où se trouve le centre subtil de commande de notre merveilleuse machine humaine. Mais n'oublions pas, par ailleurs, l,importance vitale et sexuelle de la respiration basse,ni celre de la respiration moyenne que nous allons expérimenter maintenant. Si la respiration bassenous recentredans le centre de gravité du corps dense, la respiration haute dans le cenhe de commande de notre merveilleuse machine, la respiration moyenne intervient sur le cæur,le véritable centre de l,être humain dans sa globalité.

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ExerciceNo 7 Respiration moyenne : costale. Dans la posture adoptee précédemment, joindre les paumesdes mains devant l'estomac,lesdoigts dirigés vers le haut. [-es avant-bras forment la base d'un triangle dont les bras sont les côtés. Laisser s'indiner la tête naturelle ment vers I'avant,le menton vers la poitrine. Les médius mis bout à bout, écarter les paumes l'une de l'autre, les coudes se levant alors dans la ligne des épaules, la tête restant inclinée. Sentir que les côtes s'élèvent latéralement de chaque côté du buste et que s'effectueainsi naturellement une inspiration moyenne, costale.En revenant lentement à la position initiale vous serezle témoin d'une expiration au même niveau. Répéter l'exercice pour obtenir la facilité avec un minimum d'effort volontaire et musculaire. Il s'agit d'acquérir un certain automatisme dans le mouvement sans jamais tomber dans un automatisme complet. Mais toujours rester conscientdu corps de chair et de son centre de gravité dans Ie ventre. Par la suite on restera simultanément conscient d'ambiances plus subtiles.

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D'où [a nécessitéd'un entraùrement progressif dès mainte nant. Ce mouvement précis, dédenche donc une respiration moyenne costale par écartement des côtes, latéralement dans le plan frontal. Elever maintenant les bras tendus à l'horizontale, dans la ligr" des épaules, le menton indiné naturellement vers la poitrine. Rapprocher les bras devant le buste pour joindre les paumes de mains et fermer ainsi la cage thoracique d'arrière en avant. C'est l'expiration. Revenir en position initiale et accentuer le mouvement des bras vers l'arrière en rapprochant les omoplates. C'est l'inspiration. Ce mouvement précis, dédenche une respiration moyenne costale par écartement des côtes dans le plan sagittal.

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DE UIMPORTANCE DES FAçONS DE RESPIRER Ces trois manières de respirer, lorsqu'elles sont ainsi expérimentées et vécues dans leur différence, montrent leur relation spécifique avec les différents plans de consciencequi constituent tout être humain. La respiration basseest en relation avec le corps de chair, agissantsur les fonctions de digeston, d'élimination, de reproduction. Mais aussi plus profondément sur le plan de l'énergie, de façon spécifique, sur les centres transformateurs (chakras),ombilical (manipûra), abdominal (swâdisthâna), chakra racine (mtlâdhâra). La respiration haute intéresse le psychisme. Mais aussi les chakras de la gorge (vishuddha), frontal (âjnâ) et nous sensibilise à l'entrée du prâna primordial par le chakra coronal, lotus aux mille pétales (sahasrâra). La respiration moyenne régit l'émotif. C'est le cæur et sur le plan de l'énergie,le chakra cardiaque (anâhata). Lorsqu'on expérimente, par ailleurs, la relation qui existe entre les chakras et les glandes endocrines, chaque centre transformateur d'énergie étant en relation précise avec une glande endocrine, un plexus et un sinus, on acquiert une grande prudence et beaucoup d'humilité quant à la transmissiondu yoga en occident. Lorsqu'on prend consciencede la variété infinie des individus qui ont chacun "IelJr" respiration, laquelle dépend de leur constitution morphologique et tempéramentale, on mesure la complefté du problème! j'ai souvent été effrayé de voir avec quelle insouciance et quelle témérité, des enseignantsde yoga frais émoulus des écoles de formation osaient imposer des rythmes respiratoires, sans tenir compte de cesdiversités. Que penser également de professeurs plus expérimentés, mais qui n'ont que des connaissanceslivresques sur les chakraset qui prétendent agir de façon directive sur ceux-ci, pour les ouvrir (!) ou les rééquilibrer ? Soupçonnent-ilsla responsabilitéqu'ils encourent en casde

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fausse manæuvre entraînant des conséquences nffastes tant sur le système neryeux sympathique que sur le systè me glandulaire. Certes, il efste des guérisseurs qui ont cette possibilité. C'est qu'eux-mêmes ont la clairvoyance de ces centres et qu'ils savent agir avec maîtrise sur ce plan subtil pour l'avoir expérimenté par de nombreux exercices sur euxmêmes. Dans ce cas, ce qu'ils peuvent faire sur eux, il leur est donné de pouvoir le faire sur les autres. Mais cela ne s'acquiert que par un travail personnel s'échelonnant sur de nombreuses années. De gràce, professeurs de yoga, soyez sérieux et évitez de jouer prématurément aux apprentis sorciers.

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ExerciceNo I Respiration complète en position assise S'asseoir sur le sol les jambes repliees en tailleur (l'une repliee devant le corps, l'autre repliee devant la pre mière). Mettre les mains en appui sur le sol, de dtaque coté du bassin (ou l'extrémité des doigts si les bras sont courts). Expirer en accentuant la rentrée du ventre sur la fin de l'expiration. Maintenir le ventre rentré et, en poussant sur les mains, les épaules restant abaissées,inspirer pour dresserle buste. Le bassin s'est mis ainsi en bonne position pour que le dos soit vertical.

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Expirer ensuite en fléchissantle buste en avant, le dos plat, fermant progressivementl'angle que fait le buste avec les cuisses, tout en décrivant un demi-cerde avec les bras qui se déplacent de chaque côté du corps. Le buste est indiné au maximum et les bras se croisent devant le corps, les mains sur le sol. Têrminer le diaphragme bien remontÇ en laissant tomber la tête naturelle ment. Ainsi s'est effectué une expiration complète dans l'ordre: haute, moyenne,basse. Puis, en tirant la tête dans le prolongement du co{ps, vers l'avant et vers le haut, arnorcer un mouvement des bras qui, d'avant en arrière, vont décrire un demi-cercle de chaque côté du corps, les mains au sol. Celles-ci aboutissent en arrière des fesses,les doigts dirigés vers le colps. Pendant tout ce temps, inspirer en redressant le buste, en conservant le dos plat . Sur la fin de l'inspiration, plier légà rement les coudes pour accentuer l'ouverture de la cage thoracique dans sa partie haute et lever le menton en laissant la tête s'incliner avec le buste vers l'arrière. Ainsi s'est effectué une inspiration complète dans l'ordre: basse,moyenne,haute. Lensemble du mouvement entraîne une respiration complète utilisant les trois niveaux respiratoires.

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Quelle que soit la dominante respiratoire du pratiquant selon sa constitutiory la respiration complète résultant de gestesexécutés avec souplesse et harmonie ne peut qu'être bénéfique. Le présent exerciceassouplit et tonifie les épauleset le bassin, ainsi que la colonne vertébrale dans sa totalité. tr assouplit également la cage thoracique et la développe dans tous les sens. Il présente cependant un inconvénient pour les pratiquants qui ont des problèmes avec les articulations des genoux. Utiliser au besoin des coussinssous ceux-ci. La respiration complète en position debout, jambes tendues, tonifie au contraire ces genoux. Elle s'adresse cependant davantage à des pratiquants plus expérimentés qui sont bien recentrés dans le ventre.

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Exercice No 9 Le grand geste: respiration complète en position debout; Prendre la position debout, les jambes très écartfus. Expirer en portant les bras croisésdevant le buste,laissant le menton tomber vers la poitrine. Le ventre se rentre et le diaphragme remonte; l'expiration est profonde. Resterun temps en vide de souffle. Puis, décroiserles bras et les tendre de chaque côté de la tête en inspirant et en levant le menton. En suspensionde souffle, étirer tout le corps, les pieds restant en contact avec le sol, y compris les talons. Erpirer ensuite en fléchissant le buste au niveau du bassin (charnière lombo-sacréeet axe coxo-fémoral),le dos plat et en poussant les fessesvers l'arrière pour ménager les lombes.

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Les bras sont croisés dès le départ à la hauteur des poignets . Ils se croisent de plus en plus au fur et à mesure de l'indinaison du buste pour terminer, croisés au maximurn, chaque main sur la cheville opposée. Laisser tomber la tête naturellement, en décontractant le cou. Iæ ventre est rentr4 le diaphragme remonté au maximum et l'expiration est complète. Utiliser le temps de vide de souffle pour décontracter la partie supérieure du corys tout en maintenant les jambes tendues. Inspirer ensuite en redressant le buste, tirant la tête dans le prolongement du dos vers l'avant et vers le haut, tandis que les mains frôlent les jambesen remontant à l'extérieur de chacune d'elle jusqu'à la ceinture: main gauche sur jambe droite et main droite sur la gauche. Arrivés à la ceinture, les bras qui étaient croisés devant le ventre se décroisent pour ensuite se recroiser en arrière, en mettant au mieux la main gauctre sur la fesse droite et la main droite sur la fessegauche (pour les longilignes). Ainsi exécuté, ce geste développe la respiration costaleinférieure. Continuer à inspirer en levant le menton, tout en étirant le cou pour accentuer la respiration haute. Ici se termine le temps d'inspiration complète. Il est suivi d'un temps de suspension de souffle durant lequel les bras croisésdans le dos se décroisent et se tendent de chaque côté de la tête, prêts à recommencer le mouvement, en fléchissant le buste sur expiration. Ce "grand geste" bien exécuté est une merveille. Il étire la colonne vertébrale et soulage les disques vertê braux. Il développe la cage thoracique dans tous les sens, améliorant la capacité respiratoire. De ce fait, quels que soient la morphologie et le tempérament du pratiquant, il tend à harmoniser les trois niveaux respiratoires sansbrutaliser le système nerveux sympathique. Les circulations nerveuse, sanguine, énergétique sont améliorées, et le corps s'en trouve globalement tonifié.

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Ce grand geste fait partie des exercicesde base que nous conseillons. Pratiqué quotidiennement, en veillant à la qualité de l'exécution, il transforme plus sûrement le pratiquant que de multiples exercices exécutés de façon quelconque. Il faut aussi être pénéEé du principe que toute assimilation demande la repétition. Mais que la répétition ne doit pas être machinale. II faut réaliser un lâcher-prise de plus en plus profond, parallèlement à une vigilance qui devient de plus en plus grande. Il est important pour cela de bannir tout volontarisme, en faisant dominer la sensation sur le vouloir intempestif. Il faut s'admethe avec sa morphologie, sa constitution et sespossibilités du moment. C'est du bon sens. C'est ainsi que, suivant Ia morphologie et la souplesse de la coloirne vertébrale, l'écart entre les jambes pouna varier. On pourra aussi, suivant le cas, plier les genoux et mettre les mains sur les drevilles ou même sur les mollets. Il s'en suivra évidemment une respiration plus ou moins complète. Mais la pratique persévéranteaméliorera la souplesse de la colonne vertébrale, l'élongation des muscles postérieurs des jambes, ainsi que le bassin et les épaules. Quant à Ia respiration, les débutants doivent tenir compte de leurs possibilités du moment. Suivant qu'ils ont le souffle court ou long, le mouvement sera exécuté rapidement ou lentement. Comme tout pratiquant doit trouver sa posture assisedans le confort, il doit réaliser ce grand geste dans l'aisance pour pouvoir obtenir une circulation fluide du sang et de l'énergie. Son grand geste se modifie ra au fur et à mesure de son entraînement. Toutefois un grand nombre de débutants expirent insuffisamment. Ils ont pris l'habitude de vouloir emplir à fond leurs poumons, coûte que coûte. Ainsi dans cet exercice, après une trop longue inspiration ils se sentent mal à l'aise. La suspension du souffle qui suit devient une compression de ce souffle. Cela peut provoquer des vertiges; Cest sans gravité bien que désagréable.

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Il est facile d'y remédier: iI suffit de compter mentalerrent 5 temps pour l' expiration ,2pow le vide de souffle, 3 pour l'inspiration et 2 pour la suspension du souffle. Iæ mouvement d'inspiration s'exécutera ainsi plus rapide ment que celui d'expiration. Le rythme respiratoire conseillé est donc 5.2.3.2.,si l'on commencele mouvement par une expiration. Si l'on prend comme base d'exécution la seconde,il est déconseillé de prendre un métronome pour plus de rigueur. Uélève qui a un souffle cou-rt comptera mentale ment ces temps rapidernent, et celui qui a un souffle long plus lentement; tous deux respectant une expiration plus longue que l'inspiration.

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ELEMENTS CONSTITUANT LA CONSCIENCE. Après avoir, dans l'exerciceNo I défini succinctement la conscience,revenons maintenant sur les éléments qui la constituent. Il s'agit ici, bien entendu, de notre consciencepsydrologique. C'est une faculté psychique qui, cependant, dans notre pratique, va nous permettre de saisir presque concrè tement le déplacement de notre pensée.

La pensée dans sa fomre Il nous faut cependant préciser que cette pensée est nommée "pensée dans sa forme" ou "pensée âkâshique". Pour la définif, il nous faut revenir à la conception des yogîs qui, dans leur métaphysique, considèrent que l'incréé (le non-manifesté) est constitué d'une seule matière nommée en sanscrit "âkâsha". Dans cet élément primordial est, en puissance,"ptàna",lequel est compose de deux élê ments + et - (positif et négatifl conune dans une pile étectrique.

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Lorsque intervient l'Amour (à llimage d'un catalyseur), se produit une différence de potentiel entre ces deux éléments,laquelle déclencheun mouvement qui engendre la manifestation. C'est ce que ces yogîs nomment Svara, le Grand Souffle. Dans ce monde dans lequel nous vivons, tout est donc composé d'âkâsha, matière primordiale. Mais à la différence de f incréé où prâna n'est qu'en puissance, dans ce monde du créé, prâna vibre à des taux de fréquence plus ou moins élevés.Cela explique l'infinie diversité de ce qui entre dans ce monde manifestÇ dans tous les règnes: minê ral, végétal, animal et humain. Or nos sens humains sont très limités. La science moderne, avec des instruments sophistiqués nous fait découwir que ce que nous jugeons matière inerte est, en réalité, constituée de particules qui tourbillonnent à des vitesses diverses dans ce qu'on appelle du vide lequel n'est pas le néant. Il nous faut admettre humblement, qu'avec nos sens ordinaires, nous ne sourmes pas plus en mesure de percevoir l'infiniment petit que llinfiniment grand.

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Exercice No 10 Nanti de ces quelques éléments qu'on juge générale ment simplistes en souriant, prendre une posture assise confortable, en maintenant le dos droit. Abaisser les paupières pour ne pas être distrait par l'ambiance extérieure et ainsi s'intérioriser plus facilement. En fixant l'attention dans la tête, dans le cerveau, on se situe dans le plan subtil du mental, dans l'esprit. C'est de là qu'émane la consciencepsychologique. Celle-ci est composéede la penséedans sa forme et de sens subtils. Les sens subtils Ces derniers, nommés "indriyas" en sanscrit,peuvent être considérésconune l'affinement et le prolongement de nos sensordinaires. Ils se développent par la pratique. Nos sensordinaires sont limités à notre corps physique, corune notre système nerveux dont ils font partie. Mais les sens subtils ne sont pas limités à ce corps dense.Ils vont au-delà du concret. Doù leur importance, car Cest par eux que nous pouvons pénétrer dans l'abstrait. Le point source Maintenir une partie de l'attention sur ce qui, intê rieurement, constitue le volume du crâne, en arrière du front. Nous allons pouvoir sensibiliser un point que nous appellerons "point source". C'est de lui, en effet, que jaillit toute pensée comme l'eau d'une source. Cette dénomination date de 7970,lors d'un cours où je transmettais, à trois de mes élèves avancés,cet enseignement reçu de Lucien Fener qui m'avait fait le merveilleux cadeau, dans les années50, de me situer à ce cente. Nous le situerons plus précisément en nous concentrant sur le centre du front. Puis, partant de ce centre,nous aidant de respirations successives,nous déplacerons la

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pensée sur une droite horizontale, perpendiculaire au front. Après un court parcours, en direction de la nuque, se manifestera une sensation à l'aplomb de la fontanelle, située un peu en avant du sommet du crâne. Du centre de la fontanelle, faire descendreune verticale fictive, pelpendiculaire au crâne. Elle rencontrera la droite précédente.A leur intersection se situe le point source, centre de l'esprit dans le plan de conscience du corps du mental (manomaya- kosha en sanscrit). Cette imagerie peut paraître farfelue. |e vous conseille d'en faire l'essai,sincèrement,de 'Jouer le jeu". Vous setez très vite étonné des résultats. Vous aurez mis en place, dans le plan subtil du mental, une partie des éléments qui le constituent. Visualiser sur le "frontal" un cerde de la grandeur d'une pièce de monnaie d'un franc. Nous délimitons ainsi, dans le volume de notre tête, mais aussi dans le plan subtil du mental, une portion de cette matière primordiale, de cet âkâsha.Ce volume a présentementla forme d'un cône dont le sommet est le point sourceet la basele cerde sur le frontal. Ainsi, ce sont nos senssubtils qui déterminent la surface latérale de ce cône, délimitant cette portion de matière primordiale: la penséedans sa forme.

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Tel le faisceau d'un phare pivotant dans l'espace, dans toutes les directions, ce cône pourra être dirigé consciemment, et au-delà même de notre corps de chair. La conscience,coûune nous l'entendons dans la pratique du yoga de l'énergie, émane de l'esprit dont le centre est situé au point source. Elle comprend, avec ces deux éléments un troisième élément actif qui intervient pour déplacer ce faisceau de la conscience:c'est la volonté. Cette imagerie mentale nous fait comprendre la puissance de cette pensée âkâshique lorsqu'elle est chargée plus ou moins d'énergie. C'est elle en effet qui véhicule cette énergig ce prâna: "où la penséeva, l'énergie va". On s'explique aussi les effets si différents de cette pensée, suivant sa concentration, plus ou moins poussée. C'est pourquoi, dans la pratique du yoga de l'énergie, I'entraînement pour améliorer la concentration consiste à travailler dans un premier temps sur ces trois éléments séparément: penséedans sa forme, senssubtils et modulation de Ia volonté. Dans un second temps le travail se fait consciemment,simultanément avec les trois. Nous aurons l'occasion, tout au long de cet ouwage, justifier de cette longue digression. I-a concentration a en effet un rôle très important dans la respiration. Nous verrons son importance grandir progressivement en allant de la respiration animale ou spontanée à la respiration rythmée, à la respiration prânique puis au prânâyâma. Elle atteindra une importance considérable dans les prânâyâmas colorés et pour la prise d'énergie aux sourcesdifférenciéeslunaire et solaire. Elle sera utilisee au maximum dans le prânâyâma psychique, lorsque prâna vibrant à un taux de fréquence très élevé est transporté par la pensée, uniquement par déplacement de la conscience.Les poumons interviennent alors au minimum dans cette respiration spê cifique, et pour la penséequi en est devenue l'élérnent primordial la concentration atteint son maximum.

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OBLIGATIoN D,UN ENTRAÎNENTSNTPRoGREssIF Il est important que le lecteur différmcie ce qu,il va pouvoir faire, dès maintenant, pour mieux respirer qu,il ne le fait généralement,de ce qu'il fera aprèsêtre entré àans la voie du yoga pour se transformer profondément, en particulier grâce à la discipline de son souffle. Il est sagede concevoir un entraînement progressif et de ne jamais vouloir brûler les étapes.Il faut toujours avoir à l'esprit l'importance du corps de chair; l,équilibre de son squelette, l'entretien de sa souplesse,et particulièrement celle de la cage thoracique. D'où la nécessitéd'exécuter des mouvements et des postures comme il est fait courarunent dans la pratique du yoga. On comprend aussi l'importance, dans ce premier temps, de la relation geste-respiration. Les débutants doivent, avant tout, assouplir et développer leur cage thoracique dans toutes les directions. A ce stade primaire tout rythme est déconseillé.Ça respire, et le pratiquant doit être attentif uniquement à l,exécution du geste précis et à la respiration qui en résulte automatiquement. Mon expérienceà ce propos m'a montré qu,il est prê férable de commencer par la position couchéesur le dos. Exécuter des mouvements avec les bras, décrivant un demi-cercleau sol de chaquecôtédu bustejusqu,au-dessus de la tête ou, par devant le corps à la verticale, les doigts croisés,pour atteindre le sol au-delàde la tête. Un travail en position assiseet, enfin, dans la position debout est envisageableensuite pour les élèves plus expê rimentés, ayant acquis un certain contrôle de leur corps et de leur souffle, et ayant tonifié leur musculature. De nombreux exercices sont décrits, à ce propos, dans: "Un cheminpour l'ùe nouaelle" (EditonsCariscript.Paris.1992.)

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Ainsi on développe la poitrine dans tous les sens, on assouplit le diaphragme, donnant à la cage thoracique son maximum d'amplitude pour améliorer la capacité respiratoire et obtenir plus de puissance respiratoire. Le nombre de nos contemporains débutant dans la pratique du yoga et ayant un impératif besoin que le professeur tienne compte pour eux de cette préparation initiale est très important. Il serait bon que tous les enseignants de cette discipline en comprennent l'importance. N'est-ce pas un des moyens les plus sûrs pour remédier au stress, cette maladie moderne si répandue? Que d'employés sédentaires, toute la journée assis derrière leur bureau, se contentent d'une faible respiration sous-claviculaire! Iæur diaphragme est pour ainsi dire bloqué. Ils souffrent de constipation et ont mal au dos à longueur d'année. Qu'ils apprennent à mieux utiliser leur cage thoracique, et dans les trois mois leur vie sera complètement transformée. Dans le yoga de l'énergie,la sériedes 18 mouvements préliminaires est à ce propos un remède mirade. Les trois premiers, constituant une "phrase" à exécuter chaque jour, donnent à eux seuls des résultats remarquables. Ces trois mouvements sont décrits dans l'ouvrage précité. I-iensemblede la série est édité dans: "Un art de oiure" (EditionsLe Courrierdu Liare.Paris.2èedition1992) Enfin viennent de paraître des explications complê mentaires fort utiles sur ces mouvements dans: "Læ 1.8mouaements préliminaires:DanseCosmique" (EditionsCariscript.Paris.1.993.) Ce n'est qu'après ce travail de rééducation et de r#quilibrage respiratoire, indispensable pour la majorité des occidentaux, que l'on potura envisager s.rns aucun

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d"ngend'utiliser, dânsl'esp,ritdu ysga,trnetransûorrration profonde de Iête global, la respirationétant l'un des pdncipaux moyensde ætte transbrmation.

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PUISSANCE ET QUALITE Il nous faut, dès maintenant, différencier cesdeux élê ments qui vont s'associerdans la respiration, potrr pouvoir les travailler d'abord séparément, puis simultanément. C'est la technique déjà employée pour développer les sens subtils afin d'améliorer la concentration. La puissance va se développer par des exercices dynamiques comme les gestesen particulier. C'est ce qui vient d'être décrit pour assouplir et amplifier la capacitéde la cage thoracique. La qualité se travaillera plus généralement en position statique pendant les postures tenues un certain temps. On fera intervenir prâna et ses trois modalités d'expression, les trois gunas (tamas, radjas, saffva). Nous reviendrons ultérieurement sur ceséléments. La puissance sera surtout développée en pratiquant diverses manières physiques de respirer, tandis que la qualité dépendra d'un art de respirer dans lequel la pensée sera l'élément prédominant. En réalité tout cela n'est pas aussi nettement tranché. Rien nlest absolu et tout est relatif; Cest bien connu. Par exemple, dans les mouvements préliminaires du yoga de l'énergie qui sont dynamiques, puissance et qualité seront intimement liées quand, au plus haut degré de réalisation le pratiquant exécutera cette "Danse Cosmiqud'. Il aura auparavzrnttravaillé séparémentpuissanceet qualité, pour ensuite les utiliser simultanément. Il est important, à mon avis, de tenir compte de cette différenciation pour ne pas minimiser l'élément puissance. C'est une erreur qu'on ne commet pas dans le yoga de l'énergie, grâce à la série des mouvements préliminaires. C'est l'inverse dans certains cours de yoga dans lesquelson privilégie le travail en postures statiques pour obtenir prê maturément des étatsde méditation.

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Exercice No 11 Le mouvement du regard intérieur, S'étendre à plat dos sur le sol dans la position de détente. Desserrer les mâchoires et détendre le visage. Laisser les paupières se fermer le plus naturellement possible. 9entraîner à lever et à abaisserle regard sans diriger volontairement les globes oculaires. Ceux-ci, organes de la vue, font partie du corps dense ou corps physique dénommé aussi corps de drair. Le regard émane de ces globes oculaires. C'est la manière de diriger les yeux vers un objet afin de le voir. Mais c'est aussi l'expression des yeux de celui qui regarde. Nous dirons que les yeux sont physiques et que le regard est subtil. Le regard est constamment en action, lorsque nous sommes les yeux ouverts, pour percevoir des objets concrets. Les paupières abaissées,le regard intérieur que nous allons utiliser sera pour percevoir en nous de façon plus subtile. Il faut pour cela s'entraùrer à ne pas penser aux "yeux de chair". La consciencedoit se porter exclusivement sur le plan subtil du regard. Ce mouvement du regard intérieur se déplaçant vers le haut et vers le bas, va faciliter le déplacement de la conscienceet, en nous distançant du corps dense,nous faire découvrir progressivement les parties plus subtiles qui entrent dans la composition de notre être (les koshas en sanscrit). S"entraîner à coordonner ce mouvement du regard intérieur avec le déplacement de la conscience,conduisant celle-ci du sommet de la tête au bas de la colonne vertébrale. Ajouter ensuite la respiration en prenant conscience que ça inspire en levant le regard et que ça expire en l'abaissant.

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La synchronisation de ces trois éléments fait de cet exercice un merveilleux instrument qui agit sur tous les plans de conscience.

Exercice12 Maintenir la consciencedans le ventre: provoque une respiration basse S'asseoirsur le sol les jambes croiséesdevant soi ou sur une chaiseles jambes à l'équerre. Abaisser le regard intérieur dans le ventre accompagné de la conscience,et les y maintenir. Rester détendu, et assisteralors à la respiration qui se fait de façon naturelle. Celle'ci est abdominale et diaphragmatique.

Exercice13 Maintenir la consciencedans la tête: prcvoque une respiration haute, sous-claviculaire C'est le même exercice que le précédent, en mainte nant le regard intérieur et la conscience simultanément cette fois-ci dans la tête. Il semble alors que les pounons se situent dans cette partie haute du corps.

Exercice14 Maintenir la consciencedans la poitrine: provoque une respiration moyenne De même, le maintien simultané de la conscienceet du regard intérieur dans le centre de la poitrine provoque une respiration moyenne costale.Si la concentration se fait

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au centre, dans le volume de la cagethoracique,la respiration se fera par expansion de la cage thoracique, dans tous les sens.

Exercice15 Le déplacement de la conscience,simultanément avec le mouvement du regard intérieur, de bas en haut et vice versa,provoque une respiration complète qui utilise les trois étagesrespiratoires Cet entraînement peut sefaire aussibien dans la position couchée sur le dos, à la condition de rester constamment vigilant. Il va permettre d'améliorer rapidement le souffle en allongeant les deux temps d'inspir et d'expir. Allonger progressivement les temps d'inspiration et d'expiration Il suffit pour cela de ralentir progressivementle mouvement du regard intérieur ainsi que le déplacement de la conscience. Cela doit se réaliser sans aucun vouloir excessif,sans volontarisme. Cela doit s'améliorer sans entraîner la moindre crispation, et dans l'aisance parfaite. La première méthode, physique, qui utilise la relation entre les gesteset la respiration et cette seconde méthode, psychique, !1ui utilise le déplacementde la conscience,doivent se compléter et être utilisées à bon escient, suivant le niveau des élèveset au moment opportun.

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Exercice 16 Allonger les temps d'apnée Le débutant en yoga a appris, dès les premières leçons, à suspendre un court instant son souffle après le temps d'inspiration et de même après celui d'expiration. C'est la pratique de la respiration yoguique en quatre temps. C'est la première façon de ralentir le souffle pour respirer ainsi plus lentement. Lorsque cette façon de pratiquer lui est devenue familière, la synchronisation du mouvement du regard inté rieur conjugué avec le déplacement de la conscienceva lui permettre d'allonger, non seulement les deux temps d'inspir et d'expir, mais aussi les deux temps d'apnée. S'entraîner à maintenir le regard levé et la conscience vers le haut pour apprécier la facilité avec laquelle on peut suspendre le souffle et ainsi allonger l'apnée inspiratoire. Faire de même en maintenant le regard et la conscienceen bas, après le temps d'expir, pour allonger l'apnée expiratoire.

Exercice17 Contrôle du souffle C'est ainsi que ce merveilleux mouvement du regard intérieur synchronisé avecle déplacementde la conscience, pratiqué assidtment dans un état de détente profonde, va permettre à l'adepte de contrôler son souffle en respirant Ientement, longuement, doucement, avec un minimum d'effort. C'est la condition nécessaireet indispensable pour que la respiratiory élément transformateur agissant sur tous les plans de conscience,ne devienne pas un élément

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perturbateur agissant négativement sur le cæur, les poumons, et les systèmesnerveux. C'est une obligation avant d'aborder des rythmes respiratoires et surtout la pratique du prânâyâma.

Exercice 18 Définition de l'ambiance vibratoire Qui ne s'est amus4 étant gamin, à jeter une pierre dans une mare? C'est tellement drôle de voir se former et se propager dans l'eau des cerclesconcentriquesautour du point de chute de la pierre! Le contact de cette pierre sur l'eau a fait vibrer cette dernière, dédenchant une ambiance spécifique. Celle-ci est tributaire du volume et du poids de la pierre, de la distanceentre le lanceur et la mare, ainsi que de la force avec laquelle elle a été lancée.De même que les conditions atmosphériques, suivant que le vent souffle de face ou de dos, peuvent freiner ou accélérerl'objet lancé, d'autant plus que celui-ci est léger; guère évidemment pour la pierre dans l'exemple précédent. Uensemble de ces cercles concentriques, c'est I'ambiance vibratoire créée par cet impact de la pierre au contact de l'eau. Le point d'impact est le principe de l'ambiance. C'est le "bindu", terme sanscrit employé en yoga. LJne autre pierre, lancée dans la m;ue, créera une autre ambiance différente de la première. Autour de nous, et en nous, tout vibre car tout est composé d'une matière primordiale; Cest "âkâsha" en sanscrit. Ainsi l'air que nous respirons vibre différemment suivant notre façon de respirer.Si nous respirons fortement ou doucement cet air vibrera de façon plus ou moins forte ou plus ou moins subtile. Si nous prenons conscience de prâna, nous pourrons le faire vibrer à des taux de fréquence différents allant du moins élevé, dans la respiration forte

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pour agir sur le corps dense,jusqu'aux plus élevés agissant alors sur les corps subtils, comme dans les états de mffitation. Doù ces multiples manières de respirer qui forment un véritable art de la respiration. Chacune de ces respirations dédendre une ambiance spécifique qui va se traduire par une modification de l'ambiance frontale. Dans le yoga de l'énergie on compare celle ci au tableau de bord de l'automobile. Uambiance finntale, co[une son nom I'indique, se situe au niveau du front, au-dessusdes sourcils, mais sans se limiter cependant au front physique, puisque Cest une ambiance vibratoire qui s'épanouit dans le subtil. D'où l'importance qu'il faut attadrer au développe. ment des sens subtils pour pouvoir progressivement diffê rencier ces ambiances vibratoires, si l'on veut atteindre effectivement ces plans de conscience profonds dans un réel vécu, au-delà d'une seule compréhension intellecttrelle.

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LES DEI.IX ETATS DE RECEPTIVITE ET D'EMISSION 9asseoir dans une position confortable, soit sur le sol jambes croisées,soit sur une ctraise,pieds au sol et jambes en équerre. Chercher à réaliser l'aplomb dans la posture pour minimiser Ie corps et se situer en prédominance sur le psychique. Desserrer les mâchoires et décrisper le visage. Enfin se situer au point source, défini précédemment, au centre de I'esprit. Diriger l'attention sur l'ambiance frontale et l'y maintenir en decrispant à l'intérieur du crâne. C'est ce qu'il est convenu d'appeler "se détendre sur l'ambiance frontale". Il est très important de prendre conscienced'être le spectateur, situé au point source. Il y deux possibilités " pour ce spectateur: L - soit prendre consciencede sa liaison avec l'ambiance frontale dans le sens "spectade - spectateur". Dans ce cas il est en état de réceptivité. tr reçoit, par l'intermédiaire de ses sens, les informations venant de l'ambiance frontale. En d'autres termes il "apprécie" cette ambiance de façon sensorielle, sans raisonner, sans porter de jugement. Son mental analytique et bavard se tait. Par contre I'observateur est dans un état de réceptivité qui fait que cessensationss'enregistrentdans sa mémoire d'autant plus s'il est attenti| sans efforts crispants. C'est cela aussi l'objectivité, qualité si importante et si rare. 2 - soit prendre consciencede sa liaison avec l'ambiance frontale dans le sens "spectateur - spectacle". Dans ce casil est émetteur.Il agit et avec d'autant plus puissance de que sa penséeest concentree.Mais alors il est évident qu'il ne peut recevoir ! Que de fois ai-je pu constater, chez des pratiquants intentonnés, bien l'impossibilité dans laquelle ils étaient de percevoir cette ambiance parce qu'ils "voulaienf' coûte que coûte voir et sentir, se mettant inconsciemment dans un état d'émission et non de perception.

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fai moi-même commis cette erreur, incrcnsciemment pendant des années,jusqu'au jour où, en enseignant, mon attention s'est portée sur ce problème et que fai découvert la solution si simple et tellement évidente. Depuis, mes élèves réalisent rapidement ce que j'ai obtenu moi-même après des années d'efforts inopportuns.

Exercice 19 Différencier les ambiances résultant des trois niveaux respiratoires Dans la même position. Après avoir réalisé l'aplomb du corps et le calme du mental, pratiquer quelques mouvements du regard intérieur synchronisésavec le déplace ment de la conscienceet la respiration. 1 - Terminer sur une expiration le regard abaissé, et maintenir la conscience dans le ventre en continuant à assisterà la respiration animale qui se fait alors abdominale et diaphragmatique. Restervigilant pour être conscientde cetterespiration qui se fait, en dehors de la volonté du pratiquant, dans cette partie bassedu tronc. Cette respiration agit, dans le corps de l'énergie, sur des chakras dans lesquels s'accumule une énergie vitale particulièrement dense, intéressant de ce fait le corps dense. Il en résulte une ambiancephysique, sexuelleet matê rielle. Vous situant consciemment au point source, il s'agit de vous relier mentalement à cette ambiance et, dans un état de réceptivité, de percevoir cette ambiance vibratoire dans sa puissanceet sesqualités. Il est très important de trouver dans cette région le centre de gravité du corps que les japonais appellent le hara. Pratiquement, se situer fermement dans ce centre

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donne une stabilité extraordinaire et on y puise une très grande puissancevitale. Dans toutes ces perceptions, il n'y a pas à ctrerdrer à comprendre ni à raisonner, car Cest waiment en dehors du mental analytique. C'est uniquement sur le plan vibratoire que, grâce à vos senssubtils, la liaison étant assuréedans le sens spectacle-spectateur, l'ambiance vibratoire du moment présent va s'imprégner dans votre mémoire, comme le sujet photographié impressionne le film. Ce n'est pas facile, mais Cest indispensable si vous voulez pénétrer dans les plans de consciencesubtils et profonds de votrc être. Pour que votre expérience aille au-delà d'un acquis intellectuel, pour qu'elle soit une véritable réalisation dans un vécu vibratoire, lequel est seul susceptible de vous transformer profondément, il faut développer votre attention, améliorer votre concentration et affiner vos sens,tout en les développant pour qu'ils ne soient pas limités à votre co{ps dense. Observez, à ce propos, la sensibilité extraordinaire des animaux qui nous entourent tels les dtats, les ctriens, les chauves-souris, Ies oiseaux migrateurs etc. Et parmi nous n'y a-t-il pas des humains qui perçoivent, eux aussi, au-delà du concret auquel est limité la majorité des individus ? 2 - Reprendre Ie mouvement du regard intérieur synchronisé avec le déplacement de la conscienceet la respiration. Constater que Ia respiration se fait tout naturellement sur les trois niveaux respiratoires.C'est la respiration complète. Sur l'expiration arrêter Ia conscienceet le regard intê rieur dans le centre du thorax. Iæs y maintenir en restant conscient de la respiration qui s'y installe. Celleci est une respiration dite moyenne ou costale. Cette région est le centrede l'être humain, dans toutes les traditions. C'est le lotus d'or et aussi l'axe immobile autour duquel tourne la roue aux symboles multiples.

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Sur le corps de l'énergie,la respiration costaleagit sur le chakra cardiaque,lequel est bien au centre des sept principaux chakras: trois au-dessusde lui et trois endessous. Lambiance provoquée par cette respiration moyenne est très spécifique. Elle est émotive et facilite les états prê extatiques et extatiques. D'où I'intérêt de pouvoir l'apprê cier et la contrôler en restant vigilant et objectif. Que de fois ai-je pu constater, chez des pratiquants hypersensibles, la tendance à se laisser glisser dans des états agréables plus ou moins extatiques et se croyant en état de méditation ! C'est un piège à éviter. C'est pourquoi je préconise un ordre précis pour, en occident, faire travailler le débutant en yoga: a - Respiration basse,pour le ramener dans son centre de gravité et qu'il retrouve une respiration assouplissant son diaphragme. b - Respiration haute pour qu'il prenne conscience, dans sa tête, du centre de commande. c - Respiration moyenne, en dernier,lorsqu'il a acquis un certain contrôle de son corps, de son souffle et de ses pensées. Entretemps il a pratiqué les mouvements préliminaires qui l'ont fait respirer de façon complète, pour harmoniser ces trois niveaux respiratohes en fonction de sa morphologie et de son tempérament. 3 - Après quelques respirations complètes pratiquées avec le mouvement du regard intérieur et le déplacement de la conscience,terminer sur une inspiration en mainte nant le regard intérieur et la consciencelevés. La respiration va se stabiliser en haut. C'est une respiration sous-claviculaire, donnant l'impression que les poumons ne sont plus dans la poitrine mais dans la tête. Le chakra sahasrâra,situé sur la fontanelle au sommet de la tête, est très sensible. C'est la porte d'entrée de l'énergie primordiale venant de la source cosmique située au-dessus de nous, sur l'infini.

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Le cerveau est irrigué en priorité en sang et en énergie et tout ce qui est en-dessousdans le corps est minimisé. Uambiance est psychique. Lientraînement consiste ensuite à différencier cestrois ambiances, sans raisonner, uniquement par réceptivité' Puis de plus en plus rapidement, en flash, sur chacune d'elles. Puis, en restant sur lambiance, situé au point source, dans un état de passivité réceptive,laisser enregistrer dans sa mémoire la puissance et les qualités de l'ambiance observée. Avec la pratique persévéranteon obtiendra, au stunmum, l'identilication avec l'ambiance, lorsque l'observé et l,observateur ne font plus qu'un. AlorS le subconscientsera impressionnéde façon indélébile! C'est exactement de la même façon que notre petite conscience individuelle peut s'identifier à la conscience cosmique ! Ce sont ici les premiers pas. Entraînez-vous et soyez surtout persévérant' Bonne route.

Exercice20 Définition de l'énergie. Respiration prânique N'est-ce Pas une Sageure que de vouloir définir l'énergie ? De même Pour l'électricité qui est une forme d'énergie. Pôur cette dernière, certeson sait comment la produire entre deux pôles, I'un négatif et l'autre positif. Quant à la définir, c'est une autre histoire. Cependant, pour en prendre conscienceit suffit de mettre un doigt dans une prise électrique et l'on a la certitude de son existenceII en est de même Pour prâna. C'est l'énergie vitale qui nous traverse et qui fait fonctionner notre merveilleuse

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machine humaine. Que de mots, que de phrases, pour essayer sa.nsgrand succèsde la définir. N'est-il pas plw simple de la sentir en en prenant consciencelorsqu,on respire? Dans votre positon assisehabituelle, après avoir obte nu l'aplomb du corps et le calme du mental, porter l,attention sur les narines et prendre conscience de l'air qui pénètre et qui sort alternativement. Maintenir ainsi l'attention jusqu'à ce que, en oubliant le corps, cette concentration sur les narines se fasseavec un minimum d'effort pour disposer d'un maximrun d,attention afin d'apprécier les sensationsactuellesau niveau des narines. Mobiliser le sens de l'odorat, comme on le fait couramment pour apprécier, par exemple, le parfum d,une rose en humant. Mobiliser également le sens du tact pour déceler dans l'air inspiré une certaine densité qui est un élément caractérisantprâna. C'est de cette façon qu'on prend conscienceque, dans l'air que nous respirons il y a non seulement de l,oxygène, indispensable à la vie pour brtler chimiquement les déchets,mais de l'énergie qui fait vibrer la matière primordiale dont on est constitué et qui est la vie même. Il faut répéter l'exercice pour développer nos sens subtils, seuls susceptiblesde nous faire prendre conscience de prâna. Il n'y a rien à comprendre. Mais simplement exê cuter et apprécier immédiatement le résultat. Car l,am!,iance changerapidement, devenant ptus puissante et quatifiee différemment suivant les modalités d,expression de l'énergie utilisée,les trois gunas dont nous reparlerons. On comprend maintenant l'importance du développement des senssubtils, les indriyas en sanscrit,et la nécessité d'apprécier les ambiances. Il faut s'entraîner à sentir la différence, en revenant à une respiration normale, comme au début de l,exercice, cest-à-dire sans mobiliser consciemment les sens subtils,

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puis en les mobilisant à nouveau. A chaque drangement de respiration, on apprécie la différence d'ambiance. C'est toujours situé au point source, dans un état de réceptivité. Il a rien à comprendre. Seule la pratiqque répétée de ^'y l'exercice amène, tôt ou tard, à constater une différence puis à apprécier, avec de plus en plus de précisiory chaque ambiance successive. Lorsqu'on aura acquis la certitude de sentir prâna en respirant par les deux narines et qu'on appréciera nette ment la différence entre la respiration normale et la respiration pranique, on bouchera une narine pour respirer de façon pranique uniquement par I'autre pendant quelques minutes. On appréciera l'ambiance résultante, et on sera étonné de sa qualification. On reprendra immédiatement le même exercice,mais en bouchant l'autre narine. On pourra alors juger de l'extraordinaire différence d'ambiance résultante, suivant que l'on respire par la narine droite ou par la narine gauche. C'est la meilleure démonstration pratique que l'on puisse avoir de l'existence des différentes modalités d'expression de l'énergie. On s'entraînera ensuite à respirer lentement de façon alternée, puis de plus en plus rapidement, appréciant de plus en plus facilement la différence.

Exercice21 Les Eois gunas. La respiration polarisée alternée Nous possédons deux lobes du cerveau. Iæ gauche commande au côté droit du corps et il est analytique et réaliste. [e droit commande au côté gauche du corps et il est synthétique et intuitif. Nous avons deux yeux et Cest grâce à leur convergence que nous réalisons le relief des objets que nous voyons. Nous avons deux bras etc. Nous avons

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deux narines et par la gauctre nous respirons un prâna négatif, lunaire, dense, froid, qualifié dinertie tandis que par la droite nous respirons un prâna positif, solaire, Légeg chaud, sec et dynamisant. Lorsque nous respirons par les deux narines avec la même intensitÇ sans que l'une d'elles soit plus ou moins obstruée, un mélange de ces diverses qualités se réalise.Ainsi se trouvent définis les trois gunas. Toujours dans la même position assisede votre choix et après avoir obtenu l'assise correcteet le calme: Respirer de façon polarisee alternee, Cest placer en appui sur le front le médius et l'index de la main droite et, en posant légèrement le pouce de cette main sur la droite du nez, au niveau du cartilage osseux,inspirer par la narine gauche. Pendant le temps d'apnée inspiratoire, la main restant en position, le pouce se dégage du nez, tandis que l'annulaire se replie pour appuyer légèrement sur la gauche du nez, au niveau du cartilage et expirer par la narine droite. Après l'apnée expiratoire, inspirer par la narine droite. Intervertir la position des doigts en obstruant la narine droite et en libérant à nouveau la gauche,et expirer par la narine gauche. Le pratiquant gaucher,s'il le désire, pourra utiliser la main gauche au lieu de la droite, mais en commençant toujours à inspirer par la narine gauche. Tiès vite, dans le yoga de l'énergie,le pratiquant supprime l'emploi des doigts pour obstruer une narine. Il suffit de s'habituer à déplacer la pensee à gauche pour respirer sans difficulté par la narine gauche, sans faire intervenir la volontÇ et vice versa. C'est ainsi que les mouvemenb préliminaires s'exécutent, après quelque temps de pratique, en respiration polarisée alternee.A ce stade il y a, de ce fait, une purification des nâdîs principales qui a pour conséquenceune purification intégrale du corpJde l'ét er-

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gie. Rappelons ici que les nâdîs sont, dans le corps de l'énergie, des canaux dans lesquels circule prâna' Dans les aphorismes de Patanjali on trouve SectionI 34, commenté par Taimni (La sciencedu yoga) une importante explication à cç ProPos: " Si cescanattxne sontpastout à fait clnirset si lescourants deprânan'y circulentpasendoucettr,il en résultediaerses sortesde troublesneraeux.lls semanifætentprincipalernentpar

té et le mentalcalmeet sansagitation". C'est bien ce que j'ai pu constatersur moi-même, et chez de nombreux élèves,par la pratique quotidienne assidue de la série des dix-huit mouvements préliminaires.

ment purification intégrale du corps de l'énergie' Dans le même sûtra, Taimni Poursuit: "On ne dearait cependantpas considérerces exercices

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aiseà obtenir le contrôlecompletdescourantsde gâna dans Ie corps." Il est important de remarquer que Patanjali ne considère pas cesexercicespréliminaires pour la purification des nâdîs comme prânâyâma. Il définit prânâyâma dans tr-49 et selon cette définition, htmbala,la cessationde l'inspiration et de l'expiration, est une partie essentielle de prânâyâma. Je conclurai, mon expérience personnelle confirmant ce texte traditionnel, qu'une pratique telle que la série des dix-huit mouvements préliminaires du yoga de l'énergie va au-delà des respirations pratiquées couramment. Elle prépare le terrain chez le pratiquant occidental pour purifier ces canaux subtils qui constituent le corps de l'énergie. C'est une nécessitési l'on veut sans danger pratiquer le prânâyâma. fe transmets dans mes cours une autre image qui donne une idée claire de ce qui se passechez l'adepte occidental qui désire entrer dans la voie du yoga sanscette prê paration. Vous avez pu observer en étÇ dans la montagne, le torrent presque à sec avec un mince filet d'eau coulant au fond. Un orage éclate,et soudain l'eau déferle dans le lit du torrent dont le niveau monte rapidement, entraînant dans son courant tous les branchages et les détritus qui jonchaient, éparpillés,les bas-côtésprécédemment à sec. N'est-ce pas l'image dans le corps humain de ces artèreset de cesnâdîs impures ? Un apport subit et inhabituel de sang et d'énergie ne risquet-il pas de drainer brusquement les impuretés de façon intempestive et dangereuse? Une brutale élimination, de surcroît surabondantg ne peut-elle faire craindre des obstructions douloureuses? C'est pourquoi j'attache une si grande importance à la pratique quotidienne de cette série de mouvements pour l'adepte qui veut s'engager sérieusement dans la voie du yoga.

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Dans la section tr, Taimni donne dans le sttra 49 une explication très daire de ce qui se passe. "Quand nous respironsnormalanent,læ courantsyâniquæ suioentleur coursnaturel.Lorsquenousrespîroraaltqnatiaernentpar une narinepuis par I'autre,Iar flux normalæt quelquepat dérangé.On pafi comparercet fret à l'écwlmrent de l'eau dans un tuyau. Lorsquel'eAus'écottledans une directbn, sansà-cutp ni retnous,de Ia oaseet d'autresdébrispanoent sedéposerdansIefond sansêtrebeaucoupremu& par Ie passage de I'eau.Mais si on chercheà contraindreI'eau à alternq dans deuxdirectionsopposéæ,Ie dqôt æt aussitôtremuéet si on prolongeIe mouaementassezlongtemps,letuyau pafi être totalement d4banasséde sesdqôts. C'est ainsi qu'on peut supposer quela respirationalternéepar lesdanxnarinænettoielæ canaux prôniques,ou "purifie" lesnâdîscommenousdisons."

Exercice22 La respiration yoguini Pour se familiariser avec cette respiration il est utile de pratiquer un mouvement de langue qu'on supprimera dès que possible. Inspirer consciemment et lentement par les deux narines, en sentant prâna et en suivant, par la pensée, son trajet dans les fossesnasalesjusqu'en haut du palais. Durant toute cette inspiration, la langue étant placée au départ la pointe sur le palais supérieur, juste au-dessus des dents, se replie vers le haut du palais, en contact avec lui. Durant l'expiration, la langue revient progressive ment en sens inverse, à sa position initiale. Suiwe par la penséel'expulsion de prâna. Reprendre cette respiration en faisant vibrer prâna, doucement, sans effort occessif,pour éviter une irritation de la muqueuse. Uexercicebien fait va, au contraire tonifier

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cette muqueuse. Cette respiration produit un son caractê ristique, co[une un bruissement d'abeilles. Pratiquer ainsi à l'inspiration et à l'expiration. C'est une respiration très dynamisante qu'on emploiera seule ment à bon escimt. Elle ne doit pas être confondue avec 'ujjâyi" qui est pratiquée dans certaines écoles de yoga et dont les effets sont différents. Dans la respiration yoguini il n:y a pas de blocage partiel de la glotte couune dans Ujjâyi. La pensée se dirige au contraire vers le haut, entraînant prâna vers le centre frontal d'énergie âjnâ, ce qui explique les effets dynamisants de cette respiration, tant sur le physique que sur le psychique. Ueffet d'ujjâyi se porte différemment sur le chakra de la gorge, vishuddha.

Exercice23 Les rythmes respiratoires. Dans la respiration naturelle, appelée aussi animale, régie par notre système sympathique, Cest celui-ci qui règle automatiquement la proportion des temps d'inspiration et d'expiration ainsi que celle des apnées. Ce merveilleux et délicat système,lorsqu'il est en bon état, le fait admirablement en fonction des besoins de tout notre être. Le yogî va, en respirant consciemment,intervenir sur cette proportion ! On comprend l'importance de cet acte volontaire qui, dans un but louable de transformation plus rapide, ne doit en aucun cas contrarier brutalement le système nerveux. Si, comme nous venons de l'expliquer, on prend consciencede prâna en respirant, on peut considérer que l'on exécutedes prânâyâmas.On prend en effet une certaine quantité de prâna en inspirant et l'on en rejette une quantité différente en expirant, modifiant ainsi consciemment la proportion d'énergie en soi. C'est ce qui se produit

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dans les rythmes respiratoires. De même lorsqu'on inspire du prâna par une narine pour en rejeter en expirant par l'autre, dans la respiration polarisée alternée. En diffusant la pratique du yoga elr Occident, on a souvent généralisé le terme de prânâyâma pour ces diverses respirations rythmées ou alternées.I'ai personnellement toujours été réticent à ce propos et m'en suis expliqué à l'occasion, soit verbalement soit par écrit. C'est pourquoi je ne manquerai pas de le faire mcore ici. Dans l'enseignement du yoga de l'énergîe, j'utoujours réservé "prànâyâma" pour des respirations prâniques dans lesquelles les temps d'apnées sont plus importants que les temps d'inspiration et d'expiration. C'est le cas pour le rythme 1+24 ( baseune seconde),dont les temps d'apnées sont respectivement quadruple du temps d'inspir et double du temps d'expir. La respiration polarisée alternée, pratiqufu sur le rythme de travail 3-2-5-2,employé dans le yoga de l'énertre, ne présente aucun danger. A ce propos, il est toujours utile de rappeler que l'entraînement de base pour la respiration consiste à respirer sans effort, en évitant toute crispation, pour allonger le souffle progressivement. Il faut obtenir une respiration longue, lente et douce qui n'est possible qu'en réalisant une détente du corps et un précalme du mental. Uutilisation des trois gunas permet alors d'envisager trois catégoriesde rythmes: 1 - rythmes tamasiques,dans lesquels l'expir est plus long que l'inspir, 2 - rythmes sattviques, dans lesquels l'inspir et l'expir sont d'égale durée, 3 - rythmes rajasiques,dans lesquels l'inspir est plus long que l'expir. Ces respirations rythmees comportent quatre temps, incluant une apnée inspiratoire et une apnée expiratoire.

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Mais celles-ci sont minimes par rapport aux deux temps d'inspir et d'expir.

Le rythme de travail utilisé dans le yoga de l,énergie y compris les mouvements préliminaires, a comme bâse 3"25"2 (" étant le symbole de la seconde). Rappelons également qu,il est inopportun d,utiliser un métronome pour s'assurer du temps exact de la seconde. Le pratiquant compte mentalement, et si son souffle est court il ajuste sa respiration avec une ,,petite,, seconde, alors que lorsque son souffle est lent il allonge ce temps.

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LA NOTION DE PURIFICATION DANS LE YOGA DE UENERGIE Avant d'ensemencer son jardin, le jardinier l'a bêché et a retiré avec soin les liserons et autres mauvaises herbes, ainsi que les pierres et cailloux susceptiblesd'entraver le germination et la pousse de sesgraines et de sesplantes. Il nous faut, nous aussi, préparer notre tenain pour y recevoir une énergie pure,l'énergie primordiale venant des sources. C'est pourquoi nous assouplissons notre corps de chair pour que l'énergie y circule sansêtre freinée. Nous le fortifions, le dynamisons, pour que sesorganes résistent à la pression croissante de cette même énergie que nous souhaitons y faire descendre. Car cette énergie prise aux sources est puissante, qualifiée et d'une grande Pureté. Alors est-ce suffisant? Et ne devons-nous pas purifier davantage les circuits empruntés par cette pure énergie? Les textes sacrés qui nous viennent d'orient nous informent pourtant de l'importance de cette purification. Mais je pense que cette notion importante a été souvent mal interprétée lors de la vulgarisation du yoga en occident. Certains enseignants ont pratiqué en priorité les "kiyas" en favorisant ce côté folklorique et spectaculaire du yoga, masquant souvent par ailleurs une ignorance de cette véritable science profonde de l'être humain. Tiois décenniesaprès, cette interprétation excessiveest périmée, mais reconnaissonsqu'elle a fait du tort au yoga pour sa diffusion en occident, comme par ailleurs d'autres excèsà propos d'ascèsesalimentaires trop rigoureuses et trop sectaires. Et pourtant cette préparation du terrain et cette purification sont incontestablementnécessaires. Il est évident que si nous voulons bien fonctionner en évitant toute usure prématurée, nous ne devons pas nous alimenter n'importe comment, en mangeant n'importe

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quoi. Il y a des règles d'hygiène alimentaire bien crcnnuesà respecter: manger ni trop ni trop peu, en fonction de son âge, de son travail, de sa constitutiory du dimatdans lequel on vit, etc. Bien mastiquer des aliments frais, variés, dans une ambiance tranquille. Mais de ces règles saines et senséesqu'avons-nous tiré? Des restrictions, des affirmations plus ou moins futiles et souvent simplistes. Et que de prejuges, que de slogans publicitaires, que d'hypothèses contradictoires nous influencent plus ou moins consciemment! D'autre part, n'est-il pas insensé de ne penser qu'à cette alimentation toute la journée? Par ailleurs a-t-on montré suffisamment l'importance de l'alimentation des autres corps qui nous constituent? Est-il logique de porter tant d'attention à la nourriture destinee à ce corps physique, et si peu à celle des autres corps plus subtils ? De nous nourrir de pensées négatives, de maladie, de peur, de haine, de jalousie? Est-il sensé de nous plonger conune à plaisir dans des ambiances émo. tives néfastes,en passant nos soirées à regarder des films d'épouvante dans lesquels dominent la violence et le meurtre? N'est-ce pas là une alimentation réellement néfaste,et ne pensez-vous pas qu'il faille nourrir votre subconscient plus sainement? Pensez-y si vous voulez réellement avancer sur ce chemin de la libération ! Mais revenons plus précisément à la tedrnique du yoga de l'énergie et à sesrespirations.

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Exercice24 Les respirations purifiantes Ces respirations se pratiquent sur le rythme inversé 5.2.3.2.IJexpiration,très spéciale,est une expulsion de l'air contenu dans les poumons qui se fait brusquement par la bouche arrondie én "U',les lèvres pousséesen avanfet les joues creuses. IJexpulsion de l'air se fait, non pas volontairement, mais de façon mécaniquepar trois saccadessuccessives,en marquant un temps d'arrêt du souffle entr€ draque. Ces arrêts marquent les trois secondes d'expiration dans le rythme 5.2.3.2.,tout en appuyant les mains de chaque côté de la cage thoraaiqn", conune sur les deux branches d'un soufflet à attiser le feu, énergiquement et de haut en bas.

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C'est en position debout, les jambes moyennement écartéeset légèrement fléchies, qu'on indine le buste vers l'avant, en expirant complètement, le ventre rcntré, le diaphragme remonté. Les bras sont flédris en arceaux, sans raideur,les doigts rigides pointés sur l'abdomen. En se redressant lentement, inspirant en 5 secondes, les doigts rigides tapotent de la base du ventre jusqu'en haut de la poitrine et de l'axe du buste vers la périphérie. C'est ainsi que, dans un premier temps, cette respiration active la circulation sanguine dans les vaisseaux sanguins sous-cutanés, apportant une sensation d'aération complète. Elle s'explique par une activation de l'oxygénation du sang au niveau des alvéoles pulmonaires. Elle est très appréciée,étant à la fois purifiante et stimulante grâce à son rythme rajasique. Elle est conseillée après l'exécution de la série des 18 mouvements préliminaires.

Cette purifiante se pratique par les adeptes expérimentés en purifiante alternée, une fois à gauche puis une fois à droite. Il faut avoir en effet acquis la maîtrise du corps et celle du souffle. Porter la bouche latéralement sur la gauche, fermant ainsi la narine droite. Inspirer en cinq par la narine gauche, la main gauche étant placee entre pouce et index sur le flanc gauche du thorax pour sentir le poumon gauche se remplir. Agir volontairement en pressant la cage thoracique de haut en bas pour o<pirer en trois saccadessuccessives par la bouche maintenue ouverte sur la gauche. Exécuter ensuite le même mouvement la main droite sur le flanc droit du thorax, en inspirant en cinqpar la narine droite et en expirant en trois par la bouche portée sur le côté droit. On acquiert ainsi la maltrise sur chacun des deux POrUnOnS.

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En position assise, la respiration purifiante est conseillée après I'exécution d'exercicesrespiratoires et de prânâyâmas. Elle convient également après la réalisation d'ambiances subtiles, lorsqu'après être recentré dans le ventre, on désire retrouver rapidement une ambiance tonique. Elle s'exécuteen croisant les bras sur la poitrine,l'extrémité des doigts en contact sur chaque zone sus-marne lonnaire avec les points de passage de l'énergie dans les bras. Lever ensuite les coudes à la hauteur des épaules en cinq temps. Pendant l'apnée inspiratoire d'une duree de deux temps, porter la bouche en "U' les joues creuses.Puis en trois saccadessuccessives,de haut en bas, les coudes reviennmt abaissésen position de départ et l'expulsion de l'air se fait ainsi en purifiante, les joues restant creuses. Dans la série des 18 mouvements préliminaires s'intercale également un mouvement ondulatoire des bras avec respiration purifiante. Ce merveilleux mouvement agit d'une façon plus spécifique sur [a circulation de l'énergie dans tout le corps, et plus particulièrement dans les bras et la ceinturescapulaire. Il est exécuté debout, s'enchaînant avec les autres mouvements de la série, et demande un certain entraîne

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ment d'assouplissementdes poignets et des épaules. Il est de ce fait, physiquement et énergétiquement très important, mais difficile à decrire coûune à exécuter. (Consulter "Yoga de l'Energie" ou "[Jn art de viwe" Ed. I-e Courrier du Livre. Paris). Mais cette série elle-même, dans son ensemble, est purifiante du fait de la respiration polarisée alternée qui se réalise plus ou moins consciemment suivant le niveau de l'adepte, dans les flexions-torsions de côté et d'autre. Tâimni dans "I-a science du yoga"(l) exptique cet effet merveilleux. fe l'ai longuement cité dans "Les 1.8mouvements préliminaires, Danse Cosmiqud' (2). Ultérieurement nous reviendrons sur la purification des deux nâdîs principales, idâ et pingalf qui s'effectue à l'aide de prânâyâmas colorés en utilisant le blanc.

(1) Taimni - La sciencedu yoga. Ed. Adyar. Paris. (2) R. Clerc - Yoga le l'énergie : I-es 18 mouveûrents préliminaires Danse Cosmique - Ed. Cariscript.

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CHAPITREN

UART DE RESPIRER


Exercice25 Le prânâyâma Pour pratiquer le prânâyâma il est nécessaired'avoir consciencede prâna et de sa polarité en ha et tha. Pour l'utiliser dans sesnombreusespossibilités il faut de même avoir consciencede l'anatomie subtile du corps de l'énergie et de celle du corps du mental. On conçoit la complexité de cette pratique qui est d'ailleurs en rapport avec les transformations qu'elle provoque sur tous les plans de l'être humain. Lientraînement est forcément long et doit être progressif, si possible sous la direction d'un guide expérimenté. Son rythme de base qui est de 7".4".2".4" (1 étant I'inspir et 2 l'expir), comporte des apnéesen plein et en vide considérables. Songezqu'en inspirant seulementdurant 4 secondes, ce qui est court pour une prise de prâna, les apnées sont déjà de 16 secondes! Ce qui différencie le rythme respiratoire du prânâyâma c'est, chez ce dernier, en dehors de la durée importante des apnées,le rôle vraiment exceptionnel de la pensée.Ce rôle déjà important dans le prânâyâmaénergétiqueatteindra son apogéedans Ie prânâyâmapsychique,dans lequel l'effet spectaculaireobtenu le sera uniquement par déplacement de la penséeakashique. Dans ce domaine, peut-être plus qu'ailleurs, on comprend la nécessitéd'une progressioninterdisant de brûler les étapes.Et il faut veiller sans cesseau développement qui doit se faire en harmonie avec tous les plans. C'est pourquoi, les deux termes respiration et prânâyâma n'ont qu'un point commun: la fonction respiratoire. Mais leur rôle respectif, comme leur pratique sont par ailleurs complètementdifférents.

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Les termes sanscrits sont intraduisibles et donc indispensables.Aussi je demande au lecteur de se familiariser avec ceux-ci. 'Tttraka", c'est non seulement une inspiratiory mais aussi une prise conscientede prâna. Cette prise d'énergie se fait dans un lieu précis. Prâna y est puisé quantitative ment et qualitativement. Pour cela interviennent la conscienceavec les indriyas et une volonté qu'il va falloir doser selon les cas. 'T(umbhâka" se traduit par récipient ou petit pot. Après le ptraka, Cest une rétention de souffle appelée "kumbhâka intérieur". C'est durant ce temps que le yogî transforme le taux vibratoire de prâna modifiant sa puissanceet sa qualité. Tel un alchimiste, le yogî selon ce qu'il désire obtenir compose le mélange adéquat. "Réchaka" vient ensuite pou, sur expiration, transporter ce prâna modifié à un endroit prffs dans le but de le transformer. Ce peut être un centre d'énergie par exemple. '1(umbhâka extérieu1' est le quatrième temps du prânâyâma. C'est une apnéeen vide de souffle, Cest-à-direun état de grande receptivité qui permet d'apprécier l'effet du prânâyâma. On conçoit maintenant l'énorme différence qui existe entre une respiration et un prânâyâma! Personnellement, j'aimerais qu'on différencie égale ment les rythmes respiratoires, qui s'appliquent à des respirations successiveset continues, du prânâyâma qui se réalise dans des conditions totalement différentes.Que l'on classeà part les différentes manières de respirer qui s'exê cutent couramment et ne présentent aucun danger, du prânâyâma qui, avec d'énormes rétentions de souffle, peut être dangereux s'il est mal conduit, sans une préparation importante et des conditions de vie qui ne sont pas toujours possiblesdans le monde moderne en Occident. Permettez-moi de citer à nouveau les commentaires de Taimni sur les sûtras de Patanjali dans "I-a sciencedu

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yoga". Uauteur a parfaitement compris ce réel danger qu'un grand nombre de professeurs de yoga occidentaux ont minimisé ou même ignoré. Section lI-49. - "I-c point important à gardu préwrt à l'æprit æt celui-ci: non sanlernent htmbhâlu æt I'êlhnentææntiel du réelprânâyâma,maisc'æt aussila sourcedu dangt dans la pratiquedu prânôyâma.Dèsqu'on commence à retenird'une façonanormalele souffle,spécialmrmtan inspiratîon,le danger commence et on nepail jamaissaaoirà quoi il conduira,àmoins qu'il y ait un instructanrpratiqueet compétuttpour guidr et corriger le flux de cæ forcessi c'æt nécessire.G) Si on s'y liwe sanspreparntionet directionconvenables, on oa à cutp sûr au désastre, et pant êtreà la mort commeut ont fait l'expérience, à lans dqens,bien desinsenséstémérairæ." Dans la respiration, le rôle de la penséeva crescendo de la respiration animale, automatique, où il est nul, à la respiration consciente, à la respiration volontaire, aux rythmes respiratoires, aux prânâyâmas énergétiques,colorés, jusqu'au prânâyâma psychique. Dans ce dernier,la penséeétant le véhicule qui transporte l'énergig son seul déplacement suffit pour agir avec une puissance insoupçonnée sur les plans les plus subtils, avec répercussionvers le dense.D'où la nécessitÇpour utiliser le prânâyâma, non seulement de connaître, mais de sentir le corps de l'énergie (prânamaya-kosha),et ensuite celui du mental (manomaya-kosha).

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ANAToMTE succrNcrE DU coRps DEvÉNnncrE Lianatomie du corps de chair n'a plus de secret à notre époque, même pour le grand public. Il n'en est pas de même pour le corps de llénergie. Cela s'explique du fait qu'il se situe dans un plan de consciencesubtil et qu'il n'est pas détectable par nos sens humains limités lors par exemple de la dissection d'un cadawe. Cependant il existe, de même que le corps du mental qui est encoreplus subtil. On ne peut cependant nier ni les pensées,ni les émotions, ni la puissanceénergétique qui meut le tout. Il y a des millénaires que les hindous conune les chinois ont, de leur côt4 fait un travail d'intériorisation de l'être humain et acquis une connaissanceprofonde de ces mécanismessubtils qu'ignorent encorebon nombre de nos savants. Cependant, les scientifiques travaillent actuellement avec des appareils de plus en plus sophistiquésqui laissent présager la redécouverteplus concrètede cescolps subtils. Pour l'heure, écoutons ces ancêtres nous décrire le corps de l'énergie et essayons, en avant-garde de nos savants modernes, en développant notre attention et nos sens subtils, de redécouvrir nous-mêmes cette anatomie de façon sensorielle, dans un vécu vibratoire, sans cherctrer à comprendre avec notre petit mental analytique limité au monde de la forme. A l'image du système nerveux avec ses nerfs et ses plexus, le corps de l'énergie a ses nâdîs et ses chakras, les uns et les autres en constanterelation. Six paires de nâdîs (méridiens bilatéraux) situees dans les bras et dans les jambes sont des conduits subtils parcourus par l'énergie ha (yang) et tha (inn). Deux autres nâdîs plus importantes (vaisseaux merveilleux) montent sur les deux faces avant et arrière du tronc.

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Trois autres, encore plus importantes 0es trrois nâd1s principales), montent l'une dans la colonne vertébrale et les deux autres autour. Sept chakras principaux se répartissent du sommet du crâne au bas du tronc dans sa partie antérieure. Chacun d'eux est en relation, dans le corPsde chair, avec un plexus, un sinus et une glande endocrine. Enfin sur la partie postérieure du tronc, sur la colonne vertébrale, se situent une série de "padmas" qui sont comme des dapets gd, lorsqu'ils sont Percutéspar l'énergie venant de la Source cosmique et conduite par le yogi font vibrer Ie chakra corresPondant.

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Exercice26 La respiration syncopée C'est une respiration prânique utilisée pour travailler sur le corps de l'énergie. Dans la respiration courante, llinspiration conune l'expiration sont continues. Dans la respiration syncopée f inspiration est le plus souvent continue, excepté lorsque l'on prend l'énergie à deux ou trois sources différentes, comme nous le verrons ultérieurement. Mais Cest dans l'expiration que cette manière de faire est surtout utilisee pour faire vibrer les chakras en chaîne ou percuter de même leurs padmas. Dans certaines écoles cette respiration est dite "en escalier", ce qui est une bonne image. * En position assise, le corps d'aplomb, le mental calmé,les paupièresabaissées. Sesituer au point sourcepuis se concentrersur le chakra frontal, deux travers de doigts en arrière du centre du front. On se situe ainsi sur le corps de l'énergie, mettant le corps de chair en arrièreplan. Diriger la consciencesur le chakra coronal situé sur la fontanelle un peu en avant du sommet du crâne. Prendre consciencede l'énergie primordiale qui vient de la Source cosmique et par laquelle ce chakra est induit. Inspirer cette énergie de façon continue et expirer en la conduisant de façon syncopeesur le chakra frontal puis sur le chakra de la gorge. Pour cela l'expiration va s'exécuter en deux temps. Dans un premier temps sur le chakra frontal en déversant 507odu prâna inspiré, et marquant un temps d'arrêt en suspension de souffle. Dans un deuxième temps, sansinspirer, en déplaçant la consciencevers le chakra de la gorge,continuer à expirer pour y déverser les autres 50Vode prâna (où la penséeva, l'énergie va).

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Le processussera toujours le même quel que soit le nornbre des chakras intéressés. Il faudra bien entendu répartir l'énergie en conséquence,mais chaque arrêt se fera en suspensionde souffle, sansinspirer. D'où la nécessitéde travailler constamment l'allongement du souffle et d'en acquérir la maîtrise. Ainsi il sera possiblq avec un entraînement suffisant, de prendre l'énergie en inspirant sur le chakra coronal, sur la fontanelle, et de la répartir dans une expiration syncopée sur les divers chakras jusqu'au chakra racine, au bas du tronc entre sexeet anus, après avoir descendu six marches d'escalier,sansinspirer ! Par la pratique, l'expiration syncopéedeviendra plus facile, plus longue ainsi que les temps d'apnée.Cela vous permettra d'apprécier I'ambiancemodifiée de chaquechakra. Pour l'étudiant intéressé par tous ces exercicesje conseille"[Jn Chemin pour l'ère nouvelle. Le petit Poucet en marche vers la sérénité", partr en 7992- Ed.Cariscript Paris ou chez l'auteur.

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Exercice27 La respiration méridienne Cette respiration est baséesur le fait que la conscience véhicule prâna, et qu'en conséquenceoù la pensée va l'énergie va. Ainsi, déplacer la conscienceen respirant consciemment sur les trajets d'énergie, Cest agir sur cette énergie. En application d'un autre principe bien connu et appliqué en acupuncture, conduire l'énergie dans son sens normal c'est tonifier, et en sensinverse Cest disperser. De même qu'en inspirant on prend de l'énergie, donc on la "pompe", on en retire sur le lieu de concentration. A l'inverse en expirant on apporte de l'énergie. Il est évident que, dans cette respiration la pensée a un rôle important. Plus elle est concentrée, plus elle est puissante. On peut également, comme dans le prânâyâma coloré que nous étudierons ultérieurement, faire intervenir les trois gunas en utilisant les couleurs de l'arc-en-ciel. En visualisant du bleu I'effet sera tamasique, calmant. Si on visualise du rouge ce sera, à llinverse rajasique, tonifiant, voire excitant. Quant au vert ce sera le sattva équilibrant.

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Bout du nez

Spirituel Psychique Physique

Vers la lèvresupérueure

Exercice28 Le triangle des narines Prâna, pris à sa source cosmique est "LIN", mais il se différencie dans le monde manifesté, selon les besoins, en vibrant à des taux de fréquence plus ou moins élevés. C'est ainsi que, dans l'être humain, il vibre différemment selon les fonctions qu'il doit remplir. C'est là le rôle attribué aux chakras, dans le corps de l'énergie, de modifier le taux vibratoire de prâna. Il est évident que le prâna utilisé pour Ia digestion n'est pas le même que celui qui intervient pour penser et réfléchir. D'ailleurs les yogîs ont bien différencié cinq sortes de prâna..prâna,apâna,samâna,udânaet uyâna,et donnant Ie nom spécifique de aâyaà l'énergie cosmique. Dans certains cours de yoga, on utilise souventprâna pour désigner l'énergie montante qui gouverne Ia partie supérieure du corps,s'échappantvers le haut, et apânacelle descendante qui va du milieu à la basedu corps et préside aux fonctions d'excrétion.

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rl

!


Dans le yoga de l'énergie, tout en respectantla tradition, j'ai préféré du point de vue pratique mettre plutôt l'accent sur cette fréquence vibratoire de prâna. Lucien Ferrer m'avait transmis tout un travail sur le triangle frontal de commandement, dont j'ai exposé une partie dans de récents ouwages: "l-ienseignement du yoga de l'énergie, second degré" (1990)et "Yoga du 3è millénaire,les aphorismesdu yoga de l'énergie" (1994)Ed. Carisctipt - Paris et chez l'auteur. Peu de temps avant qu'il nous quitte, je me souviens de sesderniers conseils: "Vois-ttt, tout cequej'ai fait en yoga est maintenantà reconsidéreren tenant comptede ce triangle frontal. Je n'ai plus le ternryde le faire, mais ce seraà toi de te débrouiller". C'est ainsi que je fus amené, certain jour béni, à porter mon attention sur le triangle que forment les deux narines à la basedu nez. IJanalogie m'apparut. La pointe devait correspondre au sommet du triangle frontal, lequel commande au spirituel. Le centre des narines logiquement représenterait les deux triangles moyens du triangle frontal qui commandent le psychique et la baseles deux triangles inférieurs agissant sur le physique. La cloison médiane du nez, à l'image de la médiane issue du sommet du triangle frontal, devait déterminer les deux ambiances de la personnalité: tha (inn) à gauche et ha (yang) à droite. Iianalogie était parfaite. Et comme le nez est fait, non pour commander mais pour respirer, il me vint f idée d'apprécier les différences d'ambiance en portant successivementl'attention sur ces trois étages.Eurêka ! C'était simple et merveilleux. Cela correspondait exactementaux trois étagesrespiratoires bien connus en yoga. fe poursuivis l'expérience en respirant,l'attention maintenueet la penséeconcentréesur chacun de ces étagesséparément.f'obtins immédiatement les ambiances caractéristiquesde chacune de ces respirations.

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|e me familiarisai un certain temps avec ce travail et je fus enthousiasmé. Est-ce cette pratique qui développa davantage mes senssubtils ? Car, quand je respirais concentré sur la pointe des narines j'étais immédiatement attiré vers le haut, ma respiration se faisait très fine et je pris conscienceque prâna vibrait à un taux de fréquence de plus en plus élevé. Passantalors à l'opposé, ma penséeconcentréesur la base des narines, je revenais instantanément dans mon corPs dense et ma respiration se faisait plus forte, prâna vibrant à un taux de fréquence moins élevé. C'est ainsi que j'appris à moduler prâna, découwant par l'expérience, en dehors de tout acquis intellectuel,l'importance capitale de faire vibrer prâna. N'est-ce pas aussi l'image du violoniste virtuose qui fait corps avec son violon et son archet pour faire vibrer les cordes de son instrument de façon magistrale et éblouissante? Iiimportance du souffle, support de prâna est considérable ! Lultime réalisation pour tout yogî ne serait-elle pas de faire vibrer prâna à un taux de fréquence de plus en plus élevé pour tendre vers la très haute fréquence de la vibration initale ? Et celle'ci ne serait-elle pas ce que les hommes appellent de divers noms comme Dieu, le Suprême, Consciencecosmique ou Conscienceénergie? Dans ce cas,que de temps perdu à discuter, à chercher à comprendre, à philosopher ! Nos "Anciens" n'étaient-ils pas plus près de la vérité avec leurs chants et leurs mantras ? Mais tout ce Parcours depuis, dans la multiplicité, n'était-il pas fait pour que finalement nous retrouvions l'unité, avec la simplicitÇ dans un genre de vie à découwir, dans lequel, sortant de notre petite dimension limitée au dense, nous découvrirons le moyen de faire vibrer prâna en nous pour joindre le Principe ?

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Exercice29 Respiration superficielle ou osmotique Comme son nom le suggère, elle est de très faible amplitude (superficielle), à fleur de peau (osmotique). Cette respiration caractérise les états prêextatiques ou extatiques, ou encore les états de méditation. A l'inverse, la pratiquer consciemment rapproche de cesétats et perniet d'apprécier la différence entre les modulations de prâna. S'asseoiret réaliser l'aplomb du corps et le calme du mental. Se situer en pensée au point source. Comme le faisceau lumineux d'un phare, faire pivoter le cône de la consciencedans toutes les directions. Sentir ainsi successivementle fnrnt, la gorge la poitrine, le ventre. Puis la nuque, le dos, les omoplates, la colonne vertébrale,les lombes,le bas du dos. Pour terminer sentir l'ensemble de la partie postérieure du corps et constater que la respiration se fait par les deux narines. Porter la conscience sur le côté gauche du buste. Sentir le bras, puis l'ensemble du côté, et constater que la respiration se fait par la narine gauche.Faire de même sur le côté droit et constater que la respiration s,effectuepar la narine droite. Toujours situé au point source, porter la conscience sur l'avant du torse. Inspirer longuement,lentement, fine ment, pendant quelques respirations. Enfin inspirer longuement, sans crisper, et pendant la rétention du souffle conduire la consciencehors du cor;ps, vers le haut, pour expirer. C'est en fait un prânâyâma, sa.nscompter. On prend, en inspirant, sur la face antérieure du torse du prâna que l'on décharge dans l'atmosphère ambiante, en ocpirant.

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Faire de même successivement sur l'arrière du torse puis sur les deux côtés. Répétez cet exercice pour vous familiariser avec ces respirations. Ainsi vous améliorez le contrôle de votre souffle et vos senssubtils s'affinent. Vous aurez très vite f impression d'avoir ôté un vête ment, successivementsur les quatre côtésdu torse. Situez-vous maintenant au centre de la poitrine. Prenez conscience,en spectateur, de la respiration qui se fait: ça respire. Portez une partie de la consciencesur le mouvement ,, ./global de la cage thoracique. Celle'ci se développe dans tous les sens.La respiration ne se situe ni en bas ni en haut; elle est au centre. A l'inspiration la cagethoracique se dilate vers la périphérie et à l'expiration elle se rétracte vers le centre. Lorsque l'aisance sera obtenue dans l'automatisme, faites intervenir la volonté avec un minimum d'effort pour allonger progressivement le souffle. Faites en sorte que les deux temps d'inspir et d'expir soient d'égale durée, les rétentions restant au minimum de l'ordre d'une seconde. C'est une respiration sattvique. Lorsque votre amplitude respiratoire maximurn sera atteinte dans l'aisance parfaite, maintenez quelques minutes cette ambiance agréable. Puis, sanshâte et dans l'autre sens,r&uisez progressivement le rythme respiratoire jusqu'à ce que llexpir et l'inspir ne durent qu'une seconde.Prenezvotre temps pour conserver l'aisance et revenez au besoin en arrière si vous sentez la moindre crispation. Uaisancedoit être totale. Portez alors une partie de votre attention sur la périphérie de la cage thoracique. Vous prendrez conscience d'une respiration de très faible amplitude qui se caractérise, au niveau des pores de la peau, par un léger souffle. Comme un phénomène d'osmose, à travers la peau, entre l'atmosphère extérieure et celle intérieure du corps. Mais, n'est-il pas admis que la peau respire?

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D'où cette appellation de respiration superficielle ou osmotique. Pour terminer, pratiquer quatre prânâyâmas successifs, à l'inverse de ceux exécutés en début d'exercice, pour recharger en énergie chaque partie du buste. I/inspiration se fait en prenant prâna dans l'abnosphère à l'extérieur du corps. La rétention se maintient sur le chakra frontal. IJexpiration s'exécutem dirigeant la consciencesur l'avant du buste. Puis pour les trois autres prânâyâmas, successivement sur l'arrière, et sur chaque côté du buste.

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Exercice30 La respiration chakrique Nous avons vu, dans l'anatomie succincte du corps de l'énergie, que sept chakrasprincipaux serépartissent du sommet du crâne au bas du tronc dans sa partie antérieure. Celui situé au sorunet est particulier. C'est le chakra coronal ou "lotus aux mille pétales," sahasrâraen sanscrit. Il n'est pas tributaire des six autres, mais par contre il est induit par l'énergie primordiale venant de la Source cosmique, sur l'infini au-dessusde nous. C'est là sa caractéristique. Il est en fait la porte ouverte par où cette énergie pénètre en nous, dans le corps de l'énergie. Il est donc important de ne pas essayerd'agir sur ce chakra, mais, en détente et dans un état de réceptivitÇ de nous sensibiliser à percevoir sesvibrations qui décèlent son activité plus ou moins importante vis à vis de la Source d' énergie primordiale. Ainsi, plus nous serons détendu, en respiration superficielle, et notre concentration maintenue sur ce chakra, plus nous serons conscient de cette énergie qui le pénètre. En position assise, trouver l'aplomb du corps et le calme du mental. Situé au point source,diriger la consciencesut sahasrâra. En respiration superficielle, apprtrer sesvibrations et sa liaison avec la SourceCosmique. Diriger la consciencesur le chakra frontal, âjnâ, deux travers de doigts en arrière du centre du front Assurer la liaison âjnâ-point source en respirant doucement de façon prâniquq par les deux narines. Sentir la différence sur âjnâ entre l'inspir et l'expir. thabituer à sentir la pulsation du chakra qui bat au rythme de la respiration.

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En respirant finement de façon prânique, allonger progressivement le souffle. Dans l'aisance, obtenir le maximum d'expansion. Puis, en sens inverse, progressivement revenir à un rythme respiratoire très réduit pour rester en respiration superficielle. Dans le sens chakra-point source,en état de receptivité, apprécier le souffle venant du chakra. Apprécier ainsi son ambiance qui s'enregistredans votre mémoire. Porter maintenant votre conscience sur sahasrâra. Sentir l'énergie qui fait vibrer ce chakra. Inspirer pour y puiser une certaine quantité de prâna (pûraka) que vous maintenez quelques secondesau point source (kumbhâka intérieur). Puis expirer (réchaka)sur âjnâ en percutant son centre (principe de l'ambiance). Apprécier la nouvelle ambiancequi est plus puissanteet plus qualifiee que la prê cédente. Continuer à respirer pendant quelques minutes, de façon prânique, en faisant ainsi vibrer âjnâ. C'est la respiration chakrique, à exécuter sur les six chakras, d'âjnâ à mûlâdhâra pour les faire vibrer. Pour terminer, sur chacun d'eux apprécier en respiration superficielle et en état de réceptivitÇ Cest-à-dire dans le sens du chakra vers vous, le spectateur situé au point source, l'ambiance du chakra qui s'exprime dans un souffle. Iæ souffle froid de mûlâdhâra est, par exemple, très caractéristique.

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Exercice31 Le prânâyâma énergétique f'ai attiré précédemment l'attention du lecteur sur le danger des rétentions de souffle prolongées qui caractérisent le wai prânâyâma, lequel est pratiqué sur le rythme "1,.4.2.4. en prenant crrmme base le temps du ptraka d'une durée d'une seconde. Un ptraka de quatre secondes, c'est relativement court pour inspirer, mais il engendre des kumbhâkas de 16 secondes,qui sont déjà considérablespour un pratiquant qui n'a pas subi un entraînement spécial et réalisé déjà un contrôle de son souffle. Si vous envisagezd'inspirer en 6 ou 8 secondes,ce qui est dans vos possibilités actuelles, cela vous entraùre à rete nir votre souffle 24ou32 secondes.Pensez-vouspouvoir le faire avec facilité, sans bloquer ce souffle, ni entralner la moindre crispation en vous ? Uentraînement nécessaire,auquel il faut s'astreindre est spécial. Il exige un instructeur qualifiÇ Cest-à-dire pas seulement un professeur qui a lu de nombreux livres sur le prânâyâma, mais un enseignant qui a expérimenté cette technique durant de longues années.Ce maître doit vous transmettre un état de calme profond et une sensibilité sub tile qu'il a réalisés sur lui-même, pour pouvoir vous faire pratiquer ce prânâyâma sans danger. Le danger étant dans ces rétentions prolongées, je me suis demandé si on ne pourrait pas les réduine pour débuter dans cette pratique, afin que l'adepte occidental puisse, très progressivement,fès "sagemenf',les doser à sa mesure. Il s'agirait évidemment de garder, par ailleurs, tout ce qui caractérisecette technique puissamment transformatrice. C'est-à-dire obtenir, d'une part, non seulement le contrôle du souffle mais celui de la pensée, cette dernière prenant une grande importance dans la technique. D'autre

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part, de se familiariser avec le rôle précis des quatrretemps qui le composent, différenciant le prânâyâma d'une respiration ordinaire. Cela nécessite un développement de la sensibilité et de la concentration. C'est ce que j'ai expérimenté sur moi-même depuis trois décennieset observé sur de nombreux élèves.f'en ai tiré les condusions suivantes:

- Il me pâraît indispensable de définir avec plus de précision le terme "prânâyâma" que l'on emploie à tout propos en Occident. Le lecteur attentif remarquera que je me suis abstenu de le mettre sur la couverture de ce livre. - Classer dans une catégorie: les respirations pre fondes, cellesexécutéesavec le Sand geste,lesrespirations rythmées, cellesexécutéesavec une narine puis l'autre, ou encore alternativement par une narine et par l'autre, qui peuvent être considéreescomme prânâyâmas si l'on respire de façon prânique, mais avec des apnées de courte durée, de l'ordre de quelques secondes. Bien exécutées, toutes ces respirations sont bénê fiques et ne présentent aucun danger. - Classer dans une autre catégorie le prânâyâma exê cuté sur le rythme 7.4.2.4.avec des apneesquadruples du pûraka. Les professeurs occidentaux sortis des écoles de formation ne doivent pas s'illusionner, pour la majorité d'entre eux, sur leur capacitéd'enseigner ce prânâyâma. ]e parle des ecoles sérieuses,qui admettent des postulants ayant déjà pratiqué le yoga durant trois années au minimum avec un professeur qualifié. Dans ces écoles de formation, ils étudient et pratiquent le hatha-yoga pendant quatre années consécutives, avant de pouvoir enseignen après des tests de fin d'études qui doivent être conduants.

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Les futurs enseignants du yoga qui sortent, avec la consécration de l'école, sont parfaitement qualifiés pour enseignerle hatha-yogadans le grand public. Sont-ils pour autant qualifiés pour enseigner le prâ_ nâyâma sur le rythme 1,.4.2.4? Sauf quelquesexceptioni,je ne le crois pas. C'est cette mise au point que je crois nécessaire.Il faudrait un deuxième examen phrs spécialisé sur cette prat" pour juger du postuluni, ,,on pas sur sa connaissance {t théorique de ce prânâyâma, mais bi,enpour sesréarisations dans ce domaine. Mais un autre problème se poserait alors aux organi_ sateurs. Celui de trouver les membres du lury qualifiés pour juger de cette compétence..... J'espèreque mes nombreux collèguesque j,aime bien, tiendront pas rigueur de ma franchisà. Mais ce pro.": ^" blème grave existe, et il faut le connaître pour éviter à de nombreux adeptesdu yoga en occident dè tomber dans ce piège prometteur d'éveil de kundalinî. - Ie crois par contre en la possibilité d,enseigner un prânâyâma qui sera si vous voulez l,admettre seùement une approche du vrai, mais sansdanger pour l,adepte occi_ Il préparera celui-ci, sansheurt, au wai prar,aya^". *1"J. Cela lui demandera le temps nécessaire,plui ou moins long suivant le cas. Ce pourra être de qrr"iq,r", annéesà plusieurs décennies.ou encore le parcô*r au toute une vie; mais celle'ci en serapetit à petii transformée.Elle sera ioyeuse et toujours pleine de promesses.Voyons comment faire.

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Assis en posture correcte de son choix. Entrecroiser les doigts et réunir pouce et index de chaque main sur le bord unguéal, formant ainsi deux "U' se touchant. Tourner les paumes vers le haut, comme pour soutenir le ventre, le dos des mains posé sur le haut des cuisses.Cette position des bras dégage les côtés de la cage thoracique et est conseilléepour Ie prânâyâma. Après avoir trouvé l'aplomb du corps et calmé le mental,les paupières étant doses, pratiquer le mouvement du regard intérieur en déplaçant la conscience,les deux synchronisésavec la respiration. Situé au point source, se relier à l'ambiance frontale pour, en état de réceptivité, apprécier cette ambiance et qu'elle s'enregistredans la mémoire. Le prânâyâma énergétique consiste à prendre, à "pomper", de l'énergie dans un pûraka et cela de façon consciente,pour la transporter dans un lieu précis (organe, chakra, sur soi ou à l'extérieur de soi) pour dynamiser. Or l'énergie est partout. On peut la prendre dans l'ambiance externe, autour de soi. Mais on peut aussi la puiser à sa source,sur l'infini au-dessusde soi. C'est l'énergie primordiale puisée à la SourceCosmique. Elle a évidemment une puissanceet des qualités différentes de celle

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que nous respirons habituellement. C'est une question de taux de fréquence vibratoire. Il est normal que l'on soit sceptique à l'énoncé d'un tel principe et d'un processus aussi extraordinaire. Il dépasseen effet la compréhension,limitee au monde de la forme, de notre mental analytique et discursif. Ce n'est que par la pratique d'un enseignementprogressif développant les sens subtils et élargissant ainsi la conscience,qu'il est possible de vivre soi-même cette expê rience. Donc, au-delà de tout préjugé et même de toute imagination, Cest à une expérience dans un vécu personnel que je convie le lecteur de ceslignes.C'est à la fois simple et pas facile puisqu'il s'agit, ni plus ni moins, d'une transformation évolutive de toutes nos cellules, sur tous les plans. Il faut qu'elles se mettent progressivementà l'unisson de cesdivers plans subtils, sur la même longueur d'onde que chacun d'eux. Ainsi il devient possible, tout naturellement, sans effort et instantanément,de différencier l'ambiance externe de l'ambiance interne en soi, l'ambiance tamasique d'une visualisation lunaire de celle rajasique d'une visualisation solaire. De même pour les ambiancescombien différentes entre la ville, la campagne,lamer,la montagneet la plaine. Et pourquoi pas ensuite différencier, en qualité et en puissance, le prâna que nous respirons dans l'ambiance qui nous entoure, de celui que nous puisons dans un prânâyâma énergétique,en maintenant notre conscience,durant le pûraka, sur l'infini au-dessusde notre tête, où se situe la SourceCréatrice. Voilà ce qui caractérisele prânâyâma énergétique à l'aide duquel on transporte consciemment prâna d'un endroit à un autre, en utilisant le souffle. Dans cette respiration les poumons jouent un rôle important, et c'est là qu'un rythme respiratoire avec des apnéesde longue durée accentuela puissancede prâna, mais présenteincontestablement des dangers.

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fe propose, dans le yoga de l'énergie, eue l'adepte s'entraîne à ce prânâyâma en laissant le rythme en second plan. Qu'il s'entraîne tout d'abord à allonger son souffle, à développer sa concentration,en ne s'imposant aucun rythme précis. Mais progressivement,sanscompteç qu'il allonge l'expir par rapport à l'inspir et sans aucune eigence, dans la facilit4 qu'il reste en suspensionde souffle selon ce qu'il ressent.Cela doit toujours être agréableet exempt de toute crispation. Ce n'est que lorsqu'il aura assimilé ce prânâyâma, de cette façon, qu'il pourra ajouter le rythme 1.4.2.4.,toujours prudemment et selon sespossibilités, sansexigenceintempestive.

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Exercice32 Le prânâyâma coloré Il utilise les trois modalités d'expression de l'énergie (les trois gunas) en visualisant les couleurs de l'arc-en-ciel. Violet, indigo, bleu, sont des couleurs froides, tamasiques. |aune, orangé, rouge, sont des couleurs chaudes, rajasiques. Le vert est une couleur intermédiaire, satWique, équilibrante, reposante. La visualisation de la couleur droisie se fait durant le temps d'apnée inspiratoire, Cest-à-dire le kumbâka intê rieur. Pour réussir il faut être dans un état de réceptivitÇ excluant toute crispation. Ainsi la couleur imprègne le prâna inspiré dans le priraka, modifiant son taux de frê quence vibratoire. Il est évident que la maîtrise du souffle est nécessaire pour maintenir l'apnée sans crispation, et que la concentration doit être suffisamment développee, tant pour être conscient de prâna que pour maintenir simultanément la visualisation de la couleur. Dans cette réalisation,la respiration devient plus sub tile. Les éléments psychiques deviennent dominants par rapport aux élémentsphysiques. Le rôle de la penséeet des sens subtils grandit, tandis que celui des poumons s'ame nuise. Cette pratique gymnastique la conscience qui se développe au-delà du concreÇvers le sans-forme.

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Exercice33. Le prânâyâma psychique C'est dans ce prânâyâma que I'activité physique est minimum et l'activité psychique maximum. C'est la charnière entre le dense, la forme, et le très subtil, le sans-forme. On comprend ici l'importance de corunencer par stabiliser et détendre le corps. Pour pouvoir oublier et transcender ce corps de chair il faut améliorer s:rnscessela posture assise correcte, de façon rigoureuse, pour obtenir l' équilibre et llaplomb de ce corps. C'est une condition indispensable. La respiration joue ensuite son rôle, non moins important, pour calmer le mental. C'est le lâcher-prise,réalisé sur tous les plans, de plus en plus profondément, qui permet à la respiration de deve nir fine et légère. Dans le prânâyâma psychique la respiration est superficielle, à l'instar de ce qui se passe dans la méditation ou lorsque l'esprit est accaparé par un sujet intéressant, ou encore lorsqu'une émotion vous "coupe le souffle". Le rôle de la pensée et de sa concentration est alors majeur. Et Cest la conscience,que la volonté déplace, qui transporte la penséechargeede prâna; un prâna que le prânâyâma a pour but de transformer en cours de route. Tè1est le rôle du prânâyâma psychique qui agit alors sur les plans de consciencesubtils, lesquels réagissentsur le corps dense par l'intermédiaire du corps de l'énergie. La puissance d'un tel prânâyâma, bien que considê rable, est méconnue. Seuls ceux qui s'en servent mesurent cette puissanceet cette efficacité. On comprend pourquoi il ne faut pas, dans ces techniques de transformation, brûler les étapes et qu'il est indispensablede suivre les conseilsde guides qualifiés.

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Car cette force est à double tranchant. Arrivé à ce stade, le"disciple" ne peut se permettre aucune pensée négative, ni pour lui-même ni pour les autres. Car il a acquis une force de destruction impressionnante aussi bien pour lui-même que pour les autres. Ueffet est immédiatement bénéfique ou maléfique suivant que cette pensée est chargeepositivement ou négativement. On comprend maintenantbeaucouP mieux la nécessité des purifications " yama et niyama", au début des yogasûtra de Patanjali. Or la diffusion du yoga en Occident dans le grand public a surtout considéré le yoga corune une discipline corporelle, négligeant ces principes de base cependant essentiels. C'est pourquoi, dans mon dernier ouvrage 'Yoga du 3ème millénaire; les aphorismesdu yoga de l'énergie",i'ù cnr bon de faire une synthèse du yoga de l'énergie Pour faire mieux connaître ce hatha-yoga spécifique, mais aussi de revenir sur l'esprit qui doit présidenà toute pratique du yoga.f'ai désiré mettre cesrègles,pêu apprécieesdu grand public, à la portee d'un plus grand nombre sans auctrne intention de plagier Patanjali ! j'ai essayéde les rédiger en tenant compte de I'esprit actuel, réticent à toute morale. |'ai choisi un langage clair et simple pour tous ceux qui n'ont auqlne connaissancedu sanscrit. Or ce Petit liwe connait un très grand succès,qui prouve sans nul doute qu'il était nécessaire. Le prânâyâma psychique est principalement utilisé pour prendre l'énergie à sa source et la conduire dans un circuit primaire pour alimenter, dans le corps de l'énergie, les chakras situés dans la partie antérieure du torse par l'intermédiaire de leurs padmas respectifs situé sur la partie postérieure.

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Exercice34. Circuit primafue et circuit secondaire Pour la compréhension de ces deruc circuits, il est nécessaire de revoir quelques éléments de la circulation énergétique dans le corps de l'énergie décrits précédemment dans l'exercice no 25. Précisonsque le terme "primaire" est pris ici dans le sensde "premier" dans le temps, qui est le plus ancien, qui apparaît avant, qui est au début, initialement. Il est indispensable d'éliminer le senspéjoratif de "simpliste" qui lui est attribué dans certains cas. C'est en effet ce circuit d'énergie primordiale que nous utilisons en puisant prâna à la Source Cosmique sur finfini au-dessus de nous, pour le faire descendre et circuler en nous dans cette anatomie subtile du corps de l'énergie. Le prânâyâma utilisé est alors un prânâyâma psychique. Le pûraka s'exécutesur la totalité de la Sourceou sur l'un ou l'auEe des éléments qui la constituent: source lunaire ou source solaire. I/énergie puisee vibre à un taux de fréquence des plus élevés pour descendre dans le corps dense. Elle entre dans l'être humain par sahasrâra,percutant ensuite chaque chakra par l'intermédiaire de son padma. Chacun de ces chakras tourne pour transformer la fréquence vibratoire de prâna, de haut en bas, d'âjnâ vers mûlâdhâra. C'est uniquement par déplacement de la conscience, la penséevéhiculant l'énergte, que s'exécutece prânâyâma. Le kumbhâka intérieur est maintenu sur sahasrâra.Le réchaka syncopé se fait en marquant un temps d'arrêt sur chaque padma en le percutant. En rétention de souffle, la penséesuit alors le trajet des nadicules qui relient le chakra à son padma. Iæ nombre de ces nadicules varie suivant chaque chakra pour transformer le taux de fréquence vibratoire de prâna de façon spécifique.

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Le kumbhâka extérieur se fait en remontant sur le devant de mûlâdhâra à âjnâ, en appréciant l'effet du prânâyâma sur chaque chakra. Il est bien évident que seul le prânâyâma psydrique permet d'exécuter un tel parcours. Le prânâyâma énergétique et le prânâyâma coloré prennent le relais pour agir sur le corps dense par l'intermédiaire des nâdîs principales, des vaisseauxmerveilleux, des méridiens dans les membres; pour poursuiwe du sub til vers le dense. C'est Ie circuit secondaire dans lequel progressivement le rôle primordial de la penséediminue au profit des poumons qui retrouvent leur fonction vitale, matérielle. Vice versa, l'utilisation de ce circuit secondairenous emmènera du dense vers le subtil.

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Exercice35

Respiration barattée: les crosses La crosse,d'après le "Dictionnaire des symboles"(3) est symbole de foi. Elle signifie la puissancecélesteouverte sur la terre; la communication des biens divins, le pouvoir de créer et recréer des êtres. La crossesymbolise aussi le phallus qui est: "symbole de Ia puissance génératrice, en tant sourceet canaldela semence, queprincipeactif (..) signifiesimplement génératrilapuissance ce qui, souscetteforme est aénéréedans de nombransæreligions." Dans notre technique du yoga de l'énergie,les crosses conservent ce symbolisme avec une application concrète énergétique. S'ajoute à la signification du phallus "symbole de la puissancegénératrice,source et canal de la semence" le symbole de "la puissancecélesteouverte sur la terre; la communication des biens divins". La crosse, comme nous l'utilisons, est constituée d'une hampe qui se termine en s'enroulant trois fois. * Dans la pratique respiratoire,la consciencese déplace dans un premier temps, de la narine gauchele long de la ligne médiane du corps,légèrementà gaucherpour enrouler la crosseen trois temps simultanément avec un mouve ment tournant du ventre dans sa partie gauche.Prâna ainsi inspiré par la narine gauche est transporté dans l'abdomen où le mouvement de crosseaccentuesa puissance. Dans un deuxième temps, l'inspiration se fait par la narine droite, et la crosses'enroule dans le vmtre, à droite (3) Dictionnaire des symboles - Iean Chevalier et Alain Gheerbrant Ed. R. Laffont.

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avec un mouvement tournant de ce dernier, également sur la droite. Enfin dans un troisième temps, l'inspiration se fait par les deux narines, la consciencedirigeant l'énergie des narines dans le dos, de haut en bas (hampe de la crosse),la crossese faisant cette fois dans le plan sagittal. Les deux crossesgauche et droite ont été précédem' ment exécutéesdans le plan frontal. Ceci constitue llinspiration en trois temps de la respiration barattée: l/3 par la narine gauche, 1/3 par la narine droite, 1/3 par les deux narines. La respiration barattée qui accentuela puissance de prâna intéresse particulièrement les parties génitales. Toutesles civilisations antiques ont mis en évidence le côté divin de la procréation. Aussi cette respiration a pour conséquenced'augmenter la puissancevibratoire de prâna pour ensuite le sublimer et qu'il soit susceptible de nous mettre sur la même longueur d'onde que l'Ambiance Créatrice. C'est le véritable esprit du Tantrisme bien compris. Utiliser la puissance de cette force créatrice,non pas à des buts de jouissance personnelle et matérielle, mais bien à des fins d'élévation spirituelle pour rejoindre le Divin. Comme chacun le sait, la baratte est une machine à battre le lait pour en extraire le beurre. * Dans la respiration barattée, l'énergie prise aux sourcesdifférenciéeslunaire à gaucheet solaire à droite, est conduite dans l'abdomen. Par un mouvement tournant du ventre, ces deux énergies (- et +; vont se mélanger. Iiénergie Ha-Tha ainsi reconstituéeseraensuite reconduite à sa source, sur l'infini au-dessusde la tête. Ainsi sera réalisé le cycledescendant,de la matérialisationdu subtil vers le dense,et de Ia sublimation du densevers le subtil. C'est pendant le temps de rétention poumons pleins que s'ex& cute ce mouvement du ventre pour baratter cesdeux éner-

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gies. Il se fait obligatoirement dans un sensprécis; celui du mouvement péristaltique des intestins. La consciencese déplace en montant sur la droite de l'abdomen, passe latéralement de droite à gauche pour descendresur la gauche,puis revient en bas à droite. Elle entraîne un mouvement physique, qui au départ est assezanguleux, pour obtenir une translation en haut de droite à gauche et en bas de gauche à droite. Avec l'entraînement ce mouvement s'assouplit et le rectangle se transforme en un cercle ayant Pour centre le nombril. Le mouvement tout d'abord très physique deviendra par la suite plus mental, atteignant ainsi en profondeur les plans de conscienceplus subtils. Mais, là encore,il ne faut surtout pas vouloir brûler les étapes. Ce n'est qu'après avoir acquis un certain automatisme sur le dense qu'il est possibled'aller vers le subtil. * Ainsi je recommande,pour commencer,de s'entraîner à baratter non pas en apnée inspiratoire mais en respirant. Inspirer par la narine droite en montant à droite. Passerpendant la rétention de droite à gauche.Expirer par la narine gauche en descendantsur la gauche.En vide de souffle passerde gaucheà droite, etc. Lorsque le mouvement abdominal est réalisé avec souplesseet aisément,faire une inspiration en deux temps, Ia consciencesituée aux narines: un demi à gauche et un demi à droite. Ainsi consciemmentles deux prânas lunaire et solairesont dirigés à droite du ventre,en bas,Pour réaliser le mouvement de baratte durant la rétention du souffle en comptant trois tours. Le dernier se termine en montant sur la droite. IJexpiration se fait ensuitepar les deux narines,puissamment, en descendant pour percuter le chakra racine, mûlâdhâra.

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Réaliser séparémentcet entraînement jusqu'à obtenir l'automatisme et la souplessenécessaires. * Lorsque les éléments qui constituent cefte respiration barattée ont été travaillés séparément,pour être assi. milés et ne nécessiter aucun effort de remémoration en ayant acquis un relatif automatisme, son exécution se fait par le prânâyâmasuivant: Pûraka.Prise d'énergie dans une inspiration syncopée en trois, la penséeportée aux sourcessur l'infini: - 7/Z lunaire, par la narine gauche en exécutant simultanément la crossegauche du ventre,la penséemaintenue sur la gauche du sexe(testicule ou ovaire), - 1/g solaire, par la narine droite, en exécutant simultanément la crosse droite du ventre, la pensée maintenue sur la droite du sexe(testicule ou ovaire), - 1/3 par les deux narines,mélange lunaire'solaire, en descendant en arrière du buste et en remontant sur le devant, dans le plan sagittal, la penséeenglobant tout le sexe. Kumbhâkaintérieur.Se fait en rétention de souffle, en barattant les énergies en mouvant le ventre durant trois tours et en prononçant mentalementle mantra: OM MANI PADMEHUM.Le HUM se termine en haut à droite. Réchaka.Se fait en expirant par les deux narines, la pensée conduisant l'énergie sur mûlâdhâra pour percuter ce chakra en prononçant mentalement le mantra LAM ! Il est évident qu'une telle respiration a des effets extraordinaires du fait de la puissanceet des diverses qualités pouvant être accumuléesdans le prâna puisé aux sources d'une part et de l'imagerie mentale utilisée sur le sexe d'autre part, ainsi que des mantras prononcés mentalement. Le tout agit en effet profondément sur les plans

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subtils. Au fur et à mesure que l'adepte progresse dans la relaxation comme dans la concentration,le développement des sens subtils et la maîtrise du souffle, une telle respiration, on le conçoit, aboutit à une transformation réelle et durable de tout l'organisme,sur tous les plans.

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Exercice36 Les respirations : tamasique, raiasique, sattvique (Polarisation de l'énergie par les trois gunas) Nous avons vu précédemment, dans l'exero,ce 2'1,, l'utilisation des trois modalités d'expression de l'énergie que I'on nomme les trois gunas en sanscrit. La théorie des trois gunas est fondamentale dans la pensée indienne. Elle permet une dassification tripartite appliquée à bien des choses,comme par exemple les trois âges de la vie. Dans la nature on observe ce chiffre couramment. Uarbre a sesracines, son tronc et sa ramure. On taille les arbres fruitiers en espalier et les rosiers au troisiè me æil, etc. Chez l'être humain: le corps, l'esprit et l'âme, les trois étages du visage avec le haut (vie intellective), le milieu (vie affective), le bas (vie instinctive). Chaque membre a trois parties. Le membre inférieur comprend la cuisse,Ia jambe, le pied. Ce dernier est composé du tarse, du métatarse, et des orteils comprenant eux-mêmes trois phalanges,exception faite du gros orteil. Le membre supê rieur comprend le bras, l'avant-bras et la main. Celle'ci est composéedu poignet, de la paume et des doigts. Ceux-ci, comme le pied comprennent trois phalanges et le pouce qui, apparemment n'a que deux phalanges corune le gros orteil du pied en a en réalité une troisième insérée dans la paume. Tout ceci est bien connu et utilisé en morphopsychologie. Les exemplespar ailleurs sont innombrables dans la nature. Mais le langage que nous tiendrons à ce sujet serauniquement à propos de l'énergie. Les trois gunas en énergétiquesont représentéspar le fléau d'une balance avec ses deux plateaux accrochéspar des chaînes à chaque extrémité. Lorsque celui de gauche descend, celui de droite monte et le fléau s'incline vers la gauche.

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A gauche, Cest la représentation de TAMAT force d'inertie, condensatrice, créatrice, qui matérialise, qui donne forme au sans forme. C'est aussi Ia matrice,le féminin,la réceptivité. A droitg CestItAfAS,force active, sublimatrice, qui de la forme, de la matière, retourne au subtil, au sÉrnsforme. C'est aussi l'image du phallus,le masculin,l'émission. Le tamas est inn, négatif,lunaire, froid et humide. Le rajas est yang, positif, solaire, chaud et sec. Mais cesdeux forces opposéessont en réalité compl6 mentaires. C'est Ia nuit et le jour, Cest la femme et l'homme. En réalité rien n'est complètement inn ou yang. Dans chaque homme il y a une proportion féminine et dans chaque femme une proportion masculine. Les proportions différentes font qu'il y a des hommes efféminés et des femmes viragos ! SATWAest Ie troisième gunas. C'est lorsque le fléau de la balanceest horizontal. Il ne penche ni d'un côté, ni de l'autre. Les deux forces sont en équilibre. Cependant cet état est constamment relatif et instable. Il est pourtant celui recherché par tous les yogins. I- adepte en approche dans les états de méditation, mais en réalité la cessationde vie paraît être le seul moyen de réaliser un état sattvique permanent et encore... avant la décomposition du corps de chair ! fe penseque nous pouvons, par la pratique d'un yoga bien conduit, réduire ces brusques changements du haut vers le bas et vice versa. Il est possible d'obtenir dans un lâcher-prise profond, le calme et l'équanimité, nous rapprochant ainsi d'un équilibre qui sera toujours relatif, mais suffisant pour viwe harmonieusement dans la joie en nous laissant pénétrer d'Amour. Prenons un autre schéma représentant tout rythme. C'est une ligne horizontale sur laquelle nous traçons une sinusoide dont les hauts et les bas s'équilibrent de chaque

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côté de cette horizontale en la coupant. Au-dessus Cest rajas, en-dessousc'est tamas et la ligne ellemême symbolise sattva. Or tout est rythmÇ autour de nous et en nous, avec des fréquencesdifférentes et multiples. Même ce qui paraît inerte à nos senshumains limités vibre. Cela nous est révê lé par les appareils scientifiques modernes. Quelle complexité, mais aussi quelle merveille ! Le yoga de l'énergie s'emploie à utiliser ces trois gunas de façon efficiente. Respectercesrythmes dans notre comportement quotidien est indispensable. Savoir dépenser son énergie à bon escient dans les périodes yang, et recharger nos batteries vides durant les périodes inn, Cest logique et Cest faire preuve de bon sens.C'est aussi deve nir plus efficient. De plus, Ie yoga bien conçu et bien conduit doit couper les pointes, qu'elles soient rajasiques ou tamasiques, pour tendre vers le sattva, vers la ligne horizontale. Avezvous remarqué, en effet, que plus une joie est violente, plus la déception qui lui succèdegénéralement est douloureuse? Pourtant on les recherchecesjoies débordantes! Certes, il n'est pas question de cultiver la tristesse.Mais il y a des joies sattviques qui ont une telle profondeur et en même temps une telle délicatesse,un taux de fréquence vibratoire si élevé, qu'on pénètre dans les plans les plus subtils sans aucun risque de désillusion. On saisit alors, en le vivant, ce qu'est le sattva. Prenons une autre image en traçant ce merveilleux symbole de la croix: une portion de droite horizontale et une autre verticale la coupant en son centre. En partant du centre, la ligne qui descend verticalement symbolise tamas.La ligne horizontale c,estrajas; l,activité ou la régressionsuivant qu'elle va, partant du centre vers la droite ou vers la gauche. Enfin la ligne qui monte verticalement à partir du centre, Cest sattva. Il symbolise dans ce cas, non plus l'équilibre conune en énergétique,

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mais le stade ultime du yoga, la montée vers les états dêtre supérieurs. Rajas Cest "avoit'' et sattva Cest "êtd'. Il est bon de ne jamais oublier cette interprétation de sattva. On la retrouve d'ailleurs implicitement dans le schê ma de la sinusoide. Par le yoga, travailler le souffle et acquérir le calme de l'esprit pour réduire progressivement la distance entre les courbesde la sinusoïde et la ligne horizontale, Cest tendre vers le sattva. Il nous faut toutefois savoir que le sattva parfait, symbolisé par la ligg," droite horizontale s'identifie avec l'état de retour au non-être. Autrement dit nous pouvons espérer atteindre des états supérieurs par un travail vibratoire sur les plans subtils, mais dans la limite de notre dimension humaine, sans jamais oublier le support indispensable de notre corps de chair. Ce long préambule, pour présenter les trois gunas, m'a paru nécessaireétant donné leur importance dans la pratique respiratoire en yoga et par ailleurs le peu d'explications écrites, généralementéparses,mises à la portée des étudiants. Mais revenons à nos trois gunas énergétiques. * Assis sur le sol les jambes croiséesdevant soi, ou simplement assis sur une chaise. Réaliser l'aplomb du corps dans la posture. Abaisser les paupières pour faciliter l'intériorisation. Tendre les bras sans raideur, les mains reposant respectivement sur chaque genou. Pratiquer quelques respirations prâniques synchroniséesavec le mouvement du regard intérieur et le déplacement de la conscience. Se situer ensuite en pensée au point source et diriger la consciencesur les narines. Constater que la respiration se fait par les deux narines. Fermer le poing droit et tourner la paume de la main gauche vers le haut. Maintenir l'attention sur cette paume.

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La respiration se fait réfloce et la conscienceétant focalisée cent pour cent sur la paume de la main gauche,le reste du corps est oublié ou tout au moins mis en arrière plan. C'est cela la concentration. Si vous poursuivez l'exercice quelques minutes, les sensations qui vous parviendront de la paume seront de plus en plus fortes et précises.Si, durant ce temps,la pensée ne manifeste aucune velléité de vagabondage bravo! Cest que vous avez déjà obtenu une bonne concentration. Si ce n'est pas le cas, il faut vous reposer un instant et reprendre l'exercice, avec persévérance, aujourdhui ou les jours suivants. Sinon, continuez l'exerciceen portant une partie de la consciencesur les narines pour être témoin de la respiration qui se fait réflexe, et l'autre partie sur la paume de la main gauche. Vous réalisez ainsi une concentration dualiste qui gymnastique la conscience.Simultanément vous percewez la sensation de l'air qui pénètre dans les narines et celle de souffle chaud ou froid sur la paume de la main gauche, dans son creux. Continuez quelques minutes pour que ces sensations s'enregistrent en vous, dans votre mémoire et dans tout votre être. C'est cela le vécu. Ainsi comprendrez-vous que le savoil, l'acquis intellectuel et la compréhensionmême des causesn'est pas l'essentiel. Celui-ci est de faire vibrer, soit en utilisant le souffle et prâna, soit par l'émotion ou la pensée,tous les plans de consciencedu plus dense au plus subtil. Ainsi s'étoffe la mémoire et se meuble le subconscient. Avec davantage de précision, concentrer ensuite la pensée(trâtaka) sur la narine gauche,tout en maintenant le contact avec la paume de la main. Respirez avec aisanceet allongez progressivement le souffle. Amusez-vous, durant l'exercice à donner alternativement plus d'importance aux sensationsvenant de la main ou à cellesvenant des narines. Vous acquerrez ainsi une maîtrise de la conscienceet amê liorerez votre concentration.

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Ainsi se pratiqu€, Pû la narine gauche, la resPiration tamasique. Avec I'entraînement, très vite, il ne sera plus nécessaire de porter l'attention sur la main gauche.La consciencese gymnastique avec souplesseet avec une très grande facilité. n r"ffit de diriger Ia conscienceà gauche, soit sur le frontal gauche, soit sur la narine gauche ou ne serait-ce qu'à un millimètre de la ligne médiane du front. Lorsque vous pourrez rester un temps suffisamment long dans cet exercice, la respiration s'effectuant par la n"rine gauche donnera une prédominance de plus en plus tamasique à votre ambiance qu'il vous sera facile d'apprê cier. Vous reprendrez l'exercice et, mettant l'accent sur les sensations vécues, vous mobiliserez cOnSciemment,alternativement, vos sens subtils pour définir les diverses quatités du tamas. Ce sera autre chose que de les apprendre par cæur dans un livre. Vous les viwez bien au-delà de votre mental analytique. Une fois vécues Par vous elles seront enregistréesde façon indélébile dans votre subconscient. Vous dewez toutefois vous méfier du tamas dont la qualité la plus évidente est la force d'inertie. Surtout si dans votre personnalité le tempérament dominant est lymphatique-sédentaire,lequel est fortement qualifié d'inertie. Aussi-dans votre enffaînement prévoyez de travailler un certain temps alternativement d'un côté et de l'autre, Cestà-dire sur la narine gauche et sur la narine droite. Si vous êtesbilieux, "yan(' ,commencez par la gauche.Si vous êtes lymphatique, "inr(', commencez Par la droite. Apprenez ainsi à mieux vous connaître et Prenez consciencede vos ambiances successives.C'est Ia voie du contrôle et de la maîtrise de soi. Le tamas est donc qualifié d'inertie, conven:rnt aux excités pour Ies calmer. Il dédenche aussi dans le plus grand calme une ambiance favorable à la réceptivité. On

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constate chez un grand nombre de "voyants" un apport important du tempérament lymphatique parmi les quatre tempéraments qui constituent chaque individu. Du fait de cette inertie et de cette réceptivité il symbolise le féminin, la matrice et la création; prâna pris à sa source tamasique lunaire, Cest l'énergie créatrice. * Tout le travail qui a été executépar la narine gauche est à faire par la narine droite, suivant le même processus. Ainsi se pratiqu€, pt la narine droite, la respiration raiasique. Au début il est conseillé de rester suffisamment longtemps du même côté pour arriver à bien sentir la spécificité de l'énergie utilisée. C'est là que le sujet ttinrr" doit se méfier de l'inertie du tamas et le sujet "yan{' de la dynamisation, voire pour certains pratiquants de l'excitation du rajas. Lorsque l'on perçoit réellement, en dehors de toute imagination, avec certitude la différence entre les deux ambiances tamasique et rajasique, il est sage de travailler alternativement, de côté et d'autre durant le même temps. Sans vouloir jouer à l'apprenti sorcier, l'adepte qui commence à apprécier les ambiances,va pouvoir, suivant ses tendancestempéramentales,doser ces temps de façon variable. Suivant qu'il est "inn" il resteraun peu plus longtemps à droite ou s'il est "yang", davantage à gauche.Ainsi il réalisera waiment une ambiancesattvique. * Par ailleurs, la respiration sattvique utilise les deux narines simultanément. Pour cela il faut avoir conscience de prâna, comme dans les deux respirations précédentes tamasique et rajasique,mais en même temps maintenir une partie de la consciencesur les deux narines. En d'autres termes, il y concentration dualiste sur les detu<narines, " les précédentesle trâtaka se fait exdusivealors que dans ment sur l'une ou sur l'autre.

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Ainsi se pratiqu€, pû les deux narines, la respiration sattvique.

Application: 1 - En position assise correcte, le corps d'aplomb, le mental stabilisé. Exécuter le prânâyâma suivant: Se concentrer sur le sommet de la tête, sur sahasrâra, par où entre prâna dans le corps de l'énergie. Pûrala triple sur sahasrâra: inspirer '1, /3 par la narine gauche, 1/3 par la droite, 7/3 par les deux narines. Kumbhâluintériar sur le point source,en maintenant un certain temps en suspension de souffle, sans crispation et en gardant consciencedu prâna capté sur sahasrâra. Réchaluen percutant âjnâ et en expirant sur l'ambiance frontale. Kumbhâkaextérian sur l'ambiance frontale, en apprê ciant celle-ci. 2 - Utilisation des crossesfrontales. Comme nous l'avons vu et expérimenté dans l'exercice 35 avec la respiration barattée, le procédé qui consiste à diriger prâna en enroulant des crossesrenforce considérablement la puissancede ce prâna. Les crossesabdominales ont une action puissante sur les chakras ombilical et abdominal, ainsi que sur le chakra racine et sur le sexe. Les crossesfrontales ont une importance équivalente au niveau du psychisme et mettent en évidence l'action du regard pour conduire l'énergie avec davantage de puissance sur les plans subtils. * Se concentrer sur le point supérieur frontal à la racine des cheveux. Poursuivre cette concentration sur la ligne médiane du front qui joint ce point supérieur frontal au point situé entre les sourcils.

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Puis se concentrer sur la partie gauche du point supê rieur frontal. Constater que la respiration se fait immédiatement par la narine gauche. Le regard s'est porté également sur ce point. En réalit4 ce sont les indriyas qui vont suiwe ce parcours. Les mobiliser et inspirer en faisant descendre Ie regard sur la gauche de la ligne médiane du front: un millimètre suffit. C'est la hampe de la crosse. Faire trois tours de droite à gauche à la hauteur du front en enroulant la crosse vers le centre du frontal gauche. Marquer un temps de rétention en détente. Pendant ce temps tracer l'image mentale de la crossese déroulant dans l'autre sens, de gauche à droite. Puis expirer en déroulant la crosse de gauche à droite, la fin de l'expiration s'effectuant sur la hampe de la crossede bas en haut. Marquer un temps d'arrêt, puis recommencerl'exercice plusieurs fois afin d'acquérir un automatisme pour que le mouvement devienne de plus en plus souple, n'entraînant aucune crispation. Faire de même sur le côté droit en enroulant Ia crossesur le frontal droit de gauche à droite.

EXP

INSP

* Remarque:Si l'exercice provoque une fatigue des yeux, Cest que l'exécution s'est faite trop sur le plan physique, entraînant des crispations. Mettre'les paumes des mains "en coque" devant les paupières abaisséeset respiI

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rer calmement en visualisant blanc, puis gris et bleu clair pour terminer. Par ailleurs, je peux attester que cette pratique bien faite est excellentepour la vue. * Réaliser une concentration simultanée sur le haut des deux hampes, à gauche et à droite du point supérieur frontal. Inspirer en descendant la consciencesimultanément sur ces hampes et enrouler les crossesen comptant trois tours sur le frontal gauche et le frontal droit. EXP

INSP

En rétention tracer f image mentale de leur déroule ment respectivementde chaquecôté. Puis expirer en les déroulant simultanément pour aboutir sur les deux hampes parallèles de chaque côté de la ligne médiane du front. Pratiquer jusqu'à obtenir souplesse et facilité. S'exercerd'abord à gauche, puis à droite et enfin avec les deux simultanément, à dérouler les crossescouune un ressort bandé qui se déploie avecpuissancedès qu'on le lâche. * Reprendre le prânâyâma précédemment exécuté en (1) mais en utilisant les crosses frontales. Terminer en appréciant l'ambiance frontale résultante et sa différence de potentiel d'énergie.

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Exercice37 Les respirations huraire, solaire et huraire-solaire ou encorleshaktique, îshvarique, brahmique (qualification de l'énergie polarisee) C'est, comme pour les précédentes,l'utilisation des trois gunas. Mais tandis que celles-ci engendrent des prânâyâmas énergétiques et colorés dans lesquels, comme nous l'avons vu, les poumons ont un rôle important, ces présentes respirations utilisent des prânâyâmas psychiques. La penséea un rôle dominant et prâna puisé aux sourcesvibre à un taux de fréquence beaucoup plus élevé. On agit principalement sur les plans subtils et ces respirations vont permettre d'obtenir la liaison entre le subtil et le dense. Et grâce à elles, nous pourrons réaliser la liaison avec les sources. * Plus on avance sur la voie du yoga et plus la tenue dans l'aisance et la fermeté d'une posture assisecorrecte, en réalisant l'aplomb du corps, est nécessaire.Rappelons à ce propos que, si les postures de quiétude physique conune le lotus sont recommandées,elles ne sont pas indispensables. De nombreux occidentaux souffrent des genoux. Plutôt que de se martyriser à prendre coûte que coûte le lotus et d'obtenir une posture dans laquelle il leur est impossible de se détendre profondément, il faut qu'ils sachent que la position assisesur un siège convenable, le dos droit et les jambes à l'équerre est parfaitement valable pour eux. Il s'agit avant tout de tenir le co{ps d'aplomb, et d'obtenir l'aisance dans la fermeté. Voici pour le corps, et Cest important étant donné sa relation avec le psychisme. Mais le pratiquant doit aussi avoir obtenu un contrôle de son souffle, une concentration suffisante de ses pensées,et une ambiance de calme pour réaliser un lâcher-prise profond. Ces respirations nqsont pas à la portée des débutants en yoga. Seuls des adeptesexercéspeuvent en tirer un réel

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profit. Il s'agit, ni plus ni moins d'accéderau sansforme, de transcender le manomaya-koshapour pénétrer dans le vijnânamaya-kosha. Comme dans l'exercice précédent, l'adepte s'exercera dans un premier temps à respirer par la narine gauche. A ce stade il n'aura plus aucun effort à faire pour respirer par cette narine. Le seul fait de porter sa penséesur la gauche suffira. Il s'exercera donc, pour commencer, à maintenir la conscience sur l'ambiance lunaire située sur l'infini, âudessus de sa tête, à gauche. Cette concentration suffira pour que la narine gauche soit instantanément mobilisee. Rester quelques instants à assister,en spectateur,à la respiration qui se fait par la narine gauche. La consciencese répartit alors sur la narine et sur l'ambiance lunaire que l'on visualise en imaginant une petite lune brillante avec les caractéristiques que chacun connaît pour les avoir enregistrésdans sa mémoire. Elle est d'un blanc bleuté lumineux et donne une sensationde fraîcheur humide. Mais Cest de l'imagination direz-vous ! Oui, dans le bon sens du terme, en tant qu'imagerie mentale et remémoration. Cette ambiancelunaire est tamasique; Cestà-dire qualifiee d'inertie et également froide et humide, dense et réceptive. Ce sont toutes ces qualités que votre concentration vous permettra de puiser dans le pûraka, parce que vous avez développé vos senssubtils. Donc, s'entraûler, présentementà exercerséparément cessenssubtils pour ressentir effectivement, avec la vue le blanc bleuté, sa luminosité, et avec le toucher cette fraîcheur humide. Liodorat capte prâna et l'our'e et le gott s'ajouteront automatiquement lors du pûraka, pour renforcer la concentration lorsque tous les sms seront mobilisés simultanément.

Ainsi se pratique la respiration lunaire.

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Le même exercice s'exécutera ensuite, suivant le même processus,sur l'infini à droite. La respiration s'installera, pour ainsi dire automatiquement par la narine droite. Maintenir la consciencesur l'ambiance solaine,en visualisant un petit soleil rutilant, chaud et sec. Rester alors, en spectateur, brandré sur cette source d'énergie rajasique, la conscienceenglobant et reliant ce soleil et la narine droite. Puis se concentrersur cette sourceen mobilisant séparément la vue et le tact pour apprécier la luminosité rouge et brillante, puis le chaud et le sec,qui caractérisentle rajas. Détecter et apprécier également ce dynamisme qui pousse à l'action et cette légèreté qui sublime. Liodorat continue à deceler prâna, et l'oui'e et le goût s'ajoutent aux précédents sens pour parfaire la concentration dans une mobilisation simultanfu de tous les senssubtils. Ainsi se pratique la respiration solaire. De la même façon, en dualité de concentration, se brancher simultanément sur les deux sources lunaire et solaire. Porter une partie de la consciencesur les deux narines et sentir prâna entrer et sortir. Toujours suivant le même processuset sans précipitation, s'habituer à rester en état de réceptivité, dans cette ambiance,conscientde la respiration qui se fait équilibrée par les deux narines et conscient également de ces deux sources lunaire et solaire. Il est important de bien visualiser l'image de ces deux astres, avec leur spécificité.La concentrationjoue ici un rôle dominant. C'est une dualité de concentration à laquelle il faut s'entraîner un certain temps. Il est toujours utile et souvent nécessairede reprendre à la base des exercicessimples qui développent les sens subtils, les indriyas en sanscrit. Il ne s'agit en aucun casde brûler des étapes.Tout ce travail respiratoire, comme tout ce qui va suiwe, exige d'être rigoureux et honnête avec soi-même. Il ne suffit pas de vouloir

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apprendre ou compnendre.Il faut surtout faire. Sansse lasser, avec persévérance, revenir aux exercices de base. " Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage" (Boileau)..... C'est par une pratique assidue que sans cesse la concentration s'améIiore, sÉrnscesseles sens subtils s'affinent et s:rns cesse la conscience s'élargit. Il faut obtenir I'instantanéité dans la concentration et dans la différenciation des ambianceslunaire et solaire. Ainsi se pratique la respiration lunaire-solaire. * Application: En position assise correcte, le corps d'aplomb, le mental stabilisé. Reprendre I'exercice de la leçon 36 sur les crosses frontales. S'exercerd'abord à gauche,puis à droite et enfin des deux côtés simultanément à dérouler les crosses comme un ressort bandé qui se déploie avec puissancedès qu'on le lâche. Mais cette fois, sur une longue expiration, laisser les indriyas et la consciencepartir avec aisance,Propulsés très haut jusqu'à l'infini, comme si les hampes des crossesétaient des tubes de lancement de fusées........ Revenir sur inspiration en enroulant chaque crosse sur la partie frontale sur laquelle on travaille. Puis faire de même sur les deux côtés simultanément. La conscience, comme les indriyas qui en font partie, s'assouplissent de façon extraordinairg allant du frontal gauche à la source lunaire, du frontal droit à la source solaire, et simultanê ment du frontal gauche et droit à la source lunaire-solaire. C'est un trajet aller et retour qui s'accomplit très vite avec facilité, synchronisé avec les respirations par les narines correspondantes. * Prânâyâma: Pûralu triple, 1/3 lunaire, '1./3solaire, 1/3 lunaire solaire sur Ia source cosmique,en utilisant les crossesfron-

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tales gauche et droite, puis simultanément gauche.droite. l.ientraînement consisteà prendre effectivement, grâce à la mobilisation des indriyas et à la concentration de la pensée, les qualités différenciées de ces sources. Ainsi le prâna puisé à cessourcesa déjà qualités et puissance.Les crosses vont accentuercette puissance. Kumbhâkaintérieur, au point source où on s'habitue, progressivement, à rester en suspension du souffle, sans crisper, et en gardant consciemmentles qualités et la puissancede prâna pris aux sources. Réchakasur l'ambiance frontale, en percutant âjnâ au passage.Cette percussionest une intervention rapide de la volonté agissantdans 1/10 ème de seconde,comme pour Percer. Kumbhâkaextérieursur cette ambiance frontale pour en apprécier la modification. Cette appréciation d'ambiance sur laquelle nous ne pouvons revenir ici a été érudiée en particulier dans mon récentouvrage: " Un chetninpour l'èrenouaelle. LePetitPouceten marche aersIa sérénité". Un lexique, à la fin du livre, donne cette définition de l'ambiance. Uambiance est couramment comprise comme l'atnosphère qui edste autour d'une personne, ou qui se dégage d'un groupe, d'une assemblée,d'un milieu dans lequel on vit. En yoga, ce peut être aussi notre ambiancepersonnelle, ce qui sous-entend mieux nous sentir, mieux nous connaître pour pouvoir nous améliorer. C'est en fait le point de départ pour juger de notre transformation, de notre évolution. Dans tous les cas l'appréciation de l'ambiancese fait par l'intermédiaire de nos sens.D'où l'intérêt du développementdes indriyas. C'est pourquoi, dans la pratique du yoga de l'énergie, l'appréciation de l'ambiancerevêt une si grande importance.Si on en prend conscience,on a la possibilité, soit de s'en

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couper pour s'en protéger si elle nous est néfaste,soit de la modifier si on le juge nécessaireet que ce soit dans nos possibilités. Uambiance est plus ou moins qualifiée. L'intérêt Cest de prendre conscience de cette qualification pour pouvoir le cas échéant la modifier, soit dans sa puissance, c'est-àdire son potentiel énergétique, soit en faisant varier sa qualité. On utilise dans ce cas les trois modalités d'expression de l'énergie,les trois gunas.

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IITI.;

Exercice38 La respiration universelle. Uambiance créatrice Le "Principe de Correspondance" d'Hermès Tiismégiste (le trois fois grand) est bien connu: 'Tout ce qui est en Haut est comme ce qui est en Bas; et ce qui est en Bas est comme ce qui est en Haufl'. Les trois plans: corps, esprit et âme, qui constituent tout être humain, en Bas, sont-ils à l'image de ce qui est à notre origine, d'où nous sommesissus,en Haut? Peut-on imaginer, conune nous le suggèrent les yogîs, l'ambiance créatrice composéeégalement de trois plans en Haut, sur l'infini au-dessusde notre tête, en relation avec les trois plans en Bas,en nous ? Concevons un plan inférieur en relation avec notre corps, un plan moyen en relation avec notre esprit, et un plan supérieur en relation avec notre âme. Jevous demande d'adopter un instant ce vocabulaire, même si cestermes ne sont pas ceux qui vous conviennent. fe me méfie de plus en plus de cesdialogues de sourds, où chacun reste sur sespositions, sansécouter l'autre, simple ment parce que le même mot n'a pas la même signification pour l'un et pour l'autre. Le summum de l'incompréhension est atteint lorsqu'on a affaire à des cérébraux au mental analytique dominant et forcément restrictif, qui poussent l'esprit d'analyse à l'excès; ceux que le Dr. Camille Streletsky nomme de façon cocasse des "scalpeurs de puce"! Mettons-nous d'accord sur le vocabulaire que nous employons, en faisant preuve d'indulgence, si nous voulons nous comprendre. Il faut bien se pénétrer du principe que tout vibre dans le monde manifesté, en nous et autour de nous. Mais suivant les plans plus ou moins denses la vibration a un taux de fréquence plus ou moins élevé; peu élevé sur le dense et de plus en plus élevé vers le plus subtil.

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Il faut savoir aussi que nos sens humains sont très Iimités. Ainsi nous ne soûunes pas conscients de sensations, au delà et en deçà d'une certaine éùelle de vibrations trop élevéesou trop bassespour nos sens humains. Certes, en pratiquant le yoga nous développons nos indriyas, mais nous restons dans ce domaine très souvent inférieurs à beaucoup d'animaux. Cependant, Cest en différenciant par la vibration ces divers plans que nous pourrons, grâce à notre pratique du yoga, avoir la certitude que ces plans qui nous composent existent réellement, et vérifier l' hypothèse de ces mêmes plans sur l'infini au-dessusde notre tête. Vous comprenez, à ce stade de votre entraînement, l'importance de cesrespirations et la nécessitéd'un entraînement progressif dans la réalisation. Cela va bien au-delà de toute compréhension et d'un acquis intellectuel si haut soit son niveau. Tout dans l'être humain, y compris le corps dense, doit participer. Celui-ci étant le support indispensable, lequel doit être solide et équilibré. Plus on veut construire haut, plus il faut que les fondations soient solides. Ce principe est bien connu, mais il s'agit de l'ap pliquer. En conclusion il faut constamment, quel que soit notre âge, veiller au fonctionnement harmonieux et équilibré de notre corps. I1 faut également apprendre, à ce propos, à doser nos efforts et nos efgences avecbon sensselon cet âge. En prenant consciencede ces trois plans sur llinfini, nous allons vivre très haut. C'est pourquoi je pense qu'il n'est pas inutile de rappeler à ce sujet la nécessitéd'entretenir une base solide. Voyons maintenant comment vibrer réellement à cette hauteur vertigineuse sans que cela soit pure imagination. Reportez vous à la leçon 28 dans laquelle nous avons traité du triangle des narines. Nous avons vu que l'on pouvait utiliser consciemment trois étagesdifférenciés; en bas des narines près de la

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lèvre supérieure, au milieu, et en haut, Cest-à-dire à la pointe du nez. Cela correspondait aux tnois étages respiratoires bien connus: respirations basse (ventre), moyenne (poitrine) et haute (tête). D'auEe part cestnris respirations, si on les exécute séparément, nous font prendre conscience des trois plans: physique (dans le ventre), psychique (dans la tête) et émotif ou spirituel ( lotus d'or, dans le cæur). Si en respirant nous nous concentrons sur la pointe des narines, nous provoquons une respiration haute sousdaviculaire. Si en même temps nous portons la majeure partie de notre concenraûon sur l'infini au-dessusde notre tête, l'autre partie restant à la pointe des narines, nous nous situons sur le plan supérieur de l'ambiance créatrice.Prâna vibre alors à un taux de fréquence très élevé. Comment puis-je affirmer cela? Vous pouvez vous en assurer en le faisant vous-même. Il faut pour cela que vos sens subtils soient suffisamment développés, que votre concentration également soit suffisante, le tout s'exerçant dans un lâcher-prise profond. La maîtrise du corps, celle du souffle corune celle de la pensée sont les conditions préalables pour cette réalisation. Ce n'est évidemment pas un travail pour débutant. Mais si vous êtes engagé dans la voie du yoga, un travail persévérant vous conduira stre ment à cette réalisation, à la condition de ne pas vous disperser et de savoir être patient en travaillant sans vous lasser, "détachédu but de l'action". Après avoir respiré par la pointe du nez et pris conscience du plan supérieur de l'ambiance créatrice, il faut répéter l'exercice de nombreuses fois jusqu'à ce qu'il soit assimilé. Enregistrer alors dans sa mémoire cette ambiance spécifique. Puis, respirer de même, une partie de la pensée concentrée sur le milieu des narines provoquant une respiration moyenne et la majeure partie se situant sur l'infini au-dessusde la tête, en-dessousdu plan supérieur, sur le plan moyen. f'admets que celapeut paraître farfelu au petit mental analytique. Mais faites-enl'essai.Si vous avez réuni

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les conditions nécessairesci-dessusdécrites,vous constate rez que cela valait la peine d'être tenté. En nous concentrant pour terminer sur le bas des narines, nous provoquons une respiration abdominale. Si nous conseryonsune partie de notre penséeconcentréesur le bas des narines en portant simultanément la maieure partie de cette penséepour la concentrersur l'infini en dessous du plan moyen, nous déterminons ainsi le plan infê rieur. * Application: En position assisede votre choir le corps d'aplomb, le mental stabilisé. Abaissez les paupières et respirez calmement. a) Concentrez-vous sur deux points à la pointe de chaque narine, et simultanément sur le plan supérieur à l'infini au-dessusde votre tête. Prenezconsciencede la respiration et de prâna. Constatez que cette respiration est fine, légère et qu'elle monte d'elle même sans effort de votre part, vous faisant oublier votre schémacorporel. b) Concentrez-vousensuite sur deux poinæ situés au milieu des narines. Respirez de façon prânique en vous reliant au plan moyen sur l'infini. Appréciez la différence d'ambiance avec l'exercice précédent. Au besoin répétv, alternativement ces deux exercicesjusqu'à sentir la diffê rence d'ambiance entre les deux. Restez surtout objectif sansfaire intervenir l'imagination. c) Enfin concentrez-voussur deux points situés à la base des narines, près de la lèvre supérieure. Reliez-vous cette fois au plan inférieur sur l'infini. Sentezprâna, beaucoup plus dense. Il ne monte plus comme précédemment, mais à l'opposé il vous fait prendre consciencede votre corps physique. Renouvelezplusieurs fois cesexercicesen toute objectivité. Allez du plan supérieur au plan inférieur et vice et versa. Faites-lejusqu'à ce que vous ayez acquis la certitude de distinguer effectivement ces trois plans sur l'infini par

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ce procédé respiratoire, en faisant vibrer prâna à des taux de fr{uence différents. * Exercez-vousà assouplir la conscienceet à dévelop per les sens subtils pour apprécier rapidement les ambiances. Concentrez-vous sur l'ambiance gauche du plan supérieur, puis sur l'ambiance droite de ce même plan, et vice versa pour sentir la différence. Dabord lentement puis de plus en plus rapidement, jusqu'à l'instantanéité. Faitesde même sur chacun des trois plans en assurant consciemment la liaison, successivementavec l'ambiance et la partie des narines intéresséesuivant le plan. Ainsi se gymnastique la conscience, car vous restez toujours conscient de la respiration qui se fait soit par la narine gauche, soit par la droite, ainsi que de prâna qui vibre différemment. Concentrez-vous ensuite sur l'ambiance gauche du plan supérieur. Enregistrez cette ambiance dans votre mémoire. Puis faites de même sur l'ambiance gauche du plan moyen et ensuite sur celle du plan inférieur. Pratiquez de la même façon sur les ambiancesde droite. A l'inverse partez du plus dense, le plan inférieur et la base des narines, pour aller vers le plus subtil, le plan supérieur et la pointe des narines. C'est ainsi que vous acquerrez la certitude de l'existence de ces trois plans qui correspondent à ceux qui sont en vous. Cet ensemblesur l'infini constitue lambiance créatrice. C'est le grand co{ps et nous sonunes autant de petits corps. C'est le macrocosmeet chacun de nous est un micre cosme à son image. En d'autres termes, nous sommes une poussièredans ce Tout. Cependant, ce grand corps est bien composé de nos petits corps et la relation entre tous est constante. Ce n'est que notre mental analytique qui nous restreint et nous limite aux apparences concrètes. Uévolution de tout être humain n'est-il pas justement de

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prendre conscience de cette limitation et, dans notre incarnation sur cette terre, d'évoluer pour retnouver notre véritable dimension en nous identifiant au Tout? Que notre petite conscience individuelle édate enfin pour se dissoudre dans la conscience cosmique, conrme la goutte d'eau rejoint l'océan. Dans cette Ambiance Créatrice se trouve la Source Cosmique. Nous pouvons nous relier consciemmentà cette ambiance en puisant à la source cosmique par la respiration universelle. C'est ici ce travail respiratoire que je vous ProPose.

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UIMPORTANCE DU CORPS DU MENTAL (LE MANOMAYA-KOSHA). Tous les éléments qui composent l'être humain sont importants puisqu'ils sont constamment en interrelation. Lorsque I'un d'eux vient à manquer ou à mal fonctionneX, l'harmonie de l'ensemble s'en trouve perturbée. C'est ce qu'on appelle la maladie. Cependant cette importance est relative. Certains organes sont vitau>; d'autres ne le sont pas. Après un accident on peut survivre sansrate, mais pas sanscæur ou sans foie. Certaines parties du corps sont également indispensables,mais pas toutes. Certains rescapésvivent sans bras ou sansjambes, mais pas sanstête. Il y a donc une hiérarchie dans le corps humain comme dans tout organisme et dans toute constitution. Le Dr. Thérèse Brossedans "La Conscience-Energie,strucflrre de l'homme et de l'univers" a mis en évidence cette loi bie logique de subordination des plans qui s'applique aussi bien à l'homme qu'à l'univers: "Il est maintenant possiblede aérifier expérimentale ment que Ia "Conscience-Energie", puissanceautonome,se manifætantà titre de "niamu supérieur"dela structurehumnine hiérarchisée,entraîne la subordinationdes nioeaux sousjacents conformémentà une loi dont Ia aiolation engendrele gâchiset le désarroidont nousslmmeslestémoins".(4) Cette loi biologique, incontestable,s'applique à l'être humain globalement. Ainsi le corps dense,corps physique, annamaya-kosha, peut-il être considéré conune niveau sous-jacent,subordonné au corps du mental, manomayakosha, niveau supérieur. Dans l'ensemble de la constitution de l'être humain ce même corps du mental, est évi(4) Dr. ThérèseBrosse- La Conscience.Energie,structure de I'homme et de I'univers - Ed. Présence.

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demment subordonné au vijnânamaya-kosha et à l'ânandamaya-kosha. C'est pourquoi dans notre pratiquerespiratoire, avec la respiration universelle, nous soûunesarrivés à un niveau supérieur dans lequel il nous faut impérativement avoir consciencede la structure de ce plan. Le corps du mental a une anatomie subtile aussi connue des maîtres orientaux que celle du corPs de l'énergie.

LE CHITTAINFERIEI.'R

ZôneTha Devant du'corps

LE CHITTA SUPERIEUR

Zône Interférenclefle

MUIâDHARA

SAHASRARA ,L'ENSEMBLE SAHASRABA

I

/ MUIâDHARA

MUI.ADHARA

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Celle-ci est composée de deux mentals ayant chactrn leur chitta respectif. Tous deux sont issus du centre de l'esprit, au point source. Uun est dénommé le mental inférieur (de par sa situation dans l'espacepar rapport à l'autre, mais sans attacher de sens péjoratif à ce qualificati0. On le représente dans l'espace par un cône dont la base est un plan vertical passant par le centre de l'esprit et dont le sommet est au centre d'âjnâ. Ce cône, lorsque nous sorunes assis est donc horizontal. Liautre, dénommé mental supérieur, est représenté par un second cône dont la baseest un plan horizontal passant par le point source et dont le sommet est au centre de sahasrâra.Ce cône lorsque nous sorunes assisest donc vertical. Le mental inférieur, à l'horizontale, est donc en relation avec âjnâ et avec le monde de la forme ou du créé dans lequel nous vivons. Son chitta relie âjnâ à mûlâdhâra. Or cesdeux chakras sont situés dans le corps de l'énergie, ce qui démontre bien l'interférence entre cesdeux plans,l'un psychique et l'autre énergétique; de même qu'âjnâ, dans le corps de l'énergie est en relation avec l'hypophyse, glande endocrine située dans le corps physique. Ce chitta est une véritable plaque sensiblesituée dans la partie antérieure du tronc sous les trois épaisseurs de peau. Il est lui-même composé de trois couches allant de l'extérieur (ventre et poitrine) vers l'intérieur du corps. La première est "inn" comme la partie antérieure du torse; la secondeest neutre et la troisième est " yart('. Ainsi les stimuli venant du monde de la forme percutent la plaque "inn" réceptive, traversent la plaque centrale plus ou moins dynamisfu (à la condition qu'elle ne soit pas neutralisée) et, parvenant à la plaque "yang" sont

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transmis, par l'intermédiaire d'âjnf à l'esprit via le mental inférieur. Par le mental supérieur, à la verticale, nous sonunes en relation au travers de sahasrâraavec le monde du sans forme, dans l'incréé d'où nous venons. Son chitta relie sahasrâraà mtlhâdhâra. Situé dans la partie postérieure du tronc il est aussi composé de trois parties disposées dans le même ordre que celui du mental inférieur. Mais sa partie "irul" est à l'intérieur du corps et se trouve ainsi face à face avec la partie "yart(' du chitta inférieur, appelé aussi chitta antérieur. Il y aura donc entre ces deux chittas; entre le "yan(' de l'inférieur et le "inn" du supérieur une interférence, comme entre le (+) et le G) d'une pile électrique. Remarquons que la partie "yart(' du chitta supérieur, appelé aussi ctritta postérieur, se trouve dans le dos, lequel est "yangi'. Ainsi constitué,le corps du mental, manomaya-kosha en sanscrit, forme un tout important qui nous montre la relation et l'interférence entre le plan physique dun côté et le plan spirituel de l'autre. Il est la charnière indispensable pour aller de l'un à l'autre. De plus, sa dualité nous aPParaît nécessaire.Par le mental inférieur qui nous met en relaton avec le monde concret de la forme, nous recevons de son dritta les stimuli venant de ce monde. Ils s'enregistrent dans la partie "yart(' de ce chitta que nous pouvons sup poser être le subconscientde nos psychologues modernes. Tândis que dans notre chitta supérieur est enregistrétout ce qui nous vient de notre hérédité individuelle et collective. En langage moderne, Cest en nous l'inconscient, c'est-àdire la partie immergée de l'iceberg. La partie interférentielle, entre les deux chittas, peut être comparee à un creuset dans lequel se rassemblent ces stimuli venant du chitta antérieur et toutes ces pulsions inconscientes,ces désirs, surgissant du chitta postérieur. Il

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en résulte ces forces qui nous font agir hélas, le plus souvent inconsciemment. Il est évident que tout cela passe ensuite par le cerveau dans lequel se trouve l'esprit lui-même, Cest-à-direla conscience,la discrimination et la commande. Mais la connaissancede cette anatomie subtile ne laisse-t-elle pas pensif, ne limitant pas au seul ceryeau tout ce processusde formation des pensées? Nous avons soudain la révélation qu'avec les chittas Cest le corps tout entier qui participe à la vie psychique. Cela ne va pas à l'encontre de la loi biologique de subordination des plans qui conserve toute sa réalité. Mais cela prouve indubitablement que la valeur du corps dense est aussi reelle et que nous sonunes dans l'erreur si nous le considérons corune partie négligeable dans notre évolution.

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Exercice39 Le triangle frontal de commandement Nous avons défini dans la leçon L8l'ambiance fiontale. Nous avons expérimenté qu'il y avait effectivement comme un écran frontal sur lequel s'inscrivait la résultante de nos ambiancesphysique, psychique et spirituelle. Avec l'entraînement et en développant notre attention et nos sens subtils, il est même possible de différencier chacune de ces ambiancesavec précision. La conception d'un triangle sur cet écan frontal va nous faciliter cette précision. Ce triangle fait partie de l'enseignement que m'a transmis mon maître Lucien Ferrer. )e suppose que son origine est dans le yoga tibétain auquel se référait ce maître, bien que celui-ci ne m'ait donné aucune précision à ce propos, ni aucune référenceà des textes.Cet enseignementm'a été transmis oralement.

Le sommet de ce triangle se situe au point supérieur frontal, à la racine des cheveux. Sa baseréunit deux points situés chacun sur une petite cupule que l'on décèle au centre de chaque arcade sourcilière. Ce triangle représente l'ensemble de la personnalité humaine avec sestrois plans, physique, mental, spirituel. Si on trace mentalement la médiane issue du sommet, on divise le triangle en deux parties. Celle de gauchereprê

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sente l'ambiance tha et celle de droite l'ambiance ha. Il suffira de percuter, par le réchaka d'un prânâyâma, le centre du triangle de gauche pour obtenir une ambiance tamasique ou celui de droite pour obtenir une ambiance rajasique. En traçant de même les deux autres médianes, on détermine six petits triangles qui constituent trois couples représentantles trois plans: physique en bas, psychique au milieu et spirituel en haut. Utilisant le prânâyâma, en percutant le centre de chacun de ces petits triangles, on agit avec précision sur chacun des plans de la personnalité. A gauche de façon tamasique, à droite de façon rajasique. Réciproquement, en état de réceptivité, on sera en mesure, en concentration sur ces triangles d'en percevoir l'ambiance spécifique. Il sera possible d'agir de même sur les systèmesnerveux ortho et para-sympathiques ou encore sur le système cérébro'spinal, en agissant sur les trois sommets ou sur le point médian de base. D'où cette appellation de triangle frontal de commandement (5). Application: En posture assise,lespaupières abaissées,après avoir réalisé l'aplomb du corps et le calme du mental: Faire ékâgratâ (concentration sur un point) sur le sommet du triangle au point supérieur frontal. Décrisper tout autour et maintenir un certain temps la concentration en respirant finement, de façon prânique. La concentration s'améliore au fur et à mesure que le reste du corps passeen arrière.plan. Lorsque le sommet du triangle est ainsi bien marqué, faire de même, en ékâgratâs successifs sur les deux sommets de base, sur chaque cupule des sourcils.

(5) L'enseignementdu Yoga de I'Eneqgie,seconddegré - R. Clerc - Ed. Cariscript. Paris.

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Faire un ékâgratâ double (simultanément) sur les deux sommets de base. Puis faire ékâgratâ triple sur les trois sommets. Toujours suivant le même processus,maintenir la concentration en respirant finement de façon prânique et en détendant constamment. Ainsi se déterminent de façon sensorielle les trois sommets du triangle frontal. Ces perceptions s'enregistrent dans la mémoire. Pour tracer les côtésdu triangle, il suffit en partant du point supérieur frontal, de déplacer la conscience de ce point jusqu'à la cupule de l'arcade sourcilière gaudre, puis sur celle de droite pour ensuite remonter sur la droite jusqu'au sommet. Simultanément avec ce déplacement de la conscience qui trace ainsi les trois côtésdu triangle, inspirer à partir du point supérieur pour tracer le côté gauche. C'est la narine gauche qui inspire. En rétention de souffle, la conscience trace la base du triangle de gauche à droite. Expirer, la consciencetraçant le côté droit du triangle. C'est la narine droite qui expire. Remnrque: Il est important de respecter ce sens qui descend sur la gauche pour remonter sur la droite. C'est en effet dans l'espace,sur un plan vertical la descenteà gauche de l'énergie créatrice, la Mère divine, Ia Shakti et sur la droite la remontée de l'énergie rajasique, sublimatrice. C'est le sens du grand souffle Shvara, lequel dynamise âkâsha la matià re primordiale. Dans ce sensil y a dynamisation. En respirant dans le sensinverse on obtient une décompression,une relaxation. Faitesen l'expérience.

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Exercice40: La liaison avec la Source Cosmique IJénergie est partout mais le yogî, comme nous l'avons vu, situe sa source sur l'infini au-dessusde sa tête. C'est là que prâna a une puissanceconsidérableet des qualités indescriptibles. La prise de consciencede cette source primordiale est également nécessairepuisque nous cherchonsà nous relier à elle. Pourquoi cette recherche? La création se conçoit par la transformation du plus subtil en matière dense. Liinvisible devient ainsi visible à nos senshumains limités. C'est le passagedu non manifes\ té au monde manifesté dans lequel nous vivons. Mais notre corps de chair est constitué également de plans subtils invisibles. Notre petit être humain n'est-il pas à l'image du grand Tout? Nous savons qu'en lui existent des roues, des chakras, qui heureusement transforment l'énergie venant des sources pour la rendre assimilable à nos frêles structures, sans risque de les détruire. Dans la diversité de la création, après les minéraux, les plantes et les animaux, l'homme arrive certes en tête avec son cerveau pensant. Mais en lui domine encore l'animal avecdes instincts puissants.Sa recherchene serait-elle pas justement de découvrir les moyens de se transformer à nouveau pour retourner à sa source,vers le subtil, vers le divin ? La prise de consciencede la source créatrice,la pratique d'une technique comme le yoga de l'énergie qui permet de se relier à cette source par des respirations, en faisant vibrer prâna à des taux de fréquence élevés pour se rapprocher de celui de la vibration initiale, vont dans ce sens. Aussi la respiration joue-t-elle un rôle primordial dans cette voie de la réalisation, du retour vers cette source créatrice.C'est le pourquoi de ce livre.

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Néanmoins il est bon d'en apprécier la difficulté et la complexité si l'on veut réussir. Rien n'est à négliger, nous venons de le voir, y compris dans le colps dense. Par exemple, la pratique assidue des dix-huit mouvements prê liminaires est une préparation conseillée dans le yoga de l'énergie. Elle assouplit le co{ps, développe la cage thoracique, améliore la circulation du sang et celle de l'énergie. Entraînant une respiration polarisée alternee, elle purifie Ies nâdîs dans le corps de l'énergie. Parallèlement, Cest un entraînement spécifique qui, en développant les sens subtils, améliore la concentration et permet une prise d'énergie à Ia source créatrice de plus en plus puissante et qualifiée. La pratique des crossesdonne encore plus de puissance, tant pour capter l'énergie que pour la conduire de façon précise dans les divers plans de conscience,en allant cette fois du plus dense vers les plus subtils. Application: 1 - Sensibiliser sahasrâraet assouplir la conscience sur le trajet point source vers la source cosmique. Faire trâtaka puis ékâgrâta sur âjnâ. Revenir en trâtaka et respirer de façon prânique en allongeant progressive ment le souffle. Stopper, pour porter ensuite une partie de la consciencesur sahâsrara.Sentir la relation entre les deux chakras. Situé au point source, se détendre sur sahâsrara. Tiacer ensuite l'image d'un cône qui a pour sommet le point sourceet dont la base se trouve sur f infini au-dessus de la tête. Sahâsraraest indus dans ce cône, près du sommet. Inspirer au point source et expirer longuement, Ia consciencemontant en hélice à l'intérieur du cône jusqu'à l'infini, dans le sens précis des aiguilles d'une montre. Celle'ci est placéeau-dessusde la tête, le cadran vers le bas.

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IN5P

EXP

Inspirer en redescendanten sens inverse jusqu'au point source. IJne autre image peut être utilisée Pour préciser le sens de Ia montée. On visse en montant sur l'expir et on dévisseen descendantsur l'inspir S'exercer en respirant longuement et finement de façon prânique. La respirationdevient de plus en plus sub tile. l,iexerciceévolue, intéressantle plan de l'énergie puis celui du mental. Cet exercice est très puissant. Il doit être dosé. Les pratiquants hyper-sensibiliséspar des médicaments ou des drogues doivent être prudents ou même s'en abstenir. Dans tous les cas il faut tonifier âjnâ au départ, car il est important de rester vigilant et constamment maître de la situation. Ajnâ, dans lequel résident les forces de volition, est dans ce cas très utile. Après un temps d'appréciation au point source,revenir se détendre précisément sur âjnâ. Puis, suivant Ie processusrecommandé,revenir sur manipûra,le chakra abdominal, pour respirer fortement de façon diaphragmatique.

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Enfin, reprendre consciencede l'ambiance frontale et après l'avoir appréciee, ouvrir lentement les paupières pour reprendre consciencede l'ambiance externe. 2 - En position assisede votre choix, réaliser l'aplomb du corps et le calme du mental. Maintenir les paupières abaisséeset tmdre les bras sans raideur, en appui sur les genoux. Se détendre sur l'ambiance frontale. En témoin assister à la respiration. Puis pratiquer quelques instants le mouvement du regard intérieur synchronisé avec la respiration, la consciencese déplaçant de bas en haut sur inspiration et de haut en bas sur expiration. Allonger le souffle en respirant finement de façon prânique par les deux narines. Puis laisser la consciencepartir sur l'infini au-dessus de votre tête sur une lente et longue inspiration, sansaucun effort et revenir de même dans votre corps sur l'expiration. Petit à petit, allonger les temps d'apnée inspiratoire et d'apnée expiratoire, sans compter, avec aisance,sans qu'il y ait la moindre crispation. Ce ne peut être réalisé que si le lâcher-prise est suffisamment profond. 3 - Lorsqu'on a obtenu l'aisance dans cet exercice, pendant l'apnée inspiratoire (kumbhâka intérieur) diriger la consciencesur la gauche et visualiser une sphère lunaire, avec sa couleur caractéristique.En mobilisant les sens subtils capter cette ambiance. La respiration se fait par la narine gauche.Expirer en descendantla consciencedans la moitié gauche du corps. Marquer en bas l'apnée expiratoire (kumbhâka extérieur) en appréciant l'ambiance du côté gauche du corps. Répéter cette respiration le temps nécessaire pour le réaliser avec facilité et ressentir effectivement l'ambiance tamasique dans la moitié gauche du corps. Faire de même à droite en visualisant une sphère solaire sur l'infini à droite durant l'apnée inspiratoire. Enfin reprendre l'exercice en respirant par les deux narines et en visualisant simultanément sur l'infini les

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deux sphères lunaire et solaire pendant llapnée inspiratoire. 4 - Après s'être familiarisé avec ces respirations et avoir obtenu l'aisance dans les respirations polariséesalternées,on pourra s'entraîner aux prânâyâmas suivants: Se concentrer sur la sphère lunaire, puis sur son principe en son centre. Mobiliser les indriyas simultanément. Cette concentration sur le principe est un ékagrata. Lorsqu'on a pratiqué les trois degrés de concentration (faible, moyen ou fort) en dosant l'intervention de la volonté, on l'ajoute suivant ce qu'on désire obtmiç à cette concentration de la pensée dans sa forme trâtaka ou ékâgratâ).(6) Prânâyâma: Pûraka mobile sur le principe lunaire. En passant par sahasrâra gauche tenir le kumbhâka intérieur sur âjnâ et faire le réchaka dans l'ambiance interne gauche. Kumbhâka extérieur sur cette ambiance pour l'apprécier. Le pûraka mobile consiste à inspirer sur le principe lunaire en prenant un prâna puissant et qualifié et, tout en continuant à inspirer, diriger la consciencesur sahasrâraen pénétrant sur sa gauche.Ainsi la respiration se fait unique ment par la narine gauche. Répéter ce prânâyâma plusieurs fois pour l'améliorer en se détendant entre chaque. Faire de même en puisant l'énergie sur le principe de la sphèresolaire. Têrminer en puisant l'énergie lunaire-solaire à l'aide d'un pûraka double: 7/2 inspiration gauche et 1./2 inspiration droite. Kumbhâka intérieur sur âjnâ en passant par le centre de sahasrâra. Réchaka dans la totalité de l'ambiance interne. (6) Yoga de l'énergie, 27èmeleçon - Roger Clerc - Ed. Le Courrier du Iivre. Paris.

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5 - S'entraîner ensuite à utiliser les crosses frontales pour capter prâna avec davantage de puissance. Prânâyâma: Comme préédemment, après avoir mobilisé simultanément les indriyas en ékâgratâ sur le principe de l'ambiance lunairg faire un ptraka mobile pour iunener prâna qualifié sur âjnâ en passant par sahasrâra, tout en enroulant la crossesur le frontal gauche. Kumbhâka intérieur sur âjnâ et réchaka sur l'ambiance interne gaudte, etc. Faire de même à droite, après s'être concentré sur le principe solaire, en enroulant la crosse sur le frontal droit. Terminer avec un pûraka triple: après concentration simultanée sur les deux principes lunaire et solaire, 1/3 inspiration gauche en enroulant la crosse sur le frontal gauche, 1/3 inspiration droite en enroulant la cnossesur le frontal droit, et 1,/3 inspiration par les deux narines en enroulant simultanément les deux crossessur leur frontal respectif. 6 - Utiliser simultanément les crossesfrontales et les crossesabdominales. Prânôyârna: Comme précédemment, après concenfiation sur le principe de l'ambiance lunaire, pûraka mobile en prenant prâna sur cette ambiance pour l'amener sur âjnâ en kumb hâka intérieur, mais en enroulant simultanément la crosse frontale gauche et la crosseabdominale du même côtÇ une partie de la conscience sur testicule ou ovaire gauche. Réchakasur l'ambiance interne gauche,etc. Faire de même à droite, après concentration sur le principe de l'ambiance solaire, en enroulant simultanê ment la crosse frontale droite et la crosse abdominale du même côtÇ en portant une partie de la conscience sur testicule ou ovaire droit.

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Terminer avec un pûraka triple, après une concentration simultanee sur les deux principes lunaire et solaire: 1/3 inspiration gauche en enroulant simultanément la crosse frontale gauche et la crosse abdominale du même côté, en portant une partie de la consciencesur testicule ou ovaire gauche, 1/3 inspiration droite en enroulant simultanément la crossefrontale droite et la crosseabdominale du même côté, en portant une partie de la consciencesur testicule ou ovaire droit, 1/3 inspiration simultanée gauche et droite, la consciencese déplaçant de haut en bas dans le dos et remontant sur le ventre (plan sagittal) l'attention englobant la totalité du sexe.(exercice35). 7 - Ajouter la respiration barattée. Prânâyâma: Reprendre le pûraka ftiple corune dans l'exercice précédent. a) * Concentré sur le principe de l'ambiance lunaire, pûraka sur ce principe. En pûraka mobile, 1/3 d'inspiration par la narine gaucheen enroulant simultanément crosse frontale et crosseabdominale gauches,une partie de l'attention sur testicule ou ovaire gauche. * Concentré sur le principe de l'ambiance solaire, pûraka sur ce principe. En pûraka mobilg 1/3 d'inspiration par la narine droite en enroulant simultanément crosse frontale et crosseabdominale droites, une partie de l'attention sur testicule ou ovaire droit. * Concentré simultanément sur les deux ambiances lunaire et solaire,1/3 d'inspiration par les deux narines,la consciencese déplace de haut en bas dans l'axe du dos pour remonter dans le plan sagittalsur l'axe du ventre,l'attention englobant la totalité du sexe. b) Kumbhâka intérieur en barattant le ventre de droite à gauche,en faisant trois tours dans le senspéristaltique des intestins et en prononçant mentalementle mantra:

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OM - MAI{I PADME - HUM Le HUM se termine en remontant sur la droite. c) Réchaka en expirant par les deux narines. Tout le temps d'une longue expiration,la penséeconduit l'énergie sur mûlâdhâra en percutant ce chakra et en prononçant mentalement le mantra LAM puis, de façon continue, suit le trajet des deux nâdîs principales, idâ et pingalâ, qui montent en s'enroulant autour de la colonne vertébrale. Continuer à expirer en déroulant les deux crossesfircntales, ce qui en sortant par sahasrârapropulse prâna vers l'infini. Ainsi se réalise le circuit de l'énergie prise à sa source, passant en nous et retournant à cette source cosmique. Remarque. Jene peux, dans ce livre sur la respiration, m' étendre sur le corps de l'énergie. Cela a été fait dans des ouvrages précédents.(7) Il me paraît toutefois indispensable de revenir succinctement sur le trajet des deux nâdîs idâ et pingalâ utilisé dans cet exerciceimportant. Idâ, nâdî lunaire, part de Ia gauche de mûlâdhâra et s'enroule en spires autour de la colonne vertébrale en faisant trois tours et demi dans le sens des aiguilles d'une montre, celle-ciétant vue à plat devant soi. Pingalâ, nâdî solaire,part de la droite de mûlâdhâra et s'enroule dans le même sensque idâ. Si l'on imagine la colonnevertébraleen transparence, idâ et pingalâ paraissent se croiser. Il n'en est rien car au même moment l'une est devant et l'autre derrière cette colonne vertébrale. (7) Yogade l'énergie.Roger Clerc - Ed. Le Courrier du Uvre. Paris. Trenteleçorssur la concentration.Roger Clerc - Ed. Cariscript. Paris. L'enseignement du yogade l'nergie. Seconildegré- Roger Clerc - Ed. Cariscript. Paris. Un cherninpourl'ère nouoelle.Roger Clerc - Ed. Cariscript. Paris.

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l DESSINDE ROBERTCOURæN

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Ces deux nâdîs se croisent sur âjnâ pour sortir respectivement par la narine gauche et la narine droite. La dernière partie du trajet, dans le plan sagittal à partir de la colonne vertébrale, constitue le demi tour. Les rois tours sont comptés autour de la colonne vertébrale dans le plan frontal. Pour sensibiliser ces deux trajets, s'entralner d,abord à déplacer la conscience. Mettre ensuite la respiration. Inspirer sur le point de départ sur mtlâdhâra, à gauche ou à droite, et expirer en montant avec la consciencechargée de prâna dans la nâdî choisie. Remarque importante: Il me paraît opportun de revenir maintenant à la purification de ces nâdîs dont je vous ai entretenus précédemment. Iiénergie pure que nous allons puiser à la source cosmique doit circuler logiquement dans des circuits euxmêmes exempts d'impuretés. ]e vous ai signalé l,intérêt de la pratique quotidienne de la série des dix-huit mouvements préliminaires pour purifier l'ensemble du corps de l'énergie. Au stade où nous en sommes maintenant, il convient de purifier consciemment cesdeux nâdîs principales. C'est en utilisant dur chacune de ces nâdîs trois prânâyâmascoloréssuccessifsde la façon suivante: (8) Pour Idâ: a) se concentrer au coin de l'æil gauche (point de départ du méridien de la vessie).Visualiserblanc. ptraka mobile en maintenant la visualisation de ce blanc sur le trajet du méridien et en descendant à gauche de la colonne vertébralejusqu'au bas.

(8) L'enseignementdu yoga de l'érurgie seconddegré- R. Clerc - Ed. Carirript. Paris.

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Kumbhâka intérieur en maintenant le blanc. Réchaka mobile en conduisant ce blanc dans Idâ, autour de la colonne vertébrale. Ressortir Par la narine gauche. b) Revenir au coin de l'æil gauche. Puraka mobile jusqu'au bas de la colonne vertébrale, à gauche en drainant les impuretés. Iæ blanc devient gris sale. Continuer à drainer les impuretés en réchaka, en remontant dans Idâ. Terminer en rejetant le tout à I'extê rieur, par la narine gauche. c) Revenir au coin de l'æil gauche.Visualiser un blanc brillant, très pur. Par un prânâyâma semblable aux précê dents, diriger ce blanc lumineux, maintenu en concentration, sur le circuit d'idâ. Pour Pingalâ: Même pratique en partant du coin de l'æil droit Pour conduire le blanc, puis Ie blanc devenant gris, et pour finir en blanc lumineux, en bas de la colonne vertébrale à droite. Remonter ensuite dans Pingalâ, autour de la colonne vertébrale pour sortir par la narine droite. Remarque:Il est reconun:rndé au pratiquant, dès que sa concentration s'intensifie, de purifier Idâ et de la revitaliser en la ctrargeant d'énergie lunaire, immédiatement après. Puis de faire la purification de Pingalâ seulement ensuite. La purification consécutive des deux nâdîs risque en effet de troubler plus ou moins profondément Ie pratiquant si sa concentration est forte, mais sa maîtrise insuffisante. En effet, si le blanc purifie il ne faut pas oublier qu'il neutralise également. 8 - Dans une position assisede votre choix, réaliser l'aplomb du corps et le calme du mental. Ce dernier peut-

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être réalisé rapidement avec le prânâyâma coloré de gris fumeux. Respirer finement de façon prânique. A l'aide du regard intérieur et du déplacement de la conscience,allonger progressivement le souffle. Lâcher prise de plus en plus profondément tout en restant vigilant sans le moindre effort. Le travail qui suit n'est possible que si cet état d'être réalisé est sur les plans de conscienceles plus subtils. Se concentrer sur le triangle des narines, conscientdu souffle et de prâna. Porter une partie de la consciencesur le sommet des narines et l'autre sur le plan supérieur situé sur l'infini audessusde la tête. Resterconscientde la respiration, et enre gistrer dans la mémoire le taux de fréquence vibratoire très élevé de prâna et l'ambiance qui résulte de cette respiration spécifique. Se concentrer simultanément sur la pointe de la narine gauche et sur le plan supérieur gauche sur l'infini. Respirer et rester suffisamment pour pouvoir apprécier l'ambiance résultante et l'enregistrer dans la mémoire. Faire de même sur la narine droite et le plan supérieur droit. Reprendre pour terminer la respiration du début avec la consciencesur la pointe des deux narines et le plan supê rieur sur l'infini. Apprécier la modification de l'ambiance. Faire le même travail en répartissant la consciencesur le milieu des narines et Ie plan moyen sur l'infini. Puis sur le bas des narineset le plan inférieur sur l'infini. Reprendre ce travail jusqu'à obtenir avec la rapidité d'exécution une parfaite différenciation des ambiances.

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9 - Ajouter les trois couples de triangles frontaux. Former le riangle frontal de commandement. Se concentrer sur les deux triangles supérieurs en respirant de façon prânique. Puis successivementsur les deux moyens et sur les deux inférieurs afin de sensibiliser et de différencier ces trois couples de triangles. Lorsque la sensation sera nettement acquise entre les triangles inférieurs et le physique, puis les triangles moyens et le psychisme etPour terminer les fiangles supê rieurs et le spirituel, relier chaque groupe au plan qui lui correspondsur l'infini. Rester sur chacun en respirant pour, toujours de la même façon, apprécier l'ambiance qui les caractérise, et que la mémoire s'en imprègne. Il sera relativement facile pour terminer, de prendre consciencesimultanément de la respiration qui en résulte aux trois niveaux des narines. 10 - Liaison: plans sur l'infini - triangles frontaux niveaux des narines. Prânâyâma: Pûraka triple: 1/3lunaire sur la gauchedu plan supê rieur sur l'infini, en relation avec le triangle supérieur gauche frontal et la pointe de la narine gauche, en enroulant la crosse autour du centre de ce triangle supérieur gauche frontal. Inspiration par la narine gauche. 1/3 solaire sur la droite du plan supérieur sur l'infini, en relation avec le triangle supérieur droit frontal et la pointe de la narine droite, en eruoulant la crosseautour du centre de ce triangle supérieur droit frontal. Inspiration Par la narine droite. 1/3 lunaire - solaire,en inspirant par les deux narines sur la totalité du plan supérieur sur l'infini, en relation avec le couple des triangles supérieurs frontaux et la pointe des narines, - en enroulant simultanément les deux crosses autour du centre de ces deux petits triangles.

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Enchaîner aussitôt, conune pour la respiration syncopée, avec le prânâyâma suivant: 1/3 lunaire sur la gauche du plan moyen en relation avec le triangle gauche au centre du front et la narine gauche en son centre, en enroulant la crosse autour du centre de ce petit triangle. lrspiration par la narine gauche. 1/3 Solaire sur la droite du plan moyen, en relation avec le triangle droit, au centre du front et la narine droite en son centre,en enroulant la crosseautour du centre de ce petit triangle. Inspiration par la narine droite. 1/3 lunaire'solaire, en inspirant par les deux narines sur la totalité du plan moyen sur l'infini, en relation avec les deux triangles au centre du front et le milieu des narines, en enroulant simultanément les deux crosses autour du centre de ces deux triangles. Enchaîneraussitôt avecle prânâyâmasuivant: 1/3 lunaire sur la gauche du plan inférieur, en relation avec le petit triangle gauche inférieur du triangle frontal et le bas de la narine gauche, en enroulant simultanê ment les crosses: a) frontale, autour du centre du triangle gauche infê rieur, b) abdominale, sur le côté gauche de l'abdomen, dans Ie plan frontal, une partie de la conscienceportée sur testicule ou ovaire gauche. Respiration par la narine gauche. 1/3 solaire sur la droite du plan inférieur, en relation avec le petit triangle droit inférieur du triangle frontal et le bas de Ia narine droite, en enroulant simultanément les crosses: a) frontale, autour du centre du triangle droit infê rieur, b) abdominale sur le côté droit de l'abdomen, dans le plan frontal, une partie de la conscienceportee sur testicule ou ovaire droit. Respiration par la narine droite.

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1/3 lunaire-solaire en inspirant par les deux narines sur la totalité du plan inférieur sur l'infini, en relation avec les deux triangles inférieurs réunis et le bas des narines, en enroulant les crosses: a) frontales, autour du centre de chacun des deux triangles inférieurs, b) puis la crossedans le plan sagittal, la hampe descendant dans l'axe du dos pour s'enrouler sur le devant, une partie de la conscienceenglobant tout le sexe. Kumbhâka intérieur en barattant le ventre de droite à gauche dans le senspéristaltique des intestins, de droite en montant, à gauche en descendant, environ trois tours. En prononçant mentalement le mantra "Om Mani Padme FIum", le Hum se termine au milieu du gros côlon transverse, en haut du cercleou de I'ellipse décrite lors du mouvement du ventre. Réchaka,le souffle percutant mûladhâra en déplaçant la consciencedu haut du côlon transverseau centre du chakra en prononçant mentalement le mantra "LarrL"!

fe conçois que cesprânâyâmas puissent paraitre compliqués, voire aberrants aux néophytes. Pourquoi faire compliqué lorsqu'on peut faire plus simple ! C'est cependant un principe bien connu qu'il est nécessaired'entrer dans l'analyse avant de pouvoir faire la synthèse.C'est aussi l'exemple de tout ce qui entre dans le monde du créé.Le "bindu" en sanscritn'est-il pas le point, l'origine, mais aussi la quintessence,l'ultime perfection, l'absolu. Autrement dit Cest le point de départ de toute création, mais Cen est aussi l'aboutissement. Entre ces deux points il y a l'évolution qui commencedans la multiplicité. C'est l'analyse à laquelle succédera Ia synthèse pour

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retrouver à la fin l'unité. C'est bien le processusde toute manifestation dans le monde de la forme, symbolisé par deux conques assembléespar leur base. J'ai depuis des décennies préconisé un pr&yoga avant d'entrer véritablement dans la voie du yoga. On n'était pas d'accord autour de moi, à cette époque. Il a bien fallu admettre, après des annéesd'enseignement du yoga en occident, que Ia plupart des élèves qui se présentaient à nous avaient, dans un premier temps, un besoin évident de se recentrer étant donné leur dispersion. Il leur fallait, avant tout, retrouver leur centre de gravité dans le ventre ainsi que leur centre de commande dans la tête. Aller à l'encontre de ce principe, Cest commettre une grave erreur. La chapitre I de ce livre s'adresseà tout pratiquant occidental du yoga. La respiration toute simple doit jouer un rôle important pour le rééquilibrer et le recentrer.C'est le point de départ pour qu'il prenne consciencede son hara dans le ventre et qu'il découvre son point source dans la tête. Il lui faut dans un premier temps prendre conscience d'une dualite, en devenant le témoin objectif quand il agit pour être présent au présent. C'est primordial. le ne suis

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pas le corps, je ne suis pas le souffle, ni les pensées.....Qui suis-je?..... C'est le départ pour un long parcours dans le multiple, avant de pouvoir retrouver l'unité. Le chapitre tr de ce livre s'adresse aux adeptes du yoga dont la conscienceconunenceà édater au-delà de leur schémacorporel. Cette conscienceest capable de produire des pulsations qui s'étendent jusqu'à l'infini, au-dessusde leur tête. Ils abordent "l'éternel retour". Surtout pas de précipitation ! Mais la technique est là. Elle a fait sespreuves.Tout ce que je tente d'expliquer, je l'ai réalisé sans aucun don spê cial. Inutile d'être surdoué. Il faut un travail persévérant, sans se lasser.Mais la lumière est au bout du tunnel et chacun de vous a en lui tout ce qu'il faut pour évoluer dans ce sens.Simplement il faut le vouloir et être persévérant. fe suis toujours émerveillé et béat d'admiration, comme un enfant, devant les prouessesdes gens du cirque, qu'ils soient jongleurs ou acrobates.Je ne peux m'empè cher de penser à l'ascèse rigoureuse de ces êtres, à leur entraînement quotidien indispensable pour obtenir cette maîtrise et ce dépassementd'eux-mêmes.fe me senspénê tré d'humilité devant ces hommes et ces femmes qui ne prétendent pourtant pas être exceptionnelset cependant..... Quand, au trapèze volant, un voltigeur, homme ou femme, après avoir exécuté dans les airs un ou deux sauts périlleux, se retrouve happé par son partenaire, quelle émotion pour nous, mais aussi de leur part, quelle précision et quelle maîtrise! fe ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre ces gens et les yogins. Dans la pratique du yoga il faut commencer par le commencement: chapitre I. Et puis il y a les persévérantsqui accèdentau chapitre tr.

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11 - Enfin la liaison avec la SourceCosmique. Reprendre l'exercice précédent avec les mêmes ptrakas successifs,en prenant prând sur les trois plans sur l'infini au-dessusde la tête, en liaison avec les triangles frontaux et les narines, et en utilisant les crossescorune il est décrit dans cet exercice10. Le kumbhâka intérieur est le même en prononçant mentalement les mantras. Le réchaka par contre va se prolonger de façon spectaculaire. Doù un entraînement pour expirer finement en dosant l'expulsion de prâna dès le départ, afin de prolonger suffisamment l'expiration qui se fait avec la conscience, laquelle se déplace sur un long trajet. En effet, après avoir percuté mtlâdhâra, continuer à expirer,la conscienceremontant dans les deux nâdîs idâ et pingalâ qui s'enroulent trois tours et demi autour de Ia colonne vertébrale. Arrivé au frontal, dérouler les deux crossesfrontales et sortir par sahasrâra,au trou de brahman. Le déroulement des crosses donne une puissance extraordinaire à prâna qui est propulsé vers le haut. IJexpiration se poursuit, et c'est la pensée, l'un des élê ments de la conscience,qui véhicule ce prâna jusqu'à la SourceCosmique d'où il est issu. Ainsi se réalise la liaison avec cette source d'énergie primordiale. 12 - ajouter les mudrâs d'inspiration et d'expiration. En position assisede votre choix, tendre les bras sans raideur,les mains ou les avant-brasreposant sur les genotrx suivant votre morphologie. S'entraîner pour corunencer à exécuterles mudrâs en joignant certains doigts, les autres restant tendus, dans le but d'accélérerla circulation de prâna dans les bras suivant l'inspiration ou llexpiration. Mon propos dans cet ouvrage

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n'est pas de m'étendre sur ce travail précis sul le corps de l,énergie. ]e me contenterai d'explications succinctesnécessairespour l'exécution de cette liaison' Les yeux ouverts, fermer le poing dtit et porter fattention sur la main gauche, la paume de la main dirigfu vers le sol. Les doigts tendus, replier le médius et le pouce en les faisant se jùndre sur lË côté de chaqu" -olgl: .(bord unguéal). Uénergie yang monte dans l,auriculaire à l,extê rieir, dans l,annùtuiie eid"t s l'index. C'est le mudrâ d'inspiration. Tourner la Paume de la main vers le haut' Laisser l'auriculaire tendu et supprimer le contact entre le médius et le pouce. Ces deux doigts se tendent, tandis que vous repliez l'index et l'annulÀit" tt"ts le creux de la main' à IJànergie inn descenddans le pouce et le médius ainsi qu l,intérilur de l,auriculaire. C'est le mudrâ d'expiration. Encoreunefois,cestlaperrseequiconduitl,énergie sur l'un ou l'autre de ces circuits'

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IN5P

Se familiariser avec cesdeux mudrâs pour obtenir un automatisme suffisant. Faire de même sur la main droite. S'entraîner ensuite les paupières abaissées. Puis, toujours les yeux fermés, pratiquer le trâtaka alternativement sur les trois doigts tendus dans chaque mudrâs; ensuite sur chaquedoigt séparément. Enfin, exécuter la même chose simultanément sur les deux mains en position d'inspiration puis d'expiration. Lorsqu'un automatisme suffisant est obtenu, reprendre l'exercice précédent Noll. pour se relier aux sources.

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Dans la position assise,fermer le poing droit et mettre la main gauche tournée vers le sol, les doigts en position d'inspiration méridienne. En inspirant par la narine gauche,1/3 pûraka sur la gauche du plan supérieur, etc. Fermer le poing gauche et mettre la main droite tournée vers le sol les doigts en position d'inspiration méridienne. Inspirer par la narine droite 1/3 pûraka sur la droite du plan supérieur, etc. Mettre les deux mains tournées vers le sol,les doigts en position d'inspiration méridienne. En inspirant par les deux narines, 1/3 pûraka sur l'ensemble du plan supérieur, etc. Sur Ia même inspiration, faire de même sur le plan moyen, puis sur le plan inférieur. Sur ce dernier, ne pas oublier l'action des crosses simultanémentsur le frontal et sur l'abdomen. Pendantle kumbhâka intérieur,en barattant,lesdeux poings sont maintenus fermés. Fin de kumbhâka tourner les deux mains vers le haut en mettant les doigts en position d'expiration méridienne. Maintenir les deux mains dans cette position tout le temps du réchaka. A la fin du réchaka, la consciencemaintenue sur la source cosmique, durant le kumbhâka extérieur, entrecroiser les doigts, pouce et index de chaque main réunis sur le bord unguéal formant ainsi deux "U' se touchant. Tourner les paumes de mains vers le haut, corune pour soutenir le ventre, les dos de mains posés sur le haut des cuisses. Ramener les coudes dans le plan frontal. Lorsque I'adepte aura bien maîtrisé cette liaison avec la SourceCosmique, sa respiration dans le kumbhâka extê rieur sera superficielle, osmotique. C'est alors un reel état de méditation sur le cosmos,hors du temps.

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Il doit toutefois rester vigilant et, lorsqu'il décide de revenir, il doit le faire suivant un processusrigoureux, par étapes. La position des mains, doigts entrecroisés,reste la même. Ler prânâyâma:Ptraka triple sur l'ambiance créatrice en utilisant les crossesfrontales. Kumbhâka intérieur au point source, au centre de l'esprit. Réchaka en percutant âjnâ et en diffusant l'énergie à travers Ie cône ajnique sur l'ambiance frontale. Kumbhâka extérieur sur cette ambiance. 2 ème prânayâma:Pûraka sur l'ambiance frontale. Kumbhâka intérieur sur âjnâ. Réchaka dans l'ambiance interne. Concentration dans Ie ventre et trâtaka sur manipûra dans Ie corps de l'énergie. Accentuer consciemment la respiration abdominale qui s'est réalisée naturellement. On emploie ainsi un prâna dense qui vibre à un taux de frê quence peu élevé pour alimenter le corps physique. Pratiquer le mouvement du regard intérieur avec déplacement de la consciencede bas en haut et vice versa. Ainsi se réalise une respiration complète qui équilibre tous

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les plans de conscience.On peut alors, sans inconvénient, revenir se détendre un instant sur l'ambiance frontale. Après avoir apprécié son évolution ouwir lentement les yeux. C'est une bonne habirude que de s'habituer à éviter tout mouvement brusque de la conscience.Ainsi porter 50Vode la conscienceà l'extérieur en conservantï}Vo à l'intérieur. Puis progressivement, augmenter le pourcentage extérieur en restant conscient dun minimum restant au point source.C'est ainsi qu'on arrive à une reelle objectivité et à une grande maîtrise, prêt à se réfugier instantanê ment au centrede l'esprit. Remarque: ]'ai employé ci-dessusl'expression "pûraka triple sur l'ambiance créatrice".fe m'en explique: Si l'on tient compte de la double polarité de prâna et de ses trois modalités d'expression, les trois gunas, la représentation de cette énergie devient un triangle. Il a comme base à gauche l'énergie tamasique lunaire C) et a droite l'énergie rajasiquesolaire (+). Au sommet est l'énergie sattvique (=). Ce triangle symbolique a une grande importance pour capter l'énergie à sa source.C'est là que prâna a une puissanceconsidérableet des qualités indescriptibles. Le pûraka triple sur l'ambiance créatrice ou la source cosmique consistedonc à puiser prâna 1/3 sur la source lunaire à gauche de la base du triangle, 1/3 sur la source solaire à droite de cette base,et 1'/ 3 au sommet. :È :È rG

II est compréhensible que Ia réalisation de cette liaison avec Ia source cosmique ne soit Pas un exercice Pour débutant en yoga. A ce stade la maîtrise du souffle n'est pas imaginée. C'est une réalité qui est la résultante de Ia maîtrise du corps et de celle de la pensée.Le déveloPPe ment des senssubtils et I'assouplissementde la conscience,

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avec son développement au-delà de la forme, sont inclus dans ce programme. Cet exercicefait partie de l'enseigne ment du yoga de l'énergie que j'ai dénommé: seconddegré. C'est pourquoi les douze exercicesdécrits ci-dessus ne sont pas à apprendre, mais à exécuter de nombreuses fois et dans l'ordre établi pour respecter la progression. Il faut assimiler chacun d'eux avant de passer au suivant. Ainsi chacun peut demander un mois de travail assidu, ce qui fait une année pour réaliser les douze, c'est-àdire cette liaison effective et non imaginee avec la source cosmique. Et croyez moi le jeu en vaut la chandelle!

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U ENSEIGNEMENT DE LA RESPIRATION: INCIDENCE DES TEMPERAMENTS Il y un point important sur lequel je désire attirer l'attention" des enseignants du yoga en occident. A ma connaissanceil n'est pas tenu compte du tempérament du pratiquant lorsqu'on lui enseignela respiration. Or j'ai sur ce sujet une longue expérience et j'ai eu maintes fois l'occasion de noter des observations qui ont leur importance. Voici, pour la compréhension de ce que je vais exposer, un rappel succinct de quelques notions bien connues sur les tempéraments. (9) C'est quatre siècles avant |ésus Christ qu'en Grèce, Hippocrate et Galien les premiers, différenciaient quatre types de tempéraments définissant des tendances maladives, caractérielles, fonctionnelles suivant les individus ainsi dassés. Aujourd'hui encore cette dassification en lymphatique, sanguin, nerveux, bilieux est toujours employée. Chacun de nous est un mélange de ces quatre tempê raments dans des proportions différentes. Et comme avec sept notes en musique on compose un nombre ilimité d'ceuvres musicales différentes, ces quatre tempéraments entrent dans la constitution de millions d'individus qui ne se ressemblentpas. Chez certains domine nettement l'un des quatre tempéraments. C'est assez rare. Plus souvent deux tempéraments dominent les deux autres: sanguin-nerveux ou nerveux-sanguin ou encore bilieux-sanguin ou sanguinbilieux ou nerveux-biieux et bilieux-nerveux. Plus rare ment également trois tempéraments dominent le quatriè me. On a dans ce cas un individu très equilibré. (9) Diagnostic de la personnalité - R. Clerc - Ed. Le Courrier du Liwe. Paris.

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Il est possible, par l'étude de cesdivers tempérament, de mieux connaître les tendancesdu sujet que l'on a devant soi. Pour ce qui nous intéresse, il faut savoir qu'il n'y a pas de type "franC, puisque chacun de nous est forcément un mélange des quatre tempéraments. Mais chaque type franc a ses caractéristiques et, avec l'habitude, on arrive à déceler et à interpréter le mélange des tempéraments et la résultante des tendances. Le lymphatique étant donné sa morphologie a, de façon innee, une respiration basse,abdominale et superficielle. C'est un digestif souvent obèse. Le sanguin a une respiration moyenne, diaphragmatique et profonde. C'est un respiratoire et un actif. Le nerveux a une respiration haute et de faible amplitude pour alimenter essentiellementson cerveau, car Cest un Penseur. Le bilieux a une respiration complète et profonde. C'est un réalisateur et un actif. Prenons l'exemple d'un cours de yoga composé de dix élèves.Ils sont forcément de tempéraments différents. Supposons qu'il y ait un lymphatique dominant, quatre sanguins, trois nerveux et deux bilieux. Ils ont comme professeur un bilieux très autoritaire et très directif. Celui-ci leur impose un même rythme respiratoire sans tenir compte de leur aptitude innée à respirer plus ou moins du ventre ou des parties moyenne ou supérieure de la cage thoracique, sans s'occuper si ce rythme n'est pas trop rapide ou trop lent et n'est pas susceptible de perturber leur équilibre. Evidemment l'idéal serait le cours particulier donné par un professeur qualifié et ayant appris à différencier les tempéraments. Pratiquement, actuellement en occident, le cours particulier est limité à des élèvesfortunés ou n'est pas rentable pour des enseignants dont la profession se limite exdusi-

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vement à cette discipline. Quant à trouver un professeur qui utilise les tempéraments, Cest à ma connaissancePeu répandu. Il reste à éduquer les professeursde yoga Pour qu'ils puissent, en connaissantmieux leurs élèves,mieux les diriger et les conseiller suivant leur constitution morphologique et les particularités respiratoires qui en résultent. Dans tous les cas,faire preuve d'une intelligente compréhension pour ne pas brutaliser l'élève. Eviter trop de directives volontaristes pour leur imposer un rythme contraire à leur constitution tempéramentale. Mais alors comment faire direz-vous ? On peut toujours mettre en pratique, conune je l'ai expliqué dans Ie chapitre I, la relation gesteet respiration. A un gesteprécis correspond une respiration spécifique. Le yoga est différent de la gymnastique. Cette apprê ciation n'est pas un jugement et ne minimise pas la valeur de la gymnastique pour un grand nombre d'individus. Mais tandis que la pratique de la gymnastique se fait le plus souvent sous l'autorité du professeur,en cadencePour Ie groupe, en yoga le pratiquant recherchesa posture. C'est celle qui convient à sa constitution personnelle puisqu'il doit y ffouver l'aisancedans la fermeté.Nous sommesainsi bien d'accord avec Ia tradition de cette discipline. Alors pourquoi vouloir imposer à un groupe de pratiquants un rythme unique? Aller jusqu'à utiliser un métronome pour plus de précision me semble la manifestation d' un esprit bien occidental reniant l'esprit même du yoga et sa tradition ! A l'inverse, engager le pratiquant à se prendre en charge et à prendre consciencede sa respiration naturelle, automatique, de celle qui est régie par son systèmenerveux sympathique, me semble sage. C'est lui-même qui sur les conseils éclairés de son professeur,modifiera progressivement et sansheurt sa respiration, en dehors de toute volonté excessive.Car le test d'un bon travail est Ie bien-être et la

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joie qui en résultent. Il ne s'agit pas daller contre sa nature. Mais plutôt de faire avec. Par exemple, le lymphatique aura intérêt à prendre l'habitude de bien rentrer son ventre en expirant: bien vider pour mieux remplir. Par ailleurs, il mobilisera sa ceinture scapulaire, et des mouvements souples des épaules développeront sa respiration haute. Il n'aura pas à faire intervenir une volonté qui chez lui est faible. Mais des mouvements ffès simples n'en seront pas moins efficaces s'il arrive à prendre l'habitude de les exécuter chaquejour. Le sanguin, avec sa respiration diaphragmatique, développera très facilement une respiration complète, donc équilibrante, grâce à une série de gestescomme dans la série des 18 mouvements préliminaires. Tiès vite il obtiendra le contrôle de son souffle, qui est puissant, et il s'initiera à faire vibrer prâna pour son plus grand bien dans la voie du yoga. Le nerveux devra être fermement conseillé par son professeur pour agir plutôt que de penser et de raisonner. Il faut lui éviter de tomber dans le piège du savoir. Le yoga n'est pas une discipline pour remplir le mental de connaissancesavec un petit "c". C'est une ascèsepour transformer tout notre être, de façon vibratoire, afin de pouvoir rejoindre le Tout dont nous sommes issus. C'est alors atteindre la Connaissanceavecun grartd "C". Il faut engager le nerveux à revenir dans son ventre, dans son centrede gravité. Non pas de façon volontariste, mais en retrouvant progressivement,impérativement, une respiration basse.Par des gestesprécis il faut lui apprendre à mieux respirer pour se détendre et calmer son mental qui est trop souvent agité. La respiration a un rôle très important pour lui, plus que pour tout autre. Mais pas de brusquerie. Iæ mouvement du regard intérieur synchronisé avec la respiration et le déplacement de la consciencepeut être pour le nerveux un outil précieux.

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Quant au bilieux, qui a une respiration complète et puissante, il faudra surtout le calmer et qu'il aPPrenne très vite à ne pas entrer sanscesseen compétition, pas plus avec ceux qui l'entourent qu'avec lui-même. C'est aussi un carbonique, souvent très raide, et il est important si l'on veut qu'il persévère en yoga, de lui faire admettre qu'il ne prenne pas Ie lotus cotte que cotte. II faut rapidement lui faire découvrir la véritable dimension du yoga. Alors, son orgueil et sa volonté ramenés à un juste milieu, il deviendra un excellent pratiquant, très doué pour la concenEation. Mais là encore les respirations auront, Pour lui également, un rôle primordial.

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CONCLUSION Les manières de respirer "Rien n'est absolu et tout est relatif". Il en est de même pour les manières de respirer et les différentes pratiques qui constituent l'art de respirer.La frontière entre les deux ne peut être tracée de façon catégorique. Disons que les respirations abdominale, thora"iq,r", sous-claviculaire comme la respiration complète sont des manières de respirer. Mais chacune de ces respirations a, par ailleurs, une relation précise avec les chakras abdominal et ombilical ou cardiaqueou encoreceux de la gorge ou du front. Ainsi elles participent également à l'art de respirer. Il en est de même pour les manières de respirer qui font vibrer prâna, comme la respiration yoguini dans le yoga de l'énergie,ou "oujja('dans certainesécoles. Les respirations prânique, méridienne, barattée, osmotique ou superficielle sont classéeségalement comme manières de respirer. Uart de respirer Plus spécialementles respirations stimulante et purifiante sont dassées dans cet art de respirer. C,est bièn là

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notre mental inférieur, analytique qui se complaît dans cette discrimination toute relative. De même la polarisation de l'énergie qui entraîne les respirations tamasique, rajasique et sattvique. Cette qualification de l'énergie polarisee prise à sa source devient respirations lunaire, solaire et lunaire-solaire, ou encore dans le yoga de l'énergie respirations shaktique, ishvarique et brahmique. La respiration chakrique fait vibren les centres d'énergie dans Ie corps de l'énergie. Enfin la respiration universelle, en liaison avec l'ambiance créatrice,puise prâna à la source cosmique. C'est vraiment là un art de respirer qui mérite bien son nom, accessibleaux seuls virtuoses qui ont découvert tout ce qu'ils pouvaient tirer de ce merveilleux instrument qui est en chacun de nous, mais que nous ignorons pour la majorité d'entre nous. Quelques conseils pour la pratique Dans la majorité des cas l'échec sur la voie vient de notre ego qui prétend tout comprendre, tout diriger, tout commander. A I'inverse d'ailleurs un véritable yogî se reconnaît à son humilité. Sri Aurobindo l'a exprimé de façon très claire: "Uego est un bon serviteur, mais un mauvais maître". Il faut souvent un grand nombre d'annéesd'une existence mondaine ou encore un accident, une terrible maladie, ou la perte d'un être cher,pour qu'on ouvre les yeux et qu'on comprenne l'importance relative de ces jouissances terrestreset la futilité de cette constanterecherchede plaisirs matériels. Cependant, des disciplines conune celle du yoga sont là pour nous préparer à trouver notre véritable dimension. Mais ce qu'il est nécessairede comprendre, pour éviter toute dispersion et perte de temps, Cest que l'accès à une autre dimension de notre consciencene peut se faire par

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une connaissance intellectuelle, uniquement liwesque. Toute théorie doit être suivie de pratique. Tout doit être expérimenté et vécu par soi-même, et Cest l'être dans son tout, physique, psychique et spirituel qui doit participer à I'expérience. Permettez moi de rappeler à ce propos les célèbres parolesde Bouddha,toujours valablesde nos jours: (10) "Ne croya rien sur la foi destraditionsalors qu'ellessont en honneurdepuisde longuesgénérationset en nombred'endroits. Ne croyezpæ une choseparceque beaucoupde gens en parlent.Ne croyu,pasce que aousaousêtesimaginé,nouspersuadantqu'un dieuoousl'a inspiré.Ne croyærien sur la sanle autorité de oosmaîtresou desprêtres.Aprèsexamen,croya-en ce que aous aurez expérimentéaous-mêmeet reconnuraisonnable,et conformez-y aotreconduite." Un deuxième axiome me semble être de veiller à conserver l'harmonie entre les plans qui nous composent. Développer et conserver cette harmonie; travailler et viwe harmonieusement. En conséquence,il est indispensable si nous sonunes accaparésdans la journée pour subvenir à nos besoins matériels et à ceux de notre famille, de se réserver le soir des moments d'intériorisation. Il est alors possible de vivre en yoga ici et maintenant, quelle que soit notre profession, quelle que soit notre situation sociale.Le retrait hors du monde est périmé. Le quotidien est notre âshram et les aléas de la vie journalière, acceptéscomme les efgences du guru, vont nous transformer sur la voie de la véritable connaissance. C'est le contentement.Nous allons, non pas apprendre les célèbres yama et niyama, mais les redécouvrir et les vivre chaque jour. Tant mieux si nous avons eu la chance de les étudier,

(10) Parolesde Bouddha dans le KalamaSûtra.

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mais nous ne tomberons Pas dans le piège dune simple intellectualisation. Quelle satisfaction j'ai eue de lire dernièrement ceci:(11) "Au lieu d'apprendrepar cæur les techniquæspirituelles chrétienne deI'Orient et de læ imiterd'unemanièreentièrement il aau- imitatio Christi - dansI'attitudeforcéecorræpondante, pas dans l' inconscient ait cher il n' e dr beaucoup mieux cher s' exist une disposition introoertie, semblableà celle qui æt deoenue principespirituel directeurde I'Orient Nozs serionsalors dans une positionnouspermettantde construiresur notrepropreterrain et aaecnosproryesméthodes. Si nous prenonsceschosesdirectementà I'Orimt, nous à acquérir, wtisfaisonssimplententnotre tendanceoccidentale confirmantencore"que tout ce qui est bon est à l'extérieuy'' où il faut aller le chercherpour I'introduiredansnosâmæstériles.II mesernblequenousaaonsvraimentapprisquelquechose de l'Orient lorsquenous comprenonsque la psychécontient en elle-même suffiammentde richesses ffins dsooirêtreinflumcée de I'exthianr, et lorsquenous nous sentonscapablæd'euoluer hors de nous-même aoecou sans la grâcediaine. (.....) Nous alors combiengrandeæt notrepanr de l'inconsdécouurirons A causede ces cient,et combienformidablessont nosrésistances. qui semblesi utirésistances, nousdoutonsdela choseessentielle denteaux Orientaux,à saaoir,lepouvoir auto-libérateurde l'esprit introverti". C'est pourquoi il me paraît très important, lorsqu'on est engagédans la voie du yo9a, de prendre certaineshabitudes pour rompre avec la vie trépidante dans laquelle on a été plongé toute la journée. Se réserver,si possible avant le repas du soir, un long moment de détente. Sitôt rentré au logis, après un brin de - Ed. Adyar. ol) Ie liare tibétaindela grandelibération- Evans-Wentz Paris.- Commentairepsychologiquepar C.G.fung.

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toilette, troquer ses vêtements de ville ou de travail pour une tenue ample et légère. Affectionner, si possible, une pièce ou un coin de pièce au calme et où dans la journee il y a peu de passage.Il peut être utile et agréable d'y faire brûler de l'encensou de la bougie blanche. S'installer alors confortablement, selon ses possibilités, mais sans minimiser l'importance de l'attitude correcte, le corps d'aplomb, et se détendre au centre de l'esprit. C'est le prélude aux états de concentration et de méditation. Comme on pianote, jouer avec la respiration sur tous les plans, du plus dense vers le plus subtil. Minimiser tout effort car il faut lâcher prise, mais en restant extrêmement vigilant. Cesser de faire tourner ce mental bavard qui doit progressivement s'arrêter pour laisser la place à tout ce qui va surgir de l'intérieur. Soyez confiant et dites-vous que dans ces instants bénis, vous n'êtes pas seul. Le moment venu vous serezrécompenséde votre persévérance. Lorsque le fruit est mûr il tombe... ou on le cueille!

:frÉ*

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EPILOGUE

Le lecteur qui m'a suivi jusqu'ici a compris que la connaissanced'une physiologie respiratoire s'adressant à son corps dense est utile, mais que pour pénétrer plus profondément dans les plans de son être subtil, la prise de consciencede prâna est indispensable. C'est en effet cet élément énergétique,dont le support est le souffle, qui va vibrer à des taux de fréquence de plus en plus élevéspour le conduire à la sourcemême de l'énergie primordiale, à la Source Cosmique. )e vbudrais maintenant guider ce lecteur averti pour qu'il revive avec moi, le temps d'une lecture, le parcours que j'ai suivi durant huit décennies. Qu'il sache, en condusion, qu'une vie d'homme ou de femme, lorsqu'on en comprend le sens profond, Cest quelque chose de merveilleux. Mais que Cest relativement très court et que cela passe très vite. C'est aussi parsemé d'épreuves qu'il faut surmonter, mais qui sont finalement nécessairespour nous faire ouvrir les yeux et entendre raison. Qu'en conséquence,il est important de ne pas gaspiller des moments précieux qui doivent être employés dans le but de découvrir la Vérité, le Reel , au-delà du

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monde illusoire dans lequel nous vivons lorsque nous naissons sur cette terre. La grande question a été posée depuis les temps immémoriaux. Qui suis-je,que suis-je,où vais-je, pourquoi suis-je né sur cette tene? Est-ce uniquement pour boire, manger, dormir, travailler ou me reposer,jouir ou peiner, et souffrir? Il y vingt-cinq sièdes que Siddharta Gôtama le " Bouddha, rencontrant la souffrance dans la naissance,la vieillesse, la maladie et la mort, décida de consacrersa vie à la recherche de la cause de la souffrance et à sa destruction. I1 dit à ce propos: "b naissanceestsouffrance,laaieillesseestsouffrance,la mort est souffrance,être uni à çc_quel'on n'aime pas est soufnepasrealiser france,êtresqaré de cequ'onainieæt souft'rance, sondésirestsouffrance.En résumélescinq élémentsconstituant notreêtre estsouffrance." Alors, serions-nousvenus sur cette terre uniquement pour souffrir? Mais Bouddha, après avoir ainsi énoncé la noble vérité concernant l'origine de la souffrance, ajoute: "Voicimaintenantla nobleoéritéconcernant la destruction de la souffrance... etc." et il décrit Ie noble sentier aux huit embranchements qui s'appellent: "crtyances droites, aolonté droite, parole droite, action droite, moyensd'existencedroits, effort droit, attention droite, meditationdroite. Droit, c'est-à4ireraisonnable,accomplirparfait, correctet juste en touspoints".(1.2) C'est l'enseignement universellement connu du bouddhisme. Bien que la réponseau "qui suis-je? " ne puisse, encore aujourd'hui, être catégorique,dans toutes les traditions, dans toutes les religions, l'homme a cherché à transcender Ia souffrance et il a toujours rêvé de paradis.

ilu Boudilha- Alexandra Neel - Ed. du Rocher. OD lz bouddhisme

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Me voici, écrivant ceslignes, entrant dans ma quatrevingt septième année. Ie per1x attester, corune l'a dit Bouddha, que la vieillesse est souffrance.Mais j'ai aussi la certitude que le seul moyen de transcender cette souffrance, dans tous les cas, Cest de pénétrer au-delà du concret vers le Soi. Atteindre, au plus profond de l'être,le Principe de tout,le Suprême. C'est 1à,dans le cæur, que l'Homme découwe sa waie nature et peut joindre le Tout. ]e l'expérimente draque jour et je certifie que c'est là, malgré les souffrances et les soucis, que je trouve la paix et la sérénité. Et encore, malgré mon grand âge et les limitations physiques inhérentes,que j'y puise la force et la joie de viwe. Découvrir le Soi dans son for intérieur fut de tout temps l'espoir de l'Homme. Aussi, depuis les temps les plus reculés, des techniques ont été élaborées à ce sujet. Elles sont restéeslongtemps secrètes,transmisesde bouche à oreille, de maître à disciple. A l'approche du troisième millénaire, colrune consê quence des découvertes de la sciencemoderne, toutes les structures sociales et économiques en place s'effondrent. Toutes les valeurs morales sont bouleversées. Pour nos enfants et nos petits enfants l'avenir apparaît sombre et inhumain. Ne serait-cepas justement parce que le fossé se creuse de plus en plus entre le confort matérialiste du monde moderne et la stagnation, voire la rétrogradation, des valeurs spirituelles? Pourtant nombreux sont ceux qui cherchent et qui espèrentencore.La souffrance n'a-t-elle pas été considérée de tout temps comme un moyen de perfectionnement? N'est-ce pas le moment opportun pour mettre en pratique ces méthodes qui permettent de mieux se connaîbe, pour mieux vivre et agir de façon plus smsée et plus efficace? Personnellement, je désire transmettre ce que j'ai appris à ce sujet et qui m'a ffansformé. A mon avis, il faut pour réussir tout d'abord le vouloir, puis avoir confiance en soi et foi dans la technique

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choisie. Il est nécessaireaussi d'avoir du courage et d'être persévérant. Il faut également, avant tout rechercher un équilibre entre les plans physique, psychique et spirituel qui nous constituent. Vouloir faire dominer l'un d'eux aux dépens des deux autres est périmé. Il y a certes une hiérarchie naturelle entre ces trois plans de conscience,mais Cest de leur harmonie que dépend la réussite. Il faut donc entretenir le corps physique en bon état. Il faut développer l'attention et la concentration de la pensée pour atteindre, sans fabuler, les véritables états de méditation qui conduisent à la prise de consciencedu Soi. Cela est possible en exécutant quotidiennement des exercices simples, bien faits. Et entre autre, des gestes conscients pour être présent au présent, à chaque minute de la vie. 9interdire trop de lecture, sachantqu'en aucun cas le "savoir" ne peut remplacer "le faird'. Enfin, prendre consciencede prâna et acquérir la maîtrise du souffle qui en est le support. Car c'est cette énergie qui relie tous les plans, à des taux de fréquence différents, et qui ainsi nous permet, en partant du dense vers le subtil, de faire descendreen nous le Divin ! Chers lecteurs, évitez de perdre un temps précieux car les annéespassenttrès vite. Ne cherdrez donc plus midi à quatorze heures, pas plus que votre guru en Inde où ailleurs, puisqu'il est en vous. Par contre, mettez-vous de suite en route, dans votre for intérieur, en quête de votre Soi. Et peut€tre que la lecture de ce qui suit vous encouragera et vous poussera à l'action. fe le désire vivement pour vous. Bon courage!

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MESMAITRES suivi du

NÉCTTDE DEUX EXPÉRIENCES

@,Go

Préfacedu Dr. Jean-facques Laubry


PREFACE

Se retourner sur le chemin de sa propre vie et livrer aux autres les points saillants qui semblent avoir marqué celle-ci, sont-ce des preuves de curiosité bien humaine? Sansdoute; mais est-cebien utile? Têllessont les questions que se pose Roger Clerc. Après la lecture de son bref récit, trop bref à mon avis, j'estime que c'est utile. |e sais bien que le karma, qui nous est échu et dont on doit subir les épreuves,est unique pour chacun et que l'expérience individuelle ne peut profiter directement à autrui. Aucun maître ni guru ne dira: "Suis ma voi)C',mais dira, au contraire: "Suis ta voie". Là où le récit d'une expériencepeut être utile à lire, ce serait surtout pour ne pas perdre courage,lorsqu'onsetrouve devant des difficultés équivalentes à celles qu'à rencontrées l'auteur; cela peut nous aider à trouver une attitude similaire à la sienne face à nos épreuves. Nos épreuvesnous ne les choisissonspas; les éviter et tenter de forcer le destin par notre volonté mal utilisée, ce serait charger notre karma d'une dette supplémentaire. Roger Clerc est un exemple typique du sujet qui dans son ego avait cru pouvoir choisir une autre voie que celle établie par son karma. Combien lui semblait-il, dans ses

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désirs, plus agréable, égoi'stementet socialement parlant, de se sentir dans la peau d'un ingénieur que dans celle d'un tripier. Mais, qui sait? On pourrait supposer qu'ayant pu devenir ingénieur, il se soit trouvé responsablede holdup, de guerres,et de massacres,laconsciencepas très nette, plein d'orgueil, ayant passé son existence à côté de la lumière intérieure et de la découverte de la vie divine; tandis qu'au contraire, en suivant la voie imposée par son karma, il a contribué à développer matériellement et spirituellement parlant, la réalisation du yoga intégral et à élaborer une méthode occidentale pour l'accomplir. Sa vie est une preuve vivante de I'inexistence du hasard. |e comprends d'autant plus ce qu'il a pu ressentir,car Cest aussi la maladie qui fut la caused'une orientation que je n'avais pas souhaitée.Néanmoins, je peux dire que ni lui ni moi devons regretter la série "d'échecs" qre nous avons subie, chacun de notre côté, car en fait d'échecs,ce fut pour nous une série d'avertissements du maître invisible pour attirer notre attention sur les occasions possibles d'éveils intérieurs. C'est peut-être dans ce sens que l'on peut interpréter cette maxime, "lorsque le disciple est prêtr le maître se manifeste", et ne pas s'attendre seulement à le rencontrer sous l'aspect d'un guru au beau milieu d'une Inde fabuleuse actuellement meurtrie. Nous sommes tellement intoxiqués par l'habitude d'être assistéset de refuser nos responsabilités,que la formule du guru magicien nous fascineà tel point que nous ne chercherions même pas à envisager une autre exégèsede cette maxime et que nous serions presque tentés de perdre notre âme pour se mettre en quête de cet hypothétique personnage. La rencontre du maître n'est-elle pas la rencontre de celui qui est en chacun de nous lorsque nous so[unes capables de recevoir la lumière intérieure dont nous sommes dépositaires? Cette prise de conscience peut se manifester sous forme d'incident qui touche notre personne ou sous la forme d'un maître en chair et en os; mais,

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comme l'incident dont je parle, ce maître prend valeur de catalyseur, dédenchant en nous l'illumination à la manière de catalyseurschimiques qui ne Prennent part à la réaction que par leur présence. A ce propos, méfions-nous du maÎtre qui veut intervenir jusqu'à nous imposer sa Propre personnalité; sa clairvoyance et son érudition dewaient, au contraire, l'amener à nous montrer la lumière en nous reflétant, co[une un miroir, celle qui est en nous. Dans les exemples relatés par les Ecritures, le maître ne dis pas: "le t'ai gaêri", mais "Ta foi fa sauvé". N'oublions pas que le microcosme que nous sorunes individuellement est la reproduction intégrale et sans discontinuité du macrocosme dont nous sommes issus. Si nous lisons les écritures occidentalesà la lumière de la culture orientale, nous retrouverons la clé des énigmes, par exemple en ce qui concerne les maîtres, à l'aide de quelques phrases lapidaires: "Méfîez-vous des faux prophètes"..."Onvous dira le christ est ici, le Christ est là, mais ne bougez d'où vous êtes"...(onpeut aisémenttraduire "Le Maître est ici, le Maître est là, etc.) Tout ceci à rapprocher de: "Le Royaume de Dieu est au milieu de vous". ]e n'ai pas connu personnellement le docteur Marcel Viard, mais j'ai eu connaissancede son æuvre. Il a contribué, avec beaucoup d'autres partisans du naturisme, à la restitution des ressourcesénergétiquescorporelles et sPirituelles dont l'existence était ignorée, sinon niée, non seule' ment par les milieux médicaux, mais par les responsables des enseignementsreligieux judéo-chrétiens. En tout cas, ce qui est probant, c'est que sans l'optique ni la méthode préconisée par le docteur Marcel Viard, notre ami Roger Clerc n'aurait pu, aujourd'hui, ecrire cette Plaquette que j'ai l'honneur de préfacer car, à l'époque où il fut atteint de son mal, Cétait, pour la médecine officielle, sinon un arrêt de mort au moins la condamnation à une vie végétative. La rencontre de notre ami avec ce maÎtre fut donc providentielle et pour lui et pour nous.

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Si je n'ai pas eu la chance de connaître le docteur Marcel Viard, j'ai eu en revanche celle de rencontrer sur mon chemin Lucien Ferrer qui fut aussi mon Maître. Ce qui était extraordinaire chez cet être exceptionnel, Cétait que, ayant écrit des ouvrages et ayant entrepris de donner des cours de yoga, il n'imposait rien mais il savait révéler chacun à soi-même. Il avait incontestablement un don de guérisseur. Le yoga avait largement contribué à édairer ce don.Il collaborait volontiers avec des médecins qui avaient fini par deve nir ses adeptes en yoga. Moi-même je lui dois beaucoupr non seulement pour ma santé personnelle, mais aussi pour toutes les notions médicales dans le domaine de l'énergie que l'on ne peut comprendre si on ne l'a pas ressentiepar la perception sensorielle et extra-sensorielle développees par le yoga. Il m'est arrivé souvent, soit de lui adresser des malades, soit de les accompagner à sa "dinique somascê tique" (mot qu'il avait créé) et d'assister à des guérisons surprenantes.]e me souviens d'une qui ne manqua pas de pittoresque. C'était un sujet d'une cinquantaine d'années, atteint depuis sa jeunessed'une constipation chronique et opiniâtre. Il le fit s'asseoirdevant lui sansle toucher. Il portait des lunettes noires pour se permettre de converger ses yeux en direction du centre du front sans effrayer le patient. Il resta un moment immobile, respira pendant un certain temps selon des rythmes différents, puis resta calme et respira très superficiellement. Au bout de très peu de temps, le patient se leva précipitamment en réclamant presque affolé, qu'on lui indiquât d'urgence où se trouvaient les toilettes. En sortant, je questionnai mon dient sur ce qu'il avait ressenti.Il me répondit: "Lorsqu'ils'estanêtéde ræpirerfort et qu'il estdeaenucalme,j'ai ressenticommeunegrandechaleur et une grandedétentequi m'ont enaahide la têteaux pieds,et puis, tout d'un coup,j'ai eu I'impression quemon intestintourj'ai nait à toute aitesse,et étépris d'une enaieirr&istible de...

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nous a apportée et développée. Grâce à lui, nous avons compris que le yogî peut offrir extérieurement I'aspect d'unhomme comme tout le monde et ne se distinguer seulement que par I'enrichissementet le développement de sa vie intéiieure qu'il s'efforce de conquérir patiemment chaque jour, sani démonstration particulière de gestes ni d' attitudes rituelles exotiques.

Laubry Dr. fean-]acques

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MESuaîrnus

Dans cette vie qui s'achève,j'ai surtout vécu le moment présent. Aussi loin que je remonte dans ma mémoire, je ne me suis jamais complu ni dans le rêve ni dans la remémoration du passé. Question de tempérament sans nul doute. Pourquoi, aujourd'hui, ai-je soudain I'envie de me retourner sur le dtemin pour jeter un crrup d'æil en arrière? Curiosité bien humaine peut€tre; mais est-cebim utile? Pour moi-même, remonter à mon enfance et suiwe le déroulement de ma destinée ne manque pas d'intérêt. Essayer de comprendre le pourquoi de cette alternance de moments de bonheur et de jours vécus dans la souffrance. Comprendre et justifier la nécessitéde ces coups durs que j'ai pu juger, sur le moment, corune une injustice que je ne méritais pas et qu'aujourd'hui je suis prêt à qualifier de salutaires ! Oui, peut€tre en tirer la leçon ... il n'est jamais trop tard. Et pour les autres,pour ceux qui, par hasard peut€tre liront ces lignes, ne serait-ce pour tous qu'un hasard ? Et s'ils percevaient soudain, qu'eux aussi traversant des passagesdouloureu& peuvent de suite comprendre la signification profonde de cesépreuves,et que mon récit soit pour eux un encouragement à lutter pour les surmonter; alors ces quelques pages ne seraient sans doute pas inutiles.

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.,

Avec mes Parentsen 1913


MES PARENTS

Mes pensées chargées d'amour, de tendresse et de reconnaissance,vont tout d'abord à ma mère et à mon père. Non seulement,bien entendu, je leur dois la vie, mais aussi un fort capital d'énergie ancestralequ'ils m'ont transmis étant donné leur propre vitalité et leur puretÇ ce qui m'a permis de surmonter de dures épreuves. fe leur dois bien davantage encore. Ils étaient de condition socialemodeste,et j'ai vécu dès mon plus jeune âge dans une ambiancede simplicité et d'amour. Puissent tous les enfants du monde, actuellement, bénéficier de telles conditions de vie ! |e grandissais dans cette ambiance favorable à mon épanouissement,lorsqu'éclata Ia guerre de 1,4/78. Mon père fut mobilisé et ma mère dut aller travailler durement en usine à la fabrication des obus. Mais là encore je fus favorisé, appréciant I'amour et les gâteriesde ma grandmère paternelle, Ia seule de mes grands parents encore en vie au moment de cesannéespénibles. L'épreuveterminéej'avais dix ans,et la vie reprit normalement. Mes parents commencèrentà fonder des espoirs sur I'avenir de leur fils unique. ]'étais un élève studieux, doué aussi bien intellectuellement que physiquement. Tout paraissaitme sourire,et I'avenir s'annonçaitpour moi sans nuage. Mais à dix sept ans le "coup dur" me guettait. Il fut d'autant plus brutal que rien ne le laissaitprévoir. Le camarade auprésduquel j'étaisassissur les bancsdu lycée mourait tuberculeux, et j'étais atteint par contagion de cette maladie, calamité de l'époque. Hélas je n'étais pas un cas unique. Mais à cet âge, voir tous sesespoirs d'avenir s'effondrer, c'était véritablementcatastrophique. CependantI'essentieln'était-il pas d'en sorti4,de survivre et de continuer à espérer!

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I'ai appris depuis, qu'il pouvait y avoir pire. Actuellement des jeunes gens, victimes d'accidents de moto pÉuexemple, restent handicapés,grabataires,pour le reste de leur vie. Rétrospectivement,j'en conclus que mon cas, à la condition d'y surviwe, n'avait pas cette gravité. Tout est vraiment relatif. Cependant, ce fut Pour moi, à l'époque, une terrible épreuve à surmonter. ]e dus abandonner mes études. Iæ grand désir de mon père, ouvrier métallurgiste, était que son fils devienne ingénieur des Arts et Métiers. Lorsque je sortis du tunnel il n'en était plus question, bien qu'espérant encore. Dans un premier temps je travaillai comme dessinateur d'études aux usines Citroën, et je m'inscrivis à des cours Par correspondance pour poursuiwe mes études d'ingénieur. Mais si j'avais guéri de cette terrible maladie, je restais néanmoins avec une vision de l'æil gauche réduite à 2/10 ème. Ceci me rendit pénible la profession de dessinateur que je dus abandonner. Cette tache indélébile sur la choroide de l'æil qui réduisit si fortement ma vision était consécutive à I'atteinte du Pounon gauche par le microbe. C'est grâce à la découverte de cette infirmité par I'ophtalmologiste que I'on décela le poumon atteint. Ainsi, encore une fois cela montre la relativité de toute chose, car je peux dire que cette infirmité fut Pour moi une chance.Mon apparencerobuste camouflait le ver dans le fruit, et sans I'intervention de ce spécialiste de la vue,la révélation plus tardive du mal aurait pu m'être fatale. Mais je devais me rendre à l'évidence. Il me fallait repartir à zêro.Il est permis dans ce cas d'être pessimiste. Cependant mon tempérament n'est pas de me complaire dans le négatif. Merci encore à ceux qui me donnèrent la vie et me gratifièrent de ce caractèrepositif. D'ailleurs est-ce qu'on repart vraiment à zêro? Tout ce qui est acquis peut toujours servir, un jour ou I'autre, et être mis à profit selon les circonstances.I'ai Pu le vérifier par la suite dans la profession qui me fut imposée du fait


de mon état de santé. Une profession au grand air qui devait répondre au besoin de gagner ma vie et par la suite celle de la famille que j'allais fonder. C'est ainsi que je fus engagé dans un métier qui, apparemment, ne semblait pas devoir me fournir les moyens d'évolution de ma personnalité vers les hauteurs spirituelles. Pendant plus de quarante annéesde ma vie je fus occupé à désosser,découper, nettoyer et vendre des abats de bæufs, veau)Çmoutons (ce qu'on appelle dans ce métier le cinquième quartier). Ce n'était pas très noble et semblait plutôt me prédisposer à m'enraciner dans la matérialité. Cependant, en tout être humain réside le "Principe", donc la possibilité pour chacun de le découvrir et d'accéder à la Compréhensiory à la Connaissance(les deux avec un grand "C"). Ce Principe est l'origine de tout. Il est aussi le Tout; il est Dieu, il est Atman, il est Brahman, il est Soi, il est Cela, etc ..... La spiritualit4 la vraie spiritualité non pensée, est partie intégrante de tout être humain. Aussi, quelle que soit la profession exercfu, euelles que soient les conditions de vie,le milieu social dans lequel il évolue, chaque être humain peut développer cette spiritualité et aspirer au Divin.

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Le Docteur Marcel Viard

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LE DOCTEUR MARCEL VIARD

C'est en 1933 que je vis pour la première fois le Docteur Marcel Viard. Il recevait chez lui, rue du Printemps à Paris, où il donnait entre autres un "Cours de maîtrise de soi" qui ne pouvait que m'être utile. |'avais eu connaissancedu Dr. Viard par des artides publiés dans une revue nudiste de I'époque, intitulée "Vivre Intégralement" dirigée par Kienné de Mongeot. Il faut se reporter à cette époque Pour comprendre le "pourquoi" de ce mouvement en faveur d'une libération du tabou sexuel.Peut-êtrede nos jours sommes-noustombés dans I'excès,à I'opposé.Mais dans cesannées"trente",il a fallu des esprits suffisammentlibres et avisésPour secouer le joug d'une pudibonderie excessivequi allait finalement, en entretenant I'hypocrisie, à I'encontre d'une véritable pureté. Le Docteur Viard, avec d'autres comme les docteurs Pierre Vachet, ].A. Bussens,Chauvois, Dartigues, Didier, Charles Guilbert, Pathault, Robert Sorel, Pierre tépine de I'Institut Pasteur etc. fut de ceux qui, courageusement apportèrent leur appui à Kienné de Mongeot dans cette lutte. Ce dernier, est I'auteur de "La Nudité, ou dix ans de lutte contre les préjugésqui tuenf', ouvrage préfacépar le Dr. Viard. Il est aussi le fondateur du premier mouvement de nudité intégrale en France.Ce centreétait installé près de Mantes Ia ]olie, au Manoir |an, à Fontenay Saint Père exactement. J'adhéraià ce mouvement et fréquentaile Manoir |an. C'est en partie grâce à I'habitude de vivre le plus souvent intégralement nu, d'aérer mon corps dans sa totalité Pour qu'il bénéficie du soleil et de I'eau vive irradiée, sans restriction, ainsi qu'en appliquant les principes d'une alimentation équilibrée,saineet variée que je recouvrai la santé.

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il


Faut-il rappeler que le Dr. Viard était médecin naturiste et également professeur à I'Ecole de psydrologie de Paris, dont le directeur était le Docteur Bérillon. Le naturiste, disait-il, est celui qui observe les lois de la Nature régissant I'Univers et qui s'y conforme dans sa vie de chaque jour. Cette définition, sous son apparence simpliste, est moins restrictive que certaines théories sectaires encore affirmées de nos jours sur ce sujet. Comme le Dr. Carton, dans "Les lois de la vie saine", et inspiré par ce père du naturisme,le Dr. Viard nous prê cisait ces lois universelles dans des ouvrages comme "La Maîtrise de soi" et "La morale pratique". Il en donnait cette définition: " Les lois sont des ordres donnés par la Nature (et ce sont des lois universelles) ou donnés par la société (et ce sont des lois sociales)qui, enfreintes,comportent une sanction.". Ces ouvrages étant épuisés, je vais succinctement énumérer sept de ceslois qui peuvent servir de baseà notre activité. Il est bien entendu qu'il est question ici des lois naturelles. La loi du mouvement rythmé. Tout ce qui dure est rythmé. Tout ce qui vit est soumis à cette loi cosmique. Pour s'en convaincre il suffit de considérer le mouvement des astres,des marées,le rythme des saisons,du jour et de la nuit, celui des battements de notre cæur, de notre respiration, etc. C'est le HA et le THA en yoga. C'est aussi contraction et décontraction, travail et rePos. Enfreindre cette loi dans notre comportement, c'est provoquer immanquablement, tôt ou tard, une perturbation dans notre organisme et une dégradation de tout notre être.

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Il faut apprendre à travailler et à se reposer, à se dépenser et à se recharger.Apprendre à mettre de I'ordre dans notre activité physique et mentale. Apprendre à organiser notre vie quotidienne en respectant cette loi cmciale. Comprendre I'importance de I'ordre et de la méthode en toute chose. La loi de sobriété. "L'FIomme sobre, celui qui évite I'abondance des aliments et des boissons toxiques, qui se nourrit surtout de laitage, de légumes, d'æufs, de fruits, de peu de viande, évitera la maladie neuf fois sur dix, se sentira toujours dispos, optimiste, et réussira grâce à sa résistanceorganique". Ainsi s'exprimait le Dr. Viard avec explications médicales et scientifiques à I'appui. Mais il importe disait-il d'étendre le sens du mot sobriété. Etre également sobre en paroles,en gestes,en pensées,en sentiments.On deviendra ainsi plus efficient. On gagnera en force, en précision, en valeur, en beauté. La loi d'utilité. Cette loi appliquee à notre emploi du temps dans notre vie quotidienne nous oblige à discriminer I'essentiel du futile. Elle nous fait réaliser une économie de temps et de forces, qui peuvent alors être utilisees positivement à des fins utiles et pour plus d'efficacité. Si nous prenons la bonne habitude, avant d'agir ou de decider d'une acquisition, de nous poser la question: est-ce utile ? est-ce vraiment utile, n'est-ce pas un caprice, un enfantillage?ou encore,beaucoupplus sérieusement:estce utile pour mon évolution sur la voie du yoga dans laquelle je suis engagé? .....quellesimplification, et que d'économiesde temps, d'énergieet d'argent!

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La loi des associationsd'idées. "C'est la loi qui régit le débit de nos pensées." Le Dr. Viard a écrit: "L'art de penser", ouwage dans lequel il explique et utilise ce rythme de nos penséestoujours reliéesentre elles.Cependant cette liaison, qui semble indispensable lorsqu'il s'agit d'affaires commerciales, industrielles ou toute autre bien concrète, semble moins importante pour une activité purement cérébrale. En fait les penséesse succèdentdans I'esprit avecplus ou moins de rapidité, et ce débit est d'autant plus rapide que I'attention est en défaut. Cette successiond'idées qui se déroulent la plupart du temps inconsciemment peut apparaître dairement à I'esprit par un effort de volonté pour la rendre consciente. Nous sommes en plein Raja Yoga! Cet exercicedéveloppe I'attention, Ie jugement, le raisonnement et la mémoire. Il est la base du " Cours de mnémotechnie rationnelle" du Dr. Viard. En appliquant consciemment cette Loi, on évite la fatigue cérébraleet on fortifie au plus haut point toutes ses facultés mentales. La loi de répercussionou loi de solidarité. Tout ici bas se prête mutuellement appui. Il existe une solidarité étroite entre les trois plans qui nous composent: physique, psychique, spirituel. Le moindre geste détermine un courant de penséeset déclencheune émotion en rap port avec la qualité de ce geste. Ceci est particulièrement utilisé et mis en évidence dans la pratique du yoga de l'énergie. Ainsi, à un gestesaccadécorrespond une respiration heurtée et une circulation sanguine et énergétiqueplus ou moins syncopée, le tout créant une ambiance désagréable. A I'inverse, le geste souple a pour conséquence une respiration régulière qui entraîne dans I'organisme une . circulation sanguineet énergétiquefluide, sansheurt. Il en

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résulte immédiatement une ambiance agréable, harmonieuse. Qui n'a remarqué qu'après un repas trop copieux, ses pensées étaient floues, ses décisions hésitantes et qu'il résistait difficilement à des désirs inutiles. Iæ frein patine alors et la loi d'utilité est mise en échec. Même sur un seul plan cette loi de répercussion se révèle exacte.Ainsi ayez une entorse à la cheville droite et si vous êtes négligent pour la soigner, ne soyez pas étonné quelque temps après de souffrir de votre genou droit. Mais si vous n'avezpas encorecompris, préparez-vousà souffrir par la suite de votre articulation coxo-fémorale gauche. Compensation,répercussion. Ainsi chaque négligenceà propos du corps, chaque faute alimentaire retentit sur le cerveau et sur le cæur. Chaque défaillance de Ia pensée,chaque émotion négative, de haine, de jalousie, de peur, affaiblit notre force vitale et nous déséquilibre. Lorsque nous persistons dans I'erreur, c'est Ia maladie qui s'installe;nous avons désobéiaux lois qui régissentle cosmos! Une meilleure connaissancede soi, avec le désir de mieux se diriger, peut conduire à un plus grand développement de notre spiritualité, car là encorejoue cette loi de solidarité. Car "Toutcequi estenHaut estcommecequi esten Bas; et cequi esten Basestcommecequi estenHaut". Hermès Trismégiste(le trois fois grand) I'a énoncévoilà des millê D'ailleurs naires dans son "Principe de Correspondance". dans Ie Kybalion on retrouve sept principes hermétiques. La loi d'attraction. Il y analogie entre cetteloi naturelle expliquée par le Dr. Viard" et le Principe de polarité du Kybalion: "Tout est double,toute chosepossède deux pôles;tout a deux extrêrnes; ont semblableet dissernblable la mêrnesignification;les pôles opposés ont une natureidentiquemaisdesdegrésdifférents,les extrêmes setouchenf". Ainsi s'exprimele Kybalion.

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C'est le Ha et le Tha du yoga avec les principes lunaire et solaire de l'énergie, principes opposés disons-nous parfois. Mais les yogîs, plus près de la réalit4 les disent coraplnnentairæ.Iæs égyptiens avaient aussi mis en évidence ce principe. Le bien et le mal ne sont que les pôles différents d'une même chose.La compréhension de ce I'rincipe permet de modifier sa propre polarité. C'est tout un Art qui résulte d'un enhalnement en yoga, par exemple.Il s'agit de prendre consciencede sespenséespour veiller à leur qualité. En dérivant et en sublimant la penséenégative, cet élê ment nocif est transformé en puissancepositive. Pratiquement, la sympathie va jouer entre personnes ayant les mêmes qualités. Cette loi d'athaction humaine n'est d'ailleurs qu'une forme particulière de I'attraction des astres,des atomes,etc. La loi d'évolution progressive. A ce propos le Dr. Viard cite Fayolles qui ésit: "lt tempsn'épargnepascequ'on a fait sanslui". C'est une évidence que l'être humain ne peut ni éve luer ni se transformer instantanément. Il lui faut des dizaines d'années pour atteindre l'âge adulte, après être passé successivement,après sa naissancepÉu l'enfance et l'adolescence. Il connaîtra ensuite inéluctablement l'âge mtr, puis la vieillesse et la sénescence,si sa vie n'est pas interrompue avant par maladie ou accident. Des tedrniques comme le yoga peuvent intervenir pour, à la fois retarder cette échéanceet accélérerla transformation évolutive vers le divin. Mais dans tous les cas cette évolution sera progressive et I'on dewa s'astreindre à franchir les étapes I'une après I'autre pour ne pas courir le risque d'un déséquilibre. L'Homme a besoin pour évoluer de se remettre souvent en question. Il lui faut reconnaîtreseserreurs, en souffrir, pour ouvrir les yeux, pour comprendre. Ce sont des


épreuvesqu'il a à surmonter; des crisesde purification par lesquelles il doit passer.Il faut du temps ! Maintenant doit-on limiter à sept, ce chiffre sacré,ces lois qui régissent I'Univers ? Les lois de la Nature, ainsi nommées et décrites par le Dr.Viard, et les Principes du Kybalion, à eux deux en font apparaître déjà davantage. Ces derniers énoncent un Principe combien important, celui du Mentalisme. " Le Tout est Esprit, I'uniaers æt Mental". Puis un autre, non moins important: Le Principe de Vibration. "Rien ne repose;tout remue; tout aibre". Tout vibre, même ce qui paraît inerte à nos sens humains limités. La sciencemoderne, avec ses moyens sophistiqués le vérifie. Nos savants ne font que redécouvrir ce que ces Anciens ont énoncé,il y a des milliers d'années.Ils avaient déjà percé le mystère. Les différences qui efstent dans le monde du créé entre les diverses manifestations de la matière, de l'énergie, de I'esprit, sont le fait d'une proportion inégale de vibrations. L'échelle de ces vibrations est ainsi composée: - Pour les formes grossièresde la matière, les vibrations sont si lentesqu'il sembleà nos senshumains qu'elles n'existentpas. Tandis qu'à.l'opposÇla vibration de I'Esprit est tellement élevée et si infiniment rapide qu'elle nous apparaît comme statique. Voilà encore une application de la loi de solidarité: tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et les extrêmes se touchent ! De même une toupie lancée de toutes nos forces et tournant à toute vitesse, ou les roues d'un véhicule tournant très rapidement nous paraissent arrêtées.Le yogî dans un état de méditation a cette apparence corporelle statique alors que son esprit, dans un calme parfait a une activité vibratoire intense. Ainsi le Tout, qui est Pur Esprit, vibre à un taux de fréquencevertigineux. Et entre cespôles opposés,aux deux extrémités de I'échelle,il y a, on le conçoit, des millions et des millions de taux de fréquence vibratoire de l'énergie,

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qui engendrent cette infinie variété de manifestations concrètesdans le monde de la forme. Notre technique du yoga de l'énergie, au troisième degré, dans I'enseignementsupérieur, est basé sur ce principe vibratoire pour se relier effectivement au Tout. Citons encore: le Principe de Cause à Effet. On le retrouve en Yoga dans la Loi Karmique Toute causeà son effet, et tout effet a sa cause.Tout arrive conformément à la Loi. La chancen'est qu'un nom donné à la loi méconnue.Il y a de nombreux plans de causalité,mais rien n'échappeà la Loi" (Le Kybalion). Nous pourrions vous entretenir également de la: Loi du fuste Milieu. Toute qualité exagérée,dans un sens ou dans I'autre, devient défaut. Etre économe c'est une qualité. L'être exagérément c'est être avare et, dans I'autre sensla prodigalité est également un défaut. Idées justes, pensées justes, paroles justes, actions justes ..... Tout le bouddhisme est basésur ce principe. La loi d'harmonie C'est l'équilibre entre le Ha et le Tha, le Sattva des yogîs. Dans I'harmonie tout est facile. Ce qui est saccadé, brutal, entraîne des heurts désagréables,voire douloureux. Dans I'harmonie se révèle la beauté:harmonie des formes, des pensées,des sentiments.Alors on comprend: La loi d'Amour Sans amour nous n'existerionspas. Pas plus que le Monde.

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Le Docteur Marcel Viard a été véritablement mon pre mier Maître sur le chemin de la Connaissance.Celui qui m'a fait observer, réfléchir et comprendre que j'étais un grain de poussière dans I'IJnivers, et que j'étais insensé d'enfreindre les lois qui le régissent. Au milieu des immeubles, dans les cités on se sent un peu protégé. Mais peut-on imaginer un instant, ce que ressent le marin isolé en pleine mer, ou Ie nomade au milieu de I'immensité du désert ! Après m'avoir fait découvrir mon ignorance sur les choses essentielles de la vie, le Maître me guida pour mettre tout cet enseignementen pratique dans ma vie de chaque jour. Il m'apprit tout d'abord à me détendre, à me relaxer chaquejour. II me conseillamême de le faire deux fois dans la journée, durant un minimum de vingt minutes chaque fois. Cela m'était difficile dans Ia conjoncture du moment. Mais je compris heureusement I'importance de ce travail sur moi-même, et je mis tout en æuwe pour le réaliser. f'en fus très vite récompensé.Les premières fois évidemment, au bout de cinq minutes je m'endormis. Mais ma persévérancefit qu'après quelques mois de pratique assidue, je fus en mesure pendant vingt minutes consécutives, non seulement de détendre mon corps, mais de rester tout ce temps conscient de ma respiration. Tiès vite ensuite, et dans un temps relativement court, je réalisai une stabilité de mon mental. Mes penséesne vagabondaient plus ! |e n'eus alors plus aucun effort à faire pour me ménager mes vingt minutes de libre dans mon emploi du temps pourtant chargé. Cela me procurait un tel plaisir que je devenais impatient de retrouver deux fois draque jour ce calme qualifié et de sentir en moi, de plus en plus, un bienêtre accru ainsi qu'une puissanceénergétiqueextraordinaire. |'avais ménagé ce temps de travail sur moi-même avant les repasdu midi et du soir, tandis que les gensde la

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maisonnéeétaient à table. ]e les rejoignais ensuite détendu, dispos, et dans des conditions optimales d'appétit. C'est ainsi que, réalisant un lâcher-prise de plus en plus profond, tant physique que psychique, tout en maintenant une vigilance constante,j'eus alors la sensation de ne plus sentir mon corps dense.Puis je renouvelai cet état de plus en plus facilement et rapidement, avec de moins en moins d'effort. ]e pris ainsi conscienced'exister sur des plans plus subtils. Enfin un jour m'apparut I'image d'un Bouddha assis, les jambes croiséesdevant lui. Il était en or,lumineux, resplendissant et diffusant une énergie d'une puissance et d'une qualité indescriptibles. Mais aussi une félicité ineffable dont tout mon être fut imprégné. |e vibrai de façon inconcevable et inexplicable ! Mes paupières étant closes,cette image se situait en moi, dans le volume de ma tête, face..àmoi et au niveau du front. C'est donc un regard intérieur qui la percevait. Sa dimension ? difficile à définir. .d la fois petite comme lorsqu'on regarde par le gros bout d'une lorgnette, mais d'un tel relief et si rayonnante que cette dimension, en fait, était toute relative. Que s'était-il passé? Cinquante années après cette vision extraordinaire, qui ne s'est jamais reproduite, je me pose toujours la question. Plusieurs explications m'apparaissent, mais évidemment ce ne sont que des hypothèses. L'apparition était pour moi d'autant plus surprenante, qu'à cette époque, élevé en dehors de toute religion par un père athee, je n'avais qu'une connaissancelivresque et très succincte de Bouddha, comme de |ésus, de Mahomet ou de Moise.... Puis je continuai à vivre, pleinement dans le monde concret, matériel, sans toutefois relâcher mon entraîne ment. fe me sentais en pleine forme, tout puissant. Mais I'excès tourne toujours mal puisqu'on enfreint la loi du juste milieu, comme nous I'avons vu précédemment. Tiop

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d'entrée d'énergie et pas assezde sortie provoqua en moi un déséquilibre physio'psychologique. ]'avais reçu trn cadeau merveilleux, inestimable, un cadeau du ciel dont je n'avais pas compris toute la valeur.f'ai omis de dire que je n'en avais parlé à personne, y compris à mon Maître Viard. C'estseulementaujourd'hui que je révèlece secret.Et il m'a fallu ces ennuis de santé pour que je comprenne que cette toute puissancem'avait été offerte, non pas pour que je puisse satisfaire mes petits besoins personnels, matériels, mais pour d'autres fins, plus détachéesde moi-même, plus spirituelles. Le Dr. Viard m'avait ouvert les yeux, dans un premier temps, sur cesLois essentiellesqui nous régissentainsi que I'IJnivers.II n'avait pu, à mon niveau de compréhensiondu moment, que me faire pressentir cette Vibration initiale, cette Energie primordiale, cette toute puissance qui est toute Intelligence et tout Amour. Il allait me falloir des dizaines d'années d'existence et beaucoup de souffrances pour m'ouvrir complètement à cette dimension cosmique et comprendre enfin comment je devais employer cette Energie. Pour I'iirstant je consultai un radiesthésiste.Il m'apprit que je faisais de la méditation. Qué k'c'estk'ça lui disje ? Il m'expliqua que ce que je venais de lui exposer de mon entraînement quotidien était en effet de la méditation. D'après lui il était important que je trouve un Maître pour me guider. Jelui demandai alors s'il pouvait m'en indiquer un, ce qu'il fit après un temps de réflexion. Lorsque j'essayai d'entrer en contactavecce Maître j'appris qu'il venait d'avoir un accidentet qu'il avait succomtÉà sesblessures. C'est alors que peu de temps après je découvris Ferrer, comme par hasard.Mais nous reviendrons bientôt à cette période de ma vie. Pour I'heure restonsencore un peu avec le Dr. Viard. |'ai été guidé par lui pendant dix sept ans.Son enseignement, qui m'a tant apporté, comprenait deux éléments que j'ai exposés,à savoir une prise de consciencede ma

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dimension minuscule au sein de I'Univers et I'obligation dès lors de respecterles lois qui régissent ce dernier. Puis une pratique régulière, bi-quotidienne pour me détendre, mieux respirer et .....méditer ! Mais dès le début,le Dr.Viard m'avait aussi fait pratiquer le geste conscient. C'est en fait le fameux "êtreprésent au présent" des yogîs. Dès qu'on se lève le matiry c'est bannir toute rêvasserie, toute projection mentale de longue durée dans le passéou dans I'avenir. C'est, à chaque minute, et du matin au soir, vivre consciemmentavecintensité le moment présent quel qu'il soit. Ainsi I'attention se fortifie, les sens se développent et acquièrent plus d'acuité. Enfin I'Etre, dans son intégralité, vit et vibre profondément enre gistrant toute sensationjusqu'à la plus subtile, sur les plans de conscienceles plus profonds. Et sans autre effort que celui d'être là, présent,conscient. L'acte conscientintéresseà la fois les plans physique, mental et émotif. Il mobilise les trois plans de la personnalité simultanément. C'est pourquoi sa pratique contribue à recentrer cette personnalité et, à I'inverse, tout acte quelconque ne respectantpas ce processusla détruit. L'acte parfaitement accompli est équilibrant puisque la personnalité tout entière y a participé. Pratiquer souvent des actes conscientsdans le courant de la journée, c'est aussi acquê rir davantage de maîtrise de soi. Tel était d'ailleurs le titre du cours auquel je m'étais inscrit chez le Dr.Viard. L'origine de tout acte, conscient ou inconscient est, soit un désir ou une émotion ou encoreune pulsion. Quelle qu'en soit alors I'origine, qui peut venir du monde concret de la forme, extérieure à nous ou intérieure, ou être une remémoration surgissant du subconscient, voire de I'inconscient et du sans forme, le déroulement est strictement le même. Une image surgit, donnant naissanceà une pensée,laquelle pousse à penser ou à agir. La parole est alors précise: "Cequi seconçoitbiens'énonceclairernent et lesmots ". L'acte est, lui aussi,précis et pour le dire arriaentaisémenf efficace.Qu'arrive-t-il, au contraire, au grand nerveux dont

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le cerveau est encombré de pensées? Il bredouille pour s'exprimer et ses gestes conune ses pas sont hésitants. Il manque d'efficacité.

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Saisir un objet en pensant à aute chose,sansêtre centré dans sa tête pour penser,et dans son centre de gravité, dans son ventre pour agir, c'est courir le risque, tôt ou tard, d'un déséquilibre de la personnalité. Hélas, nombreux autour de nous sont les casque nous pouvons observer qui confirment ce propos. C'est une clientèle pour les psychologues de nos jours et les psychiatres. Evidemment ce que le Dr.Viard, professeurà I'Ecole de psychologie de Paris, préconisait il y a cinquante ans, peut paraître à certains périmé. N'est-ce pas en effet fastidieux d'être toujours là, au présent, dans les tachesles plus humbles, plutôt que de laisser courir son imagination de façon paresseuse? Il est plus moderne de payer, parfois très cher, pour qu'on vous assiste.Se prendre en charge et travailler seul sur soi, pour se recentrer et acquérir une maîtrise, est sans nul doute plus difficile que de s'étendre sur un divan. Il faut un peu de courage, assaisonné d'une volonté persévéranteet Ie désir de s'en sortir soi-même. Il existe une solution, c'est d'essayer.Il faut le faire pour croire à I'efficacité d'un exercice aussi simple, et découvrir tout I'intérêt de cette habitude salutaire dans la vie quotidienne. Le Dr. Viard m'avait dit: " Chaque soi4,au coucher avant de vous endormir, récapitulez le nombre d'actes conscientsque vous avez vécus dans la journée. Le conseil n'était pas superflu. Le premier soir, élève appliqué, je constatai objectivement, mais sans fierté, que j'en avais accompli .....un seul ! Bien entendu au réveil,le premier...et puis ensuite, j'avais été entraîné à nouveau par habitude, dans des gestesautomatiques. Par bonheur je suis doté d'une volonté persévérante qui, avant de suivre les cours du Dr.Viard, tournait parfois à I'entêtement(qualité exagérée).f'avouerai même que les

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difficultés m'excitent plutôt et que j'éprouve un certain plaisir à vaincre et à me vaincre. Le lendemain ce fut moins mauvais et les jours suivants ce fut de mieux en mieu<. C'est ainsi que je peux dire sansvantardise, que ce travail persévérant m'a conduit maintenant, à comptabiliser de préférenceles actesinconscients.Oh, ce n'est pas parfait. Il m'arrive encore d'être influencé profondément par une vive émotion, un sentiment, un gros soucis et d'en oublier durant quelques secondes le moment présent. Mais j'en prends très vite conscience,et je m'empressede rétablir le contact. Alors mentalement je ne m'adressepas de félicitations. Enfin, depuis quelques années seulement, après un long entretien avec le grand yogî Tuktsé Rimpoché (grand Maitre tibétain, de la lignee des Kargyi.itpas, venu à Paris et qui a quitté ce monde depuis), j'ai réalisé soudain que ce travail persévérant m'avait réellement fait vibrer à I'horizontale, dans le monde visible de la forme. Mon entraînement, depuis cette rencontre, consisteà réaliser le plus souvent possible, dans le courant de la journée, une dualité de perceptions. C'est-à-dire conscient à I'horizontale du monde formel et simultanément, à la verticale recevoir de I'invisible, du sansforme. Impossible, penserez-vous.C'est également ce que je pense lorsque je vois un jongleur, au cirque, lancer au-dessus de sa tête un nombre impressionnant de balles, de cerceaux ou de petites massues,et les rathaper sansen laisser échapper une seule. C'est impossible pour moi, dans le moment présent. fe ne me suis pas exercéconrme lui, pendant des années,avec persévéranceen donnant dans mes activités la priorité à cet entraînement. Si pendant cinquante années,je me suis exercéà jongler à I'horizontale, c'est-à-direà entraûnermes sensdans le monde de la forme, et si il me faut le même temps pour acquérir les mêmes résultats à la verticale dans le sans forme, il est évident que ce ne sera pas pour cette vie actuelle. Mais cette réflexion ne me découragepas. En effet

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je peux déjà constater qu'en gymnastiquant ma consciencre de cette nouvelle façon, il m'arive de vivre parfois le prê sent dans une dimension exceptionnelle qui m'est alors révélée.Dans les instants que je consacneà la méditation,la liaison avec Ie sans forme pendant laquelle je reste parfaitement conscient de la forme, se fait de plus en plus rapidement, aisément, réellement. Un formidable courant d'énergie passe à travers moi comme à travers un filtre. f'apprécie de plus en plus sa puissanceet sa qualité, dans I'instantanéité. Incontestablement mon objectivité s'améliore, mon humilité grandi, ma Connaissance s'accroît; et ma conscienceprend une autre dimension. CELA descendverticalement. Puissent ces quelques explications engager tous ceux qui suivent actuellement mon enseignement à pratiquer quotidiennement I'acte conscient. Puissent-ils également ne pas attendre aussi longtemps que moi pour se brancher à la verticale. Enfin que tous ceux, quels qu'ils soient, qui liront ce texte, soient tentés d'essayer.Leur vie pourrait en être radicalementchangée.....en bien !

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Lucien Ferrer

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LUCIEN FERRER

C'est en fanvier 1950 que je m'inscrivis, avec mon épouse, au cours de Lucien Ferrer qui allait devenir mon Maître en Hatha-Yoga. f'étais alors dans ma 42ème année (6 fois 7). Ce cours avait lieu rue Feydeau à Paris, à côté de la Bourse, dans un gymnase en sous-sol où se tenaient également à d'autres heures,des cours de Judo. Puis, quelques temps après, il se transporta dans le même quartier rue d'Uzès. Ce cours fonctionnait sous l'égide d'une association, loi de 190'1,, fondee par Ferrer en 1948sous la dénomination d'Académie Occidentale de Yoga. Dans une pièce de ce même appartement, Ferrer exerçait ses talents de guérisseur qui étaient remarquables,sous le couvert d'une sociê té anonyme qui portait le titre de Polyclinique somacétique. Lucien Ferrer, de son métier dessinateur d'études, avait épousé à Thomery charmant village situé au bord de la Seine,en lisière de la forêt de Fontainebleau,la fille d'un producteur de raisins. Il avait succédéà son beau-père et, lorsque je I'ai connu, il cumulait cette nouvelle profession avec I'enseignementdu yoga à Paris. C'était un homme plutôt petit, mais trapu. Il était originaire du midi de la France; sa famille était de Banyuls. Il était doué d'une puissanceénergétiqueexceptionnelle.Son émission fluidique, son magnétisme étaient hors du commun. Il avait connu le yoga corune par hasard. Mais il y u lieu de se demander, surtout dans son cas,s'il y a hasard ou prédestination. Après qu'il eut connu les liwes de Kerneiz, il décida de faire la connaissancede ce dernier,lequel fut étonné des possibilités innées de son futur élève, pour réaliser des postures de yoga réputées difficiles par les occidentaux.

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Tlès vite d'ailleurs, Ferrer fonda sori propre cours qui connut aussitôt le succès. Comme je I'ai dit précédemment,en 1950j'étais donc, à mon tour, à la recherche d'un Maître pour me guider dans la pratique de la méditation. Et je fus amenÇ à quelques semaines d'intervalle à acheter, dans une librairie Square Montholon, le premier ouwage de Fener et à connaitre celui-ci en tant que guérisseur. C'était pour une tante atteinte d'une maladie très grave et très douloureuse, que les plus grands spécialistesconsultésétaient dans I'incapacité de soulager. f'eus donc I'occasion, en premier lieu et objective ment, de juger des pouvoirs de Ferrer en tant que guérisseur. Sans parvenir à guérir ma tante, ce qui eut été miraculeux, il réussit un certain temps à faire régresserla maladie et surtout à diminuer les souffrances de la malade, ce qu'aucun médicament n'avait pu faire. C'est à cette occasion que je demandai à Ferrer de suivre ses cours de hatha-yoga, dont j'avais été informé en achetant son premier livre, lequel m'avait fort intéressé.tr se fit un peu désirer pour finalement accepter, jugeant de ma détermination à travailler sur moi-même et ajoutant: "D'aillanrs, le jeu en oaut la chnndelle,"paroles que p n'ai jamais oubliées ! C'est ainsi que, chaque jeudi soi4,mon épouse m'accompagnant, je devins l'élève assidu du Maltre, c'est-à-dire durant quatorze années, jusqu'à ce qu'il nous quitte en 1964. ]e n'étais pas particulièrement doué pour les postures pratiquées en hatha-yoga.J'étaismusdé mais tendu. |'avais étÇ avant de tomber malade, un sportif très douÇ remarqué par Anthoine qui recrutait des jeunes à entraîner pour les |eux Olympiques. A seize ans, bien que junioq, j'avais participé avec mes aînés smiors, aux championnats interscolaires de Paris. Bon coureur de vitesse et bon sauteur, j'avais remporté la course de haies. Devenu adulte, dans ma profession,je portais chaquejour de lourdes charges,ce

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qui m'avait fait des ligaments et des musdes solides, mais manquant d'élasticité. Heureusement que le Dr.Viard m'avait appris à me relaxer. Ce qui avait tout d'abord intéressé Fener chez moi, c'est que j'avais essayé de soulager ma tante malade. Il m'avait dit, lors de notre toute première rencontre: 'Mais vous êtesguérisseur !". En fait j'avais essayéde soulager ma pauwe tante par des passesmagnétiques et j'avais été guê risseur comme j'avais fait de la méditation et du yoga avec Viard, sans le savoir. f'avais en moi, effectivement inné, un désir de soulager ceux qui souffrent. De telles occasionsne manquent pas autour de soi. Ce fut une période qui dura plusieurs années. Mais je compris mieux la réaction de Ferrer à mon égard lorsqu'il me dit un jour qu'il désirait fonder une école de guérisseurs.C'était également inné en lui. Enfin un certain jour, comme j'arrivais rue d'Uzès pour le cours, Ferrer m'appela dans son bureau. Il avait un air sérieux peu habituel. Il me fit savoir clairement qu'il désirait que je lui succèdelorsqu'il serait appelé à quitter ce monde. Ma surprise fut totale. Cette proposition me parut... folle, impossible, hors de toute logique, de toutbon sens,impensable. f'enfouis toutefois cette réaction en moi, Ferrer était tellement catégorique! |e cherchai des arguments pour faire valoir mon point de vue. D'abord, enseigner le hatha-yoga ne me paraissait pas du tout, mais pas du tout dans mes possibilités.Il y avait plus doué que moi pour les postures.J'énumérai tous ceux qui me semblaient beaucoup plus aptes que moi pour lui succéder. Ce fut peine perdue. Il réfuta tous mes arguments, tous mes choix, pour conclure avec autorité: "D'aillars tu n'as pasà en discuter,ce sont mesMaîtresqui t'ont d&igné à moi". Et il poursuivit " si tu n'es pas assezsouple pour exê cuter telle ou telle posture, tu peux parfaitement I'enseigner, et un élève doué fera la démonstration. Ce qui compte aaanttout c'est ton ambiance".len'avaisplus qu'à m'incliner !

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V"ir j'étais loin d'imaginer ce qu'un tel honneur me réservait lorsque Ferrer quitterait ce monde, une dizaine d'années plus tard. En fait il n'était mon aûré que de sept ans. Que voulait donc dire Ferrer en m'affirmant: "ce sont mes Maîtres qui t'ont désigné à moi"? Ferrer était-il vraiment un Maître selon la tradition du yoga? |e me suis parfois posé la question de son vivant. Il s'en défendait auprès de moi. Ne me considèrepas conrme vn guru me disait-il, et vérifie toujours par toi-même ce que je te transmets. Mais il me disait souvent aussi: "Ne cherche doncpas tant à comprendre, mnisfais cequeje te dis et surtaut joue le jat objectiaement. Ne raisonnêpas,maisobsquesimplement le r&ultat ile ceque tu asfait". |e le voyais dans Ia vie, super-actif, mais bien humain, avec corune moi, conune nous tous, des qualités et des dffauts. C'était bien sympathique. |e n'avais cependant aucune envie de lui taper sur l'épaule en copain. |e le respectais, mais je I'aimais bien et j'étais très près de lui. D'ailleurs nous avions de nombreux points communs. Comme moi il avait fait des études pour être ingénieur,lesquelles furent interrompues par la guerre de 1914.n était alors devenu dessinateur d'études aux établissements Schneiden Nous avions tous deux un æil gauche déficient, ce qui accentuait notre côté yang. Nous étions de la même façon bouillants, pleins d'énergte, et très gais. Nous aimions la vie. Elle était notre principal temain d'expérimentation, et nous étions peu attirés par les discussions philosophiques. Et tous deux nous avions une vie professionnelle accaparante,rude. Mais nous I'exercions en yogîs, consciemment, efficacement et dans la joie. Chacun de notre côté, dans note profession, nous ceuwions pour I'amélioration et la défense de cette profession, dans des syndicats professionnels. Mais aussi, en parallèle, nous avions une vie culturelle, une vie intérieure. Nous recherchions une réalisation personnelle avec le désir de diffuser et de partager les fruits de notre expérience.

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Nos épouses avaient, elles aussi, de nombreux points communs. Fener m'avait dit un jour: "Nous avons bien la même femme". Toutes deux qualités semblables, même caractère, mêmes habitudes. Chaque couple avait deux enfants, deux filles ! Alors pouvais-je le considérer comme un Maître, comme mon Maître? fe n'avais auqrne envie de me mettre à ses pieds, pas plus qu'il ne le désirait lui-même. Cependant, maintenant, regardant en arrière sur le dtemin qu'il m'a aidé à parcourir, je dis avec certitude: c'était un Maître, un wai Maître. Le Docteur Marcel Viard et Lucien Ferrer furent sur ma route des Maîtres. Chacun d'eux sut m'apporter à I'heure "H" ce qu'on attend d'un Maître et surtout tous deux furent incontestablement de wais Maîtres, car ils ne m'enctraînèrent pas. Ils surent me donner confiance en moi et me fourni1 au moment voulu,les outils pour travailler sur moi-même. Ainsi ils m'ont permis d'avoir la révélation de toutes mes possibilités en potentiel au fond de moi-même. Chacun d'eux, à vingt ans d'intervalle dans le courant de ma vie, fut à la fois un révélateur et un guide, sachant m'éviter bien des écueils qui nous guettent fatalement sur le chemin. |e souhaite, à tous ceux qui sont engagéssur la Voie de trouver de tels guides, de tels Maîtres.

C'est ainsi que surgissent de ma mémoire, certains souvenirs précis, curieux pour le moins, touctrant Lucien Ferrer et qui peuvent témoignendans ce sens. Un- dimanche après-midi je reçois un coup de fil de Thomery. Monsieur Ferrer me demandait ce que je faisais et si nous étions libres cette soirée. En tant que corunerçant, après le déjeuner du dimanche qui avait lieu vers les

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1.4heures,l'après-midi était occuÉ à faire les comptes de la semaine. Bien str que nous étions libres Monsieur Fetrer, pour répondre à votre invitation. Venir dîner à Thomery avec vous et votre femme: incroyable, mais vrai ! Quel bonheur de dùrer en tête à tête avec le Malfie ! fe devais m'attendre à des révélations, à une conversation intime intéressante. Qui sait.....peut-êtreà une initiation mineure! Vite prêt_s,nous voici en voiture. Les 70 kilomètres jusqu'à Thomery sont parcourus en un temps record... j'étais jeune. Nous voici arrivés. Présentations.Puis: ''Tiens Roger, Marielouise, vous atmez les truites ? n y en a de très fraîdres chez le poissonnier tout près d'ici. Nos femmes vont faire leurs emplettes et tandis qu'elles préparent le dîner, je t'emmène prendre I'apéritif. Roger je vais te montrer où je vais le dimanche". Nous arrivons dans la côte conduisant à la forêt. Petit bistro de campagne, bien sympathique. Nous entrons. Bonjour, bonjour ! "Tens Roger, tu vois c'est là que je viens jouer à la belote, avec ces gars- là. ft vois ce grand (Ferrer était petit), la dernière fois il a triché. |e n'aime pas ça.|e lui suis rentré dedans, il a compris...... fe récapitule: Lèreconstatation:le Maître boit l'apéro, 2èmeconstatation:il joue à la belote, 3èmeconstatation:il sebaganesi on triche. Aucune rancune. Une ambiance joyeuse. Ces gens humbles soupçonnent-ils la valeur profonde de leur cÉunarade. Ferrer ne s'en distingue absolument pas. Il vit le moment présent à leur niveau. Nous voici repartis. Nous arrivons à la maison où ces dames nous attendent. A table! on a faim. Entrées,truites, etc. S'adressantà la maîtressede maison, Ferrer lance "tu nous I'apportes cette bonne bouteille !" C'est sympa ... dessert etc. tout pour être heureux et bien repus. L'ambiance est agréable, amicale, euphorique. La conversation est banale, toute simple....Ah ! tu as la gniole que nous a ame

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t née le père Antoine ? de sa fabrication, du pur jus, on ne trouve pas ça dans le commerce! 4èmeconstatation:Ie Maître ne boitpasquede l,eau ..... En réalité il a mangé et il a bu comme un petit oiseau, mais heureux d'avoir à sa table des convives luis"nt honneur au repas servi. Plus d'une fois, par la suite, il m'a été donné de constater la même chose.ùn Ferrer heureux de créer une ambiance joyeuse, vibrante d'amitiÇ mais tou_ jours conune supervisant l'assembleeet en dehors du coup. Et toujours mangeant et buvant très peu. ,,Roger fumes_tu?,'Hélasnory !ffi" pour terminer: monsieur Ferrer,je n'ai d'ailleurs aucun mérite. ne peux Je p.?:, .* ça me pique la gorge que j'ai toujours eu très sen_ sible; ...et puis mon poumon gauctre iragile. f'éprouve presque le besoin de me justifier auprès ae tui deïe pas avoir ce défaut! Sèmeconstatation:le Maîtrefumr. E,l y-" apprécier,en connaisseurun petit ninas superfin paraît-il, offert par un ami hollandais. Et de l'initiation mineure qu'en est-il advenue? Le "yoga" mot n'a même pas été prononcé de la soirée.Il ne le sera pas davantage lors des adieux. Nous voici repartis. Suis-je déçu ? même pas. Simplemmt je me pose quelques questions. Ferrer n'a-t-il pas telement insisté pour me démonq:r q:'il n était pas un guru, qu'il ne voulait pas jouer ce rôle vis à vis de moi. Ferrer se Éférait à Krishn-am*ti urr". lequel il avait été en contact. Ne voulait-il pas également que je perde I'habitude de faburer, défaut sirépaidu ctrez les pratiquants du yoga en occident? La leçon n'était-elle pas digne du Maître? En tout cas elle a porté. ,É **

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Pourquoi Ferrer m'avait-il dit si catégoriquement que je seraisson successeur?fe ne lui demandais rien, sinon de travailler tranquillement, dans mon petit coin, à ses côtés. Pourquoi chaque fois qu'il avait un visiteur de marque, feignait-il de m'ignorer, mettant en valeur un autre de sesélèves, jamais le même il est wai, mais j*uis moi ? Alors, un jeudi soir, décidé à le faire parler, je le coince dans le couloir de I'appartement, avant le cours. Monsieur Ferrer bonjour! Dites moi, pouvez-vous me dire où j'en suis sur ce chemin du yoga ? II y avait , coûune par hasard une chaise dans I'encoignure près de la salle de cours où nous nous trouvions. Bien, assieds-toilà me dit-il. Et voilà qu'il fait ses petits yeux, plissant le front, tandis que je ferme les miens. Je sais, qu'avec cette façon de me regarder, conune le fait un peintre pour cenEer son paysage sur sa toile, il pénètre au fond de moi. Que voit-il ? Que va-t-il découvrir, m'apprendre, me révéler? Il bouge: j'ouvre les yeux. Il est devant moi, debout, souriant. Bien, dit-il; c'estbon, continue..... C'estpas wai...!... Après tout, n'est-cepas lui qui a raison? C'est mon ego, toujours là, qui s'mfle, qui se gonflg qui veut savoir; le successeurdu Maître, pensez donc ! fustement, ce successeurne doit-il pas être capable de transcender ce petit moi qui le fait souffrir, cet ego encoreimportant? f'ai à travailler pour agir détaché des fruits de I'action. fe me plains de ce que Ferrer me mène la vie dure. Mais n'est-cepas à moi de découwir où j'en suis et ce que je dois encore faire. |e ne veux pas être à sespieds et il ne le désirepas. Il tient à faire de moi un homme libre.Il ne peut qu'être un révélateur, me mettant dans des situations où je dois me prendre en charge.C'est ce qu'il fait. Ferrer un véritable Maître: OUI ! suis d'ailleurs injuste. A draque réunion officielle, il m'a ]e toujours placé à côté de lui, à sa gauche... Et puis, j'ai la certitude, de plus en plus, que je ne suis pas seul. |e me senssuryeillÇ guidé.

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C'est sûr qu'il m'estime et qu'il m'aime. Moi, I'athée, le matérialiste qui veut comprendre I'incompréhensible, toucher du doigt I'intouchable, il va me donner de nombreuses preuves des pouvoirs de sa puissance énergétique. Des preuves inéfutables, à moi le scep tique, de son pouvoir d'agir sanstenir compte de la distance. "Ne cherchedonc pas à comprendre,constateobjectioement.Déoeloppe ton attention,ta sensibilité.Soisg&mt au yésent". Enfin il a décidé de partia de quitter ce monde, pour des raisons qui lui sont personnelles.Il m'en avertit. A la fois sceptique et atterré, je réussis à le voir seul dans son bureau". Monsieur Ferrer ce n'est pas possible, voyons. Il vous reste tant à faire ici-bas, et vous avez encore tant à m'apprendre!" Sa décision est prise, irrémédiable. Alors tous les lundis, mon jour de repos, il m'attend chez lul, à Thomery. Il me donne des instructions pour que je lui succède.Il me gave précipitamment de ce qu'il aurait voulu me transmettre encore.Voilà pour toi, et pour untel ceci,et porrr un autre cela. Fais attention à ceci et à cela. Voici pour toi, inscrit sur ce carnet un enseignementà transmethe de bouche à oreille. |e le mets là, dans le tiroir de mon bureau. fe le complète chaque jour. Tu le réclameras; il est pour toi. Oui il pense vraiment à sa succession.fe ne comprends pas; il me paraît en pleine forme. il n'a rien d'un mourant. Depuis quelques mois déjà, il m'avait demandé les deux premiers enregistrements de son Cours Supérieur, soit huit leçons au total. Il y u trois annéesde ce cours ainsi enregistré à raison d'une leçon par semaine.Un mois après il me les rendait. Thèshumble et déçu: '\Ion, impossible d'en tirer autre chose pour t'aider. C'est à reprendre complètement. Mais tu le feras toi-même". Seul, j'allais donc être seul. Il partait trop tôt. Pourquoi?

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Un lundi matin, je reçois un coup de fil de madame Femer. Venez vite, mon mari est tombé cette nuit, à son bureau, en travaillant à son dernier livre. f'arrive très vite pour me rencontrer avec le docteur. Très pessimiste,il nous laissepeu d'espoir. fe monte, au premier étage, voir le Maltrc dans sa chambre. Il ne peut plus parler. Mais son regard qui me fixe, je ne ne I'oublierai jamais. Il me pénètre jusqu'au plus profond de moi-même. De grosseslarmes coulent alors sur sesjoues. fe me penche sur lui pour I'embrasser. Sa successionà I'Académie Occidentale du Yoga me réservera quatre années d'épreuves, qui faillirent venir à bout de ma robuste constitution. Nul doute que ces épreuves me furent salutaires. Le Maître veillait. Depuis, chaque iour il est dans mes pensées.

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t MADAME MARRON

C'est dans les années60 que, grâce à une amie commune, je fis la connaissancede Madame Marnrn. |'ai rencontré, au cours de ma vie, nombre de femmes remaiquables dont j'"i pr admirer soit la beauté ou l'intelligence, soit le savoir ou l'élégance ou enconele dynamisme, le courage, le dévouement, la bontÇ le charme etc. Mais j'ai toujours été très réservé à leur égard, voire timide. Oui, j'ai toujours eu le respect de la femme. Elle m'influençait car je pressentaisen chacune d'elles [a mère, la "shakti divind' dirais-je maintenant, celle qui donne la vie. Même à l'adolescenceoù les pulsions sexuellessont si fraîches et si fortes, je réprouvais l'attitude cavalière de certains garçons à l'égard des filles. Si aujourd'hui je me confie ainsi à vous Cest pour que vous compreniez bien la relation que j'eus durant environ dix annees avec cette femme exceptiorurelle. C'était une sainte femme. f'ai eu la chance de la trouver sur mon che min au moment opportun, mais je ne crois pas que ce fut un hasard. Elle habitait à Paris, dans le 19è arrondissement, au pied des célèbresstudios de cinéma des Buttes Chaumont. |e revois encore cette rue pittoresque du vieux Paris, pavée, et où sont édifiés maintenant de grands immeubles modernes. A l'époque on y accédait en frandûssant une grande grille qui en interdisait l'entrée à tout véhicule. Cette rue ancienne assurait le passageentre deux rues réserveesà la circulation. Elle était curieusement là comme un îlot de calme et un vestige du passé.Toutefois large, elle était bordée de maisonnettes d'un étage maximum. Mais celles-ci, plus ou moins vétustes, étaient habitées par des gens pauwes avec des familles nombreuses.Les gossesavaient au moins la possibilité de s'ébattre sans danger sur les pavés de cette rue piétonne.

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Mon amie habitait au premier étage de l'une de ces petites maisons. C'est tout au fond d'un long corridor, peu éctafué, qu'on accédait à son appartement. Humble deux pièces, sans confort, Cest là que vivait madame Marron et son époux, retraité du métro. Ce dernier, à demi grabataire était soigné affectueusement par cette épouse remaryuable. |'assistai, quelques annéesplus tard, à ses derniers jours. Dès ma première visite à cette furure amie, ma surprise fut grande de passerbrusquement d'un long couloir sombre et plutôt lugubre à cet humble logement dans lequel régnait incontestablementune ambiance de quiétude et de lumière. Quel saisissantcontraste! Madame Marron avait la soixantaine, mais un teint frais de jeune fille. fe savais déjà à quel point, comme l'a écrit le sculpteur Eugène Carrère: " Le physiquede I'hommen'æt pasunefontesimplanent couléedans le moule du milieu extérianr,c'æt artant tout un repoussé,marteléà grands coupsfrappésdu dedanspar Iæ instincts indioiduelset l' énergiespirituellepusannelle". Cette femme, assurément, était profondément calme, sereine, et bonne. Elle rayonnait, et l'ambiance de ce modeste logis était imprégnee de cette luminosité. ]'ai appris, par la suite, son enfancedouloureuse, son hérédité maladive et les opérations du bassin qu'elle dut subir très jeune. Savie fut celle d'une infirmg faite de souffrances continuelles. Comme disent les hindous, quel lourd Karma ! Or, sans doute pour pouvoir supporter cette vie de souffrances, il lui fut donné paradoxalement d'atteindre dans le silence de son intériorité les plus hauts sommets. Oui, j'ai connu et côtoyé une sainte ! Madame Malron, reliee constamment à l'Invisible, au Tout, avait le don de voyance. Elle l'utilisait pour aider, conseiller, soulager de nombreusespetites gens, de braves gens, qui devenaient vite sesamis. Ainsi en fut-il pour moimême.

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t'ai eu par ailleurs l'occasion, à deux reprises, de consulter des femmes médiums réputées.Qui n'a pas dans des cas douloureux, comme la perte d'un être très cher, désiré trouver une explication à l'inexplicable? Ce fut mon cas lorsque je perdis ma petite fille, atteinte à la puberté d'un cancer du sein. Le grand-père que j'étais avait du mal à admettre que cette superbe adolescente ait pu quitter ce monde avant lui. Eh bien, il me fallut constaterpar la suite, que ces voyantes remarquables avaient commis quant à l'avenir, quelques erreurs importantes. Ce ne fut jamais le cas pour madame Marron. Lorsque j'étais l'élève de Ferrer, j'avais acquis une maison de campagne dans les environs de Melun. Luimême habitant Thomery, à la lisière de la forêt de Fontainebleau et au bord de la Seine, nous avions là une occasion de nous rencontrer en nous invitant mutuelle' ment. Après notre dur Eavail de la semaine, avec mon épouse, nous passions des week-ends bien agréablesdans cette petite propriété rurale dont nous aménagions,petit à petit, le confort dans la perspective de nous y retirer à la retraite pour y finir notre existence. Or un jour madame Marron me reçoit et prenant cette fois comme support des tachesd'encre, elle me dit: "Monsieur Clerc,je aousaoisdansI'aaeniraoyageantbeaucoup pcrsonn6..,. et aousêtesentouré,chaquefois, de nombreuses Vousécrioez, un liare.....puis un autre,etc." Rentrant à la maison, je fais part à mon épouse de cette surprenante nouvelle et lui dis d'un air goguenard: Tu sais, je crois que cette brave madame Marron vieillit waiment! et je lui narre cesprévisions qui vont à l'opposé de nos projets de finir nos jours à cultiver nos rosiers et à récolter les fruits des arbres fruitiers que nous avons plantés à la campagne. Puis Lucien Ferrer nous quitte et je lui succède, comme il l'avait désiré, à la tête de l'Académie Occidentale du Yoga, rue d'Uzès à Paris.

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fe participe alors à la création de la Fédération des enseignants du Yoga, à celle de l'Union Européenne des Fédérations de Yoga et de llEcole Française de yoga de Paris etc. fe fonde l'Académie du Yoga de l'energie et des écoles de formation de professeurs s'y rattadtant. fe suis amené à beaucoup voyager,tant en Francequ'en Suisse,en Belgique et en Allemagne. fe suis évidemment entouré d'un grand nombre d'élèves et d'auditeurs. Enfin en 1976 paralt mon premier ouvrage sur le yoga. Il sera suivi de plusieurs autres. Quelle merveilleuse voyante extra-lucide que cette madame Marron ! N'est-ce pas impressionnant de penser qu'elle a pu pressenti4 avec autant d'exactitude, des év6 nements qui se sont réalisés dix ans plus tard, des années après sa propre mort. A noter que cela n'était pas inscrit dans mon mental puisque j'avais imaginé mon destin différemment. Dois-je vous avouer que j'ai longtemps moi-même douté des voyantes et de leurs prévisions. Si j'en parle longuement ici Cest que l'expérience que j'ai vécue à ce propos est unique. Aucune imagination ou fabulation de ma part. Les faits sont là, vérifiables, sur un nombre important d'années. Il me fut donn4 hélas, d'assister impuissant au calvaire de cette merveilleuse femme. Elle fut opérée d'un cancer de l'intestiry on lui posa un anus artificiel. Elle sup porta encore cette épreuve de façon magnanime. Enfin quelques années plus tard elle fut hospitalisée. J'allai la voir à diverses reprises. Elle vécut à l'hôpital quelques mois avant de nous quitter définitivement. J'assistai, la veille de son départ, à une scènequi m'émut au plus profond de moi-même. Cette femme était très aimée des gens qui la consultaient et ils furent nombreux à venir lui apporter un peu de réconfort. Mais, en fait, Cest encore une consultation qu'elle leur donnait. Et, la veille de sa mort, j'assistai éberlué aux encouragements qu'elle leur prodi-

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guait, oubliant sa propre souffrance et sa dernière heure si proche. ' Oui, incontestablement cette femme était une sainte. Dans la préface de cet écrit sur mes maîtres, le Dr. |ean-|acquesLaubry fait remarquer avecjustesseque, dans Ia première partie de ma vie, j'avais désiré Pour satisfaire mon père et mes tendances,devenir ingénieur mais que la maladie et le destin en avaient décidé autrement. Et il saisit cette occasion pour montrer l'importance du karma dans la vie de chacun de nous. Une deuxième fois le destin intervint donc dans ma vie. |e n'irai pas à la retraite dans ma maison de campagne au milieu de mes roses et de mes Ponunes. Non! je suis dans la voie du yogaet je prospérerai dans cette voie. C'est mon karma! et madame Marron, branchée sur le Tout l'a bien pressenti. Ajouterai-je pour confirmer cette histoire vécue qu'il y a maintenant cinq années que la maison de campagne à été vendue. Ainsi, lorsque je réfléchis au déroulement des événements de ma vie, laquelle arrive à son terme, je constate une fois de plus l'application de cette loi universelle que le Dr. Viard m'a dévoilee il y a maintenant soixante ans| "La loi d'évolution lente et progressive". Dans un premier temps, ce Maître m'a fait me détendre et me recenûer dans le ventre, centre de gravité de mon corps. |'ai appris à mieux respirer et à me concentrer dans le quotidien, en pratiquant des actes conscient. Etre présent au présent, ici et maintenant. Il m'a fait comprendre qu'étant poussière et microcosme dans le macrocosmeje devais respecterles lois universelles qui régissent celui-ci. ]'ai suivi le Dr. Viard pendant dix-sept années. Dans un deuxième temps j'ai rencontré Lucien Ferrer. Ce fut mon maître en énergie. Il me fit prendre conscience de prâna et m'apprit à diriger cette énergie vitde, grâce à la pensée qui véhicule cette énergie: "Où la pensée va, l'énergie va". Techniquement,il me fit me recentrer dans la tête, dans le cerveau,ou je précisai le centre de commande.

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Par une gymnastique de la conscience,et énergétiquement, je transcendai mon schéma corporel. |'ai suivi ce Maltre pendant quatorze annéesjusqu'à ce qu'il quitte ce monde. Comme il l'avait désiré je lui succédai alors durant quatre années. Parallèlement,j'avais fait la connaissÉrnce de madame Marron. Le terrain avait été bien préparé successivement par ces deux maîtres que furent le Dr. Viard et Lucien Ferrer. Cette femme le comprit dès que je vins à elle. Mais là encore peut-on parler de hasard? Il me manquait une dimension qu'elle me permit d'acquérir. Elle me révéla à moi-même, en m'affirmant que tout était en moi mais qu'il fallait que j'aie davantage confiance en moi. En fait, j'admirais les "pouvoirs" réels de Ferrer, ce qui le grandissait constamment à mes yeux, car il me donnait souvent l'occasion de les apprécier objectivement. IJincroyant, le matérialiste que j'étais se trouvait fortement ébranlé. ]'étais bien obligé d'admettre que mes sens d'humain étaient limités et que mon mental discursif ne pouvait m'expliquer l'invisible. Pourtant Ferrer me disait souvent: "Ne cherchepas tant à comprendre.Faisce queje te dis. loue donc le jat et constateobjectivnnentles r&ultats; admet -læ , mêmesi tu necomprends pas.". Bouddha n'avait-il pas déjà énoncé cela vingt-cinq sièdes auparavant? Alors madame Marron n'eut de cessequ'elle ne m'ett fait acquérir cette certitude que je pouvais en faire autant que mon maître. Elle multiplia les occasions de me faire atteindre une autre dimension, bien au-delà de mon schê ma corporel et même en dehors du temps et de l'espace. Elle avait raison. C'est tellement simple, lorsqu'on lâche effectivement prise, tout en restant vigilant et lorsque l'égo admet de ne plus commander! Le Dr. Viard et Ferrer m'avaient fait me recentrer successivementdans le ventre et dans la tête. Madame Marron

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il me fit redécouwir le centre même de mon être, dans le cæur. Ce fut, à la fois,le retour à l'UN et au TOUT. Mais je ne peux me résoudre à raisonner de façon aussi simpliste. ]e reconnais volontiers que sans Ferrer et sansViard il n'y aurait pas eu de madame Marron! Et sans cette triade je n'aurais strement pas avancé aussi vite sur ce Chemin. Ie leur rend hommage à tous trois, ainsi d'ailleurs qu'à mes parents qui fournirent la matière pre mière.

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REFLEXIONS

1988 - Que de souvenirs enregistréstout au long de quatre'vingts annees d'existence, dont certains surgissent des plus lointaines annéesavec une acuité qui nous étonne et parfois nous effraye ! L'être humain... quelle merveilleuse machine, ou quel admirable instrument. La science moderne nous aide à mieux nous situer par rapport à ces appareils sophistiqués qu'elle a engendrés qui, peu à peu, nous font pénétrer dans des plans de consciencesubtils que nos senslimités ne pouvaient que nier il y u seulement quelques années. Mais nous sommes, chacun de nous, même celui qui semble le moins doué, un meryeilleux poste émetteur et récepteur, et un formidable ordinateur, dans lequel sont enregistrésdes millions d'informations. [e moins douÇ c'est celui qui ignore ce trésor qu'il possèdeet qui par conséquentne peut I'utiliser. Je dois à Marcel Viard et à Lucien Ferrer de m'avoir ouvert les yeux, car j'étais aveugle, de m'avoir fait entendre, car j'étais sourd, de m'avoir fait prendre consciencede ce trésor qui était en moi, dans ma prcpre maison, tout en m'ouvrant toutes grandes les fenêtres sur

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cette nature environnante avec laquelle je m'identifie à chaque respiration. f'observe aussi autour de moi mes parents, mes amis, mes contemporains. f'ai des enfants, des petits enfants, qui vont me donner la joie de connaître des arière-petits enfants. Mais que de parents, d'amis, disparus. Alors j'.i pt observer comment ces disparus avaient vécu I'automne de leur vie. Pour les uns ce fut un automne froid, avec un vent glacial ou humide qui vous transit. Ce vent qui fait tomber les feuilles, lesquelles pourrissent sur le bord du chemin, vous font glisser et tomber. Ces arbres dénudés apparaissent alors comme des squeletteslugubres... Pour d'autres, plus rares, ce fut I'automne msoleillé avec les feuilles jaunies tombant des arbres pour faire un merveilleux tapis sur la terre. Tapis de couleurs mordorées. Une variante infinie de jaunes, de bruns, et d'ors. Une véritable symphonie qui vous pénètre jusqu'aux os, jusqu'à l'âme. Et ces feuilles vont s'enfoncer en terre et former de I'humus. Et ce sera le cycle éternel, avec le départ d'un renouveau, d'une nouvelle génération. Notre vie cesse-telle waiment lorsque nous mourons? |e vis actuellement cet automne d'homme âgé.fe voudrais vous faire savoir que I'automne peut être pour chacun de vous, lorsque vous serez à cette période de votre vie, cette saison parfois merveilleuse qui peut dépasseren qualité de joie celle des étés torrides ou des hivers rigoureux. Mais, cela se mérite, cela se gagne. L'homme qui se laissevivre au gré de sespulsions, de ses instincts animaux, sera ballotté tout au long de sa vie, comme le bouchon sur la vague. Il aura une vieillesse et une fin d'animal. L'homme se différencie de I'animal par sa faculté de libre'arbitre. Restons modeste car elle est relativement minime. Mais, à la condition d'en prendre conscience,on

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pourra I'utiliser et à cette occasion mériter le titre d'Homme. Mais on pourra aussi la développer, dans une certaine mesure. Là encore, restons modeste. C'est cependant ce qu'on qualifie d'évolution: évoluer, avancer sur le Chemin ou sur la Voie. Cette évolution se fait de toute façory mais très, très lentement, durant des millions d'années, et cela dépasse notre entendement. Oç dès qu'il prend consciencede cela, I'Homme est très, très pressé.C'est tellement wai que certains sont la proie de charlatans qui leur offrent cette réalisation dans un laps de temps réduit, ce qui est très tentant. Evidemment ce n'est pas donné! Or des techniques sont là pour avancer avec certitude sur ce Chemin. Il faut d'abord discriminer celle qui convient le mieux, ce qui n'est pas toujours facile. Mais surtout, toutes cestechniques,les sérieuses,ont un point commun: elles nécessitentde ceux qui s'y engagent un effort personnel persévérant. Cet effort aboutit forcément à une prise de conscience plus de en plus vaste qui entraîne, ipso facto, une modification du comportement dans la vie de I'individu. C'est I'ascèse,plus ou moins rigoureuse, suivant le caractère,le tempérament et les tendancesprofondes de chacun. Puis, au fur et à mesure qu'on ava.ncedans la Voie, I'effort se transforme. Lui aussi évolue. Il devient habirude et nécessitede moins en moins de puissance,de moins en moins d'énergie. Parallèlementla concentration s'améliore, la vigilance se développe, et paradoxalement I'effort diminuant, sa puissance grandit. C'est un "effort sans efforfl' dont I'effet est maximrun. C'est le test qu'on a atteint les plans de conscience les plus subtils. Le lâcher-prise est total, global, réalisé sur tous les plans qui nous composent. C'est Ia Réalisation. Voici pour condure de façon concrète ces explications, un premier texte intitulé: "Puissance du geste"

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dans lequel vous découwirez la valeur pratique du geste conscient que tout individu peut utiliser du matin au soir dans sa vie quotidienne, ce dont je vous ai entretenu à propos de I'enseignementdu docteur Viard. Puis un second qui porte ce titre pour le moins curieux qui fera certains yogîs végétariens: fémir Le découpage du beuf' Plusieurs textes célèbres de la tradition hindoue relatent le haut niveau atteint par cesprofessionnels.Peut€tre serait-ce là I'occasion de dépasser quelques préjugés trop répandus, selon lesquels ces pauwes boudrers corune ces malheureux esquimaux ou tibétains qui mangent de la viande parce qu'ils n'ont pas autre choseà se mettre sous la dent, sont irrémfiiablement condamnés à rester dans les plans inférieurs. Puisse ce petit texte, qui date de 4 sièdes avant f.C. faire réfléchir ceslecteurs à I'opportunité de réviser leur jugement pour discriminer I'essentiel du futile et s'attacher à I'esprit plutôt qu'à la lettre.

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PUISSANCEDU GESTE

Viwe en "YOGA", c'est être présent à draque instant de I'existence. Chaque geste, si humble soit-il, doit être exécuté consciemment. Il est alors I'aboutissement d'un processusbien défini, qu'il nous faut constamment respecter, à savoir dans I'ordre suivant: A I'origine une pulsion ou une émotion ou un désir ou encore une réaction à des stimuli qui se transforment en images, en pensées, qui à leur tour s'expriment soit en paroles, soit en actes. Le vécu de ce déroulement dans le bon ordre, renforce la personnalité. Dans certains cas pathologiques il peut aider à la reconstruire en la recentrant. Dans le cas contraire, il y a dispersion mentale et, si I'on persiste,déstructuration de cette personnalité. La qualité de I'acte, son efficacité, dépendent de la netteté, de la précision des divers éléments qui ont participé à sa réalisation. Dans le cas d'une action mentale se traduisant en paroles, ce processusest mis en évidence dans les vers célèbresde Boileau: "Ce qui seconçoitbiens'énonceclairunent, et lesmotspour Ie dire arriaent aisément". De même I'action sera d'autant plus efficace que le geste sera précis, c'est-à-diresi nous sorunes bien là, dans le vécu, présent sur tous les plans, dans la globalité de notre être. Il y aura alors "efficience", c'est-à-direle maximtun de rendement avec un minimum d'effort. Cette intensité de vie dans le geste bien accompli donne d'ailleurs une telle satisfaction qu'on ne désire souvent pas d'autre récompense: on VIT. Nous sonunes en plein Karma-Yoga.Pourquoi pas en yoga tout court! Observez I'apprenti menuisier s'essayantà enfoncer un clou. Comptez le nombre de coups de marteau qu'il donne sur la tête du clou et sur sesdoigts, avant de réussir.

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Puis regardezle maltre'artisan lui montrer la façon de s'y prendre. Un petit coup sec pour marquer I'avant-trou dans le bois afin que le dou ne puisse glisser sur la surface lisse, puis un coup bien précis sur la tête du dou. Le geste est à la fois souple et puissant, ne mobilisant que la force nécessaire. I-e marteau est levé à la hauteur voulue, le regard fixé et la penséeconcentréeà I'endroit où le marteau doit tomber. Tout l'être s'exprime dans un geste parfait. Quelle différence avec I'apprenti, dans la streté du geste, sa précision, et son efficacité. Cette recherche du geste pur, dans lequel interviennent uniquement les muscles nécessaires,avec une pensée maîtrisee, ce n'est certespas facile. Mais n'est-cepas un moyen de remonter à la source de I'action et au centre de nous-même, et n'est-ce pas là du yoga? Qu'est-ce donc que la cérémonie du thé des Maîtres japonais, le tir à I'arc dans le7æn, ou mcore I'Ikebana, sinon cette recherche du vécu intensif de tout l'être dans le moment présent? Le geste qui puise sa force originelle dans les racines de l'être, dans le sexe,le ventre, le cæur pour aboutir dans la tête qui le dirige est la résultante de motivations profondes. C'est un wai geste. Mais celui qui n'est que I'aboutissement de pensées résultant des cogitations de notre mental analytique, n'est en fait qu'une gesticulation. Quelle différence! C'est ce qu'on peut observerchez les détraqués...... Le geste est révélateur de ce qu'est I'individu. Si I'on sait observer,on peut déceler le tempérament dominant et les tendancesprofondes du sujet qui est devant soi. I-e sanguin parle avec ses mains, en ponctuant ses phrases de nombreux gestes rapides et amples, tandis que le nerveux a des gesteshésitants, étriqués, anguleux. Le lymphatique fait peu de gestes car I'inertie le caractérise,tandis que le bilieux fait également peu de gestes, mais différemment par maîtrise de soi. Aussi ses gestes peu nombreux sont efficients, volontaires, précis.

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I Observez I'homme en colère. Il gesticule beaucoup, mais si sa colère tombe ses gestes cessent, et réciproquement. Ce qui peut d'ailleurs ête utilisé le cas échéant. L'homme calme a peu de gestes; ils sont lents et harmonieux, à I'image de ce qui se passeen lui. Essayez de réaliser vous-même, consciemment des gestes harmonieux; la répercussion, sur votre respiratiory sera immédiate. Celle-ci deviendra plus calme et vous serez agréablement surpris de constater en vous un état euphorique. En hatha-yoga la relation geste, respiration, pensée, est bien connue et constamment utilisée. Patanjali ne définit-il pas le yoga coûune le ralentissement des vibrations du mental, et pour I'obtenir ne corunence-t-il pas par la pratique d'asana,pour calmer le corps? Ralenti à I'extrême le gestese fige: il devient posture. Dans le maintien de la posture, à la condition que celle-ci soit comme I'a définie Patanjali, "stableet agréable,dansl'aisanceet la fermeté",\a respiration se réduit au minimum, et le mental se stabilise. Lorsque la respiration devient superficielle, "osmotique", c'estl'état de méditation. Le gesteest alors, pour ainsi dire, en puissance,et son efficacité est grande sur les plans subtils, avec répercussion sur le corps. Par exemple, le fait de tracer I'image mentale du mouvement à réaliser sur le corps de chair est parfois utilisé et démontre la puissancede ce geste pensé. Mais, de même que la respiration comporte obligatoirement un temps d'expiration et un temps d'inspiration, il faut considérer deux temps dans le geste: I'un qui donne, I'autre qui prend. Réalisé dans sa plénitude, le geste est alors une liaison et un échange. La vraie poignee de mains n'est-ellepas un gestemerveilleux? Il n'est pas question ici, bien str, de I'habituel salut de politesse plus ou moins machinal, deux mains qui se s€rrent et deux esprits qui sont ailleurs, mais du contact réel enbe deux êtres présentsI'un à I'autre.

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Le geste ainsi compris, prend toute sa valeur dans le yoga de l'énergie. Car, s'il exprime ce qui vient du dedans, il conduit aussi l'énergie en prolongeant la penséequi est, ellemême, le vétricule qui transporte cette énergie. En donnant la même importance aux deux phases du geste, de I'intérieur à I'extérieur et vice versa, l'échange est un fait réel. La série des dix-huit mouvements exécutée en début de séance,dans la pratique du yoga de l'énergie a, entre autres, ce but. Lorsque ces gestessont assimilés et ensuite exécutés harmonieusement liés, ils aboutissent à cette mobilisation de tout l'être, physique, psychique, émotionnel, pour le metFe en relation vibratoire avec ce qui nous environne. Nous soûunes alors en yoga, respectant l'étymologie du mot qui signifie, comme chacun sait, joindre, unir. Puissions-nouscomprendre en occident, que c'estpar le vécu quotidien, de pratiques simples comme le geste conscient,que nous avons le plus de chancede nous recentrer pour découvrir ce que nous sonunesprofondément et, en évitant d'aboutir à un reploiement égoi'ste,favoriser un épanouissementde tout nohe être.


-t LE DECOUPAGE DU BCEUF par ZHUANG ZI (Textedatant de 4 sièclesAV. I.C.)

Lorsque le boucher du prince Wen hui découpait un bceuf, à chaque mouvement de ses mains, à chaque haussement de sesépaules,à chaque déplacement de sespieds, à chaque poussée de ses genoux, vlan ! b*g ! il jouait du couteau,vlan ! et ne manquait jamais le ton juste, rejoignant tantôt la danse de la forêt des mûriers, tantôt le ballet des cérémoniesde Yao. "Oh ! c'est merveilleux ! s'écria le prince Wen hui. Comment ton habileté peut-elle atteindre ce degré?" Bao ding déposason couteau. Ce que je chéris par dessus tout, c'est le Dao; et il dépassede beaucoup la simple habileté. Au début, quand je commençais à découper les bæufs, ie ne voyais que le bæuf. Au bout de trois ans, je ne voyais plus le bæuf. Et maintenant,je vais à lui en esprit et ne le contemple plus de mes yeux. Suspendanttoute connaissancesensorielle,je laissemon esprit aller à son gré. Me fiant à la structure éternelle des droses, je glisse dans les vides et m'insinue dans les ouvertures, car j'ai pour guide la nature même. Mon art me conduit à travers les ligaments et les tendons sansque jamais je ne les heurte; à plus forte raison évitêje toute fibre d'importance.Un bon boucher use un couteau par an; c'est qu'il lui sert à trancher.Un boucher médiocre use un couteau par mois; c'est qu'il lui sert à briser. Pour moi, ce couteau, voilà dixneuf ans que je I'utilise et il a découpéplusieurs milliers de bæufs. Mais sa lame est tranchante comme si elle venait d'être affûtee. Il y a des vides dans les joints; et la lame de mon couteau est sansépaisseur.Avec ce qui est sansépaisseurpénê trer là ou il y a du vide, quoi de plus aisé? Mon couteau peut voltiger, il lui restede la place! Voilà pourquoi au bout

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de dix -neuf ans ma lame est trandrante comme si elle venait d'être affttée. Cependant, chaque fois que je me trouve devant une ramification, je considère la difficulté et me gride sur la prudence. |'immobilise mon regard et ralentis mes mouve ments. |e déplace très délicatement mon couteau. Et I'ensemble se défait, telle une motte de terre retombant sur le sol. fe reste là, le couteau à la main, regardant autour de moi, rendu indécis parce que tout désir comblé. fe nettoie mon couteau et le mets de côté. Sur quoi le prince Wen hui déclara: "Fort bien. Maintenant que j'ai entendu les propos de Bao ding ie comprends ce qu'est " nourrir la vie ".

Exbait de Zruang zi, chap. 3:

"Le principe de'hourrir la vie" Thaduit par Baldine Saint Giron. Baldine Saint Giron à Roger Clerc: '..... Voilà déià vingt quatre siècles que votre éloge était prononé... Qu'elle joie pour moi de pouvoir vous le traduire et de nous abriter derrière lui, vos élèves et moimême, pour que soit écrit avec des mots ce qui échappe au dire...."

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En 1958,Roger Clerc a 50 ans. Il est le successeurde Lucien Ferrer à l'Académie Occidentale de Yoga.

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nÉcrr DEDEUxrxpÉnrnNcEs AVANT-PROPOS Dans cesrécits, nul désir de I'auteur de se glorifier. La Iecture du texte ne laisseraauflrn doute à ce sujet. Mais, avant tout, le souhait de montrer au lecteur, quel qu'il soit, que la lumière est au fond de lui et autour de lui. Qu'elle est partout. Seule la partie de notre mental analytique et bavard nous restreint et nous limite au monde de la forme, monde matériel et concret. Mais une autre partie de noEe mental reste, pour la maprité d' entre nous, à découvrir. Celle qu'utilisent les pètes et les artistes inspirés, les génies, les sages. Mental supra-sensiblg relié au sans-forme, à I'invisible, dont le l"nguge vibratoire ne peut être compris et interprété que dans le silence,lorsque I'autre,le mental bavard, se tait. Cest à la fois si simple et si difficile ! Cependant, cette contradiction explique que parfois le cadeau soit fait aux plus humbles, parce qu'ils lâchent prise plus facilement, ou parce qu'ils souffrent davantage. La grâce leur est donnée d'entrevoir quelques instants la wie du ciel. C'est un coin du voile cadrant I'invisible, qui re soulève pour qu'ils prennent conscience, durant

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quelques secondes,de I'Eternité et de I'Absolu. Si l'être est prêt à recevoir ce message, cette révélatiory ces quelques secondespeuvent suffire à métamorphoser sa vie, à condition qu'il se taise et qu'il continue à viwe parmi sescontemporains, sans s'en différencier: OSER- CROIRE.SETAIRE en continuant à travailler sur lui, dans I'ombre, dans le silence, apparemment seul, mais en fait relié au TOUT. Tel est le véritable désir de I'auteur du récit qui va suiwe, dédié à tous ceux qui cherchent,pour les encourager dans leur recherche. Est-cedans la joie ou dans la douler.u qu'il faut espê rer obtenir ce dépassement de soi-même, cetùe transcendance, cette découverte de la réalité Ultime, ce Samyama avec le Tout? Deux expériences, gd pourront faire réfléchir les défenseursde l'un ou de l'autre de cespoints de vue.

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t QUELQUESPASDANS LA LUMIÈRE

Qu'est-cequi me pousse,tant d'annéesaprès,à raconter ce fait insignifiant en lui-même, mais qui a cependant en7962 marqué ma vie d'un souvenir indélébile? Qu'est-ce qui me pousse à vouloir décrire l'indescrip tible, expliquer l'inexplicable, relater dans la forme l'informel ? Est-ce parce que, actuellement, dans le monde du yo9a,je constate parmi les pratiquants de cette discipline, les élèves des écoles de formation, et même drez les pnrfesseuts, une rechenche purement intellechrelle avec le désir d'emmagasiner des connaissanceslivresques? Soit un attrait pour une pseudo-spiritualité; ou enqcre une attirance vers un folklore périmé? Tout cela,le plus souvent au détriment de la pratique... On lit beaucoup, on assiste à de nombreuses confê rences, on se saigne aux quatre membres pour pouvoir aller en Inde; on veut coûte que cotte trouver le "gourou"..celui qui va vous prendre en chargeet vous conduire vers la 'Réalisation". Lorsqu'on dresse le bilan, quels sont les résultats? Ces efforts souvent considérables et méritoires sont-ils bien orientés? Puisse le récit qui va suiwe apporter quelque lumière et des éléments de réflexion à ceux qui se posent la question. 8n7962,j'étais depuis douze annéesl'élève de Lucien Ferrer.Avant lui, dès 1933,1eDr. Viard m'avait appris à me détendre, à mieux respirer, à organiser ma vie en tenant compte des lois universelles qui nous régissent. Il m'avait appris à mieux viwe. f'exerçais une profession physiquement penible, à la fois artisanale et commerciale.Ce fut ma profession principale durant quarante-trois ans. Mon emploi du temps irurnalier se partageait entre cette activité qui me permettait

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d'assumer financièrement mes chargesfamiliales, et un travail sur moi-même pour essayer de dégager l'homme de l'animal. Mais était-ce waiment un partage? Car, en fait, très tôt, dès que le Dr. Viard m'en eu doruré les bases,mon entraûrement personnel fusionna avec l'exercice de ma profession. C'est à chaque instant de la vie que je m'entraînais à être présent au présent, centré en moi-même. f'ajouterai un détail important, pour mieux faire comprendre mon état d'esprit au moment où se situe le fait que je vais relater. J'étaisdepuis douze annéesl'élève de Lucien Ferrer et ma progression sur la voie du yoga me semblait très irrê gulière. Il m'arrivait, non pas de désespérer,mais de douter parfois que je fusse sur la bonne voie. ]e comparais les résultats escomptéset ceu< obtenus, et en bon occidental, exigeant du concret, estimant une programmation dans le temps pour mon évolution, je manifestais quelque impatience. En réalitÇ je n'étais pas venu au yoga pour des raisons physiques.A l'époque, ma constirution robuste et l'exercice même de ma profession manuelle suffisaient à ce que ie sois bien dans mon corps, fort et équilibré. Mais fétais aussi doué d'une grande sensibilitÇ et je pressentais, depuis longtemps, être autre chose qu'un corps de chair. Les liwes de Ferrer, que j'avais lus avant d'en connaître l'auteur, m'avaient laissé entrevoir la possibilitÇ par un entraùrement progress4 de dépasser ces limites physiques. C'est ce qui m'avait décidé à suiwe ses cours de hatha-yoga. Et maintenant, il me semblait que je piétinais. Que la route était donc longue! Malgré tous mes efforts je n'obtenais, me semblait-il, que des résultats insignifiants. Ne pourrais-je trouver quelque encouragement, pour me donner au moins la certitude que je n'étais pas engagé dans une impasse? Voilà mon raisonnement à cette époque. f'en fait part dans ce récit car il m'apparaît aujourd'hui, qu'autour de

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moi, nombreux sont ceux qui doutent à la fois d'eux, de leur professeur et parfois aussi de l'authenticité et de la valeur de l'enseignement qu'ils reçoivent. Comme je les comprends, ayant vécu cela moi-même! Et pourtant... un lent travail se fait en eux sans qu'ils s'en doutent. Un mtrissement. Une transformation lente et progressive de tout leur être. Et un jour... Iorsque le fruit est mtr. il tombe. Lorsque la chenille se transforme en chrysalide, le cocon s'ouwe et le papillon s'envole. rf rt

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Ce jour-là... |'étais aux halles de Paris où ma pnrfession de "tripier, marchand d'abats" me conduisait plusieurs jours dans la semaine. Mes achats terminés, je me dirigeais vers l'église St-Eustacheet la rue Montorgueil. Celui qui n'a pas connu les Flalles, le "ventre de Paris", dans ces annéesprécédant leur transfert à Rungis, peut difficilement s'imaginer l' ambiance extraordinaire de ce marché en gros gigantesquesitué au centre de la capitale et qui occupait tout un quartier. Oui, ambiance vibratoire dans toute l'acception du mot. Une multitude de gens, marchant, couranÇ s'entre croisant, se bousculant, gesticulant, s'interpellant, criant, s'invectivant. Les uns joyeux et joviaux, les autres conune accablésde soucis et agressifs; d'autres aussi discutant calmement affaire. Car c'était le "carreau des Halles". On circulait sur toute la chausséeau milieu des étalagesdivers, des piles de légumes posés à même le sol. Suivant la saison, des tas énormes de choux, de choux-fleurs, de poireaux, de carotteset d'oignons; de sacsde ponrme de terre. Des monceaux de salades de toutes sortes, de bottes de persil, etc. Tout cela en tas plus ou moins volumineux, mais créant

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malgré cette diversitÇ un tout attrayant de couleurs diverses: des verts et des rouges s'harmonisant parfois merveilleusement. Pour la vue, un chatoiement de couleurs. Pour l'odorat, un mélange de senteur de tous ces produits avec l'odeur les caractérisant et, en plus, globalement, pour ces légumes amenés sur place dans la nuit, un reste de vibrations particulières, souvenir de cette glèbe d'où ils sortaient tout récemment. |e ne parle pas du marché aux fleurs, un peu éloigné de cette place St-Eustache Mais, tout proches étaient les "pavillons" d'où je sortais, énormes constructions métalliques abritant des torures de viandes diverses, de volailles, d'abats, de poissons ou de fruits. Débouchant de ces pavillons, les "forts des Flalles", mastodonteshumains pour la plupart coiffés d'un gigantesque chapeau de ctrir à grands bords, leur permettant de porter sur leur tête de lourdes charges. Mélangés aux passants, hommes et femmes en tenue de ville qui traversaient les Halles pour se rendre à leur travail, des restaurateurs s'affairaient, venus s'approvisiormer en denrées alimentaires pour leur commerce. Mais pour l'æil, une diversité plus grande de coloris avec les bouchers, tripiers, volaillers, poissonniers. Ils revêtaient pour la circonstance, des bourgerons ou des blouses; ces dernières, noires, bleues, brunes ou blanches, rapidement maculées de sang pour les garçons bouchers. Ceux-ci, la tête protégée d'une casquette de toile également blanche, transportant d'énormes et lourds quartiers de bæuf, ou encore des veaux ou des moutons prêts à la découpe. Circulaient également des commis qui tiraient derriène eux des chariots débordant de légumes ou de dayettes pleines de fruits, entasséesles unes sur les autres.Ou d'autres encore qui poussaient devant eux des "diables" drargés de cageots ou de hauts paniers de jonc remplis d'abats. Aussi quel feu d'artifice pour les sens, participant plus ou moins consciemment, à la préhension de cette

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ambiance indescriptible, car tout cela vous pénétrait presque de force, par les yeux, par les oreilles,par le nez, par tous les pores de la peau. C'était tellement fort! Une véritable mer, dont la texture était faite de vibrations végê tales, animales et humaines, et dans laquelle on baignait, emporté par le courant de vie et conduit par le fil de ses occupations. ,É r$

Ce matin-là.... l'air était printanier. Tandis que mes jambes me conduisaient en direction de St-Eustadre,j'étais conscient de cette ambiance globale dont surgit tout d'un coup, quel paradoxe, une pureté, une légèretÇ et à la fois une puissance; un air dans lequel je décelais un potentiel de vie extraordinaire d'une qualité exceptionnelle. Et puis une telle luminosité! J'étais en grande forme physique. Mes achats terminés,je venais de charger ma camionnette.|'avais senti mes muscles jouer sur ma cÉucassede quinquagénaire encore solide, et j'étais dans un état d'euphorie. Quel plaisir de sentir son sang généreux circuler dans ses veines, de constater la stabilité de son esprit coordonnant penséeset gestes! Quelle jouissance de prendre consciencede cet air subtil,léger et dynamisant, qui emplit sespounons et dilate sa cage thoracique sÉrnsaucune gêne! Et puis j'étais content, satisfait d'avoir effectué d'excellents achats, d'une marchandise de haute qualité à des prix concurrentiels. Le moral étart, conune le physique et comme le temps, au beau. f'étais FIEU-RzuX! Ainsi, d'une part en moi un lâcher-prisetotal, sur tous les plans et d'autre part un vécu intensif du moment prê sent. Mes sensaffinés me reliaient du plus profond de moimême à l'ambiance extérieure extraordinaire dans laquelle j'étais plongé.

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Alors, le temps d'rm éclair, l'inexplicable se produisit. Perméable à toute cette ambiance extérieure, je fus soudain cette foule dans sa diversité; je fus cescouleurs, ce bruit, ces odeurs.Ie fus cette luminosité. J'étais cela, tout cela, à la fois daru l'ensemble et dans le détail; dans lemoindredétail. fétais waimentchactrn de ces innombrables êtres, chacune de ces droses. Mes sens me transmettaient des sensationsjamais éprouvées. A la fois avec intensité et délicatesse;Cétait inoui. Plus rien ne me séparait de tout ce qui m'entourait. fe pouvais être à la fois le tout ou, sans aucun effort, waiment aucun effort, non dirigÇ non volontaire, être un détail, une petite chose avec la même précision et la même présence. Actuellement, en le narrant, je revis avec la même intensité tout ce vécu enregistré dans ma mémoirg dans mon subconscient,de façon indélébile.

Combien de temps ce phénomène dura-t-il? C'est la question que je me posai aussitôt revenu à mon état "normal". Cela m'avait paru une éternité. Stupeur ! ]'avais continué à marcher en direction de StEustadre, mais... je constatais que je n'avais fait que quelques pas. Condusion logique: deux ou trois secondes maximum! Inimaginable, j'avais été hors du temps. ]'avais été dans une autre dimension, et au-delà de mon mental. Car je n'avais pas le moindre souvenir d'avoir dirigé quoi que ce soit. Mais aussi, redevenu cet homrne mardrant dans la rue, je sentais confusément que je venais de viwe un grand moment de mon existence. Il m'en restait surtout un sentiment très fort. Après cet édatement de ma conscience,cet élargisse ment, cet épanouissement, cette fusion avec l'Universel, avec le Tout, avec...je n'éprouvais aucune trace d'orgueil, si minime soit-elle.

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Et cela, je l'avais éprouvé dans le temps même de ce vécu extraordinaire; son souvenir, je le sentais,serait ind6 lébile en moi. |e comprenais aussi quel mot magnifique est celui "d'humilité", lorsqu'au-delà du mental on Ia éprouvé. |e saisissaisson sensprofond, son vrai sens.Ni esdavage, ni sous-estime de soi. Simplemmt s'admettre en sachant qu'on est infiniment petit avecla possibilité de devenir infiniment grand: lorsque notre conscience individuelle devient ConscienceCosmique. Mais aussi, en sensinverse, lorsque notre "temple" est prêt pour cet envahissementà la fois si subtil et si puissant, de cette LUMIERE. Cette pénê tration, grâce à une perte de dimension individuelle, de cette luminosité alliée à une joie ineffable et à un un €unour infini dont on se sent tout d'un coup pétri. Car tout cela est indissociable. C'est vibratoire, Cestà-dire non penséet vécu intensémentdans tout l'être.tr.'y a plus dans cet état aucune séparation; pas davantage dans ce microcosme que nous sommes.Il n'est plus question de plan physique, psychique ou spirituel... C'est un petit "toLr(' qui éclate et se dissous dans le grand Tout. C'est la goutte d'eau qui rejoint l'océan. Mais cesréflexions sont réflexions après la réalisation, lorsque le mental retrouve sa fonction dans le monde de la forme pour se demander pourquoi et comment. Car l'état d'ETRE est réalisé lorsque le mental se tait. Et cet état est évidemment informel et indescriptible. Ainsi pensai-je,l'utilité du travail quotidien sur moimême, guidé par le Dr. Viard et Lucien Ferrer devenait évidente. Je me sentais infiniment reconnaissant envers ces dzux Maîtres. fe n'avais plus qu'à continuer; à persévérer.Il m'avait été donné qu'un coin du voile me cachant la vérité s'entfouve quelques secondespour que je puisse contempler I aspect de la Réalité Ultime dans une quatrième dimension, hors du temps et de l'espace.

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Il me fallait maintenant retrouver la vie de chaque jour. Mais je la verrais dorénavant avec d,autres yeux. Dans mon cæur était un secret dont je ne pouvais parler à qriconque. Peut-êtrequ'un jour l'occasion se présenterait de le faire partager. Voilà qui est fait.

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TRANSCENDER LE CORPS ET LE MENTAL

Nous sorunes maintenant en 1967: cinq années ont passédepuis mon expérienceaux Halles de Paris. Après celle.ci, j'avais retrouvé le cours de la vie quotidienne comme si rien ne s'était produit. Autour de moi, personne n'avait su. Cependant mon comportement n'était plus le même. ]'étais davantage "les autres". f'admettais plus facilement leur attitude, leurs pensées,ou leurs réactions différentes des miennes. fétais beaucoup plus indulgent. f'avais êtê, au fond de moi-mêmg très marqué par cette "humilité" si vivement ressentie, si intensément vécue. f'avais aussi en moi une certitude maintenant inébranlable: celle d'être dans la bonne voie, dans la VOIE. C'étais acquis une fois pour toutes; je n'avais qu'à poursuiwe le travail avec Ferrer et la pratique dans le quotidien, avec persévérance. Une certaine sagesses'était emparée de moi. Plus d'impatience. fe sentais confusément que je ne devais pas chercher à renouveler cette expérience,pour l'expérience. Qu'il m'avait été donné de recevoir cela comme un don, sans doute mérité. Qu'il me serait peut-être accordé d'autres fois, d'entrevoir à nouveau la Réalité, même de façon différente et sous d'autres aspects,mais seulement lorsque le moment serait venu. En fait, j'avais été plongé quelques secondesdans le grand Tout. De son vivant, Sri Ramana Maharshi y avait été en permanence, nuit et jour, vingt-quatre heures sur vingtquahe. Grand Dieu, quel chemin j'avais encore à parcourir ! ,f

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fournéesInternationalesdu Yoga à Bruxelles, au Palais des Congrès. 8 et 9 Décembre1967

]e fais partie de la délégation françaisereprésentantla Fédération Nationale des Praticiens du Yoga (F.N.P.Y.), mais je ne suis pas certain de pouvoir m'y rendre. Une piqûre d'os, près de l'index de la main droite m'a infecté le doigt. C'est monnaie courante dans la profession que j'exerce. Habituellement je m'en sors bien, mais cette fois l'infection paralt sérieuse. |'ai eu à manipuler des panses de bæuf et les streptocoques sont réputés dange reux. De plus, le froid de la saison est mauvais pour ce genre de chose: un collègue vient d'être amputé d'une main pour la même cause. Je chasse cette éventualité de mes pensées.Mais mon départ pour Bruxelles reste aléatoire. La veille du jour prévu, je vais en dinique me faire ouvrir le doigt et enlever l'ongle. |e ressorsavec un énorme pansement et l'ordre du ùirurgien de revenir à la dinique la semaine suivante sans toucher au pansement d'ici là. fe pourrai donc me rendre à Bruxelles; mais cene sera pas dans les conditions les meilleures. Certes, nul n'est indispensable, et je pourrais m'en abstenir,mais j'ai l'intuition d'avoir un rôle à y jouer. Il faut que notre fédération de yoga saisissecette occasion pour montrer son existenceet son dynamisme et pour faire part de sesprojets. Celui qui a pris l'initiative de ce projet et qui l'organise est André Van Lysebeth, un grand ami belge. Il nous a fait part d'un courrier qu'il a reçu d'autres fédérations françaisesqui craignent qu'il nous favorise dans la distribution des temps de parole à la tribune. Qu'elle mentalité pour des yogîs ! C'est de plus méconnaître l'honnêteté et l'équité d'Anùé; ils pourront s'exprimer prrisqu'ils le deman-

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dent, mais nous devons être vigilants face à un æl qcmportement. C'est le début, en France, de ce mouvement de regroupement des pratiquants du yoga. Nous mêmes, à la F.N.P.Y.,connaissonsdes malaises de croissance.Qui penserait que, dans ce monde du yoga, on puisse rencontrer des rivalités, des jalousies ? C'est pourtant le cas, et l'ego n'est pas facilement transcendé.n m'est difficile de ne pas éprouver quelque déception. Mais les obstacles sur ma route au lieu de me décourager, decuplent mes forces et me poussent à agir. C'est décidq je serai à Bruxelles. Il y a des choses importantes, d'actualitÇ à dire. f'ai préparé un texte pour mettre mes idfus en ordre, car je n'ai pas le don d'orateur. Mais il est évident que les nuages s'amoncellent dans le ciel des journées qui s'annoncent. Pour moi, le voyage qui commence est des plus pénibles. Physiquement, avecmon bras droit en édrarpe et mon pansemeni d'où s'exhale une odeur qui m'écæù" a" plus en plus. f'espère que mon odorat très fin est le seul en mesure de détecter cesvibrations fétides. fe redoute de saisir un mouvement de recul, à mon égard, chez ceux qui m'entoulent. Notre fédération est effectivement largement reprê sentée. Tout le monde a compris l'importance de ce congrès, mais nous sorlmes divisés sur le choix de nos représentantsqui auront à prendre la parole. Ainsi,dans le train qui nous emmène, deux groupes se sont formés dans deux compartimmts différents. Cette division est-elle justifiee et inévitable? Elle ne peut avoir que des conséquences néfastes pour notre fédération. Ce n'est en fait qu'une bataille d'egos... drez des soi-disant yogîs (!). Ie me déplace d'un compartiment à l'autre. |'argumente pour réaliser une unité de vue avant qu'on atteigne Bruxelles. Ce sera peine perdue. Nous voici au Palais des Congrès.

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Les discussions se poursuivent entre nous, sans plus de succès.Le contact avec les autres fédérations françaises n'arrange pas le climat. Pauvres petits yogs que nous sommestous... Notre ami Van Lysebeth est sincèrement ennuyé. On compte le nombre des orateurs dans chaque fédération et Cest à qui tirera la couverture de son côté. Nous sotrunes, parait-il, trop nombreux à représenter la F.N.P.Y.C'est pourtant proportionnel au nombre de nos adhérents, mais l'argument n'est pas admis. Début d'après-midi on nous distribue le programme imprimé. Mon nom n'y figure pas. On m'a sacrifié...d'où vient le coup? C'est difficile à savoir. |e n'en suis pas tellement étonné, car pour certainsje suis "le tripier, marchand d'abats", et pour ceux-là, dans leur ton, quel dédain à mon égard ! C'est tellement "énorme" de la part de gens qui se disent yogîs que cela m'amuse plutôt. Ce qui m'étonne toutefois Cest que mon ami, l'organisateur, se soit laissé influencer; cela me touche plus profondément. En compensation, notre présidente, Solange Démolière n'admet pas cette décision. Elle figure sur la liste des orateurs et propose de me laisser sa place. Enfin la séanceest ouverte. f'assisterai, tout l'aprèsmidi de cejour, souffrant dans mon corps et dans mon âme, à la première partie du programme,lequel s'étale sur deux jours. Puis, le lendemain, toute la journée, les orateurs se succéderont à nouveau. fe vais viwe durant ces longues heures un véritable calvaire, dans mon co{ps, dans mon esprit... et dans mon cæur.Moi qui pensaisnarïement trouver ici une élite, quelle déception. Et pourtant... Pourtant, cela va être pour moi l'occasion de retrouver cette quatrième dimension, dans des conditions très différentes, voire opposées,de cellesdes Halles de Paris. Cinq ans plus tôt, c'est dans l'euphorie et le bonheur que je m'étais épanoui, coûune une fleur au soleil. f'avais

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reçu en moi, sansque je le sollicite,la manne céleste.f'étais resté parfaitement conscient de tout ce qui se passait en moi et autour de moi mais sans agir, dans un état de récep tivité. A l'opposÇ dans cette secondeexpérience,Cest dans une souffrance globale, physique et morale, et par un acte volontaire, en employant une technique yoguique, que je vais me projeter du créé,en le transcendant,pour agir avec puissance, et quelle puissance (!), dans ce monde de la forme.

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Nous soûunes au deuxième jour du congrès,l'aprèsmidi. Suivant le même scénario que la veille, le Président de séanceappelle un nom et l'orateur monte à la tribune. Qu'à fait Solange Démolière? S'est-elle désistee en ma faveur auprès du Président? fe n'ai pas été tenu au courant. Si oui, quand entendrai-je appeler mon nom ? Uattente est encore plus longue dans l'incertitude. Dès ma tendre enfance, j'al êté un être sensible et émotif; toutes conditions favorables pour être un grand timide. Depuis toujours, j'ai cherchéà minimiser ce défaut bien gênant. Comme on peut se jeter à l'eau pour apprendre à nager, j'ai multiplié les occasionsde parler en public. Ce fut avec plus ou moins de succès,car je ne suis pas du tout un orateur né. Mais Cétait plutôt chaque fois un défi que je me lançais à moi-même. Iiâge aidant, cette timidité innée s'est amoindrie. Mais là, aujourd'hui, dans cesconditions inhabituelles et pénibles,je me senssoudain tout petit, avec la timidité toute grande de ma prime jeunesse.Oui, quel trac tout à coup ! Alors, du plus profond de moi-même monte corrune un grondement, une révolte. Après qui ? Mais après moi, bien sûr. Ce n'est pas possible, voyons !

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Toutes ces annéesde travail sur moi-même, cette maltrise de mes gestes, de ma respiration, de mes pensées, acquise jour après jour, grâce à un effort continu, persévê rant, pendant des années,cela n'est donc pas valable? Estce possible qu'à l'occasion d'une circonstance imprévue, tout cet acquis puisse être balayé conrme Par une bourrasque, en quelques secondes? fe me fustige en pensée. !e me répète indigné: ce n'est pas possible, voyons ! Tir ne te laisseras pas faire ! Tout ce que tu as appris de Viard, de Ferrer, Cest le moment de l'utiliser; de prouver que ce n'est pas illusoire, mais réellement valable. * r i*

Alors, restant en partie attentif dans la salle à l'appel possible de mon nom, je pénètre d'autre part simultanê ment en moi. |e détends consciemment mon corps et j'oublie mon bras en écharpe; je régularise ma respiration. fe deviens corps et souffle. fe transcende cette petite chose malheureuse souffrant dans son corps, dans son esprit et dans son cæur. M'identifiant au souffle et à l'énergie, je peru< êtne aussi'?uissance Cosmique". La technique énergétiquequi m'a été transmise et que j'emploie chaque jour, pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt? Happé par l'ambiance de la salle, submergé par les intrigues, envahi par les émotions, fai quitté le centre de moi-même. |'ai ainsi perdu le contact avec ce qui me relie habituellement à la source Créatrice. Quelle erreur ! Heureusement il est encore temps de réagir. Me voilà à nouveau recentré. f'attends maintenant avec patience et sérénité l'appel de mon nom. Il me semble l'entendre tout à coup, mais un

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peu conrme dans un rêve, dans une ambiance ouatée. Ai-ie bien entendu ? J'attends de l'entendre une seconde fois.....Oui, cette fois Cest une Cest bien mon nom qui a été prononcé.

]e me lève et me dirige vers l'estrade où siègent toutes les sommités du Congrès. Ma marche est légère,mes gesteset mes pas sont parfaitemmt contrôlés. Mais je n'ai pas été rapide à répondre à l'appel du Président de séance, et celui-ci, 'ami, me décocheau passageune petite flèche...lui aussi ! Mais cela ne m'atteint plus. ]e prends note au passage,c'est tout. fe constate maintenant mon extraordinaire clairvoyance et ma daire audience pour tout ce qui m'entoure. ]e monte à la petite tribune réservée aux orateurs, située sur la droite et j 'installe calmement mes documents sur le pupitre. Je suis à nouveau le Tout, mais cette fois cette.transposition va durer plus de vingt minutes et je vais parler et agir durant tout ce temps. Mais, comme aux Halles avec la foule et les denrées qui m'entouraient, je peux cette fois m'identifier à chacun des mille auditeurs assemblésdans cette grande salle des Congrès.Ce sera surtout avec les membres siégeantà la tribune principale sur ma gauche que ce sera spectaculaire. I'ai parfaitement conscience de leurs gestes et de leurs entretiens. Ils se penchent les uns vers les autres et chuchotent entre eux. Il me semble cependant les comprendre et cela m'amuse. De même, devant moi, sur les premiers rangs des fauteuils où j'assiste à un chassêcroisé de certains membres des diverses fédérations de yoga. Décidément mon passageà la tribune n'était pas attendu,et il n'a pas l'air d'être apprécié de tous. Sur ma droite, entre

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dans la salle un de mes opposants, qui revient précipitamment, averti de ma présence. ]e suis waiment au spectacle, dominant toute énotion. Observateur objectif, je crois qu'on peut ainsi qualifier cet état. Cet état, combien anormal, qui cependant me parait tout naturel... après tout... f'ai eu le temps d'observer tout cela, dans l'ensemble et dans le détail en quelques secondes. Me voilà de nouveau hors du temps et quelle preuve de sa relativité! Maintenant je parle. Est-ce ma voix? ]e ne la recoruraispas. Elle vient du ventre, c'est une certitude caractéristique. ]e sens en moi une puissance extraordinaire et ma voix est port& incontestablement, sans effort de ma part, jusqu'au fond de cette imrnense salle.....fevais être obligé d'en abaisserle ton! Ainsi ce grand timide exposa ses idées avec conviction pendant vingt minutes devant un millier d'auditeurs, sans la moindre émotion. Etait-ce vraiment celui dont je relate l'expérience ou un être nouveau issu du premier? Plutôt une incursion du même dans une autre dimension. Le germe de ce nouvel être n'est-il pas au centre de chacun de nous: Cest le "Principe". * tt

:F

]e terminerai là ce récit dans lequel j'ai désiré surtout mettre en évidence: * Que si la souffrance n'est pas à recherdrer systématiquement pour atteindre le Réel, lorsque cette souffrance nous est imposée il est possible de l'utiliser dans ce sens. * Qu'une technique paralt alors nécessairepour transcender le corps et le mental en dépassant la souffrance, sauf si celle-ci dépasse le seuil tolérable, auquel cas elle peut se dissoudre soudain d'elle-même, par identification.

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Ayant fait l'expérience de ces deux réalisations opposées, ayant vécu cette alternance de joie ineffable et d'intense souffrance, je me demande si elles ne peuvent pas être considérées comme complémentaires, à l'image des deux polarités de l'énergie HA et TFIA. La première, l'expérience des Halles de Paris, en TFIA, état de réceptivitÇ avec manifestation dune force centripète, descente de la ConscienceEnergie dans la conscienceindividuelle, grâce à une préparation du terrain humain sur tous les plans, sansnégliger le corps physique. Ce fut alors ma condusion. La seconde, celle du Congrès de Brucelles, en FIA, état d'émission, d'activité d'une force centrifuge du Soi vers l'absolu. Dans ce cas,utilisation d'une technique pour rassembler la part individuelle de conscience- énergie diffusée dans l'être humain - et la projeter vers l'Etre Cosmique, assurant ainsi une liaison vibratoire entre les deux. Que ce soit l'une ou l'autre, elles sont le résultat d'un long travail progressif sur soi; sur tous les mécanismesqui composent notre merveilleuse machine humaine, après avoir pris consciencede ceux-ci. Il me paraît important de préciser que celane doit être considéré ni comme un moyen, ni comme un but. C'est le processusnormal d'une évolution par laquelle, tôt ou tard chacun de nous doit passer. Rechercherces réalisations corrune un but serait une erreur. Vouloir coûte que cotte atteindre cebut, par tous les moyens, risquerait de faire basculer l'imprudent prétentieux dans un déséquilibre. Ces états doivent être vécus et non imaginés. En conséquence,il faut du temps pour transformer tant le corps que le mental, afin de les rendre perméables à ces vibrations subtiles du Divin. C'est le travail de spiritualisation de la matière. Mis à part quelques êtres exceptionnels, tel Sri Ramana Maharashi qui, lors de leur naissance sur cette

-25 L -


minutes de grâce exceptionnelles,être présents au présent, dans le quotidien, dans un état dit "normd". Et Cest sans doute bien ainsi, si nous voulons dans cette vie même connaître: PArX-IOrE-AMOLJR tout en évoluant lentement pour redécouwir le réel, en nous identifiant au Tout, ce qui paraît être le pourquoi de notre passagesur cette terre.

-252-


lillsr?,

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Nlk

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L

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Uauteur et son ĂŠpouse, laquelle est son "gurtt" dapuis 53 annĂŠes.

-253-


Roger Clerc en 1993,Ă 85 ans.

-2 54-


LUMIERE Surla rcutedeParisà St.Malo,m 1.975 ; L'anioeeenBretagne.

Tout le long du jour sous nos yeux, le même paysagechange constanunent d'aspect. Voici qu'apparaissentde gros nuages, lourds et noirs, qui glissent dans le ciel. Tout ce qui nous entoure s'obscurcit et devient triste. Quelques arbres dénudés qui, quelques instants auparavant faisaient banalement partie de ce paysage, prennent soudain des formes fantasmagoriques et deviennent lugubres. On sent le froid; c'est la tristesse. ,f !T

!t

-255-


Mais les nuages fuient et disparaissent. I-e soleil resplendit à nouveau. Tout redevient lumineux et la draleur nous pénètre. U fait bon vivre; c'estla joie.

De même en nous, notre soleil intérieur détermine nos états d'être. Comme la nature, triste ou radieuse, a pu nous influencer et nous rendle.pessimisteou optimiste récrproquement, nos états d'âme peuvent modifier notre vision de cette même nature, notre conception du monde, notre appréciation des êtres. Tout n'est en fait que I'expression de ce que nous sonunes nous-mêmes, de ce qui existe au fond de nous.

Alors... essayonsd'entretenir en nous une luminosité permanente ... la LUMIERE. Laissons passertrès vite les nuages dans notre ciel, sans les y retenir. Tout ce qui nous entoure aura forcément un autre aspect; reflet de notre soleil intérieur. Roger Clerc

-25 6 -


TABLEDES MATIÈRES

AVANT-PR OP OS .

.... ...7 ......9

ç A R E S P rR E .... La respiration : fonction végétative. CHAPITRE I - Les manières de respirer, COMMENCER PARLECOMMENCEMENT

. .. .. .12

Exercice No l. Définition de la conscience. Ecoutede la respiration animale. Rôle de cette respiration. Respirer par le nez

. . .12

Ex e r c i c e N o 2 . Sensibiliserles narines: les faire vibrer.

...15

Exercice No 3. . . .77 Relation geste-respiration:à tout gesteprécis correspond une respiration automatique spécifique. Ex e r c i c e N o 4 . Respiration bassediaphragmatique.

-257 -

...18


Exercice No 5. Bien vider pour mieux remplir.

. . .20

ExerciceNo 6. Respiration haute : sous-daviculaire.

. . .2't'

ExerciceNo 7. Respiration moyenne : costale.

. . .23

. . .. DEUTMPORTANCE DESFAçONSDERESPTRER

...25

Ex e r c i cNo e 8. Respiration complète en position assise.

...28

Ex e r c i c e N o g . Le grand geste; respiration complète en position debout.

...30

LA CONSCIENCE T.ES ÉI.ÉVTENTS CONSTITUANT La penséedans sa forme. Ex e r c i c e N o l O. Le Point source - Les senssubtils.

....U

.......36

. . . ., . . . 39 OBLIGATION DTUNENTRAft{EMENT PROGRESSIF P U T SS A N C E E T QU A L T T É .. E x e r c i c e N Il . Iæ mouvement du regard intérieur. Ex e r c i c e N o 'L 2 Maintenir la consciencedans le ventre: respiration basse.

.....42 .......43

...M

ExqciceNol3 ...M Maintenir la consciencedans la tête: respiration haute.

-258-


Exe r c i c e NLo4 . Maintenir la consciencedans la poitrine: respiration moyenne.

.......M

E x e r c i cNeo 1 5 . .......45 Déplacement de la consciencede bas en haut et vice versa: respiration complète. ALLONGER PROGRESSIVEMENTLES TEMPS DTINSPIR ETD'DGIR

ExerciceNo 16 Allonger les temps d'apnée.

...45

. . .46

Exe r c i c e N1o. 7 . Contrôle du souffle.

.......47

E x e r c i cNeo 1 8 . Définition de l'ambiance vibratoire.

.......47

LESDEUXETATSDERECEPTIVITE . . . . . . . . 49 ETDTEMISSION Ex e r c i c e N o l g. .......50 Différencier les ambiancesrésultant des trois niveaux respiratoires. Ex e r c i cNeo 2 0 . .......53 Définition de l'énergie. Respiration prânique. Ex e r c i c e N o 2 l ...55 Les trois gunas. La respiration polarisee alternée. Ex e r c i c e N2"2 La respiration yoguini.

...59

Ex e r c i c e N o 2 3 [,es rythmes respiratoires.

...60

-259-


I.A NOTIONDEPURIFICATION D AN S L E Y OGA D E U E N E RGIE.. E xe rci ce N o 2 L . Les respirations purifiantes.

......63 .......65

CHAPITREII - Lfartde respirer .......70

Ex erc i c eN o2s . Iæ prânâyâma.

. . . . . . . .73 DEIJENERGIE ANATOMIESUCCINCTE DU CORPS Exe rci ce N2o6 . La respiration syncopée.

.......76

Exe rci ce 2 7 .. La respiration méridienne.

...78

Exe rci ce 2.. S Le triangle des narines.

...79

Exe rci ce 2 g .. Respirationsuperficielleou osmotique

...82

Exe rci ce 3 }.. La respiration chakrique.

...85

Exe rci ce 3 l -.. Le Prânâyâma énergétique.

...87

Exe rci ce 7.. 2 Iæ prânâyâma coloré.

...93

Exercice33., t e prânâyâma psychique. -26 0 -

...94


Exerc i c e34.. Circuit primaire et circuit secondaire.

...96

Exercice 35 .. Respirationbarattée:les crosses.

...99

Exerc i c e36... ..7M Iæsrespirationstamasique,rajasique,sattvique. Utisation descrossesfrontales. Exerc i c e37... ..174 Les respirationslunaire, solaire,lunaire-solaire ou encoreshaktique,lshvarique,brahmique, qualification de l'énergie polarisée. Exe rc i c e38... ..120 La respiration universelle.Uambiancecréatrice. UIMFORTANCEDU CORT€DU MENTAL (MANOMAYA-KOSH$

Exe rc îc es g... Iæ triangle frontal de crcmmandement.

. . .726

..131

Exe rc i c e40... . . lY La liaison avecla SourceCosmique. L - Sensîbiliser sahasrâra et assouplirla conscîence. 2 - Allongu le souffle:pointsource-infini et retour. 3 - Captu lesambiancæ lunaireet solaire. 4 - Prânâyâma: principelunaire- ambiance internegauche. principesolaire- ambiance interneilroite. - P,ûraludoublelunaire-solaire. 5 - Utiliserlæ cvossæ frontales. 6 - Utiliserlæ cvossæ frontaleset abdominalæ. 7 - Ajouterla respiration barattée. Trajetd'idâet pingalâ.Purificationdæ nâdîs.

- 2i,6t-


8 - Seconcentru sur Ietriangledesnarines. 9 - Faireinteraenirlestroiscouples detrianglesfrontaux. 1,0- Liaison:planssur I'infini- tr.frontaux - niaeaux desnarinæ. 11- Enfinla liaisonavecla SourceCosmique. L2-Ajoutu lesmudrâsd'inspiration et d'expiration. LENSEIGNEMENTDE LA RESPIRATION: INCIDENCEDESTEMPERAMENTS

....159

coNclusroN.. Lesmanièresde respirer Uart de respirer Quelquesconseilspour la pratique.

...764

EPILOGUE

..'I,,69

MES MAITRES suivi du récit de deux expériences. Préface- Dr. Jean-|acques Laubry

. .175

M e s Ma ître s... * Mes parents *L e D o cte u rMa rceVl i a rd *L uci e n F e rre r * Madame Marron.

..181 . . 183 ......' 1,87 ......202 . .2'j,3

R é f l e xi o n s.... *P u i ssa n ce d u g e ste *Le découpagedu bæuf

...22' 1. ......225 . . .?29

R é c i td e d e u xe xp é ri e n ce s ... *Ava n t-p ro p o s. * Quelquespas dans la lumière *Iranscenderle corps et le mental. . .

......n3 .....233 . .235 . .243

Lumière *Po è me

. . .255 ......255

-26 2 -


Ouvragesde Roger Clerc

YOGA-ENERGIE (1976)Ed. Le Courrier du Uwe. Paris (3ème édition 1,986) MANUEL DE YOGA Tomel(1979) Ed. Le Courrier du Liwe (épuisé) MANUEL DE YOGA Tome 2 (1982) Ed. Le Courrier du Livre (épuisé) DIETETIQUEScienceet bon sens(1985)Ed. Cerde de yoga d'Orbec UN ART DE VIVRE (1986) Ed. Le Courrier du Livre (2ème édition 7997) GRUNDLAGEN DES YOGA DER ENERGIE (1990) Ed. Vanova - Petersberg FIATHA YOGA COMPLET ET PROGRESSIF (1988) Ed. Cerclede yoga d'Orbec

-263-


DIAGbJ'.-;I, . du Liwc

i'E .l89) IÆCourier

'di,!'

UENSEIGNEMENT DU Ed. Cariscript. Paris

Y.E. second degré (1990)

TRENTE LEçONS SUR LA CONCENTRATTON (1991) Ed. Cariscript. UN

POUR CHEMIN Ed. Cariscript.

IiERE

NOUVELLE

(1992)

YOGA? oui...mais...(1993)Ed. Cariscript.Paris Les 18 mouvements préliminaires DANSE COSMIQUE (1993)Ed.Cariscript YOGA DU 3éme MILLENAIRE. Les aphorismes du Y.E. (1994)Ed. Cariscript

2,4 MAIZUUI

. ,, \-

Achevé d'imprimer en iuin 1995 sur les pressesde la Nouvelle Imprimerie-Laballery - 58500Clamery Numéro d'impression:505050 'Dépôt légal: juin 1995

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