Comptes de campagne macron avec françois logerot journal lunion juin 2018

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Avec François Logerot, le compte est -toujours- bon? François Logerot, qui préside la commission nationale des comptes de campagne, validant ceux des Présidentielles depuis 2007, se trouve au cœur de la tourmente ces derniers jours en raison de soupçons d’irrégularités dans ceux d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle, l’an passé. Par Frédéric Gouis | Publié le 09/06/2018 à 15h52 PARTAGER TWITTER Le journal du jour à partir de 1€


François Logerot, ici en 2002, a fait toute sa carrière au sein de la haute fonction publique. - AFP Photographe: AFP

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Pourquoi parle-t-on de lui ? Dans l’ombre depuis des décennies, François Logerot, président de la commission nationale des comptes de campagne et des financements


politiques (CNCCFP), découvre le feu médiatique. Depuis quelques semaines, cet organe rend public les recettes et dépenses des candidats à la présidentielle lors de leur campagne de 2017. La commission les a tous validés non sans avoir écarté, pour chacun, quelques dépenses que l’État n’a pas remboursé. Et, en même temps, pour ceux d’Emmanuel Macron, des doutes apparaissent en raison de forts rabais consentis par des entreprises sur des prestations, qui deviennent des dons mais vont alors au-delà du plafond légal en la matière. De plus, ces ristournes semblent dépasser celles que tolère la commission selon ses règles. Cette dernière peut apparaître coutumière de tels manquements au regard des deux précédentes campagnes : 2007 avec les soupçons du financement libyen pour Nicolas Sarkozy ; 2012 et la facturation minorée de prestations par Bygmalion, cachant ainsi des dépenses réelles dépassant le montant autorisé pour la campagne du même. Or, François Logerot préside la CNCCFP depuis… 2005. Empêtré dans la polémique, il doit enfin subir une affaire dans l’affaire, celle de la soudaine augmentation substantielle de son traitement (+35 % selon Libération, +56 % pour d’autres sources) qui fait fleurir les raccourcis.

Qui est-il ? L’expression surannée « grand commis de l’État » lui sied à merveille. Après des débuts à la Cour des comptes à la sortie de l’ENA en 1962, ce Nancéen œuvre pendant plus d’un demi-siècle dans la haute administration pour terminer premier président de la juridiction financière en 2001 jusqu’à sa retraite en 2004. Un repos de courte durée, étant nommé président de la CNCCFP l’année suivante. Fonction qu’il occupe toujours, 13 ans plus tard…

Que faut-il en penser ? « Il protège un système dont il est le pur produit au lieu de s’affirmer en véritable pouvoir de contrôle », commente le journaliste de Médiapart Edwy Plenel. Or, la fonction de François Logerot n’a rien d’une sinécure car la commission ne se prononce qu’au regard du code électoral, sans bénéficier de la compétence pénale. Après, la commission se doit de signaler au Procureur de la République des faits qui lui semblent suspects. Sans le rendre public… Enfin, sans


tomber dans le jeunisme extrême, confier une telle fonction à une personne de 81 ans laisse dubitatif. Frédéric Gouis


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